Avent en musique. Sept antiennes à redécouvrir (par Sandro Magister)
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Avent en musique. Sept antiennes à redécouvrir
On en chante une par jour, au Magnificat des vêpres. Elles sont très anciennes et très riches en références aux prophéties relatives au Messie. Leurs initiales forment un acrostiche. Les voici transcrites, avec leur clé de lecture
par Sandro Magister
ROMA, le 17 décembre 2008 – A partir d’aujourd’hui et jusqu’à l’avant-veille de Noël, on chante au Magnificat des vêpres de rite romain sept antiennes, une par jour, qui commencent toutes par une invocation à Jésus, celui-ci n’étant jamais nommé.
Ce temps de sept jours est très ancien: il remonte au pape Grégoire le Grand, vers l’an 600. Les antiennes sont en latin et sont inspirées de textes de l’Ancien Testament qui annoncent le Messie.
Au début de chaque antienne, Jésus est successivement invoqué comme Sagesse, Seigneur, Rejeton, Clé, Astre, Roi, Emmanuel. En latin: Sapientia, Adonai, Radix, Clavis, Oriens, Rex, Emmanuel.
Si on les lit en partant de la dernière, les initiales de ces mots latins forment un acrostiche: « Ero cras », c’est-à-dire: « Je serai [là] demain », annonçant la venue du Seigneur. La dernière antienne, qui termine l’acrostiche, est chantée le 23 décembre. Le lendemain, aux premières vêpres, la fête de Noël commence.
Ces antiennes ont été tirées de l’oubli, inopinément, par « La Civiltà Cattolica », la revue des jésuites de Rome, contrôlée avant impression par la secrétairerie d’état du Vatican.
La place d’honneur donnée à l’article qui présente les sept antiennes est également inhabituelle. Ecrit par le père Maurice Gilbert, directeur de l’Institut biblique pontifical de Jérusalem, cet article ouvre le cahier d’avant Noël de la revue, là où se trouve habituellement l’éditorial.
Dans son article, le père Gilbert explique une à une les antiennes et en montre les très riches références aux textes de l’Ancien Testament. Il souligne un fait remarquable: les trois dernières antiennes – celles de l’acrostiche « Je serai là » –comportent des expressions qui ne s’expliquent qu’à la lumière du Nouveau Testament.
L’antienne « O Oriens » du 21 décembre comporte une référence claire au cantique de Zacharie, le « Benedictus », qu’on lit au chapitre 1 de l’Evangile de Luc: « Nous aurons la visite d’un soleil venu d’en haut afin d’illuminer ceux qui se trouvent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ».
L’antienne « O Rex » du 22 décembre inclut un passage de l’hymne à Jésus du chapitre 2 de la lettre de Paul aux Ephésiens: « Celui qui des deux [c’est-à-dire les juifs et les païens] n’a fait qu’un peuple ».
Enfin l’antienne « O Emmanuel » du 23 décembre s’achève par l’invocation « Dominus Deus noster », une invocation exclusivement chrétienne puisque seuls les disciples de Jésus reconnaissent le Seigneur leur Dieu dans l’Emmanuel.
Voici donc le texte intégral des sept antiennes, en latin et traduites. Les initiales qui forment l’acrostiche « Ero cras » sont mises en évidence et les principales références à l’Ancien et au Nouveau Testament sont citées entre parenthèses:
I – 17 décembre
O SAPIENTIA, quae ex ore Altissimi prodiisti,
attingens a fine usque ad finem fortiter suaviterque disponens omnia:
veni ad docendum nos viam prudentiae.
O Sagesse, qui es issue de la bouche du Très-Haut (Ecclésiastique 24, 3),
tu déploies ta force d’un bout du monde à l’autre et tu régis l’univers avec force et douceur (Sagesse 8, 1):
viens nous enseigner la voie de la prudence (Proverbes 9, 6).
II – 18 décembre
O ADONAI, dux domus Israel,
qui Moysi in igne flammae rubi apparuisti, et in Sina legem dedisti:
veni ad redimendum nos in brachio extenso.
O Seigneur (Exode 6, 2 Vulgate), guide de la maison d’Israël,
qui es apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent (Exode 3, 2) et lui as donné tes commandements sur le mont Sinaï (Exode 20):
viens nous sauver avec ton bras puissant (Exode 15, 12-13).
III – 19 décembre
O RADIX Iesse, qui stas in signum populorum,
super quem continebunt reges os suum, quem gentes deprecabuntur:
veni ad liberandum nos, iam noli tardare.
O Rejeton de Jessé, qui te dresses comme un étendard pour les peuples (Isaïe 11, 10),
devant toi les rois de la terre gardent le silence (Isaïe 52, 15) et les nations t’adressent leurs prières:
viens nous délivrer, ne tarde plus (Habacuc 2, 3).
IV – 20 décembre
O CLAVIS David et sceptrum domus Israel,
qui aperis, et nemo claudit; claudis, et nemo aperit:
veni et educ vinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbra mortis.
O Clé de David (Isaïe 22, 22), sceptre de la maison d’Israël (Genèse 49, 10),
tu ouvres et personne ne peut fermer; tu fermes et personne ne peut ouvrir:
viens, fais sortir de prison le captif plongé dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort (Psaume 107, 10.14).
V – 21 décembre
O ORIENS, splendor lucis aeternae et sol iustitiae:
veni et illumina sedentem in tenebris et umbra mortis.
O Astre montant (Zacharie 3, 8; Jérémie 23, 5), splendeur de la lumière éternelle (Sagesse 7, 26) et soleil de justice (Malachie 3, 20):
viens éclairer ceux qui se trouvent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort (Isaïe 9, 1; Luc 1, 79).
VI – 22 décembre
O REX gentium et desideratus earum,
lapis angularis qui facis utraque unum:
veni et salva hominem quem de limo formasti.
O Roi des nations (Jérémie 10, 7), objet de leur désir (Aggée 2, 7),
pierre angulaire (Isaïe 28, 16) qui réunis juifs et païens en un seul peuple (Ephésiens 2, 14):
viens sauver l’homme que tu as façonné à partir du limon.
VII – 23 décembre
O EMMANUEL, rex et legifer noster,
expectatio gentium et salvator earum:
veni ad salvandum nos, Dominus Deus noster.
O Emmanuel (Isaïe 7, 14), notre roi et notre législateur (Isaïe 33, 22),
espérance et salut des nations (Genèse 49, 10; Jean 4, 42):
viens nous sauver, Seigneur notre Dieu (Isaïe 37, 20).
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Traduction française par Charles de Pechpeyrou.
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