Archive pour septembre, 2010
Fête de Saint Michel : le 29 septembre – Hymne de la Liturgie et Litanies
28 septembre, 2010du site:
http://www.spiritualite-chretienne.com/anges/ange-gardien/hierar04.html#hymne
Fête de Saint Michel : le 29 septembre
Hymne de la Liturgie
Victoire de Lumière,
terreur des ténèbres sur la terre,
Michel
au moindre appel
ton cri traverse les sept cieux :
» Qui est comme Dieu ? «
Où la force ne peut suffire,
où le danger touche au pire,
tu fais lever en profondeur
la Puissance du Seigneur !
Feu vertical, ton glaive tranche !
C’est au plus sec de la branche
comme à la racine du coeur
la Présence du Seigneur !
Ange de Justice, rappelle
que la mort n’est pas mortelle
si l’homme attend, de son Sauveur
la Sentence du Seigneur !
Les Belles Prières à Saint Michel, 1998
Editions Bénédictines – Rue E. Guinnepain – 36170 Saint-Laurent-du-Sault – France
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Litanies de saint Michel (*)
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.
Christ, écoutez-nous.
Christ, exaucez-nous.
Père céleste, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils rédempteur du monde, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit-Saint, qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte, qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, Reine des Anges, priez pour nous.
Saint Michel Archange, priez pour nous.
Saint Michel, princes très glorieux, priez pour nous.
Saint Michel, fort dans le combat, priez pour nous.
Saint Michel, vainqueur de Satan, priez pour nous.
Saint Michel, terreur des démons, priez pour nous.
Saint Michel, prince de la milice céleste, priez pour nous.
Saint Michel, héraut de la gloire divine, priez pour nous.
Saint Michel, joie des Anges, priez pour nous.
Saint Michel, honoré des Elus, priez pour nous.
Saint Michel, qui présentez au Très-Haut nos prières, priez pour nous.
Saint Michel, défenseur des âmes justes, priez pour nous.
Saint Michel, messager de Dieu, priez pour nous.
Saint Michel, dont la prière conduit aux cieux, priez pour nous.
Saint Michel, soutien du peuple de Dieu, priez pour nous.
Saint Michel, gardien et patron de l’Eglise, priez pour nous.
Saint Michel, bienfaiteur des peuples qui vous honorent, priez pour nous.
Saint Michel, porte-étendard du salut, priez pour nous.
Saint Michel, notre défenseur dans le combat, priez pour nous.
Saint Michel, ange de la paix, priez pour nous.
Saint Michel, introducteur des âmes dans la lumière sainte, priez pour nous.
Saint Michel, prévôt du Paradis, priez pour nous.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous, Seigneur.
V./ Priez pour nous, saint Michel Archange.
R./ Afin que nous devenions dignes des promesses de Jésus-Christ.
Oraison
Dieu tout puissant et éternel, qui avez établi saint Michel gardien de l’Eglise et prévôt du paradis, accordez par son intercession, à l’Eglise la prospérité et la paix, à nous la grâce en cette vie et la gloire dans l’éternité. Par Jésus-Christ, Notre Seigneur.
Ainsi soit-il.
Théophile-Marie, évêque de Coutances et Avranches.
Imprimatur : Coutances, le 9 mars 1929.
(*) : Autorisées pour la récitation privée seulement.
Extrait du Mémoire pour obtenir le renouvellement de la Consécration de la France à Saint-Michel, Marquis de la Franquerie, 1947.
Pape Benoît – (ordination épiscopale et fête des trois Archanges)
28 septembre, 2010du site:
CHAPELLE PAPALE POUR L’ORDINATION ÉPISCOPALE DE
SIX NOUVEAUX ÉVÊQUES
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Vaticane
Samedi 29 septembre 2007
(ordination épiscopale et fête des trois Archanges)
Chers frères et sœurs,
Nous sommes rassemblés autour de l’autel du Seigneur en une circonstance dans le même temps solennelle et heureuse: l’ordination épiscopale de six nouveaux Evêques, appelés à exercer différentes tâches au service de l’unique Eglise du Christ. Il s’agit de Mgr Mieckzyslaw Mokrzycki, Mgr Francesco Brugnaro, Mgr Gianfranco Ravasi, Mgr Tommaso Caputo, Mgr Sergio Pagano, Mgr Vincenzo Di Mauro. J’adresse à tous mon salut cordial avec un baiser fraternel. Un salut particulier va à Mgr Mokrzycki qui, avec l’actuel Cardinal Stanislaw Dziwisz, a servi pendant de nombreuses années le Saint-Père Jean-Paul II comme secrétaire et qui ensuite, après mon élection comme Successeur de Pierre, a également été mon secrétaire avec une grande humilité, compétence et dévouement. Avec lui, je salue l’ami du Pape Jean-Paul II, le Cardinal Marian Jaworski, à qui Mgr Mokrzycki apportera son aide en tant que Coadjuteur. Je salue en outre les Evêques latins d’Ukraine, qui sont ici à Rome pour leur visite « ad limina Apostolorum ». Ma pensée va également aux Evêques grecs-catholiques – j’ai rencontré certains d’eux lundi dernier -, et à l’Eglise orthodoxe d’Ukraine. Je souhaite à tous les bénédictions du Ciel pour leurs efforts qui visent à garder active dans leur terre la force guérissante et corroborante de l’Evangile du Christ et à la transmettre aux futures générations.
Nous célébrons cette ordination épiscopale en la fête des trois Archanges qui sont mentionnés par leur nom dans l’Ecriture: Michel, Gabriel et Raphaël. Cela nous rappelle à l’esprit que dans l’antique Eglise – déjà dans l’Apocalypse – les Evêques étaient qualifiés d’ »anges » de leur Eglise, exprimant de cette façon un lien intime entre le ministère de l’Evêque et la mission de l’Ange. A partir de la tâche de l’Ange, on peut comprendre le service de l’Evêque. Mais qu’est-ce qu’un Ange? L’Ecriture Sainte et la Tradition de l’Eglise nous laissent entrevoir deux aspects. D’une part, l’Ange est une créature qui se trouve devant Dieu, orientée de tout son être vers Dieu. Les trois noms des Archanges finissent par le mot « El », qui signifie Dieu. Dieu est inscrit dans leurs noms, dans leur nature. Leur véritable nature est l’existence en vue de Lui et pour Lui. C’est précisément ainsi que s’explique également le deuxième aspect qui caractérise les Anges: ils sont les messagers de Dieu. Ils apportent Dieu aux hommes, ils ouvrent le ciel et ouvrent ainsi la terre. C’est précisément parce qu’ils sont auprès de Dieu, qu’ils peuvent être également très près de l’homme. En effet, Dieu est plus intime à chacun de nous que nous ne le sommes à nous-mêmes. Les Anges parlent à l’homme de ce qui constitue son être véritable, de ce qui dans sa vie est si souvent couvert et enseveli. Ils l’appellent à rentrer en lui-même, en le touchant de la part de Dieu. Dans ce sens également, nous qui sommes des êtres humains devrions toujours à nouveau devenir des anges les uns pour les autres – des anges qui nous détournent des voies de l’erreur et qui nous orientent toujours à nouveau vers Dieu. Si l’Eglise antique appelle les Evêques « anges » de leur Eglise, elle entend dire précisément cela: les Evêques eux-mêmes doivent être des hommes de Dieu, ils doivent vivre orientés vers Dieu. « Multum orat pro populo » – « Prie beaucoup pour le peuple », dit le Bréviaire de l’Eglise à propos des saints Evêques. L’Evêque doit être un orant, quelqu’un qui intercède pour les hommes auprès de Dieu. Plus il le fait, plus il comprend également les personnes qui lui sont confiées et il peut devenir un ange pour eux – un messager de Dieu, qui les aide à trouver leur véritable nature, elles-mêmes, et à vivre l’idée que Dieu a d’elles.
Tout cela devient encore plus clair si nous regardons à présent les figures des trois Archanges dont l’Eglise célèbre la fête aujourd’hui. Il y a tout d’abord Michel. Nous le rencontrons dans l’Ecriture Sainte, en particulier dans le Livre de Daniel, dans la Lettre de l’Apôtre saint Jude Thaddée et dans l’Apocalypse. Dans ces textes, on souligne deux fonctions de cet Archange. Il défend la cause de l’unicité de Dieu contre la présomption du dragon, du « serpent antique », comme le dit Jean. C’est la tentative incessante du serpent de faire croire aux hommes que Dieu doit disparaître, afin qu’ils puissent devenir grands; que Dieu fait obstacle à notre liberté et que nous devons donc nous débarrasser de Lui. Mais le dragon n’accuse pas seulement Dieu. L’Apocalypse l’appelle également « l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait jour et nuit devant notre Dieu » (12, 10). Celui qui met Dieu de côté, ne rend pas l’homme plus grand, mais lui ôte sa dignité. L’homme devient alors un produit mal réussi de l’évolution. Celui qui accuse Dieu, accuse également l’homme. La foi en Dieu défend l’homme dans toutes ses faiblesses et ses manquements: la splendeur de Dieu resplendit sur chaque individu. La tâche de l’Evêque, en tant qu’homme de Dieu, est de faire place à Dieu dans le monde contre les négations et de défendre ainsi la grandeur de l’homme. Et que pourrait-on dire et penser de plus grand sur l’homme que le fait que Dieu lui-même s’est fait homme? L’autre fonction de Michel, selon l’Ecriture, est celle de protecteur du Peuple de Dieu (cf. Dn 10, 21; 12, 1). Chers amis, vous êtes vraiment les « anges gardiens » des Eglises qui vous seront confiées! Aidez le Peuple de Dieu, que vous devez précéder dans son pèlerinage, à trouver la joie dans la foi et à apprendre le discernement des esprits: à accueillir le bien et à refuser le mal, à rester et à devenir toujours plus, en vertu de l’espérance de la foi, des personnes qui aiment en communion avec le Dieu-Amour.
Nous rencontrons l’Archange Gabriel, en particulier dans le précieux récit de l’annonce à Marie de l’incarnation de Dieu, comme nous le rapporte saint Luc (1, 26-39). Gabriel est le messager de l’incarnation de Dieu. Il frappe à la porte de Marie et, par son intermédiaire, Dieu demande à Marie son « oui » à la proposition de devenir la Mère du Rédempteur: de donner sa chair humaine au Verbe éternel de Dieu, au Fils de Dieu. Le Seigneur frappe à plusieurs reprises à la porte du cœur humain. Dans l’Apocalypse, il dit à l’ »ange » de l’Eglise de Laodicée et, à travers lui, aux hommes de tous les temps: « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Le Seigneur se trouve à la porte – à la porte du monde et à la porte de chaque cœur en particulier. Il frappe pour qu’on le laisse entrer: l’incarnation de Dieu, son devenir chair doit continuer jusqu’à la fin des temps. Tous doivent être réunis dans le Christ en un seul corps: c’est ce que nous disent les grands hymnes sur le Christ dans la Lettre aux Ephésiens et dans celle aux Colossiens. Le Christ frappe. Aujourd’hui aussi, Il a besoin de personnes qui, pour ainsi dire, mettent à sa disposition leur propre chair, qui lui donnent la matière du monde et de leur vie, servant ainsi à l’unification entre Dieu et le monde, à la réconciliation de l’univers. Chers amis, votre tâche est de frapper au nom du Christ aux cœurs des hommes. En entrant vous-mêmes en union avec le Christ, vous pourrez également assumer la fonction de Gabriel: apporter l’appel du Christ aux hommes.
Saint Raphaël nous est présenté, en particulier dans le livre de Tobie, comme l’Ange auquel est confiée la tâche de guérir. Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, la tâche de l’annonce de l’Evangile s’accompagne également toujours de celle de guérir. Le Bon Samaritain, en accueillant et en guérissant la personne blessée qui gît au bord de la route, devient sans paroles un témoin de l’amour de Dieu. Cet homme blessé, qui a besoin d’être guéri, c’est chacun de nous. Annoncer l’Evangile signifie déjà en soi guérir, car l’homme a surtout besoin de la vérité et de l’amour. Dans le Livre de Tobie, on rapporte deux tâches emblématiques de guérison de l’Archange Raphaël. Il guérit la communion perturbée entre l’homme et la femme. Il guérit leur amour. Il chasse les démons qui, toujours à nouveau, déchirent et détruisent leur amour. Il purifie l’atmosphère entre les deux et leur donne la capacité de s’accueillir mutuellement pour toujours. Dans le récit de Tobie, cette guérison est rapportée à travers des images légendaires. Dans le Nouveau Testament, l’ordre du mariage, établi dans la création et menacé de multiples manières par le péché, est guéri par le fait que le Christ l’accueille dans son amour rédempteur. Il fait du mariage un sacrement: son amour, qui est monté pour nous sur la croix, est la force qui guérit et qui, au sein de toutes les confusions, donne la capacité de la réconciliation, purifie l’atmosphère et guérit les blessures. La tâche de conduire les hommes toujours à nouveau vers la force réconciliatrice de l’amour du Christ est confiée au prêtre. Il doit être « l’ange » qui guérit et qui les aide à ancrer leur amour au sacrement et à le vivre avec un engagement toujours renouvelé à partir de celui-ci. En deuxième lieu, le Livre de Tobie parle de la guérison des yeux aveugles. Nous savons tous combien nous sommes aujourd’hui menacés par la cécité à l’égard de Dieu. Comme le danger est grand que, face à tout ce que nous savons sur les choses matérielles et que nous sommes en mesure de faire avec celles-ci, nous devenions aveugles à la lumière de Dieu! Guérir cette cécité à travers le message de la foi et le témoignage de l’amour, est le service de Raphaël confié jour après jour au prêtre et, de manière particulière, à l’Evêque. Ainsi, nous sommes spontanément portés à penser également au sacrement de la Réconciliation, au Sacrement de la Pénitence qui, au sens le plus profond du terme, est un sacrement de guérison. En effet, la véritable blessure de l’âme, le motif de toutes nos autres blessures, est le péché. Et ce n’est que s’il existe un pardon en vertu de la puissance de Dieu, en vertu de la puissance de l’amour du Christ, que nous pouvons être guéris, que nous pouvons être rachetés.
« Demeurez dans mon amour », nous dit aujourd’hui le Seigneur dans l’Evangile (Jn 15, 9). A l’heure de l’ordination épiscopale, il vous le dit à vous de manière particulière, chers amis! Demeurez dans cette amitié avec Lui, pleine de l’amour qu’en cette heure, Il vous donne à nouveau! Alors, votre vie portera du fruit – un fruit qui demeure (Jn 15, 16). Chers frères, afin que cela vous soit donné, prions tous pour vous en cette heure. Amen.
Les Archanges
28 septembre, 2010du site:
http://www.spiritualite-chretienne.com/anges/ange-gardien/hierar02.html
Les Archanges
Tiré du grec arkhé ( » commandement « ) et aggelos ( » messager « ) dont nous avons fait » ange « , ce terme signifie » chef parmi les anges « .
Il n’est fait mention dans les livres canoniques de la Sainte Ecriture que des seuls Raphaël (livre de Tobie), Gabriel (Daniel 8,1-26 et 9,21-27, Jérémie 25,12 et 29,10, et N.T. en Luc 1,11-38) et Michaël (Daniel 10,13 et 12,1-3, N.T. Jude 9, et Apocalypse 12,7-9).
La tradition judéo-chrétienne place ces trois Archanges parmi les » sept Anges qui se tiennent devant Dieu » (Apocalypse 8,2), comme le déclare d’ailleurs Raphaël lui-même au livre de Tobie : » Je suis Raphaël, l’un des sept Anges qui se tiennent toujours prêts à pénétrer auprès de la gloire du Seigneur » (Tobie 12,15).
Ce nombre conventionnel de sept est à rapprocher de celui des sept esprits (dont Ahura-Mazda préside le groupe) vénérés par les Parsis, zélateurs de Zarathoustra (ou Zoroastre), esprits qui mènent dans le domaine céleste la lutte éternelle contre le mal.
Il ne peut être complété que par le recours aux textes apocryphes : principalement dans Esdras 3 ou 4 (datant du I° siècle après J.-C.) et dans le Livre d’Hénoch, mais également par les récits rabiniques de moindre autorité, où se trouvent cités les » archanges Barachiel, Jehudiel et Zeadkiel
Voir également ci-après : A propos du nom des Archanges.
Le Livre d’Hénoch
Le Livre d’Hénoch, apocryphe célèbre d’après l’Exil, dans une section datant probablement du II° siècle av. J.-C., fixe ainsi le nom et la fonction des Archanges, selon un procédé qui consiste à joindre le suffixe » El » (la divinité) à une racine désignant la fonction ou la qualité angélique.
Voici le passage en question :
» Voici les noms des saints Anges qui veillent :
Uriel (ou Ouriel), l’un des saints Anges, celui du monde et du tartare ;
Raphaël, l’un des saints Anges, celui des âmes des hommes ;
Raguel (ou Ragouel), l’un des saints Anges, qui tire vengeance du monde des luminaires ;
Michaël (ou Mikaël, ou Michel), l’un des saints Anges, préposé aux meilleurs des hommes, à la garde du peuple ;
Saraqiel (ou Sariel), l’un des saints Anges, préposé aux esprits des enfants des hommes qui pèchent contre les Esprits ;
Gabriel, l’un des saints Anges, préposé au paradis, aux dragons et aux Chérubins ;
Remiel, l’un des saints anges, que Dieu a préposé sur les ressuscités.
Ces Archanges ce sont les sept noms « .
Livre d’Hénoch, traduit sur le texte éthiopien, chap. 20, 1-8, Paris, Letouzey et Ainé, 1906.
Dans ce même Livre, un autre Archange figure dans la liste des » Quatre Anges du Seigneur des Esprits « , Phanuel :
« … Après cela je demandai à l’Ange de paix qui marchait avec moi et me montrait tout ce qui est caché : » Quels sont ces quatre visages, que j’ai vus et dont j’ai entendu et écrit la parole ? » Et il me dit : » Le premier est le miséricordieux et le très patient Michaël ; le second qui est préposé à toutes les maladies et à toutes les blessures des enfants des hommes, est Raphaël ; le troisième, qui est préposé à toute force, est Gabriel ; et le quatrième, qui préside au repentir, pour l’espoir de ceux qui hériteront la vie éternelle, son nom est Phanuel. » Ce sont là les quatre Anges du Seigneur des Esprits, et les quatre voix que j’ai entendues en ces jours. »
Livre d’Hénoch, chap. 40, op. cité
A noter que l’on trouve également en ce Livre d’Hénoch les anges des quatre saisons, l’ange en forme de soleil, l’ange préposé aux choses cachées, l’ange chargé d’apaiser les dissensions entre les chérubins, mais également les anges gardiens des soixante-dix nations, les quinze mille anges diurnes et huit mille anges nocturnes attelés au char solaire… et bien d’autres encore.
On pourra consulter à ce sujet : Hénoch, sources bibliques.
Signification des noms et fonctions des Archanges
Traditionnellement on attribue aux Archanges certaines » spécialités » :
Michaël » Qui est comme Dieu » maintient Satan vaincu en enfer.
Gabriel » Dieu s’est montré fort » est le messager divin par excellence.
Raphaël » Dieu guérit » apporte tout spécialement l’aide de Dieu à l’homme.
A propos des noms des Archanges
Seuls trois d’entre eux ont révélé leur nom : Michel, Gabriel et Raphaël. Il faut se mettre en garde contre ceux qui prennent la liberté d’en désigner d’autres avec précision, comme l’avait fait un certain Adelbert ; celui-ci, en 745, à la demande de Saint Boniface, fut condamné dans un synode par le pape Zacharie, pour avoir inventé une prière aux anges Uriel, Raguel, Tubuel, Inéas, Tubuas, Saloac, Simiel, considérés par cette assemblée comme des démons.
Françoise Bouchard, « Les grands miracles de la dévotion », Ed. Résiac, 1996.
La prière composée par Adelbert était ainsi rédigée : « Je vous adresse mes voix et mes supplications, ange Uriel, ange Raguël, ange Tubuel, ange Michel, ange Inias, ange Tubuas, ange Sabaoc, ange Simiel… »
L’abbé Th. Laval précise, dans son ouvrage « Le Monde invisible ou Traité dogmatique et ascétique des Anges » (Bruxelles, 1909) :
« On a essayé de donner des noms aux quatre autres [archanges]. Le sens de ces noms : Barachiel, qui signifie Bénédiction de Dieu, – Jéhudiel, Louange de Dieu, – Uriel, Feu de Dieu, – Sealtiel, Prière de Dieu, est irréprochable. Cependant ils ont été réprouvés au Concile de Rome de 745 parce qu’étant d’une valeur toute conjecturale, ils ne peuvent être assimilés aux trois noms donnés par le texte sacré. L’on peut représenter les sept archanges et les honorer ensemble d’un culte spécial ; mais l’on doit alors s’abstenir de désigner par aucun nom ceux d’entre eux qui ne nous sont pas spécialement connus. » (Chap. XII)
Plus tard, en 789, le Concile d’Aix-la-Chapelle confirmera la décision du Concile de Rome en interdisant de fabriquer des noms d’anges en dehors de Michel, Gabriel et Raphaël.
Beaucoup plus récemment, en 2001, le Directoire sur la Piété populaire et la Liturgie (Les Saints Anges, point 217) a rappelé de façon semblable :
« Il faut aussi réprouver l’usage de donner aux anges des noms particuliers, que la Sainte Ecriture ignore, hormis ceux de Michel, Gabriel et Raphaël. » (*)
Voilà qui est clair, et devrait donner à réfléchir à tous ceux qui aujourd’hui prétendent pouvoir donner un nom à tous les Saints Anges Gardiens !
bonne nuit
28 septembre, 2010Job and his Wife
27 septembre, 2010Introduction à Job
27 septembre, 2010la première lecture de cette semaine est tirée par le livre de Giobbe…je ne connais pas l’ auteur de ce commentaire, mais cette introduction semble bon, du site:
http://www.lueur.org/bible/commentaire/annotee-neuchatel/introduction/job.html
Commentaires Bibliques
La Bible Annotée Neuchâtel
Introduction à Job
I – Contenu du livre
Le livre de Job se divise en trois parties de fort inégales longueurs. La première, le prologue (chapitres 1 et 2), expose la situation et met le lecteur à même de comprendre les discours qui vont suivre : Job, que Dieu lui-même déclare parfaitement juste, est accusé par Satan de ne l’être que par intérêt ; Dieu autorise Satan à mettre son serviteur à l’épreuve. Une première série de maux n’ayant pu ébranler la piété de Job, Satan est autorisé à le frapper dans sa santé. Mais Job demeure fidèle à son Dieu.
Trois amis, qui viennent le consoler, sont tellement saisis par le spectacle qui s’offre à leurs yeux, qu’ils gardent pour eux leurs pensées ; la droiture de Job leur est suspecte, mais ils ne veulent pas le dire pour ne pas ajouter l’affliction à l’affligé. Au bout de sept jours, Job éclate en lamentations (chapitre 3), ce qui oblige les amis à parler. Ainsi s’engage un entretien qui remplit les vingt-trois chapitres suivants (4 à 21). Trois fois les amis prennent la parole, accusant Job toujours plus expressément d’avoir commis des péchés exceptionnels comme les maux dont il est frappé. Job répond à chacun d’eux et n’arrive pas à se sentir coupable. Au troisième tour, le dernier des amis renonce à prendre la parole ; Job répond à Bildad (chapitre 26), puis, ses interlocuteurs restant muets, il constate sa victoire et termine en traçant le tableau de sa piété et de son ancienne grandeur (chapitres 27 à 31). Alors surgit un nouveau personnage, le jeune Elihu, qui ne s’est pas permis de prendre la parole jusqu’à ce que les personnage, plus âgés eussent achevé de parler (23.4-16), et qui soutient une thèse qui n’avait pas encore été mise en avant : les justes eux-mêmes sont appelés à souffrir pour être préservés de l’orgueil (chapitres 32 à 37). Puis Dieu prend la parole. Sans daigner se justifier, il expose la supériorité de sa puissance et de sa sagesse. Dès l’abord, Job se déclare vaincu (39.36-38) ; enfin, après un dernier discours de l’Eternel, il s’humilie complètement (42.1-6). Jusqu’ici s’étend la seconde partie du livre, tout entière en vers et ne renfermant que des discours.
Avec 42.7, commence la troisième partie, l’épilogue, qui est en prose, comme le prologue. Dieu condamne les trois amis et rend à Job famille et prospérité.
II – Caractère du livre
Le livre de Job est admirable à tous les points de vue. Le poème est composé avec un art infini. Nous disons le poème. Il est vrai que le génie sémitique ne connaît pas la fiction pure ; la tradition avait conservé le souvenir d’un homme du nom de Job, célèbre par sa piété et ses malheurs (Ezéchiel 14.14,20). Mais c’est là tout ce que nous savons de ce personnage. Tout le surplus dans notre livre est la mise en oeuvre poétique de ce fond traditionnel.
Les scribes qui ont formé le Canon de l’Ancien Testament ont bien senti la chose, puisqu’ils n’ont placé notre livre ni dans la Loi, ni dans les Prophètes (ces derniers comprenant aussi les livres historiques), mais dans les Ecrits (Ketoubim), c’est-à-dire les livres qu’on ne pouvait ranger dans les catégories précédentes.
Le caractère poétique de ce livre ne ressort pas seulement du style et de la symétrie des discours ; il se montre aussi dans le prologue et l’épilogue ; la scène qui se passe dans le ciel, évidemment fictive dans sa forme, quoiqu’elle n’en corresponde pas moins à une réalité super-sensible, la régularité avec laquelle les catastrophes fondent sur Job, la correspondance entre les nombres du dernier chapitre et ceux du premier, en sont des indices suffisants. L’art se voit aussi dans la manière dont le seul vrai motif des maux dont Job est frappé coup sur coup, reste caché, tant à lui-même qu’à ses amis. Les descriptions sont des chefs-d’oeuvre, ainsi celles des mines (chapitre 28), de l’âne sauvage, du cheval (chapitre 29), de l’hippopotame, du crocodile (chapitres 40 et 41).
Quel est l’enseignement qui ressort du livre de Job ? Car c’est un poème didactique, c’est-à-dire renfermant une instruction. Ce n’est pas de la souffrance en général qu’il s’agit, mais de la souffrance, en apparence imméritée, du juste. Job est déclaré juste dès le commencement ; Dieu l’appelle son serviteur et le signale à l’attention de Satan comme faisant honneur à son Dieu. Les accusations des amis tombent à faux ; ils représentent la théorie, admise couramment et encore trop répandue aujourd’hui, d’après laquelle toute souffrance quelconque est une punition et prouve chez le malheureux l’existence d’un péché particulier (Jean 9.2). Certes il y a des maux qui sont des châtiments ; la Bible en fournit assez d’exemples. Mais cela n’explique pas tous les cas. Il est des afflictions qui atteignent le juste sans qu’on puisse trouver dans sa conduite des fautes qui en soient la cause directe. Ce sont ces cas-là que notre livre veut expliquer.
Aussi Dieu blâme-t-il les amis, et à la fin du livre Job est-il invité à intercéder pour eux (42.7-9). Et si Dieu adresse des reproches à Job, ils ne portent pas sur les affirmations réitérées de son innocence, mais bien sur les jugements inconsidérés que, exaspéré par les accusations téméraires de ses amis, il s’est permis à l’endroit du gouvernement divin du monde.
Ce qui montre que le poète approuve le témoignage que Job se rend à lui-même, c’est la manière dont il présente la fin de l’entretien : dans la troisième passe d’armes le second ami, Bildad, ne prononce qu’un très petit discours assez insignifiant, (25.2-6) ; et le troisième se tait, apparemment parce qu’il n’a plus rien à dire (23.3).
On s’est étonné parfois de ce que le livre se termine par une récompense purement terrestre : pour toute réparation Job recouvre la santé, obtient des richesses au double et devient de nouveau père d’une nombreuse et belle famille. L’auteur savait aussi bien que nous que la naissance d’un enfant ne fait pas oublier ceux qui ont été repris. Mais, vivant sous l’ancienne alliance, il a voulu dire simplement que Dieu dans cette lutte a donné raison à son serviteur, et que, malgré ses intempérances de langage, l’épreuve est terminée à l’honneur de Dieu et de Job lui-même. Nous savons, nous chrétiens, que la vie future sera la compensation des maux de cette terre ; mais nous le savons par Jésus-Christ qui a mis en évidence la vie et l’immortalité en détruisant la mort (2 Timothée 1.10), et qui est devenu par sa résurrection les prémices de ceux qui sont morts (1 Corinthiens 15.20). Job ne pouvait compter sur cette vie bienheureuse qui ne lui avait pas encore été révélée (Job 14.12 ; 16.22 ; 17.13-16). Le célèbre passage 19.25-27 montre le plus haut point jusqu’auquel peut s’élever la foi, même sans la révélation de la vie future, par la simple connaissance que l’homme naturel peut avoir du caractère de Dieu (Romains 1.19-20). Ainsi l’épilogue ne donne pas la solution absolument définitive, qui dépassait la mesure de lumière accordée à l’époque de Job. Il fait seulement constater qu’il y a une solution provisoire. Comparez Psaumes 116.2-6.
III – L’époque et l’auteur
Nous ne savons rien de l’auteur du livre de Job, ni du temps dans lequel cet ouvrage a été composé ; nous en sommes réduits sur ces deux points à des suppositions. On a remarqué depuis longtemps que l’écrivain évite toute allusion à l’histoire d’Israël et à la législation mosaïque ; le nom même de Jéhova, l’Eternel, le Dieu d’Israël, n’est pas mis dans la bouche de Job et de ses amis, sauf une fois, comme par inadvertance (12.9). Pour désigner Dieu, ils se servent presque toujours du nom d’Eloah, qui se trouve rarement dans les autres livres de la Bible. Ce sont là des traits fort extraordinaires chez un écrivain juif ; ils dénotent une intention. L’auteur a voulu évidemment dégager le sujet qu’il allait traiter de tout caractère national et lui donner une portée universelle, humanitaire.
On a pensé à l’époque de Moïse. « Une foule de traits, dit Renan, qui au reste ne partage pas cette manière de voir, dénotent une connaissance parfaite de l’Egypte, où l’auteur semble avoir voyagé. La description du crocodile et de l’hippopotame est d’une telle vivacité, qu’on est porté à y voir un reflet direct de l’épouvante que l’auteur éprouva devant ces monstres. Il est question ailleurs des pyramides, du papyrus, des barques de jonc, etc. »1
Mais comment, admettre chez un fidèle cette ignorance évidemment intentionnelle des institutions théocratiques, à l’époque même de leur promulgation ? Puis la connaissance approfondie que l’auteur possède de tous les domaines de la vie civile, politique, industrielle, conduit-elle à songer à un temps où les Israélites étaient des nomades ? Ce n’est ni en Egypte, ni dans le désert, ni pendant la conquête de Canaan, ni sous les Juges, qu’on se représente en Israël un homme capable de composer une oeuvre littéraire aussi profonde et aussi parfaite. Indiquons aussi, avec M. F. Godet, comme militant contre l’époque de Moïse, « l’absence des archaïsmes qui distinguent les livres du Pentateuque et qui en font un corps à part dans l’ensemble de la littérature hébraïque, et le développement très considérable de la réflexion philosophique que suppose un pareil écrit. Le livre de Job n’est rien moins qu’un traité de théodicée (justification du gouvernement divin). L’être incriminé, en réalité, ce n’est pas Job c’est Dieu. Ce qui est en cause, ce n’est pas seulement la vertu de Job c’est en même temps, et encore plus, la justice divine. Il s’agit dans ce livre de rechercher comment cette perfection peut se concilier avec le sort de l’affligé innocent. Or, de pareilles questions n’ont pas pu se traiter à toute heure. » 2
On s’est jeté dans un autre extrême : on a pensé à l’époque de l’exil. Ce seraient la captivité de Babylone et les souffrances du peuple élu qui auraient inspiré le poète. Tandis que l’auteur d’Esaïe chapitres 40 à 6 relevait les courages abattus par les magnifiques promesses messianiques que nous connaissons, un poète, inspiré lui aussi, creusait dans la solitude le problème de la souffrance. Sans doute, l’exil était une punition méritée ; ce châtiment était annoncé d’avance par les prophètes ; il était inévitable. Mais un noyau pieux, innocent, pur, subissait cette honte avec la majorité coupable. Et que de dénis de justice, d’extorsions, de haines ! Le pays était possédé par des étrangers (15.19) ; l’impie et le violent triomphaient. En méditant sur cette situation, le poète voyait son horizon s’élargir : ce n’était plus la souffrance d’un peuple particulier qui le faisait songer ; il étudiait désormais le problème de la souffrance du juste en général. Ne trouve-t-on pas, dans plusieurs passages des discours, des traces de cette préoccupation ? Les interlocuteurs, Job en particulier, semblent par moments oublier leur individualité ; ainsi 9.25, où Job dit n’avoir pas vu le bonheur, tandis que nous savons qu’il a joui de la plus grande prospérité. A plusieurs reprises des pluriels inattendus donnent à penser que Job d’un côté, les amis de l’autre, ne sont que les représentants de certaines catégories de personnes (18.2-3 ; 19.11). « Job, dit Châteaubriand dans le Génie du Christianisme, est la figure de l’humanité souffrante, et l’écrivain inspiré a trouvé des soupirs pour exprimer tous les maux partagés entre la race humaine. » Ce caractère universel ferait de Job un type, imparfait sans doute, et cependant réel, de Jésus-Christ. Le Sauveur, bien plus juste encore que le héros de notre livre, souffre comme représentant de l’humanité. Comme Job, il subit les accusations de ses contemporains aveuglés par les préjugés (Esaïe 53.3-4) ; comme lui, il intercède pour ceux qui l’ont abreuvé d’injures.
Nous avons tenu à donner libre parole à l’opinion qui, aujourd’hui, paraît la plus répandue parmi les théologiens. Mais, pour plusieurs raisons, il nous est impossible de nous y ranger.
1°) Nous accordons volontiers que, si le livre de Job avait été bien compris des contemporains du Messie, ils se seraient plus facilement réconciliés avec l’idée d’un roi souffrant et battu de Dieu. Mais les souffrances de Job diffèrent absolument de celles du Messie, elles n’ont rien d’expiatoire. Il suffit de lire le chapitre 53 d’Esaïe pour sentir la différence entre ces deux espèces de souffrances.
2°) Au temps de la captivité, le noyau fidèle du peuple était bien loin de lever orgueilleusement la tête en affirmant son innocence ; qu’on lise les confessions de péché d’Esdras et de Néhémie, et celle de Daniel (chapitre 9). Rien ne ressemble moins au langage hautain de Job.
3°) Et qui, dans l’opinion qui nous occupe, devraient représenter les amis de Job ? On ne pourrait y voir que les représentants des peuples païens, qui accablaient, les Juifs captifs de leurs mépris. Mais comment accepter cette explication plus que forcée ? Car le monothéisme des amis de Job et leur idée élevée de la justice parfaite de Dieu est précisément l’opposé du paganisme, c’est cette idée même qui les fait tomber dans la faute dont ils se rendent coupables envers Job.
4°) Au temps de l’exil, les liaisons intellectuelles d’Israël n’étaient plus avec les Fils de l’Orient et les Thémanites, mais bien avec la Perse, puis avec la Grèce. « On chercherait vainement, dit Renan, dans le judaïsme sévère de cette époque une place pour une oeuvre aussi franche d’allure, remplie d’un parfum aussi fort de la vie nomade, et supposant une aussi grande largeur d’esprit. Les hardies apostrophes et les protestations énergiques de Job auraient passé, aux yeux des contemporains d’Esdras et de Néhémie, pour des blasphèmes…La langue enfin du livre de Job a une fermeté, une beauté qu’on chercherait vainement dans les écrits d’un âge où la langue hébraïque n’était plus parlée, au moins dans sa pureté, et était devenue le partage des scribes et des lettrés. »3 Puis Renan passe à développer la pensée qu’à ses yeux Jérémie 20.14 et suivants, cite Job 3.3 et suivants, et 10.18. Pour ce qui est des passages cités plus haut (15.19 ; 9.25), nous renvoyons, pour la fixation de leur sens et de leur portée, à nos notes.
N’y a-t-il donc pas, entre Moïse et les temps de l’exil, une époque où se peut comprendre la composition d’un écrit tel que celui qui nous occupe ?
« Sous l’influence du génie de Salomon s’était formée à sa cour une école de sagesse ou de philosophie morale. Tandis que les institutions lévitiques fonctionnaient régulièrement et que les ordonnances mosaïques imprimaient de plus en plus leur sceau à la vie populaire, les esprits d’élite, à la tête desquels se trouvait le monarque lui-même, sentaient le besoin de pénétrer plus avant dans la. connaissance des choses divines et humaines…Dans ce cercle on humanisait le judaïsme. N’est-ce point de là qu’est sorti ce monumental livre de Job, dans lequel la pensée sémitique paraît avoir pris en tous sens ses plus vastes proportions ?…L’ignorance même où nous sommes du nom de l’auteur ne se conçoit qu’à une époque où un tel génie se perdait au milieu d’une pléïade de sages, ses pairs, non moins distingués que lui, et était éclipsé par l’éclat du monarque qui surpassait tout ce qui l’entourait ? »4
On objecte que l’époque paisible et heureuse de Salomon n’était pas favorable à l’étude du problème de la souffrance et ne devait pas y conduire naturellement. Mais qui peut dire l’influence de la loi des contrastes ? Bien de plus sentimental que la littérature française de la fin du XVIIIme siècle. L’idylle a souvent fleuri dans les époques les plus tourmentées. Qu’est-ce qui empêche que, parmi les sages qui vivaient à la cour de Salomon et dont les entretiens faisaient le délassement intellectuel du monarque, les Héman, les Ethan, les Calcol, les Darda, l’énigme de la souffrance des justes n’ait été un jour soulevée ? Ce n’est pas seulement après l’exil qu’il a commencé à y avoir ici-bas des innocents souffrants, dont le sort pouvait provoquer les spéculations des penseurs.
IV – Intégrité du livre
Il nous reste à dire un mot de l’intégrité de notre livre. Plusieurs estiment que les discours d’Elihu (chapitres 32 à 37) troublent l’harmonie de ce magnifique poème, si artistement construit ; ce nouvel interlocuteur est inconnu ; il n’a pas figuré parmi les « amis » ; personne dans la suite ne tient compte de ce qu’il a dit. Job ne lui répond pas ; Dieu ne le mentionne ni en bien, ni en mal, quand il fait la part de chacun des acteurs de ce drame ; enfin, chose plus grave, que dit-il, après tout ? Les idées qu’il énonce ne sont pas neuves : Eliphaz déjà, dans son premier discours, a parlé dans le même sens (5.17). Les discours d’Elihu sont donc, dit-on, un essai de solution donné par un lecteur bénévole que l’absence d’explication, dans les discours de Dieu et dans l’épilogue, ne satisfaisait pas.
Nous estimons au contraire qu’Elihu énonce une pensée nouvelle et bien distincte de celles qu’avaient présentées les trois amis ; il n’approuve point ces derniers, mais il justifie Dieu autant qu’un homme pieux pouvait le faire sans connaître la scène céleste du prologue. Dans 5.17, Eliphaz proclame heureux celui que Dieu châtie, et il conseille à Job de ne pas mépriser la correction du Puissant. Le point de vue d’Elihu est tout autre.
Nous l’avons indiqué déjà dans le bref exposé que nous avons donné du contenu de notre livre : à côté de la souffrance-châtiment (les trois amis) et de la souffrance par solidarité (Eliphaz, dans 4.12-16, il y a la souffrance dispensée par amour, comme l’écharde envoyée à saint Paul pour le maintenir dans l’humilité malgré l’excellence de ses révéla tions (Elihu, 33.14-29). Il est vrai qu’il y a une quatrième espèce de souffrance encore, celle qui fournit à la créature l’occasion de donner raison à Dieu contre l’adversaire par la fidélité qu’elle déploie dans des maux mêmes qu’elle ne comprend pas. Mais c’était là le secret de Dieu et de l’auteur.5 Que Dieu approuve Elihu, c’est ce qui résulte du fait que Job n’est point appelé à intercéder en sa faveur. Mais qu’il y ait une vérité supérieure encore à celle qu’Elihu a proclamée, c’est ce que montre l’épilogue. Dieu ne fait pas connaître cette vérité-là par des paroles, comme s’il avait à se justifier ; il parle par des faits. Pour nous donc, les six chapitres qui reproduisent les discours d’Elihu sont une partie intégrante et essentielle du poème. D’ailleurs la jalousie extrême avec laquelle les Juifs gardaient les produits de leur littérature sacrée ne nous permet guère de nous représenter une pareille intercalation réussissant à jouir de la confiance de tous et s’introduisant sans protestation dans un poème excellent, qu’elle ne fait, dit-on, que de gâter.
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1Le livre de Job, 3e édition, page XXVI.
2Etudes bibliques, Ancien Testament, pages 2,15-216.
3Le livre de Job, page XXXI.
4F. Godet, Etudes bibliques, Ancien Testament, page 217 et suivantes. Voir un peu plus loin, page 219, une hypothèse relative à la détermination de l’auteur de notre livre.
« Quand donc, demanderons-nous, un pont si large a-t-il été jeté sur l’abîme qui séparait Israël des autres peuples, qu’à l’époque du glorieux règne du roi le moins hébreu de tous les rois juifs, alors que les vaisseaux de Salomon cinglaient de la mer Rouge aux rivages de Tharsis, et que ses marchands conduisaient leurs caravanes jusque, dans l’intérieur de l’Orient ? Quand le regard de l’Israélite s’est-il porté aussi loin jusqu’au moment de la captivité ? Quand a-t-il embrassé, avec autant d’espace, autant de connaissances dans tous les domaines de l’art et de la nature ? L’antique bénédiction, qui d’Abraham devait s’étendre sur toutes les nations, n’a jamais semblé plus près qu’alors de toucher à sa réalisation. » (J. Sandoz, Revue chrétienne, 1859, page 99.)
5« La souffrance est la suprême éducatrice de l’homme moral. Dieu fait plus que la permettre ; il la veut, il la dispense et la mesure suivant les besoins de ceux qu’il afflige. Il permet que le malheur atteigne l’homme pieux, même dans ses meilleurs moments, au milieu de ses plus sincères efforts vers la sainteté…Mais le but de Dieu n’est pas la souffrance pour elle-même. C’est la foi du juste qu’il faut éprouver…» (J. Sandoz, article cité, page 107.)