Archive pour septembre, 2010
buona notte e buona domenica
19 septembre, 2010Le Bon Pasteur
18 septembre, 2010Homélie pour dimanche 19 septembre, XXV semaine du T.O.
18 septembre, 2010du site:
http://www.homelies.fr/homelie,25e.dimanche.du.temps.ordinaire,2912.html
25e dimanche du Temps Ordinaire
dimanche 19 septembre 2010
Famille de saint Joseph Septembre 2010
Homélie-Messe
« Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits », dit le Seigneur. Il faut dire qu’il y a de quoi se scandaliser ! Voici que certains commerçants aisés ne cherchent qu’à s’enrichir davantage, au point que le temps sacré du sabbat est devenu pour eux un empêchement à faire des affaires – sur le dos des pauvres. Pourtant, ils ne pouvaient invoquer la crise pour excuser leur âpreté au gain. À cette époque paisible, l’économie était prospère ; on se croyait même des croyants exemplaires pour avoir extirpé l’idolâtrie du pays en mettant fin au culte des Baals. Pourtant les pauvres n’avaient jamais été aussi pauvres.
La racine de ce péché se dévoile dans le rapport que les hommes entretiennent avec le jour du Seigneur, le sabbat de Dieu. Celui qui ne sait pas s’arrêter est celui qui ne sait pas compter sur Dieu, celui qui n’a pas confiance en Dieu pour faire fructifier ce qu’il a planté, celui qui attend la fin du sabbat avec impatience parce qu’elle marque la fin d’une impuissance forcée, celui-là sert un autre maître : l’Argent. L’injustice qui pousse à fausser les balances prend racine dans une manière injuste de vivre le sabbat.
« Non, jamais je n’oublierai », déclare solennellement le Seigneur. L’homme peut s’habituer à l’iniquité et justifier son péché, mais la réalité le rattrape un jour ou l’autre. Une société fondée sur l’injustice ne peut qu’offenser Dieu. Car il existe une idolâtrie qui le blesse plus encore que le culte des Baals : l’idolâtrie de l’Argent, qui rend le cœur de l’homme insatiable et le pousse à réduire son frère en esclavage.
La première arme pour lutter contre corruption de la société est la prière. « J’insiste avant tout pour qu’on fasse des prières (…) pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui ont des responsabilités », nous dit saint Paul. Il s’explique : « voilà une vraie prière, que Dieu, notre sauveur, peut accepter ». La volonté de Dieu est en effet que tous arrivent « à connaître pleinement la vérité », c’est-à-dire que, pour sortir de leurs prisons d’iniquités, les hommes ont besoin de savoir de quel amour Dieu les aiment et de vivre de cet amour. C’est ainsi que, à chaque eucharistie, notre prière se fait universelle. En demandant à Dieu de faire connaître son amour à tous les hommes, nous lui demandons de nous montrer comment agir concrètement auprès d’eux pour bâtir un monde plus juste.
Dans un tel monde, les relations mutuelles ont une saveur particulière : on les appelle fraternelles. Pour l’illustrer, Jésus raconte une parabole. La scène se déroule chez un riche propriétaire dont le domaine est confié à un gérant qui se trouve être un escroc doublé d’un faussaire. Démasqué, sommé de rendre ses comptes, l’homme est acculé. Le suspense de cette parabole vient de ce point, et du fait que l’on ne connaît pas tout de suite le plan qu’il a imaginé. On le voit seulement à l’œuvre, allégeant les dettes des débiteurs de son maître. Qu’il est facile d’être généreux avec la fortune des autres !
Étonnamment, le maître fit son éloge… Non parce qu’il est malhonnête, mais parce qu’il est habile dans les relations mutuelles. Il y a dans cette attitude un exemple pour tous les croyants. En effet, toute notre vie est orientée vers Dieu, et nous sommes invités à ne regarder les choses de ce bas monde qu’en tant que moyens pour rejoindre ce terme. L’argent est donc lui aussi un moyen pour nous, comme il est un moyen pour ce gérant trompeur. L’usage que nous avons à en faire doit être soumis à la fin surnaturelle à laquelle Dieu nous appelle. Ainsi, faire l’aumône ou remettre les intérêts d’une dette est faire des pauvres que nous aidons, ceux qui nous accueilleront demain dans leur maison, au jour où la mort sera venue nous séparer de toute fortune et de tout recours matériel. Or la maison de ces pauvres, Jésus nous l’a enseigné, c’est le Royaume de Dieu ! Donnons aujourd’hui pour être reçu demain dans la maison du Père.
Mais l’exemple porte aussi sur notre vie spirituelle. Nous sommes en effet tous établis gérants de la grâce de Dieu – certes à des titres divers. Tous les baptisés ont reçu l’Esprit de sainteté en héritage. Et il est si facile d’être généreux avec la fortune des autres ! Dès lors, pourquoi épargner l’Esprit de charité et rester enfermés dans nos égoïsmes ? Comment recevoir l’Esprit de vérité, et taire la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ ? Pourquoi étouffer l’Esprit de compassion, et abonner nos frères à leurs misères ? Partageons, donnons tout ce que nous avons reçu, comme des gérants habiles. Voilà l’attitude qui plaît à notre maître. Voilà l’attitude qui nous assure non seulement sa reconnaissance, mais une place dans la Maison de son Père, à laquelle il veut conduire toute l’humanité.
Vient alors le cœur du message : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent ». Il convient d’autant plus d’y porter notre attention qu’il est peu vraisemblable que nous décidions posément de « servir l’Argent ». Nous sommes des enfants de Dieu et heureux de l’être ; pourquoi vouer un culte idolâtrique à l’argent qui passera avec ce monde et qui nous ferme les portes du Royaume ?
Jésus nous met cependant fermement en garde, parce que le terrain est glissant. Au-delà du pouvoir ostentatoire qu’il procure, l’argent est le plus redoutable quand il nous fait croire à notre propre puissance, voire à notre prétendue perfection. Le simple geste de donner l’aumône, que vient d’encourager Jésus, reste un combat du fait même qu’il implique l’argent. Car il ne suffit pas de donner, il faut aussi se séparer de l’argent. Donner de l’argent peut en effet faire de nous un « puissant », celui qui possède et qui montre son ascendance sur celui qui dépend de l’aumône d’autrui. Le geste, apparemment fraternel, devient secrètement le signe de la soumission d’un faible à un fort. Or, s’il est vrai que le pauvre a besoin du riche, le riche a tout autant besoin du pauvre, car le partage est un fondement de la vie fraternelle et du bonheur. Chacun apprend de l’autre que l’essentiel est à recevoir. De même qu’il en coûte au pauvre de recevoir d’autrui le nécessaire vital, celui qui donne doit en être rendu plus humble. Jésus invite d’ailleurs à plusieurs reprises à donner de notre nécessaire et non de notre indigence parce que seule une relation équilibrée et fait grandir chacun.
L’Argent est dangereux pour la vie fraternelle, il l’est aussi pour notre relation à Dieu. Lorsqu’il n’est pas subordonné au Royaume, l’Argent induit en effet un sentiment de suffisance qui éloigne de Dieu. Nous sommes tous menacés. Évoquons, pour l’exemple, les jeux de hasard, si médiatisés de nos jours : « tous les gagnants ont tenté leur chance » ; tous les perdants aussi… Les chrétiens savent qu’ils ne doivent pas jouer. Pourtant, combien de justifications entendons-nous : « je ne joue pas pour moi, mais pour ma famille », « pourquoi l’aide de Dieu ne passerait-elle pas par la loterie ? », « si je gagne, je ferai de grande choses pour Dieu et je partagerai », ou tout simplement : « j’ai une vie misérable, pourquoi n’aurais-je pas droit au bonheur moi aussi ? ». Les jeux de hasard ne sont pas insignifiants. Jouer, même occasionnellement, montre qu’on a davantage confiance dans l’argent qu’en Dieu pour faire notre bonheur. Ultimement, cela prouve que nous estimons que, si nous en avions les moyens, nous nous y prendrions mieux que le Bon Dieu pour agencer notre vie et celles des autres. Voilà une illusion très dommageable pour nous, car cette attitude de défiance rend Dieu impuissant dans nos vies, alors qu’il souhaite y réaliser de si grandes choses ! Si grandes que nous n’oserions jamais lui demander, plus grandes même que nous ne pourrions imaginer.
Écoutons pour finir le Saint-Père Benoît XVI s’adressant, avant-hier, aux jeunes des écoles catholiques rassemblés à Twickenham : « L’argent, leur dit-il, permet d’être généreux et de faire du bien dans le monde, mais à lui seul, il ne suffit pas à nous rendre heureux. (…) Le bonheur est quelque chose que nous voulons tous, mais un des grands drames de ce monde est que tant de personnes ne le trouvent jamais, parce qu’elles le cherchent là où il n’est pas. La clef du bonheur est très simple : le vrai bonheur se trouve en Dieu. Nous devons avoir le courage de mettre nos espérances les plus profondes en Dieu seul, non pas dans l’argent, dans la carrière, dans les succès de ce monde, ou dans nos relations avec d’autres personnes, mais en Dieu. Lui seul peut satisfaire les exigences profondes de nos cœurs ».
« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent », dit Jésus. Il y a ainsi un choix radical à faire et à entretenir ; un choix dépendant d’une seule question : en qui plaçons-nous notre espérance ? En y répondant, nous saurons quel bonheur nous avons choisi : la vanité qui passe avec ce monde ou bien l’humilité qui rapproche du cœur de Dieu.
Seigneur Jésus, dispose nos cœurs à utiliser l’argent et les biens de ce monde de façon à mieux nous préparer au monde à venir. Garde-nous dans l’humilité de l’Esprit qui fait tout attendre de toi et qui nous aide à respecter la dignité de chacun de nos frères. Ainsi, nos dispositions intérieures réjouiront le cœur de notre Père des Cieux et nous contribuerons à l’avènement du Royaume ici et maintenant.
LE CARDINAL NEWMAN A INSPIRÉ LE CONCILE VATICAN II, SELON BENOÎT XVI (Homélie à LE CARDINAL NEWMAN A INSPIRÉ LE CONCILE VATICAN II, SELON BENOÎT XVI (Homélie à Westminster)
18 septembre, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-25416?l=french
LE CARDINAL NEWMAN A INSPIRÉ LE CONCILE VATICAN II, SELON BENOÎT XVI
Homélie à Westminster
ROME, Samedi 18 septembre 2010 (ZENIT.org) – Le cardinal Newman a inspiré l’enseignement du concile Vatican II a expliqué Benoît XVI lors de la messe à Westminster.
Ce samedi matin, le pape a quitté la nonciature apostolique de Wimbledon pour se rendre à Westminster pour rencontrer le Premier ministre, M. David Cameron, le vice-Premier ministre, Nick Clegg, et la responsable de l’opposition, Mme Harriet Harman. Les responsables ont aussi été reçus par le cardinal Murphy O’Connor, archevêque émérite de Westminster, et son successeur, Mgr Vincent Gerard Nichols. Le pape a ensuite présidé la messe en la cathédrale du Précieux Sang de Westminster (cf. ci-dessus, son intervention à propos des abus sur les enfants).
Le fil directeur de l’homélie du pape Benoît XVI a été la contemplation du « grand crucifix dominant la nef » : il en tire les enseignements pour la souffrance du monde et pour la responsabilité des chrétiens, à l’école de Newman.
« La contemplation du grand crucifix » a aussi inspiré au pape une réflexion sur la responsabilité de chaque chrétien : « Les bras de notre Seigneur, étendus sur la Croix, nous invitent également à considérer notre participation à son sacerdoce éternel et, donc, la responsabilité qui nous incombe, en tant que membres de son Corps, d’apporter la puissance réconciliatrice de son sacrifice au monde dans lequel nous vivons ».
Le pape a cité le Concile Vatican II à propos « du rôle indispensable des laïcs dans la mission de l’Église » : « En s’efforçant d’être ferment de l’Évangile dans la société, ils contribuent à l’avènement du Royaume de Dieu dans le monde ».
Le pape a affirmé que le concile a été inspiré par l’enseignement du cardinal Newman pour la transformation de la société : « L’appel lancé par le Concile aux fidèles laïcs à prendre leur part à la mission du Christ se fait l’écho des intuitions et des enseignements de John Henry Newman. Que les profondes réflexions de ce grand Anglais continuent d’inspirer tous les disciples du Christ de ce pays pour qu’ils conforment leurs pensées, leurs paroles et leurs actions au Christ, et travaillent résolument à défendre ces vérités morales immuables qui, reprises, éclairées et confirmées par l’Évangile, sont à la base d’une société vraiment humaine, juste et libre ».
Benoît XVI a exhorté les laïcs à donner ce témoignage dans la société : « Comme notre société contemporaine a besoin de ce témoignage ! Comme nous avons besoin, dans l’Église et dans la société, de témoins de la beauté de la sainteté, de témoins de la splendeur de la vérité, de témoins de la joie et de la liberté, fruits d’une relation vivante avec le Christ ! »
Le pape a posé ce diagnostic sur le bon usage de la liberté: « L’un des plus grands défis de notre époque est de savoir comment parler avec conviction de la sagesse et de la puissance libératrice de la Parole de Dieu à un monde qui considère trop souvent l’Évangile comme une contrainte pour la liberté humaine, et non comme la vérité qui libère nos esprits et éclaire nos efforts pour mener une vie raisonnable et droite, à la fois comme individus et comme membres de la société ».
Mais le pape lance aussi un appel aux vocations sacerdotales : « Plus l’apostolat des laïcs se développe, plus pressant se fait sentir le besoin de prêtres, et plus les laïcs approfondissent le sens de leur propre vocation, plus le caractère propre du prêtre est mis en évidence. Puissent de nombreux jeunes gens, dans ce pays, trouver la force de répondre à l’appel du Maître au sacerdoce ministériel, en consacrant à Dieu leurs vies, leurs énergies et leurs talents, et ainsi édifier son peuple dans l’unité et dans la fidélité à l’Évangile, en particulier à travers la célébration du sacrifice eucharistique ! »
Le pape a invité à s’appuyer sur la grande tradition chrétienne du pays en disant : « Je prie afin qu’en agissant ainsi vous puissiez rejoindre les rangs des fidèles croyants qui, tout au long de l’histoire chrétienne de ce pays, ont œuvré pour la construction d’une société vraiment digne de l’homme, digne de vos traditions les plus grandes ».
La souffrance de l’Innocent
Revenant sans cesse au grand Crucifix de la cathédrale, le pape a fait contempler la souffrance de l’Innocent : « Il représente le Corps du Christ, brisé par la souffrance, accablé de chagrin, victime innocente dont la mort nous a réconciliés avec le Père et nous a permis de prendre part à la vie même de Dieu ».
Et les fruits de cette souffrance : « Les bras tendus du Seigneur semblent embrasser l’église entière, élevant vers le Père tous les rangs des fidèles qui se rassemblent autour de l’autel du sacrifice eucharistique et en reçoivent les fruits. Le Seigneur Crucifié se tient à la fois au-dessus de nous et face à nous comme la source de notre vie et de notre salut ».
Mais ce sont aussi les souffrances offertes en union avec le Christ crucifié qui portent du fruit pour ce monde : « Le grand crucifix qui est au-dessus de nous, nous rappelle que le Christ, notre Grand Prêtre éternel, unit chaque jour nos propres sacrifices, nos propres souffrances, nos propres besoins, nos espérances et nos aspirations, aux mérites infinis de son sacrifice (…). Nous sommes pris dans son éternelle oblation et nous complétons dans notre chair, comme le dit saint Paul, ce qui manque aux souffrances du Christ pour son Corps, qui est l’Église ».
Les chrétiens persécutés
Le pape a souligné l’actualité des souffrances du Christ dans les souffrances des martyrs : « Cet aspect du mystère du précieux sang du Christ est rendu présent de façon très éloquente, par les martyrs de tout temps, qui ont bu à la coupe à laquelle le Christ lui-même a bu, et dont le sang, versé en union avec le sacrifice du Seigneur, apporte une vie nouvelle à l’Église ».
Mais aussi dans la vie des chrétiens persécutés : « Il se reflète aussi dans nos frères et sœurs du monde entier qui, aujourd’hui encore, subissent discrimination et persécution à cause de leur foi chrétienne ».
Et dans les souffrances quotidiennes vécues par chacun : « De même, il est encore présent, souvent de façon cachée, dans la souffrance de tous ces Chrétiens qui unissent chaque jour leurs sacrifices à ceux du Seigneur pour la sanctification de l’Église et la Rédemption du monde ».
Le pape a spécialement cité « les malades, les personnes âgées, les personnes handicapées et tous ceux qui souffrent mentalement et spirituellement ».
Anita S. Bourdin
Saint Augustin: La vocation primitive de la personne humaine
18 septembre, 2010du site:
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20000811_agostino-citta_fr.html
Saint Augustin, La Cité de Dieu, XII, 22 – 24.
La vocation primitive de la personne humaine
« Il est facile maintenant de comprendre qu’il valait beaucoup mieux multiplier le genre humain, comme Dieu l’a fait, en le faisant sortir d’un seul homme créé d’abord, plutôt que de plusieurs. Quant aux animaux : les uns solitaires, disons sauvages, c’est-à-dire qui préfèrent vivre seuls, comme les aigles et les milans, les lions et les loups, etc. ; les autres grégaires, parce qu’ils préfèrent vivre réunis en troupes, tels les colombes et les étourneaux, les cerfs et les daims, etc. ; ni pour les uns ni pour les autres Dieu n’a pourvu à leur propagation à partir d’un seul, il les a fait exister plusieurs à la fois. A l’homme au contraire, il donna une nature intermédiaire entre l’ange et la bête : s’il restait soumis au créateur comme à son maître, gardant avec une pieuse obéissance ses commandements, il devait rejoindre la société des anges et obtenir à jamais sans passer par la mort, la béatitude éternelle ; si, abusant de sa libre volonté par orgueil et désobéissance, il offensait le Seigneur son Dieu, il devait, condamné à la mort, vivre à la façon des bêtes, esclave des passions et voué après la mort à un éternel supplice. C’est pourquoi Dieu créa l’homme unique et seul, non certes pour le laisser isolé de toute société humaine, mais pour mettre en plus vif relief à ses yeux l’unité de cette société et le lien de la concorde reliant les hommes entre eux, non seulement par une ressemblance de nature, mais encore par un sentiment de parenté. Bien plus, la femme elle-même, la compagne de l’homme, il a voulu la créer non pas comme il fit pour l’homme, mais en la tirant de lui, pour que ce fût absolument d’un seul que se propageât le genre humain. Dieu n’ignorait pas d’ailleurs que l’homme pécherait et que désormais, voué à la mort, il engendrerait des fils destinés à mourir ; et cesmortels porteraient si loin leur férocité criminelle que les bêtes, sans raison, sans volonté, aux souches nombreuses pullulant des eaux et des terres vivraient entre elles en leur espèce avec plus de sécurité et de paix que les hommes dont la race était née d’un seul en gage de concorde. Ni les lions, en effet, ni les dragons n’ont jamais déchaîné entre eux des guerres semblables à celles des hommes. Mais Dieu prévoyait aussi qu’un peuple pieux, appelé par sa grâce à l’adoption divine, délié du péché et justifié par l’Esprit-Saint, serait associé aux saints anges dans la paix éternelle, quand serait détruite sa dernière ennemie, la mort. Ce peuple aurait intérêt à ne pas oublier que Dieu a fait sortir le genre humain d’un seul homme pour montrer aux hommes combien il appréciait l’unité dans leur pluralité.
Dieu fit donc l’homme à son image. Il lui a, en effet, créé une âme apte par sa raison et son intelligence à s’élever au-dessus de tous les animaux de la terre, des eaux et de l’air, dépourvus d’un esprit de cette nature. Ayant donc formé l’homme avec de la poussière, il lui a communiqué par son souffle cette âme dont je viens de parler, soit qu’il l’eût déjà faite, soit plutôt en la faisant par son souffle même, voulant que le souffle qu’il produisait ainsi (car « insuffler » est-ce autre chose que produire un souffle?) fût l’âme même de l’homme. Puis, à la manière de Dieu, il lui a fait, avec un os tiré de son côté, une épouse pour l’assister dans la génération. Ce qu’on ne doit pas imaginer d’ailleurs selon nos coutumes charnelles, comme nous voyons d’ordinaire les artisans se servir des membres de leur corps pour fabriquer avec une matière quelconque ce qui relève de leur art. Lamain de Dieu, c’est la puissance de Dieu qui produit invisiblement jusqu’aux choses visibles : mais cela paraît fable plutôt que vérité à qui mesure sur les œuvres de la vie courante la puissance et la sagesse de Dieu qui sait et qui peut, même sans semence, produire les semences mêmes.
Quant aux origines de la création, ces gens qui les ignorent, s’en font des idées fausses. Comme s’ils n’auraient pas trouvé encore plus incroyables la conception et la naissance humaine, si on les leur avait racontées avant qu’ils ne les aient connues par expérience ; encore que beaucoup d’entre eux n’y voient que des effets de forces corporelles, plutôt que des œuvres de l’intelligence divine. »
Prière:
Dieu, dans ta Sagesse, Tu as créé le genre humain pour qu’il trouve son bonheur en Toi, son Créateur. Nous te remercions de nous avoir donné l’intelligence pour découvrir par l’étude et l’observation les lois que Tu as placées dans la nature. Nous te demandons de guider nos pas d’enfants pour que nous puissions parvenir à la compréhension des mystères de notre monde qui nous échappent encore et ainsi t’aimer et T’adorer dans nos efforts. Nous te le demandons par Jésus le Christ notre Seigneur.
Pape Benoît en U.K.
17 septembre, 2010Pope Benedict XVI
Pope Benedict XVI receives flowers from youths as he leaves the Palace of Holyroodhouse in Edinburgh, Scotland September 16, 2010. Pope Benedict arrived… Read more » (BRITAIN – Tags: ROYALS SOCIETY POLITICS PROFILE RELIGION)
par Sandro Magister: Mission Britannia. À Glasgow le soleil brille
17 septembre, 2010du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1344754?fr=y
Mission Britannia. À Glasgow le soleil brille
Le voyage de Benoît XVI commence en Écosse. La rencontre avec la reine. La messe du peuple. Une fête de la foi au royaume des incroyants. Avec un prologue sur le scandale de la pédophilie
par Sandro Magister
ROME, le 16 septembre 2010 – Dans l’avion qui le conduisait de Rome vers le Royaume-Uni, pour ce qui a été annoncé comme le voyage le plus difficile de son pontificat, en terre hostile, Benoît XVI a tout de suite dit clairement qu’il ne se laissait pas guider par les indices de satisfaction :
« Une Église qui chercherait surtout à être attirante ferait déjà fausse route ».
Et il a tout de suite expliqué pourquoi :
« Parce que l’Église ne travaille pas pour elle-même, elle ne travaille pas pour augmenter le nombre de ses fidèles ou son pouvoir. L’Église est au service d’un Autre. Elle agit non pas pour elle, pour être un organisme puissant, mais pour rendre accessible l’annonce de Jésus-Christ, les grandes vérités, les grandes forces d’amour et de réconciliation qui sont apparues en lui ».
C’est sur cette base, a-t-il poursuivi, que se réalise le véritable œcuménisme :
« Si les anglicans et les catholiques voient les uns et les autres qu’ils n’agissent pas pour eux-mêmes mais qu’ils sont des instruments du Christ, ils ne sont plus concurrents, mais associés dans l’engagement pour la vérité du Christ dans ce monde et ainsi ils se trouvent également, les uns vis-à-vis des autres, dans un véritable et fécond œcuménisme ».
*
C’était là l’une des cinq réponses données aux journalistes par le pape Joseph Ratzinger sur le vol Rome-Édimbourg, le matin du jeudi 16 septembre.
Une autre réponse a porté sur la figure de John Henry Newman, qui est sur le point d’être béatifié : « un homme moderne qui a vécu tout le problème de la modernité, un docteur de l’Église pour nous et pour tous, ainsi qu’un pont entre les anglicans et les catholiques ».
Deux autres réponses ont concerné d’une part l’impact sur un pays comme le Royaume-Uni, où existent de forts courants athées et anticatholiques, et d’autre part les collaborations possibles entre la politique et la religion.
Enfin, à une question portant sur le scandale de la pédophilie, le pape a répondu ceci :
« Avant tout, je dois dire que ces révélations ont été pour moi un choc, une grande tristesse. Il est difficile de comprendre comment cette perversion du ministère sacerdotal est possible. Au moment de son ordination le prêtre, préparé à ce moment pendant des années, dit oui au Christ, il lui dit qu’il se fait sa voix, sa bouche, sa main et qu’il va servir à travers toute sa vie pour que le Bon Pasteur qui aime, qui aide et qui guide vers la vérité soit présent dans le monde. Il est difficile de comprendre comment un homme qui a fait et dit cela peut ensuite tomber dans cette perversion. C’est aussi une grande tristesse que l’autorité de l’Église n’ait pas été assez vigilante et assez rapide, décidée à prendre les mesures nécessaires. Pour tout cela, nous sommes dans un temps de pénitence, d’humilité, de sincérité renouvelée, comme je l’ai écrit aux évêques irlandais. Il me semble que nous devons maintenant accomplir justement un temps de pénitence, un temps d’humilité, pour renouveler et réapprendre la sincérité absolue. Quant aux victimes, je dirais qu’il y a trois choses importantes. La première préoccupation concerne les victimes : comment pouvons-nous réparer, que pouvons-nous faire pour aider ces personnes à surmonter leur traumatisme, à retrouver la vie, à retrouver aussi la confiance dans le message du Christ ? L’engagement en faveur des victimes est la première priorité, avec les aides matérielles, psychologiques et spirituelles. Le second problème est celui des personnes coupables : la peine juste est de les exclure de toute possibilité d’accès aux jeunes, parce que nous savons qu’il s’agit d’une maladie dans laquelle la libre volonté ne fonctionne pas ; là où cette maladie existe, nous devons donc protéger ces personnes d’elles-mêmes et les exclure de tout accès aux jeunes. Et le troisième point est la prévention et l’éducation dans le choix des candidats au sacerdoce : il faut être assez attentif, selon les possibilités humaines, pour exclure de futurs cas. À cette occasion je voudrais aussi remercier l’épiscopat britannique pour son attention et sa collaboration tant avec le Saint-Siège qu’avec les pouvoirs publics, pour l’attention portée aux victimes et au droit. L’épiscopat britannique a fait et continue à faire un grand travail, ce dont je lui suis très reconnaissant ».
*
Lors de l’atterrissage à Édimbourg, en Écosse, le premier acte de la visite de Benoît XVI – qui est aussi, du point de vue formel, une visite d’état, chose inhabituelle pour les voyages pontificaux – a été sa rencontre avec la reine Elizabeth II.
Dans le discours qu’il a adressé à la reine, au palais royal de Holyrood House, le pape a lancé une mise en garde contre le risque que le Royaume-Uni perde son empreinte chrétienne, qui s’est révélée décisive à des moments cruciaux de son histoire, y compris l’histoire récente :
« Le nom de Holyrood House, résidence officielle de Votre Majesté en Écosse, rappelle la ‘Sainte Croix’ et indique les profondes racines chrétiennes qui restent présentes dans toutes les strates de la vie britannique. [...] Même dans notre propre vie, nous pouvons nous rappeler combien la Grande-Bretagne et ses dirigeants ont combattu la tyrannie nazie qui cherchait à éliminer Dieu de la société et qui niait notre commune humanité avec beaucoup de gens jugés indignes de vivre, en particulier les Juifs. J’évoque aussi l’attitude du régime envers des pasteurs et des religieux chrétiens qui ont défendu la vérité dans l’amour en s’opposant aux Nazis et qui l’ont payé de leur vie. En réfléchissant aux leçons dramatiques de l’extrémisme athée du XXe siècle, n’oublions jamais combien exclure Dieu, la religion et la vertu de la vie publique conduit en fin de compte à une vision tronquée de l’homme et de la société, et ainsi à ‘une vision réductrice de la personne et de sa destinée’ (Caritas in veritate, 29) ».
Il a lancé un avertissement aux médias britanniques, en raison de leur influence sur l’opinion publique du monde entier :
« Votre Gouvernement et votre peuple ont forgé des idées qui ont encore un impact bien au-delà des îles britanniques. Cela leur confère le devoir particulier d’agir avec sagesse en vue du bien commun. De même, parce que leurs opinions atteignent une audience aussi large, les médias britanniques ont une responsabilité plus lourde que la plupart des autres médias et une plus grande opportunité de promouvoir la paix entre les nations, le développement intégral des pays et la propagation d’authentiques droits de l’homme. Puissent tous les Britanniques continuer d’être animés par ces valeurs d’honnêteté, de respect et d’impartialité qui leur ont mérité l’estime et l’admiration de beaucoup ».
Et il a demandé du respect pour les cultures et les traditions menacées par l’intolérance du sécularisme moderne :
« Aujourd’hui, le Royaume-Uni s’efforce d’être une société moderne et multiculturelle. Dans ce noble défi puisse-t-il garder toujours son respect pour les valeurs traditionnelles et les expressions de la culture que des formes plus agressives de sécularisme n’estiment ni ne tolèrent même plus ! Qu’il n’enfouisse pas les fondements chrétiens qui sous-tendent ses libertés ; puisse aussi ce patrimoine, qui a toujours servi le bien de la nation, inspirer constamment l’exemple que Votre gouvernement et Votre peuple donnent aux deux milliards de membres du Commonwealth et à la grande famille des nations de langue anglaise à travers le monde ! Que Dieu bénisse Votre Majesté et le peuple tout entier de votre royaume ».
*
Le troisième acte de la première journée du voyage de Benoît XVI a été la messe au Bellahouston Park de Glasgow, le jour de la fête de saint Ninian, l’un des premiers évangélisateurs de l’Écosse.
Dans son homélie, le pape a exhorté les chrétiens à être « un exemple public de foi », pour éviter que le monde ne devienne une « jungle de libertés autodestructrices et arbitraires »:
« L’évangélisation de la culture est d’autant plus importante de nos jours qu’une ‘dictature du relativisme’ menace d’obscurcir l’immuable vérité sur la nature humaine, sa destinée et son bien suprême. Certains cherchent aujourd’hui à exclure la croyance religieuse du discours public, à la limiter à la sphère privée ou même à la dépeindre comme une menace pour l’égalité et pour la liberté. Pourtant, la religion est en fait une garantie de liberté et de respect authentiques, car elle nous conduit à considérer chaque personne comme un frère ou une sœur. Pour cette raison, je vous lance un appel particulier, à vous les fidèles laïcs, en accord avec votre vocation et votre mission baptismales, à être non seulement des exemples de foi dans la vie publique, mais aussi à introduire et à promouvoir dans le débat public l’argument d’une sagesse et d’une vision de foi. La société d’aujourd’hui a besoin de voix claires qui prônent notre droit de vivre non pas dans une jungle de libertés autodestructrices et arbitraires, mais dans une société qui travaille pour le vrai bien-être de ses citoyens et qui, face à leurs fragilités et leurs faiblesses, leur offre conseils et protection. N’ayez pas peur de prendre en main ce service de vos frères et sœurs pour l’avenir de votre nation bien-aimée ».
Et il a invité à « un témoignage conforme à la vérité salvatrice de la Parole de Dieu » les chrétiens des diverses dénominations présentes en Écosse, presbytériens, anglicans et catholiques :
« Je constate avec une profonde satisfaction combien l’appel à marcher main dans la main avec vos frères chrétiens, que le pape Jean-Paul II vous avait adressé, a contribué à faire grandir la confiance et l’amitié avec les membres de l’Église d’Écosse, ceux de l’Église épiscopale écossaise et d’autres encore. Je vous encourage à continuer de prier et de travailler avec eux à la construction d’un avenir plus radieux pour l’Écosse, un avenir basé sur notre héritage chrétien commun. Dans la première lecture d’aujourd’hui, nous avons entendu saint Paul encourager les Romains à reconnaître que, comme membres du Christ, ‘nous sommes membres les uns des autres’ (Rm 12, 5), et à vivre dans le respect et l’amour mutuel. Dans cet esprit, je salue les représentants œcuméniques qui nous honorent de leur présence. Cette année marque le 450e anniversaire de la création du Parlement de la Réforme ainsi que le 100e anniversaire de la Conférence Missionnaire Mondiale d’Édimbourg, qui est largement reconnue comme le point de départ du mouvement œcuménique moderne. Rendons grâces à Dieu pour l’espoir que représentent les efforts de compréhension et de coopération œcuméniques, en vue d’un unique témoignage conforme à la vérité du salut qu’est la Parole de Dieu, dans une société soumise aujourd’hui à de rapides changements ».
*
Les catholiques sont proportionnellement plus nombreux en Écosse, où ils représentent 17 % de la population, qu’en Angleterre et au pays de Galles, où ils représentent 8 %. Partout ils étaient beaucoup moins nombreux il y a un siècle.
L’augmentation du nombre de catholiques dans tout le Royaume-Uni s’est manifestée à la fois parmi les intellectuels et dans les couches sociales les plus modestes.
Parmi les premiers, on trouve d’illustres anglicans convertis : de Newman à Benson, d’Oscar Wilde à Chesterton, de Graham Greene à Evelyn Vaugh. Pour les seconds, le facteur déterminant a été l’immigration d’Irlandais, tous de religion catholique. À Glasgow les catholiques d’origine irlandaise sont aujourd’hui 28 %, à Liverpool 46 %.
Par rapport aux anglicans, les catholiques sont plus assidus à la messe. Parmi ceux qui y assistent le dimanche, les catholiques ont dépassé les anglicans en 2006 : 862 000 (15 % du total) contre 852 000.
De plus, aujourd’hui, l’Église catholique attire de plus en plus des groupes significatifs d’anglicans, y compris des évêques et des prêtres, qui se sentent mal à l’aise face aux dérives modernistes de certains de leurs coreligionnaires et ne supportent pas les femmes évêques et les mariages homosexuels.
HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À GLASGOW
17 septembre, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-25386?l=french
HOMÉLIE DE BENOÎT XVI À GLASGOW
Le pape lance un appel vibrant aux jeunes
ROME, Jeudi 16 septembre 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée ce jeudi, en fin d’après-midi au cours de la messe qu’il a présidée au Bellahouston Park de Glasgow, en présence d’environ 500.000 personnes.
Chers frères et sœurs dans le Christ,
« Le Royaume de Dieu est tout proche de vous !» (Lc 10, 9). C’est par ces mots de l’Évangile que nous venons d’écouter que je vous salue tous avec une grande affection dans le Seigneur. Oui, le Royaume du Seigneur est déjà au milieu de nous. Dans cette célébration eucharistique durant laquelle l’Église qui est en Écosse est rassemblée autour de l’autel en union avec le Successeur de Pierre, réaffirmons notre foi dans les paroles du Christ et notre espérance – une espérance qui ne déçoit jamais – en ses promesses. Je salue cordialement le Cardinal O’Brien et les Évêques d’Écosse ; je remercie en particulier l’évêque Conti pour les aimables paroles de bienvenue qu’il m’a adressé en votre nom ; et j’exprime ma profonde gratitude pour le travail réalisé par les gouvernements britannique et écossais et par les responsables de la ville de Glasgow pour permettre cet événement.
L’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle que Jésus continue d’envoyer ses disciples à travers le monde afin d’annoncer la venue de son Royaume et d’apporter sa paix dans le monde, d’abord de maison en maison, puis de famille en famille, et de ville en ville. Je suis venu chez vous, fils spirituels de saint André, comme un messager de cette paix et pour vous confirmer dans la foi de Pierre (cf. Lc 22, 32). C’est avec une certaine émotion que je vous parle, non loin du lieu où mon vénéré prédécesseur, le pape Jean-Pape II, célébra la messe avec vous, il y a presque trente ans, et où il fut accueilli par la plus grande foule jamais rassemblée dans l’histoire écossaise.
Depuis cette visite historique, beaucoup d’événements se sont passés en Écosse et au sein de l’Église qui est dans ce pays. Je constate avec une profonde satisfaction combien l’appel à marcher main dans la main avec vos frères chrétiens, que le pape Jean-Paul II vous avait adressé, a contribué à faire grandir la confiance et l’amitié avec les membres de l’Église d’Écosse, ceux de l’Église épiscopale écossaise et d’autres. Je vous encourage à continuer de prier et de travailler avec eux à la construction d’un avenir plus radieux pour l’Écosse, basé sur notre héritage chrétien commun. Dans la première lecture d’aujourd’hui, nous avons entendu saint Paul encourager les Romains à reconnaître que, comme membres du Christ, ‘nous sommes membres les uns des autres’ (Rm 12, 5), et à vivre dans le respect et l’amour mutuel. Dans cet esprit, je salue les représentants œcuméniques qui nous honorent de leur présence. Cette année marque le 450e anniversaire de la création du Parlement de la Réforme ainsi que le 100e anniversaire de la Conférence Missionnaire Mondiale d’Édimbourg, qui est largement reconnue comme le point de départ du mouvement œcuménique moderne. Rendons grâce à Dieu pour l’espoir que représentent les efforts de compréhension et de coopération œcuméniques, en vue d’un unique témoignage à la vérité du salut qu’est la Parole de Dieu, dans une société qui change aujourd’hui rapidement.
Parmi les différents dons énumérés par saint Paul pour la construction de l’Église figure celui de l’enseignement (cf. Rm 12, 7). L’annonce de l’Évangile a toujours été accompagnée par un souci pour les paroles : la parole inspirée de Dieu, et la culture dans laquelle celle-ci s’enracine et fleurit. Ici en Écosse, je pense aux trois universités médiévales fondées par les papes, y compris l’université de Saint-Andrews qui va célébrer cette année le 600e anniversaire de fondation. Dans les trente dernières années, avec le concours des autorités civiles, les écoles catholiques écossaises ont relevé le défi de procurer une éducation intégrale à un plus grand nombre d’étudiants, et cela a aidé des jeunes non seulement dans leur croissance spirituelle et humaine, mais aussi pour leur insertion dans la vie professionnelle et publique. C’est un signe de grande espérance pour l’Église, et j’encourage les professionnels catholiques, politiques et enseignants d’Écosse, à ne jamais perdre de vue leur vocation qui est de mettre leurs talents et leur expérience au service de la foi, en s’engageant à tous les niveaux de la culture contemporaine écossaise.
L’évangélisation de la culture est d’autant plus importante de nos jours, alors qu’une « dictature du relativisme » menace d’obscurcir l’immuable vérité sur la nature humaine, sa destinée et son bien suprême. Certains cherchent aujourd’hui à exclure la croyance religieuse du discours public, à la limiter à la sphère privée ou même à la dépeindre comme une menace pour l’égalité et pour la liberté. Pourtant, la religion est en fait une garantie de liberté et de respect authentiques, car elle nous conduit à considérer chaque personne comme un frère ou une sœur. Pour cette raison, je lance un appel particulier à vous les fidèles laïcs, en accord avec votre vocation et votre mission baptismales, à être non seulement des exemples de foi dans la vie publique, mais aussi à introduire et à promouvoir dans le débat public l’argument d’une sagesse et d’une vision de foi. La société d’aujourd’hui a besoin de voix claires qui prônent notre droit de vivre, non pas dans une jungle de libertés autodestructrices et arbitraires, mais dans une société qui travaille pour le vrai bien-être de ses citoyens et qui, face à leurs fragilités et leurs faiblesses, leur offre conseils et protection. N’ayez pas peur de prendre en main ce service de vos frères et sœurs pour l’avenir de votre nation bien-aimée.
Saint Ninian, dont nous célébrons la fête aujourd’hui, n’a pas eu peur d’être une voix solitaire. Sur les pas des disciples que notre Seigneur envoyait devant lui, Ninian fut l’un des tout premiers missionnaires catholiques à apporter à ses frères britanniques la bonne nouvelle de Jésus Christ. Son poste missionnaire, à Galloway, devint le centre de la première évangélisation de ce pays. Ce travail fut plus tard poursuivi par saint Mungo, le saint patron de Glasgow, et par d’autres saints, parmi lesquels saint Colomba et sainte Marguerite sont les plus grands. Inspirés par leurs exemples, beaucoup d’hommes et de femmes ont œuvré au long des siècles pour vous transmettre la foi. Puisse l’exhortation faite par saint Paul dans la première lecture, vous inspirer constamment : « Ne brisez pas l’élan de votre générosité, mais laissez jaillir l’Esprit ; soyez les serviteurs du Seigneur. Aux jours d’espérance, soyez dans la joie ; aux jours d’épreuve, tenez bon ; priez avec persévérance » (cf. Rm 12, 11-12).
J’aimerais à présent adresser un message particulier aux évêques d’Écosse. Chers frères, je vous encourage dans votre charge pastorale auprès des catholiques d’Écosse. Comme vous le savez, l’un de vos premiers devoirs pastoraux est envers vos prêtres (cf. Presbyterorum Ordinis, 7) et doit viser leur sanctification. De même qu’ils sont alter Christus pour la communauté catholique, ainsi l’êtes-vous aussi pour eux. Dans votre ministère fraternel envers vos prêtres, vivez en plénitude la charité qui vient du Christ et collaborez avec tous, spécialement avec ceux qui ont peu de contact avec leurs confrères prêtres. Priez avec eux pour les vocations, afin que le Maître de la moisson envoie des ouvriers pour sa moisson (cf. Lc 10, 2). De même que l’Eucharistie fait l’Église, ainsi le sacerdoce est central pour la vie de l’Église. Engagez-vous personnellement dans la formation de vos prêtres afin qu’ils deviennent un groupe d’hommes capables d’en inspirer d’autres à se consacrer totalement au service du Dieu Tout-puissant. Prenez aussi soin des diacres dont le ministère de service est associé de manière particulière à celui de l’ordre des évêques. Pour eux, soyez des pères et des guides vers la sainteté, et encouragez-les à acquérir connaissance et sagesse dans l’accomplissement de la mission d’annonce à laquelle ils ont été appelés.
Chers prêtres d’Écosse, vous êtes appelés à la sainteté et au service du peuple de Dieu en modelant vos vies sur le mystère de la croix du Seigneur. Prêchez l’Évangile avec un cœur pur et une conscience transparente. Consacrez-vous à Dieu seul et vous deviendrez pour les jeunes des exemples lumineux d’une vie sainte, simple et joyeuse : à leur tour, ils désireront vous rejoindre dans votre service exclusif de servir le peuple de Dieu. Puisse l’exemple de dévouement, de désintéressement et de courage de saint Jean Ogilvie vous inspirer tous ! De même, j’encourage les moines, les religieuses et les religieux d’Écosse à être comme la lumière placée sur la colline, menant une authentique vie chrétienne de prière et d’action qui rende un témoignage lumineux à la puissance de l’Évangile.
Je désire enfin m’adresser à vous, chers jeunes catholiques d’Écosse. Je vous invite à mener une vie digne de notre Seigneur (cf. Ep. 4, 1) et de vous-mêmes. Chaque jour, vous êtres soumis à de nombreuses tentations – drogue, argent, sexe, pornographie, alcool – dont le monde prétend qu’elles vous donnent le bonheur. Mais ces choses détruisent et divisent. Il n’y a qu’une seule chose qui soit durable : l’amour de Jésus Christ pour chacun de vous personnellement. Cherchez-le, connaissez-le et aimez-le, et il vous rendra libres de l’esclavage d’une existence attrayante mais superficielle, souvent proposée par la société d’aujourd’hui. Laissez de côté ce qui ne vaut rien et apprenez votre propre dignité de fils de Dieu. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nous demande de prier pour les vocations : je prie pour que beaucoup d’entre vous connaissent et aiment Jésus Christ et, qu’à travers cette rencontre, ils se consacrent complètement à Dieu, particulièrement ceux d’entre vous qui sont appelés au sacerdoce et à la vie religieuse. C’est le défi que le Seigneur vous lance aujourd’hui : l’Eglise vous appartient dès maintenant.
Chers amis, j’exprime une fois encore ma joie de célébrer cette messe avec vous. Je suis heureux de vous assurer de mes prières dans l’antique langue de votre pays : Sìth agus beannachad Dhe dhuibh uile ; Dia bhi timcheall oi rbh ; agus gum beannaicheadh Dia Alba. La paix et la bénédiction de Dieu soient avec vous tous ; Dieu vous protège, et qu’Il bénisse le peuple écossais !