Archive pour septembre, 2010

Les anges dans la tradition judéo-chrétienne et patristique

22 septembre, 2010

du site:

http://v.i.v.free.fr/spip/spip.php?article3385

JEAN DANIÉLOU, S. J.

Les anges dans la tradition judéo-chrétienne et patristique

LES AMIS DU BEC-HELLOUIN – 3E ANNÉE – N°11 – SAINT MICHEL ET SES ANGES –OCTOBRE 1964, P. 23-27
mardi 28 avril 2009, par Blaise

  Sommaire 

I. Le Judéo-Christianisme
II. La Tradition Patristique
Je me propose de reprendre les grandes lignes de ce que j’ai écrit dans mon petit livre : « Les Anges et leur mission », en apportant quelques éléments sur la toute première tradition judéo-chrétienne, puis sur la tradition patristique.

 I. Le Judéo-Christianisme.

Dans l’Ascension d’Isaïe, les Odes de Salomon, d’autres livres analogues, ainsi que dans des traditions que l’on retrouve chez Clément d’Alexandrie ou Hermas, l’angélologie tient une très grande place ; deux thèmes principaux se retrouvent : la montée aux cieux et la désignation du Christ comme Ange.
a) – La Montée aux Cieux – Ce thème intéresse d’abord la christologie ; il comprend la descente du Fils à travers les hiérarchies angéliques, descente cachée aux anges. On trouve là certains aspects mythologiques : le Verbe revêt la forme de chacun des anges à mesure qu’il traverse chacune des sphères angéliques, non par une sorte d’incarnation, mais pour ne pas être reconnu. Inversement, quand le Christ remonte aux Cieux, il est reconnu par les anges à cause de sa gloire manifestée, et les anges s’étonnent de ne pas l’avoir reconnu à sa descente ; ils sont surtout dans la stupeur de voir la nature humaine qui leur était inférieure, exaltée au-dessus d’eux. Ce thème persistera dans la tradition patristique ; on le retrouve par exemple dans un sermon de Saint Jean Chrysostome sur l’Ascension (PG 54, 146).
Il semble bien que nous ayons ici un thème majeur de la tradition, en rapport avec le psaume 23 (vv. 7-10) « Elevamini, portae aeternales, et introibit Rex gloriae… » dont on trouve des commentaires en ce sens depuis la tradition la plus ancienne.
Corrélativement, on trouve le thème de l’Ascension de l’âme, surtout après la mort. L’âme traverse les sphères angéliques, et doit rendre compte de sa vie : elle ne peut passer sans avoir montré la sphragis, le signe du baptême, et c’est alors que ses mérites sont jugés. Ceci est très important pour les origines de la doctrine du purgatoire. Nous avons là un domaine où le Nouveau Testament est peu explicite ; et ce thème du destin de l’âme après la mort recevra un développement considérable dans la gnose, apparue dès les origines en milieu judéo-chrétien, en rapport avec l’angélologie.
b) – La Désignation du Christ comme Ange – Le Verbe, le Fils, le Bien-aimé, est désigné souvent sous des termes empruntés à l’Angélologie. Ainsi les deux Chérubins ou les deux Séraphins désignant le Fils et l’Esprit. De même les sept Archanges, dont le premier est le Fils, en rapport avec les sept jours de la création. Egalement la substitution du Fils, du Verbe, à Michel, déjà sensible dans l’Apocalypse johannique, ou à Gabriel dans la scène de l’Annonciation (Gabriel serait alors le Fils de Dieu venant vers Marie). L’importance de ces thèmes vient de ce que, pour les juifs, l’Ange est la manifestation même de Dieu
Le développement de la théologie du Fils et de l’Esprit a posé, vis-à-vis de la doctrine juive des attributs divins, un immense problème. On a été un certain temps avant de s’y reconnaître, pour savoir quels étaient les aspects de cette doctrine qui devaient être appliqués au Verbe et à l’Esprit, et introduits dans le domaine de la transcendance, et quels étaient les aspects qu’il fallait laisser appliqués aux anges. Ce qui me frappe, c’est que la tendance a été de voir partout le Verbe et l’Esprit. Ce que l’Ancien Testament désignait comme une manifestation d’anges, on y a vu en réalité une manifestation du Verbe et de l’Esprit. Il y aurait là un argument assez fort pour montrer que dans la perspective des premiers chrétiens, Gabriel, Michel et les autres étaient des manifestations de la Divinité même, et non des individualités angéliques.
c) – L’Exégèse des premiers chapitres de la Genèse – Il y a là un troisième thème judéo-chrétien, où l’angélologie occupe une grande place. Pour les juifs de ce temps, la Bible était considérée comme une révélation en voie de développement ; ils n’avaient pas notre attachement à la littéralité du texte, et citaient l’Ancien Testament avec une extrême liberté. Nous le constatons dans le Nouveau Testament ; la tradition biblique était considérée comme une tradition vivante, et non figée.
Ainsi la création des cieux et de la terre en Genèse 1, 1, ou la séparation des eaux supérieures et inférieures en Genèse 1, 7, sont alors interprétées comme désignant la création d’un monde angélique à côté du monde d’en bas. Il y a là un développement d’une conception du monde céleste constituée par les anges.

 II. La Tradition Patristique.

Il faut signaler tout d’abord deux Pères chez lesquels on rencontre un développement très poussé des théories des hiérarchies angéliques, et à mon avis ils dépendent l’un de l’autre, Clément d’Alexandrie et le Pseudo-Denys. Clément disait tenir ses données sur les anges de traditions orales remontant aux Apôtres ; Denys disait la même chose. Dans les deux cas, il y a une référence non dénuée de fondement à une tradition dite apostolique, non au sens normatif, mais au moins en un sens chronologique de tradition remontant au temps des Apôtres et des Pères apostoliques.
Ces doctrines n’ont rien de spécifiquement chrétien ; par contre, elles sont spécifiquement juives. Et le problème, qui n’est pas facile, est de savoir quelle appréciation porter sur ces éléments doctrinaux ; que valent les écrits juifs non canoniques, dont certains, comme Hénoch, sont cités par le Nouveau Testament, et sont lus encore de nos jours dans des Eglises chrétiennes – celle d’Ethiopie.
Si nous mettons à part ces théories sur les hiérarchies angéliques, il y a chez les Pères des données nombreuses et importantes concernant le rôle des anges dans l’histoire du salut. Et tout d’abord la question des Anges des Nations, qui touche au problème politique.
Cette question se rattache au texte de Deutéronome 32, selon lequel les peuples sont distribués suivant le nombre des Anges de Dieu. Chaque peuple, avant la venue du Christ, a un bon ange et un mauvais ange ; les bons sont désolés parce qu’ils n’obtiennent aucun résultat, et les nations s’enfoncent dans le mal. Par contre, à partir de la venue du Christ, les bons anges des nations se réjouissent et coopèrent avec le Verbe au salut des hommes. Si l’Ancien Testament était encore considéré comme le temps des anges, on pourrait dire, en suivant saint Paul, que le Christ les a en quelque sorte dépossédés ; le Verbe de Dieu prend directement les choses en main.
Ceci est en rapport avec un thème constant : les anges sont associés aux préparations, les enfants (au sens matériel et spirituel), les débuts de la vie spirituelle, les préparations lointaines de la grâce.
Nous trouvons cela spécialement dans trois domaines, la liturgie, la vie spirituelle et la mort.
a) – La Liturgie – le baptême et l’assemblée chrétienne – Pour ce qui est du baptême, il y a deux conceptions : l’enfant est confié à un ange dès sa naissance ou seulement au baptême. On peut relever un parallélisme entre le parrain et l’ange, et cette correspondance entre un aspect céleste et un aspect terrestre est fréquente –ainsi pour l’évêque et la cité à laquelle il est envoyé, dans l’Apocalypse johannique. D’autre part, la présence des anges marque l’importance d’une action divine : ils ne l’opèrent pas, mais ils en sont les témoins.
La présence des anges à l’assemblée chrétienne est extrêmement importante. Origène la relève avec insistance, parlant même d’une double église dans l’assemblée, celle des hommes et celle des anges.

b) – Les anges et la vie spirituelle – Origène encore insiste beaucoup sur cet aspect. Celui qui s’avance dans la vie spirituelle rencontre d’abord les anges, dont le rôle est de le conduire au Christ, d’assister l’âme dans son ascension, mais jamais d’attirer à eux-mêmes.
c) – Les anges et la mort – on rencontre le thème de l’ange psychopompe, qui accueille l’âme à la sortie du corps et la conduit à sa demeure ; ici le contact avec les croyances grecques est tout à fait certain.

Il y a aussi le thème des anges qui pèsent les âmes, des anges du jugement, thème très développé chez saint Basile.
La présence des anges au martyre relève de ce que nous avons déjà rencontré, la présence des anges lorsque s’accomplit une action divine essentielle ; et le martyre n’est rien s’il n’est pas une telle action divine.
En plus de ce rôle des anges dans l’histoire du salut, il faudrait évoquer le thème central du monde céleste des anges environnant la Trinité ; c’est ce que Erik Peterson a développé dans son Livre des Anges : la place des anges dans la liturgie, le lien du monde angélique et de la prière, thèmes toujours présents dans la tradition patristique et les diverses liturgies.
La tradition patristique nous met ainsi en présence d’un mélange de thèmes dans lesquels une certaine influence des croyances païennes n’est pas douteuse ; nous touchons à des formes de la piété populaire. Et c’est là que se pose un problème critique, différent du problème exégétique : comment discerner dans ces traditions ce qui est donnée chrétienne authentique, et ce qui est à la limite des croyances païennes. Ce dernier élément n’est pas pour autant condamnable nécessairement, mais il importe de le reconnaître pour ce qu’il est.

bonne nuit

22 septembre, 2010

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Brachycomes

http://environnement.ecoles.free.fr/fleurs_jardin_photos.htm

Saint Matthieu

21 septembre, 2010

Saint Matthieu dans images sacrée el-greco-san-matteo-evangelista-apostolo

El Greco (1541, Candia – 1614, Toledo), “San Matteo Evangelista Apostolo”, 1610-14, Olio su tela, 97 x 77 cm, Museo de El Greco, Toledo

http://gospelart.wordpress.com/2009/02/18/gesu-e-gli-apostoli-secondo-el-greco/

Le réalisme du bien

21 septembre, 2010

du site:

http://www.revue-kephas.org/03/1/editorial.html

Janv.–Mars 2003

Le réalisme du bien

Abbé Bruno Le Pivain *

Le bien ne fait pas la une des media. Le réalisme exige, paraît-il, de considérer d’abord tout ce qui, dans ce pauvre monde, part à la dérive, sous peine d’être taxé d’irénisme suicidaire. Erreur d’optique : c’est l’inverse qui tue. La complaisance mortifère dans les maux qui nous assaillent aujourd’hui, que ce soit pour le religieux, le social, le politique, le culturel, l’économique, est contre nature.
– On voit, cher ami, que vous ne mesurez pas l’ampleur de la crise. La vie saura vous ouvrir les yeux.
– Hélas… On ne voit, on n’entend que trop, et sans doute verra-t-on, entendra-t-on plus encore (Peut-être voit-on, entend-on aussi différemment)… Peut-on d’ailleurs au passage souhaiter que la dénonciation des maux ne devienne pas une sorte de commerce lucratif, une rengaine monotone qui installe les esprits dans une sorte de dégoût bien-pensant, un dandysme désabusé qui tient lieu d’esprit critique et de lucidité vigilante et permet de commercer entre gens « éclairés » ?
Voici : le Bien est. Aujourd’hui ? Aujourd’hui. Il est même, finalement, beaucoup plus que le mal. Voyez dans ces pages ce qu’en dit Frédéric Laupies avec saint Augustin.
– Mais le Malin à l’œuvre dans le monde ? Le péché originel et ses conséquences incalculables ?
– On le dit nettement : ignorer ces réalités, c’est s’interdire absolument de comprendre quoi que ce soit de durable à aucune des grandes interrogations qui agitent, parfois dramatiquement, les fondements les plus assurés de la vie sociale, politique ou religieuse. Pascal le disait sans contours, qui voyait la faute originelle comme « le mystère le plus incompréhensible de tous, mais sans lequel nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes. »
– Vous voici enfin devenu à peu près raisonnable. Reste à vous instruire.
– Pouce !… Vous oubliez Le Bien est.
(Ici, l’interlocuteur tourne les talons, désespéré, et ce faisant, plus assuré de l’ampleur du sinistre.)
Continuons cependant.
Il est beaucoup question d’éducation dans ce numéro de Kephas, du mérite, du mal aussi. C’est pour mieux mettre en évidence cette vérité, que la morosité du contexte socio-économique ou géo-politique ne pourra jamais oblitérer : le bien est aimable et désirable. Le bien, par l’attrait puissant qu’il exerce sur la personne, comporte une valeur éducative de premier ordre.
Deux façons de manquer au réalisme élémentaire en matière d’éducation : ignorer l’impact des conséquences du péché originel sur le comportement humain et des blessures qui affectent l’intelligence, la volonté ou l’affectivité; refuser d’accorder au Vrai, au Bien, au Beau, le primat qui leur revient de droit, métaphysiquement et existentiellement, dans l’unification de la personnalité humaine.
Puisque saint Thomas d’Aquin est également évoqué dans ces pages, c’est à lui que nous emprunterons cette leçon de réalisme foncier, de raisonnable optimisme et de confiance justifiée dans la valeur éducative du bien, conjugué à l’amitié et la joie.
Dieu est la fin dernière de tous les êtres : voici ce que les « philosophies des valeurs », dont un Comte-Sponville ou notre actuel ministre de l’Éducation nationale sont les représentants qualifiés, ne sauraient atteindre, faute d’en reconnaître la consistance métaphysique. Précisons d’emblée : saint Thomas ne prétend pas définir le Bien, pas plus qu’il n’a jamais prétendu définir Dieu (comme si Dieu, comme si le Bien étaient finis), puisque c’est l’inverse qui est vrai. Mais il note dans la création une aspiration universelle vers le bien, vers le bonheur.
Une remarque s’impose ici, que le P. Pinckaers a précisément formulé : « Les morales modernes nous ont habitués à concevoir le bien comme ce qui est conforme à la loi morale, à ses commandements, et le mal comme ce qui leur est contraire. Cette loi étant comprise comme une série d’impératifs édictés par une volonté extérieure, l’idée du bien se modèle dès lors sur celle de l’obligation morale; elle tend à devenir statique et extrinsèque comme elle. Le bien se rétrécit, se durcit et s’appauvrit. Il va notamment perdre une de ses dimensions principales en se séparant de l’idée du bonheur, en s’y opposant même, comme s’il fallait écarter la considération du bonheur pour faire le bien. »1
C’est très justement qu’un Tony Anatrella a pu parler de « société dépressive », laquelle se caractérise en premier lieu par « la dégradation du sens de l’idéal ». « Si nos sociétés sont dépressives, c’est donc qu’elles ont perdu confiance en elles-mêmes : elles ne savent plus, au-delà du quotidien de l’individu, pourquoi ce dernier doit vivre, aimer, travailler, procréer, et mourir. »2
Le rôle clef joué par l’attrait du bien est ainsi établi par saint Thomas dans ce passage de la Somme contre les Gentils où l’Aquinate, après avoir longuement envisagé les divers aspects du mal, montre que toutes choses sont ordonnées vers le bien :
« S’il est vrai, comme nous l’avons prouvé, que tout agent agit en vue d’un bien, on doit en conclure que le bien est la fin de tous les êtres. En effet :
1o Chacun des êtres est mis en rapport avec sa fin par son action; car ou l’action elle-même est une fin, ou bien la fin de l’action est aussi la fin de l’agent; et c’est en cela que consiste son bien.
2o La fin d’un être, quel qu’il soit, est la chose à laquelle aboutit son appétit. Or, l’appétit de tous les êtres aboutit au bien; car les philosophes définissent le bien : ce que tous les êtres recherchent. Donc la fin de toutes choses est le bien.
3o La chose qu’un être recherche quand il en est éloigné, et dans laquelle il se repose lorsqu’il la possède, constitue sa fin. Or, l’être qui n’a pas encore atteint la perfection qui lui convient se porte vers elle autant qu’il est en lui, et s’il la possède, il se repose en elle. Donc la perfection de chaque chose est sa fin. Or, le bien d’un être n’est autre que sa perfection. Donc tous les êtres sont coordonnés par rapport au bien comme avec leur fin.
4o Les êtres qui connaissent leur fin et ceux qui l’ignorent sont coordonnés de la même manière avec elle, avec cette différence, toutefois, que ceux qui sont doués de connaissance se portent d’eux-mêmes vers leur fin, tandis que les autres ne tendent à atteindre cette fin qu’en suivant une direction étrangère : l’archer et la flèche qu’il lance peuvent nous servir d’exemples. Or, les êtres qui connaissent leur fin sont toujours coordonnés avec le bien, comme étant leur fin; car la volonté, qui est le désir d’une fin connue d’avance, n’aspire à une chose qu’en la considérant comme un bien, puisque le bien est son objet.
Donc les êtres qui ignorent leur fin sont coordonnés avec le bien comme avec leur fin. Donc la fin de tous les êtres est le bien. »3
Cette argumentation solidement charpentée est tout autant un hymne à la création, à cet ordre du monde si admirablement chanté dans la « cinquième voie » d’accès à l’existence de Dieu4 : « La fin de tous les êtres est le bien ». Si le Docteur Angélique démontre, précise, distingue, dissèque, raisonne, c’est pour montrer qu’aucune créature ne peut échapper à cette tension universelle vers le bien, à cette combinaison de l’ordre des êtres vers leur fin, qui est le bien. Il vaut la peine (si elle existe) de s’y attarder : priants, éducateurs, psychologues, y trouveront de quoi se nourrir.
C’est donc par l’appétit qu’un être tend vers sa fin, qu’il soit intellectuel, comme pour les créatures raisonnables, sensitif dans les animaux en général ou seulement naturel chez les êtres insensibles. Chez l’homme qui possède ces trois sortes d’appétits, les appétits inférieurs sont subordonnés au supérieur, comme le bien particulier au bien commun, ou la fin particulière à la fin dernière. En l’homme, c’est le bien comme connu et voulu, donc aimé, qui l’ordonne à sa fin.
Le désir et la délectation, ou la joie, sont les alliés indissociables de ce mouvement appétitif. C’est par eux que l’amour du bien est à la fois tension vers le bien aimé et désiré, et repos et joie dans le bien atteint. De ces deux points de vue, la fin aimée constitue la perfection de l’être : perfection de l’être, non plus seulement de l’appétit. À ce stade, ce ne sont plus uniquement les appétits qui sont ordonnés entre eux dans l’être, mais les êtres eux-mêmes coordonnés vers le bien comme vers leur fin. Seule, par conséquent, la tension ordonnée vers le bien et le repos certain en icelui peut assurer l’ordre entre les êtres, comme entre les appétits dans le même être, comme entre les passions dans le même organisme.
Bien que tous les êtres soient effectivement ordonnés au bien comme à leur fin, le rôle de la connaissance chez les êtres raisonnables fait que ceux-ci, à la différence des êtres ignorants, se portent d’eux-mêmes vers cette fin. C’est donc l’amour connaissant, ou la connaissance aimante, qui est le moteur unique de l’être raisonnable vers sa propre fin. Cette réalité, qui est au cœur de la vie humaine, et qui devrait l’être de toute véritable anthropologie, de toute psychologie réaliste, emporte une double conséquence.
Tout d’abord, la responsabilité de l’homme, sa liberté, naissent tout entières de cette vérité. Avant d’accéder au trône de Pierre, un cardinal Wojtyla aura largement contribué à mettre ce point en évidence par des travaux qui prolongent heureusement la pensée de saint Thomas. D’autre part, puisque ce mouvement des êtres vers leur fin est un mouvement vers le bien, puisque le bien est principe d’unité entre ceux, ou en ceux qui tendent vers lui, puisqu’enfin la connaissance et l’amour ont ici partie liée, et que par ailleurs les appétits inférieurs sont ordonnés par l’intelligence et la volonté : plus un homme tend de tout son être vers cette fin, plus il pourra vivre effectivement de cette unité et de cet équilibre fécond entre amour et connaissance, ainsi qu’entre ses différents niveaux d’appétits et entre ses passions mêmes, mais aussi avec les autres êtres qui lui seront semblables, et donc coordonnés sous ce rapport. La puissance unitive du bien tire son origine de cette constatation.
C’est d’abord l’amour du Bien suprême qui unifie, à la mesure de sa présence dans le sujet aimant, puisque ce Bien est le Principe d’unité et la Fin de tous les êtres. Les êtres eux-mêmes seront bons en fonction de leur coordination à ce Bien suprême, suivant l’ordre appétitif qui est le leur, qu’il soit seulement naturel, sensible ou rationnel.
« Ne me demandez pas pourquoi je veux être heureux, avertissait Malebranche, demandez-le à Celui qui m’a créé. »
Qui ne connaît Augustin, le génial avocat du désir de Dieu : « Notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi, Seigneur… »
A-t-on résolu la crise qui secoue nos sociétés ? A-t-on même échappé pour soi à l’attrait du mal ? Sans doute pas. Mais l’espérance de ceux qui traversent le siècle comme des flèches de lumière, un Cardinal François-Xavier van Thuan, une Mère Teresa, un Père Werenfried van Straaten, bien d’autres encore, dans tous les états de vie, connus de Dieu seul, n’est donc folie qu’aux yeux du monde. Avec saint Paul, nous préférons leur sagesse aux optimismes benoîts comme aux vaticinations sentencieuses. Elle est pleinement réaliste.
——————————————–

* Vicaire à la cathédrale d’Angers, licencié en droit, en philosophie et en théologie.

S. Pinckaers o. p., Les sources de la morale chrétienne, Éd. Univ. Fribourg-Cerf, Fribourg 19902, p. 412.
Tony Anatrella, Non à la société dépressive, Flammarion, Paris 1993, p. 19.
Contra Gentes, III, 16.
Sum. theol., Ia, q. 2, a. 3, corp.

Les femmes de la Bible portent l’intuition de Dieu

21 septembre, 2010

du site:

http://www.croire.com/article/index.jsp?docId=2198371&rubId=238

8 mars: Journée internationale de la femme

Les femmes de la Bible portent l’intuition de Dieu

Voici une bonne occasion d’ aller fureter du côté de la Bible et placer discrètement en lumière quelques beaux portraits de ces femmes extraordinaires de la Bible
Clair-obscur

On dit que la Bible est rude avec les femmes. Le jugement est trop dur. Dans une société où la femme avait effectivement peu de droit pour beaucoup de devoirs, la Bible a sculpté des portraits d’exception, avec cette intuition majeure : magnifiques, tenaces, parfois fourbes ou astucieuses, ces femmes sont souvent étonnamment ajustées au projet de Dieu.
Elles veillent sur lui comme sur un nouveau né, elles ouvrent large l’espace de Dieu au pays des hommes.

Ouvrant ces portraits, il faut bien parler d’Eve! Beaucoup, pour parler d’elle, ont des mots au parfum de pomme acide. Eve ne mérite peut-être pas tout cela. Quand elle apparaît, ils sont deux à chercher tant bien que mal les chemins de Dieu, l’oreille encore si mal affinée à sa voix…
On retiendra qu’Eve est nommée, au terme du récit de la Genèse, « mère des vivants » (Gn 3). Car c’est toujours de vie que parle la Bible.

La Genèse voit alors défiler de grandes figures, avec lesquelles nous parcourons les premiers sables bibliques, étonnés. Ainsi Sarah, déjà vieille, rit de ce qu’elle entend de l’étranger qui passe et dans lequel le lecteur reconnaît l’ange de Dieu.
Il parle de naissance alors qu’elle se sent toute sèche, trop vieille pour rouvrir le chapitre des imprévus et de la vie. Elle rit. Et l’enfant qui naîtra d’elle, puisqu’elle enfantera, s’appellera l’enfant du rire, selon le jeu de mots hébreu qui entoure le nom d’Isaac (Gn 18).

Tenaces pour veiller sur la vie.

Puis vient Rébecca, qui entre dans l’histoire d’Isaac par la porte du courage et de la fidélité à l’accueil, au respect de l’étranger de passage, à la vie. Elle ne ménage pas sa peine au bord du puits, pour les chameaux de l’étranger qui arrive.
Bien lui en prend, car c’était pour lui le signe attendu. Et il la ramène vers Isaac, son maître, qui désirait une femme prête à un grand rêve, à une histoire où Dieu aurait sa place. Rébecca épouse Isaac.(Gn 24). 
Bien sûr on se souvient de sa rouerie quand Jacob devenu vieux et rendu aveugle par l’âge, doit donner sa bénédiction à l’aîné, Esaü. Elle, de ces deux jumeaux terribles, semble préférer Jacob, et l’aide à obtenir la bénédiction paternelle qui échappe à Esaü. Celui-ci pleure de s’être fait ainsi ravir la bénédiction de l’aîné. Ainsi Rébecca aide son fils Jacob, l’assoiffé de bénédiction et de Dieu !…(Gn 27).

Mais traversons ainsi le temps, et voici Myriam, qui aime tellement chanter qu’elle emporte tout le monde dans son chant. Le temps a passé depuis Rébecca. Le peuple a connu la servitude d’Egypte. Et si Myriam entreprend de chanter son étonnement pour Dieu, c’est que le peuple a traversé la mer sous la conduite de Moïse, son frère (Ex 15).
Son chant est le premier grand, immense cantique du peuple de la Bible, au Dieu qui fait franchir la mort.

Franchissons les siècles. Et l’on aimerait ne pas oublier Rahab, la prostituée de Jéricho, qui a l’oreille fine à la « parole du Seigneur » (Jos 2) ! Rahab, la merveilleuse païenne qui ouvre ainsi les portes de Jéricho aux envoyés de Dieu, pour que le peuple qu’il aime entre en terre promise

Ruth a une histoire différente. Elle est du pays de Moab. Elle est étrangère et a épousé un fils du pays de Juda venu par là, mais a connu très vite le veuvage. Par fidélité à sa belle-mère, ou peut-être par amour pour son amour qui n’est plus, elle vient au pays de Juda.
La Bible dit avec gratitude et presque tendresse sa fidélité à la Parole de Dieu ! Parvenue au pays de Juda, elle ira errer en pauvresse sur les champs moissonnés par Booz, pour y glaner. Elle glanera gros, puisque Booz la remarque et la choisit pour en faire sa femme.
D’eux naîtront Jessé et sa lignée, l’arbre de Jessé, l’arbre généalogique de David et… du Messie. La tradition juive chantera la foi de Ruth — mais de quelle nature est-elle exactement ? —, devenue ainsi en sa ténacité et sa fidélité, l’ancêtre du Messie.(cf. livre de Ruth).

Et il nous faut aller plus loin vers le Nord, aux confins de la terre du Liban, un siècle plus tard peut-être. Comment ne pas évoquer en effet cette autre figure merveilleuse, de la femme que rencontre le prophète Elie au temps de la sécheresse et de la famine. On ne sait rien d‘elle, pas même son nom, juste sa peine, elle que l’on appelle simplement la veuve de Sarepta. Elie lui demande à manger et, alors que ce sont ses dernières ressources avant de mourir, elle et son fils, elle donne son reste de farine et d’huile.
Comme si elle pressentait que l’identité même de Dieu est résurrection, vie plus grande, plus forte que la mort, et qu’avec ce Dieu là au cœur, on peut donner (1 R 17) !

On comprend, à regarder la vie de ces femmes trempées au rythme de Dieu, que les prophètes aient aimé comparer Jérusalem à une femme. Une femme dévoyée quand c’est le péché qui emporte le cœur de Jérusalem. Une veuve dévorée par le chagrin au temps de l’Exil, une femme resplendissante de beauté au temps où Dieu ramène son peuple des terres du mal et de l’Exil.

L’accueil de Dieu sans réserves

Marie, dans le Nouveau Testament, sera cette grâce venue du ciel et habitant au pays des hommes. Une disponibilité intégrale à la Parole, au point qu’en elle la Parole venue de Dieu se fait chair. Et l’humanité passe de façon nouvelle aux saisons de Dieu, ouvrant le temps pour chaque homme, chaque être, d’un enfantement.

D’autres femmes splendides traversent avec discrétion les évangiles, le temps de semer la vie, d’accueillir le pardon, de renaître, d’aimer. On pense à toutes ces Marie dont les visages se sont fondus, au fil de la tradition, avec celui de Madeleine, celle dont on dit tout aujourd’hui, au rythme des films et des romans. Elle a simplement laissé saisir sa vie pour que s’y inscrive, avec le pardon, la résurrection de Jésus.

Il est des êtres de lumière qui éveillent ainsi l’humanité et la sauvent. On reconnaîtra en eux la parole de Dieu, énoncée sans ombre, au cœur de notre histoire.

Jacques Nieuviarts 

bonne nuit

21 septembre, 2010

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Peony

http://www.naturephoto-cz.com/flowering-plants/red-blooming.html

21 september : Saint Matthieu

20 septembre, 2010

21 september : Saint Matthieu dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

LE XXI SEPTEMBRE. SAINT MATTHIEU, APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE. (Dom Guéranger)

20 septembre, 2010

du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/pentecote/pentecote05/028.htm

Dom Guéranger

LE XXI SEPTEMBRE. SAINT MATTHIEU, APÔTRE ET ÉVANGÉLISTE.
 
GÉNÉALOGIE de Jésus-Christ fils de David, fils d’Abraham  (1). A la suite de l’Aigle et du Lion levés les premiers au ciel de la sainte Liturgie, l’Homme paraît, en attendant que se complète, au mois prochain, le glorieux quadrige promenant le char de Dieu par le monde (2), entourant son trône dans les deux (3). Etres mystérieux, aux six ailes de séraphins, dont les yeux sans nombre fixent l’Agneau debout sur le trône et comme immolé (4), dont la voix répète jour et nuit : Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu tout-puissant, qui était, et qui est, et qui doit venir (5) . Jean les voit donnant le signal de l’acclamation des élus au Créateur (6) et Rédempteur (7); et quand toute créature, au ciel, sur la terre, sous la terre, a reconnu prosternée les titres de l’Agneau vainqueur à la divinité, à la gloire, à l’empire dans les siècles sans fin (8), c’est encore eux qui scellent de leur témoignage pour l’éternité l’hommage du monde, disant : Amen ! il est ainsi (9) !
Il est donc grand et tout insigne l’honneur des Evangélistes. Matthieu, le donné, mérita son beau nom du jour où, à la parole de Jésus : Suis-moi,
 
1. Matth. I, 1. — 2. Ezech. I. — 3. JOHAN. Apoc. IV. — 4. Ibid. V, 6. — 5. Ibid. V, 8. — 6. Ibid. 9-11. — 7. Ibid. V, 8-12.  — 8. Ibid. 13. — 9. Ibid. 14.
 
il se leva et le suivit (1) ; mais le don de Dieu au publicain des bords du lac de Tibériade dépassa celui qu’il faisait lui-même. Le Très-Haut, dont les regards atteignent d’au delà des cieux Ce qu’il y a de plus bas sur la terre, aime à choisir parmi les humbles les princes de son peuple (2). Au plus bas rang social, Lévi l’était par sa profession, décriée du juif, méprisée du gentil ; mais plus humble encore apparut-il en son cœur, lorsque, n’imitant pas la délicate réserve à son endroit des autres narrateurs sacrés, il inscrivit devant l’Eglise son titre honni d’autrefois à côté de celui d’apôtre (3).
C’était relever la miséricordieuse magnificence de Celui qui est venu pour guérir les malades et non les forts, pour appeler, non les justes, mais les pécheurs (4) ; c’était, en exaltant l’abondance de ses grâces, en provoquer la surabondance: Matthieu fut appelé à écrire le premier Evangile. Sous le souffle de l’Esprit, il écrivit, dans cette inimitable simplicité qui parle au cœur, l’Evangile du Messie attendu d’Israël et que les Prophètes avaient annoncé; du Messie docteur et sauveur de son peuple, descendant de ses rois, roi lui-même de la fille de Sion ; du Messie enfin venu, non pour détruire la Loi (5), mais pour la conduire au plein épanouissement de l’alliance universelle et éternelle.
Ce fut à l’occasion du banquet offert par la simplicité de sa reconnaissance au bienfaiteur divin, qu’on entendit Jésus, prenant la défense de Lévi autant que la sienne, répondre au scandale qu’y cherchaient plusieurs : Est-ce que les fils de l’Epoux peuvent gémir, tant que l’Epoux est avec eux ? Mais viendront des jours où l’Epoux leur
 
1. Matth. IX, 9 — 2. Psalm. CXII, 4-8. —3. Matth. X, 3, — 4. Ibid. IX, 12-13. — 5. Ibid. V, 17.
 
sera enlevé, et alors ils jeûneront (1). Clément d’Alexandrie atteste par la suite, en effet, l’austérité de l’Apôtre qui ne vivait que de légumes et de fruits sauvages (2). Mais la Légende nous dira aussi son zèle pour Celui qui s’était si suavement révélé à son cœur, sa fidélité à lui garder les âmes enivrées du vin qui fait germer les vierges (3). Ce fut son martyre ; le témoignage du sang fut pour lui d’affirmer les devoirs et les droits de la virginité sainte. Aussi, jusqu’à la fin des temps, l’Eglise, consacrant ses vierges, reprendra pour chacune la bénédiction qu’il prononça sur l’Ethiopienne, et que le sang de l’Apôtre-Evangéliste a pénétrée de sa vertu pour jamais (4).
 
1. Matth. IX, 15. — 2. Clem. Al. Pœdag. II, 1. — 3. Zach. IX, 17. — 4. Pontificale rom. De benedict. et consecrat. Virginum : Deus plasmator corporum, afflator animarum.
 
L’Eglise nous donne ce court récit d’une vie moins connue des hommes que de Dieu.
Matthieu, nomme encore Lévi, fut Apôtre et Evangéliste. Le Christ l’appela comme il était assis à son bureau de collecteur d’impôts, et aussitôt il le suivit ; c’était à Capharnaüm. Il fit à cette occasion un festin au Maître et à ses autres disciples. Après la résurrection du Seigneur, Matthieu fut le premier qui écrivit l’Evangile de Jésus-Christ ; il le fit en hébreu, pour les fidèles venus de la circoncision, étant encore en Judée et avant de se rendre dans la province échue à son apostolat. Gagnant bientôt après cette province, qui était l’Ethiopie, il y prêcha l’Evangile et confirma sa prédication par beaucoup de miracles.
Le  moindre ne fut pas celui par lequel  il ressuscita la fille du roi d’entre les morts, prodige qui fît embrasser la foi du Christ au roi son père, à l’épouse de celui-ci, à tout le pays. Mais le roi mort, Hirtacus, son  successeur, prétendant à la main d’Iphigénie  la princesse royale, et celle-ci, qui avait consacré à Dieu sa virginité entre les mains de  l’Apôtre,  persévérant I grâce à lui dans sa résolution sainte, le prince  le fit tuer à l’autel où il célébrait les Mystères. Ce fut le onze des calendes d’octobre qu’il couronna son apostolat de la gloire du martyre. Son corps, transporté a Salerne, y fut plus tard, au temps du Souverain   Pontife   Grégoire VII, placé dans une église dédiée sous son nom ; il y est  honoré pieusement par un grand  concours de peuple.
Combien votre humilité plut au Seigneur ! C’est elle qui vous mérite d’être aujourd’hui si grand dans le royaume des cieux (1) ; c’est elle qui fit de vous le confident de l’éternelle Sagesse incarnée. Cette Sagesse du Père qui se détourne
 
1. Matth. XVIII, 1-4.
 
des prudents et se révèle aux petits  (1), renouvela votre âme dans sa divine intimité et la remplit du vin nouveau de sa céleste doctrine (2). Si pleinement vous aviez compris son amour, qu’elle vous choisit pour premier historien de sa vie terrestre et mortelle. Par vous l’Homme-Dieu se révélait à l’Eglise. Magnifiques enseignements que les vôtres (3), ne se tient pas de dire l’Epouse dans l’auguste secret des Mystères, où elle recueille l’héritage de celle qui ne sut comprendre ni le Maître adoré, ni les Prophètes qui l’annoncèrent!
Mais il est une parole entre toutes que ceux-là seuls comprennent, des élus mêmes, à qui est donné de la comprendre (4) ; de même qu’au ciel tous ne suivent point l’Agneau partout où il va (5), que tous non plus ne chantent pas le cantique réservé à ceux-là seuls dont les affections ici-bas ne furent point divisées (6). Evangéliste de la virginité (7) comme vous en fûtes l’hostie, veillez sur la portion choisie du  troupeau du Seigneur.
N’oubliez cependant, ô Lévi, nul de ceux pour qui vous nous apprenez que l’Emmanuel a reçu son beau nom de Sauveur (8). Le peuple entier des rachetés vous vénère et vous prie. Par la voie qui nous reste tracée grâce à vous dans l’admirable Sermon sur la montagne (9), conduisez-nous tous à ce royaume des cieux dont la mention revient sans fin sous votre plume inspirée .
 
1. Matth. XI, 25. — 2. Ibid. IX, 17. — 3. Secrète de la fête. — 4. Matth. XIX, 10-12. — 5. Apoc. XIV, 3-4. — 6. I Cor. VII, 33. — 7. Matth. XXV, 1-13. — 8. Ibid. 1, 21, 23. — 9. Ibid. V-VII.
 

LA LIBERTÉ INTÉRIEURE SE DÉPLOIE DANS ET MALGRÉ LA MALADIE PSYCHIQUE

20 septembre, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-25351?l=french

LA LIBERTÉ INTÉRIEURE SE DÉPLOIE DANS ET MALGRÉ LA MALADIE PSYCHIQUE

Conférence du Dr Dubois à Paris, le 13 octobre 2010

ROME, Mardi 14 septembre 2010 (ZENIT.org) – « La liberté intérieure se déploie dans et malgré la maladie psychique », explique le Dr Bernard Dubois qui donnera une conférence sur ce thème mercredi 13 octobre à 20h30 à l’ASIEM (6 rue Albert de Lapparent, Paris 7e). Une conférence organisée par l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH) (cf. http://och.asso.fr/)
Bernard Dubois est père de famille, médecin, animateur de sessions d’Agapé et auteur de nombreux ouvrages dont « Guérir en famille ».
Son message sur la maladie psychique est un « message d’espérance » et il indique un « chemin de libération ».
Pour le Dr Dubois en effet, « la maladie psychique diminue la qualité du jugement nécessaire au bon discernement et elle réduit la capacité de choix », et, « elle semble porter atteinte à la liberté intérieure ».
Pourtant, il fait obsever que « la liberté intérieure ne consiste pas uniquement à choisir : elle permet aussi de consentir à ce qui est et que nous ne choisissons pas toujours ».
C’est en précisant ainsi ce qu’est la liberté intérieure et comment elle peut se déployer « dans et malgré la maladie psychique », l’auteur transmet un « message d’espérance ».
Mais ce n’est aps tout. Le Dr Dubois distingue aussi soigneusement « ce qui relève du psychisme et ce qui dépend de la vie spirituelle ». Il introduti ainsi son lecteur, progressivement « dans la libération intérieure » en l’ouvrant à « l’oeuvre de salut que tout chrétien est en droit d’attendre de la part du Christ Sauveur ».
C’est de cette « liberté spirituelle des enfants de Dieu » dont saint Paul parle dans sa lettre aux chrétiens Galates.
Dans son livre « Guérir en famille », le Dr Dubois fait observer que la famille est critiquée et attaquée, et, depuis plusieurs décennies « la cible d’un véritable combat spirituel dans nos sociétés occidentales ».
Le médecin a remarque que cette « lutte contre les valeurs familiales » est à l’origine de « nombreux troubles d’identité et de blessures pour l’homme d’aujourd’hui ».
Son livre « s’adresse à tous ceux qui cherchent une réponse aux souffrances causées par tous ces troubles mais aussi à ceux qui souhaitent des repères sur l’identité de l’homme et de la femme, du père et de la mère, de la famille ».
Anita S. Bourdin

Le « salut », au premier siècle et aujourd’hui

20 septembre, 2010

du site:

http://plestang.free.fr/salut.htm

Le « salut », au premier siècle et aujourd’hui

Quel sens avaient les mots « salut » et « être sauvé » pour les hommes du premier siècle? Quel sens ont-ils pour nous aujourd’hui?

Le salut, pour les juifs

En Marc 10,25-26, Jésus dit: « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu! »;
et les disciples s’interrogent: « Mais alors, qui peut être sauvé? »
Je me suis demandé quelle idée du salut les disciples pouvaient avoir en tête, si du moins ce passage d’évangile rapporte une conversation réelle; et ce que le « royaume de Dieu » pouvait être pour eux.
Les disciples attendaient manifestement un royaume messianique terrestre, comme on le voit encore après la résurrection, où ils demandent:
 » … est-ce maintenant que tu vas rétablir le Royaume pour Israël? » (Actes 1,6)
Dans la tradition juive, la richesse était la récompense d’une vie juste: être riche était une bénédiction, être pauvre une malédiction (cf. par exemple Ps 112 v.3). Sans doute les prophètes et certains psaumes avaient-ils introduit la notion de pauvres aimés du Seigneur (p.ex. Ps 74,19 « la vie de tes pauvres ») et d’un reste d’Israël qui est un « peuple de pauvres » (Sophonie 3,12); mais les disciples étaient « lents à croire ce qu’ont annoncé les prophètes » (Luc 24,25)!
Et donc l’idée que les riches ne puissent pas participer au futur « royaume » messianique (terrestre) était pour eux extrêmement déroutante.
Par ailleurs, qu’entendaient-ils par « être sauvés »?
Peut-être faut-il ici se rappeler les prophètes apocalyptiques, qui annonçaient un « jour du Seigneur », jour terrible:
« Qui supportera le jour de sa venue? Qui se tiendra debout lors de son apparition? » (Malachie 3,2)
Mais le texte ajoute:
« Ils seront pour le Seigneur ceux qui présentent l’offrande comme elle doit l’être » (Malachie 3,3)
Donc les prophètes annoncent qu’un « reste » d’Israël subsistera après que Dieu soit venu pour le jour du jugement (voir p.ex. Sophonie 1,14 à 2,3); ce reste ne comprendra que ceux qui auront été préservés de l’anéantissement.
Survie et existence après la mort se mélangent en fait ici.
Or qu’en est-il des morts? C’est assez flou semble-t-il dans la théologie juive de cette époque: il y a le shéol, conçu au départ comme le séjour de tous les morts (cf. par exemple Job 3,13-17); mais peu à peu on distingue plusieurs catégories parmi les morts:
« Beaucoup de ceux qui dorment dans le sol poussiéreux se réveilleront,
les uns pour la vie éternelle,
les autres pour l’opprobre, pour l’horreur éternelle » (Daniel 12,2) (1)
La « vie éternelle » mentionnée ici n’est peut-être pas différente du royaume messianique évoqué plus haut: Saint Paul lui-même, dans ses premières lettres, suppose encore que certains des chrétiens ne mourront pas, car le Christ reviendra pour instaurer son royaume avant qu’ils ne soient morts.
Donc le salut, pour les apôtres avant la Pentecôte (et aussi un peu après?), c’était sans doute faire partie de ce reste qui ne serait pas détruit lors de la venue définitive du Messie.

Le salut, pour les païens

A l’époque où les premiers chrétiens commencent à répandre la Bonne Nouvelle dans le bassin méditerranéen, la notion de salut existe aussi chez les Grecs et les Romains.
De nombreuses religions de salut, des « mystères » de salut existent dans les villes.
Il s’agit, comme chez les peuples primitifs, de se ménager la faveur des dieux par des actes appropriés.
En fait beaucoup de nos contemporains ne sont pas moins primitifs, lorsqu’ils ont des pratiques ou des croyances superstitieuses…
Le « salut » consiste pour ces païens simplement à espérer que tout se passera bien, qu’ils auront une vie harmonieuse, réussie, heureuse. Qu’ils seront « délivrés » des malheurs, malchances ou « malédictions ».
Mais le fait qu’il faille renouveler souvent ces pratiques montre qu’il s’agit d’un salut bien limité, et qui dépend de la pratique religieuse jour après jour…

Le salut, pour les chrétiens des premiers siècles

On ne fera ici qu’une brève présentation d’un sujet immense, qui demanderait une analyse de tous les textes du Nouveau Testament!
Jésus, selon que nous pouvons en juger d’après les évangiles, s’exprime à la fois pour ses contemporains et pour les générations suivantes; c’est une des raisons sans doute pour lesquelles il approche la question du salut par des touches successives, et non par un exposé direct qui serait incompréhensible à ses interlocuteurs… et peut-être à nous!
C’est Jésus qui apporte le salut (p.ex. Lc 19,9): après sa mort, entré dans sa gloire (Luc 24,26), il nous « prendra avec lui » (Jn 14,3).
Il s’agit de croire en Jésus (Actes 16,31), et, par le baptême, de recevoir le pardon de ses péchés et le don de l’Esprit (Actes 2,38). On devient alors destinataire de la promesse (Actes 2,39).
« Sauvez-vous (…) de cette génération dévoyée » (Actes 2,40)
Nous sommes libérés du péché (Rom 6,22); le salut est une réalité à la fois encore à venir et déjà présente:
« Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (Romains 8,24)
« Autrefois vous étiez ténèbres; maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur » (Ephésiens 5,8)
Le message adressé aux païens est en substance le suivant: le vrai Dieu s’est manifesté (Actes 17,24-30); il vous propose d’entrer dans son amour.
« Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pierre 2,9)

Le salut, aujourd’hui

Plutôt que de partir, pour cette réflexion, de la théologie développée par l’Eglise depuis 20 siècles, et de chercher à expliquer par exemple ce que cela veut dire que « Jésus-Christ, mort pour nos péchés » et quel genre de salut cela nous apporte, on adoptera ici une approche plus empirique, plus proche peut-être de la notion de salut que peuvent avoir les hommes d’aujourd’hui.
- Le salut, cela veut dire mettre son amour en Jésus et espérer: l’histoire collective, l’histoire individuelle, prennent un tout autre sens quand on devient croyant, quand on croit que Jésus est vraiment ressuscité, et qu’il est vraiment le témoin d’une puissance d’amour avec laquelle nous pouvons entrer en relation.
- Le salut, c’est vivre autrement dès aujourd’hui: l’Esprit d’amour, que nous accueillons en nous, transforme peu à peu notre comportement; le salut, c’est de sentir que l’on n’est plus bloqué indéfiniment dans les mêmes échecs dans notre vie personnelle et nos relations; que tout peut s’ouvrir, s’assouplir, s’illuminer.
- Le salut, c’est penser que l’existence continue à s’épanouir après la mort: le chrétien, de même qu’il a quatre mille ans d’histoire judéo-chrétienne derrière lui, a une éternité d’amour devant lui; la mort est une étape, non une fin et un échec définitif; nous continuerons ensuite à monter dans l’amour mutuel, dans l’amour infini révélé en Jésus-Christ.
Jésus apporte le salut parce qu’il nous découvre toutes ces perspectives; il est à la fois lumière et point d’appui: ce qu’il a vécu, il nous propose de le vivre; il nous fait comprendre les richesses de bonheur auxquelles cela conduit.
Le contraire du salut, c’est l’enfer… mement, en nous mêmes (au lieu de nous ouvrir à la rencontre avec les autres), en nos problèmes. C’est pourquoi certains chrétiens disent « Jésus est la solution »!
Le royaume, exactement comme à l’époque de Jésus, est à la fois une réalité présente et une réalité « de l’au-delà »: chaque acte qui est fait dans un véritable esprit d’amour est signe et présence du royaume; il y a de grands témoins, comme Mère Teresa ou Guy Gilbert, et chacun d’entre nous est amené aussi à poser de tels actes, à vivre le royaume par son comportement. Le royaume est aussi la perspective dans laquelle nous vivons nos vies, et vers laquelle nous pensons continuer à aller dans l’au-delà.
Dire que « les riches ne peuvent pas entrer dans le royaume, être sauvés », c’est au fond un peu ce que disent aussi les Béatitudes (Luc 6,20-26): il faut se reconnaître pauvre devant Dieu, et ne pas tenir plus à nos richesses qu’à l’amour (Mt 6,24).
Entrer dans le royaume, c’est entrer dans un mode de vie basé sur l’amour, en dialogue avec Dieu qui est la source de cet amour. C’est vivre le salut, tel qu’il a été décrit ci-dessus.
Qu’en est-il enfin des non-chrétiens? S’ils ne deviennent pas chrétiens, ou n’ont jamais entendu parler de Jésus, ou le refusent, sont-ils « sauvés »?
D’une part bien entendu chacun d’eux peut poser de véritables actes d’amour et donc participer ainsi à la réalité du royaume: il y a des saints « laïques » ou anticléricaux! D’autre part le plan de Dieu sur le monde est mystérieux, c’est à dire qu’il dépasse notre compréhension; il paraît logique que, si ce n’est pas dans cette vie, au moins au delà, chacun puisse bénéficier de ces « torrents d’amour » que Dieu nous a révélés.

Qu’il est précieux ton amour, ô mon Dieu!
A l’ombre de tes ailes tu abrites les hommes:
ils savourent les festins de ta maison;
aux torrents du paradis tu les abreuves.

Ps. 36 (35),8-9 (Traduction liturgique)

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