Le lieu de la Dormition, sur le mont Sion près Jérusalem
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Le lieu de la Dormition, sur le mont Sion près Jérusalem
Les premiers siècles de l’ère chrétienne sont très riches en légendes des derniers jours que Marie passa sur la terre.
Les apocryphes, réunis dans le recueil du Transitus Mariae, contiennent les récits les plus variés qui ne sauraient être rejetés en bloc mais demandent à être examinés avec une grande réserve.
« Légendes » et apocryphes : des éléments historiques réels
L’apport de la légende contient des éléments historiques réels qu’il serait bien difficile de préciser et de sélectionner.
Les auteurs apocryphes sont des enfants du milieu grec oriental qui reprennent des traditions orles des judéo-chrétiens mais avec une habitude d’y développer à tout propos et hors de propos le merveilleux car ils ne comprennent pas bien les formulations orientales primitives.
Dès l’origine apparaît un ouvrage peu considérable intitulé « Transitus Sanctae Mariae » qui semble avoir joui d’un tel crédit qu’un décret du pape Gélase (429-496) le condamna comme apocryphe. La date de sa composition reste disputée parmi les spécialistes qui oscillent entre le IIè et le IIIè siècle. Cependant aucun argument décisif n’a encore été fourni bien qu’il semble émaner du Vè siècle, époque de sa condamnation.
Deux versions du Transitus existent: l’une prolixe et diffuse et la seconde attribuée à Méliton de Sardes; celle-ci est en réalité une refonte du Vè siècle dont la sobriété trahit la main d’un rédacteur intelligent et adroit, mais qui ne sut pas retrouver les traditions araméennes primitives, ignorant la langue de celles-ci. C’est une restitution « grecque ».
La parfaite orthodoxie doctrinale de l’ouvrage refondu lui permit d’exercer son influence sur les écrivains ecclésiastiques malgré la mise en garde du pape Gélase.
Le chroniqueur mérovingien Grégoire de Tours (+ 594) puise ostensiblement dans le Transitus quand il rédige son Traité des miracles, et la liturgie médiévale en extrait des passages qu’elle fait lire en la fête de l’Assomption.
Saint Jean Damascène lui-même y puise la localisation du lieu de la Dormition
Ennemi combatif des apocryphes, saint Jean Damascène y recueille pour la présenter comme authentique la convocation miraculeuse des apôtres au moment du trépas de la très Sainte Vierge, qui s’appuie par alleurs sur des traditions nombreuses orientales relatives à une dernière réunion des Apôtres autour de Marie qu’il est plus exact de placer autour du retour de Jacques le Majeur d’Egypte pour l’année sabbatique 40-41, car elles la fixent au début de la « douzième année après l’Ascension » (soit au début 41) alors que l’Assomption est bien attestée à la 21e année (51)..
Cette autorité qui s’est imposée sans contrainte et sans interruption, laisse supposer que l’auteur apocryphe a recueilli ses informations à des sources authentiques. II n’est donc pas sans utilité d’en établir la valeur réelle parce que les sources utilisées par le Transitus comblent une lacune dans l’histoire et fournissent un élément à la piété et à la croyance.
Elles proposent à notre coeur d’enfants de Marie un nouvel objet d’affection tandis qu’elles projettent leur clarté sur l’un des plus grands mystères de l’existence de la Mère de Dieu.
La «Sainte Sion» : le mont Sion, lieu de la Dormition
Les apocryphes admettent la mort corporelle de la très Sainte Vierge qu’ils fixent à Jérusalem, le 21 janvier.
Des indices sérieux permettent d’établir que la première fête de la Madone, vers le IIè siècle, eut pour objet la commémoraison de son trépas, selon l’habitude de célébrer la « naissance au Ciel » des saints et martyrs.. Du reste, si l’on compare la fête de Marie avec celles des autres saints célébrées dans les premiers siècles il en résulte une analogie qui permet d’en préciser l’objet.
En effet, il est étonnant de constater que toutes, sous quelque dénomination que ce soit, rappellent le souvenir de la mort des serviteurs de Dieu. Plusieurs églises inscrivent leur première fête de la Mère de Dieu sous des titres bien de nature à confirmer l’opinion, comme « Dormition », « transitus », »migration », « mémoire »… de Marie.
La coïncidence de la dédicace des églises dédiées à la très Sainte Vierge au 21 janvier, n’est donc pas sans importance.
Mais iI est étonnant de constater qu’il faille attendre au VIIIè siecle pour trouver un texte positif qui fixe au Mont Sion le trépas de la très Sainte Vierge, c’est-à-dire l’époque qui suivit l’occupation de la ville par les Arabes et le moment où ils ne respectent que les églises ayant une dédicace mariale, seule reconnue dans l’Islam au contraire des apparitions du Ressuscité.
Le fait apparaît d’autant plus étrange qu’au témoignage concordant des apocryphes, cette croyance correspond alors à l’opinion de l’église de Jérusalem. Il est probable que le Cénacle fut le lieu où l’on voulut conserver le trésor le plus précieux que Jésus avait laissé à la terre après le saint Sépulcre en l’attachant à la présence en ces lieux de la Vierge Marie, à partir du Jeudi Saint jusqu’à sa retraite à Ephèse.
Le Nouveau Testament reconnaît le Cénacle comme le rendez-vous habituel des apôtres et des disciples; s’il n’appartenait pas à un parent de Marie, son propriétaire est, d’après les traditions orientales Lazare, qui l’avait ouvert largement à Jésus et aux disciples de Jésus, ses hôtes jusqu’à en faire le premier lieu du culte liturgique de l’Eglise naissante.
Il semble évident que l’importance de l’institution de l’Eucharistie et la fondation de l’Eglise aient rejeté dans l’ombre les autres souvenirs attachés au Cénacle.
Quand, sous le pontificat de Jean, patriarche grec de Jérusalem (388-417), la «petite église», construite sur le lieu du Cénacle, ayant échappé aux destructions de 70 et de 136, et restée aux mains des Judéo-chrétiens, eut aux grandes fêtes un accès autorisé à partir de la Basilique grandiose du Mont Sion ; alors le partage avec les autres souvenirs fut mis en évidence.
A côté des souvenirs de la dernière Cène et de la descente du Saint-Esprit, que l’on célébrait dans l’ancienne église, historiquement la Sainte Sion originale, apparut alors celui du trépas de la Bienheureuse Vierge qui occupera bientôt une place distincte dans la nouvelle Basilique.
Dans une ode composée au temps de sa jeunesse, saint Sophrone célèbre la pierre vénérée dans la basilique et sur laquelle la Mère de Dieu aurait achevé son pèlerinage terrestre.
Le sanctuaire «Mère de toutes les églises» du monde
Détruite par les Perses (614) qui étaient en lien avec les judéo-chrétiens, la grande basilique « grecque » de la Sainte Sion fut en partie restaurée par le patriarche Modeste et le culte de la Dormition de la Mère de Dieu, solidement implanté, n’en souffrit point. Si l’on en juge par un plan de la basilique dessiné par Arculfe, la restauration de la basilique lui aurait donné une plus grande importance.
L’inscription «C’est ici que sainte Marie est morte» est sans nul doute un témoignage plus affirmatif que la pierre célébrée par saint Sophrone, et permet de conclure à l’existence d’un local distinct.
Cette opinion est d’autant plus plausible que la tradition en était arrivée à affirmer que la Basilique byzantine renfermait dans ses murs « la chambre de Marie». Le sanctuaire qu’au VIIè siècle saint Jean Damascène proclame «mère de toutes les églises du monde» connut une ère de vraie splendeur qui s’est prolongée pendant deux cents ans. Il fut démoli en 966 et sa reconstruction entreprise par les croisés s’élèvera sur les fondations byzantines.
La Basilique des croisés est devenue à ce moment plus que jamais un sanctuaire marial.
«0 sainte Mère de Dieu, tu as été élevée au-dessus des choeurs des anges».
Cette chapelle fut isolée par de lourdes grilles en fer forgé; ses murs étaient décorés de peintures représentant le trépas de la très Sainte Vierge selon la tradition: classique de l’iconographie byzantine, au dire de Jean de Wurzbourg.
Aujourd’hui, après six siècles de péripéties, la nouvelle Eglise de la Dormition s’élève sur le mont Sion
Lors de la prise de Jérusalem en 1187 la Basilique Sainte-Marie du Mont Sion ne fut ni détruite ni convertie en mosquée mais abandonnée.
Puis, en 1219, sur l’ordre de Malek el-Mouhadhem, elle fut dévastée avec plusieurs autres sanctuaires de Palestine; ce sultan espérait ainsi décourager tout pélerinage important et donc tout risque d’effort de conquête de la part des croisés. Ce qu’il en laissa fut rasé en 1244 par les Karesmiens.
Un siècle plus tard, les Franciscains qui avaient réussi à s’établir au Mont Sion, restaurèrent la chapelle commémorative. Ils se proposaient de restaurer l’église de la Dormition dont les murs étaient encore debout en 1294, selon Ricoldo de Monte Croce; ils en avaient même obtenu l’autorisation formelle du pape Grégoire XI mais l’intransigeance des musulmans les empêcha de réaliser le projet.
Ainsi le sanctuaire de la Dormition fut abandonné parce qu’il n’était pas compris dans la zone que la reine Sanche de Naples avait achetée sur le Mont Sion et que le Pape avait confiée à la garde des Franciscains.
Cependant, au XVè siècle, des efforts furent déployés pour relever les ruines de la Dormition et les énormes sacrifices pécuniaires consentis obtiendront un certain succès. Le culte fut ranimé et le service religieux largement assuré, ce qui réveilla le fanatisme assoupi car, en 1490, des interventions parties de Jérusalem obtinrent du sultan la démolition de la chapelle.
Au demeurant, on avait enregistré pendant ces années de culte l’existence d’une « image de Notre Dame dans l’oratoire des latins du Mont Sion » qui était vénéré par tous et se traduisait par l’ordre donné aux éthiopiens d’entrer dans son sanctuaire tête nue et sans chaussures.
Au milieu de la désolation de ce champ de ruines une simple pierre marquée d’une croix indiquait aux pèlerins l’emplacement du sanctuaire de la Dormition.
En 1898, l’empereur Guillaume II, à l’occasion de son voyage dans le Proche-Orient, obtint du sultan Abdul Hamid la cession du vaste terrain sur lequel s’élevait jadis l’église byzantine et en fit don aux catholiques allemands. Grâce aux aumônes recueillies par la societé rhénane Pro Palestina une nouvelle Basilique de la Dormition a surgi, imposante et monumentale, qui fait revivre les fastes des siècles de foi des byzantins et des croisés.
(La Dormition de Notre-Dame Il transito della B. Vergine Maria, 31,32, Bonaccorsi, op.cit. 31-32-273 ; 38,39-277 ; 44,45-279)
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