Archive pour le 29 novembre, 2010
Psaume 121 : « Ma confiance dans le secours de Dieu »
29 novembre, 2010Spiritualite2000.com
Février 2005
http://www.spiritualite2000.com/An2005/Psalmiste/fev05.htm
Psaume 121 : « Ma confiance dans le secours de Dieu »
par Christian Eeckhout, o.p.
En février 2004, le frère Hervé Tremblay commentait le psaume 131, extrait du quatrième recueil du Psautier. En cet hiver 2005, il est bon de mettre à nouveau notre confiance totale en Dieu, tant il nous est parfois difficile de tenir dans les épreuves humaines. Tant est grande la pression de la société actuelle sur le besoin de sécurité…parfois bien illusoire en ce monde.
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Le psaume 121 appartient, lui aussi, à la collection des cantiques pour les montées (Ps 120-134), que les pèlerins chantaient en marchant vers Jérusalem aux trois grandes fêtes, ou que priaient les lévites en gravissant les degrés du Temple du Dieu d’Israël.
Nous verrons qu’il place l’accent sur Dieu comme étant vraiment le meilleur secours, un gardien sans faille qui mérite notre confiance pleine et entière.
Le Texte : Cantique pour les montées.
Je lève les yeux vers les montagnes : Mon secours, d’où viendra-t-il ?
Le secours me vient de Yahvé qui a fait le ciel et la terre.
Qu’il ne laisse chanceler ton pied ! qu’il ne dorme, ton gardien !
Vois, il ne dort ni ne sommeille, le gardien d’Israël.
Yahvé est ton gardien, ton ombrage, Yahvé à ta droite.
De jour, le soleil ne te frappe, ni la lune en la nuit.
Yahvé te garde de tout mal, il garde ton âme.
Yahvé te garde au départ, au retour, dès lors et à jamais.
Trad. © La Bible de Jérusalem
Commentaire :
« Les montagnes ». Oui, elles sont nombreuses au pays de la Bible, depuis le mont Sinaï au sud, jusqu’à l’Hermon et la haute Galilée au nord, avec les monts de Samarie et de Judée au centre de la région. Tout comme elles nous appellent à lever les yeux, elles veulent aussi élever l’esprit du croyant. Dans la pensée biblique, elles sont la marque d’une élévation spirituelle de l’auteur. Les montagnes introduisent une parole de grande hauteur d’âme, une réalité spirituelle de haute importance.
De plus, dans la Bible, le Dieu qui fait route avec les siens comme un pasteur avec son troupeau est surnommé « le Dieu montagnard » (El-Shaddai) par les patriarches, ou encore « le Dieu très-haut » (El-Elyôn).
Le psalmiste précise de quel Dieu il s’agit pour lui : le seul secours de la créature vient de son créateur : le Seigneur qui a fait le ciel et la terre. Un autre cantique des montées, le Ps 124,8 dira de même que le secours de la créature est dans le nom du Dieu créateur. Ce Dieu est écrit quatre fois au moyen du tétragramme YHWH qui est le nom propre du Dieu révélé, selon la tradition élohiste, à Moïse dans l’épisode du buisson ardent (Ex 3,13-14). Le nom caractérise l’être actif, efficace et dynamique qui est là pour sauver le peuple d’Israël, surtout lorsqu’il est opprimé dans sa liberté religieuse.
On parle tant de sécurité dans tous les domaines … mais concrètement, je peux toujours trébucher, ou même être surpris dans mon sommeil. Alors le psalmiste cherche la parade en ces occasions. Il nous appelle à voir que celui qui veille en permanence c’est celui-là qui protège son peuple : c’est « le gardien d’Israël » (v.4). YHWH garde Israël : cette réponse à la question initiale va être reprise quatre fois dans la seconde partie du cantique, utilisant le rythme graduel et devenant à nouveau très personnel.
En premier lieu, « Le Seigneur est ton gardien », là même où tu vis, quel que soit l’environnement astral et sa puissance, comme le chantait déjà le prophète Isaïe dans l’hymne d’action de grâce au Seigneur : « Car tu as été un refuge pour le faible, un refuge pour le malheureux plongé dans la détresse, un abri contre la pluie, un ombrage contre la chaleur » (Is 25,4). Le livre de l’Apocalypse reprendra cette figure de l’ombrage contre les feux du soleil en parlant de la préservation des serviteurs de Dieu (cf. Ap 7,15-17).
Cette allégorie de l’ombre protectrice pour parler de la présence de Dieu se retrouve encore en Is 49,10. La présence située « à la droite », c’est-à-dire à la place favorable (cf. Ps 110,5), est déjà vue par le psalmiste pour parler de Dieu comme sauveur du pauvre au Ps 109,31 et comme guide et conseiller aux Ps 16,8 et 73,23.
En deuxième lieu, « le Seigneur te garde de tout mal » : ce qui revient à affirmer la protection contre tout ce qui s’oppose à Dieu. Dès lors que la confiance est placée en Lui, le mal ne peut gagner du terrain en nous.
Ensuite « Il garde ton âme », ton esprit, le souffle de vie, ta personne donc. Après le danger des astres et du mal externe, la protection s’étend au caractère interne, à l’existentiel, au fond de l’être. (Ps 121, 7b = Ps 97,10b).
Enfin, quels que soit notre parcours, les allées et venues, les déplacements en somme,
Pour le psalmiste confiant en Dieu, le Seigneur est celui qui garde ou protège en permanence, dans la durée des jours.
Le psaume 121 chante donc que contre le mal extérieur comme à l’intérieur, dans l’espace et dans le temps, le Seigneur veille, protège et garde la créature qui met en Lui sa confiance. C’est en même temps un appel à Dieu pour qu’Il protège les siens contre tout danger sur les chemins de pèlerinage.
Pour les chrétiens en route vers la Jérusalem du Ciel, pour les baptisés, temples de l’Esprit-Saint, il devient chant de bénédiction de Dieu sur la route de la vie conduisant au Royaume. Le psaume 121 se fait prière de confiance assurée au Christ, vainqueur du monde et du mal, qui nous dit : « Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais gardez courage ! Moi, j’ai bel et bien vaincu le monde. » (Jn 16,33b). Ayant traversé l’épreuve de la croix, Jésus ressuscité est le vrai pasteur, le protecteur fidèle pour toujours.
Le psaume 121 dans la liturgie
Depuis la réforme du deuxième Concile œcuménique de Vatican, la liturgie place le psaume 121 dans la prière des vêpres du vendredi de la deuxième semaine, et le donne à entendre comme psaume responsorial au 29e Dimanche dans l’année (C). Mais ce qui est intéressant est qu’il est placé dans la messe à l’intention des réfugiés et des exilés, eux qui bien souvent n’ont plus que Dieu comme refuge (cf. aussi Ps 16,1) et en qui ils mettent toute leur confiance. Comme pour le psalmiste, le Seigneur restera leur bien suprême. Après l’exode d’égypte et le retour d’exil à Babylone, ce psaume 121 est approprié pour nombre de personnes qui vivent actuellement la vie d’exilé, de réfugié.
Ce psaume de confiance absolue au Dieu de l’univers permet enfin de faire un rapprochement avec la prière de toute l’assemblée à la conclusion de chacune des préfaces de la messe. Lorsque les fidèles entonnent le « Sanctus », ils prient « Hosanna ! », ce qui signifie en hébreu : « Accorde le salut » (Ps 118,25a – v. 26 LXX –). Cette prière est reprise comme une acclamation mais elle est cri d’espoir et de confiance à la fois, lequel a été adressé à Jésus lors de sa descente du mont des oliviers devant Jérusalem (en Mt 21,9 ; Mc 11,9-10 ; Jn 12,13), juste avant sa Passion. Cette espérance présente et tournée vers l’avenir, Jésus l’honorera en osant lui-même l’offrir comme une prière de confiance toute filiale dans sa grande épreuve cloué en croix : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23,46b, qui reprend Ps 30,6a LXX).
En résumé
Grâce au psaume 121, nous pouvons dire ceci : Telle une fontaine de confiance positive surgie du fond de la terre, malgré les apparences parfois contraires, une déclaration, un cri ou un souhait de confiance illimitée du psalmiste envers l’existence de Dieu créateur est la réponse prépondérante à la question lancinante de l’origine du secours. Pour le croyant, « le gardien d’Israël » vient à la rescousse, en véritable bon Pasteur, c’est sûr. C’est là tout l’enjeu de la piété filiale.
Concluons avec la réflexion vigoureuse de saint Bernard : « Vous priez mal si en priant vous cherchez autre chose que le verbe, ou si vous ne demandez pas l’objet de votre prière par rapport au Verbe. Car tout est en lui : les remèdes à vos blessures, les secours dont vous avez besoin, l’amendement de vos défauts, la source de vos progrès, bref tout ce qu’un homme peut et doit souhaiter. »
Avent en musique. Sept antiennes à redécouvrir (par Sandro Magister)
29 novembre, 2010du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/213008?fr=y
Avent en musique. Sept antiennes à redécouvrir
On en chante une par jour, au Magnificat des vêpres. Elles sont très anciennes et très riches en références aux prophéties relatives au Messie. Leurs initiales forment un acrostiche. Les voici transcrites, avec leur clé de lecture
par Sandro Magister
ROMA, le 17 décembre 2008 – A partir d’aujourd’hui et jusqu’à l’avant-veille de Noël, on chante au Magnificat des vêpres de rite romain sept antiennes, une par jour, qui commencent toutes par une invocation à Jésus, celui-ci n’étant jamais nommé.
Ce temps de sept jours est très ancien: il remonte au pape Grégoire le Grand, vers l’an 600. Les antiennes sont en latin et sont inspirées de textes de l’Ancien Testament qui annoncent le Messie.
Au début de chaque antienne, Jésus est successivement invoqué comme Sagesse, Seigneur, Rejeton, Clé, Astre, Roi, Emmanuel. En latin: Sapientia, Adonai, Radix, Clavis, Oriens, Rex, Emmanuel.
Si on les lit en partant de la dernière, les initiales de ces mots latins forment un acrostiche: « Ero cras », c’est-à-dire: « Je serai [là] demain », annonçant la venue du Seigneur. La dernière antienne, qui termine l’acrostiche, est chantée le 23 décembre. Le lendemain, aux premières vêpres, la fête de Noël commence.
Ces antiennes ont été tirées de l’oubli, inopinément, par « La Civiltà Cattolica », la revue des jésuites de Rome, contrôlée avant impression par la secrétairerie d’état du Vatican.
La place d’honneur donnée à l’article qui présente les sept antiennes est également inhabituelle. Ecrit par le père Maurice Gilbert, directeur de l’Institut biblique pontifical de Jérusalem, cet article ouvre le cahier d’avant Noël de la revue, là où se trouve habituellement l’éditorial.
Dans son article, le père Gilbert explique une à une les antiennes et en montre les très riches références aux textes de l’Ancien Testament. Il souligne un fait remarquable: les trois dernières antiennes – celles de l’acrostiche « Je serai là » –comportent des expressions qui ne s’expliquent qu’à la lumière du Nouveau Testament.
L’antienne « O Oriens » du 21 décembre comporte une référence claire au cantique de Zacharie, le « Benedictus », qu’on lit au chapitre 1 de l’Evangile de Luc: « Nous aurons la visite d’un soleil venu d’en haut afin d’illuminer ceux qui se trouvent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort ».
L’antienne « O Rex » du 22 décembre inclut un passage de l’hymne à Jésus du chapitre 2 de la lettre de Paul aux Ephésiens: « Celui qui des deux [c’est-à-dire les juifs et les païens] n’a fait qu’un peuple ».
Enfin l’antienne « O Emmanuel » du 23 décembre s’achève par l’invocation « Dominus Deus noster », une invocation exclusivement chrétienne puisque seuls les disciples de Jésus reconnaissent le Seigneur leur Dieu dans l’Emmanuel.
Voici donc le texte intégral des sept antiennes, en latin et traduites. Les initiales qui forment l’acrostiche « Ero cras » sont mises en évidence et les principales références à l’Ancien et au Nouveau Testament sont citées entre parenthèses:
I – 17 décembre
O SAPIENTIA, quae ex ore Altissimi prodiisti,
attingens a fine usque ad finem fortiter suaviterque disponens omnia:
veni ad docendum nos viam prudentiae.
O Sagesse, qui es issue de la bouche du Très-Haut (Ecclésiastique 24, 3),
tu déploies ta force d’un bout du monde à l’autre et tu régis l’univers avec force et douceur (Sagesse 8, 1):
viens nous enseigner la voie de la prudence (Proverbes 9, 6).
II – 18 décembre
O ADONAI, dux domus Israel,
qui Moysi in igne flammae rubi apparuisti, et in Sina legem dedisti:
veni ad redimendum nos in brachio extenso.
O Seigneur (Exode 6, 2 Vulgate), guide de la maison d’Israël,
qui es apparu à Moïse dans le feu du buisson ardent (Exode 3, 2) et lui as donné tes commandements sur le mont Sinaï (Exode 20):
viens nous sauver avec ton bras puissant (Exode 15, 12-13).
III – 19 décembre
O RADIX Iesse, qui stas in signum populorum,
super quem continebunt reges os suum, quem gentes deprecabuntur:
veni ad liberandum nos, iam noli tardare.
O Rejeton de Jessé, qui te dresses comme un étendard pour les peuples (Isaïe 11, 10),
devant toi les rois de la terre gardent le silence (Isaïe 52, 15) et les nations t’adressent leurs prières:
viens nous délivrer, ne tarde plus (Habacuc 2, 3).
IV – 20 décembre
O CLAVIS David et sceptrum domus Israel,
qui aperis, et nemo claudit; claudis, et nemo aperit:
veni et educ vinctum de domo carceris, sedentem in tenebris et umbra mortis.
O Clé de David (Isaïe 22, 22), sceptre de la maison d’Israël (Genèse 49, 10),
tu ouvres et personne ne peut fermer; tu fermes et personne ne peut ouvrir:
viens, fais sortir de prison le captif plongé dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort (Psaume 107, 10.14).
V – 21 décembre
O ORIENS, splendor lucis aeternae et sol iustitiae:
veni et illumina sedentem in tenebris et umbra mortis.
O Astre montant (Zacharie 3, 8; Jérémie 23, 5), splendeur de la lumière éternelle (Sagesse 7, 26) et soleil de justice (Malachie 3, 20):
viens éclairer ceux qui se trouvent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort (Isaïe 9, 1; Luc 1, 79).
VI – 22 décembre
O REX gentium et desideratus earum,
lapis angularis qui facis utraque unum:
veni et salva hominem quem de limo formasti.
O Roi des nations (Jérémie 10, 7), objet de leur désir (Aggée 2, 7),
pierre angulaire (Isaïe 28, 16) qui réunis juifs et païens en un seul peuple (Ephésiens 2, 14):
viens sauver l’homme que tu as façonné à partir du limon.
VII – 23 décembre
O EMMANUEL, rex et legifer noster,
expectatio gentium et salvator earum:
veni ad salvandum nos, Dominus Deus noster.
O Emmanuel (Isaïe 7, 14), notre roi et notre législateur (Isaïe 33, 22),
espérance et salut des nations (Genèse 49, 10; Jean 4, 42):
viens nous sauver, Seigneur notre Dieu (Isaïe 37, 20).
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Traduction française par Charles de Pechpeyrou.