Archive pour juin, 2010

Romanos le Mélode: Premier hymne de l’Épiphanie

2 juin, 2010

du site: 

http://www.spiritualite2000.com/page-2278.php

Premier hymne de l’Épiphanie

Romanos le Mélode

Romanos naquit en Syrie, à Émèse (aujourd’hui Homs), dans une famille d’origine judaïque. Il était diacre quand il vint se fixer à Constantinople, sous le règne d’Anastase 1er (418-518. Selon la tradition, c’est à Constantinople, dans l’église de la Théotokos, que la Vierge Marie lui serait apparue en songe et lui ordonna d’avaler un livre. L’Église orthodoxe grecque a admis au rang de ses saints celui qu’elle considère comme son plus grand hymnographe.

PROOÏMION I

Tu es apparu au monde aujourd’hui, et ta lumière, Seigneur, s’est manifestée sur nous qui, te connaissant, te chantons : «Tu es venu, tu es apparu, lumière inaccessible. »

PROOÏMION II

En te voyant dans les flots du Jourdain quand tu voulus y être baptisé, le grand Précurseur s’écriait avec allégresse, ô Christ : « Tu es venu, tu es apparu, lumière inaccessible. »

1. Dans la Galilée des nations, dans le pays de Zabulon, dans la terre de Nephtali, comme dit le prophète, une grande lumière a brillé : le Christ. Ceux qui étaient dans la nuit ont vu une radieuse clarté qui jaillissait de Bethléem ; ou plutôt le Seigneur né de Marie, le soleil de justice, fait apparaître ses rayons sur le monde entier. Nous donc, les fils d’Adam, qui sommes nus, venons tous le revêtir pour nous réchauffer. Car c’est pour couvrir ceux qui sont nus, illuminer ceux qui sont, dans les ténèbres que tu es venu, que tu es apparu, lumière inaccessible.

2. Dieu n’a pas méprisé celui qui fut dépouillé par ruse dans le paradis et perdit la robe que Dieu lui avait tissée : une fois encore il est venu à lui, de sa voix sainte appelant l’indocile. « Où es-tu, Adam ? Désormais ne te cache plus de moi ; je veux te voir, si nu, si pauvre que tu sois. N’aie pas honte, car je me suis fait semblable à toi. Malgré ton désir, tu n’as pu te faire dieu, mais moi à présent, par ma volonté, je me suis fait chair. Approche-toi donc et reconnais-moi, pour dire :  » Tu es venu, tu es apparu, lumière inaccessible. »

3. Vaincu par mes entrailles, en miséricordieux que je suis, je suis venu vers ma créature, tendant les mains pour t’embrasser. N’aie donc pas honte devant moi : c’est pour toi qui es nu, que je me mets nu et reçois le baptême ; déjà le Jourdain s’ouvre à moi, et Jean prépare mes voies dans les eaux et dans les âmes ». Ayant ainsi parlé à l’homme, non en paroles, mais en actes, le Sauveur vint, comme il l’avait dit, et ses pas le menaient au fleuve, mais du Précurseur il s’approchait sous la forme de la lumière inaccessible.

4. Jean, en voyant le fleuve dans le désert, la rosée dans la fournaise, la pluie sur la Vierge, le Christ dans le Jourdain, fut ému de crainte, de même que son père avait tremblé devant Gabriel. En cette heure furent de plus grandes choses qu’il n’en fut jamais, — en cette heure où le maître des anges venait vers un serviteur pour être baptisé ; aussi le Baptiseur, reconnaissant le Créateur et se mesurant lui-même, dit-il en tremblant : « Arrête, Rédempteur ! Que cela te suffise, n’allons pas plus loin. Je sais qui tu es : la lumière inaccessible.

5. Ce que tu m’ordonnes, Sauveur, si je l’accomplis, j’exalterai ma corne ; et cependant je n’usurperai pas ce qui dépasse mon pouvoir. Je sais qui tu es, et je n’ignore pas ce que tu étais, car je te connais depuis le sein maternel. Comment ne reconnaîtrais-je pas maintenant ta manifestation, à toi que, caché moi-même, j’ai contemplé caché, et j’en ai tressailli d’allégresse ? Arrête donc, Sauveur, et ne m’accable pas : il me suffit d’avoir été jugé digne de te voir, c’est assez beau pour moi que tu m’aies dit ton précurseur : car toi, tu es la lumière inaccessible.

6. Je voudrais-te céder le rôle de baptiseur, car c’est à toi qu’il convient. Moi, j’ai besoin d’être baptisé par toi, mais c’est toi qui viens à moi, et me préviens en me demandant ce que je veux te demander. Que désires-tu de l’homme, ami des hommes ? Pourquoi inclines-tu la tête sous ma main? Car elle n’a pas l’habitude de tenir du feu, elle est pauvre et ne saurait prêter au riche, elle est faible et ne saurait lutter contre le fort. Les pécheurs, voilà ceux qu’elle sert, selon leurs besoins : quant à toi, tu es la lumière inaccessible.

7. Pourquoi es-tu venu vers ces eaux ? Que veux-tu laver, quelle iniquité, toi qui fus conçu et enfanté sans péché ? Tu viens à moi, mais le ciel et la terre guettent pour voir si je serai téméraire. Tu me dis :  » Baptise-moi « , mais de là-haut les anges observent Pour me dire, le moment venu :  » Connais-toi toi-même ! Jusqu’où ira ton audace ?  » Comme disait Moïse, choisis-en un autre pour cela, Seigneur, que tu exiges de moi. Cela me dépasse et j’ai peur. Je t’en prie ! Comment donc baptiserai-je la lumière inaccessible ? »

8. Celui qui prévoit tout, voyant l’effroi du Précurseur, lui répondit : « Tu fais bien, Jean, tu fais bien de me craindre ; mais laisse à présent, car c’est ainsi qu’il convient d’accomplir ce que j’ai décrété d’avance. Laisse à présent, et secoue maintenant cette peur. Tu me dois ton ministère, et il te faut maintenant l’accomplir. Jadis j’ai envoyé Gabriel, et il a bien rempli sa mission à l’occasion de ta naissance. Laisse donc aller, toi aussi, ta main comme un ange pour baptiser la lumière inaccessible.

9. Tu es maintenant frappé de crainte, Baptiseur, et tu trembles devant ta grandeur de cette action : elle est grande en effet. Mais ta parente en a vu une plus grande encore. Regarde Marie et considère comment elle m’a porté. Bien sûr, tu vas me dire :  » Alors tu l’avais voulu. » Eh bien je le veux de même aujourd’hui ! N’hésite pas, baptise-moi, prête-moi seulement ta droite. Ton esprit, je l’habite et je te possède tout entier : pourquoi donc ne me tends-tu pas ta main ? Je suis en toi et hors de toi : pour quelle raison me fuis-tu ? Arrête et prends la lumière inaccessible.

10. Je n’exige pas, Baptiseur, que tu passes les bornes. Je ne te dis pas :  » Dis-moi ce que tu dis aux coupables, ce que tu recommandes aux pécheurs. » Baptise-moi simplement, dans le silence et dans l’attente de ce qui suivra le baptême. Car tu accéderas par lui à une dignité que n’ont pas eue les anges : je te ferai plus grand que tous les prophètes. Aucun d’eux ne m’a vu clairement, mais seulement en figures, en ombres et en songes. Mais aujourd’hui tu vois, tu touches, car elle se tient devant toi selon son vouloir, la lumière inaccessible.

11. Laisse là ce que tu dis, et fais ce que tu entends. Ne porte aucun témoignage sur moi, car j’ai toujours dans le ciel un témoin véridique ; ton témoignage, le peuple qui se tient ici ne le reçoit manifestement pas. Laisse donc le ciel leur enseigner qui je suis né et de qui je suis né, quelle grâce je dois accorder à mes bien-aimés. J’ouvrirai les cieux, je ferai descendre l’Esprit, je le leur donnerai en gage. Viens donc maintenant, approche, pour apprendre d’où rayonne la lumière inaccessible. »

12. A ces paroles mystérieuses et redoutables, le fils de la stérile dit au fils de la Vierge : « Si je parle encore, ne te fâche pas contre moi, Rédempteur, car la nécessité me dispose maintenant à prendre de grandes libertés. Quel besoin, Sauveur, pour qu’ils te connaissent, d’attirer le danger sur ma pauvre main en la mettant dans un four ? Autrefois Ozas étendit la main pour retenir l’arche, et il fut brisé. Et aujourd’hui, si je touche la tête de mon Dieu, comment ne serais-je pas brûlé par la lumière inaccessible ?

13. — O baptiseur, ô disputeur, prépare-toi vite, non pour contredire, mais pour me servir. Car voici que tu vas voir ce que j’accomplis. Je trace ainsi devant toi la figure charmante et splendide de mon Église, accordant à ta droite la même puissance que je donnerai ensuite aux mains de mes disciples et de mes prêtres. Je vais te montrer clairement le Saint-Esprit, et te faire entendre la voix du Père me désignant comme son Fils véritable et clamant : Celui-ci est la lumière inaccessible.»

14. A ce discours redoutable, l’enfant de Zacharie dit au Créateur : « Je ne conteste plus, j’accomplis ton ordre.» Il dit, et alors, s’approchant du Sauveur avec l’humilité d’un esclave, il fixa sur lui son regard, considérant pieusement les membres nus de celui qui ordonne aux nuages d’envelopper le ciel comme un manteau, et regardant encore au milieu des flots celui qui parut au milieu des trois enfants, rosée dans la fournaise et dans le Jourdain feu brillant, jaillissant, lumière inaccessible.

15. Cependant, en voyant ces prodiges, l’enfant de Zacharie, jouant le rôle d’un prêtre, se tient près des flots et impose les mains au Christ, criant aux assistants : « Vous voyez dans le Jourdain la pluie volontaire, le torrent des délices, comme dit l’Écriture, dans le cours des eaux, dans le fleuve la grande mer. Que personne donc ne pense que je suis bien hardi ; je n’agis pas en téméraire, mais en serviteur. Il est le Seigneur et il m’a dit :  » Fais cela. » C’est pourquoi je baptise la lumière inaccessible.

16. J’étais débile comme un mortel, mais lui, comme Dieu de l’univers, m’a donné l’énergie en me disant :  » Impose-moi ta main, et moi je la fortifierai.  » Comment donc pourrais-je, s’il n’y avait pas ce qu’il m’a dit et qui s’est réalisé, comment aurais-je la force de baptiser l’abîme, moi qui suis fait de boue, si je n’avais pas d’abord reçu et pris de là-haut la puissance ? Car je sens, maintenant qu’il est auprès de moi, que je suis plus que ce que j’étais… Non, je suis tout autre : me voici transformé, glorifié d’avoir vu, touché la lumière inaccessible.

17. Je ne dis plus comme avant :  » Je ne délie pas le cordon de ses chaussures  » car voici que, des pieds, je m’avance jusqu’à la tête. Je ne foule plus la terre, mais le ciel lui-même, car mes actes sont célestes. Bien mieux, j’ai surpassé les cieux : ceux-ci portent, mais sans voir celui qu’ils portent ; moi, maintenant, je vois et je porte. Réjouis-toi, ciel, et toi, terre, exulte ; soyez sanctifiées, sources des eaux, car, en paraissant, elle a tout rempli de bénédiction, elle illumine tous les hommes, la lumière inaccessible. »

18. L’enfant de Zacharie, sur l’ordre divin, éleva donc très haut son esprit et, tendant la main, il l’imposa au roi, le baigna dans les flots, et puis ramena à terre le Seigneur de la terre et du firmament que, du haut du ciel, désigna par la voix, comme par le doigt, celui qui clamait : « Celui-ci est mon fils bien-aimé. » A ce Père, à son Fils baptisé, et à son Esprit je crie : «Brise, Rédempteur, ceux qui oppriment mon âme, mets fin à mes peines, lumière inaccessible. »Romanos le Mélode, Hymnes, tome II, Nouveau Testament, introduction, texte critique, traduction et notes par J. Grosdidier de Matons, Collection Sources Chrétiennes No 110, Éditions du Cerf, Paris 1965.

Audience générale du 2 juin : saint Thomas d´Aquin

2 juin, 2010

du site: 

http://www.zenit.org/article-24633?l=french

Audience générale du 2 juin : saint Thomas d´Aquin

Texte intégral

ROME, Mercredi 2 juin 2010 (ZENIT.org ) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée par le pape Benoît XVI, ce mercredi, au cours de l’audience générale, place Saint-Pierre.

Chers frères et sœurs,

Après quelques catéchèses sur le sacerdoce et mes derniers voyages, nous revenons aujourd’hui à notre thème principal, c’est-à-dire la méditation de certains grands penseurs du Moyen-Age. Nous avions vu dernièrement la grande figure de saint Bonaventure, franciscain, et je voudrais aujourd’hui parler de celui que l’Eglise appelle le Doctor communis : c’est-à-dire saint Thomas d’Aquin. Mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, dans son encyclique Fides et ratio, a rappelé que saint Thomas « a toujours été proposé à juste titre par l’Eglise comme un maître de pensée et le modèle d’une façon correcte de faire de la théologie » (n. 43). Il n’est donc pas surprenant que, après saint Augustin, parmi les écrivains ecclésiastiques mentionnés dans le Catéchisme de l’Eglise catholique, saint Thomas soit cité plus que tout autre, pas moins de soixante et une fois ! Il a également été appelé Doctor Angelicus, sans doute en raison de ses vertus, en particulier le caractère sublime de sa pensée et la pureté de sa vie.

Thomas naquit entre 1224 et 1225 dans le château que sa famille, noble et riche, possédait à Roccasecca, près d’Aquin, à côté de la célèbre abbaye du Mont Cassin, où il fut envoyé par ses parents pour recevoir les premiers éléments de son instruction. Quelques années plus tard, il se rendit dans la capitale du Royaume de Sicile, Naples, où Frédéric II avait fondé une prestigieuse Université. On y enseignait, sans les limitations imposées ailleurs, la pensée du philosophe grec Aristote, auquel le jeune Thomas fut introduit, et dont il comprit immédiatement la grande valeur. Mais surtout, c’est au cours de ces années passées à Naples, que naquit sa vocation dominicaine. Thomas fut en effet attiré par l’idéal de l’Ordre fondé quelques années auparavant par saint Dominique. Toutefois, lorsqu’il revêtit l’habit dominicain, sa famille s’opposa à ce choix, et il fut contraint de quitter le couvent et de passer un certain temps auprès de sa famille.

En 1245, désormais majeur, il put reprendre son chemin de réponse à l’appel de Dieu. Il fut envoyé à Paris pour étudier la théologie sous la direction d’un autre saint, Albert le Grand, dont j’ai récemment parlé. Albert et Thomas nouèrent une véritable et profonde amitié, et apprirent à s’estimer et à s’aimer, au point qu’Albert voulut que son disciple le suivît également à Cologne, où il avait été envoyé par les Supérieurs de l’Ordre pour fonder une école de théologie. Thomas se familiarisa alors avec toutes les œuvres d’Aristote et de ses commentateurs arabes, qu’Albert illustrait et expliquait.

A cette époque, la culture du monde latin avait été profondément stimulée par la rencontre avec les œuvres d’Aristote, qui étaient demeurées longtemps inconnues. Il s’agissait d’écrits sur la nature de la connaissance, sur les sciences naturelles, sur la métaphysique, sur l’âme et sur l’éthique, riches d’informations et d’intuitions, qui apparaissaient de grande valeur et convaincants. Il s’agissait d’une vision complète du monde, développée sans et avant le Christ, à travers la raison pure, et elle semblait s’imposer à la raison comme « la » vision elle-même : c’était donc une incroyable attraction pour les jeunes de voir et de connaître cette philosophie. De nombreuses personnes accueillirent avec enthousiasme, et même avec un enthousiasme acritique, cet immense bagage de savoir antique, qui semblait pouvoir renouveler avantageusement la culture, ouvrir des horizons entièrement nouveaux. D’autres, toutefois, craignaient que la pensée païenne d’Aristote fût en opposition avec la foi chrétienne, et se refusaient de l’étudier. Deux cultures se rencontrèrent : la culture pré-chrétienne d’Aristote, avec sa rationalité radicale, et la culture chrétienne classique. Certains milieux étaient conduits à rejeter Aristote également en raison de la présentation qui était faite de ce philosophe par les commentateurs arabes Avicenne et Averroès. En effet, c’était eux qui avaient transmis la philosophie d’Aristote au monde latin. Par exemple, ces commentateurs avaient enseigné que les hommes ne disposaient pas d’une intelligence personnelle, mais qu’il existe un unique esprit universel, une substance spirituelle commune à tous, qui œuvre en tous comme « unique » : par conséquent, une dépersonnalisation de l’homme. Un autre point discutable véhiculé par les commentateurs arabes était celui selon lequel le monde est éternel comme Dieu. De façon compréhensible, des discussions sans fin se déchaînèrent dans le monde universitaire et dans le monde ecclésiastique. La philosophie d’Aristote se diffusait même parmi les gens ordinaires.

A l’école d’Albert le Grand, Thomas d’Aquin fit une chose d’une importance fondamentale pour l’histoire de la philosophie et de la théologie, je dirais même pour l’histoire de la culture : il étudia à fond Aristote et ses interprètes, se procurant de nouvelles traductions latines des textes originaux en grec. Ainsi, il ne s’appuyait plus seulement sur les commentateurs arabes, mais il pouvait également lire personnellement les textes originaux, et commenta une grande partie des œuvres d’Aristote, en y distinguant ce qui était juste de ce qui était sujet au doute ou devant même être entièrement rejeté, en montrant la correspondance avec les données de la Révélation chrétienne et en faisant un usage ample et précis de la pensée d’Aristote dans l’exposition des écrits théologiques qu’il composa. En définitive, Thomas d’Aquin démontra qu’entre foi chrétienne et raison, subsiste une harmonie naturelle. Et ceci a été la grande œuvre de Thomas qui, à cette époque de conflit entre deux cultures – époque où il semblait que la foi devait capituler face à la raison – a montré que les deux vont de pair, que ce qui apparaissait comme de la raison non compatible avec la foi n’était pas raison, et que ce qui apparaissait comme de la foi ne l’était pas, si elle s’opposait à la véritable rationalité ; il a ainsi créé une nouvelle synthèse, qui a formé la culture des siècles qui ont suivi.

En raison de ses excellentes capacités intellectuelles, Thomas fut rappelé à Paris comme professeur de théologie sur la chaire dominicaine. C’est là aussi que débuta sa production littéraire, qui se poursuivit jusqu’à sa mort, et qui tient du prodige : commentaires des Saintes Ecritures, parce que le professeur de théologie était surtout un interprète de l’Ecriture, commentaires des écrits d’Aristote, œuvres systématiques volumineuses, parmi elles l’excellente Summa Theologiae, traités et discours sur divers sujets. Pour la composition de ses écrits, il était aidé par des secrétaires, au nombre desquels Réginald de Piperno, qui le suivit fidèlement et auquel il fut lié par une amitié sincère et fraternelle, caractérisée par une grande proximité et confiance. C’est là une caractéristique des saints : ils cultivent l’amitié, parce qu’elle est une des manifestations les plus nobles du cœur humain et elle a quelque chose de divin, comme Thomas l’a lui-même expliqué dans certaines quaestiones de la Summa Theologiae, où il écrit : « La charité est l’amitié de l’homme avec Dieu principalement, et avec les êtres qui lui appartiennent » (II, q. 23, a. 1).

Il ne demeura pas longtemps ni de façon stable à Paris. En 1259, il participa au Chapitre général des Dominicains à Valenciennes où il fut membre d’une commission qui établit le programme des études dans l’Ordre. De 1261 à 1265, ensuite, Thomas était à Orvieto. Le pape Urbain IV, qui avait pour lui une grande estime, lui commanda la composition de textes liturgiques pour la fête du Corpus Domini, qui nous célébrons demain, instituée suite au miracle eucharistique de Bolsena. Thomas eut une âme d’une grande sensibilité eucharistique. Les très beaux hymnes que la liturgie de l’Eglise chante pour célébrer le mystère de la présence réelle du Corps et du Sang du Seigneur dans l’Eucharistie sont attribués à sa foi et à sa sagesse théologique. De 1265 à 1268 Thomas résida à Rome où, probablement, il dirigeait un Studium, c’est-à-dire une maison d’étude de l’Ordre, et où il commença à écrire sa Summa Theologiae (cf. Jean-Pierre Torell, Thomas d’Aquin. L’homme et le théologien, Casale Monf., 1994).

En 1269 il fut rappelé à Paris pour un second cycle d’enseignement. Les étudiants – on les comprend – étaient enthousiastes de ses leçons. L’un de ses anciens élèves déclara qu’une très grande foule d’étudiants suivaient les cours de Thomas, au point que les salles parvenaient à peine à tous les contenir et il ajoutait dans une remarque personnelle que « l’écouter était pour lui un profond bonheur ». L’interprétation d’Aristote donnée par Thomas n’était pas acceptée par tous, mais même ses adversaires dans le domaine académique, comme Godefroid de Fontaines, par exemple, admettaient que la doctrine du frère Thomas était supérieure à d’autres par son utilité et sa valeur et permettait de corriger celles de tous les autres docteurs. Peut-être aussi pour le soustraire aux vives discussions en cours, ses supérieurs l’envoyèrent encore une fois à Naples, pour être à mis à la disposition du roi Charles Ier, qui entendait réorganiser les études universitaires.

Outre les études et l’enseignement, Thomas se consacra également à la prédication au peuple. Et le peuple aussi venait volontiers l’écouter. Je dirais que c’est vraiment une grande grâce lorsque les théologiens savent parler avec simplicité et ferveur aux fidèles. Le ministère de la prédication, d’autre part, aide à son tour les chercheurs en théologie à faire preuve d’un sain réalisme pastoral, et enrichit leur recherche de vifs élans.

Les derniers mois de la vie terrestre de Thomas restent entourés d’un climat particulier, mystérieux dirais-je. En décembre 1273, il appela son ami et secrétaire Réginald pour lui communiquer sa décision d’interrompre tout travail, parce que, pendant la célébration de la messe, il avait compris, suite à une révélation surnaturelle, que tout ce qu’il avait écrit jusqu’alors n’était qu’« un tas de paille ». C’est un épisode mystérieux, qui nous aide à comprendre non seulement l’humilité personnelle de Thomas, mais aussi le fait que tout ce que nous réussissons à penser et à dire sur la foi, aussi élevé et pur que ce soit, est infiniment dépassé par la grandeur et par la beauté de Dieu, qui nous sera révélée en plénitude au Paradis. Quelques mois plus tard, absorbé toujours davantage dans une profonde méditation, Thomas mourut alors qu’il était en route vers Lyon, où il se rendait pour prendre part au Concile œcuménique convoqué par le pape Grégoire X. Il s’éteignit dans l’Abbaye cistercienne de Fossanova, après avoir reçu le Viatique avec des sentiments de grande piété.

La vie et l’enseignement de saint Thomas d’Aquin pourrait être résumés dans un épisode rapporté par les anciens biographes. Tandis que le saint, comme il en avait l’habitude, était en prière devant le crucifix, tôt le matin dans la chapelle « San Nicola » à Naples, Domenico da Caserta, le sacristain de l’Eglise, entendit un dialogue. Thomas demandait inquiet, si ce qu’il avait écrit sur les mystères de la foi chrétienne était juste. Et le Crucifié répondit : « Tu as bien parlé de moi, Thomas. Quelle sera ta récompense ? ». Et la réponse que Thomas donna est celle que nous aussi, amis et disciples de Jésus, nous voudrions toujours lui dire : « Rien d’autre que Toi, Seigneur ! » (Ibid., p. 320).

Puis le pape s’est adressé aux pèlerins dans différentes langues. Voici ce qu’il a dit en français :

Sœurs et frères, je poursuis ma catéchèse sur les grands théologiens du Moyen-âge. Surnommé le Docteur Angélique à cause de la sublimité de sa pensée et de la pureté de sa vie, Thomas est né vers 1224 à Aquin, près du Mont Cassin. Désireux très tôt d’embrasser l’idéal dominicain, il connut l’opposition de sa famille. Une fois majeur, il se mit sous la conduite de Saint Albert le Grand qui devint son maître et son grand ami. En étudiant Aristote, il démontra l’harmonie naturelle entre la foi chrétienne et la raison. Il enseigna la dogmatique à Paris, qui vit le début de sa prodigieuse production littéraire qui culmine dans la Summa Theologiae, la Somme théologique avec ses célèbres quaestiones. Pour Thomas, la charité est principalement l’amitié de l’homme pour Dieu, et pour les êtres qui lui appartiennent. Il composa aussi des hymnes liturgiques au Saint Sacrement. Sa grande humilité l’entraînait à considérer la grandeur et la beauté de Dieu infiniment supérieures à toute pensée sur la foi. Il encouragea les prédicateurs à parler avec simplicité et ferveur. Préoccupé jusqu’à la fin par la justesse de sa doctrine, Thomas eut un dialogue émouvant avec le Crucifié qui lui dit : « Tu as bien parlé de moi, Thomas ! Quelle sera ta récompense ? », le Saint répondit d’une manière exemplaire pour nous tous : « rien d’autre que toi, Seigneur » !

Je confie à votre prière, chers pèlerins francophones, mon Voyage Apostolique à Chypre et tous les Chrétiens du Moyen Orient. Priez aussi pour les prêtres et les séminaristes. Puisse le Seigneur Jésus vous accompagner dans votre vie ! Que Dieu vous bénisse !

APPEL DE BENOIT XVI

C’est avec une anxiété profonde que je suis les événements tragiques survenus près de la Bande de Gaza. Je ressens le besoin d’exprimer mes sincères condoléances pour les victimes de ces événements très douloureux qui préoccupent ceux qui ont à cœur la paix dans la région. Je répète une fois encore, du fond du cœur, que la violence ne résout pas les conflits, mais en attise les conséquences dramatiques et engendre une autre violence. Je lance un appel à ceux qui ont des responsabilités politiques au niveau local et international afin qu’ils recherchent sans cesse des solutions justes par le dialogue, de façon à garantir aux populations de la région des conditions de vie meilleures, dans la concorde et la sérénité. Je vous invite à vous unir à moi dans la prière pour les victimes, pour leurs familles et ceux qui souffrent. Que le Seigneur soutienne les efforts de ceux qui ne se lassent pas de travailler à la réconciliation et à la paix.

 

bonne nuit

2 juin, 2010

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Saint Justin : « Je crois à la résurrection de la chair » (Credo)

2 juin, 2010

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http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100602

Le mercredi de la 9e semaine du Temps Ordinaire : Mc 12,18-27
Commentaire du jour
Saint Justin (v. 100-160), philosophe, martyr
Traité sur la résurrection, 2.4.7-9 (trad. OC, Migne, 1994, p. 345s)

« Je crois à la résurrection de la chair » (Credo)

      Ceux qui sont dans l’erreur disent qu’il n’y a pas de résurrection de la chair, qu’il est impossible en effet que celle-ci, après avoir été détruite et réduite en poussière, retrouve son intégrité. Toujours d’après eux, le salut de la chair serait non seulement impossible, mais même nuisible : ils blâment la chair, dénoncent ses défauts, la rendent responsable des péchés ; ils disent donc que si cette chair doit ressusciter, ses défauts aussi ressusciteront… En plus, le Sauveur a dit : « Lorsqu’on ressuscite d’entre les morts, on ne se marie pas, mais on est comme les anges dans les cieux ». Or les anges, disent-ils, n’ont pas de chair, ils ne mangent ni ne s’unissent. Donc, disent-ils, il n’y aura pas de résurrection de la chair…

      Qu’ils sont aveugles, les yeux du seul intellect ! Car ils n’ont pas vu sur terre « les aveugles voir, les boiteux marcher » (Mt 11,5) grâce à la parole du Sauveur…, pour nous faire croire qu’à la résurrection la chair ressuscitera complète. Si sur cette terre il a guéri les infirmités de la chair et il a rendu au corps son intégrité, combien plus le fera-t-il au moment de la résurrection, afin que la chair ressuscite sans défaut, intégralement… Ces gens-là me paraissent ignorer l’action divine dans son ensemble, à l’origine de la création, dans la fabrication de l’homme ; ils ignorent pourquoi les choses terrestres ont été faites.

      Le Verbe a dit : « Faisons l’homme à notre image et ressemblance » (Gn 1,26)… Il est évident que l’homme, modelé à l’image de Dieu, était de chair. Alors quelle absurdité de prétendre méprisable, sans aucun mérite, la chair modelée par Dieu selon sa propre image ! Que la chair soit précieuse aux yeux de Dieu, c’est évident parce que c’est son oeuvre. Et parce que là se trouve le principe de son projet pour le reste de la création, c’est ce qu’il y a de plus précieux aux yeux du créateur.

Saint Sacrement (vitraux)

1 juin, 2010

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http://stsac.immac.free.fr/qui/saintsacrement/vitraux.php

Saint Justin

1 juin, 2010

Saint Justin  dans images sacrée

http://www.santiebeati.it

Saint Justin – 1 juin – Pape Benoît (Mercredi 21 mars 2007)

1 juin, 2010

du site: 

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070321_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 21 mars 2007 

Saint Justin

Chers frères et sœurs,

Au cours de ces catéchèses, nous réfléchissons sur les grandes figures de l’Eglise naissante. Aujourd’hui, nous parlons de saint Justin, philosophe et martyr, le plus important des Pères apologistes du II siècle. Le terme « apologiste » désigne les antiques écrivains chrétiens qui se proposaient de défendre la nouvelle religion des lourdes accusations des païens et des Juifs, et de diffuser la doctrine chrétienne dans des termes adaptés à la culture de leur époque. Ainsi, chez les apologistes est présente une double sollicitude:  celle, plus proprement apologétique, de défendre le christianisme naissant (apologhía  en  grec  signifie précisément « défense »), et celle qui propose une sollicitude « missionnaire » qui a pour but d’exposer les contenus de la foi à travers  un  langage  et  des catégories de pensée compréhensibles par leurs contemporains.
Justin était né aux environs de l’an 100 près de l’antique Sichem, en Samarie, en Terre Sainte; il chercha longuement la vérité, se rendant en pèlerinage dans les diverses écoles de la tradition philosophique grecque. Finalement, – comme lui-même le raconte dans les premiers chapitres de son Dialogue avec Tryphon – un mystérieux personnage, un vieillard rencontré sur la plage de la mer, provoqua d’abord en lui une crise, en lui démontrant l’incapacité de l’homme à satisfaire par ses seules forces l’aspiration au divin. Puis il lui indiqua dans les anciens prophètes les personnes vers lesquelles se tourner pour trouver la voie de Dieu et la « véritable philosophie ». En le quittant, le vieillard l’exhorta à la prière, afin que lui soient ouvertes les portes de la lumière. Le récit reflète l’épisode crucial de la vie de Justin:  au terme d’un long itinéraire philosophique de recherche de la vérité, il parvint à la foi chrétienne. Il fonda une école à Rome, où il initiait gratuitement les élèves à la nouvelle religion, considérée comme la véritable philosophie. En celle-ci, en effet, il avait trouvé la vérité et donc l’art de vivre de façon droite. Il fut dénoncé pour cette raison et fut décapité vers 165, sous le règne de Marc Aurèle, l’empereur philosophe auquel Justin lui-même avait adressé l’une de ses Apologies.
Ces deux œuvres – les deux Apologies et le Dialogue avec le Juif Tryphon – sont les seules qui nous restent de lui. Dans celles-ci, Justin entend illustrer avant tout le projet divin de la création et du salut qui s’accomplit en Jésus Christ, le Logos, c’est-à-dire le Verbe éternel, la raison éternelle, la Raison créatrice. Chaque homme, en tant que créature rationnelle, participe au Logos, porte en lui le « germe » et peut accueillir les lumières de la vérité. Ainsi, le même Logos, qui s’est révélé comme dans une figure prophétique aux juifs dans la Loi antique, s’est manifesté partiellement, comme dans des « germes de vérité », également dans la philosophie grecque. A présent, conclut Justin, étant donné que le christianisme est la manifestation historique et personnelle du Logos dans sa totalité, il en découle que « tout ce qui a été exprimé de beau par quiconque, nous appartient à nous chrétiens » (2 Apol. 13, 4). De cette façon, Justin, tout en contestant les contradictions de la philosophie grecque, oriente de façon décidée vers le Logos toute vérité philosophique, en justifiant d’un point de vue rationnel la « prétention » de vérité et d’universalité de la religion chrétienne. Si l’Ancien Testament tend au Christ comme la figure oriente vers la réalité signifiée,  la  philosophie  grecque vise elle aussi au Christ et à l’Evangile, comme la partie tend à s’unir au tout. Et il dit que ces deux réalités, l’Ancien Testament et la philosophie grecque, sont comme les deux voies qui mènent au Christ, au Logos. Voilà pourquoi la philosophie grecque ne peut s’opposer à la vérité évangélique, et les chrétiens peuvent  y  puiser  avec  confiance, comme à un bien propre. C’est pourquoi mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II, définit Justin comme « pionnier d’une rencontre fructueuse avec la pensée philosophique, même marquée par un discernement prudent », car Justin, « tout en conservant même après sa conversion, une grande estime pour la philosophie grecque, [...] affirmait avec force et clarté qu’il avait trouvé dans le christianisme « la seule philosophie sûre et profitable » (Dialogue, 8, 1) » (Fides et ratio, n. 38).
Dans l’ensemble, la figure et l’œuvre de Justin marquent le choix décidé de l’Eglise antique pour la philosophie, la raison, plutôt que pour la religion des païens. Avec la religion païenne en effet, les premiers chrétiens refusèrent absolument tout compromis. Ils estimaient qu’elle était une idolâtrie, au risque d’être taxés d’ »impiété » et d’ »athéisme ». Justin en particulier, notamment dans sa première Apologie, conduisit une critique implacable à l’égard de la religion païenne et de ses mythes, qu’il considérait comme des « fausses routes » diaboliques sur le chemin de la vérité. La philosophie représenta en revanche le domaine privilégié de la rencontre entre paganisme, judaïsme et christianisme précisément sur le plan de la critique contre la religion païenne et ses faux mythes. « Notre philosophie… »:  c’est ainsi, de la manière la plus explicite, qu’un autre apologiste contemporain de Justin, l’Evêque Méliton de Sardes en vint à définir la nouvelle religion (ap. Hist. Eccl. 4, 26, 7).
De fait, la religion païenne ne parcourait pas les voies du Logos mais s’obstinait sur celles du mythe, même si celui-ci était reconnu par la philosophie grecque comme privé de consistance dans la vérité. C’est pourquoi le crépuscule de la religion païenne était inéluctable:  il découlait comme une conséquence logique du détachement de la religion – réduite à un ensemble artificiel de cérémonies, de conventions et de coutumes – de la vérité de l’être. Justin, et avec lui les autres apologistes, marquèrent la prise de position nette de la foi chrétienne pour le Dieu des philosophes contre les faux dieux de la religion païenne. C’était le choix pour la vérité de l’être, contre le mythe de la coutume. Quelques décennies après Justin, Tertullien définit le même choix des chrétiens avec la sentence lapidaire et toujours valable:  « Dominus noster Christus veritatem se, non con-suetudinem, cognominavit – le Christ a affirmé être la vérité, non la coutume » (De virgin. vle. 1, 1). On notera à ce propos que le terme consuetudo, ici employé par Tertullien en référence à la religion païenne, peut être traduit dans les langues modernes par les expressions « habitude culturelle », « mode du temps ».
A une époque comme la nôtre, marquée par le relativisme dans le débat sur les valeurs et sur la religion – tout comme dans le dialogue interreligieux -, il s’agit là d’une leçon à ne pas oublier. Dans ce but, je vous repropose – et je conclus ainsi – les dernières paroles du mystérieux vieillard rencontré par le philosophe Justin au bord de la mer:  « Prie avant tout pour que les portes de la lumière te soient ouvertes, parce que personne ne peut voir et comprendre, si Dieu et son Christ ne lui accordent pas de comprendre » (Dial.  7, 3).

* * * 

Je salue avec joie les pèlerins francophones, en particulier les séminaristes d’Ars, accompagnés par leur Évêque, Mgr Guy Bagnard, et tous les jeunes présents. À l’exemple de saint Justin, soyez passionnés par la quête de la vérité et devenez des témoins audacieux du Christ pour notre temps.

LA PATIENCE VIENT À BOUT DE TOUT !

1 juin, 2010

par Bertrand Duhaime, regardez au bas de la page, du site:

http://lavoix-voiedessages.com/page3/files/actualite0301s-la-patience-vient-a0300-bout-de-tout.pdf

LA PATIENCE VIENT À BOUT DE TOUT !

Par patience, on peut entendre la vertu qui fait supporter avec  calme les douleurs, les contretemps,  les  malheurs,  les  infortunes,  les  désagréments  et  les  injures,  et  qui  garde courageux dans l’action nécessaire.  Mais il peut s’agir  de la q ualité q ui fait qu’on  persévère dans  une  activité  ardue,  un  travail  de  longue  haleine,  une  entreprise  difficile,  sans  se décourager.  En Orient, on  parle de la maîtrise de l’agressivité, de  l’hostilité ou de la  colère.  En spiritualité,  on  évoque  la  faculté  de  se  maintenir  intérieurement  en  paix  pour  entrer  en harmonie avec l’Univers. Quoi qu’il en soit, cette qualité ou vertu est une clé très importante et essentielle pour avancer  sur  le  chemin  de  la  vie  et  de  l’éveil  à  vous-même.    Qu’est-ce  que  réellement  la patience?  La patience pour moi, c’est  un état  d’ouverture, d’observation et de détachement concernant toutes les situations de la vie.  Dans cet état d’esprit, des transformations et des changements  magiques  se  produisent  en  vous.    Simplement  parce  que  vous  créez  intérieurement  une  terre  fertile  où  vous  allez  faire  pousser  tout  ce  que  vous  souhaitez réaliser  et  qui  vient  de  votre  cœur.    Pensez-vous  que  les  fleurs  dans  la  nature  vivent  de l’impatience  quand  le  soleil  n’est p as  présent?    Bien  sûr  que  non,  elles  ne  connaissent  pas l’impatience  parce  qu’elles  prennent  le  temps  de  vivre  et  de  se  laisser  porter  par  la  Vie  et d’accueillir ce qui est présent.  Quand il pleut, il pleut; quand il neige, il neige; quand il vente, il  vente; tout  cela est utile pour la  vie.  Les fleurs acceptent avec amour et détachement les différentes manifestations de la vie.   Et  les  êtres  humains,  quand  c’est  désagréable,  que  font-ils  dans  leur  vie?    Quand  ils sont  impatients  et  centrés  uniquement  sur  leurs  nombrils,  ils  engendrent  des  énergies d’impatience inconsciemment sur la terre et à l’intérieur d’eux. Lorsque cet état est présent, ils  arrosent  et  font  pousser  la  graine  de  l’impatience  dans  leurs  corps  et  cette  semence grandit.  Un jour,  elle prend la  forme d’une forte énergie qu’ils ne peuvent plus  contrôler et qui  agît  à  l’intérieur  d’eux,  au-delà  de  la  volonté.    À  cette  étape,  il  y  a  bien  souvent  des coupables, c’est  à cause des  enfants,  du conjoint, du père, de la mère ou  bien des éléments externes…  qu’ils  sont  impatients.    Ils  ont  tout  simplement  oublié  que  ce  sont  eux  qui  ont arrosé et fait grandir la graine de l’impatience dans leurs corps.    Comment  développer  la  vraie  patience?    Et  bien,  c’est  simple:  lorsqu’on  sent l’impatience cogner à la porte, on détourner son attention de la cause de cette impatience et de votre nombril.   On dirige  son attention sur ce qui est  présent autour  de  soi et  sur ce qui est  d’une  grande  beauté  (personnes,  objets,  odeurs,  couleurs,  paysages,  sa  respiration, qualité…).   On se veut tout simplement curieux et ouvert à observer ce qui produit le calme en  soi.    Lorsqu’on  l’a  trouvé,  on  porte  son  attention  sur  sa  découverte  et  on  observe comment l’impatience se transforme en patience et comment on peut, en quelques instants, devenir centré comme la plus belle des fleurs qui accepte et observe ce qui est présent. La  patience  naît  de  la  maîtrise  d e  l’agressivité  et  de  la  p récipitation  qui  écarte  les frustrations.  Tout vient à son  heur e  et à  son  temps,  il suffit de dépasser ses doutes.   Pour  comprendre  un  ensemble  complexe,  il  faut  prendre  le  temps  d’intégrer l’information  qui  le concerne point p ar point.  On se sentira accablé si on brûle les étapes.  La confusion s’installe si on cherche  à faire trop vite.  On peut venir à  bout de toute tâche si on s’y prépare par un examen minutieux.  Celui qui sait qu’il a l’éternité pour réparer les bévues de ce temps, celui qui sait que  ce qu’il  n’obtiendra pas de ce siècle, il pourra  le  réaliser plus tard, celui qui sait que  s’il  s’aide  convenablement,  le  Ciel  l’aidera,  celui-là  se  libère  facilement  de  ses contraintes  intérieures, il s’affirme  dans  le quotidien  et il se montre infiniment plus réaliste que celui qui se bat contre des moulins à vent. On dit que  la vie est  trop courte.   Alors,  pourquoi  chercher à l’écourter en souhaitant illusoirement  atteindre  la  sagesse  en  une  seule  existence.    Chacun  devrait  prendre  son temps, avancer d ans la constance et la patience.  Qui peut prétendre avoir assez vécu en une vie pour mériter la sagesse des âges?  Qui peut revendiquer avoir suffisamment  appris  pour se  taguer  d’une  seule  connaissance  particulière?    Que  sait  un  individu  à  part  ses  données livresques et pratiques?  Les réponses viennent en peu de mots : il reste tout à apprendre.    Espérer  aboutir  au  Ciel  pour  toujours,  c’est  app eler  une  lumière  sur  son  monde  sans espérance pour ses lendemains.  Car on ne peut expérimenter qu’ici-bas.  Cela fait partie du secret  de  la  sagesse que  de  découvrir  que  ce  temp s,  le plus  précieux, n’est  qu’un  passage, avant bien  d’autres, qu’une convention  pour la durée d’un  jeu, qu’une épreuve  de  plus pour affermir sa volonté d’ascension.  S’instruire dans la patience, c’est savoir qu’être, c’est vivre, mourir  et renaître  sans  fin, toujours plus conscient  et réalisé.   En cela, la patience  amène  à triompher  en  bout  de  ligne,  même  après  des  millions  de  chutes.    Elle  évite  de  céder  à l’abandon  et  de  se  contenter  du  compromis  d’une  expérience  médiocre. La  patience  qui dénoue, au lieu de trancher, assure une guérison plus stable et une conquête plus durable.   Tous  le  savent,  la  patience  mène  à  bien,  mais  la  précipitation  ne  mène  à  rien. Elle  constitue l’essentiel et le meilleur de la sagesse,  celle  de savoir quand  agir ou  quand rester inactif, quand parler ou quand se taire, quand travailler ou quand se reposer, quand se laisser porte par l’énergie d’un cycle ascendant  ou  quand  se  retirer  en  soi  et  attendre  que  la  prochaine  vague arrive.   Elle représente  une profession de  foi à  l’égard du Plan  divin.  C’est un constat qui prouve que sa vie présente est ce qui convient le mieux, telle qu’elle  est, a u rythme  où elle se  déroule, car on  l’a  créée pour qu’il  en soit ainsi.    Il  ne  reste  qu’à  la  modifier  à  son  goût  par  ses  propres  efforts  de transformation.    Sur  le  plan  physique,  manifester  sa  volonté  prend forcément  du  temps,  alors,  autant  s’y  faire.    Il  n’existe  pas  de  raccourci évolutif.    Il  fa ut  respecter  sa  décision  d’expérimenter  sur  le  plan  physique  en  prenant  le  temps nécessaire  pour  accomplir  sa  mission  cosmique.    Dans  ce  plan  d’existence,  la  lenteur  apparente  des phénomènes,  de la cause à l’effet,  a sa raison d’être.  Elle permet  de réaliser pleinement les liens mal compris de ses entreprises qu’il faut unifier en soi-même. Comme  on dit, Patience et courage / Font mieux que force ni que rage, répétant le propos d’un auteur  classique dans  ses vers.   En  fait, la loi de la  Patience est  d’abord  révélée par le  règne  minéral qu’elle régit.  La patience est la vertu qui consiste moins à supporter avec équanimité les désagréments et  les  malheurs  qu’à  persévérer  dans  ses  entreprises  avec  constance  et  détermination,  en  gardant sa  sérénité.  Un Sage disait que cette attitude implique moins la passivité devant la durée du temps que le détachement intérieur, la non-attente, l’Instant immédiat ou éternel au-delà du temps profane.   Dans sa démarche spirituelle, le chercheur se désole souvent de ses lenteurs, dans sa difficulté à prendre de l’expansion.  Il devient pensif, il se déprime, il se déçoit, il se décourage.  Il aimerait tant, à brève  échéance,  voir  s’exprimer  les  fruits  de  son  labeur.  Mais  tout  doit  se  poursuivre  de  façon progressive,  en  accord avec  son  rythme  personnel, sa  fréquence cosmique et  les cycles  naturels.    S’il en était autrement, on ne pourrait supporter un changement trop radical. L’être  humain  représente une  globalité:  en  accélérant  ses  processus  évolutifs,  il  accélère  aussi l’élimination de ses séquelles involutives.  Il en souffrirait tellement qu’il renoncerait ou en mourrait.   Il faut savoir se préparer avec soin, en se hâtant lentement.  La période de préparation est primordiale et c’est la plus longue.   Mais  elle prépare  l’éclosion  de la graine, puis l’explosion de la  fleur.  Tout  ce qui est délayé rapporte  des  intérêts  composés.   On  ne  devient pas virtuose en  un jour.   Pour y  arriver, il faut pratiquer avec méthode et discipline, de façon consciencieuse, jour après jour.   Chacun  peut se permettre  de  paresser  à  l’occasion, mais  jamais  longtemps.  Il  n’existe aucun raccourci sur le Sentier, et, au niveau évolutif, les t emps pressent.  On a tellement ta rdé à  se mettre en marche!  Joseph de Maistre assurait: Savoir attendre est un grand moyen de parvenir. Il faut attendre le moment favorable, profiter des bonnes occasions, en restant alerte. Comme l’a dit Alfred de Musset  : L’homme sans patience est une lampe sa ns huile.   Si elle ne  sert pas à  autre  chose,  la patience sert  au moins à  s’exercer  à vivre dans  le  présent sans  être  contrarié  et  à  écarter  les  accidents  bêtes  qui  pourraient  résulter  de  la  hâte  ou  de  la précipitation.  Elle réduit  la tension et  les  blocages d’énergie,  favorisant le maintien de la vitalité et de  la sérénité, deux gages de longue vie.
 
2009 Bertrand Duhaime (Douraganandâ)
 
Note : Nous accordons le droit de reproduire ce document dans la  mesure où on le reproduira intég ralement –donc sans aucune
sup pression, modification, transformation ou annotation– se donnant la peine d’en  préciser le nom de l’auteur, Bertrand Duhaime
(Douraganandâ), la  source, 
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présente directive, donnée en note.       

Angélus du 30 mai : Dimanche de la Sainte Trinité

1 juin, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-24592?l=french

Angélus du 30 mai : Dimanche de la Sainte Trinité

ROME, Dimanche 30 mai 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la prière de l’Angélus que Benoît XVI a récitée ce dimanche, place Saint-Pierre.

* * *

AVANT L’ANGELUS

Chers frères et sœurs !

Après le temps pascal, que nous avons conclu dimanche dernier avec la Pentecôte, la liturgie est revenue au ‘temps ordinaire’. Mais cela ne signifie pas que l’engagement des chrétiens doit diminuer. Au contraire, entrés dans la vie divine par les sacrements, nous sommes appelés à nous ouvrir chaque jour à l’action de la Grâce pour progresser dans l’amour envers Dieu et notre prochain. Ce dimanche de la Très Sainte Trinité récapitule en quelque sorte la révélation de Dieu advenue dans les mystères pascals : la mort et la résurrection du Christ, son ascension à la droite du Père et l’effusion de l’Esprit Saint. L’esprit et le langage humain ne sont pas adaptés pour expliquer la relation qui existe entre le Père, le Fils et le Saint Esprit, et pourtant, les Pères de l’Eglise ont cherché à illustrer le mystère de Dieu Un et Trine, en le vivant dans leur existence avec une foi profonde.

La Trinité divine, en effet, vient demeurer en nous le jour du baptême : « Je te baptise – dit le ministre – au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». Chaque fois que nous traçons sur nous le signe de la croix, nous rappelons le nom de Dieu, dans lequel nous avons été baptisés. Le théologien Romano Guardini observe à propos du signe de croix : « Nous le faisons avant la prière, afin qu’il… nous mette spirituellement en ordre ; il nous concentre en Dieu, imagination, cœur et volonté ; après la prière, afin que demeurent en nous ce que Dieu nous a donné… Il embrasse tout l’être, corps et âme, … et tout est consacré au nom du Dieu Un et Trine » (L’esprit de la liturgie. Les signes sacrés).

On trouve donc dans le signe de croix et dans le nom du Dieu vivant l’annonce qui engendre la foi et inspire la prière. Et, comme l’Evangile de Jésus promet aux Apôtres que « quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous introduira dans la vérité tout entière » (Jn 16,13), ainsi en est-il dans la liturgie dominicale, quand les prêtres dispensent, de semaine en semaine, le pain de la Parole et de l’Eucharistie. Le saint Curé d’Ars le rappelait aussi à ses fidèles : « Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? – disait-il -. Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre » (Lettre d’indiction de l’Année sacerdotale).

Chers amis, faisons nôtre la prière de saint Hilaire de Poitiers : « Conserve pure cette foi droite qui est la mienne et donne-moi également, jusqu’à mon dernier soupir, cette voix de ma conscience, afin que je reste toujours fidèle à ce que j’ai professé dans ma régénération lorsque j’ai été baptisé dans le Père, dans le Fils et dans l’Esprit Saint » (De Trinitate, XII, 57, CCL 62/A, 627). En invoquant la bienheureuse Vierge Marie, la première créature pleinement habitée par la Très Sainte Trinité, demandons sa protection pour bien poursuivre notre pèlerinage terrestre.

APRES L’ANGELUS

Ce matin, à Rome, Maria Pierina De Micheli, religieuse de l’Institut des Filles de l’Immaculée Conception de Buenos Aires a été béatifiée en la basilique Sainte-Marie-Majeure. Giuseppina – c’était son nom de baptême – naquit en 1890 à Milan, dans une famille profondément religieuse où fleurirent plusieurs vocations au sacerdoce et à la vie consacrée. A 23 ans, elle aussi prit cette voie en se dévouant avec passion au service de l’éducation, en Argentine et en Italie. Le Seigneur lui donna une dévotion extraordinaire à la Sainte Face, qui la soutint toujours dans les épreuves et dans la maladie. Elle mourut en 1945 et son corps repose à Rome dans l’Institut ‘Spirito Santo’.

Le pape a ensuite salué les pèlerins de langue française :

Je salue cordialement les pèlerins francophones ! La Solennité de la Sainte Trinité nous rappelle que Dieu est Amour et qu’il nous appelle à une vie de communion avec Lui et entre nous. Puisse la Vierge Marie vous aider à contempler le mystère de la grandeur et de la beauté de notre Dieu et à reconnaître sa présence dans le prochain. Je recommande aussi à votre prière la Visite Apostolique que j’effectuerai très prochainement à Chypre. Bon dimanche à tous !

Il a aussi salué les pèlerins polonais, évoquant les victimes des inondations :

Je salue cordialement tous les Polonais. Je prie spécialement pour les personnes touchées par les inondations. Je confie aujourd’hui à la Très Sainte Trinité nos difficultés. Que Marie intercède pour nous et nous aide à lire les desseins de la Providence de Dieu. Gardons en nous les paroles du livre de Job : « Si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? » (Jb 2,10). Tout est dans le plan divin du salut. Que Dieu Un et Trine vous réconforte.

bonne nuit

1 juin, 2010

bonne  nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. 753_7481

http://www.immagini.it/cat/Animali/Altri%20Animali-1.htm

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