Les femmes de la Bible portent l’intuition de Dieu
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8 mars: Journée internationale de la femme
Les femmes de la Bible portent l’intuition de Dieu
Voici une bonne occasion d’ aller fureter du côté de la Bible et placer discrètement en lumière quelques beaux portraits de ces femmes extraordinaires de la Bible
Clair-obscur
On dit que la Bible est rude avec les femmes. Le jugement est trop dur. Dans une société où la femme avait effectivement peu de droit pour beaucoup de devoirs, la Bible a sculpté des portraits d’exception, avec cette intuition majeure : magnifiques, tenaces, parfois fourbes ou astucieuses, ces femmes sont souvent étonnamment ajustées au projet de Dieu.
Elles veillent sur lui comme sur un nouveau né, elles ouvrent large l’espace de Dieu au pays des hommes.
Ouvrant ces portraits, il faut bien parler d’Eve! Beaucoup, pour parler d’elle, ont des mots au parfum de pomme acide. Eve ne mérite peut-être pas tout cela. Quand elle apparaît, ils sont deux à chercher tant bien que mal les chemins de Dieu, l’oreille encore si mal affinée à sa voix…
On retiendra qu’Eve est nommée, au terme du récit de la Genèse, « mère des vivants » (Gn 3). Car c’est toujours de vie que parle la Bible.
La Genèse voit alors défiler de grandes figures, avec lesquelles nous parcourons les premiers sables bibliques, étonnés. Ainsi Sarah, déjà vieille, rit de ce qu’elle entend de l’étranger qui passe et dans lequel le lecteur reconnaît l’ange de Dieu.
Il parle de naissance alors qu’elle se sent toute sèche, trop vieille pour rouvrir le chapitre des imprévus et de la vie. Elle rit. Et l’enfant qui naîtra d’elle, puisqu’elle enfantera, s’appellera l’enfant du rire, selon le jeu de mots hébreu qui entoure le nom d’Isaac (Gn 18).
Tenaces pour veiller sur la vie.
Puis vient Rébecca, qui entre dans l’histoire d’Isaac par la porte du courage et de la fidélité à l’accueil, au respect de l’étranger de passage, à la vie. Elle ne ménage pas sa peine au bord du puits, pour les chameaux de l’étranger qui arrive.
Bien lui en prend, car c’était pour lui le signe attendu. Et il la ramène vers Isaac, son maître, qui désirait une femme prête à un grand rêve, à une histoire où Dieu aurait sa place. Rébecca épouse Isaac.(Gn 24).
Bien sûr on se souvient de sa rouerie quand Jacob devenu vieux et rendu aveugle par l’âge, doit donner sa bénédiction à l’aîné, Esaü. Elle, de ces deux jumeaux terribles, semble préférer Jacob, et l’aide à obtenir la bénédiction paternelle qui échappe à Esaü. Celui-ci pleure de s’être fait ainsi ravir la bénédiction de l’aîné. Ainsi Rébecca aide son fils Jacob, l’assoiffé de bénédiction et de Dieu !…(Gn 27).
Mais traversons ainsi le temps, et voici Myriam, qui aime tellement chanter qu’elle emporte tout le monde dans son chant. Le temps a passé depuis Rébecca. Le peuple a connu la servitude d’Egypte. Et si Myriam entreprend de chanter son étonnement pour Dieu, c’est que le peuple a traversé la mer sous la conduite de Moïse, son frère (Ex 15).
Son chant est le premier grand, immense cantique du peuple de la Bible, au Dieu qui fait franchir la mort.
Franchissons les siècles. Et l’on aimerait ne pas oublier Rahab, la prostituée de Jéricho, qui a l’oreille fine à la « parole du Seigneur » (Jos 2) ! Rahab, la merveilleuse païenne qui ouvre ainsi les portes de Jéricho aux envoyés de Dieu, pour que le peuple qu’il aime entre en terre promise
Ruth a une histoire différente. Elle est du pays de Moab. Elle est étrangère et a épousé un fils du pays de Juda venu par là, mais a connu très vite le veuvage. Par fidélité à sa belle-mère, ou peut-être par amour pour son amour qui n’est plus, elle vient au pays de Juda.
La Bible dit avec gratitude et presque tendresse sa fidélité à la Parole de Dieu ! Parvenue au pays de Juda, elle ira errer en pauvresse sur les champs moissonnés par Booz, pour y glaner. Elle glanera gros, puisque Booz la remarque et la choisit pour en faire sa femme.
D’eux naîtront Jessé et sa lignée, l’arbre de Jessé, l’arbre généalogique de David et… du Messie. La tradition juive chantera la foi de Ruth — mais de quelle nature est-elle exactement ? —, devenue ainsi en sa ténacité et sa fidélité, l’ancêtre du Messie.(cf. livre de Ruth).
Et il nous faut aller plus loin vers le Nord, aux confins de la terre du Liban, un siècle plus tard peut-être. Comment ne pas évoquer en effet cette autre figure merveilleuse, de la femme que rencontre le prophète Elie au temps de la sécheresse et de la famine. On ne sait rien d‘elle, pas même son nom, juste sa peine, elle que l’on appelle simplement la veuve de Sarepta. Elie lui demande à manger et, alors que ce sont ses dernières ressources avant de mourir, elle et son fils, elle donne son reste de farine et d’huile.
Comme si elle pressentait que l’identité même de Dieu est résurrection, vie plus grande, plus forte que la mort, et qu’avec ce Dieu là au cœur, on peut donner (1 R 17) !
On comprend, à regarder la vie de ces femmes trempées au rythme de Dieu, que les prophètes aient aimé comparer Jérusalem à une femme. Une femme dévoyée quand c’est le péché qui emporte le cœur de Jérusalem. Une veuve dévorée par le chagrin au temps de l’Exil, une femme resplendissante de beauté au temps où Dieu ramène son peuple des terres du mal et de l’Exil.
L’accueil de Dieu sans réserves
Marie, dans le Nouveau Testament, sera cette grâce venue du ciel et habitant au pays des hommes. Une disponibilité intégrale à la Parole, au point qu’en elle la Parole venue de Dieu se fait chair. Et l’humanité passe de façon nouvelle aux saisons de Dieu, ouvrant le temps pour chaque homme, chaque être, d’un enfantement.
D’autres femmes splendides traversent avec discrétion les évangiles, le temps de semer la vie, d’accueillir le pardon, de renaître, d’aimer. On pense à toutes ces Marie dont les visages se sont fondus, au fil de la tradition, avec celui de Madeleine, celle dont on dit tout aujourd’hui, au rythme des films et des romans. Elle a simplement laissé saisir sa vie pour que s’y inscrive, avec le pardon, la résurrection de Jésus.
Il est des êtres de lumière qui éveillent ainsi l’humanité et la sauvent. On reconnaîtra en eux la parole de Dieu, énoncée sans ombre, au cœur de notre histoire.
Jacques Nieuviarts
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