5 septembre 2010 – 23e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie

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5 septembre 2010 – 23e dimanche du Temps Ordinaire

Famille de saint Joseph

Homélie-Messe 

La première lecture de ce 23ème dimanche du temps ordinaire nous enseigne que c’est en écoutant « la Sagesse que les hommes ont appris ce qui plaît à Dieu et ont été sauvés ». Or nous savons que dans la Bible, la Sagesse de Dieu s’identifie avec sa Parole. Dès lors, écouter la Sagesse se révèle être la caractéristique première du disciple du Christ qui est la Parole de Dieu faite chair.

Ce n’est pourtant pas sur la qualité d’écoute du disciple que Jésus insiste dans l’évangile de ce dimanche. Il s’attache plutôt à expliciter les renoncements auxquels il doit consentir pour mettre ses pas dans les siens : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. » Le renoncement auquel est appelé le disciple est radical. Il inclut non seulement ses biens, ses affections les plus légitimes mais aussi l’entière mise à disposition de sa personne jusqu’à sa propre vie.

Notre Seigneur ajoute même : « Quiconque ne porte pas sa croix et ne vient pas derrière moi ne peut être mon disciple ». Porter sa croix renvoie ici à un style de vie permanent plus qu’à l’acceptation d’un événement ponctuel de sa vie. Porter sa croix s’apparente à une sorte de pédagogie qui nous conduit, à la suite du Christ, à vivre les souffrances, les épreuves et les injustices comme autant d’occasions de nous ouvrir toujours plus à l’amour plutôt que de nous refermer sur nos rancœurs, nos révoltes et nos colères. Fondamentalement, porter notre croix à la suite de Jésus nous guérit peu à peu de cette terrible maladie que Jésus appelle dans l’évangile « la sclérocardia », c’est-à-dire la sclérose, la fermeture et paralysie, dans laquelle se trouve notre cœur lorsqu’il se replie sur lui-même, particulièrement lorsqu’il est confronté à la souffrance, et qu’il finit par ne plus se trouver capable d’aimer.

Marcher à la suite du Christ n’est donc pas à prendre à légère et il s’agit de s’assurer de pouvoir mener cette entreprise jusqu’au bout. C’est ce à quoi nous invite les deux paraboles que Jésus raconte pour prolonger son propos.
Avant de se décider à suivre Jésus, il faut repérer ses véritables ressources et ses véritables forces pour comprendre en réalité qu’elles se ramènent à une seule : la présence de notre Seigneur Jésus-Christ en chacun de nous. Calculer ses ressources et ses forces revient en fin de compte à réaliser que bien des choses nous encombrent et à s’en débarrasser pour nous appuyer uniquement sur notre véritable richesse : le Christ. S’engager à la suite du Christ passe donc bien par un renoncement qui nous conduit à ne compter que sur le Christ, ne rien lui préférer c’est-à-dire ne rien mettre avant lui et tout orienter vers lui.
Parmi ce dont nous avons à nous détacher, nous pensons sans doute très vite à tel bien matériel, à telle affection qui n’est pas tout à fait ordonnée, à tel souci qui trahit une trop grande préoccupation de nous-mêmes.
Peut-être existent-ils des attachements plus subtiles ? N’ayons pas peur de demander au Seigneur de nous aider à prendre conscience de ces liens. Jésus ne parle pas ainsi dans l’évangile pour nous effrayer ou nous décourager ; mais après avoir insisté sur l’urgence d’un choix résolu pour le Royaume, qui seul donne sens à notre vie, il nous invite tout aussi instamment à prendre les moyens pour arriver au but en devenant ses disciples. Ce que nous laisserons, nous serons de toute façon amenés à le laisser au soir de notre vie parce que cela fera obstacle à notre entrée dans la pleine liberté des fils de Dieu. A suivre le Christ, on ne perd donc rien, on gagne tout. Comme le soulignait Benoît XVI dans l’homélie de la messe d’inauguration de son pontificat : « Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Dans cette amitié seulement s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. N’ayez pas peur du Christ ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ, et vous trouverez la vraie vie. Amen » (Benoît XVI, 24 avril 2005).

« Seigneur, dans la confiance, nous voulons t’abandonner toutes les peurs de mettre nos pas dans les tiens, peur d’être dépossédés d’une part de notre vie, peur de nous retrouver privés de liberté, peur de devoir souffrir, mais aussi la peur de ne pas être capables, de ne pas vouloir vraiment marcher à ta suite et devenir tes disciples. Seigneur, nous ne pouvons t’offrir que le seul ‘désir de notre désir de te suivre’ et nous t’ouvrons les portes de notre cœur. Seigneur, nous sommes sûrs que cela te suffit. Viens à notre rencontre pour que nous trouvions dans ton amour la force de mettre nos pas dans les tiens et que nous demeurions unis à toi à jamais. »
Frère Elie

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