Archive pour juillet, 2010

Bienheureux Jean XXIII : « D’où lui vient cette sagesse… ? N’est-il pas le fils du charpentier ? »

30 juillet, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100730

Le vendredi de la 17e semaine du temps ordinaire : Mt 13,54-58
Commentaire du jour
Bienheureux Jean XXIII (1881-1963), pape
Journal de l’âme, §1901-1903 (trad. Cerf 1964, p. 240)

« D’où lui vient cette sagesse… ? N’est-il pas le fils du charpentier ? »

      Chaque fois que je repense au grand mystère de la vie cachée et humble de Jésus pendant ses trente premières années, mon esprit est toujours plus confondu et les paroles me manquent. Ah ! c’est l’évidence même : en face d’une leçon si lumineuse, non seulement les jugements du monde mais aussi les jugements et la manière de penser de beaucoup d’ecclésiastiques paraissent complètement faux et se trouvent vraiment à l’opposé.

      Pour ma part, j’avoue n’être pas encore arrivé à m’en faire une idée. Pour autant que je me connais, il me semble que je ne possède que l’apparence de l’humilité, mais son véritable esprit, cet « amour de l’effacement » de Jésus Christ à Nazareth, je ne le connais que de nom. Et dire que Jésus a passé trente années de vie cachée, et qu’il était Dieu, et qu’il était « la splendeur de la substance du Père » (He 1,3), et qu’il était venu pour sauver le monde, et qu’il a fait tout cela uniquement pour nous enseigner combien l’humilité est nécessaire et comment il faut la pratiquer ! Et moi, qui suis si grand pécheur et tellement misérable, je ne pense qu’à me complaire en moi-même, à me complaire en des succès qui me valent un peu d’honneur terrestre ; je ne peux pas concevoir même la pensée la plus sainte, sans que s’y glisse le souci de ma réputation auprès des autres… En fin de compte je ne sais m’accoutumer qu’avec un grand effort à cette idée du véritable effacement, tel que Jésus Christ l’a pratiqué et tel qu’il me l’enseigne.

29 juillet: Saint Marthe

29 juillet, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=saintfeast&localdate=20100729&id=5638&fd=0

jeudi 29 juillet 2010

SAINTE MARTHE
Vierge
(† vers l’an 81)

        Sainte Marthe était sœur de Marie Madeleine et de Lazare. C’est elle qui dirigeait la maison de Béthanie et s’en montrait digne par sa douceur et son amabilité envers les siens, par sa charité envers les pauvres et par l’hospitalité si dévouée qu’elle offrait au Sauveur et à ses disciples. Un jour, Marthe était absorbée par les soins domestiques, tandis que Madeleine se tenait aux pieds de Jésus. Marthe se plaignit :
« Seigneur, dites donc à Marie de venir m’aider, ne voyez-vous pas qu’elle me laisse toute la charge ? »
- Marthe, Marthe, lui dit le Maître, vous vous agitez trop. Une seule chose est nécessaire ; Marie a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera point enlevée. »

        C’est Marthe qui fit prévenir Jésus de la maladie, puis de la mort de son frère Lazare : « Seigneur, Lui dit-elle, dès qu’elle L’aperçut, si Vous eussiez été ici, mon frère ne serait pas mort. » Et Jésus lui donnant des paroles d’espérance : « Seigneur, ajouta-t-elle, je crois que Vous êtes le Christ, Fils du Dieu Vivant. »

        Une tradition raconte qu’après la mort de la Très Sainte Vierge, Marthe subit le sort de Lazare et de Madeleine : exposée par les Juifs endurcis sur une frêle barque, à la merci des flots irrités, elle est portée avec les siens vers les beaux rivages de la Provence. Là elle participe à l’apostolat de son frère Lazare, qui devint évêque de Marseille, et à la sainte vie de Madeleine.

        Marthe est devenue célèbre par l’enchaînement d’un dragon. Au moment où elle commençait à prêcher la foi sur les rives du Rhône, un monstre effroyable, connu sous le nom de Tarasque, jetait la terreur dans toute la contrée. Un jour que Marthe annonçait la parole divine dans la ville de Tarascon, la foule s’écria : « Si vous détruisez le dragon, nous embrasserons votre foi.
- Si vous êtes disposés à croire, répondit Marthe, tout est possible à celui qui croit. » Et seule elle s’avance vers la caverne du monstre. Pour combattre cet ennemi, Marthe se munit du signe de la Croix ; le monstre baisse la tête et tremble. Elle s’avance, l’enlace avec sa ceinture et l’amène comme un trophée de victoire aux habitants, et bientôt la Tarasque tombe écrasée sous les coups vengeurs de tout le peuple. En triomphant de ce monstre, Marthe avait triomphé du dragon infernal.

        Marthe s’établit dans la ville, devenue chrétienne, se fit la servante des pauvres, et fonda une communauté de vierges.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Tours, Mame, 1950.

buona notte

29 juillet, 2010

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Crown-of-thorns starfish – Bali

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Saint Augustin: « Qui croit en moi vivra »

29 juillet, 2010

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http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100729

Sainte Marthe, mémoire : Jn 11,19-27
Commentaire du jour
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de Jean, n° 49,15

« Qui croit en moi vivra »

      « Qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » Qu’est-ce à dire ? « Qui croit en moi, quand même il serait mort comme Lazare, il vivra » parce que Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Déjà au sujet d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, les patriarches morts depuis longtemps, Jésus avait fait aux juifs la même réponse : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ; non pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous vivent pour lui » (Lc 20,38). Crois donc, et quand même tu serais mort, tu vivras ! Mais si tu ne crois pas, quoique tu sois vivant, tu es réellement mort… D’où vient la mort dans l’âme ? De ce que la foi n’y est plus. D’où vient la mort du corps ? De ce que l’âme n’y est plus. L’âme de ton âme, c’est la foi.

      « Celui qui croit en moi, quand même il serait mort dans son corps, aura la vie dans son âme, jusqu’à ce que le corps lui-même ressuscite pour ne plus mourir. Et quiconque vit dans la chair et croit en moi, bien qu’il doive mourir pour un temps en son corps, il ne mourra pas pour l’éternité, à cause de la vie de l’Esprit et de l’immortalité de la résurrection. »

      Voilà ce que veut dire Jésus dans sa réponse à Marthe… « Crois-tu cela ? » « Oui, Seigneur, lui répond-elle, je crois que tu es le Christ, le fils de Dieu, qui es venu dans le monde. En croyant cela, j’ai cru que tu es la résurrection, j’ai cru que tu es la vie, j’ai cru que celui qui croit en toi, même s’il meurt, vivra ; j’ai cru que celui qui est vivant et qui croit en toi ne mourra pas pour l’éternité. »

aujourd’hui aussi: Lazare et Marie de Béthanie (mf)

28 juillet, 2010

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Du repentir à l’adoption filiale (Orthodoxie)

28 juillet, 2010

du site:

http://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/sophrony-repentir-adoption.htm

Du repentir à l’adoption filiale

par Archimandrite Sophrony

Bénie soit cette heure que notre bon Seigneur nous accorde ! En paix et dans le calme, nous allons parler de divers aspects de notre longue voie. Quelle est merveilleuse, cette voie ! Elle surpasse notre intelligence. Notre esprit s’épuise à suivre l’exemple du Christ, notre Dieu, venu apporter sur terre le feu de l’amour du Père.

Sur quel point vais-je m’arrêter aujourd’hui ? Il me semble devoir aborder la question posée par l’une des personnes présentes. Je vais donc parler du repentir, de l’adoption filiale. Même si, dans leurs formes ultimes, certaines choses échappent à toute formulation humaine, nous allons faire preuve de folie et parler, dans la mesure de nos forces, de ces réalités qui sont infiniment, inexplicablement grandes et sublimes.

Que de fois ai-je répété – et je le fais encore aujourd’hui pour éviter toute équivoque – que nous commençons notre  » voyage  » par un petit pas, celui du repentir ; mais la fin de la voie chrétienne est, selon notre manière de comprendre les choses, la déification de l’homme. Nombre de personnes, pusillanimes, sont gênées, mal à l’aise, lorsque nous osons parler de ces réalités. Si seulement elles savaient de quelle crainte notre âme est remplie, combien nous redoutons de nous tromper – ne serait-ce que par un seul mot – sur l’amour très saint du Père, le plus Saint de tous !

Mais comment aborder ce thème ? Laissons de côté certains détails et parlons de ce qui est le plus essentiel. La prédication du Christ commence par le mot metanoeite,  » repentez-vous  » (Mt 4,17). L’analyse de cette expression nous révèle, comme dans bien d’autres paroles du Christ, plusieurs niveaux de signification. Il convient ici de distinguer entre deux modes du repentir : un premier, qui se trouve dans les limites de l’éthique ; un second, qui dépasse la morale et se situe dans l’éternité, c’est-à-dire en Dieu. Nous appellerons le premier mode acte éthique et le second, qui signale le passage d’une  » orbite  » temporelle à une  » orbite  » éternelle, acte ontologique. Nous n’essaierons pas ici de résoudre le problème de savoir s’il est possible de passer du temporel à l’éternel, de l’éthique à l’ontologique.

Comme exemple d’un beau et profond acte de repentir, nous avons d’abord celui du jeune homme riche de l’Évangile, qui avait soif d’éternité divine et qui demanda au Christ ce qu’il devait faire pour passer du temps à l’éternité. Le Seigneur regarda ce jeune homme avec amour et lui dit :  » Observe les commandements « . « Lesquels ? « .  » Eh bien, ceux-ci et ceux-là… »  » J’ai observé tout cela depuis ma jeunesse. Que me manque-t-il encore ?  » Le Seigneur alors lui dit : «   Si tu veux être parfait, laisse tous tes biens, toutes tes connaissances et, devenu pauvre, suis-moi.  » Le jeune homme ne supporta pas cette parole (cf. Mt 19, 16-22).

Nous pouvons aborder le problème de la manière suivante : d’un point de vue moral, éthique, ce jeune homme se trouvait à un niveau élevé. Mais il existe un autre niveau, supérieur, qui concerne la « sphère  » divine, incréée, de l’Être éternel et sans commencement. Ainsi, un premier essai d’explication permet de montrer qu’il existe, parmi les hommes, divers niveaux d’état spirituel.

Pour la raison humaine, la possibilité d’un  » passage  » de la suite des nombres à l’infini mathématique ou, par analogie, d’un saut qualitatif du temporel à l’éternel, semble exclue, car nous sommes là en présence de deux ordres qui ne peuvent être comparés, qui sont radicalement incommensurables.

Prenons un autre exemple. Il y avait prés de Jérusalem deux soeurs, Marthe et Marie. Le Christ les aimait toutes les deux, et toutes deux aimaient le Christ et croyaient qu’il était le Messie. Et voici que lorsqu’il vint chez elles, Marthe fut très occupée par l’accueil et les soins du ménage. Marie, en revanche, touchée par l’Esprit dont il était porter, s’assit aux pieds du Christ, assoiffée de ses paroles.

Qu’arriva-t-il ? Quand Marthe, encombrée par les travaux, les soucis quotidiens et toutes les pénibles tâches ménagères, demanda au Christ  :  » Dis à Marie de m’aider « , il répondit avec douceur :  » Marthe, Marthe, tu te préoccupes maintenant avec beaucoup d’amour des soins du service, mais Marie a choisi la meilleure part, et cette part ne lui sera plus ôtée  » (cf. Lc 10, 38-42).

Vous voyez la différence : d’un côté, il y a le plan de l’amour éthique ou visible, c’est-à-dire des relations humaines normales, qui sont bien sûr très louables. De l’autre, il y a le plan de l’amour spirituel, qui nous donne accès à l’éternité divine. Le Seigneur dit ailleurs : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point (Mt 24, 35). Lorsque nous répétons ces paroles du Christ, le passage suivant nous vient immédiatement à l’esprit : En arché én o Logos…  » Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu  » (Jn 1,1).

Voyez comme ces deux soeurs vivaient proches l’une de l’autre et, en même temps, quelle immense distance les séparait dans leur soif respective : l’une, Marie, était prête à accueillir le Christ dans une certaine négligence ou – comment dire ? – dans les conditions ordinaires – de la vie quotidienne, sans préparatifs particuliers ; l’autre, Marthe, était encline à manifester son amour par toutes sortes de signes extérieurs. Notez bien la différence de niveaux  : d’un côté, un état qui ne dépasse pas les limites de I’  » âge  » que nous avons appelé  » éthique « - par  » âge « , j’entends le degré de notre croissance spirituelle. De l’autre,  » Au commencement était le Verbe « … Ou, pour passer à une terminologie quelque peu différente : le second plan n’est déjà plus éthique, psychique, mais proprement ontologique, spirituel. Nous trouvons encore dans l’Évangile un certain nombre de pensées et d’idées très profondes conduisant à la résolution de suivre le Christ.

Ces derniers temps, nous avons observé sur terre un phénomène paradoxal  : d’une part, l’écrasement, avec une invraisemblable cruauté, de toute l’humanité ; d’autre part, l’exploration, l’élucidation du principe de la personne humaine. Qu’est-ce que l’homme comme personne ? Où se tourne l’intellect de la personne ? Lorsque le principe de la personne commence à se développer en nous, quand bien même nous serions en prison, nous sommes déjà libres en esprit dans les espaces illimités du cosmos. L’homme ne voit plus ce qui est extérieur ; il vit par ce qui est intérieur. Mais le langage humain ne peut exprimer la nature de cette contemplation des gouffres infinis.

Que dire de ces abîmes qui s’ouvrent devant l’homme quand il se plonge dans l’amour du Christ ? Quel en est le caractère ? Quelle en est l’origine ? Cet infini qui s’ouvre devant lui, lui est-il extérieur ou est-il l’état de son propre intellect créé à l’image de l’intellect du Créateur, de Dieu lui-même ? Autrement dit, ces abîmes proviennent-ils de l’énergie qui procède de Dieu ou manifestent-ils une possibilité de la nature humaine en soi ? Nous ne pouvons ni le comprendre ni le préciser. C’est uniquement par un repentir de nature ontologique que nous pourrons entrer dans cet univers. Et même alors, cela reste pour l’homme un mystère.

Au début de ma vie monastique au Mont Athos, mon père spirituel m’avait donné ce conseil :  » Veille à ne pas adresser à Dieu, qui est grand, de petites requêtes, mais demande-lui seulement de grandes choses « . En agissant ainsi, il se produit ce paradoxe : l’homme le plus pauvre, qui ne possède rien, se voit soudain investi des richesses infinies de Dieu dans toute sa création. Le Seigneur nomma le Père  » Intellect « ,  » Esprit  » : Dieu est Esprit (Jn 4, 24). Et nous, nous demandons : comment cet Esprit peut-il nous toucher sans nous consumer ? L’entrée dans cet état se fait tout doucement, dans les conditions de la vie courante ; mais, s’il en a la possibilité, l’homme se libère physiquement de tout et ne vit que par Dieu. Nous pouvons percevoir que ce monde est créé par l’intellect et par la volonté de cet Esprit que nous appelons  » Dieu « ,  » Dieu le Père « , et qui a dit : Créons l’homme à notre image et à notre ressemblance (cf. Gn 1, 26).

Il nous est difficile de choisir un point de départ pour parler de cette immense tragédie qui nous écrase tous et qui m’a écrasé, moi-même, des milliers de fois : les souffrances du monde entier depuis des millénaires, depuis l’instant où retentit la parole : Que la lumière soit (Gn 1, 3). On ne peut pas comprendre comment Dieu a pu créer cet univers où les souffrances atteignent un tel paroxysme. De quoi s’agit-il ? Qu’a fait Adam ? Pardonnez-moi, mon esprit saute d’un sujet à un autre, c’est pourquoi je m’exprime lentement…

Dans l’éthique chrétienne, nous sommes frappés par l’image d’un Homme seul, d’un Homme abandonné de tous, montant au Golgotha pour prendre sur ses épaules le poids de toutes les passions du monde. Moi, comme homme, je ne sais que dire de cet Homme qui monte seul pour prendre sur lui tout le poids de la malédiction de la Terre depuis le commencement des âges.

Ainsi donc, d’un point de vue éthique, nous ne voyons pas de manifestation plus grande, rien de plus sublime et de plus saint que le Christ. C’est de cela que je voudrais vous parler, parce que si notre intellect peut bien saisir la réalité de l’Être de Dieu, il ne peut pas encore connaître le caractère de ce grand Esprit.

Dans mes années de jeunesse, il m’est arrivé de lire les vers d’un grand poète :

Qui de son pouvoir et de son ire
Du néant m’a fait sortir ? (Pouchkine, N.d.R.)

En constatant que nous souffrons, que le monde entier souffre, le poète se demande quelle sorte d’esprit peut bien être le Créateur de ce monde. Et voici que son Fils vient pour parler avec l’homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). En lui, nous contemplons la pensée éternelle de Dieu le Créateur sur l’homme. Dans la mesure où le Dieu-Homme apparu sur terre est bon comme Dieu Lui-même, nous ne pouvons plus, pour autant bien sûr que cela nous soit montré par le Saint-Esprit, nous détacher de ce grand acte de l’Être divin. Cela signifie que ce n’est pas notre Créateur qui est responsable de ces souffrances, mais la créature, potentiellement semblable à Dieu.

Et voici que nous invoquons son Nom :  » Seigneur Jésus-Christ, Fils du Père, toi qui ôtes le péché du monde, aie pitié de nous. Toi qui enlèves le péché du monde, reçois notre prière. Toi qui sièges à la droite du Père, seul tu es véritablement saint  » (cf. Doxologie des Matines). Notre admiration devant ce Modèle à l’image duquel l’homme a été créé ne connaît pas de fin.

Ainsi donc, à partir du moment où l’homme est entré par son esprit et son coeur dans cette  » sphère  » divine son intellect s’y trouvera immergé en permanence. Comment, dès lors, pourrait-il s’en éloigner ? Mais tout cela dépasse notre intelligence, nos possibilités ; aucune tentative de notre intellect ne doit être prise pour une révélation des profondeurs de la Divinité elle-même.

Voilà mes chers frères… Pardonnez-moi ! C’est parce qu’il ne me reste plus beaucoup de temps pour parler avec vous que je me hâte. Je ne prétends pas du tout vous dire autre chose que ce «   battement de coeur  » par lequel le monde vit. Il est redoutable pour nous de continuer de parler, parce que le Seigneur nous appelle à le suivre. Où va-t-il ? Au jardin de Gethsémanl, de nuit. Et, après cela, il monte au Golgotha.

Ainsi donc, en devenant chrétiens, en voyant les souffrances du monde entier, nous commençons à comprendre dans une certaine mesure le  » langage  » du Christ. Jean et Jacques lui demandèrent de s’asseoir à sa droite et à sa gauche. Le Christ leur répondit  :  » Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire et recevoir le baptême dont je vais être baptisé ?  » Ils lui dirent :  » Nous le pouvons.  » Notre Père à tous, le Christ leur répondit avec amour :  » Oui. Vous boirez ma coupe et vous recevrez mon baptême  » – ce baptême qu’il allait lui-même recevoir (cf. Mc 10, 37-40).

Comme les Pères de l’Église l’ont dit avec sagesse, nous avançons peu à peu à partir de petites choses ; nous sommes ainsi amenés à découvrir la grandeur des détails. Et c’est cela, l’homme véritable, image de Dieu. Notre combat – le combat ascétique des moines – a pour but de restaurer en nous cette image, assombrie par le péché et les viles passions. Ainsi notre intellect régénère et commence à voir les choses sous un autre angle, dans une nouvelle lumière ; mais cela ne signifie pas qu’il soit déjà libéré des passions. Alors nous aussi, comme esprits, nous buvons la  » coupe  » du Seigneur et sommes baptisés de son  » baptême « .

Aujourd’hui, le monde se détourne du Christ. C’est l’aspect le plus affligeant, Ie plus tragique, le plus terrible des événements de notre temps. Perdre le Christ une seconde fois, comme Adam l’a perdu au Paradis, comment est-ce possible ?

Il nous faut supporter les petites afflictions de notre vie quotidienne et ne pas tomber dans la colère, la haine ou quoi que ce soit de ce genre ; ainsi, nous verrons la souffrance de l’homme et non pas ses mauvais côtés. Même dans les plus petits détails de la vie, demeurez en esprit là où est le Seigneur, au-delà du  » voile  » du Huitième Jour. Demeurez là en esprit, mais, par le corps, accoutumez-vous à vivre dans les conditions concrètes de votre vie. L’esprit de l’homme est placé dans ces conditions pour commencer à percevoir l’Être. Le Seigneur se comporte souvent avec nous comme s’il ne comprenait pas notre faiblesse. On ne pourrait pas supporter ce monde si le Christ n’était pas Dieu. Mais s’il est Dieu, tout est possible. Et nous disons à ce Père – car il est notre Père ! – dans toutes nos souffrances :  » Gloire à toi, Dieu Très-Haut, gloire à toi dans les siècles des siècles. « 

Je ne me souviens pas si j’ai déjà répondu à la question que l’un d’entre vous m’avait posée par écrit :  » Quand Israël a-t-il reçu l’adoption filiale ?  » Il me faut peut-être dire deux mots à ce sujet.

Lorsque dans la prière nous nous tournons vers Dieu, nous n’allons pas, selon le conseil du père spirituel Athonite dont je vous ai parlé plus haut, lui demander de petites choses ; on s’adresse à Dieu, qui est grand, pour de grandes choses. Cependant, ici aussi, distinguez le  » moment  » où se termine le monde éthique et celui où commence l’ontologie divine… On trouve dans les Psaumes l’expression suivante : Je suis à toi, sauve-moi (Ps 118, 94). Lorsque nous les prononçons, ces paroles peuvent nous paraître excessives. Comment moi, homme, puis-je dire à Dieu  :  » Je suis à toi, sauve-moi  » ? Dieu aurait-il donc besoin de moi ? Ce que je fais est-il si grand que Dieu doive venir à ma rencontre ? Il est pourtant un moment où Dieu dit soudain à l’homme : Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré (Ps 2, 7). Lorsque nous prions :  » Je suis à toi, sauve-moi », nous ne devons pas dépasser le plan éthique. Nous pouvons réellement demander l’adoption filiale, mais sans pouvoir l’affirmer à notre propre sujet comme un fait accompli. Cela n’est possible qu’à Dieu seul. C’est une démarche vraiment absurde que de rechercher, comme Adam au Paradis, la déification en se passant de Dieu. C’est seulement lorsque Dieu lui-même apporte ce correctif en disant :  » Oui, tu es mon fils « , que l’adoption prend un caractère définitif, éternel.

Dire  » Je suis à toi, sauve-moi « , sous-entend que, dans les limites de ma nature éthique,  » je ne vois personne de meilleur que toi. Mais cela ne signifie pas que je sois ton fils, du moins tant que tu ne témoignes pas toi-même que je le suis réellement « . Dans les trois évangiles synoptiques, il est écrit que l’on entendit la voix du Père proclamant à propos de Jésus : Celui-ci est mon Fils, écoutez-le (cf. Mt 17,5 ; Mc 9,7 ; Lc 9,3). Le témoignage du Père lui-même fut ainsi nécessaire pour confirmer avec force la réalité de l’affirmation que Jésus Christ est bien le Fils du Père.

Je crains de dépasser la mesure et de vous fatiguer au-delà des capacités humaines. Pardonnez-moi et terminons. Remercions la Mère de Dieu, qui a mis au monde le Verbe du Père, Verbe plus saint que tous les saints…

Transcription-adaptation d’un entretien du Père Sophrony,
le 1er février 1993, peu avant sa naissance au ciel,
avec les membres de sa communauté,
au Monastère de Saint-Jean-le-Baptiste en Angleterre.
Édité dans la revue Contacts, 45, 3 (no. 163), 1993

bonne nuit

28 juillet, 2010

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English Stonecrop

http://www.floralimages.co.uk/index2.htm

Saint Bonaventure : La perle de grande valeur

28 juillet, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100728

Le mercredi de la 17e semaine du temps ordinaire : Mt 13,44-46
Commentaire du jour
Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
Vie de Saint François, Legenda major, ch. 7 (trad. cf. Vorreux, Eds franciscaines 1951, p. 122)

La perle de grande valeur

            Parmi les dons spirituels reçus de la générosité de Dieu, François a obtenu en particulier celui de toujours enrichir son trésor de simplicité grâce à son amour de la très grande pauvreté. Voyant que celle qui avait été la compagne habituelle du Fils de Dieu était devenue désormais l’objet d’une aversion universelle, il a eu à cœur de la prendre pour épouse et lui a voué un amour éternel. Non content de « quitter pour elle son père et sa mère » (Gn 2,24), il a distribué aux pauvres tout ce qu’il pouvait avoir (Mt 19,21). Personne n’a gardé son argent aussi jalousement que François a gardé sa pauvreté ; jamais personne n’a surveillé son trésor avec plus de soin qu’il n’en a mis à garder cette perle dont parle l’Évangile.

           Rien ne le blessait autant que de rencontrer chez ses frères quelque chose qui ne soit pas parfaitement conforme à la pauvreté des religieux. Du début de sa vie religieuse jusqu’à sa mort, lui-même n’a eu pour toutes richesses que sa tunique, une corde comme ceinture, des caleçons ; il ne lui fallait rien de plus. Il lui arrivait souvent de penser en pleurant à la pauvreté du Christ Jésus et de sa Mère : « Voici, disait-il, pourquoi la pauvreté est la reine des vertus ; c’est à cause de l’éclat dont elle a brillé chez le Roi des rois (1Tm 6,15) et la Reine sa mère ».

            Quand les frères lui demandaient un jour quelle est la vertu qui nous rend le plus ami du Christ, il a répondu, leur ouvrant pour ainsi dire le secret de son cœur : « Sachez, frères, que la pauvreté spirituelle est le chemin privilégié du salut, car elle est la sève de l’humilité et la racine de la perfection ; ses fruits sont innombrables bien que cachés. Elle est ce ‘ trésor enfoui dans un champ ‘ pour l’achat duquel, dit l’Évangile, il faut tout vendre et dont la valeur doit nous pousser à mépriser tout autre chose ».

Abramo, Melchisedech ed Isacco

27 juillet, 2010

Abramo, Melchisedech ed Isacco dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

Repentir : nécessaire ou négligeable ?

27 juillet, 2010

du site:

http://www.promesses.org/arts/37p213-214f.html

Repentir :

nécessaire ou négligeable ?

R. H. Guignard

Le christianisme seul présente et exige un repentir de la part de l’homme; en deux mots, le repentir comporte une tristesse que l’on éprouve à cause de son propre péché et une douleur d’avoir offensé Dieu.

Quel est le but de ce sentiment ? Atteindre à la paix avec le Créateur et par là à la vie éternelle. Parce que, dit la Bible, l’homme a offensé Dieu. Parce qu’il s’est éloigné de Lui, cela par un acte de sa propre volonté. Le christianisme est une invite à retourner à Lui. Le moyen ? Une nouvelle naissance… Le chemin ? La repentance envers Dieu et la foi en Jésus-Christ (Actes 20 : 21).

Or, il semble que, de nos jours, le repentir n’est plus présenté comme une condition nécessaire pour le salut ? Dans le but fort compréhensible d’amener beaucoup de vies à Dieu et à la jouissance du salut, on évite de mettre l’accent sur ce point, on passe légèrement sur cette condition. Que vous en semble ? Le nombre des conversions équivoques paraît augmenter très rapidement et nous sommes amené à rechercher l’origine de ce phénomène.

Le repentir doit s’exprimer par la confession. A son tour, celle-ci apporte la preuve du repentir. L’aveu libère; « c’est le coeur qui ennoblit l’homme », mais reconnaître sa faute en fraye le chemin.

Des hommes portant le nom de chrétiens fondent leur salut éternel sur un Dieu de l’amour. Pour eux, Christ n’est pas Dieu le Fils venu comme homme sur la terre, par l’effet du miracle d’une génération spirituelle dans le corps d’une vierge. Leur christianisme est donc incomplet. En général, ils disent avoir une espérance de vie éternelle. D’autres ne parlent que de Christ. Pour ne pas les traumatiser, on ne les a pas placés en face de leurs péchés, en face d’un Dieu de l’amour, mais saint, qui demande la repentance. En quelque sorte, on les a transportés par dessus ce pas difficile – repentance, contrition, pénitence – pour jouir immédiatement des joies et de la paix qui font suite à la conversion à Christ. Mais est-ce réel ? Ils disent être « en Christ ». Mais s’ils n’ont pas réalisé la grandeur de leur dette envers le Créateur, s’ils n’ont pas obéi au « Repentez-vous » initial (Mat. 4 : 17), leur assurance est imprécise. D’ailleurs, la plupart d’entre eux s’en rendent compte, et ils ont bien l’impression qu’il leur manque un point d’appui. La justice de Dieu préparée et annoncée pour l’homme est un tout. Il ne faut ni ajouter, ni retrancher notre part de « l’arbre de la vie ». Enlever une colonne à cet édifice équivaut à laisser crouler toute la construction.

Toute naissance est accompagnée de souffrance. Pourquoi vouloir l’éloigner de celui qui cherche la paix de Dieu ? Eve a désiré que ses yeux fussent ouverts afin de connaître « comme Dieu ». Elle acquit la connaissance de la souffrance! A la naissance d’une ère nouvelle, Dieu le Fils mourut sur un bois maudit, après l’agonie de Gethsémané. A Nicodème, Jésus dit: « il faut que tu naisses de nouveau »… et ce n’est point sans peines! L’église, épouse de Christ, doit prendre part aux souffrances de son chef: « Il a été élevé à la perfection par les souffrances » (Hébr. 2: 10). Il en est de même pour « quiconque », pour chaque chrétien. Notre nouvelle naissance ne peut être que dans l’humiliation, la contrition, la repentance.

Tout chrétien, tout évangéliste qui n’annonce pas toute la vérité, tout le conseil de Dieu, est coupable envers ceux qui l’écoutent. Il crée un vide, il ouvre une porte à l’Ennemi. Ce dernier a alors l’occasion de « piller la maison » (Mat. 12: 29), c’est-à-dire qu’on lui offre la liberté de présenter ses propres théories, ses conceptions, ses interprétations erronées. L’Ecriture nous en rend attentifs: « Si quelqu’un vient vous prêcher un autre Jésus que celui que nous avons prêché, ou si vous recevez un autre esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le supportez fort bien » (II Cor.11:4).

Si votre départ dans la course chrétienne ne s’est pas fait dans la repentance envers Dieu, examinez à nouveau votre situation. Dieu pardonne à celui qui Le recherche et se repent.

Et Christ est-il bien votre Rédemption, Celui qui a payé votre dette ? Cette vérité est-elle bien ancrée dans votre coeur, et votre assurance de salut éternel est-elle bien confirmée par l’Esprit Saint qui « rend témoignage à votre esprit que vous êtes enfant de Dieu » ?

Car il yen a qui diront: « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? » Vous connaissez la réponse: « Je ne vous ai jamais connus! ». Oui sont ceux-là dont Jésus parle ? Nous ne savons. Mais l’avertissement est suffisamment sérieux pour que nous y prenions garde.

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