2 novembre: Fête de tous les saints

du site:

http://arras.catholique.fr/page-12519-fete-tous-saints.html

Fête de tous les saints
Premier novembre : tous saints

Lorsqu’un proche nous est enlevé par la mort, notre douleur s’accompagne d’un vif sentiment d’inachevé. Il y a tant d’amour non encore exprimé, tant d’attentes et de désirs qui soudain s’arrêtent. Alors la mémoire se fait plus vive, qui fait surgir du passé telle et telle parole, telle attitude. Quand nous l’avons accompagné dans ses derniers instants, peut-être avons-nous dit « De l’autre côté, de là-haut, tu prieras pour nous, tu penseras à nous !? » Au moment de la mort, nous nous tournons vers un “au-delà” dont nous ne savons pas grand-chose, excepté les images transmises dans notre enfance, les sculptures des tympans des cathédrales et les tableaux des peintres. Tout cela donne à penser, sans satisfaire notre désir de savoir. « Il est retourné à Dieu » est-il dit dans la liturgie des défunts. 

Origines de la fête de Toussaint

Dans le calendrier de l’Église catholique, la Toussaint, apparaît au IV° siècle. L’Église syrienne consacrait alors un jour à fêter tous les martyrs dont le nombre était devenu si grand qu’il rendait impossible toute commémoration individuelle. Cette fête était célébrée dans la continuité de Pâques et de la Pentecôte. On fêtait la victoire du Christ dans la vie de beaucoup d’hommes et de femmes, morts en témoins de la foi.
Trois siècles plus tard, dans son effort pour christianiser les traditions païennes, le pape Boniface IV transformait un temple romain dédié à tous les dieux, le Panthéon, en une église consacrée à tous les saints. Cette coutume se répandit en Occident mais chaque Église locale célébrait la fête à des dates différentes, jusqu’en 835, où elle fut fixée au 1er novembre. 
Aujourd’hui encore, dans l’Église byzantine, c’est le dimanche après la Pentecôte qui est consacré à la fête de tous les saints. Au début du XI° siècle, avec saint Odilon, abbé de Cluny, la fête des morts fut établie au 1er novembre. Aujourd’hui la liturgie sépare le 1er novembre et le 2 novembre. Pour beaucoup de chrétiens une liste de « recommandations des défunts » sera proposée en vue de la prière commune.

Je crois à la communion des saints

Sculpture du Jugement dernier, Tympan 
Nombre de typmans de cathédrales présentent la résurrection et le jugement dernier
Le refus de la séparation, de la rupture définitive entre nous et le défunt entraine parfois des affirmations de proximité, sentiment de l’avoir senti, entendu, reconnu… certains disent faire l’expérience qu’il est encore là. Nous sommes des êtres de relation et de désirs de relation, et nous ne pouvons admettre que cela s’arrête. Ces expressions de ‘continuité’ signifient la protestation et le refus devant la réalité douloureuse.
Nous croyons que le désir de relation vient de Dieu. Il nous a créé à son image, et a voulu entrer en relation avec la famille humaine. Il a voulu que les relations des uns avec les autres grandissent dans la liberté et expriment la communion à laquelle toute l’humanité est appelée. C’est aussi ce qu’exprime le double commandement où l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain sont inséparables. Peut-on tout à la fois affirmer que Dieu a voulu ces relations et accepter que ces relations se brisent dans la mort ? 

Dans la Bible, les saints sont les membres vivants des Eglises.
L’expression “communion des saints” n’exprime pas d’abord la relation entre les vivants et les morts. Aux débuts du christianisme, les baptisés s’appelaient saints, et Paul écrit aux saints de l’Eglise qui est à… Corinthe, à Rome, à Colosse, à Philippe,à Ephèse etc. C’est aussi de cette manière que Luc s’exprime dans les Actes (9,13). La communion des saints exprime la relation particulière des baptisés en Christ. Nous croyons que la communion tissée entre baptisés dans leur humanité 

Assemblée 
…Assemblée des saints, Peuple de Dieu, chante ton Seigneur

se réalisera en plénitude auprès de Dieu. Beaucoup d’animateurs spirituels parlent de notre vie comme d’un pèlerinage sur la terre dont l’horizon est la vie en Dieu. La communion avec les défunts est communion en Dieu. Elle est de l’ordre de la foi. Entre les vivants et les morts, elle n’est ni directe, ni sensible.

Les saints et le martyrologe

L’Eglise fait mémoire des saints, c’est-à-dire qu’elle célèbre la puissance transformante de la grâce de Dieu dans toute vie humaine. Evitons de reporter à l’actif de tel ou tel saint ou sainte ce qui est d’abord don de Dieu. L’eucharistie nous donne d’être en communion avec les saints d’hier et d’aujourd’hui, les vivants et les morts, par Jésus, Christ, mort et ressuscité pour nous. Cela doit orienter notre prière en forme d’action de grâce de merci pour l’œuvre de Dieu dans la vie des hommes. Prier les saints, c’est l’occasion de rappeler telle ou telle merveille ou don de Dieu qui s’est davantage épanoui en lui, en elle.
Dans la prière pour les défunts, nous remettons à Dieu le défunt, alors que nous ressentons douloureusement notre impuissance à faire continuer la relation avec le disparu. Cependant, appeler et désirer la communion avec celui qui est “au-delà” ne peut pas être sincère si nous n’avons pas déjà exprimé “ici-bas” la communion, la solidarité la relation avec les personnes sur terre. Benoit XVI et Jean-Paul II ont rappelé qu’on ne peut séparer, dans l’Eucharistie la relation-communion eucharistique, avec les exigences de communion-solidarité avec les autres humains*, avec celles et ceux dont nous partageons l’existence, avec eux proches ou lointains sur la terre. En effet, « l’union au Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul; je ne peux lui appartenir qu’en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens ».

La prière d’intercession

Les saints, dit-on, intercèdent pour nous, Marie en tête. De même nous sommes invités à intercéder pour nos frères, vivants et morts. Fort bien, mais à condition de nous souvenir qu’il n’y a qu’un intercesseur, puisqu’il n’y a qu’un médiateur: le Christ (Hébreux 7,25; 1 Timothée 2,5). Pas d’intercession hors ou à côté de celle du Christ. Allons plus loin et prenons au sérieux cette parole de Jésus: «Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous car le Père lui-même vous aime» (Jean 16,26-27). Que signifie alors « prier pour », «intercéder»? Cela signifie que nous faisons nôtre d’une part le besoin de nos frères, d’autre part l’amour de Dieu pour eux. Intercéder dans le Christ prend alors toute sa valeur. Par là nous entrons dans la communion des saints et la rendons effective pour nous.

Marcel Domergue, dans Croire aujourd’hui, n°37

Laisser un commentaire