L’arche de Noé racontée par des tablettes d’argile

le lien sont à les images, du site:

http://bible.archeologie.free.fr/archedenoetablettes.html

L’arche de Noé racontée par des tablettes d’argile

image : http://www.greatdreams.com

       Les chapitres 6 à 8 de la Genèse relatent le récit bien connu du Déluge. Dieu en colère à cause de la perversité des hommes, décide d’éradiquer l’humanité par une inondation totale. Voulant cependant épargner la vie d’un homme sage appelé Noé, il ordonne à celui-ci de construire un grand navire, dans lequel il se réfugie après avoir embarqué sa famille et un couple de chaque espèce d’animaux. Des pluies torrentielles recouvrent alors toute la Terre, et l’eau submerge tout pendant plusieurs jours avant de commencer à s’assécher. Enfermé dans son arche, Noé attendant la réapparition de la terre ferme, libère trois fois une colombe jusqu’à ce qu’elle ne revienne pas, signe qu’elle a trouvé un lieu où se poser. Alors l’Arche s’échoue sur le mont Ararat, et ses occcupants en sortent sains et saufs.
       Jusqu’au XIXème siècle de notre ère, on ne connaissait l’histoire du Déluge que par le récit biblique. Les fouilles archéologiques qui furent menées en particulier en Irak, allaient bientôt bousculer cette unicité.
        Les recherches effectuées en Mésopotamie ont fourni une grande quantité de témoignages humains écrits, sous la forme de tablettes d’argile gravées de caractères cunéiformes. Cette écriture se présente sous la forme de coins ou de clous, que les scribes imprégnaient dans des plaques d’argile humide qui étaient ensuite séchées et cuites. Ces tablettes découvertes dans les sables des vestiges des villes disparues, se comptent par centaines de milliers. L’écriture cunéiforme a heureusement pu être déchiffrée par des spécialistes de l’Orient ancien, notamment le britannique Henry Creswicke Rawlinson en 1850. Les orientalistes se livrent depuis lors à un énorme travail de traduction de ces innombrables tablettes.

Tablette cunéiforme trouvée à Nippur.
image :
http://physics.stmarys-ca.edu/classes 

Tablette cunéiforme trouvée à Babylone,
 relatant un déluge babylonien (19-18e s. av. J-C.).
image :
http://www.earth-history.com/Clay-tablets.htm

Le déluge assyrien

        En 1872, un jeune assyriologue, George Smith, participait au déchiffrement des tablettes d’argile trouvées dans la bibliothèque du roi Assurbanipal à Ninive. Il fut un jour très surpris de découvrir un texte qui ressemblait étrangement au récit du Déluge biblique. Ce texte faisait partie intégrante d’un autre récit plus vaste, « l’épopée de Gilgamesh », dont le récit complet occupait douze tablettes ; le passage relatif au Déluge mésopotamien figurait sur la onzième. Gilgamesh est présenté comme un roi d’Uruk, qui en cherchant l’immortalité rencontre un personnage nommé Utanapishtim. Celui-ci lui raconte l’histoire du Déluge auquel il a survécu.

La 11ème tablette cunéiforme trouvée à Ninive.
Elle relate l’épopée de Gilgamesh qui inclut un récit du Déluge.
image :
http://www.suffragio.it/bassorilievi/arteassiri.htm

Bas-relief représentant le roi légendaire Gilgamesh maîtrisant un lion.
image :
http://encarta.msn.com

        Cette version du Déluge est l’histoire d’une inondation catastrophique provoquée par l’ensemble des dieux, dans le dessein de faire disparaître toute l’humanité. Utanapishtim est sauvé grâce à la bienveillance d’un seul dieu, Ea. Voici quelques extraits significatifs du récit [1][2] :
        « (Le dieu dit:) Homme de cette ville, démolis ta maison et construis un bateau (…). Renonce à tes biens et sauve ta vie. Embarque avec toi un spécimen de chaque être vivant. Le bateau que tu vas construire, sa largeur et sa longueur doivent être semblables. Couvre-le d’un toit (…). Lorsque le bateau fut construit on procéda à son chargement, en attendant le Déluge. (Utanapishtim parle:) Le soir du septième jour, le bateau était achevé (…). Je chargeai à son bord tout ce que j’avais de spécimens d’espèces vivantes. Toute ma famille et ma parenté je fis monter sur le bateau (…). A la première lueur de l’aube, monta de l’horizon une sombre nuée (…). Le silence de mort de l’orage traversa le ciel et ce qui était lumineux se changea en ténèbres. Comme une bataille, le cataclysme passa sur les hommes (…). Même les dieux furent épouvantés par le Déluge, six jours et sept nuits (…). Le septiéme jour l’ouragan ralentit. Le déluge cessa. Tous les peuples étaient redevenus d’argile. Par la lucarne, la lumière du soleil tomba sur mon visage. Je me jetai à genoux et en pleurant, je cherchai les côtes, les rivages de la mer. Le bateau accosta sur le mont Nisir (…). Le septième jour je fis sortir la colombe : elle s’envola mais revint car aucun perchoir ne lui était offert. Je fis sortir l’hirondelle, elle revint. Je fis sortir un corbeau, il partit et voyant les eaux se retirer, il picora, voltigea et ne revint pas vers moi. Alors je fis une offrande et un sacrifice aux quatre vents. »
        Comme on peut le constater, les ressemblances avec le récit biblique sont frappantes. Lorsque la traduction de ce texte fut publiée en Angleterre, cela produisit l’effet d’une bombe médiatique. Cette tablette datait du deuxième millénaire av. J.-C., mais semblait reprendre des traditions plus anciennes. En effet, d’autres documents mésopotamiens antérieurs parlant également de Déluge furent bientôt révélés.

Le déluge sumérien

        Depuis la traduction de la tablette de Ninive, d’autres versions du mythe diluvien ont été trouvées. A Nippur, une tablette cunéiforme sumérienne révéla un récit analogue, centré sur un héros du nom de Ziusudra. La tablette, écrite vers 1700 avant notre ère, est malheureusement très déteriorée [3].

Le déluge babylonien

        Il existe une troisième version du Déluge, écrite en babylonien, et datant de 1635 av. J-C. environ. Le personnage central est dénommé Atrahasis, ou « supersage » [4]. En outre, ce texte est précédé d’un récit de Création. A l’origine, les dieux auraient créé les hommes pour qu’ils fassent les travaux pénibles à leur place. Mais leur élimination par le moyen d’un déluge est décidée, parce que l’humanité est devenue trop envahissante et … trop tapageuse !

Tablette relatant une version babylonienne du récit du Déluge.
image :
http://freestockphotos.com

La liste royale sumérienne

        Une autre document un peu différent mais tout aussi intéressant est la fameuse « liste royale sumérienne », rédigée sur des tablettes trouvées dans les ruines de Nippur [5]. Il s’agit d’une énumération de souverains sensés avoir régné dans la région de Sumer. Cette chronologie s’arrête à une époque qui semble correspondre au XVIIIème siècle avant notre ère. Curieusement, au milieu de cette liste de rois est insérée cette phrase inattendue : « Après que le Déluge eut tout nivelé, la royauté s’établit à Kish ». Une dynastie de rois semble en effet être avoir régné à Kish vers 2900, dont une partie au moins paraît historique [6]. Plusieurs exemplaires de cette même liste de rois ont été retrouvés. Le fait que le Déluge soit mentionné dans une liste mésopotamienne d’anciens rois, est significatif du fait que les Mésopotamiens eux-mêmes le considéraient comme historique. Il s’agit cette fois d’un document ayant un caractère plus officiel que de simples textes littéraires.

Liste royale sumérienne.
image :
http://www.earth-history.com

          Tous ces éléments attestent que les peuples mésopotamiens possédaient dans leur culture le récit d’une inondation terrible, qui aurait eu lieu au cours de leur Histoire. Comment se fait-il que le l’on retrouve le même thème dans la Bible ? La convergence de ces témoignages anciens suggèrent qu’ils puissent correspondre à un évènement réel. Le saura-t-on jamais ? Contre toute attente, des indices géologiques sont venus compléter ces investigations.

Un déluge régional ou planétaire ?

        La Mésopotamie n’est pas la seule région du Monde à avoir gardé mémoire de ce type d’évènement. Les traditions orales de nombreux pays répartis sur la planète ont conservé des récits évoquant une inondation totale, éradiquant toute vie terrestre à l’exception de quelques personnes sauvées grâce à un navire. On a ainsi retrouvé de tels mythes chez des peuples vivant dans des contrées aussi éloignées que l’Inde, la Grèce, l’Australie, l’Amérique du Nord ou la Scandinavie [7][8] … Dans son Dictionnaire biblique, l’Eglise adventiste du septième jour a publié une carte recensant les divers récits de Déluge locaux, ce qui représente une quantité impressionnante de témoignages [9]. La ressemblance entre toutes ces traditions ancestrales n’est peut-être pas totalement fortuite. Faut-il en déduire qu’il y eut réellement à une époque reculée de l’Histoire, une inondation planétaire ? Si l’on veut croire à un tel évènement, il devrait être possible d’en retrouver des traces géologiques. C’est apparemment ce que firent involontairement quelques archéologues, en effectuant des sondages dans une plaine irakienne.

Récit d’un Déluge fait par un Amérindien
image :
http://www.shingwauk.auc.ca

Carte montrant les lieux où ont été recensées
les récits traditionels d’un Déluge local.
image :
http://dialogue.adventist.org

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