Archive pour le 20 août, 2010

Saint Isaac le Syrien: « Qui s’abaissera sera élevé »

20 août, 2010

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http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100821

Le samedi de la 20e semaine du temps ordinaire : Mt 23,1-12
Commentaire du jour
Saint Isaac le Syrien (7ème siècle), moine près de Mossoul
Discours ascétiques, 1ère série n°49 (trad. DDB 1981, p.273)

« Qui s’abaissera sera élevé »

      La providence de Dieu, qui veille à donner à chacun de nous ce qui lui est bon, a mené à nous toutes choses pour nous porter à l’humilité. Car si tu t’enorgueillis des grâces de la providence, celle-ci t’abandonne, et tu retombes… Sache donc qu’il ne t’appartient pas, ni à toi ni à ta vertu, de résister aux tendances mauvaises, mais que seule la grâce te tient dans sa main, pour que tu ne craignes pas… Gémis, pleure, souviens-toi de tes fautes au temps de ton épreuve afin d’être délivré de l’orgueil et d’acquérir l’humilité. Cependant ne désespère pas. Prie Dieu humblement de pardonner tes péchés.

      L’humilité, même sans les œuvres, efface beaucoup de fautes. Mais au contraire les œuvres sans elle ne servent à rien ; elles nous préparent même bien des maux. Obtiens donc par l’humilité le pardon de tes injustices. Ce que le sel est à toute nourriture, l’humilité l’est à toute vertu. Elle peut briser la force de nombreux péchés… Si nous la possédons, elle fait de nous des fils de Dieu, et elle nous mène à Dieu sans même le secours des œuvres bonnes. C’est pourquoi en dehors d’elle toutes nos œuvres sont vaines, sont vaines toutes les vertus, et sont vaines toutes les peines.

Ezechiel the prophet, events and portraits

20 août, 2010

 Ezechiel the prophet, events and portraits      dans images sacrée

http://www.artbible.net/1T/Eze0101_Ezechiel/index_4.htm

Si Dieu est miséricordieux, pourquoi la Bible contient-elle des menaces? ?

20 août, 2010

du site:

http://www.taize.fr/fr_article4815.html

Si Dieu est miséricordieux, pourquoi la Bible contient-elle des menaces? ?

La Bible nous dessine le portrait d’un Dieu qui est Amour et qui veut pour les humains une vie surabondante. Si cette certitude vient à nous grâce au Christ Jésus, elle se trouve déjà en filigrane dans les Écritures d’Israël. La Bible commence par le récit de la création, mettant en scène un Dieu qui, loin de garder ses biens jalousement pour lui, désire tout partager avec les autres êtres qu’il appelle à l’existence. Nous trouvons par la suite le cœur de la foi d’Israël, l’épopée de Dieu qui libère un groupe d’esclaves et en fait son peuple à lui, appelé à être, par la qualité de leur vie ensemble, un signe de sa présence et de sa compassion au milieu de sa création.

Même plus : Dieu ne renonce jamais à son projet d’amour. Quand son peuple s’éloigne de lui, il continue à chercher le moyen de le remettre sur le bon chemin. Toujours prêt à pardonner, à la différence des humains (voir Isaïe 55, 6-9), il se révèle comme « ?le Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité? » (Psaume 86, 15). Si l’on décrit Dieu comme « ?lent à la colère? », peut-il se mettre quand même en colère? ? Lors de la traversée du désert, nous lisons à plusieurs reprises que « ?la colère du Seigneur s’enflamma contre son peuple? » désobéissant (Nombres 11,33? ; cf. 11, 1? ; 12, 9). En outre, dans les livres prophétiques, nous voyons parfois les hommes de Dieu s’insurger contre les fautes du peuple avec verve et même un certain emportement. Or, de nos jours, on voit mal comment les menaces et la colère pourraient aller de pair avec un Dieu de tendresse et de pardon.

Il ne faut pas, cependant, voir « ?la colère de Dieu? » et son pardon comme diamétralement opposés, mais plutôt comme les deux faces d’une seule et même réalité. La notion de « ?colère? », appliquée à Dieu, veut souligner le fait que son amour ne saurait rien tolérer qui fasse obstacle à la vie ou la détruise, en bref ce qu’on appelle le mal. Si Dieu aime véritablement, il ne peut rester indifférent en voyant cet amour bafoué, rejeté, car ce serait alors se résigner au fait que va échouer le dessein de donner la vie en plénitude.

Quand la Bible nous présente des paroles apparemment dures, elles sont à interpréter comme le cri du cœur – de Dieu ou de son porte-parole – indiquant les conséquences du rejet d’un amour toujours offert. Loin de contredire l’amour, ce qu’on appelle « ?la colère de Dieu? » est paradoxalement une expression de cet amour, mis provisoirement en échec par la liberté humaine. Mais alors la question se pose : si Dieu est Amour, cet amour ne doit-il pas à la fin vaincre toutes les résistances? ? Le vrai problème n’est pas tant de savoir s’il y a de la colère en Dieu, mais comment cette colère peut être efficace, éliminant le mal sans faire violence à la liberté de son vis-à-vis.

L’Évangile permet-il de résoudre le dilemme d’un amour refusé? ?
La vision biblique de Dieu semble nous placer devant un dilemme : d’un côté Dieu ne peut qu’aimer, de l’autre il ne peut tolérer le mal. Dans le langage de la Bible, l’amour divin semble voué à se dédoubler en miséricorde et en colère, sans que l’une ne puisse jamais recouvrir totalement l’autre.

C’est l’expérience des prophètes qui indique une issue à ce dilemme. D’abord celle d’Osée, lui qui est obligé d’épouser une femme infidèle. Blessé par l’infidélité de son épouse, le prophète la menace, mais il se rend vite compte qu’à cause de son amour pour elle, en lui faisant mal il se ferait autant – si ce n’est plus – de mal à lui-même. Il saisit ainsi que ce que les humains éprouvent comme la colère divine n’est en fait que la face extérieure de la souffrance qu’a Dieu de voir son amour rejeté.

Le prophète Jérémie poursuit dans cette ligne. Face au refus du peuple d’écouter les mises en garde qu’il doit proclamer au nom de Dieu, Jérémie est écartelé en sa propre chair par l’opposition entre les deux : « ?Que mes yeux versent des larmes, jour et nuit sans tarir, car d’une grande blessure est blessée la vierge fille de mon peuple? » (14, 17). Il devient, par sa douleur intérieure, le trait d’union entre ses compatriotes et son Dieu. Encore un pas, et nous arrivons à la figure mystérieuse du Serviteur du Seigneur (Isaïe 53). Tout comme Jérémie, cet homme innocent, l’envoyé de Dieu, prend sur lui la souffrance inavouée des coupables, mais en plus, cette souffrance assumée permet leur guérison. C’est comme si le pardon pouvait seulement arriver à son but s’il ne tombe pas d’en haut mais passe par le bas, s’il s’exprime par une solidarité vécue avec les faiseurs de mal, jusqu’au bout.

Cette évolution nous donne la clef pour comprendre le sort de Jésus : « ?Le Christ a souffert pour vous […] lui qui n’a pas commis de faute? ; lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice? ; lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice? ; lui dont la meurtrissure vous a guéris? » (1 Pierre 2,21-24).

Dans le don de la vie du Christ, nous entrevoyons ainsi ce que saint Jean, dans un raccourci saisissant, appelle « ?la colère de l’Agneau? » (Apocalypse 6, 16). Si la « ?colère divine? » est un autre nom pour la passion d’un amour refusé, cet amour peut être efficace uniquement s’il assume pleinement les conséquences d’un tel refus. La colère doit donc se muer en souffrance par solidarité, s’identifiant ainsi à l’extrême de la miséricorde. N’offrant aucune résistance au mal, le Christ l’engouffre dans un abîme de bonté. La mort perd son aiguillon (voir 1 Corinthiens 15, 54-57) pour devenir un chemin vers la Vie.

Si Dieu est miséricordieux, pourquoi la Bible contient-elle des menaces? ?
La Bible nous dessine le portrait d’un Dieu qui est Amour et qui veut pour les humains une vie surabondante. Si cette certitude vient à nous grâce au Christ Jésus, elle se trouve déjà en filigrane dans les Écritures d’Israël. La Bible commence par le récit de la création, mettant en scène un Dieu qui, loin de garder ses biens jalousement pour lui, désire tout partager avec les autres êtres qu’il appelle à l’existence. Nous trouvons par la suite le cœur de la foi d’Israël, l’épopée de Dieu qui libère un groupe d’esclaves et en fait son peuple à lui, appelé à être, par la qualité de leur vie ensemble, un signe de sa présence et de sa compassion au milieu de sa création.

Même plus : Dieu ne renonce jamais à son projet d’amour. Quand son peuple s’éloigne de lui, il continue à chercher le moyen de le remettre sur le bon chemin. Toujours prêt à pardonner, à la différence des humains (voir Isaïe 55, 6-9), il se révèle comme « ?le Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, plein d’amour et de vérité? » (Psaume 86, 15). Si l’on décrit Dieu comme « ?lent à la colère? », peut-il se mettre quand même en colère? ? Lors de la traversée du désert, nous lisons à plusieurs reprises que « ?la colère du Seigneur s’enflamma contre son peuple? » désobéissant (Nombres 11,33? ; cf. 11, 1? ; 12, 9). En outre, dans les livres prophétiques, nous voyons parfois les hommes de Dieu s’insurger contre les fautes du peuple avec verve et même un certain emportement. Or, de nos jours, on voit mal comment les menaces et la colère pourraient aller de pair avec un Dieu de tendresse et de pardon.

Il ne faut pas, cependant, voir « ?la colère de Dieu? » et son pardon comme diamétralement opposés, mais plutôt comme les deux faces d’une seule et même réalité. La notion de « ?colère? », appliquée à Dieu, veut souligner le fait que son amour ne saurait rien tolérer qui fasse obstacle à la vie ou la détruise, en bref ce qu’on appelle le mal. Si Dieu aime véritablement, il ne peut rester indifférent en voyant cet amour bafoué, rejeté, car ce serait alors se résigner au fait que va échouer le dessein de donner la vie en plénitude.

Quand la Bible nous présente des paroles apparemment dures, elles sont à interpréter comme le cri du cœur – de Dieu ou de son porte-parole – indiquant les conséquences du rejet d’un amour toujours offert. Loin de contredire l’amour, ce qu’on appelle « ?la colère de Dieu? » est paradoxalement une expression de cet amour, mis provisoirement en échec par la liberté humaine. Mais alors la question se pose : si Dieu est Amour, cet amour ne doit-il pas à la fin vaincre toutes les résistances? ? Le vrai problème n’est pas tant de savoir s’il y a de la colère en Dieu, mais comment cette colère peut être efficace, éliminant le mal sans faire violence à la liberté de son vis-à-vis.

L’Évangile permet-il de résoudre le dilemme d’un amour refusé? ?
La vision biblique de Dieu semble nous placer devant un dilemme : d’un côté Dieu ne peut qu’aimer, de l’autre il ne peut tolérer le mal. Dans le langage de la Bible, l’amour divin semble voué à se dédoubler en miséricorde et en colère, sans que l’une ne puisse jamais recouvrir totalement l’autre.

C’est l’expérience des prophètes qui indique une issue à ce dilemme. D’abord celle d’Osée, lui qui est obligé d’épouser une femme infidèle. Blessé par l’infidélité de son épouse, le prophète la menace, mais il se rend vite compte qu’à cause de son amour pour elle, en lui faisant mal il se ferait autant – si ce n’est plus – de mal à lui-même. Il saisit ainsi que ce que les humains éprouvent comme la colère divine n’est en fait que la face extérieure de la souffrance qu’a Dieu de voir son amour rejeté.

Le prophète Jérémie poursuit dans cette ligne. Face au refus du peuple d’écouter les mises en garde qu’il doit proclamer au nom de Dieu, Jérémie est écartelé en sa propre chair par l’opposition entre les deux : « ?Que mes yeux versent des larmes, jour et nuit sans tarir, car d’une grande blessure est blessée la vierge fille de mon peuple? » (14, 17). Il devient, par sa douleur intérieure, le trait d’union entre ses compatriotes et son Dieu. Encore un pas, et nous arrivons à la figure mystérieuse du Serviteur du Seigneur (Isaïe 53). Tout comme Jérémie, cet homme innocent, l’envoyé de Dieu, prend sur lui la souffrance inavouée des coupables, mais en plus, cette souffrance assumée permet leur guérison. C’est comme si le pardon pouvait seulement arriver à son but s’il ne tombe pas d’en haut mais passe par le bas, s’il s’exprime par une solidarité vécue avec les faiseurs de mal, jusqu’au bout.

Cette évolution nous donne la clef pour comprendre le sort de Jésus : « ?Le Christ a souffert pour vous […] lui qui n’a pas commis de faute? ; lui qui insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice? ; lui qui, sur le bois, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos fautes, nous vivions pour la justice? ; lui dont la meurtrissure vous a guéris? » (1 Pierre 2,21-24).

Dans le don de la vie du Christ, nous entrevoyons ainsi ce que saint Jean, dans un raccourci saisissant, appelle « ?la colère de l’Agneau? » (Apocalypse 6, 16). Si la « ?colère divine? » est un autre nom pour la passion d’un amour refusé, cet amour peut être efficace uniquement s’il assume pleinement les conséquences d’un tel refus. La colère doit donc se muer en souffrance par solidarité, s’identifiant ainsi à l’extrême de la miséricorde. N’offrant aucune résistance au mal, le Christ l’engouffre dans un abîme de bonté. La mort perd son aiguillon (voir 1 Corinthiens 15, 54-57) pour devenir un chemin vers la Vie.

Dernière mise à jour : 26 mai 2007

Pour la fête de l’Assomption

20 août, 2010

du site:

http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=153

Édouard Cothenet

Pour la fête de l’Assomption

La fête du 15 août constitue l’une des fêtes mariales les plus populaires. La date nous ramène à l’usage de l’Église de Jérusalem, car une fête en l’honneur de Marie y est attestée dès le début du Ve siècle. L’empereur Maurice (582-602) étendit la fête à tout l’empire comme fête de la Dormition de Marie. En Occident, ce fut le pape Serge Ier, syrien d’origine, qui composa, vers 700, un beau formulaire pour la fête. En voici le texte : « Vénérable est pour nous, Seigneur, la fête qui commémore ce jour en lequel la sainte Mère de Dieu subit la mort temporelle, mais néanmoins ne put être retenue par les liens de la mort, elle qui avait engendré de sa substance votre Fils, notre Seigneur incarné » (Traduction de Dom B. CAPELLE).
Retenons l’origine de la fête, à Jérusalem. Toutes sortes de récits légendaires se sont développés, qu’on regroupe sous le titre général de transitus (« passage »). Ils sont attestés dans toutes les langues du christianisme ancien : grecque, syriaque, latine, copte, arabe, éthiopienne, géorgienne, arménienne, sans compter les textes plus récents en vieil anglais ou en irlandais, et, pour la France, le récit fait par Grégoire de Tours [1]. Ces récits manifestent une grande diversité dans la représentation de la mort de Marie, les uns tenant pour une préservation de son corps contre la corruption, les autres pour la résurrection anticipée. Établir l’origine et la filiation de ces multiples narrations est une tâche fort délicate, qui demande que soient publiés tous les textes dans le foisonnement de leurs variantes. Bornons-nous à un constat : ces textes sont unanimes à placer la maison de Marie soit à Jérusalem, soit à Bethléem et à localiser son tombeau, maintenant vide, dans la vallée du Cédron. Ce sont les Arméniens qui, aujourd’hui encore, en ont la garde. Inutile de préciser que la localisation de la maison de Marie à Éphèse ne repose que sur une fausse interprétation d’un texte du concile d’Éphèse (431) et n’a pour soutien que les admirateurs des visions de Catherine Emmerich.
Le dogme catholique de l’Assomption ne repose pas sur ces transitus, qui ont bien souvent soulevé la protestation des théologiens, mais sur le lien que la tradition a reconnu entre la maternité divine de Marie et sa pleine association à son Fils dans sa gloire. Rappelons le texte de la constitution conciliaire Lumen Gentium : « Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort » (n°59).
L’étude des divers transitus n’en est pas moins très intéressante : ce sont de précieux témoignages de la piété populaire envers Marie et la source d’inspiration pour les artistes. Soyons donc reconnaissants à Simon Cl. MIMOUNI [2] et Sever J. VOICU [3] de nous donner une traduction annotée [4] de la famille grecque des transitus. Initiative d’autant plus appréciable qu’on ne trouve plusieurs passages de ces textes que dans des ouvrages très spécialisés.
 
La tradition grecque de la dormition et de l’Assomption de Marie
Ce recueil rassemble, en effet, une série de textes qui ont entre eux de nombreux points en commun :

 D’abord le « Discours de saint Jean le théologien sur la dormition de la sainte Mère de Dieu ». En fait, il s’agit d’un récit mis sous le patronage de saint Jean, de beaucoup le plus répandu dans les Églises d’Orient. Avec une annotation plus brève, on en trouve la traduction dans le tome Ier des Écrits apocryphes chrétiens (Paris, Éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1997, p. 165-188).
 Le transitus grec « R », édité par A. WENGER, sur la base d’un seul manuscrit, dans le livre L’Assomption de la T. S. Vierge dans la tradition byzantine du Vie au Xe siècle ; Études et documents (Paris, 1955), p. 210-240..
 Le Discours de Jean de Thessalonique (décédé en 630) sur la dormition, avec les diverses variantes attestant l’évolution des croyances sur le sort de Marie après sa mort et un Epitomé (= « résumé »), destiné à la lecture liturgique pour la fête de la dormition.
 L’homélie sur l’Assomption attribuée à Théoteknos de Livias (évêché de la vallée du Jourdain), connue par un seul manuscrit édité par A. WENGER qui la date d’avant la conquête musulmane.
Dans cette série, les seuls textes qui aient connu une large diffusion sont les Discours de Jean l’Évangéliste et de Jean de Thessalonique.

À la suite de ces auteurs, caractérisons les points communs à la tradition grecque de la dormition :
a. annonce de la dormition à Marie par un ange (d’ordinaire Gabriel) qui lui apporte une palme du paradis, en signe de victoire ;

b. réunion des apôtres qui, dispersés dans le monde, arrivent transportés par les nuées du ciel ;

c. départ de l’âme de Marie au ciel, à la suite d’une apparition de Jésus ;

d. outrage des juifs, notamment de Jéphonias qui veut faire obstacle au cortège funèbre : ses mains, d’abord collées au cercueil, sont guéries miraculeusement après sa profession de foi ;

e. déposition du corps de Marie au tombeau, situé dans la vallée du Cédron et transfert au ciel ;

f. visite du paradis par les apôtres.

Selon ce schéma narratif, un intérêt particulier est apporté à la destinée de l’âme et à celle du corps. Selon le Pseudo-Jean, le Christ, apparaissant à sa mère, lui déclare : « Voici que maintenant ton précieux corps, transféré, sera au paradis, pendant que ton âme sainte sera aux cieux dans les trésors de mon Père, dans une clarté supérieure, où sont la paix et la joie des anges saints et plus encore » (p. 39). Selon la représentation la plus ancienne, le corps de Marie est déposé au paradis, sous l’arbre de vie, pour garantir son incorruptibilité jusqu’au jour de la résurrection générale. L’examen des nombreuses variantes montre les incertitudes sur le moment où l’âme de Marie sera déposée dans son corps virginal, par une résurrection anticipée. Quelles que soient les représentations, nos textes s’accordent sur le fait que le corps de Marie n’est plus dans le tombeau et que Marie, en son âme, jouit du plus grand bonheur.
De précieux index facilitent la consultation de ce recueil qui n’a pas d’équivalent en français. Il n’intéressera pas seulement les spécialistes de la théologie mariale, mais tout autant les historiens de l’art et de la liturgie.
En Occident, l’apocryphe qui a connu la plus large diffusion (quarante-quatre manuscrits) est la traduction latine d’un texte attribué à Méliton de Sardes, disciple de saint Jean [5]. Selon Dom A. WILMART, c’est « la version quasi-officielle de l’Église latine depuis le VIe siècle ». Jacques de Voragine, dans sa célèbre Légende Dorée, s’en inspirera. On y retrouve, dans ses grandes lignes, le même schéma narratif que dans la tradition grecque : la palme du paradis est remise à Marie comme gage de victoire. Tous les apôtres sont convoqués, y compris Paul. Du point de vue théologique, c’est l’épisode final qui présente le plus grand intérêt, car il apporte une réponse aux questions en suspens [6]. Descendu du ciel pour rejoindre les apôtres groupés autour du tombeau de Marie, le Christ les consulte sur le sort à réserver à sa mère. « Seigneur, tu as choisi ta servante pour en faire ta résidence sans tache [immaculatum thalamum]… Il paraîtrait juste à tes serviteurs que, de même qu’ayant vaincu la mort, tu règnes dans la gloire, tu ressuscites le corps de Marie et tu la conduises pleine de joie dans le ciel » (Pseudo-Méliton XVI).
La formule « Il paraîtrait juste » rappelle la première décision des apôtres selon Ac 15, 24 s. Comme juges de la foi, ils expriment donc les arguments théologiques en faveur de l’Assomption : la virginité sans tache, l’union étroite de la Mère et du Fils. Acquiesçant, en quelque sorte, au jugement apostolique, le Christ fait enlever la dalle du tombeau par Michel et déclare à Marie en des termes qui s’inspirent du Cantique des cantiques : « Lève-toi, mon amie ; toi qui n’as pas connu de corruption par le contact de l’homme, tu ne souffriras pas la destruction du corps dans la sépulture » (Pseudo-Méliton XVII).
Le Christ prend congé de ses Apôtres de la même façon que sur la montagne de Galilée selon Mt 28, 20. Il leur promet son assistance perpétuelle, puis il associe sa Mère à la gloire de son ascension : « Ayant dit ces paroles, le Seigneur fut enlevé par une nuée et remonta au ciel, et les anges l’accompagnèrent portant la bienheureuse Marie, Mère de Dieu, au paradis de Dieu » (Pseudo-Méliton XVIII).
L’iconographie de la dormition de Marie s’inspire des traditions orientales. Pour l’Occident, l’influence du Pseudo-Méliton est prépondérante, comme l’a montré E. MÂLE [7]. À titre d’exemple, je citerai ce tympan de l’église Saint-Pierre-le-Puellier, à Bourges, étudiée par le grand historien de l’art, et plus récemment par le restaurateur, H. BOURSIER [8]. Selon E. MÂLE, il est antérieur au tympan de Senlis (1185). Malgré la mutilation subie sans doute au temps des guerres de religion, cinq scènes sont bien visibles, dont l’identification est assurée par une inscription latine. La première scène représente la remise de la palme du paradis par un ange, pour que Marie soit assurée que le prince des ténèbres n’aura aucun pouvoir sur elle. Malheureusement très mutilée, la seconde scène représente les apôtres groupés autour du lit funèbre de Marie. Selon Méliton, le Christ arrive soudain, escorté d’une multitude d’anges et dit à Marie : « Viens, perle très précieuse, entre dans le trésor de la vie éternelle. » La troisième scène correspond à l’attaque d’un grand-prêtre, nommé Jéphonias par le Pseudo-Jean (n° 46) : ses mains restent attachées au cercueil, jusqu’à ce qu’il obtienne la guérison par un acte de foi : « Je crois en Dieu et dans le Fils de Dieu, né de cette femme, et je crois à tout ce que Pierre, l’apôtre de Dieu, m’a dit » (Méliton, XIV, 2). Sur le registre du haut, la quatrième scène, représente deux apôtres tenant le linceul où repose le corps de Marie en vue de l’ensevelissement dans le tombeau. La dernière scène est expliquée par le texte suivant : « Le Fils fait monter la Mère auguste vers le Père. » C’est l’illustration de l’Assomption de Marie : deux anges soutiennent la mandorle lumineuse qui emporte Marie vers le ciel. Quant au thème du couronnement de Marie, il s’est popularisé en Occident à partir du XIIe siècle [9], sans doute sous l’influence du Ps 44/45, utilisé dans la liturgie mariale, mais il n’a pas de correspondant dans les transitus anciens.
Le regain d’intérêt pour l’histoire de l’art religieux nous invite à répertorier les sources d’inspiration des artistes et à rechercher la signification de ces scènes que l’on pourrait considérer comme de purs produits d’une imagination débridée. Un tri s’impose sans aucun doute ; une étude attentive doit pourtant montrer que, sous une forme narrative où surabonde le goût du merveilleux, se cachent de véritables intuitions religieuses en rapport avec les idées du temps. Si cet article, à l’occasion d’un compte-rendu, facilite la compréhension des représentations de la mort et de l’assomption de Marie dans nos églises, il aura atteint son but.

Recherche d’information

Je serais très reconnaissant aux lecteurs qui pourraient me fournir des informations sur les représentations anciennes de la dormition et de l’Assomption dans des églises moins connues que nos grandes cathédrales.

À adresser à : 3, rue Molière, BP 40, 18001 Bourges Cedex.
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[1] Dans les Septem libri miraculorum, au chapitre 4 du livre Ier  : In gloria martyrum (PL 71, c. 708).
[2] Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, S. Mimouni a publié une thèse très érudite sous le titre : Dormition et Assomption de Marie. Histoire des traditions anciennes, Paris, Éd. Beauchesne, coll. « Théologie historique », n° 98, 1995. Voir ma recension critique dans Esprit et Vie n° 41-42 (17 octobre 1996), p. 554-558.
[3] Il est ingénieur de recherche à la Bibliothèque vaticane et enseigne à l’Institut Augustianum à Rome.
[4] La tradition grecque de la dormition et de l’Assomption de Marie, Textes introduits et annotés par Simon Cl. Minouni et Sever J. Voicu, Paris, Éd. du Cerf, coll. Sagesses chrétiennes », 2003. – (12,5×19,5), 244 p., 28 €.
[5] Traduction française dans F. Amiot, La Bible apocryphe. Évangiles apocryphes, Paris, Éd. du Cerf-Fayard, 1952, p. 112-124. Les manuscrits se partagent en deux groupes. Je traduis ici le texte court, le plus ancien, d’après la traduction de M. Erbetta, Gli apocrifi del Nuovo Testamento, I/2 (Turin, Éd. Marietti, 1982), p. 492-510.
[6] E. Cothenet, « Marie dans les Apocryphes », dans Maria, Paris, Éd. H. du Manoir, t. VI, p. 140 s.
[7] Voir aussi L. Réau, Iconographie de l’art chrétien. T. II, (P. U. F. 1957), p. 601- 626 Le cycle de la Dormition et de la glorification.
[8] E. MÂLE, L’art religieux du XIIe s. en France, figure 251, p. 435. – H. Boursier, « Histoire et iconographie du tympan roman de Saint-Pierre-Le-Pueillier », in Histoire de l’art n°32 (décembre 1995), p. 35-41.
[9] Selon E. Mâle, la première représentation du couronnement de Marie se trouve à la cathédrale de Senlis (L’art religieux du XIIe s. en France, p. 184). Voir aussi les p. 435-437). Pour le XIIIe s., du même auteur
: L’art religieux du XIIIe siècle en France, p. 246-259.

bonne nuit

20 août, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. field-nigella-0221

Field Nigella

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Pape Benoît XVI : « Tout…dépend de ces deux commandements »

20 août, 2010

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Le vendredi de la 20e semaine du temps ordinaire : Mt 22,34-40
Commentaire du jour
Pape Benoît XVI
Encyclique « Deus caritas est », § 18 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)

« Tout…dépend de ces deux commandements »

      Il y a une interaction nécessaire entre amour de Dieu et amour du prochain… Si le contact avec Dieu me fait complètement défaut dans ma vie, je ne peux jamais voir en l’autre que l’autre, et je ne réussis pas à reconnaître en lui l’image divine. Si par contre dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, désirant seulement être « pieux » et accomplir mes « devoirs religieux », alors même ma relation à Dieu se dessèche. Alors, cette relation est seulement « correcte », mais sans amour. Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à lui de m’aimer.

      Les saints -– pensons par exemple à la bienheureuse Teresa de Calcutta — ont puisé dans la rencontre avec le Seigneur dans l’eucharistie leur capacité à aimer le prochain de manière toujours nouvelle, et réciproquement cette rencontre a acquis son réalisme et sa profondeur précisément grâce à leur service des autres.

      Amour de Dieu et amour du prochain sont inséparables, c’est un unique commandement. Tous les deux cependant vivent de l’amour prévenant de Dieu qui nous a aimés le premier. Ainsi, il n’est plus question d’un « commandement » qui nous prescrit l’impossible de l’extérieur, mais au contraire d’une expérience de l’amour, donnée de l’intérieur, un amour qui, de par sa nature, doit par la suite être partagé à d’autres. L’amour grandit par l’amour. L’amour est « divin » parce qu’il vient de Dieu et qu’il nous unit à Dieu, et, à travers ce processus d’unification, il nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit « tout en tous ».