Archive pour le 1 novembre, 2010
Commémoration de tous les fidèles défunts (Homélie)
1 novembre, 2010du site:
http://www.homelies.fr/homelie,commemoration.de.tous.les.fideles.defunts,2953.html
Commémoration de tous les fidèles défunts
mardi 2 novembre 2010
Famille de saint Joseph
Homélie- Messe
Hier nous célébrions nos frères aînés qui ont atteint le bonheur en Dieu. Tout à fait logiquement, l’Eglise nous invite aujourd’hui à nous souvenir de ceux qui ont déjà passé la mort, mais poursuivent encore leur route vers la plénitude de ce bonheur.
Si la fête de la Toussaint est toute rayonnante de joie, celle de ce jour est plus recueillie, car nous sommes invités à prier pour abréger les souffrances de ceux qui sont certes déjà entrés dans la lumière de la vie, mais qui n’ont pas encore entièrement achevé leur purification dans le Feu de la Charité divine. Leur souffrance est en effet celle de l’amour : se découvrant aimée infiniment par Dieu, l’âme découvre conjointement combien elle est incapable de répondre amour pour amour, tant elle est encore liée aux biens éphémères et illusoires de ce monde. Aussi est-ce le désir brûlant de Dieu, qui va libérer progressivement l’âme de ce qui l’empêche de se jeter dans les bras de son Seigneur, pour trouver en lui sa béatitude.
Nous n’avons pas de révélation directe du purgatoire dans la Parole de Dieu ; c’est bien pourquoi les réformateurs protestants du XVIe siècle ont rejeté cette doctrine, née selon eux de l’imaginaire des hommes. Elle s’enracine pourtant dans la tradition de l’Ancien Testament. Deux siècles avant Jésus-Christ, nous trouvons le témoignage en 2 Macc 12, 46 de la croyance en la valeur et en l’efficacité de la prière pour les morts. L’offrande faite par Juda Maccabée en faveur des soldats morts au combat sur lesquels on avait trouvé des objets idolâtriques, prouve qu’il croyait en la possibilité d’une purification de l’âme par-delà la mort. L’Eglise primitive a fait sienne cette doctrine et a développé dès le second siècle la prière pour les morts. Cette pratique va prendre de l’ampleur vers le Xe siècle, lorsque Saint Odilon, cinquième Abbé de Cluny, introduira la fête de la commémoration de tous les fidèles défunts au lendemain de la Toussaint – dans le but précisément d’intensifier notre prière pour les âmes du purgatoire. Les Juifs comme l’Eglise d’Orient prient également pour leurs défunts. En Occident, les conciles œcuméniques de Florence au XVe s. et de Trente au XVIe s. ont défini de manière dogmatique l’existence du purgatoire :
« Instruite par l’Esprit Saint et puisant à la Sainte Ecriture et à l’antique Tradition des Pères, l’Eglise catholique a enseigné dans les Saints Conciles qu’il y a un lieu de purification (purgatorium) et que les âmes qui y sont détenues sont aidées par les suffrages des fidèles mais surtout par le Sacrifice de l’Autel agréable à Dieu » (Concile de Trente).
Cette doctrine fut pleinement confirmée par le Concile Vatican II, dans lequel nous lisons :
« Ainsi donc en attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (Mt 15, 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été soumis (I Co 15, 26-27), les uns parmi ses disciples continuent sur la terre leur pèlerinage, d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin, sont dans la gloire contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, Dieu un en trois Personnes ». (Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium, 49).
« La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse (2 Macc. 12, 45) » (Ibid., 50).
« Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort, le Saint Concile la recueille avec grande piété » (Ibid., 51).
Interprétant ces textes du Concile, Jean-Paul II explique : « Unie aux mérites des saints, notre prière fraternelle vient au secours de ceux qui sont en attente de la vision béatifique. Selon les commandements divins, l’intercession pour les morts obtient des mérites qui servent au plein accomplissement du salut. C’est une expression de la charité fraternelle de l’unique famille de Dieu, par laquelle nous répondons à la vocation profonde de l’Eglise : « sauver des âmes qui aimeront Dieu éternellement » (Thérèse de Lisieux). Pour les âmes du purgatoire, l’attente du bonheur éternel, de la rencontre avec le Bien-Aimé, est source de souffrances à cause de la peine due au péché qui maintient loin de Dieu. Mais l’âme jouit de la certitude que, le temps de sa purification achevé, elle ira à la rencontre de Celui qu’elle désire (cf. Ps 42 ; 62). J’encourage donc les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et sœurs qui sont morts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et qu’ils entendent l’appel du Seigneur à entrer dans la plénitude de sa gloire. »
« Dieu notre Père, tu nous as promis qu’ »à cause de Jésus, tu nous emmènerais avec ton Fils ; ainsi nous serons pour toujours avec toi »(2nd lect.). Fort de cette parole, nous le croyons : « si nous mourons, nous mourons pour toi, Seigneur ; car si tu as connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants » (Ibid.). Aussi te prions-nous avec confiance pour nos défunts en reprenant en leur nom les paroles du Psalmiste : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. J’habiterai la maison du Seigneur tous les jours de ma vie » (Ps 26).»
Père Joseph-Marie
Pape Benoît, Tous les fidèles défunts (Angelus 2 novembre 2008)
1 novembre, 2010du site:
BENOÎT XVI
ANGELUS
Place Saint-Pierre
Dimanche 2 novembre 2008
Chers frères et sœurs!
Hier, la fête de Tous les Saints nous a fait contempler « la ville du ciel, la Jérusalem céleste qui est notre mère » (Préface de Toussaint). Aujourd’hui, l’âme encore tournée vers ces réalités ultimes, nous commémorons tous les fidèles défunts, qui « nous ont précédés dans le signe de la foi et reposent dans le sommeil de la paix » (Prière eucharistique 1). Il est très important que nous chrétiens vivions la relation avec les défunts dans la vérité de la foi, et regardions la mort et l’au-delà dans la lumière de la Révélation. L’apôtre Paul déjà, écrivant aux premières communautés, exhortait les fidèles à « ne pas se désespérer comme les autres qui n’ont pas d’espérance ». « Puisque nous croyons – écrivait-il – que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même, ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les emmènera avec lui »(1 Ts 4, 13-14). Il est encore aujourd’hui nécessaire d’évangéliser la réalité de la mort et de la vie éternelle, une réalité particulièrement sujette à des croyances superstitieuses et à des syncrétismes, pour que la vérité chrétienne ne risque pas de se mêler à des mythologies en tous genres.
Dans mon encyclique sur l’espérance chrétienne, je me suis interrogé sur le mystère de la vie éternelle (cf. Spe salvi, nn. 10-12). Je me suis demandé: la foi chrétienne est-elle aussi pour les hommes d’aujourd’hui une espérance qui transforme et soutient leur vie (cf. ibid., n. 10)? Et plus radicalement: les hommes et les femmes de notre époque désirent-ils encore la vie éternelle? Ou bien l’existence terrestre est-elle devenue leur unique horizon? En réalité, comme l’observait déjà saint Augustin, nous voulons tous la « vie bienheureuse », le bonheur. Nous ne savons pas bien ce que c’est ni comment il est fait, mais nous nous sentons attirés par lui. Il s’agit là d’une espérance universelle, commune aux hommes de toutes les époques et de tous les lieux. L’expression « vie éternelle » voudrait donner un nom à cette attente inéluctable: non une succession sans fin, mais l’immersion dans l’océan de l’amour infini, dans lequel le temps, l’avant et l’après n’existent plus. Une plénitude de vie et de joie: voilà ce que nous espérons et attendons de notre vie avec le Christ (cf. ibid., n. 12).
Nous renouvelons aujourd’hui l’espérance de la vie éternelle fondée réellement dans la mort et la résurrection du Christ. « Je suis ressuscité et à présent je suis toujours avec toi », nous dit le Seigneur, et ma main te soutient. Où que tu puisses tomber, tu tomberas entre mes mains et je serai présent jusqu’à la porte de la mort. Là où personne ne peut plus t’accompagner et où tu ne peux rien emporter, c’est là que je t’attends pour transformer pour toi les ténèbres en lumière. L’espérance chrétienne n’est toutefois jamais seulement individuelle, elle est toujours aussi espérance pour les autres. Nos existences sont profondément liées les unes aux autres et le bien et le mal que chacun accomplit touche toujours aussi les autres. Ainsi la prière d’une âme en pèlerinage dans le monde peut aider une autre âme qui se purifie après la mort. Voilà pourquoi aujourd’hui l’Eglise nous invite à prier pour nos chers défunts et à faire une halte près de leurs tombes dans les cimetières. Puisse Marie, étoile de l’espérance, rendre plus forte et authentique notre foi dans la vie éternelle et soutenir notre prière d’action de grâce pour nos frères défunts.
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A l’issue de l’Angelus
J’accueille avec plaisir les pèlerins francophones rassemblés pour la prière de l’Angelus. Aujourd’hui, notre pensée et notre prière rejoignent tous ceux et toutes celles qui vivent une épreuve suite à la disparition d’un être cher. Nous confions tous les défunts à la bienveillance de Notre-Dame et de saint Joseph. A la suite du Christ ressuscité qui nous a montré le chemin, que notre espérance soit plus forte que notre peine. Avec ma Bénédiction apostolique.
Je vous souhaite à tous un bon dimanche, dans le souvenir de nos chers défunts.
2 novembre: Fête de tous les saints
1 novembre, 2010du site:
http://arras.catholique.fr/page-12519-fete-tous-saints.html
Fête de tous les saints
Premier novembre : tous saints
Lorsqu’un proche nous est enlevé par la mort, notre douleur s’accompagne d’un vif sentiment d’inachevé. Il y a tant d’amour non encore exprimé, tant d’attentes et de désirs qui soudain s’arrêtent. Alors la mémoire se fait plus vive, qui fait surgir du passé telle et telle parole, telle attitude. Quand nous l’avons accompagné dans ses derniers instants, peut-être avons-nous dit « De l’autre côté, de là-haut, tu prieras pour nous, tu penseras à nous !? » Au moment de la mort, nous nous tournons vers un “au-delà” dont nous ne savons pas grand-chose, excepté les images transmises dans notre enfance, les sculptures des tympans des cathédrales et les tableaux des peintres. Tout cela donne à penser, sans satisfaire notre désir de savoir. « Il est retourné à Dieu » est-il dit dans la liturgie des défunts.
Origines de la fête de Toussaint
Dans le calendrier de l’Église catholique, la Toussaint, apparaît au IV° siècle. L’Église syrienne consacrait alors un jour à fêter tous les martyrs dont le nombre était devenu si grand qu’il rendait impossible toute commémoration individuelle. Cette fête était célébrée dans la continuité de Pâques et de la Pentecôte. On fêtait la victoire du Christ dans la vie de beaucoup d’hommes et de femmes, morts en témoins de la foi.
Trois siècles plus tard, dans son effort pour christianiser les traditions païennes, le pape Boniface IV transformait un temple romain dédié à tous les dieux, le Panthéon, en une église consacrée à tous les saints. Cette coutume se répandit en Occident mais chaque Église locale célébrait la fête à des dates différentes, jusqu’en 835, où elle fut fixée au 1er novembre.
Aujourd’hui encore, dans l’Église byzantine, c’est le dimanche après la Pentecôte qui est consacré à la fête de tous les saints. Au début du XI° siècle, avec saint Odilon, abbé de Cluny, la fête des morts fut établie au 1er novembre. Aujourd’hui la liturgie sépare le 1er novembre et le 2 novembre. Pour beaucoup de chrétiens une liste de « recommandations des défunts » sera proposée en vue de la prière commune.
Je crois à la communion des saints
Sculpture du Jugement dernier, Tympan
Nombre de typmans de cathédrales présentent la résurrection et le jugement dernier
Le refus de la séparation, de la rupture définitive entre nous et le défunt entraine parfois des affirmations de proximité, sentiment de l’avoir senti, entendu, reconnu… certains disent faire l’expérience qu’il est encore là. Nous sommes des êtres de relation et de désirs de relation, et nous ne pouvons admettre que cela s’arrête. Ces expressions de ‘continuité’ signifient la protestation et le refus devant la réalité douloureuse.
Nous croyons que le désir de relation vient de Dieu. Il nous a créé à son image, et a voulu entrer en relation avec la famille humaine. Il a voulu que les relations des uns avec les autres grandissent dans la liberté et expriment la communion à laquelle toute l’humanité est appelée. C’est aussi ce qu’exprime le double commandement où l’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain sont inséparables. Peut-on tout à la fois affirmer que Dieu a voulu ces relations et accepter que ces relations se brisent dans la mort ?
Dans la Bible, les saints sont les membres vivants des Eglises.
L’expression “communion des saints” n’exprime pas d’abord la relation entre les vivants et les morts. Aux débuts du christianisme, les baptisés s’appelaient saints, et Paul écrit aux saints de l’Eglise qui est à… Corinthe, à Rome, à Colosse, à Philippe,à Ephèse etc. C’est aussi de cette manière que Luc s’exprime dans les Actes (9,13). La communion des saints exprime la relation particulière des baptisés en Christ. Nous croyons que la communion tissée entre baptisés dans leur humanité
Assemblée
…Assemblée des saints, Peuple de Dieu, chante ton Seigneur
se réalisera en plénitude auprès de Dieu. Beaucoup d’animateurs spirituels parlent de notre vie comme d’un pèlerinage sur la terre dont l’horizon est la vie en Dieu. La communion avec les défunts est communion en Dieu. Elle est de l’ordre de la foi. Entre les vivants et les morts, elle n’est ni directe, ni sensible.
Les saints et le martyrologe
L’Eglise fait mémoire des saints, c’est-à-dire qu’elle célèbre la puissance transformante de la grâce de Dieu dans toute vie humaine. Evitons de reporter à l’actif de tel ou tel saint ou sainte ce qui est d’abord don de Dieu. L’eucharistie nous donne d’être en communion avec les saints d’hier et d’aujourd’hui, les vivants et les morts, par Jésus, Christ, mort et ressuscité pour nous. Cela doit orienter notre prière en forme d’action de grâce de merci pour l’œuvre de Dieu dans la vie des hommes. Prier les saints, c’est l’occasion de rappeler telle ou telle merveille ou don de Dieu qui s’est davantage épanoui en lui, en elle.
Dans la prière pour les défunts, nous remettons à Dieu le défunt, alors que nous ressentons douloureusement notre impuissance à faire continuer la relation avec le disparu. Cependant, appeler et désirer la communion avec celui qui est “au-delà” ne peut pas être sincère si nous n’avons pas déjà exprimé “ici-bas” la communion, la solidarité la relation avec les personnes sur terre. Benoit XVI et Jean-Paul II ont rappelé qu’on ne peut séparer, dans l’Eucharistie la relation-communion eucharistique, avec les exigences de communion-solidarité avec les autres humains*, avec celles et ceux dont nous partageons l’existence, avec eux proches ou lointains sur la terre. En effet, « l’union au Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul; je ne peux lui appartenir qu’en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens ».
La prière d’intercession
Les saints, dit-on, intercèdent pour nous, Marie en tête. De même nous sommes invités à intercéder pour nos frères, vivants et morts. Fort bien, mais à condition de nous souvenir qu’il n’y a qu’un intercesseur, puisqu’il n’y a qu’un médiateur: le Christ (Hébreux 7,25; 1 Timothée 2,5). Pas d’intercession hors ou à côté de celle du Christ. Allons plus loin et prenons au sérieux cette parole de Jésus: «Je ne vous dis pas que je prierai le Père pour vous car le Père lui-même vous aime» (Jean 16,26-27). Que signifie alors « prier pour », «intercéder»? Cela signifie que nous faisons nôtre d’une part le besoin de nos frères, d’autre part l’amour de Dieu pour eux. Intercéder dans le Christ prend alors toute sa valeur. Par là nous entrons dans la communion des saints et la rendons effective pour nous.
Marcel Domergue, dans Croire aujourd’hui, n°37