Dieu et les tickets de bus (Deut 11,18)
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Dieu et les tickets de bus (Deut 11,18)
« Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre cœur, dans votre âme » Deut 11,18
Pour méditer sur les Ecritures qui invitent chaque croyant à intérioriser les Commandements, à « inscrire la Loi de Dieu dans son cœur », j’ai recours à des souvenirs de jeunesses, et je pense…à des tickets de bus.
Adolescent, il m’est arrivé de prendre le bus sans ticket. Goût du risque ? de la transgression ? Je ne sais plus trop, ni combien de fois j’ai fraudé. En revanche, je sais pourquoi j’ai cessé : un jour, en payant un bus de ville, j’ai senti qu’il était important pour moi de participer au Bien commun, de manifester une solidarité sociale. Oui, un jour, j’ai pris conscience de ma dignité de citoyen, et j’ai été heureux de l’assumer. Désormais je le sais, tricher avec les bus blesserait en moi quelque chose d’important. Ce serait d’abord à moi que je ferais tort.
Ce que dit la Bible sur la Loi du Seigneur est, certes, infiniment plus important que le règlement des transports en commun ! Mais l’ex-fraudeur que je suis mesure un écart qui parle de l’homme face au Dieu de la Bible : jadis, ma soumission enfantine envers un règlement perçu comme extérieur, surtout basée sur la peur du contrôleur ; aujourd’hui, une obéissance d’adulte, qui trouve ses racines et sa joie dans la conviction intime que cette obéissance participe à ma propre croissance humaine. Obéir à ce qui est bien est du côté du bonheur de vivre.
Si Dieu est le Dieu de la Vie, il doit nous indiquer ce qui menace ce bonheur. C’est uniquement pour cela qu’il pose des interdits, non par caprice ou par cruauté. Et je lui obéis vraiment – comme il aime qu’on lui obéisse : en homme libre – lorsque j’ai senti ou expérimenté que la vie est sur ce chemin-là, par-delà le plaisir fugitif et trompeur de la négligence ou de la transgression.
Je ne m’enorgueillis pas d’être un voyageur honnête ; je suis heureux d’être un citoyen. Et lorsque j’essaie d’agir en chrétien, je n’ai pas à en tirer fierté ; j’ai à me réjouir de me sentir, patiemment, paternellement, guidé sur un chemin de croissance et de vie.
Philippe ROBERT sj.
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