Archive pour août, 2010

Pape Benoît: Audience générale du 11 août 2010 : Le martyre

21 août, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-25149?l=french

Audience générale du 11 août 2010 : Le martyre

Texte intégral

ROME, Jeudi 19 août 2010 (ZENIT.org) – Le martyre est une « forme d’amour total pour Dieu », a fait observer Benoît XVI lors de l’audience générale du mercredi 11 août, qui s’est tenue dans la cour du palais pontifical de Castel Gandolfo.

Chers frères et soeurs,
Aujourd’hui, dans la liturgie, nous rappelons sainte Claire d’Assise, fondatrice des Clarisses, figure lumineuse dont je parlerai dans l’une des prochaines catéchèses. Mais au cours de cette semaine – comme je l’avais déjà mentionné dans l’Angelus de dimanche dernier – nous rappelons également la mémoire de plusieurs saints martyrs, aussi bien des premiers siècles de l’Eglise, comme saint Laurent, diacre, saint Pontien, Pape, et saint Hippolyte, prêtre; que d’une époque plus proche de nous, comme sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein, patronne de l’Europe, et saint Maximilien Marie Kolbe. Je voudrais donc m’arrêter brièvement sur le martyre, forme d’amour total pour Dieu.

Sur quoi se fonde le martyre? La réponse est simple: sur la mort de Jésus, sur son sacrifice suprême d’amour, consommé sur la Croix afin que nous puissions avoir la vie (cf. Jn 10, 10). Le Christ est le serviteur souffrant dont parle le prophète Isaïe (cf. Is 52, 13-15), qui s’est donné lui-même en rançon pour une multitude (cf. Mt 20, 28). Il exhorte ses disciples, chacun de nous, à prendre chaque jour sa propre croix et à le suivre sur la voie de l’amour total pour Dieu le Père et pour l’humanité: « Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas – nous dit-il – n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera » (Mt 10, 38-39). C’est la logique du grain de blé qui meurt pour germer et porter la vie (cf. Jn 12, 24). Jésus lui-même « est le grain de blé venu de Dieu, le grain de blé divin, qui se laisse tomber sur la terre, qui se laisse ouvrir, briser dans la mort et, précisément à travers cela, il s’ouvre et peut ainsi porter du fruit dans l’immensité du monde » (Benoît XVI, Visite à l’Eglise luthérienne de Rome, 14 mars 2010; cf. ORLF n. 12 du 23 mars 2010). Le martyr suit le Seigneur jusqu’à la fin, en acceptant librement de mourir pour le salut du monde, dans une épreuve suprême de foi et d’amour (cf. Lumen gentium, n. 42).

Encore une fois, d’où naît la force pour affronter le martyre? De l’union profonde et intime avec le Christ, car le martyre et la vocation au martyre ne sont pas le résultat d’un effort humain, mais ils sont la réponse à une initiative et à un appel de Dieu, ils sont un don de sa grâce, qui rend capables d’offrir sa propre vie par amour au Christ et à l’Eglise, et ainsi au monde. Si nous lisons les vies des martyrs, nous sommes étonnés par leur sérénité et leur courage en affrontant la souffrance et la mort: la puissance de Dieu se manifeste pleinement dans la faiblesse, dans la pauvreté de celui qui se confie à Lui et ne place qu’en Lui son espérance (cf. 2 Co 12, 9). Mais il est important de souligner que la grâce de Dieu ne supprime pas et n’étouffe pas la liberté de celui qui affronte le martyre, mais au contraire l’enrichit et l’exalte: le martyr est une personne souverainement libre, libre à l’égard du pouvoir, du monde; une personne libre, qui à travers un acte unique définitif, donne toute sa vie à Dieu, et dans un acte suprême de foi, d’espérance et de charité, s’abandonne entre les mains de son Créateur et Rédemp- teur; elle sacrifie sa propre vie pour être associée de manière totale au Sacrifice du Christ sur la Croix. En un mot, le martyre est un grand acte d’amour en réponse à l’amour im- mense de Dieu.

Chers frères et soeurs, comme je le disais mercredi dernier, nous ne sommes probablement pas appelés au martyre, mais aucun de nous n’est exclu de l’appel divin à la sainteté, à vivre le haut degré de l’existence chrétienne et cela implique de se charger chaque jour de la croix. Nous tous, en particulier à notre époque où semblent prévaloir l’égoïsme et l’individualisme, nous devons assumer comme premier engagement fondamental celui de croître chaque jour dans un amour toujours plus grand pour Dieu et nos frères, afin de transformer notre vie et de transformer ainsi également notre monde. Par l’intercession des saints et des martyrs, nous demandons au Seigneur d’enflammer notre coeur pour être capables d’aimer comme Il a aimé chacun de nous.

Le pape adressait les paroles suivantes aux pèlerins de langue française:

Je suis heureux de saluer les pèlerins francophones présents ce matin et plus particulièrement le groupe de l’Ecole normale supérieure de Paris et les pèlerins venus de la République centrafricaine. Cette semaine nous donne de célébrer plusieurs martyrs insignes. Que leurs vies données soient pour chacun un exemple de courage et de foi en réponse à l’immense acte d’amour du Christ sur la croix! Puissiez-vous passer d’excellentes vacances!

L’Osservatore Romano – édition en langue française du 17 août 2010

bonne nuit et…bon samedi

21 août, 2010

bonne nuit et...bon samedi dans image bon nuit, jour, dimanche etc. 1-1254987131FMLF
http://www.publicdomainpictures.net/browse-category.php?c=paesaggio&s=12

Saint Isaac le Syrien: « Qui s’abaissera sera élevé »

20 août, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100821

Le samedi de la 20e semaine du temps ordinaire : Mt 23,1-12
Commentaire du jour
Saint Isaac le Syrien (7ème siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série n°49 (trad. DDB 1981, p.273)

« Qui s’abaissera sera élevé »

      La providence de Dieu, qui veille à donner à chacun de nous ce qui lui est bon, a mené à nous toutes choses pour nous porter à l’humilité. Car si tu t’enorgueillis des grâces de la providence, celle-ci t’abandonne, et tu retombes… Sache donc qu’il ne t’appartient pas, ni à toi ni à ta vertu, de résister aux tendances mauvaises, mais que seule la grâce te tient dans sa main, pour que tu ne craignes pas… Gémis, pleure, souviens-toi de tes fautes au temps de ton épreuve afin d’être délivré de l’orgueil et d’acquérir l’humilité. Cependant ne désespère pas. Prie Dieu humblement de pardonner tes péchés.

      L’humilité, même sans les œuvres, efface beaucoup de fautes. Mais au contraire les œuvres sans elle ne servent à rien ; elles nous préparent même bien des maux. Obtiens donc par l’humilité le pardon de tes injustices. Ce que le sel est à toute nourriture, l’humilité l’est à toute vertu. Elle peut briser la force de nombreux péchés… Si nous la possédons, elle fait de nous des fils de Dieu, et elle nous mène à Dieu sans même le secours des œuvres bonnes. C’est pourquoi en dehors d’elle toutes nos œuvres sont vaines, sont vaines toutes les vertus, et sont vaines toutes les peines.

Ezechiel the prophet, events and portraits

20 août, 2010

 Ezechiel the prophet, events and portraits      dans images sacrée

http://www.artbible.net/1T/Eze0101_Ezechiel/index_4.htm

Si Dieu est miséricordieux, pourquoi la Bible contient-elle des menaces? ?

20 août, 2010

du site:

http://www.taize.fr/fr_article4815.html

Si Dieu est miséricordieux, pourquoi la Bible contient-elle des menaces? ?

La Bible nous dessine le portrait d’un Dieu qui est Amour et qui veut pour les humains une vie surabondante. Si cette certitude vient à nous grâce au Christ Jésus, elle se trouve déjà en filigrane dans les Écritures d’Israël. La Bible commence par le récit de la création, mettant en scène un Dieu qui, loin de garder ses biens jalousement pour lui, désire tout partager avec les autres êtres qu’il appelle à l’existence. Nous trouvons par la suite le cœur de la foi d’Israël, l’épopée de Dieu qui libère un groupe d’esclaves et en fait son peuple à lui, appelé à être, par la qualité de leur vie ensemble, un signe de sa présence et de sa compassion au milieu de sa création.

Même plus : Dieu ne renonce jamais à son projet d’amour. Quand son peuple s’éloigne de lui, il continue à chercher le moyen de le remettre sur le bon chemin. Toujours prêt à pardonner, à la différence des humains (voir Isaïe 55, 6-9), il se révèle comme « ?le Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité? » (Psaume 86, 15). Si l’on décrit Dieu comme « ?lent à la colère? », peut-il se mettre quand même en colère? ? Lors de la traversée du désert, nous lisons à plusieurs reprises que « ?la colère du Seigneur s’enflamma contre son peuple? » désobéissant (Nombres 11,33? ; cf. 11, 1? ; 12, 9). En outre, dans les livres prophétiques, nous voyons parfois les hommes de Dieu s’insurger contre les fautes du peuple avec verve et même un certain emportement. Or, de nos jours, on voit mal comment les menaces et la colère pourraient aller de pair avec un Dieu de tendresse et de pardon.

Il ne faut pas, cependant, voir « ?la colère de Dieu? » et son pardon comme diamétralement opposés, mais plutôt comme les deux faces d’une seule et même réalité. La notion de « ?colère? », appliquée à Dieu, veut souligner le fait que son amour ne saurait rien tolérer qui fasse obstacle à la vie ou la détruise, en bref ce qu’on appelle le mal. Si Dieu aime véritablement, il ne peut rester indifférent en voyant cet amour bafoué, rejeté, car ce serait alors se résigner au fait que va échouer le dessein de donner la vie en plénitude.

Quand la Bible nous présente des paroles apparemment dures, elles sont à interpréter comme le cri du cœur – de Dieu ou de son porte-parole – indiquant les conséquences du rejet d’un amour toujours offert. Loin de contredire l’amour, ce qu’on appelle « ?la colère de Dieu? » est paradoxalement une expression de cet amour, mis provisoirement en échec par la liberté humaine. Mais alors la question se pose : si Dieu est Amour, cet amour ne doit-il pas à la fin vaincre toutes les résistances? ? Le vrai problème n’est pas tant de savoir s’il y a de la colère en Dieu, mais comment cette colère peut être efficace, éliminant le mal sans faire violence à la liberté de son vis-à-vis.

L’Évangile permet-il de résoudre le dilemme d’un amour refusé? ?
La vision biblique de Dieu semble nous placer devant un dilemme : d’un côté Dieu ne peut qu’aimer, de l’autre il ne peut tolérer le mal. Dans le langage de la Bible, l’amour divin semble voué à se dédoubler en miséricorde et en colère, sans que l’une ne puisse jamais recouvrir totalement l’autre.

C’est l’expérience des prophètes qui indique une issue à ce dilemme. D’abord celle d’Osée, lui qui est obligé d’épouser une femme infidèle. Blessé par l’infidélité de son épouse, le prophète la menace, mais il se rend vite compte qu’à cause de son amour pour elle, en lui faisant mal il se ferait autant – si ce n’est plus – de mal à lui-même. Il saisit ainsi que ce que les humains éprouvent comme la colère divine n’est en fait que la face extérieure de la souffrance qu’a Dieu de voir son amour rejeté.

Le prophète Jérémie poursuit dans cette ligne. Face au refus du peuple d’écouter les mises en garde qu’il doit proclamer au nom de Dieu, Jérémie est écartelé en sa propre chair par l’opposition entre les deux : « ?Que mes yeux versent des larmes, jour et nuit sans tarir, car d’une grande blessure est blessée la vierge fille de mon peuple? » (14, 17). Il devient, par sa douleur intérieure, le trait d’union entre ses compatriotes et son Dieu. Encore un pas, et nous arrivons à la figure mystérieuse du Serviteur du Seigneur (Isaïe 53). Tout comme Jérémie, cet homme innocent, l’envoyé de Dieu, prend sur lui la souffrance inavouée des coupables, mais en plus, cette souffrance assumée permet leur guérison. C’est comme si le pardon pouvait seulement arriver à son but s’il ne tombe pas d’en haut mais passe par le bas, s’il s’exprime par une solidarité vécue avec les faiseurs de mal, jusqu’au bout.

Cette évolution nous donne la clef pour comprendre le sort de Jésus : « ?Le Christ a souffert pour vous […] lui qui n’a pas commis de faute? ; lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice? ; lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice? ; lui dont la meurtrissure vous a guéris? » (1 Pierre 2,21-24).

Dans le don de la vie du Christ, nous entrevoyons ainsi ce que saint Jean, dans un raccourci saisissant, appelle « ?la colère de l’Agneau? » (Apocalypse 6, 16). Si la « ?colère divine? » est un autre nom pour la passion d’un amour refusé, cet amour peut être efficace uniquement s’il assume pleinement les conséquences d’un tel refus. La colère doit donc se muer en souffrance par solidarité, s’identifiant ainsi à l’extrême de la miséricorde. N’offrant aucune résistance au mal, le Christ l’engouffre dans un abîme de bonté. La mort perd son aiguillon (voir 1 Corinthiens 15, 54-57) pour devenir un chemin vers la Vie.

Si Dieu est miséricordieux, pourquoi la Bible contient-elle des menaces? ?
La Bible nous dessine le portrait d’un Dieu qui est Amour et qui veut pour les humains une vie surabondante. Si cette certitude vient à nous grâce au Christ Jésus, elle se trouve déjà en filigrane dans les Écritures d’Israël. La Bible commence par le récit de la création, mettant en scène un Dieu qui, loin de garder ses biens jalousement pour lui, désire tout partager avec les autres êtres qu’il appelle à l’existence. Nous trouvons par la suite le cœur de la foi d’Israël, l’épopée de Dieu qui libère un groupe d’esclaves et en fait son peuple à lui, appelé à être, par la qualité de leur vie ensemble, un signe de sa présence et de sa compassion au milieu de sa création.

Même plus : Dieu ne renonce jamais à son projet d’amour. Quand son peuple s’éloigne de lui, il continue à chercher le moyen de le remettre sur le bon chemin. Toujours prêt à pardonner, à la différence des humains (voir Isaïe 55, 6-9), il se révèle comme « ?le Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité? » (Psaume 86, 15). Si l’on décrit Dieu comme « ?lent à la colère? », peut-il se mettre quand même en colère? ? Lors de la traversée du désert, nous lisons à plusieurs reprises que « ?la colère du Seigneur s’enflamma contre son peuple? » désobéissant (Nombres 11,33? ; cf. 11, 1? ; 12, 9). En outre, dans les livres prophétiques, nous voyons parfois les hommes de Dieu s’insurger contre les fautes du peuple avec verve et même un certain emportement. Or, de nos jours, on voit mal comment les menaces et la colère pourraient aller de pair avec un Dieu de tendresse et de pardon.

Il ne faut pas, cependant, voir « ?la colère de Dieu? » et son pardon comme diamétralement opposés, mais plutôt comme les deux faces d’une seule et même réalité. La notion de « ?colère? », appliquée à Dieu, veut souligner le fait que son amour ne saurait rien tolérer qui fasse obstacle à la vie ou la détruise, en bref ce qu’on appelle le mal. Si Dieu aime véritablement, il ne peut rester indifférent en voyant cet amour bafoué, rejeté, car ce serait alors se résigner au fait que va échouer le dessein de donner la vie en plénitude.

Quand la Bible nous présente des paroles apparemment dures, elles sont à interpréter comme le cri du cœur – de Dieu ou de son porte-parole – indiquant les conséquences du rejet d’un amour toujours offert. Loin de contredire l’amour, ce qu’on appelle « ?la colère de Dieu? » est paradoxalement une expression de cet amour, mis provisoirement en échec par la liberté humaine. Mais alors la question se pose : si Dieu est Amour, cet amour ne doit-il pas à la fin vaincre toutes les résistances? ? Le vrai problème n’est pas tant de savoir s’il y a de la colère en Dieu, mais comment cette colère peut être efficace, éliminant le mal sans faire violence à la liberté de son vis-à-vis.

L’Évangile permet-il de résoudre le dilemme d’un amour refusé? ?
La vision biblique de Dieu semble nous placer devant un dilemme : d’un côté Dieu ne peut qu’aimer, de l’autre il ne peut tolérer le mal. Dans le langage de la Bible, l’amour divin semble voué à se dédoubler en miséricorde et en colère, sans que l’une ne puisse jamais recouvrir totalement l’autre.

C’est l’expérience des prophètes qui indique une issue à ce dilemme. D’abord celle d’Osée, lui qui est obligé d’épouser une femme infidèle. Blessé par l’infidélité de son épouse, le prophète la menace, mais il se rend vite compte qu’à cause de son amour pour elle, en lui faisant mal il se ferait autant – si ce n’est plus – de mal à lui-même. Il saisit ainsi que ce que les humains éprouvent comme la colère divine n’est en fait que la face extérieure de la souffrance qu’a Dieu de voir son amour rejeté.

Le prophète Jérémie poursuit dans cette ligne. Face au refus du peuple d’écouter les mises en garde qu’il doit proclamer au nom de Dieu, Jérémie est écartelé en sa propre chair par l’opposition entre les deux : « ?Que mes yeux versent des larmes, jour et nuit sans tarir, car d’une grande blessure est blessée la vierge fille de mon peuple? » (14, 17). Il devient, par sa douleur intérieure, le trait d’union entre ses compatriotes et son Dieu. Encore un pas, et nous arrivons à la figure mystérieuse du Serviteur du Seigneur (Isaïe 53). Tout comme Jérémie, cet homme innocent, l’envoyé de Dieu, prend sur lui la souffrance inavouée des coupables, mais en plus, cette souffrance assumée permet leur guérison. C’est comme si le pardon pouvait seulement arriver à son but s’il ne tombe pas d’en haut mais passe par le bas, s’il s’exprime par une solidarité vécue avec les faiseurs de mal, jusqu’au bout.

Cette évolution nous donne la clef pour comprendre le sort de Jésus : « ?Le Christ a souffert pour vous […] lui qui n’a pas commis de faute? ; lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice? ; lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice? ; lui dont la meurtrissure vous a guéris? » (1 Pierre 2,21-24).

Dans le don de la vie du Christ, nous entrevoyons ainsi ce que saint Jean, dans un raccourci saisissant, appelle « ?la colère de l’Agneau? » (Apocalypse 6, 16). Si la « ?colère divine? » est un autre nom pour la passion d’un amour refusé, cet amour peut être efficace uniquement s’il assume pleinement les conséquences d’un tel refus. La colère doit donc se muer en souffrance par solidarité, s’identifiant ainsi à l’extrême de la miséricorde. N’offrant aucune résistance au mal, le Christ l’engouffre dans un abîme de bonté. La mort perd son aiguillon (voir 1 Corinthiens 15, 54-57) pour devenir un chemin vers la Vie.

Dernière mise à jour : 26 mai 2007

Pour la fête de l’Assomption

20 août, 2010

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=153

Édouard Cothenet

Pour la fête de l’Assomption

La fête du 15 août constitue l’une des fêtes mariales les plus populaires. La date nous ramène à l’usage de l’Église de Jérusalem, car une fête en l’honneur de Marie y est attestée dès le début du Ve siècle. L’empereur Maurice (582-602) étendit la fête à tout l’empire comme fête de la Dormition de Marie. En Occident, ce fut le pape Serge Ier, syrien d’origine, qui composa, vers 700, un beau formulaire pour la fête. En voici le texte : « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné » (Traduction de Dom B. CAPELLE).
Retenons l’origine de la fête, à Jérusalem. Toutes sortes de récits légendaires se sont développés, qu’on regroupe sous le titre général de transitus (« passage »). Ils sont attestés dans toutes les langues du christianisme ancien : grecque, syriaque, latine, copte, arabe, éthiopienne, géorgienne, arménienne, sans compter les textes plus récents en vieil anglais ou en irlandais, et, pour la France, le récit fait par Grégoire de Tours [1]. Ces récits manifestent une grande diversité dans la représentation de la mort de Marie, les uns tenant pour une préservation de son corps contre la corruption, les autres pour la résurrection anticipée. Établir l’origine et la filiation de ces multiples narrations est une tâche fort délicate, qui demande que soient publiés tous les textes dans le foisonnement de leurs variantes. Bornons-nous à un constat : ces textes sont unanimes à placer la maison de Marie soit à Jérusalem, soit à Bethléem et à localiser son tombeau, maintenant vide, dans la vallée du Cédron. Ce sont les Arméniens qui, aujourd’hui encore, en ont la garde. Inutile de préciser que la localisation de la maison de Marie à Éphèse ne repose que sur une fausse interprétation d’un texte du concile d’Éphèse (431) et n’a pour soutien que les admirateurs des visions de Catherine Emmerich.
Le dogme catholique de l’Assomption ne repose pas sur ces transitus, qui ont bien souvent soulevé la protestation des théologiens, mais sur le lien que la tradition a reconnu entre la maternité divine de Marie et sa pleine association à son Fils dans sa gloire. Rappelons le texte de la constitution conciliaire Lumen Gentium : « Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort » (n°59).
L’étude des divers transitus n’en est pas moins très intéressante : ce sont de précieux témoignages de la piété populaire envers Marie et la source d’inspiration pour les artistes. Soyons donc reconnaissants à Simon Cl. MIMOUNI [2] et Sever J. VOICU [3] de nous donner une traduction annotée [4] de la famille grecque des transitus. Initiative d’autant plus appréciable qu’on ne trouve plusieurs passages de ces textes que dans des ouvrages très spécialisés.
 
La tradition grecque de la dormition et de l’Assomption de Marie
Ce recueil rassemble, en effet, une série de textes qui ont entre eux de nombreux points en commun :

 D’abord le « Discours de saint Jean le théologien sur la dormition de la sainte Mère de Dieu ». En fait, il s’agit d’un récit mis sous le patronage de saint Jean, de beaucoup le plus répandu dans les Églises d’Orient. Avec une annotation plus brève, on en trouve la traduction dans le tome Ier des Écrits apocryphes chrétiens (Paris, Éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1997, p. 165-188).
 Le transitus grec « R », édité par A. WENGER, sur la base d’un seul manuscrit, dans le livre L’Assomption de la T. S. Vierge dans la tradition byzantine du Vie au Xe siècle ; Études et documents (Paris, 1955), p. 210-240..
 Le Discours de Jean de Thessalonique (décédé en 630) sur la dormition, avec les diverses variantes attestant l’évolution des croyances sur le sort de Marie après sa mort et un Epitomé (= « résumé »), destiné à la lecture liturgique pour la fête de la dormition.
 L’homélie sur l’Assomption attribuée à Théoteknos de Livias (évêché de la vallée du Jourdain), connue par un seul manuscrit édité par A. WENGER qui la date d’avant la conquête musulmane.
Dans cette série, les seuls textes qui aient connu une large diffusion sont les Discours de Jean l’Évangéliste et de Jean de Thessalonique.

À la suite de ces auteurs, caractérisons les points communs à la tradition grecque de la dormition :
a. annonce de la dormition à Marie par un ange (d’ordinaire Gabriel) qui lui apporte une palme du paradis, en signe de victoire ;

b. réunion des apôtres qui, dispersés dans le monde, arrivent transportés par les nuées du ciel ;

c. départ de l’âme de Marie au ciel, à la suite d’une apparition de Jésus ;

d. outrage des juifs, notamment de Jéphonias qui veut faire obstacle au cortège funèbre : ses mains, d’abord collées au cercueil, sont guéries miraculeusement après sa profession de foi ;

e. déposition du corps de Marie au tombeau, situé dans la vallée du Cédron et transfert au ciel ;

f. visite du paradis par les apôtres.

Selon ce schéma narratif, un intérêt particulier est apporté à la destinée de l’âme et à celle du corps. Selon le Pseudo-Jean, le Christ, apparaissant à sa mère, lui déclare : « Voici que maintenant ton précieux corps, transféré, sera au paradis, pendant que ton âme sainte sera aux cieux dans les trésors de mon Père, dans une clarté supérieure, où sont la paix et la joie des anges saints et plus encore » (p. 39). Selon la représentation la plus ancienne, le corps de Marie est déposé au paradis, sous l’arbre de vie, pour garantir son incorruptibilité jusqu’au jour de la résurrection générale. L’examen des nombreuses variantes montre les incertitudes sur le moment où l’âme de Marie sera déposée dans son corps virginal, par une résurrection anticipée. Quelles que soient les représentations, nos textes s’accordent sur le fait que le corps de Marie n’est plus dans le tombeau et que Marie, en son âme, jouit du plus grand bonheur.
De précieux index facilitent la consultation de ce recueil qui n’a pas d’équivalent en français. Il n’intéressera pas seulement les spécialistes de la théologie mariale, mais tout autant les historiens de l’art et de la liturgie.
En Occident, l’apocryphe qui a connu la plus large diffusion (quarante-quatre manuscrits) est la traduction latine d’un texte attribué à Méliton de Sardes, disciple de saint Jean [5]. Selon Dom A. WILMART, c’est « la version quasi-officielle de l’Église latine depuis le VIe siècle ». Jacques de Voragine, dans sa célèbre Légende Dorée, s’en inspirera. On y retrouve, dans ses grandes lignes, le même schéma narratif que dans la tradition grecque : la palme du paradis est remise à Marie comme gage de victoire. Tous les apôtres sont convoqués, y compris Paul. Du point de vue théologique, c’est l’épisode final qui présente le plus grand intérêt, car il apporte une réponse aux questions en suspens [6]. Descendu du ciel pour rejoindre les apôtres groupés autour du tombeau de Marie, le Christ les consulte sur le sort à réserver à sa mère. « Seigneur, tu as choisi ta servante pour en faire ta résidence sans tache [immaculatum thalamum]… Il paraîtrait juste à tes serviteurs que, de même qu’ayant vaincu la mort, tu règnes dans la gloire, tu ressuscites le corps de Marie et tu la conduises pleine de joie dans le ciel » (Pseudo-Méliton XVI).
La formule « Il paraîtrait juste » rappelle la première décision des apôtres selon Ac 15, 24 s. Comme juges de la foi, ils expriment donc les arguments théologiques en faveur de l’Assomption : la virginité sans tache, l’union étroite de la Mère et du Fils. Acquiesçant, en quelque sorte, au jugement apostolique, le Christ fait enlever la dalle du tombeau par Michel et déclare à Marie en des termes qui s’inspirent du Cantique des cantiques : « Lève-toi, mon amie ; toi qui n’as pas connu de corruption par le contact de l’homme, tu ne souffriras pas la destruction du corps dans la sépulture » (Pseudo-Méliton XVII).
Le Christ prend congé de ses Apôtres de la même façon que sur la montagne de Galilée selon Mt 28, 20. Il leur promet son assistance perpétuelle, puis il associe sa Mère à la gloire de son ascension : « Ayant dit ces paroles, le Seigneur fut enlevé par une nuée et remonta au ciel, et les anges l’accompagnèrent portant la bienheureuse Marie, Mère de Dieu, au paradis de Dieu » (Pseudo-Méliton XVIII).
L’iconographie de la dormition de Marie s’inspire des traditions orientales. Pour l’Occident, l’influence du Pseudo-Méliton est prépondérante, comme l’a montré E. MÂLE [7]. À titre d’exemple, je citerai ce tympan de l’église Saint-Pierre-le-Puellier, à Bourges, étudiée par le grand historien de l’art, et plus récemment par le restaurateur, H. BOURSIER [8]. Selon E. MÂLE, il est antérieur au tympan de Senlis (1185). Malgré la mutilation subie sans doute au temps des guerres de religion, cinq scènes sont bien visibles, dont l’identification est assurée par une inscription latine. La première scène représente la remise de la palme du paradis par un ange, pour que Marie soit assurée que le prince des ténèbres n’aura aucun pouvoir sur elle. Malheureusement très mutilée, la seconde scène représente les apôtres groupés autour du lit funèbre de Marie. Selon Méliton, le Christ arrive soudain, escorté d’une multitude d’anges et dit à Marie : « Viens, perle très précieuse, entre dans le trésor de la vie éternelle. » La troisième scène correspond à l’attaque d’un grand-prêtre, nommé Jéphonias par le Pseudo-Jean (n° 46) : ses mains restent attachées au cercueil, jusqu’à ce qu’il obtienne la guérison par un acte de foi : « Je crois en Dieu et dans le Fils de Dieu, né de cette femme, et je crois à tout ce que Pierre, l’apôtre de Dieu, m’a dit » (Méliton, XIV, 2). Sur le registre du haut, la quatrième scène, représente deux apôtres tenant le linceul où repose le corps de Marie en vue de l’ensevelissement dans le tombeau. La dernière scène est expliquée par le texte suivant : « Le Fils fait monter la Mère auguste vers le Père. » C’est l’illustration de l’Assomption de Marie : deux anges soutiennent la mandorle lumineuse qui emporte Marie vers le ciel. Quant au thème du couronnement de Marie, il s’est popularisé en Occident à partir du XIIe siècle [9], sans doute sous l’influence du Ps 44/45, utilisé dans la liturgie mariale, mais il n’a pas de correspondant dans les transitus anciens.
Le regain d’intérêt pour l’histoire de l’art religieux nous invite à répertorier les sources d’inspiration des artistes et à rechercher la signification de ces scènes que l’on pourrait considérer comme de purs produits d’une imagination débridée. Un tri s’impose sans aucun doute ; une étude attentive doit pourtant montrer que, sous une forme narrative où surabonde le goût du merveilleux, se cachent de véritables intuitions religieuses en rapport avec les idées du temps. Si cet article, à l’occasion d’un compte-rendu, facilite la compréhension des représentations de la mort et de l’assomption de Marie dans nos églises, il aura atteint son but.

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Je serais très reconnaissant aux lecteurs qui pourraient me fournir des informations sur les représentations anciennes de la dormition et de l’Assomption dans des églises moins connues que nos grandes cathédrales.

À adresser à : 3, rue Molière, BP 40, 18001 Bourges Cedex.
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[1] Dans les Septem libri miraculorum, au chapitre 4 du livre Ier  : In gloria martyrum (PL 71, c. 708).
[2] Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, S. Mimouni a publié une thèse très érudite sous le titre : Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Paris, Éd. Beauchesne, coll. « Théologie historique », n° 98, 1995. Voir ma recension critique dans Esprit et Vie n° 41-42 (17 octobre 1996), p. 554-558.
[3] Il est ingénieur de recherche à la Bibliothèque vaticane et enseigne à l’Institut Augustianum à Rome.
[4] La tradition grecque de la dormition et de l’Assomption de Marie, Textes introduits et annotés par Simon Cl. Minouni et Sever J. Voicu, Paris, Éd. du Cerf, coll. Sagesses chrétiennes », 2003. – (12,5×19,5), 244 p., 28 €.
[5] Traduction française dans F. Amiot, La Bible apocryphe. Évangiles apocryphes, Paris, Éd. du Cerf-Fayard, 1952, p. 112-124. Les manuscrits se partagent en deux groupes. Je traduis ici le texte court, le plus ancien, d’après la traduction de M. Erbetta, Gli apocrifi del Nuovo Testamento, I/2 (Turin, Éd. Marietti, 1982), p. 492-510.
[6] E. Cothenet, « Marie dans les Apocryphes », dans Maria, Paris, Éd. H. du Manoir, t. VI, p. 140 s.
[7] Voir aussi L. Réau, Iconographie de l’art chrétien. T. II, (P. U. F. 1957), p. 601- 626 Le cycle de la Dormition et de la glorification.
[8] E. MÂLE, L’art religieux du XIIe s. en France, figure 251, p. 435. – H. Boursier, « Histoire et iconographie du tympan roman de Saint-Pierre-Le-Pueillier », in Histoire de l’art n°32 (décembre 1995), p. 35-41.
[9] Selon E. Mâle, la première représentation du couronnement de Marie se trouve à la cathédrale de Senlis (L’art religieux du XIIe s. en France, p. 184). Voir aussi les p. 435-437). Pour le XIIIe s., du même auteur
: L’art religieux du XIIIe siècle en France, p. 246-259.

bonne nuit

20 août, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. field-nigella-0221

Field Nigella

http://www.naturephoto-cz.com/photographer-ivan-bilek.html

Pape Benoît XVI : « Tout…dépend de ces deux commandements »

20 août, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100820

Le vendredi de la 20e semaine du temps ordinaire : Mt 22,34-40
Commentaire du jour
Pape Benoît XVI
Encyclique « Deus caritas est », § 18 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

« Tout…dépend de ces deux commandements »

      Il y a une interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain… Si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à reconnaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être « pieux » et accomplir mes « devoirs religieux », alors même ma relation à Dieu se dessèche. Alors, cette relation est seulement « correcte », mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à lui de m’aimer.

      Les saints -– pensons par exemple à la bienheureuse Teresa de Calcutta — ont puisé dans la rencontre avec le Seigneur dans l’eucharistie leur capacité à aimer le prochain de manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des autres.

      Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un « commandement » qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé à d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est « divin » parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu, et, à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit « tout en tous ».

20 août – saint Bernard de Clairvaux

19 août, 2010

20 août - saint Bernard de Clairvaux  dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

20 août – Saint Bernard de Clairvaux: Le dernier Pére du Moyen Âge

19 août, 2010

du site:

http://www.medio-evo.org/bernardof.htm

20 août – Saint Bernard de Clairvaux

 Le dernier Pére du Moyen Âge  

Il est impossible de ne pas se joindre à tous ceux qui ont écrit et commenté sur la figure de Saint Bernard de Clairvaux.. Ce fils de nobles bourguignons est le dernier des « Pères » du monachisme bénédictin, et avec lui la vocation monastique parvient à un des degrés les plus élevés de son histoire. Né en 1090, à proximité de Dijon, dans le château paternel, fils de nobles chevaliers, il eut une éducation typiquement féodale, et incarna en soi cet esprit des moines et chevaliers médiévaux, fait de prière et de combat, d’ascétisme et de discipline, une discipline spirituelle qui ressemble beaucoup à celle chevaleresque. Très jeune, il entre à l’école des chanoines de Châtillon, une des plus importantes de la Bourgogne, où il étudie les écrivains latins et les Pères de l’Église. En 1107, après la mort de sa mère avec laquelle il était très lié, il entra dans une crise qui le fit se sentir bien éloigné de ce monde de « femmes, chevaliers, armes et amour » qui était le propre de sa famille, et bien proche, au contraire, du désir ardent de rechercher Dieu dans la paix et la quiétude du monastère, loin du fracas et de la violence du monde. Ainsi, à vingt-deux ans, en 1112, il se retire à Citeaux, dans le monastère dirigé par Stéphane Harding et ses trente compagnons. Cette arrivée marquera un tournant, non seulement pour le monastère, mais aussi dans l’histoire de l’Église et de l’Europe occidentale. Quoique différents par leur tempérament, Bernard fit sienne l’idée qui avait inspiré Saint Robert de Moleste, Albéric et Stéphane. Ces derniers s’étaient éloignés de Moleste en 1098 pour se rendre en un lieu solitaire à 20 km de Dijon, en un lieu appelé Cistercium, pour y suivre un style de vie plus simple et plus stricte, en reprenant à l’esprit et à la lettre l’ancienne règle bénédictine, désormais entachée par le grand pouvoir temporel acquis par les monastères clunisiens. Le lieu originel, dans lequel Bernard partagea les premières années de sa vocation rigoureuse, lui convenait très bien, car il était en quête de solitude, mais aussi de lieux ouverts et plaisants pour entretenir un contact plus étroit avec Dieu. Il abandonna donc Citeaux. Ce nouveau lieu sera encore plus éloigné de l’assemblée civile et s’appellera Clairvaux (chiaravalle en italien). Il y devint abbé et y resta jusqu’à sa mort, en 1156, malgré de nombreux voyages, disputes (très célèbre celle avec Abélard), la prêche de la seconde Croisade et l’administration spirituelle d’un ordre qui, à sa mort, comptait plus de 300 monastères.

Nous pouvons dire que les quatre Pères de l’ordre cistercien fondèrent une authentique école de spiritualité, dont Saint Bernard forme le maître incontesté et le point de référence pour des générations futures de moines. Sa dévotion pour la Vierge Marie et pour l’Enfant Jésus reste une caractéristique de sa spiritualité. La tradition de clore la journée de prière par le Salve Regina dérive justement d’une idée à lui. Il avait une prédilection pour les lieux ouverts et agréables, les vallées lumineuses et proches des cours d’eau. De là cette habitude, toute cistercienne, de fonder des monastères dans les vallées. Il y a bien trois villes en Italie qui nous rappellent, donc en raison de leur nom, celui de Clairvaux (Chiaravalle), leur fondation par les moines de Saint Bernard. Humilité, amour vers Dieu, avec un cheminement d’union du coeur, dur travail dans les champs et profonde dévotion mariale sont quelques-uns des traits de la spiritualité de Saint Bernard. Un esprit qui se répand aussi dans les structures architectoniques des monastères et des églises abbatiales, presque quasiment privées de décorations et toutes élancées vers le ciel. Sa réforme spirituelle marque donc le passage de l’art roman à l’art gothique. Comme toute la spiritualité monastique, il voit la vie spirituelle comme un cheminement fait de degrés de perfection, pour être toujours plus uni à l’amour de Dieu. Un amour qui se déverse ensuite sur le prochain, parce qu’on a conscience d’être tous des pêcheurs. Il fut aussi un auteur très prolifique: traités, lettres, prêches, poèmes, un « corpus » d’écrits qui occupe une place très importante dans l’histoire médiévale, et qui le place comme le troisième « Père » médiéval, après Saint Grégoire le Grand et Saint Benoît de Nursie.Parmi les oeuvres les plus importantes, on peut rappeler « De gradibus humilitatis et superbiae », « De gratia et libero arbitrio », « De diligendo Deo ». EIl fut donc un phare de lumière spirituelle qui allait illuminé toute l’Europe occidentale au douzième siècle. Il fut en effet capable de reprendre de manière originale et géniale toute la pensée chrétienne qui le précédait, pourtant dans une perspective monastique et bénédictine. À la différence des Clunisiens, lui ne voit pas simplement l’homme comme un pêcheur, mais aussi comme une créature bonne, à savoir, capable de retrouver toujours la dimension d’amour vers Dieu et vers son prochain. L’être humain, par le péché, a déformé cette image, mais c’est justement au travers de l’incarnation du Fils de Dieu et la disponibilité de Marie Très Sainte, que Dieu peut reformer l’homme à son image. L’homme est appelé à prendre part à cette oeuvre, par la conversion et l’ascèse de l’âme vers Dieu, qui est décrite dans le traité De diligendo Deo. L’incarnation occupe donc une place centrale dans la spiritualité cistercienne. Cette expérience appelle l’homme à la séquelle du Christ, faite dans l’obscurité de la foi, elle se réalise dans la charité.

Mais Saint Bernard ne fut pas seulement un mystique enfermé dans un monastère, éloigné du monde et tendu vers la recherche spirituelle de la communion avec Dieu. Esprit farouche et combattant, vrai chevalier de l’Esprit Saint, il participa activement aux vicissitudes turbulentes de l’Église et de l’Europe occidentale de son temps.  En effet, il prêcha la seconde croisade sous les ordres du Pape Eugène III, celle de Louis VII, Richard Coeur de Lion et Frédéric Barbe Rousse (1148-1151). Il aida le Pape Innocent II, réfugié à Cluny après l’élection de l’antipape Anaclet. Au Concile d’Étampes, grâce à son intervention, le roi Louis VI reconnut Innocent comme le Pape légitime. Il intervint aussi au fameux Concile de Troyes (1128) qui marque la fondation de l’Ordre des Chevaliers du Temple (Templiers), un mythe encore aujourd’hui impérissable. Pour  la première fois, en effet, les deux ordres, bellatores et oratores, à savoir chevaliers et moines, séparés dans la société féodale, furent fondus en un seul, avec l’objectif de défendre les pèlerins en Terre Sainte et les lieux de la vie du Christ. Il fut aussi engagé dans la dispute avec Abélard, et avec les nouveaux maîtres de philosophie qui prétendaient, à ses yeux, expliquer la foi par la raison, et finalement il en obtint la condamnation au Concile de Sains (1140). Ces deux là étaient deux fortes personnalités et ils exprimaient, chacun dans son optique, deux manières de voir le rôle de la foi et de la raison qui sont encore présentes aujourd’hui en terre de France.

     En effet, Saint Bernard adressa des paroles d’exhortation et de reproche, d’encouragement et d’aide, de lumière spirituelle et de foi à toutes les  catégories de la société de son temps, en devenant un point de référence pour son époque. Sans lui, le douzième siècle et la civilisation féodale qu’il représente, n’aurait pas été ce qu’ils ont été. Mais fondamentalement, il fut d’abord avant tout un homme de prière dans un temps de guerre, de croisades, de haines et de violences privées. Une phrase de son De Diligendo Deo m’a beaucoup frappé quand il dit au commencement: 

“En Dieu je veux vivre et en Dieu je veux mourir: pour moi ce sont prières et non questions ”
(Domino vivere et in Domino mori. Orationes a me et non quaestiones) 

Un homme qui privilégiait donc la prière aux disputes philosophiques (dites justement quaestiones) et qui préféra la quiétude du monastère au noble art de la chevalerie et de la guerre. Un choix on ne peut plus actuel.  

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