Archive pour novembre, 2010

Entrer en Avent

24 novembre, 2010

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=286

Philippe Rouillard

Entrer en avent

Les échéances et les dates importantes ne manquent pas dans notre calendrier mondial : élection présidentielle aux USA, début d’une nouvelle année civile, élections incertaines en Irak. Au milieu de tant d’événements, le commencement d’une nouvelle année liturgique risque de ne guère retenir l’attention.
Pourtant l’Église nous invite à vivre quatre semaines d’avent. Il est bon pour nous de voir ce que signifie ce temps de l’avent, comment il est structuré, et comment il est célébré par la liturgie. Temps de l’avènement ou de la venue du Seigneur, l’avent appelle de notre part attente et vigilance : une vigilance tournée vers Noël mais aussi vers Pâques, une vigilance qui trouvera son accomplissement dans la vigile pascale.
Le dimanche 28 novembre, nous allons entrer en avent : un avent qui cette année comptera quatre semaines complètes, et aura donc sa durée maximale. Il est moins facile de caractériser l’avent que de caractériser le carême, et donc il n’en est que plus nécessaire de mieux connaître ce temps, pour mieux le vivre et mieux le célébrer, individuellement et en communauté, que celle-ci soit paroissiale ou religieuse.
Au début d’un nouveau temps liturgique et d’une nouvelle année liturgique, il convient de réfléchir brièvement sur notre manière d’habiter le temps. Après quoi, nous proposerons deux approches de l’avent : une approche humaine et psychologique, puis une approche fondée sur les textes de la liturgie.

Habiter le temps

Nous allons donc entrer en avent. Nous quittons le temps « ordinaire » pour aborder le temps de l’avent et commencer une nouvelle année liturgique. Puis, dans quelques semaines, nous serons au 1er janvier 2005 et entrerons dans une nouvelle année civile.
Nous vivons dans le temps. Que faut-il entendre par là ? En fait, chacun de nous habite plusieurs temps, plusieurs espaces temporels. Nous habitons d’abord des temps linéaires, qui ont un commencement et une fin. Nous nous situons dans l’histoire de l’humanité, dont les origines demeurent imprécises, et qui aura son terme à la fin du monde. Par ailleurs, en disant que nous sommes en 2004 ou 2005 (après J.-C.), nous nous situons dans une histoire « chrétienne », qui a commencé avec la venue du Christ et s’achèvera avec son deuxième avènement. Tout homme se situe également à un moment donné de l’histoire de son pays, avec des repères qui varient d’un pays à l’autre : avant ou après la guerre, avant ou après l’indépendance, avant ou après l’avènement ou la chute d’un régime, etc. Enfin, chacun de nous habite son temps personnel, qui a commencé à sa naissance et se terminera à sa mort : chacun a son présent, son passé et son avenir. Toutes ces histoires sont linéaires, les jours s’ajoutant aux jours et les années aux années.
Mais nous habitons aussi un temps cyclique, qui se renouvelle et se répète. Trois cycles structurent le déroulement de notre vie. D’abord le cycle quotidien, du jour et de la nuit, fondamental pour la vie de l’homme, avec l’alternance mystérieuse de l’activité et du sommeil. Notre vie suit également le cycle hebdomadaire, ce cycle de sept jours, scandé pour les chrétiens par la célébration dominicale et pour tous par le loisir de fin de semaine. Enfin, nous parcourons le cycle annuel, vécu très différemment selon la condition de chacun : très important pour le cultivateur, moins important pour le citadin qui attend seulement la période d’été pour les vacances, vécu de façon originale et arbitraire par tout le monde scolaire et universitaire, qui découpe l’année en semestres ou en trimestres.
Ainsi, nous habitons à la fois des temps linéaires et des temps cycliques ou circulaires. Une remarque, dont devra tenir compte la liturgie, s’impose immédiatement : une ligne a un commencement, mais un cercle ou un cycle n’a pas de point initial ; on ne peut dire où commence une roue. Cela se vérifie pour les trois cycles – quotidien, hebdomadaire, annuel – que nous avons indiqués. Le jour commence officiellement à 0 heure mais, en fait, il commence au lever du soleil ou au lever de l’homme, et, pour la Bible, il commence la veille, lorsque tombe la nuit : « Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour » (Gn 1, 5). Au moins pour les dimanches et les solennités, la liturgie a conservé ce système : l’avent commencera donc dès le 27 novembre au soir, avec les premières vêpres du dimanche.
Une divergence semblable existe pour le début de la semaine : le dimanche en est-il le premier jour, selon la conception de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament ainsi que de la liturgie, ou bien est-il le septième jour, où l’homme se repose après tout le travail de la semaine ? Les agendas et calendriers font du dimanche le dernier jour de la semaine, celle-ci commençant le lundi matin.
Il n’est pas moins difficile de fixer le début de l’année. Officiellement, depuis quelques siècles, l’année civile commence au 1er janvier, après avoir commencé au 1er mars, au 25 mars ou à Noël. Mais l’année scolaire, universitaire, professionnelle, commence en septembre ou en octobre. Seuls les chrétiens, et même les plus attentifs d’entre eux, remarquent le début de l’année liturgique au premier dimanche de l’avent, donc à une date variable, proche du 1er décembre.
Ainsi, nous habitons à la fois un temps linéaire, ou plusieurs temps linéaires, et trois temps cycliques, que nous parcourons chaque jour, chaque semaine, chaque année (à quoi s’ajoute encore la très subtile division en mois). La ligne traverse les cercles, la trajectoire historique traverse la triple périodicité cosmique et humaine. Nous vivons une étrange combinaison de l’irréversible et du répétitif. De toute façon, le temps se déroule, le temps enroulé est déroulé comme un fil, et nous vivons « au fil du temps ».

Approche humaine de l’avent

Les années succèdent aux années, mais elles ne sont pas identiques. Notre année 2004 a eu ses caractéristiques personnelles, familiales, professionnelles, politiques, internationales, et l’année 2005 sera différente. De même, les années liturgiques se suivent, mais ne sont pas identiques. Si la liturgie célèbre la relation entre Dieu et les hommes, Dieu ne change pas, mais les hommes changent, dans leur situation personnelle et plus encore dans leur situation ecclésiale, nationale et mondiale. En cet avent 2004, un Sauveur vient dans le monde, mais le monde de 2004-2005, avec ses problèmes et ses conflits, n’est pas identique à celui de l’année dernière ou à celui de l’année prochaine. Du point de vue humain, chaque avent est unique et irréversible.
Le mot « avent » traduit le latin adventus qui signifie « avènement, venue ». En ce temps de l’avent, le Seigneur vient vers nous, et nous célébrons et attendons sa venue. Divers sentiments qui appartiennent à notre expérience humaine parcourent ce temps de l’avent, se retrouveront dans la liturgie, et caractérisent notre attitude chrétienne pendant ces quatre semaines.
L’attente. Nous avons tous l’expérience de l’attente : attendre un bus qui n’arrive pas, une lettre qui pour nous est importante, une personne qui est en retard. L’attente n’est pas seulement passive. Dans le verbe « attendre », il y a le mot « tendre », avec son élan, son mouvement, son dynamisme. Le temps de l’avent ne consiste pas à attendre de façon passive le jour de Noël, mais à nous mobiliser pour aller à la rencontre de celui qui vient. À notre attente de Dieu, répond l’attente de Dieu sur nous : Dieu nous attend, le Sauveur nous attend. Dans la Règle de saint Benoît, il est écrit : « Le Seigneur nous attend chaque jour ». Il y a donc une attente réciproque pendant ces quatre semaines.
La vigilance.. Beaucoup de textes de l’avent nous invitent à la vigilance, et nous savons que l’attente s’accompagne d’attention et de vigilance : il ne faut pas laisser passer, sans nous en apercevoir, celui que nous attendons. Dans notre monde et notre langage, deux groupes de personnes semblent spécialistes de la vigilance : les vigiles qui de diverses manières assurent la sécurité, et les moines trappistes qui se lèvent la nuit pour célébrer l’office des vigiles. Les vigiles chargés de la sécurité ou de la protection regardent, observent, pour maintenir le bon ordre : sans eux, c’est le désordre et l’insécurité. La vigilance ou la veille des trappistes est différente : ils veillent tandis que les autres dorment. Ils veillent sur le monde, sur l’ordre entre le ciel et la terre. Leur regard est tourné à la fois vers Dieu et vers les hommes : contemplation et compassion.
Le désir. L’attente s’accompagne bien souvent du désir, de l’impatience du désir, et la liturgie de l’avent mentionne souvent le désir. Il vaut la peine de relever l’étymologie de ce mot, qui vient du latin desiderium, composé du préfixe de, qui marque l’absence, et de sidus, qui signifie « étoile » et que nous retrouvons dans « sidéral ». Le désir est donc, au sens premier, la recherche de l’étoile qui nous manque. Au temps de l’Épiphanie, les mages seront heureux de retrouver l’étoile qui les conduira à la crèche. Et durant l’avent nous sommes habités par le désir de contempler l’Étoile, l’Étoile de David, le Christ lumière.
La patience. Certains d’entre nous sont patients par nature, et d’autres sont impatients, comme l’enfant qui veut que son « désir » soit réalisé dans l’instant. Dans la vie humaine, la patience a une double signification et une double fonction. D’une part, elle représente la force de l’homme adulte qui accepte la durée, qui comprend le sens du temps, qui reconnaît la nécessité d’une élaboration et d’une maturation. La patience est donc signe de maturité et de maîtrise de soi. Mais elle peut aussi être signe de faiblesse : se résigner à attendre, sans avoir le courage de prendre une décision : « il est urgent d’attendre ».

bonne nuit

24 novembre, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. zinnia-orange

http://www.flowers.vg/garden/garden.htm

A statue of Saint Paul the Apostle at the parish dedicated to him in the Roman Catholic Diocese of Cubao

23 novembre, 2010

A statue of Saint Paul the Apostle at the parish dedicated to him in the Roman Catholic Diocese of Cubao dans images sacrée 450px-Saint_Paul_the_Apostle_at_the_Diocese_of_Cubao

http://en.wikipedia.org/wiki/File:Saint_Paul_the_Apostle_at_the_Diocese_of_Cubao.jpg

Textes bibliques commentés: Psaume 63

23 novembre, 2010

du site:

http://www.taize.fr/fr_article170.html?date=2009-05-01

Textes bibliques commentés: Psaume 63

MAI 2009

Ces courtes méditations bibliques sont proposées pour soutenir une recherche de Dieu au cœur de la vie quotidienne. Il s’agit de prendre un moment pour lire en silence le texte biblique suggéré, accompagné du bref commentaire et des questions. On peut se réunir ensuite en petits groupes de trois à dix personnes chez l’un ou l’autre des participants pour un bref partage de ce que chacun a découvert, avec éventuellement un temps de prière.

Psaume 63 : Abondance dans le désert

Dieu, toi mon Dieu, je te cherche comme l’aube. Mon âme a soif de toi. Ma chair languit, terre de sécheresse, altérée, sans eau. Oui, au sanctuaire je t’ai contemplé, voyant ta puissance et ta gloire.
Meilleur que toutes vies ton amour, mes lèvres te loueront. Oui, je te bénirai en ma vie, à ton nom, je lèverai les paumes. Comme de graisse et de moelle se rassasie mon âme : lèvres de joies, louange de bouche.
Quand je me souviens de toi sur ma couche, dans les veilles je médite sur toi, car tu fus le secours pour moi. A l’ombre de tes ailes je crie de joie, mon âme reste très proche derrière toi. Ta droite me tient ferme.
Ceux qui cherchent mon âme pour la perte, qu’ils descendent aux profondeurs de la terre, qu’ils soient livrés à la main de l’épée, qu’ils deviennent la portion des chacals. Et le roi se réjouira en Dieu, dignes de louange ceux qui jurent par lui. Sera fermée la bouche des diseurs de mensonge. (Psaume 63)

Chaque être humain semble être travaillé à l’extrême par un désir d’absolu que rien ne peut totalement apaiser. Cette soif creuse un vide en nous qu’il est tentant de remplir par ce qui nous passe sous la main. C’est peut-être par peur de ce vide que nous en arrivons à nous intoxiquer nous-mêmes de trop de choses.
Refaire l’expérience du psalmiste au désert, redécouvrir que Dieu est celui qui donne soif est peut-être l’une des plus grandes urgences du moment. « Mon âme a soif de toi. » L’âme se dit en hébreu nephesh, gorge. L’âme en nous, c’est ce qui attend de recevoir le souffle de vie, la ruah. L’âme, c’est donc l’appétit de vie, la gorge déployée en attente. Il est paradoxal qu’un peuple qui a passé près de quarante ans dans le désert et qui a dû faire une expérience de la soif assez douloureuse, ait gardé ce même vocabulaire pour décrire la quête de Dieu. Et pourtant : Dieu se laisse chercher dans l’expérience du manque.
Fort heureusement, l’insatisfaction mène aussi à autre chose : le vide se remplit de la vision, de la contemplation : « Oui, au sanctuaire, je t’ai contemplé, voyant ta puissance et ta gloire. » Pourquoi David au désert parle-t-il maintenant du sanctuaire : nostalgie d’un temps révolu où il était tranquille à méditer dans la maison de Dieu ? Ou vision de la foi pour laquelle le désert lui-même devient le lieu de la présence de Dieu ? Cette deuxième interprétation ouvre des perspectives intéressantes : « gloire » se dit kavod en hébreu, qui se traduit aussi par « abondance ». Dans le désert, même si j’ai vraiment soif, j’ai trouvé ton abondance !
Cette « abondance » passe par la louange qui remplit la bouche du psalmiste : littéralement « lèvres de joies, louange de bouche ». Le double pluriel du début du verset marque encore plus le sentiment de recevoir la vie en proportions généreuses. Quel contraste entre ce verset et le début de la supplique ! Comment la sécheresse et l’infertilité ont-elles pu se transformer autant ?
Peut-être grâce à ce verset intermédiaire : « Oui, je te bénirai en ma vie ». Bénir signifie transmettre la vie. Autrement dit : par ma vie (bien vivante !), je te rendrai la vie que tu m’as donnée. Faire l’expérience de sa propre vulnérabilité, de la condition fragile de l’être humain, laisse de la place pour recevoir le don de la vie, puis pour le transmettre à notre tour. C’est tout l’échange qui se réalise dans la prière : je te rends ce que j’ai reçu de toi, et j’en suis heureux !
Après avoir expérimenté l’abondance de Dieu au cœur du désert, le psalmiste s’épanche en une louange émouvante où se succèdent des images maternelles soulignant la tendresse de « son Dieu » : « Mon âme reste très proche derrière toi » : c’est toi qui me précède, c’est toi qui affronte le danger pour moi. « A l’ombre de tes ailes je crie de joie », « car tu fus le secours pour moi ». « Secours » est un très beau mot : c’est celui qui décrit le rôle d’Ève auprès d’Adam ; c’est celui que Jésus a dû utiliser en disant à ses disciples : « je vous enverrai l’Esprit Saint qui sera pour vous un soutien et un consolateur. Il ne vous laissera jamais seul » (Jean 14,16).
Dans ce contexte qui paraît désormais apaisé, pourquoi finir sur l’évocation si dure des ennemis et des menteurs ? La Bible a cette honnêteté de ne jamais oublier que nous vivons dans un monde ou coexistent les ténèbres et la lumière. Cette liberté de ton envers Dieu est essentiel pour que la prière soit véritable. En Dieu il y a de la place pour tout recevoir, l’oreille de Dieu n’a pas peur d’écouter jusqu’aux paroles violentes. Reste à l’Esprit Saint, par un patient travail qui aboutira à la douceur du Nouveau Testament, de transformer l’ardeur de l’imprécation en pardon.

 Ai-je déjà fait l’expérience d’un vide intérieur ? Était-ce positif ou négatif ?
 L’insatisfaction et la louange peuvent-elles cohabiter ?
 « Trouver l’abondance au désert » : cela m’est-il déjà arrivé ?

bonne nuit

23 novembre, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. k8626-1

Crinipellis perniciosa

http://www.ars.usda.gov/is/graphics/photos/nov99/k8626-1.htm

Mosé : God gives the law and covenants to his people – Rembrant

22 novembre, 2010

Mosé : God gives the law and covenants to his people - Rembrant dans images sacrée 17%20REMBRANDT%20MOSES%20ZERSCHMETTERT%20DIE%20GESETZES

http://www.artbible.net/1T/Exo1901_Law_covenants/index_7.htm

L’arche de Noé racontée par des tablettes d’argile

22 novembre, 2010

le lien sont à les images, du site:

http://bible.archeologie.free.fr/archedenoetablettes.html

L’arche de Noé racontée par des tablettes d’argile

image : http://www.greatdreams.com

       Les chapitres 6 à 8 de la Genèse relatent le récit bien connu du Déluge. Dieu en colère à cause de la perversité des hommes, décide d’éradiquer l’humanité par une inondation totale. Voulant cependant épargner la vie d’un homme sage appelé Noé, il ordonne à celui-ci de construire un grand navire, dans lequel il se réfugie après avoir embarqué sa famille et un couple de chaque espèce d’animaux. Des pluies torrentielles recouvrent alors toute la Terre, et l’eau submerge tout pendant plusieurs jours avant de commencer à s’assécher. Enfermé dans son arche, Noé attendant la réapparition de la terre ferme, libère trois fois une colombe jusqu’à ce qu’elle ne revienne pas, signe qu’elle a trouvé un lieu où se poser. Alors l’Arche s’échoue sur le mont Ararat, et ses occcupants en sortent sains et saufs.
       Jusqu’au XIXème siècle de notre ère, on ne connaissait l’histoire du Déluge que par le récit biblique. Les fouilles archéologiques qui furent menées en particulier en Irak, allaient bientôt bousculer cette unicité.
        Les recherches effectuées en Mésopotamie ont fourni une grande quantité de témoignages humains écrits, sous la forme de tablettes d’argile gravées de caractères cunéiformes. Cette écriture se présente sous la forme de coins ou de clous, que les scribes imprégnaient dans des plaques d’argile humide qui étaient ensuite séchées et cuites. Ces tablettes découvertes dans les sables des vestiges des villes disparues, se comptent par centaines de milliers. L’écriture cunéiforme a heureusement pu être déchiffrée par des spécialistes de l’Orient ancien, notamment le britannique Henry Creswicke Rawlinson en 1850. Les orientalistes se livrent depuis lors à un énorme travail de traduction de ces innombrables tablettes.

Tablette cunéiforme trouvée à Nippur.
image :
http://physics.stmarys-ca.edu/classes 

Tablette cunéiforme trouvée à Babylone,
 relatant un déluge babylonien (19-18e s. av. J-C.).
image :
http://www.earth-history.com/Clay-tablets.htm

Le déluge assyrien

        En 1872, un jeune assyriologue, George Smith, participait au déchiffrement des tablettes d’argile trouvées dans la bibliothèque du roi Assurbanipal à Ninive. Il fut un jour très surpris de découvrir un texte qui ressemblait étrangement au récit du Déluge biblique. Ce texte faisait partie intégrante d’un autre récit plus vaste, « l’épopée de Gilgamesh », dont le récit complet occupait douze tablettes ; le passage relatif au Déluge mésopotamien figurait sur la onzième. Gilgamesh est présenté comme un roi d’Uruk, qui en cherchant l’immortalité rencontre un personnage nommé Utanapishtim. Celui-ci lui raconte l’histoire du Déluge auquel il a survécu.

La 11ème tablette cunéiforme trouvée à Ninive.
Elle relate l’épopée de Gilgamesh qui inclut un récit du Déluge.
image :
http://www.suffragio.it/bassorilievi/arteassiri.htm

Bas-relief représentant le roi légendaire Gilgamesh maîtrisant un lion.
image :
http://encarta.msn.com

        Cette version du Déluge est l’histoire d’une inondation catastrophique provoquée par l’ensemble des dieux, dans le dessein de faire disparaître toute l’humanité. Utanapishtim est sauvé grâce à la bienveillance d’un seul dieu, Ea. Voici quelques extraits significatifs du récit [1][2] :
        « (Le dieu dit:) Homme de cette ville, démolis ta maison et construis un bateau (…). Renonce à tes biens et sauve ta vie. Embarque avec toi un spécimen de chaque être vivant. Le bateau que tu vas construire, sa largeur et sa longueur doivent être semblables. Couvre-le d’un toit (…). Lorsque le bateau fut construit on procéda à son chargement, en attendant le Déluge. (Utanapishtim parle:) Le soir du septième jour, le bateau était achevé (…). Je chargeai à son bord tout ce que j’avais de spécimens d’espèces vivantes. Toute ma famille et ma parenté je fis monter sur le bateau (…). A la première lueur de l’aube, monta de l’horizon une sombre nuée (…). Le silence de mort de l’orage traversa le ciel et ce qui était lumineux se changea en ténèbres. Comme une bataille, le cataclysme passa sur les hommes (…). Même les dieux furent épouvantés par le Déluge, six jours et sept nuits (…). Le septiéme jour l’ouragan ralentit. Le déluge cessa. Tous les peuples étaient redevenus d’argile. Par la lucarne, la lumière du soleil tomba sur mon visage. Je me jetai à genoux et en pleurant, je cherchai les côtes, les rivages de la mer. Le bateau accosta sur le mont Nisir (…). Le septième jour je fis sortir la colombe : elle s’envola mais revint car aucun perchoir ne lui était offert. Je fis sortir l’hirondelle, elle revint. Je fis sortir un corbeau, il partit et voyant les eaux se retirer, il picora, voltigea et ne revint pas vers moi. Alors je fis une offrande et un sacrifice aux quatre vents. »
        Comme on peut le constater, les ressemblances avec le récit biblique sont frappantes. Lorsque la traduction de ce texte fut publiée en Angleterre, cela produisit l’effet d’une bombe médiatique. Cette tablette datait du deuxième millénaire av. J.-C., mais semblait reprendre des traditions plus anciennes. En effet, d’autres documents mésopotamiens antérieurs parlant également de Déluge furent bientôt révélés.

Le déluge sumérien

        Depuis la traduction de la tablette de Ninive, d’autres versions du mythe diluvien ont été trouvées. A Nippur, une tablette cunéiforme sumérienne révéla un récit analogue, centré sur un héros du nom de Ziusudra. La tablette, écrite vers 1700 avant notre ère, est malheureusement très déteriorée [3].

Le déluge babylonien

        Il existe une troisième version du Déluge, écrite en babylonien, et datant de 1635 av. J-C. environ. Le personnage central est dénommé Atrahasis, ou « supersage » [4]. En outre, ce texte est précédé d’un récit de Création. A l’origine, les dieux auraient créé les hommes pour qu’ils fassent les travaux pénibles à leur place. Mais leur élimination par le moyen d’un déluge est décidée, parce que l’humanité est devenue trop envahissante et … trop tapageuse !

Tablette relatant une version babylonienne du récit du Déluge.
image :
http://freestockphotos.com

La liste royale sumérienne

        Une autre document un peu différent mais tout aussi intéressant est la fameuse « liste royale sumérienne », rédigée sur des tablettes trouvées dans les ruines de Nippur [5]. Il s’agit d’une énumération de souverains sensés avoir régné dans la région de Sumer. Cette chronologie s’arrête à une époque qui semble correspondre au XVIIIème siècle avant notre ère. Curieusement, au milieu de cette liste de rois est insérée cette phrase inattendue : « Après que le Déluge eut tout nivelé, la royauté s’établit à Kish ». Une dynastie de rois semble en effet être avoir régné à Kish vers 2900, dont une partie au moins paraît historique [6]. Plusieurs exemplaires de cette même liste de rois ont été retrouvés. Le fait que le Déluge soit mentionné dans une liste mésopotamienne d’anciens rois, est significatif du fait que les Mésopotamiens eux-mêmes le considéraient comme historique. Il s’agit cette fois d’un document ayant un caractère plus officiel que de simples textes littéraires.

Liste royale sumérienne.
image :
http://www.earth-history.com

          Tous ces éléments attestent que les peuples mésopotamiens possédaient dans leur culture le récit d’une inondation terrible, qui aurait eu lieu au cours de leur Histoire. Comment se fait-il que le l’on retrouve le même thème dans la Bible ? La convergence de ces témoignages anciens suggèrent qu’ils puissent correspondre à un évènement réel. Le saura-t-on jamais ? Contre toute attente, des indices géologiques sont venus compléter ces investigations.

Un déluge régional ou planétaire ?

        La Mésopotamie n’est pas la seule région du Monde à avoir gardé mémoire de ce type d’évènement. Les traditions orales de nombreux pays répartis sur la planète ont conservé des récits évoquant une inondation totale, éradiquant toute vie terrestre à l’exception de quelques personnes sauvées grâce à un navire. On a ainsi retrouvé de tels mythes chez des peuples vivant dans des contrées aussi éloignées que l’Inde, la Grèce, l’Australie, l’Amérique du Nord ou la Scandinavie [7][8] … Dans son Dictionnaire biblique, l’Eglise adventiste du septième jour a publié une carte recensant les divers récits de Déluge locaux, ce qui représente une quantité impressionnante de témoignages [9]. La ressemblance entre toutes ces traditions ancestrales n’est peut-être pas totalement fortuite. Faut-il en déduire qu’il y eut réellement à une époque reculée de l’Histoire, une inondation planétaire ? Si l’on veut croire à un tel évènement, il devrait être possible d’en retrouver des traces géologiques. C’est apparemment ce que firent involontairement quelques archéologues, en effectuant des sondages dans une plaine irakienne.

Récit d’un Déluge fait par un Amérindien
image :
http://www.shingwauk.auc.ca

Carte montrant les lieux où ont été recensées
les récits traditionels d’un Déluge local.
image :
http://dialogue.adventist.org

Au désert comme au sanctuaire, une présence

22 novembre, 2010

du site:

http://www.spiritualite2000.com/page-133.php

CÉLÉBRER LES HEURES

1 février 2001

Au désert comme au sanctuaire, une présence – Psaume 62

Alain Gignac

S’il est un psaume que l’on connaît par coeur et que l’on croit comprendre à force de le répéter, c’est bien le Psaume 62 de la liturgie des Heures, repris au matin du dimanche de la première semaine et de toutes les Jetés. Un psaume familier, trop familier peut-être. Alain Gignac, professeur à la faculté de théologie de l’Université de Montréal, nous invite à jeter un regard neuf sur ce texte à partir de la version de la Septante.

1. Psaume de David, lorsqu’il était dans le désert de Judée.

2.- Dieu, mon Dieu, devant toi je suis matinal ;
Mon être eut soif de toi,
Combien de fois ma chair (eut soif) de toi ?
En une terre déserte, sans chemin, sans eau.
3. Ainsi dans le sanctuaire je fus vu par toi
Pour voir ta force et ta gloire :
4. « Meilleure au dessus des vies est ta miséricorde,
Mes lèvres feront ton éloge ;
5. Ainsi je te bénirai en ma vie,
En ton Nom je lèverai mes mains ;
6. Comme si de graisse et d’huile mon être était rempli,
Aussi, lèvres d’allégresse, ma bouche louera. »
7. Si je faisais mémoire de toi sur ma couche,
Dans les matins je m’exerçais (méditant) sur toi :
8. « Ta devins mon défenseur,
Et je serai en allégresse sous la couverture de tes ailes.
9. Mon être fut soudé derrière toi,
Ta droite me saisit.
10. Eux, cependant, en vain cherchèrent mon être :
Ils iront vers (l’endroit) le plus bas de la terre,
11. Ils seront livrés aux mains du sabre,
Ils seront (les) parts des renards. »
12. Le roi cependant se réjouira en Dieu ;
Quiconque jurant sur lui sera digne d’éloge ;
Parce que la bouche de ceux qui disent des choses injustes fut obstruée.

Une version viable pour un nouveau regard

Le texte ci-dessus a de quoi étonner. Plutôt que de commenter la traduction liturgique française du psaume, faite à partir du texte hébreu, je propose une traduction qui colle à la version grecque, dite de la Septante. Cette antique version fut élaborée au 3e siècle avant notre ère par la communauté juive d’Alexandrie. Elle fût ensuite la Bible des premiers chrétiens. Elle est très proche du texte hébreu qui fonde le texte de nos bibles mais opère ça et là quelques glissements significatifs, Or, durant toute l’Antiquité et le Moyen-Âge, les chrétiens prièrent les psaumes à partir de cette version grecque ou de sa traduction latine, intégrée par Jérôme à sa Vulgate’. Encore aujourd’hui, la numérotation liturgique du psautier est celle de la Septante. ..
Plus que tout texte biblique, les Psaumes sont avant tout paroles, reprises et recontextualisées à chaque génération. Or, ce jeu de l’Écriture, actualisée au moment même où elle se fait Parole sur nos lèvres, est à l’oeuvre dans le Psaume 62 lui-même. Au fil des versets, pour peu qu’on soit sensible aux métaphores, aux contrastes et aux aspérités du texte, s’ouvre un horizon de compréhension qui se renouvelle sans cesse.

Péché d’interprétation par omission? (v. L et 10-11)

La traduction liturgique omet les versets 10 et II, ainsi que le verset l. Ce choix oriente la prière vers une contemplation individuelle, paisible et spiritualisante, plus universelle aussi. Toutefois, il nous prive d’une clé de lecture susceptible de renouveler la prière.
. Les versets 10-11 décrivent le combat du priant face à ses ennemis. Peut-on prier avec un sentiment de haine ? Oui, répond le psaume, il faut prier avec ce que nous sommes et ce que nous portons. Car la prière ne se limite pas à une relation « Je-Tu», «moi devant toi, mon Dieu ». Acte solitaire, face à l’Autre, la prière demeure néanmoins une référence aux autres. Ceux-ci y ont leur place, même (et surtout) si ces autres sont mes ennemis.
. Le verset l indique dans quel esprit l’éditeur du psautier priait le Psaume 62 : « Psaume de David, lorsqu’il était dans le désert de Judée ». C’est une invitation à relire les versets qui suivent à la lumière du Premier livre de Samuel, qui raconte les aventures de David (7 Samuel 22 – 30). Peu importe que David soit l’auteur du poème, et encore moins que cette notice soit historiquement vérifiée (ou vérifiable) ! La notice situe la prière au désert (v. 2), lieu du combat et de l’épreuve (v. 7-11), en tension avec le sanctuaire (v. 3), lui-même lieu de l’action de grâce émerveillée et volubile (v. 4-6). On le verra, cette alternance des deux lieux de la prière structure le psaume.
Bref, ces versets omis par la liturgie des Heures rappellent à Forant que la prière est ouverture sur l’altérité et combat. Cette omission n’est pas péché d’interprétation, mais elle-même actualisation du texte…

Le contraste entre tableaux (V. 2-8)

Au verset 2, David prend la parole. Au Néguev où il s’est réfugié, hors-la-loi et vagabond, le futur roi s’identifie à cette terre sans chemin et sans eau qui l’a accueilli – le mot désert encadre le paragraphe aux versets l et 2. Le psaume s’ouvre sur un paysage flamboyant, celui du désert à l’aube, lorsque la crainte et le froid disparaissent, que les couleurs s’illuminent et que la terrible chaleur se lève. Un cri jaillit, premiers mots de la prière que les autres versets ne font que développer : « Dieu, mon Dieu » – cri que l’on rencontre deux autres fois dans le psautier (21, 2 ; 42, 4). Cri inaugural, où l’être – l’âme qui est la personne en toute son intégralité et son intégrité – se réduit à un amas de chair (littéralement : de viande). La prière est un cri de finitude
Le verset 3 fait contraste, en une sorte de flash-back : « Dans le sanctuaire je fus vu par toi, pour voir ta force et ta gloire. » Là où la traduction de la liturgie des Heures présente un parallélisme (« je t’ai contemplé… j’ai vu ta force et ta gloire»), la Septante souligne un mouvement fort intéressant, qui est celui même de la prière, par un jeu de mots autour du verbe voir, conjugué au passif et à l’infinitif : je me laisse voir par Dieu, tel que je suis, et c’est ainsi que je peux le voir.
Les versets 4-6 aient ce qu’était la prière au sanctuaire. En opposition à la chair informe (v. 2), les mots décrivent un visage, avec ses lèvres et sa bouche, une personne complète, debout, les mains levées. Ici, l’être n’est pas assoiffé ou diminué, mais rempli de graisse et d’huile. La traduction liturgique, en rendant cette image par le mot festin, lui enlève sa connotation cultuelle. Or, c’est une référence aux sacrifices d’animaux. Dans le sanctuaire, il est facile de louer Dieu et d’offrir un sacrifice, tandis que dans le désert, quelle peut être la louange, et que peut-on offrir, sinon soi-même réduit à l’état de chair ?
Au verset 7, retour à la case départ, c’est-à-dire au désert. Le guerrier attend l’aube (clin d’oeil au v. 2), dans son campement de fortune. Les versets 8-11 citent ce que peut être la prière en ce lieu. Le vocabulaire est militaire : combat, droite, ont cherché, sabre. Nous ne sommes plus dans l’intimité du sanctuaire, mais dans l’inconfort de la guerre, perdus au sein d’un vaste espace sauvage où les animaux sont compagnons de l’humain, que ce soient les renards (v. 11) ou l’aigle, évoqué pour dire la protection divine (v. 8). Les versets 8-9 redisent en d’autres mots, car dans un autre contexte, la prière des versets 4-6. David, le chantre du sanctuaire, est devenu le proscrit persécuté par Saül et craignant pour sa vie. Métamorphose paradoxale de la présence divine.
Un mot pourtant unit les deux tableaux : l’allégresse. Dans la contemplation, Dieu était présent ; dans le combat, Dieu l’est tout autant. Dans les deux cas, l’allégresse est suscitée par la miséricorde, meilleure que la vie, et même que toutes les vies (curieux pluriel !), au-dessus d’elles (v. 4). Ce triple pléonasme marque une insistance. Or, la miséricorde apparaît comme une présence enveloppante (v. 8, « sous la couverture de tes ailes »), irrésistible et intime (v. 9, « Mon être fut soudé derrière toi, Ta droite me saisit »). Fait notable : si l’allégresse et la louange se conjuguent au futur, comme une nécessité à venir, la miséricorde se conjugue au passé, comme une certitude.

Une relecture de l’ensemble du Psaume (V. 12)

Le verset 12, peut-être parce qu’il semble hors d’ordre, est omis (lui aussi !) par la liturgie des Heures. Il se présente comme une conclusion moralisante ajoutée au psaume : celui qui prie et s’appuie sur Dieu est un exemple à suivre, car la prière ne peut s’enraciner dans l’injustice. On y reprend trois thèmes du psaume : la joie, la louange, le sort des ennemis.
Or, ce verset pourrait s’avérer une clé de lecture pour la prière. Je le comprends comme une actualisation de tout le psaume : « Le roi cependant se réjouira en Dieu ; Quiconque jurant sur lui sera digne d’éloge ; Parce que la bouche de ceux qui disent des choses injustes fut obstruée. » Formulation non exempte d’ambiguïté : on croirait entendre un programme de gouvernement et une critique du gouvernement, tout à la fois. Le roi sera fidèle à Dieu et juste… Ainsi sa prière pourra-t-elle être entendue, contrairement à celle de l’injuste. Ainsi le roi pourra-t-il être loué par ses serviteurs. Ainsi le serviteur fidèle à un tel roi sera-t-il à son tour digne d’éloge.
Quel est le lien entre l’expérience de David décrite aux versets 2-11 et ce programme politique ? Imaginons une liturgie royale, au Temple, conduite par un prêtre qui s’adresse au roi pour lui donner David en exemple. Le successeur de David ne peut déjà plus redire ce psaume à la manière du fugitif au désert. L’expérience spirituelle de David est transposée au plan politique, comme critère de validation de l’institution monarchique. Mais pour nous, c’est une invitation à écrire une suite au psaume, un treizième verset inspiré de notre vie.
Une invitation à nous souvenir des moments de contemplation qui ont fondé notre expérience spirituelle, alors même que la plongée dans l’action semble nous éloigner de cette expérience. Ma prière est souvent sèche et aride, mais elle doit alors se nourrir des moments intenses et privilégiés de jadis…
Une invitation aussi à accepter une sécularisation de la prière. La culture actuelle n’est plus soumise à un encadrement sacré, spatial ou temporel. Il est lointain ce temps où les Vêpres se célébraient en paroisse. La prière ne se vit plus seulement au sanctuaire ; au coeur du désert de la vie profane s’ouvre un nouvel espace sacré. Comment discerner et construire ce nouvel espace ? Peut-être est- ce la question la plus cruciale du 3e millénaire.

NOTE : « l . La Vulgate contient deux traductions latines des psaumes. Pourquoi ? Saint Jérôme voulait traduire la Bible en latin a partir de l’hébreu, texte originel et donc préférable, selon lui. Or, les chrétiens étaient si attachés a leur traduction latine de la Septante que Jérôme fut obligé de déroger à sa règle hébraïque et d’inclure dans son ouvre une version latine à partir de la Septante et une autre faite à partir du texte breu. »

Source : Revue «Célébrer les Heures». No 21, printemps 1999.

bonne nuit

22 novembre, 2010

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Sainte Cécilie

21 novembre, 2010

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