Archive pour le 5 juillet, 2010
François de Salignac de la Mothe-Fénelon (1651–1715) : Sur la prière
5 juillet, 2010du site:
http://www.spiritualite-chretienne.com/livres/fenelon.html
Livres anciens – Beaux textes
François de Salignac de la Mothe-Fénelon (1651–1715) : Sur la prière
Mais ce que je vous demande au-dessus de tout, c’est de prendre tous les jours, par préférence à tout le reste, un demi-quart d’heure le matin et autant le soir, pour être en société familière et de cœur avec Dieu. Vous me demanderez comment vous pourrez faire cette prière ; je vous réponds que vous la ferez excellemment, si c’est votre cœur qui la fait. Eh ! comment est-ce qu’on parle aux gens qu’on aime ? Un demi-quart d’heure est-il si long avec un bon ami ? Le voilà l’ami fidèle qui ne se lasse point de vos rebuts, pendant que tous les autres amis vous négligent, à cause que vous ne pouvez plus être avec eux en commerce de plaisir. Dites-lui tout ; écoutez-le surtout, rentrez souvent au dedans de vous-même pour l’y trouver. Le royaume de Dieu est au-dedans de vous, dit Jésus-Christ. Il ne faut pas l’aller chercher bien loin, puisqu’il est aussi près de nous que nous-mêmes. Il s’accommodera de tout : il ne veut que votre cœur ; il n’a que faire de vos compliments, ni de vos protestations étudiées avec effort. Si votre imagination s’égare, revenez doucement à la présence de Dieu : ne vous gênez point ; ne faites point de la prière une contention d’esprit ; ne regardez point Dieu comme un maître qu’on n’aborde qu’en se composant avec cérémonie et embarras. La liberté et la familiarité de l’amour ne diminueront jamais le vrai respect et l’obéissance. Votre prière ne sera parfaite que quand vous serez plus au large avec le vrai ami du cœur qu’avec tous les amis imparfaits du monde. Vous me demanderez quelle pénitence vous devez faire de tous vos péchés : je vous réponds comme Jésus-Christ à la femme adultère : Je ne vous condamnerai point ; gardez-vous de pécher encore. Votre grande pénitence sera de supporter patiemment vos maux, d’être attaché sur la croix avec Jésus-Christ, de vous détacher de la vie dans un état triste et pénible où elle devient si fragile, et d’en faire le sacrifice, avec un humble courage, à Dieu, s’il le faut. O la bonne pénitence, que celle de se tenir sous la main de Dieu entre la vie et la mort ! N’est-ce pas réparer toutes les fautes de la vie, que d’être patient dans les douleurs, et prêt à perdre, quand il plaira à Dieu, cette vie dont on a fait un si mauvais usage ?
Voilà, Monsieur, les principales choses qui me viennent au cœur pour vous ; recevez-les, je vous supplie, comme les marques de mon zèle. Dieu sait avec quel attachement et quel respect je vous suis dévoué. Plus j’ai l’honneur de vous voir, plus je suis pénétré des sentiments qui vous sont dus. Je prie Dieu tous les jours afin qu’il vous donne l’esprit de prière, qui est l’esprit de vie. Que ne ferais-je point pour attirer sur vous les miséricordes de Dieu, pour vous procurer les solides consolations, et pour vous tourner entièrement vers votre salut !
Fénelon, extrait des Lettres sur la religion.
Homélie de Benoît XVI pour le 8e centenaire de la naissance de S. Célestin V
5 juillet, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-24903?l=french
Homélie de Benoît XVI pour le 8e centenaire de la naissance de S. Célestin V
Visite pastorale à Sulmona, dans les Abruzzes
ROME, Lundi 5 juillet 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de l’homélie que le pape Benoît XVI a prononcée hier dimanche, au cours de la messe qu’il a présidée, à Sulmona (Abruzzes) pour le 8ème centenaire de la naissance du pape Célestin V (1209 ?-1296).
Chers frères et sœurs,
Je suis très heureux de me trouver parmi vous aujourd’hui et de célébrer avec vous et pour vous cette Eucharistie solennelle. Je salue votre pasteur, Mgr Angelo Spina : je le remercie des paroles cordiales de bienvenue qu’il m’a adressées au nom de tous et des dons qu’il m’a offerts et que j’apprécie beaucoup en leur qualité de « signes » – comme il les a définis – de la communion affective et effective qui lie le peuple de cette chère terre des Abruzzes au Successeur de Pierre. Je salue les archevêques et les évêques présents, les prêtres, les religieux et les religieuses, les représentants des associations et des mouvements ecclésiaux. J’adresse une pensée respectueuse au maire, M. Fabio Federico, reconnaissant pour ses paroles de bienvenue et pour les « signes », les dons, ainsi qu’au représentant du gouvernement et aux autorités civiles et militaires. J’adresse un remerciement spécial à ceux qui ont généreusement offert leur collaboration pour organiser ma visite pastorale. Chers frères et sœurs, je suis venu pour partager avec vous les joies et les espérances, les difficultés et les engagements, les idéaux et les aspirations de votre communauté diocésaine. Je sais bien qu’à Sulmona également les difficultés, les problèmes et les préoccupations ne manquent pas : je pense, en particulier, à ceux qui vivent concrètement leur existence dans des conditions de précarité, à cause du manque de travail, de l’incertitude face à l’avenir, de la souffrance physique et morale et – comme l’a rappelé l’évêque – du sens d’égarement dû au tremblement de terre du 6 avril 2009. Je veux assurer à tous ma proximité et mon souvenir dans la prière, et je vous encourage à persévérer dans le témoignage des valeurs humaines et chrétiennes si profondément enracinées dans la foi et dans l’histoire de ce territoire et de sa population.
Chers amis, ma visite a lieu à l’occasion de l’Année jubilaire spéciale lancée par les évêques des Abruzzes et du Molise, pour célébrer les huit cents ans de la naissance de saint Pierre Célestin. En survolant votre territoire, j’ai pu contempler la beauté du paysage et, surtout, admirer certaines localités étroitement liées à la vie de cette noble figure : le Mont Morrone, où Pierre conduisit pendant longtemps une vie d’ermite ; l’ermitage de Sant’Onofrio, où en 1294 il apprit la nouvelle de son élection comme Souverain Pontife, qui eut lieu pendant le conclave de Pérouse ; et l’abbaye de Santo Spirito, dont il consacra le maître-autel après son couronnement, qui eut lieu dans la basilique de Collemaggio, à L’Aquila. Je me suis moi-même rendu dans cette basilique, en avril de l’année dernière, après le tremblement de terre qui a dévasté la région, pour vénérer le reliquaire contenant ses restes et laisser le pallium reçu le jour du début de mon pontificat.
Huit cents ans se sont écoulés depuis la naissance de saint Pierre Célestin V, mais il reste présent dans l’histoire en raison des célèbres événements de son époque et de son pontificat et, surtout, de sa sainteté. En effet, la sainteté ne perd jamais sa force d’attraction, elle ne tombe pas dans l’oubli, elle ne passe jamais de mode, au contraire, avec le passage du temps elle resplendit d’une luminosité toujours plus grande, exprimant la tension éternelle de l’homme vers Dieu. Je voudrais alors tirer plusieurs enseignements de la vie de saint Pierre Célestin, valables également à notre époque.
Pietro Angelerio a été, dès sa jeunesse, un « chercheur de Dieu », un homme souhaitant trouver des réponses aux grandes interrogations de notre existence : qui suis-je, d’où est-ce que je viens, pourquoi est-ce que je vis, pour qui est-ce que je vis ? Il se met en route à la recherche de la vérité et du bonheur ; il se met à la recherche de Dieu et, pour écouter sa voix, décide de se séparer du monde et de vivre en ermite. Le silence devient ainsi l’élément caractérisant sa vie quotidienne. Et c’est précisément dans le silence extérieur, mais surtout dans celui intérieur, qu’il réussit à percevoir la voix de Dieu, capable d’orienter sa vie. Il y a là un premier aspect important pour nous : nous vivons dans une société où chaque espace, chaque moment semble devoir être « rempli » par des initiatives, des activités, des sons ; souvent, nous n’avons même pas le temps d’écouter et de dialoguer. Chers frères et sœurs, n’ayons pas peur de faire le silence en nous et à l’extérieur de nous, si nous voulons être capables non seulement de percevoir la voix de Dieu, mais également la voix de ceux qui sont à nos côtés, la voix des autres.
Mais il est important de souligner également un deuxième élément : la découverte du Seigneur que fait Pietro Angelerio n’est pas le résultat d’un effort, mais elle est rendue possible par la grâce de Dieu lui-même, qui le prévient. Ce qu’il avait, ce qu’il était, ne venait pas de lui : cela lui avait été donné, il s’agissait de la grâce, et il s’agissait donc également d’une responsabilité devant Dieu et devant les autres. Bien que notre vie moderne soit très différente, ceci vaut également pour nous : tout l’essentiel de notre existence nous a été donné sans notre contribution. Le fait que je vive ne dépend pas de moi ; le fait que des personnes m’aient introduit dans la vie, m’aient enseigné ce que signifie aimer et être aimé, m’aient transmis la foi et m’aient ouvert les yeux à Dieu : tout cela est une grâce et n’est pas « fait par moi ». Seuls nous n’aurions rien pu faire si cela ne nous avait pas été donné : Dieu nous précède toujours et dans chaque vie il existe du beau et du bon que nous pouvons reconnaître facilement comme sa grâce, comme un rayon de lumière de sa bonté. C’est pourquoi nous devons être attentifs, garder toujours ouverts les « yeux intérieurs », ceux de notre cœur. Et si nous apprenons à connaître Dieu dans son infinie bonté, nous serons également capables de voir, avec étonnement, dans notre vie – comme les saints – les signes de ce Dieu qui est toujours proche de nous, qui est toujours bon avec nous, qui nous dit : « Aies foi en moi ! ».
Dans le silence intérieur, dans la perception de la présence du Seigneur, Pietro de Morrone avait en outre mûri une expérience vivante de la beauté de la création, œuvre des mains de Dieu : il savait en saisir le sens profond, il en respectait les signes et les rythmes, il l’utilisait pour ce qui est essentiel à la vie. Je sais que cette Eglise locale, ainsi que les autres des Abruzzes et du Molise, sont activement engagées dans une campagne de sensibilisation pour la promotion du bien commun et la sauvegarde de la création : je vous encourage dans cet effort, en exhortant chacun à se sentir responsable de son propre avenir, ainsi que de celui des autres, également en respectant et en sauvegardant la création, fruit et signe de l’Amour de Dieu.
Dans la deuxième lecture d’aujourd’hui, tirée de la Lettre aux Galates, nous avons écouté une très belle expression de saint Paul, qui est également un parfait portrait spirituel de saint Pierre Célestin : « Mais pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde » (6, 14). La Croix constitua véritablement le centre de sa vie, elle lui donna la force pour affronter les dures pénitences et les moments les plus difficiles, de sa jeunesse à sa dernière heure : il fut toujours conscient que le salut vient de celle-ci. La Croix donna également à saint Pierre Célestin une claire conscience du péché, toujours accompagnée par une conscience toute aussi claire de l’infinie miséricorde de Dieu envers sa créature. En voyant les bras grands ouverts de son Dieu crucifié, il s’est senti conduit sur l’océan infini de l’amour de Dieu. En tant que prêtre, il a fait l’expérience de la beauté d’être l’administrateur de cette miséricorde, en donnant l’absolution des péchés aux pénitents, et, lorsqu’il fut élu sur le Siège de l’Apôtre Pierre, il voulut accorder une indulgence particulière, appelée « Le Pardon ». Je désire exhorter les prêtres à devenir des témoins clairs et crédibles de la bonne nouvelle de la réconciliation avec Dieu, en aidant l’homme d’aujourd’hui à retrouver le sens du péché et du pardon de Dieu, pour faire l’expérience de cette joie surabondante dont le prophète Isaïe nous a parlé dans la première lecture (cf. Is 66, 10-14).
Enfin, un dernier élément : bien que menant une vie d’ermite, saint Pierre Célestin n’était pas « fermé sur lui-même », mais il était pris par la passion d’apporter la bonne nouvelle de l’Evangile à ses frères. Et le secret de sa fécondité pastorale se trouvait précisément dans le fait de « demeurer » avec le Seigneur, dans la prière, comme cela nous a été rappelé également dans le passage évangélique d’aujourd’hui : le premier impératif est toujours celui de prier le Seigneur de la moisson (cf. Lc 10, 2). Et c’est seulement après cette invitation que Jésus définit certains engagements essentiels des disciples : l’annonce sereine, claire et courageuse du message évangélique – même dans les moments de persécution – sans céder ni à l’attrait des modes, ni à celui de la violence ou de l’imposition ; le détachement des préoccupations pour les biens matériels – l’argent et les vêtements – en se confiant à la Providence du Père ; l’attention et le soin particulier à l’égard des maladies du corps et de l’esprit (cf. Lc 10, 5-9). Ce furent également les caractéristiques du pontificat, bref et tourmenté, de Célestin V et telles sont les caractéristiques de l’activité missionnaire de l’Eglise à chaque époque.
Chers frères et sœurs, je suis parmi vous pour vous confirmer dans la foi. Je désire vous exhorter, avec force et avec affection, à rester fermes dans cette foi que vous avez reçue, qui donne un sens à la vie et qui donne la force d’aimer. Que l’exemple et l’intercession de la Mère de Dieu et de saint Pierre Célestin nous accompagnent sur ce chemin. Amen !
Traduction : Zenit
bonne nuit
5 juillet, 2010Saint François d’Assise: « Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée »
5 juillet, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100705
Le lundi de la 14e semaine du temps ordinaire : Mt 9,18-26
Commentaire du jour
Saint François d’Assise (1182-1226), fondateur des Frères mineurs
Lettre à tout l’ordre (trad. Debonnets et Vorreux, Documents, 1968, p. 124)
« Si je parviens seulement à toucher son vêtement, je serai sauvée »
Écoutez mes frères. Si la bienheureuse Vierge Marie est tellement honorée — et c’est justice — parce qu’elle a porté le Christ dans son sein très béni, si le bienheureux Jean le Baptiste a tremblé, n’osant même pas toucher la tête sacrée de son Dieu, si le tombeau dans lequel le corps du Christ a été couché pour quelque temps est entouré de vénération, comme il doit être saint, juste et digne, celui qui touche le Christ de ses mains, le reçoit dans sa bouche et dans son cœur et le donne aux autres en nourriture, ce Christ qui maintenant n’est plus mortel, mais éternellement vainqueur et glorieux, celui sur qui les anges désirent jeter les yeux.
Voyez votre dignité, frères prêtres, et soyez saints parce qu’il est saint (1P 1,16)… Grande misère et misérable faiblesse si, le tenant ainsi présent entre vos mains, vous vous occupez de quelque autre chose au monde !
Que tout homme craigne, que le monde entier tremble, et que le ciel exulte quand le Christ, Fils du Dieu vivant, est sur l’autel entre les mains du prêtre. Quelle grandeur admirable, et quelle bonté stupéfiante ! Quelle humilité sublime ! Le maître de l’univers, Dieu et Fils de Dieu, s’humilie pour notre salut, au point de se cacher sous une petite hostie de pain. Voyez, frères, l’humilité de Dieu ; faites-lui l’hommage de vos cœurs. Soyez humbles, vous aussi, pour pouvoir être exaltés par lui. Ne gardez rien pour vous, afin que celui qui se donne à vous tout entier vous reçoive tout entiers.