Archive pour le 9 septembre, 2010
( PSAUME 130, 1-3) : Pape Benoît (audience 10 aoùt 2005)
9 septembre, 2010du site:
( PSAUME 130, 1-3)
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 10 août 2005
Avoir confiance en Dieu comme l’enfant en sa mère
Lecture: Ps 130, 1-3
1. Nous n’avons écouté que quelques paroles, une trentaine, de l’original en hébreu du Psaume 130. Et pourtant, il s’agit de paroles intenses qui développent un thème cher à toute la littérature religieuse: l’enfance spirituelle. Cela nous fait spontanément penser à sainte Thérèse de Lisieux, à sa « petite voie », à son désir de « demeurer petite » pour « être entre les bras de Jésus » (cf. Manuscrit « C », 2r°-3v°: Oeuvres complètes, Cité du Vatican 1997, pp. 235-236).
Au centre du Psaume, en effet, se découpe l’image d’une mère avec son enfant, signe de l’amour tendre et maternel de Dieu, comme l’avait déjà exprimé le prophète Osée: « Quand Israël était jeune, je l’aimai [...] Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue; je m’inclinais vers lui et le faisais manger » (Os 11, 1.4).
2. Le Psaume s’ouvre par la description d’un comportement contraire à celui de l’enfance, qui est consciente de sa fragilité, mais qui est confiante en l’aide d’autrui. Le Psaume met en scène au contraire le coeur fier, l’orgueil du regard, la « grandeur et les prodiges » (cf. Ps 130, 1). C’est la représentation de la personne orgueilleuse, qui est décrite à travers des termes hébreux qui indiquent l’ »arrogance » et l’ »exaltation », l’attitude arrogante de celui qui regarde les autres avec un sentiment de supériorité, les considérant inférieurs à lui.
La grande tentation de l’orgueilleux, qui veut être comme Dieu, arbitre du bien et du mal (cf. Gn 3, 5), est fortement repoussée par l’orant, qui opte pour la confiance humble et spontanée dans l’unique Seigneur.
3. On passe ainsi à l’image inoubliable de l’enfant et de la mère. Le texte original hébreu ne parle pas d’un nouveau-né, mais d’un « petit enfant » (Ps 130, 2). Or, on sait que dans l’antiquité, au Proche-Orient, le sevrage se situait officiellement aux alentours des trois ans, et était célébré par une fête (cf. Gn 21, 8; 1 S 1, 20-23; 2 M 7, 27).
L’enfant, auquel le Psalmiste fait référence, est lié à la Mère par un rapport désormais plus personnel et intime et non pas par le simple contact physique et la nécessité de se nourrir. Il s’agit d’un lien plus conscient, même s’il est toujours immédiat et spontané. Telle est la parabole idéale de la véritable « enfance » de l’esprit, qui s’abandonne à Dieu non pas de façon aveugle et automatique, mais sereine et responsable.
4. La profession de foi de l’orant s’étend alors à toute la communauté; « Mets ton espoir, Israël, en Yahvé, dès maintenant et à jamais! » (Ps 130, 3). L’espérance naît à présent dans tout le peuple, qui reçoit de Dieu sécurité, vie et paix, et se prolonge du présent vers l’avenir, « dès maintenant et à jamais! ».
Il est facile de continuer la prière en reprenant d’autres voix présentes dans le Psautier, inspirées par la même confiance en Dieu: « Sur toi je fus jeté au sortir des entrailles dès le ventre de ma mère, mon Dieu c’est toi » (Ps 21, 11). « Si mon père et ma mère m’abandonnent, Yahvé m’accueillera » (Ps 26, 10). « Car c’est toi mon espoir, Seigneur, Yahvé, ma foi dès ma jeunesse. Sur toi j’ai mon appui dès le sein, toi ma part dès les entrailles de ma mère » (Ps 70, 5-6).
5. A l’humble confiance s’oppose, comme on l’a vu, l’orgueil. Un écrivain chrétien du IV-V siècle, Jean Cassien, met en garde les fidèles contre la gravité de ce péché, qui « détruit toutes les vertus et ne menace pas seulement les médiocres et les faibles, mais surtout ceux qui sont arrivés au sommet en utilisant leurs forces ». Il poursuit: « Voilà la raison pour laquelle le bienheureux David préserve avec tant de circonspection son coeur jusqu’à oser proclamer devant Celui auquel n’échappait certainement pas les secrets de sa conscience: « Seigneur, que mon coeur ne s’enorgueillisse pas et que mon regard ne s’élève pas avec supériorité; je ne recherche pas de grandes choses, au-delà de mes forces »… Toutefois, bien conscient de la difficulté, même pour les hommes parfaits, de préserver leur coeur, il ne prétend pas s’appuyer sur ses seules capacités, mais supplie par des prières le Seigneur, de l’aider à échapper aux dards de l’ennemi et à ne pas être blessé: « Que le pied des superbes ne m’atteigne » (Ps 35, 12) » (Le istituzioni cenobitiche [Des instituts des cénobites], XII, 6, Abbaye de Praglia, Bresseo di Teolo, Padova 1989, p. 289).
De même, un ancien anonyme des Pères du désert nous a transmis cette déclaration, qui fait écho au Psaume 130: « Je n’ai jamais dépassé mon rang pour marcher plus haut, et je ne me suis jamais troublé lorsque j’ai été humilié, car ma pensée tout entière était occupée par cela: prier le Seigneur de me dévêtir de l’homme ancien » (I Padri del deserto. Detti, Roma 1980, p. 287).
Quand Dieu sera tout en tous…
9 septembre, 2010du site:
http://www.esprit-et-vie.com/article.php3?id_article=1308
Quand Dieu sera tout en tous…
Fr. Gilles-Hervé Masson, o.p.
(Ez 34, 11-12.15-17 – Ps 22 – 1 Co 15, 20-26.28 – Mt 25, 31-46)
Esprit et Vie n°136 – octobre 2005 – 2e quinzaine, p. 33-34.
À chaque fois que nous célébrons l’eucharistie, aux abords des rites de communion, nous reformulons notre espérance : « Nous attendons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ notre Seigneur. » Ce sont là deux choses distinctes et étroitement liées : le bonheur promis, d’une part, la venue du Seigneur de l’autre.
Quant au bonheur : on sait aussi que la version chrétienne du « bonheur » passe par l’apprentissage d’une réalité singulière dont le nom est « béatitude ». Bonheur encore donc, si l’on veut, mais revu et corrigé à la lumière de la Pâque – d’abord celle du Christ – et de tous les creusets que recèle une vie humaine. Tous ces passages inévidents de la vie – autant de pâques – où le bonheur, perpétuellement recherché et désiré, peut sembler impossible, voire passer pour une promesse illusoire ; promesse à laquelle cependant on ne saurait renoncer car on sait qu’illusoire, elle ne l’est certes pas.
Quant à l’avènement du Seigneur, il faut commencer par redire que le Christ est précisément venu (déjà !) pour assurer et rassurer le cœur de l’homme sur ce point précis. C’est l’objet même de son passage dans l’histoire des hommes, et dans l’histoire de chacun.
À chaque moment, il vient, il passe, il dit l’amour de Dieu. Il réactive l’espérance. Il donne tout et il se donne lui-même pour attester que le Dieu mystérieux que la foi confesse se donne à découvrir dans son engagement à nos côtés, sur nos chemins les plus malaisés et les plus incertains.
Il faut le regarder, le Christ, l’écouter. Il faut le suivre dans ses faits et gestes. Il faut lire et relire sa vie. Elle est elle-même comme une parabole à méditer sans cesse pour apprendre « l’espérance qui ne déçoit pas », celle dont la dynamique profonde est celle de l’amour. Et cette dynamique du don s’avère devoir aller jusqu’à affronter la mort, la pâtir pour la vaincre et faire resplendir la vie.
Il se peut pourtant qu’à force de pâtir l’échec, de faire l’expérience de ses propres limites, on éprouve quelque fatigue… Une hymne du bréviaire ne le dit-elle pas : « La chair nous tient, le temps nous dure » ? Et le Salve Regina ne fait-il pas mention, chaque soir, de la « vallée de larmes » que nous traversons ?
Mais justement ce temps qui nous est donné est celui d’une visitation continuée. Celle du Seigneur qui déjà est venu mais encore et sans cesse vient. Et, à la fin des temps, reviendra.
De bout en bout de notre histoire, la Parole de Dieu nous distille le secret de ce que, faute de mieux, nous appellerons ici la « réussite » de l’existence, à savoir : le désir que tout soit selon Dieu, c’est-à-dire que tout soit selon l’amour.
L’épître de Paul ne dit pas autre chose. Dès le premier verset, il rappelle la puissance de vie qui est contenue dans la résurrection du Christ – ou peut-être plus précisément dans la personne du Ressuscité. Mais on ne saurait oublier la mort par laquelle il a dû passer d’abord. C’est-à-dire le signe sous lequel a été placée toute sa vie depuis ses tout premiers commencements jusqu’à son plus extrême achèvement : le signe du don et du don jusqu’au bout.
Ce signe sous lequel est placée la vie du Seigneur est celui sous lequel est appelée à se placer la vie du disciple. La dynamique qui fut celle du Seigneur, doit être mêmement celle de la vie du disciple. Le lavement des pieds, signe du service mutuel comme le simple verre d’eau offert au nom du Christ, signe de la compassion, sont les références qui dotent la vie de sa véritable unité de mesure.
Au fond il est bien clair qu’il n’y a nullement à craindre le retour du juste juge miséricordieux qu’est le Christ. Il est venu pour que nous ayons la vie, qui plus est, en abondance – selon ses propres mots. Là où il y a urgence, c’est à se gagner à la loi de l’Évangile. Elle-même fait la part de ce qui sert le dessein du Roi de l’univers et la part de ce qui s’y oppose. En d’autres termes, pour le redire avec les mots si simples et si sensés de Jean de la Croix : « Au soir de ta vie tu seras jugé sur l’amour. »
L’amour, unique loi du Royaume des cieux, s’instaure en ce monde à la mesure des racines qu’il pousse dans le cœur des disciples. Et le chapitre 25 de l’Évangile selon saint Matthieu ne laisse aucun doute sur les points où il y a urgence à se gagner à l’Évangile : puisque le Verbe s’est fait chair et a manifesté sa Royauté en se faisant serviteur et prochain de tout homme, les disciples doivent en passer par le même chemin. Même si cela exige d’eux le dépassement de leurs propres étroitesses ou égoïsmes. L’avènement du Royaume, la préparation du retour du Seigneur, c’est équivalemment le travail de conversion intérieure et de service fraternel.
Ailleurs saint Paul dit que « la création tout entière aspire à voir la révélation des fils de Dieu… » Il n’est pas indifférent de prendre sa part de cette aspiration et de cultiver le désir de voir ce jour. C’est le programme d’une vie que de s’y gagner « au jour le jour » et de faire en sorte que, dans le temps qui nous est donné, l’amour éternel trouve son chemin et trouve aussi des témoins.
Au bout du chemin : la victoire de la sollicitude de Dieu et la douceur de vivre dans un monde réconcilié où Dieu soit vraiment « tout en tous ». Ce jour sans doute viendra et dans la foi nous l’attendons de cœur ferme. On ne saurait toutefois le préparer dans la crainte. Mieux vaut donc mettre la fin dans les moyens et remplir d’amour, autant que nous le pouvons, le jour d’hui et tous les jours pour ne pas gaspiller le temps et pour pouvoir dire en vérité : « Que ton règne vienne. »
bonne nuit
9 septembre, 2010Granduca di José Luis Hernández Zurdo
http://www.publicdomainpictures.net/browse-category.php?page=360&c=animali&s=10
Saint Isaac le Syrien: « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux »
9 septembre, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100909
Le jeudi de la 23e semaine du temps ordinaire : Lc 6,27-38
Commentaire du jour
Saint Isaac le Syrien (7ème siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série, no. 81 (trad. AELF ; cf trad. Touraille, DDB 1981, p. 395)
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux »
N’essaie pas de distinguer celui qui est digne de celui qui ne l’est pas. Que tous les hommes soient égaux à tes yeux pour les aimer et les servir. Ainsi tu pourras les amener tous au bien. Le Seigneur n’a-t-il pas partagé la table des publicains et des femmes de mauvaise vie, sans éloigner de lui les indignes ? Ainsi tu accorderas les mêmes bienfaits, les mêmes honneurs à l’infidèle, à l’assassin, d’autant plus que lui aussi est un frère pour toi, puisqu’il participe à l’unique nature humaine. Voici, mon fils, un commandement que je te donne : que la miséricorde l’emporte toujours dans ta balance, jusqu’au moment où tu sentiras en toi la miséricorde que Dieu éprouve envers le monde.
Quand l’homme reconnaît-il que son cœur a atteint la pureté ? Lorsqu’il considère tous les hommes comme bons sans qu’aucun lui apparaisse impur et souillé. Alors en vérité il est pur de cœur (Mt 5,8)…
Qu’est-ce que cette pureté ? En peu de mots, c’est la miséricorde du cœur à l’égard de l’univers entier. Et qu’est-ce que la miséricorde du cœur ? C’est la flamme qui l’embrase pour toute la création, pour les hommes, pour les oiseaux, pour les bêtes, pour les démons, pour tout être créé. Quand il songe à eux ou quand il les regarde, l’homme sent ses yeux s’emplir des larmes d’une profonde, d’une intense pitié qui lui étreint le cœur et le rend incapable de tolérer, d’entendre, de voir le moindre tort ou la moindre affliction endurée par une créature. C’est pourquoi la prière accompagnée de larmes s’étend à toute heure aussi bien sur les êtres dépourvus de parole que sur les ennemis de la vérité, ou sur ceux qui lui nuisent, pour qu’ils soient gardés et purifiés. Une compassion immense et sans mesure naît dans le cœur de l’homme, à l’image de Dieu.