Archive pour le 15 juillet, 2010
Origine et développement … du Mont Carmel en Terre Sainte …
15 juillet, 2010nombreuses belles images sur le site, du site:
http://www.carmel.asso.fr/Le-retour-en-Europe.html?lang=fr
Origine et développement au Moyen-âge (12e – 15e siècles)
du Mont Carmel en Terre Sainte …
Dès le douzième siècle, des hommes vivent en ermites à la recherche de Dieu dans les grottes du Mont Carmel. Ils s’inspirent du prophète Élie qui, 800 ans avant le Christ, s’écrie : « Le Seigneur est vivant devant qui je me tiens ». Albert, patriarche de Jérusalem, leur donne une règle de vie vers 1209. Cette règle, constituée de quelques thèmes majeurs empruntés à la Bible, est centrée sur la prière comme moyen privilégié pour vivre dans la dépendance de Jésus Christ et le servir fidèlement d’un cœur pur.
Pour en savoir plus …
… vers l’Europe
La reconquête de la Terre Sainte par les Sarrasins oblige les Chrétiens venus d’Occident lors des Croisades, à partir. De retour en Europe, ils vivent de plus en plus dans les villes où ils constituent de petites communautés priantes au service de la prédication.
Qu’ont-ils fait en venant en Europe ?
Ils se sont répandus très rapidement dans la plupart de nos pays : Italie, Angleterre, France, Belgique, Allemagne, Espagne. Mais ils ont éprouvé une grande difficulté à s’adapter, car les conditions de vie qu’ils rencontraient en ces divers pays étaient très différentes de celles qu’ils avaient connues au Mont Carmel. Ils commencèrent par fonder des ermitages semblables à celui de Terre Sainte. Mais ils s’aperçurent bien vite qu’il leur était très difficile, pour ne pas dire impossible, de pouvoir subsister loin des agglomérations et des villes alors en pleine expansion. Ils furent peu à peu « aspirés » en quelque sorte par les villes, s’établissant en un premier temps dans leur voisinage ou même dans leurs faubourgs, puis pénétrant peu à peu à l’intérieur même des remparts des cités médiévales, souvent pour de simples raisons de sécurité. Tout ceci entraîna une profonde modification de leur genre de vie.
A partir de ce moment-là, on ne peut plus considérer les Carmes comme des ermites, bien qu’il y en eût encore beaucoup parmi eux, et cela pour longtemps, mais comme des Frères « mendiants » à l’image des Franciscains et des Dominicains. L’aspect communautaire et la dimension apostolique se développèrent nécessairement dans les villes au détriment de l’érémitisme qui ne fut plus dès lors pratiqué qu’à l’état isolé. Cette mutation radicale entraîna des réactions hostiles de la part de ceux qui étaient fortement attachés à l’idéal de vie érémitique des origines. Nous en avons un bel exemple dans un petit livre, écrit vers 1270, par Nicolas le Français qui démissionna de sa charge de prieur général pour protester contre la nouvelle orientation apostolique de l’Ordre. Ce petit livre, intitulé la « Flèche de feu », resta sans écho et ne parvint pas à infléchir cette orientation nouvelle. Les Carmes devinrent des prédicateurs et des confesseurs. Ils se présentèrent dans les Universités pour y étudier la théologie. Et bientôt, plusieurs d’entre eux s’y distinguèrent comme Maîtres réputés. Au XIVe siècle, deux Carmes s’illustrèrent dans la charge épiscopale : saint André Corsini et saint Pierre Thomas.
Mendiants à la Cour Les Carmes prennent place dans l’Église d’Occident : ils sont représentés sur cette miniature parmi d’autres ordres religieux, des évêques et la cour royale par les trois personnages situés en bas et à gauche Retour Sommaire
Les Carmes à Paris
La première venue des Carmes à Paris est inscrite dans l’histoire nationale. En effet, Jean, Sénéchal de Champagne, Sire de Joinville, et avec lui d’autres historiens de l’époque, nous disent comment Saint Louis installa les Carmes aux bords de la Seine, au retour de la VIIe croisade. Tous les récits sont résumés en ces lignes bien connues du Sire de Joinville : « Il pourvut les Frères du Carmel, leur acheta un terrain, au bord de la Seine, vers Charenton, fit construire leur couvent, et leur procura des ornements, des calices, et toutes choses nécessaires au service de Notre Seigneur. »
Déjà des Carmes s’étaient installés à Valenciennes et près de Marseille, mais les Comtés du Hainaut et de Provence n’étaient pas encore rattachés à la couronne, voilà pourquoi on a pu dire que saint Louis fut le fondateur des Carmes en son royaume. Il est facile à tout parisien de fixer par la pensée le lieu exact où ces religieux au manteau barré furent établis. Ils devaient être remplacés en leur première demeure par les religieux Célestins. C’est près de l’actuel Hôtel de Ville, perpendiculaire au Quai des Célestins, que se situe aujourd’hui la rue appelée jusqu’à la Révolution « rue des Barrés » et devenue par une distraction de la municipalité « rue des Barres ». Après quelques années d’installation provisoire, les Carmes obtinrent l’accord du curé de la paroisse Saint-Paul et du prieur de Saint Éloi dont dépendait le terrain acquis. Ils bâtirent les locaux conventuels, eurent leur église et leur cimetière. C’est en février 1259 qu’eut lieu l’installation définitive.
Cependant sous l’impulsion de saint Simon Stock, sixième prieur général, la règle carmélitaine avait été adaptée à la vie des Frères, reçus par le Saint-Siège au nombre des Ordres Mendiants, c’est-à-dire au nombre des religieux qui vivaient de leur ministère et non des revenus de grandes propriétés foncières. Ils devaient par le fait de ce ministère et pour s’y préparer fréquenter les Universités. Le couvent de Paris devint bientôt le grand studium général où venaient les étudiants des autres provinces de l’Ordre, c’est pourquoi fut bientôt sentie la nécessité de s’approcher de la Montagne Sainte Geneviève, et du quartier des écoles et collèges. Voici comment Dom Félibien, le grand historien de la Ville de Paris, raconte les faits « Les Carmes représentèrent au roi Philippe le Bel l’incommodité de leur établissement sur les bords de la Seine… Ce qui leur faisait le plus de peine était leur éloignement de l’Université. Le roi en considération de leur sainte vie, de leur austérité, de leur assiduité à l’office divin et de leurs vertus, leur donna la maison du Lion située en la rue Sainte Geneviève… » Philippe le Long donna une autre maison aux Carmes, ils vendirent leur ancienne, et en avril 1319, un évêque dominicain bénissait leur chapelle. Elle fut consacrée le 16 mars 1333, en présence de Jeanne d’Évreux ; veuve de Charles IV, leur bienfaitrice, entourée de trois autres reines.
Autour de cette église, dans ce couvent qui abrita jusqu’à trois cents religieux, les Carmes durant quatre siècles et demi, vécurent une vie ardente, tantôt dans la ferveur religieuse, tantôt dans la mitigation et une activité politique dont l’histoire a gardé les traces, toujours au rythme de la vie de l’Église et de la nation. Dans la liste des maîtres parisiens figurent des Carmes dont l’histoire des grands mouvements intellectuels a gardé la mémoire. En ce moment vinrent prendre leurs grades à Paris, saint André Corsini, devenu évêque de Fiésole et saint Pierre-Thomas, nommé Patriarche Latin d’Orient.
Quand la mitigation de 1432 fut consommée, le Bienheureux Jean Soreth, d’abord provincial de France, puis 25e Prieur général, travailla à la réforme de l’Ordre. Il sanctifia par sa présence et par ses ordonnances ce couvent de la Place Maubert. C’est là aussi que les Carmes bataillèrent à côté des Mineurs en faveur de la croyance à l’Immaculée Conception de la Vierge Marie.
par Sandro Magister : Comment piloter l’Église dans la tempête. Une leçon (Le thème: Au centre de la leçon se détache la figure de saint Bonaventure de Bagnoregio, docteur de l’Église…)
15 juillet, 2010du site:
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1342531?fr=yThème
Comment piloter l’Église dans la tempête. Une leçon
Elle a été donnée par Benoît XVI lors d’une audience générale, à l’encontre de ceux qui désirent un nouveau début du christianisme, sans hiérarchie ni dogmes. Le secret d’un bon gouvernement, a-t-il dit, « est surtout de réfléchir et de prier »
(Le thème: Au centre de la leçon se détache la figure de saint Bonaventure de Bagnoregio, docteur de l’Église…)
par Sandro Magister
ROME, le 18 mars 2010 – Peu de gens l’ont remarqué, mais au plus fort de la tempête qui a frappé l’Église catholique parce qu’un certain nombre de ses prêtres ont scandalisé des « petits », Joseph Ratzinger a relevé le défi d’une manière toute personnelle. Par une surprenante leçon de théologie de l’histoire, comportant des références à sa propre vie de théologien et de pape.
Cette leçon, il l’a donnée aux pèlerins qui se pressaient dans la salle des audiences générales, le matin du mercredi 10 mars.
A plusieurs reprises, le pape a levé les yeux de son texte écrit et il a improvisé. On trouvera ci-dessous la transcription intégrale de ses propos. Elle mérite d’être lue d’un bout à l’autre. Mais il faut tout de suite en souligner certains éléments.
Au centre de la leçon se détache la figure de saint Bonaventure de Bagnoregio, docteur de l’Église, qui fut l’un des premiers successeurs de saint François d’Assise à la tête de l’ordre que celui-ci avait fondé.
Voilà le premier des éléments autobiographiques. En effet c’est précisément à la théologie de l’histoire de saint Bonaventure que le jeune Joseph Ratzinger consacra sa thèse d’habilitation en théologie, publiée en 1959 et récemment réimprimée.
La nouveauté de cette œuvre de jeunesse est qu’elle confrontait, pour la première fois, la théologie de l’histoire de saint Bonaventure avec celle, très influente, de Joachim de Flore.
L’influence de Joachim de Flore sur la pensée de ce siècle et celle des siècles suivants – chrétienne ou athée – a été très grande, jusqu’à nos jours. Le théologien Henri de Lubac lui a consacré, il y a trente ans, un mémorable essai en deux volumes intitulé : « La postérité spirituelle de Joachim de Flore ».
Lorsque aujourd’hui, en réaction au scandale créé par certains prêtres, on demande une fois encore une purification radicale de l’Eglise pour ouvrir une nouvelle époque, que l’on désire un nouveau concile qui soit « un nouveau début et une rupture », que l’on souhaite un christianisme spirituel fait de l’Évangile seul, sans hiérarchies ni dogmes, que demande-t-on, sinon l’âge de l’Esprit annoncé par Joachim de Flore ?
Dans sa leçon du 10 mars, Benoît XVI a décrit et actualisé avec une rare clarté l’opposition entre Joachim et Bonaventure. Il a montré que l’utopie de Joachim a trouvé dans le concile Vatican II un terrain fertile pour se reproduire à nouveau mais qu’elle a été victorieusement contestée par « les sages timoniers de la barque de Pierre », c’est-à-dire les papes qui ont su défendre à la fois la nouveauté du Concile et la continuité de l’Église.
Du spiritualisme à l’anarchie il n’y a qu’un pas, a averti Benoît XVI. Il en était ainsi au siècle de saint Bonaventure, il en est ainsi aujourd’hui. Pour être gouvernée, l’Église a besoin de structures hiérarchiques, mais il faut donner à celles-ci une base théologique évidente. C’est ce qu’a fait saint Bonaventure lorsqu’il gouvernait l’ordre franciscain. Pour lui « gouverner n’était pas simplement un acte mais signifiait surtout penser et prier. A la base de son gouvernement nous trouvons toujours la prière et la pensée ; toutes ses décisions résultent de la réflexion, de la pensée éclairée par la prière ».
Il doit en être de même – a dit le pape – dans le gouvernement de l’Église universelle : « c’est-à-dire gouverner non seulement par les ordres et les structures, mais en guidant et en éclairant les âmes, en les orientant vers le Christ ».
C’est là le deuxième élément autobiographique, décisif, de la leçon du 10 mars, dans laquelle Benoît XVI a indiqué comment il entend gouverner l’Eglise. Il l’a dit avec la douce humilité qui lui est propre, en se plaçant dans l’ombre d’un saint.
Pour saint Bonaventure les textes théologiques et mystiques étaient « l’âme du gouvernement » ; il en est de même pour le pape actuel. L’âme de son gouvernement, ce sont les homélies liturgiques, l’enseignement aux fidèles et au monde, le livre qu’il a consacré à Jésus, autrement dit la « pensée éclairée par la prière ». C’est là que la structure hiérarchique de l’Église romaine et ses actes de gouvernement trouvent leur base et leur nourriture. C’est là que l’Église du pape Benoît XVI puise la guérison des péchés commis par ses fils et la réponse aux attaques – pas innocentes – lancées contre elle de l’extérieur et de l’intérieur.
Mais laissons-lui la parole. Voici sa catéchèse du mercredi 10 mars 2010 :
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« Il n’y a pas un autre Évangile, il n’y a pas une autre Église à attendre… »
par Benoît XVI
Chers frères et sœurs, [...] saint Bonaventure a eu, entre autres mérites, celui d’interpréter de façon authentique et fidèle la figure de saint François d’Assise, qu’il a vénéré et étudié avec beaucoup d’amour.
En particulier, à l’époque de saint Bonaventure, un courant de Frères mineurs, les « spirituels », soutenait qu’une phase entièrement nouvelle de l’histoire avait été inaugurée avec saint François et que l’ »Evangile éternel » dont parle l’Apocalypse allait apparaître et remplacer le Nouveau Testament.
Ce groupe affirmait que l’Église avait désormais achevé son rôle historique et qu’elle était remplacée par une communauté charismatique d’hommes libres, guidés intérieurement par l’Esprit, les « Franciscains spirituels ».
A la base des idées de ce groupe, il y avait les écrits d’un abbé cistercien, Joachim de Flore, mort en 1202. Dans ses œuvres, il affirmait l’existence d’un rythme trinitaire de l’histoire. Il considérait l’Ancien Testament comme l’ère du Père, suivie par l’ère du Fils, qui était le temps de l’Église. Il fallait encore attendre la troisième ère, celle de l’Esprit Saint.
Ainsi l’histoire tout entière devait être interprétée comme une histoire de progrès : de la sévérité de l’Ancien Testament à la relative liberté de l’ère du Fils dans l’Église, jusqu’à la pleine liberté des Fils de Dieu au cours de l’ère de l’Esprit Saint, qui devait aussi être, enfin, l’ère de la paix entre les hommes, de la réconciliation des peuples et des religions.
Joachim de Flore avait suscité l’espoir que le début du temps nouveau serait né d’un nouveau monachisme. Il est donc compréhensible qu’un groupe de franciscains ait cru reconnaître en saint François d’Assise l’initiateur du temps nouveau et en son Ordre la communauté de la période nouvelle – la communauté de l’ère de l’Esprit Saint – qui laissait derrière elle l’Église hiérarchique pour commencer la nouvelle Église de l’Esprit, détachée des anciennes structures.
Il y avait donc un risque de très grave malentendu sur le message de saint François, sur son humble fidélité à l’Évangile et à l’Église, et cette équivoque comportait une conception erronée du christianisme dans son ensemble.
Saint Bonaventure, qui devint ministre général de l’Ordre franciscain en 1257, se trouva face à une grave tension au sein de cet Ordre, due précisément aux partisans du courant que j’ai cité, les « Franciscains spirituels », qui se référait à Joachim de Flore. C’est justement pour répondre à ce groupe et pour rendre son unité à l’Ordre que saint Bonaventure étudia avec soin les écrits authentiques de Joachim de Flore et ceux qui lui étaient attribués et qu’il voulut, en tenant compte de la nécessité de présenter correctement la figure et le message de son bien-aimé saint François, donner une juste présentation de la théologie de l’histoire.
Saint Bonaventure traita le problème précisément dans sa dernière œuvre – un recueil de conférences aux moines qui étudiaient à Paris, demeuré incomplet et qui nous est parvenu à travers les transcriptions faites par les auditeurs – intitulée « Hexaemeron », c’est-à-dire une explication allégorique des six jours de la création.
Les Pères de l’Eglise considéraient les six ou sept jours du récit de la création comme une prophétie de l’histoire du monde et de l’humanité. Les sept jours représentaient pour eux sept périodes de l’histoire, également interprétées plus tard comme sept millénaires. Avec le Christ, on devait entrer dans le dernier, c’est-à-dire dans la sixième période de l’histoire, à laquelle devait succéder ensuite le grand sabbat de Dieu. Saint Bonaventure conçoit cette interprétation historique du rapport avec les jours de la création, mais de façon très libre et innovatrice.
Pour lui, deux phénomènes de son époque rendent nécessaire une nouvelle interprétation du cours de l’histoire.
Le premier : la figure de saint François, l’homme totalement uni au Christ jusqu’à la communion des stigmates, presque un « alter Christus », et avec saint François la nouvelle communauté qu’il avait créée, différente du monachisme que l’on avait connu jusqu’alors. Ce phénomène exigeait une nouvelle interprétation, comme nouveauté de Dieu apparue à ce moment.
Le deuxième : la position de Joachim de Flore – qui annonçait un nouveau monachisme et une période totalement nouvelle de l’histoire, allant au-delà de la révélation du Nouveau Testament – exigeait une réponse.
En tant que ministre général de l’Ordre des franciscains, saint Bonaventure avait immédiatement vu qu’avec la conception spiritualiste, inspirée par Joachim de Flore, l’Ordre n’était pas gouvernable, mais allait logiquement vers l’anarchie.
Deux conséquences en découlaient selon lui.
La première : la nécessité pratique de structures et d’une insertion dans la réalité de l’Église hiérarchique, de l’Église réelle, rendait nécessaire une base théologique, notamment parce que les autres, ceux qui suivaient la conception spiritualiste, présentaient une base théologique apparente.
La seconde : tout en tenant compte du réalisme nécessaire, il ne fallait pas laisser de côté la nouveauté de la figure de saint François.
Comment saint Bonaventure a-t-il répondu à cette exigence pratique et théorique ? Je ne peux donner ici, en quelques points, qu’un résumé très schématique et incomplet sur certains points de sa réponse.
Saint Bonaventure rejette l’idée du rythme trinitaire de l’histoire. Dieu est un pour toute l’histoire et il ne se divise pas en trois divinités. En conséquence, l’histoire est une, même si elle est un chemin et – selon saint Bonaventure – un chemin de progrès.
Jésus-Christ est la dernière parole de Dieu – en Lui Dieu a tout dit, se donnant et se disant lui-même. Dieu ne peut pas dire ni donner plus que lui-même. L’Esprit Saint est l’Esprit du Père et du Fils. Le Christ lui-même dit de l’Esprit Saint : « il vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26) ; « c’est de mon bien qu’il prendra pour vous en faire part » (Jn 16, 15).
Il n’y a donc pas un autre Evangile plus haut, il n’y a pas une autre Eglise à attendre. L’Ordre de saint François doit donc lui aussi s’insérer dans cette Eglise, dans sa foi, dans son organisation hiérarchique.
Cela ne signifie pas que l’Eglise soit immobile, fixée dans le passé, et qu’il ne puisse pas y avoir de nouveauté en elle. « Opera Christi non deficiunt, sed proficiunt », les œuvres du Christ ne reculent pas, ne manquent pas, mais elles progressent, dit le saint dans la lettre « De tribus quaestionibus ».
Ainsi, saint Bonaventure formule explicitement l’idée du progrès : c’est une nouveauté par rapport aux Pères de l’Eglise et à une grande partie de ses contemporains. Pour saint Bonaventure le Christ n’est plus la fin de l’histoire, comme pour les Pères de l’Eglise, mais il est son centre ; avec le Christ, l’histoire ne finit pas, elle commence une nouvelle période.
Il y a une autre conséquence : jusqu’alors l’idée que les Pères de l’Eglise avaient été le sommet absolu de la théologie était dominante, toutes les générations suivantes ne pouvant être que leurs disciples. Saint Bonaventure reconnaît lui aussi les Pères comme des maîtres pour toujours, mais le phénomène de saint François lui donne la certitude que la richesse de la parole du Christ est inépuisable et que de nouvelles lumières peuvent aussi apparaître dans les nouvelles générations. L’unicité du Christ garantit également des nouveautés et un renouvellement à toutes les périodes de l’histoire.
Assurément – souligne-t-il – l’Ordre franciscain appartient à l’Église de Jésus-Christ, à l’Église apostolique, et il ne peut pas se construire dans un spiritualisme utopique. Mais, en même temps, la nouveauté de cet Ordre par rapport au monachisme classique est valable, et saint Bonaventure [...] a défendu cette nouveauté contre les attaques du clergé séculier de Paris : les franciscains n’ont pas de monastère fixe, ils peuvent être présents partout pour annoncer l’Évangile. C’est précisément la rupture avec la stabilité, caractéristique du monachisme, en faveur d’une nouvelle flexibilité, qui a restitué à l’Eglise le dynamisme missionnaire.
A ce point, il est peut-être utile de dire qu’aujourd’hui encore, il y a des gens qui pensent que toute l’histoire de l’Église au deuxième millénaire a été un déclin permanent ; certains voient déjà le déclin juste après le Nouveau Testament.
En réalité, « opera Christi non deficiunt, sed proficiunt », les œuvres du Christ ne reculent pas, mais elles progressent. Que serait l’Église sans la nouvelle spiritualité des cisterciens, des franciscains et des dominicains, la spiritualité de sainte Thérèse d’Avila et de saint Jean de la Croix, et ainsi de suite ?
Aujourd’hui encore l’affirmation : « Opera Christi non deficiunt, sed proficiunt », elles vont de l’avant, reste valable. Saint Bonaventure nous enseigne l’ensemble du discernement nécessaire, même sévère, du réalisme sobre et de l’ouverture à de nouveaux charismes donnés par le Christ, dans l’Esprit Saint, à son Eglise.
Et alors que cette idée du déclin se répète, il y a aussi l’autre idée, cet « utopisme spiritualiste », qui se répète. Nous savons, en effet, qu’après le concile Vatican II certains étaient convaincus que tout était nouveau, qu’il y avait une autre Eglise, que l’Eglise préconciliaire était finie et que nous allions en avoir une autre, totalement « autre ». Un utopisme anarchique ! Et grâce à Dieu, les sages timoniers de la barque de Pierre, le pape Paul VI et le pape Jean-Paul II, ont défendu d’une part la nouveauté du Concile et, en même temps, l’unicité et la continuité de l’Église, qui est toujours une Église de pécheurs et toujours un lieu de grâce.
En ce sens, saint Bonaventure, en tant que ministre général des franciscains, a suivi une ligne de gouvernement selon laquelle il était bien clair que le nouvel Ordre ne pouvait pas, en tant que communauté, vivre à la même « hauteur eschatologique » que saint François, en qui il voit l’anticipation du monde futur, mais – guidé à la fois par son sain réalisme et par son courage spirituel – il devait s’approcher le plus possible de la réalisation maximale du Sermon sur la montagne, qui pour saint François avait été la règle, tout en tenant compte des limites de l’homme, marqué par le péché originel.
Nous voyons ainsi que, pour saint Bonaventure, gouverner ce n’était pas simplement agir, mais surtout réfléchir et prier. A la base de son gouvernement nous trouvons toujours la prière et la réflexion ; toutes ses décisions résultent de la réflexion, de la pensée éclairée par la prière. Son contact intime avec le Christ a toujours accompagné son travail de ministre général. C’est pourquoi il a composé une série d’écrits théologico-mystiques, qui expriment l’esprit de son gouvernement et manifestent l’intention de conduire l’Ordre intérieurement, c’est-à-dire de gouverner non seulement par les ordres et les structures, mais en guidant et en éclairant les âmes, en les orientant vers le Christ.
De ces écrits, qui sont l’âme de son gouvernement et qui montrent à l’individu comme à la communauté la route à parcourir, je ne voudrais citer qu’un seul, son chef-d’œuvre, l’ »Itinerarium mentis in Deum », qui est un « manuel » de contemplation mystique.
Ce livre a été conçu en un lieu de profonde spiritualité : le mont de la Verne, où saint François avait reçu les stigmates. Dans son introduction, l’auteur décrit les circonstances qui avaient été à l’origine de ce texte : « Tandis que je méditais sur les possibilités qu’avait l’âme d’accéder à Dieu, je me représentai, entre autres, l’événement merveilleux qui advint en ce lieu au bienheureux François, la vision du Séraphin ailé en forme de Crucifié. Et méditant sur cela, je me rendis compte tout de suite que cette vision m’offrait l’extase contemplative de notre père François et en même temps la voie qui y conduit » (« Itinéraire de l’esprit en Dieu », Prologue, 2 in « Opere di San Bonaventura. Opuscoli Teologici », 1, Rome, 1993, p. 499).
Les six ailes du Séraphin deviennent ainsi le symbole des six étapes qui conduisent progressivement l’homme, à partir de la connaissance de Dieu à travers l’observation du monde et des créatures et à travers l’exploration de l’âme elle-même avec ses facultés, jusqu’à l’union gratifiante avec la Trinité par l’intermédiaire du Christ, à l’imitation de saint François d’Assise.
Les dernières paroles de l’ »Itinerarium » de saint Bonaventure, qui répondent à la question sur la manière dont on peut atteindre cette communion mystique avec Dieu, devraient descendre profondément dans nos cœurs : « Si maintenant tu aspires à savoir comment cela peut advenir (la communion mystique avec Dieu), interroge la grâce, non la doctrine ; le désir, non l’intellect ; le murmure de la prière, non l’étude des lettres ; l’époux, non le maître ; Dieu, non l’homme ; les ténèbres, non la clarté ; non la lumière, mais le feu qui enflamme tout et qui transporte en Dieu avec les fortes onctions et les très ardentes affections… Entrons donc dans les ténèbres, étouffons les angoisses, les passions et les fantômes ; passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père, afin qu’après l’avoir vu, nous disions avec Philippe : cela me suffit » (ibid., VII, 6).
Chers frères et sœurs, accueillons l’invitation qui nous est adressée par saint Bonaventure, le Docteur Séraphique, et mettons-nous à l’école du divin Maître : écoutons sa Parole de vie et de vérité, qui résonne dans l’intimité de notre âme. Purifions nos pensées et nos actions, afin qu’Il puisse habiter en nous et que nous puissions entendre sa Voix divine, qui nous attire vers le vrai bonheur.
15 juillet – Saint Bonaventure: Biographie, ecrit et prière
15 juillet, 2010du site:
http://missel.free.fr/Sanctoral/07/15.php
15 juillet – Saint Bonaventure
Biographie, ecrit et prière
Jean de Fidanza et de Ritella naît en 1221, à Bagnorea (entre Viterbe et Orvieto), dans une noble et opulente famille. Enfant, à la prière de sa mère, il est guéri d’une grave maladie par l’intercession de saint François. Ayant commencé ses études au couvent de Bagnorea, il les contine à Paris où il entre au noviciat des Franciscains et prend le nom de Bonaventure. Il étudie la théologie, l’Ecriture sainte et la patristique latine. En 1248, il débute dans l’enseignement, à l’université de Paris, comme bachelier biblique et commence à écrire des commentaires des livres saints.
En 1253, il fait un commentaire du « Livre des Sentences » ; dans de doctes tournois contre les ennemis des ordres nouveaux, il rompt des lances pour l’honneur de Dame Humilité, reine de tous les religieux, de Dame Pauvreté, la reine des Mendiants, et de ses sœurs Chasteté et Obéissance. Au chapitre de Rome, il est élu ministre général des Mineurs (2 février 1257), charge qu’il occupe jusqu’au 20 mai 1273. Il est comme le second fondateur de l’ordre qu’il préserve des excès des relâchés comme de ceux qui visent à un idéal intenable. En 1260, au chapitre de Narbonne, il promulgue des Constitutions.
Après enquête, il rédige la « Vie » officielle de saint François où il voit une montée en six étapes marquées par six apparitions du crucifix et qui s’achève par les stigmates. « Alors est réalisée ta première vision annonçant que tu serais un chef dans la chevalerie du Christ, et que tu porterais des armes célestes marquées du signe de la Croix. Au début de ta conversion, la vision de Jésus crucifié avait transpercé ton âme d’un glaive de douloureuse compassion ; tu avais entendu une voix tombant de la croix, comme du trône sublime du Christ et d’un autel sacré ; tu l’avais affirmé de ta bouche sacrée, et c’est pour nous maintenant une vérité incontestable. Plus tard, quand tu progressais en sainteté, le F. Sylvestre vit une croix sortant miraculeusement de ta bouche et le saint F. Pacifique aperçut deux glaives croisés qui transperçaient ton corps. Alors que saint Antoine prêchait sur le titre de la croix, l’angélique Monaldus te vit élevê dans les airs, les bras en croix. Toutes ces merveilles n’étaient pas des effets de l’imagination, mais une révélation céleste ; telle est la vérité que nous croyons et affirmons. Enfin, cette vision qui te montra tout ensemble, vers la fin de ta vie, l’image d’un séraphin sublime et celle de l’humble Crucifié, qui embrasa ton âme d’amour, imprima les stigmates dans ton corps et fit de toi un autre ange montant de l’Orient et portant le signe du Dieu vivant (Apocalypse, VII 2 ), cette vision corrobore la vérité de celles qui l’ont précédée et reçoit d’elles un surcroît d’authenticité. Par sept fois, la croix du Christ apparut merveilleusement à tes yeux ou en ta personne aux diflérentes époques de ta vie. Les six prernières apparitions étaient comme autant de degrés pour arriver à cette septième où tu trouverais enfin le repos. En effet, la croix du Christ qui t’est apparue et que tu as embrassée au début de ta conversion, que tu as portée continuellement dans la suite en toi-même par une vie très parfaite et que tu as présentée comme un modèle aux autres, nous a appris, avec une évidence incontestable, que tu étais enfin parvenu au sommet de la perfection évangélique. Et cette manifestation de la sagesse chrétienne imprimée dans la poussière de ta chair, nul homme vraiment dévot ne la rejettera. »
Pour que prospèrent tous les bercails de l’ordre franciscain, il faut l’œil du maître. Bonaventure, qui n’est pas robuste, s’impose les fatigues d’inspections fréquentes et de prédications nombreuses. Il parle aux Mineurs – près de cent fois – il parle aux Prêcheurs, aux bénédictins de Cluny et de Saint-Denis, à des clarisses, à des moniales, à des béguines et au peuple fidèle. Il s’adresse parfois à la Curie romaine et au clergé des cathédrales. Des pubIications ascétiques et mystiques portent au loin la pensée du grand contemplatif : opuscules sur la légende et l’ascèse franciscaines, petits traités spirituels. Peu avant 1257, il donne le Breviloquium que Gerson regardera comme le joyau de la théologie médiévale. En 1259, paraît son livre médité longuement sur l’Alverne, la plus belle sans doute des œuvres mystiques du XIII° siècle, l’Itinerarium mentis in Deum qui achemine l’âme vers Dieu ; l’amour s’y appuie sur la philosophie et la théologie, il s’élève par six degrés des créatures au Créateur, partant humblement du monde des sens : « Pour ce passage des créatures à Dieu, la nature ne peut rien et la science très peu de chose; il faut donner peu au travail de l’intelligence et beaucoup à l’onction ; peu à la langue et beaucoup à la joie intérieure ; peu à la parole et aux livres et tout au don de Dieu, c’est-à-dire au Saint-Espnt ; peu ou rien à la créature et tout au Créateur, Père, Fils et Saint-Esprit. Interrogez la grâce et non la science ; le désir et non l’intelligence; les gémissements de la prière et non l’étude livresque ; l’époux et non le maître ; Dieu et non l’homme ; l’obscurité et non la clarté ; non la lumière qui brille, mais le feu qui embrase tout entier et transporte en Dieu. »
Le pape Clément IV veut le nommer archevêque d’York (24 novembre 1265) mais Bonaventure esquive cette gloire. En 1271, après une vacance de trois ans, à Viterbe, il réussit à faire élire pape Grégoire X qui le crée cardinal-évêque d’Albano. Il meurt à Lyon le 14 juillet 1274.
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L’itinéraire de l’âme vers Dieu
Le Christ est le chemin et la porte, l’échelle et le véhicule ; il est le propitiatoire posé sur l’arche de Dieu et le mystère caché depuis le commencement.
Celui qui tourne résolument et pleinement ses yeux vers le Christ en le regardant suspendu à la croix, avec foi, espérance et charité, dévotion, admiration, exultation, reconnaissance, louange et jubilation, celui-là célèbre la Paque avec lui, c’est-à-dire qu’il se met en route pour traverser la mer Rouge grâce au bâton de la croix. Quittant l’Égypte, il entre au désert pour y goûter la manne cachée et reposer avec le Christ au tombeau, comme mort extérieurement mais expérimentant dans la mesure où le permet l’état de voyageur ce qui a été dit sur la croix au larron compagnon du Christ : « Aujourd’hui avec moi tu seras dans le paradis. »
En cette traversée, si l’on veut être parfait, il importe de laisser là toute spéculation intellectuelle. Toute la pointe du désir doit être transportée et transformée en Dieu. Voilà le secret des secrets, que « personne ne connaît sauf celui qui le reçoit », que nul ne reçoit sauf celui qui le désire, et que nul ne désire, sinon celui qui au plus profond est enflammé par l’Esprit Saint que le Christ a envoyé sur la terre. Et c’est pourquoi l’Apôtre dit que cette mystérieuse sagesse est révélée par l’Esprit Saint.
Si tu cherches comment cela se produit, interroge la grâce et non le savoir, ton aspiration profonde et non pas ton intellect, le gémissement de ta prière et non ta passion pour la lecture ; interroge l’Époux et non le professeur, Dieu et non l’homme, l’obscurité et non la clarté ; non point ce qui luit mais le feu qui embrase tout l’être et le transporte en Dieu avec une onction sublime et un élan plein d’ardeur. Ce feu est en réalité Dieu lui-même dont « la fournaise est à Jérusalem. » C’est le Christ qui l’a allumé dans la ferveur brûlante de sa Passion. Et seul peut le percevoir celui qui dit avec Job : « Mon âme a choisi le gibet, et mes os, la mort. » Celui qui aime cette mort de la croix peut voir Dieu ; car elle ne laisse aucun doute, cette parole de vérité : « L’homme ne peut me voir et vivre. »
Mourons donc, entrons dans l’obscurité, imposons silence à nos soucis, à nos convoitises et à notre imagination. Passons avec le Christ crucifié de ce monde au Père. Et quand le Père se sera manifesté, disons avec Philippe : « Cela nous suffit » ; écoutons avec Paul : « Ma grâce te suffit » ; exultons en disant avec David : « Ma chair et mon cœur peuvent défaillir : le roc de mon cœur et mon héritage, c’est Dieu pour toujours. Béni soit le Seigneur pour l’éternité, et que tout le peuple réponde : Amen, amen ! »
St Bonaventure
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Prière
Transpercez mon âme, très doux Seigneur Jésus, dans tout ce qu’elle a de plus profond et de plus intime ; transpercez-la du dard tout suave et tout salutaire de votre amour, de ce dard de la véritable et pure charité, de cette charité très sainte qu’a eue votre apôtre saint Jean ; en sorte que mon âme languisse et se fonde sans cesse d’amour et de désir pour vous seul. Qu’elle soupire après vous et se sente défaillir à la pensée de vos tabernacles ; qu’elle n’aspire qu’à sa délivrance et à son union avec vous. Faites que mon âme ait faim de vous qui êtes le pain des anges, aliment des âmes saintes, notre pain quotidien supersubstantiel ayant en lui toute douceur et toute suavité délectable. O vous que le désir des anges est de contempler, puisse mon coeur être toujours affamé et toujours se nourrir de vous, mon âme être remplie jusque dans ses profondeurs de la suavité de vos délices. Que mon coeur ait toujours soif de vous, source de vie, source de sagesse et de science, source d’éternelle lumière, torrent de délices, abondance de la maison de Dieu. Qu’il n’aspire jamais qu’à vous, ne cherche et ne trouve que vous ; qu’il tende vers vous et parvienne jusqu’à vous ; qu’il ne pense qu’à vous, ne parle que de vous, et qu’il accomplisse toutes choses pour l’honneur et la gloire de votre nom, avec humilité et discernement, avec amour et plaisir, avec facilité et affection, avec persévérance jusqu’à la fin. Soyez toujours mon seul espoir et toute ma confiance, mes richesses et mes délices, mon plaisir et ma joie, mon repos et ma tranquillité, ma paix et ma suavité, mon parfum et ma douceur, ma nourriture et ma force, mon refuge et mon secours, ma sagesse et mon partage, mon bien et mon trésor. Qu’en vous seul, mon esprit et mon coeur soient à jamais fixés, affermis et inébranlablement enracinés. Amen.
Saint Bonaventure
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Liber de ligno viate, XXX
Afin que l’Eglise fût formée du côté du Christ pendant son sommeil sur la Croix et afin que fût accomplie la parole de l’Ecriture : Ils regarderont vers celui qu’ils auront transpercé (Zacharie XII 10), Dieu a disposé qu’un soldat ouvrît ce côté sacré en le perçant de sa lance et que, dans cet écoulement de sang et d’eau, fût versé le prix de notre salut : en jaillissant des profondeurs de ce Coeur, il donnerait aux sacrements de l’Eglise la vertu de conférer la vie de la grâce et désormais ceux qui vivraient dans le Christ auraient là une source d’eau vive jaillissant pour la vie éternelle. Lève-toi donc, âme qui aime le Christ ; ne cesse pas de te tenir attentive ; applique là ta bouche ; tu y boiras aux sources du Sauveur.
Saint Bonaventure
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus: « Devenez mes disciples »
15 juillet, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100715
Le jeudi de la 15e semaine du temps ordinaire : Mt 11,28-30
Commentaire du jour
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus (1873-1897), carmélite, docteur de l’Église
Prière pour obtenir l’humilité, Prière n° 20
« Devenez mes disciples »
Ô Jésus ! Lorsque vous étiez voyageur sur la terre, vous avez dit : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur et vous trouverez le repos de vos âmes. » Ô puissant monarque des cieux, oui, mon âme trouve le repos en vous voyant, revêtu de la forme et de la nature d’esclave (Ph 2,7), vous abaisser jusqu’à laver les pieds à vos apôtres. Je me souviens alors de ces paroles que vous avez prononcées pour m’apprendre à pratiquer l’humilité : « Je vous ai donné l’exemple afin que vous fassiez vous-mêmes ce que j’ai fait ; le disciple n’est pas plus grand que le maître. Si vous comprenez ceci vous serez heureux en le pratiquant » (Jn 13,15-17). Je les comprends, Seigneur, ces paroles sorties de votre coeur doux et humble, je veux les pratiquer avec le secours de votre grâce.
Je veux m’abaisser humblement et soumettre ma volonté à celle de mes soeurs, ne les contredisant en rien et sans rechercher si elles ont le droit de me commander. Personne, ô mon Bien-Aimé, n’avait ce droit envers vous et cependant vous avez obéi non seulement à la sainte Vierge et à saint Joseph, mais encore à vos bourreaux. Maintenant c’est dans l’hostie que je vous vois mettre le comble à vos anéantissements. Quelle n’est pas votre humilité, ô divin Roi de Gloire… Ô mon Bien-Aimé, sous le voile de la blanche hostie que vous m’apparaissez doux et humble de coeur ! … Ô Jésus, doux et humble de coeur, rendez mon coeur semblable au vôtre !