Archive pour mars, 2010
Saint Cyprien: Imiter la patience de Dieu
7 mars, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100307
Troisième dimanche de Carême : Lc 13,1-9
Commentaire du jour
Saint Cyprien (v. 200-258), évêque de Carthage et martyr
Du bienfait de la patience, 3-5 ; PL 4, 624-625 (trad. Orval)
Imiter la patience de Dieu
Quelle grande patience que celle de Dieu !… Il fait naître le jour et se lever la lumière du soleil à la fois sur les bons et sur les méchants (Mt 5,45) ; il arrose la terre de ses pluies, et personne n’est exclu de ses bienfaits, si bien que l’eau est accordée indistinctement aux justes et aux injustes. Nous le voyons agir avec une égale patience envers les coupables et les innocents, les fidèles et les impies, ceux qui rendent grâce et les ingrats. Pour eux tous, les temps obéissent aux ordres de Dieu, les éléments se mettent à leur service, les vents soufflent, les sources jaillissent, les moissons croissent en abondance, le raisin mûrit, les arbres regorgent de fruits, les forêts verdissent et les prés se couvrent de fleurs… Bien qu’il ait le pouvoir de la vengeance, il préfère patienter longtemps et il attend et diffère avec bonté pour que, s’il était possible, la malice s’atténue avec le temps et que l’homme…se tourne enfin vers Dieu, selon ce qu’il nous dit lui-même en ces termes : « Je ne veux pas la mort de celui qui meurt, mais plutôt qu’il revienne à moi et vive » (Éz 33,11). Et encore : « Revenez à moi, revenez au Seigneur votre Dieu, car il est miséricordieux, bon, patient et très compatissant » (Jl 2,13)…
Or Jésus nous dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Par ces paroles il nous montre que, fils de Dieu et régénérés par une naissance céleste, nous atteignons le sommet de la perfection lorsque la patience de Dieu le Père demeure en nous et que la ressemblance divine, perdue par le péché d’Adam, se manifeste et brille dans nos actes. Quelle gloire de ressembler à Dieu, quel grand bonheur que d’avoir cette vertu digne des louanges divines !
BOURDON MOSES AND THE BURNING BUSH
6 mars, 20103e dimanche de Carême, dimanche 7 mars 2010: Homélie
6 mars, 2010du site:
http://www.homelies.fr/homelie,3e.dimanche.de.careme,2713.html
3e dimanche de Carême
dimanche 7 mars 2010
Famille de saint Joseph
Homélie-Messe
Arrêtons-nous à l’expérience déconcertante de Moïse au désert.
Moïse a du fuir son pays d’adoption, l’Egypte. Voyant un fils d’Israël, c’est-à-dire un frère de sang, battu par un Egyptien, il a tué celui-ci. Mais comme son forfait est découvert, il doit fuir pour sauver sa vie.
Arrivé en terre de Moab, il prend la défense des filles de Yéthro, manifestant à nouveau son ardeur pour la justice.
Pourtant, sa vie est en échec : le fils adoptif de pharaon, élevé à sa cour, appelé aux plus hautes destinées, se trouve à paître le troupeau d’un prêtre idolâtre de Madian dans le désert du Sinaï.
On imagine sans peine, que Moïse devait brûler intérieurement de colère – les colères de Moïse sont redoutables : souvenons-nous de la manière dont il a détruit les premières tables de la Loi ! – devant l’échec de sa vie qu’il orientait pourtant vers la défense de la justice.
C’est précisément à ce moment, qu’il fait l’expérience déconcertante du Buisson Ardent, un buisson d’épine qui est lui aussi est en feu, mais qui ne se consume pas, parce qu’il ne brûle pas du feu de la violence, d’une justice toute humaine, mais du feu de l’amour divin.
Du cœur de la flamme, Dieu s’adresse à lui pour lui révéler son Nom : « Je suis celui qui était avec tes pères, Abraham, Isaac et Jacob ; je suis avec toi, et je serai toujours au milieu de mon peuple, ce peuple que je veux délivrer de l’oppression qu’il subit en Egypte ».
Ce n’est pas en rendant la violence pour la violence, comme il l’avait fait jusqu’alors, que Moïse est un défenseur de la justice – du moins selon le désir de Dieu. Dieu seul peut rendre juste, et il ne le fait pas en ayant recours à la violence : il rend juste en habitant au milieu de son peuple à la nuque raide, ce peuple qui ressemble lui aussi à un buisson d’épine dont il vaut mieux ne pas s’approcher si on veut éviter de se piquer ; mais un peuple aimé de Dieu, et qui doit découvrir que le Dieu de tendresse et de pitié habite au milieu de lui pour toujours, parce qu’il s’est engagé personnellement dans l’Alliance juré à ses pères, cette Alliance qu’il va renouveler précisément au Sinaï.
Pendant les quarante années de traversée du désert, Israël devra faire progressivement l’apprentissage du compagnonnage avec Dieu. Il devra découvrir sa présence cachée qui se révèle dans la manne et l’eau jaillissant du rocher ; le pain et l’eau : autant dire que Dieu pourvoit à l’essentiel. Or cette manne préfigurait le Pain suressentiel de la Parole incarnée ou de l’Eucharistie, et cette eau jaillie du Rocher en lequel Paul reconnait le Christ (2nd lect.), préfigure l’eau vive de l’Esprit que Jésus fera jaillir lorsque la lance frappera son côté pour transpercer son Cœur sacré.
Nous sommes ce peuple qui faisons notre traversée du désert sous la conduite du véritable Moïse : Jésus notre Seigneur, le Bon Berger qui mène ses brebis vers les gras pâturages de la vie éternelle. Reconnaissons que nos vies à chacun de nous, ressemblent plus à un buisson d’épine qu’à une verte prairie : nous non plus, il vaut mieux ne pas trop nous approcher si on ne veut pas être écorché. Pourtant depuis le jour de notre baptême, le Feu de l’Esprit est tombé sur nous ; nous sommes entrés dans l’Alliance nouvelle et éternelle ; nous formons le nouveau peuple de Dieu qu’il conduit par son Fils et dans l’Esprit, aux sources vives du salut.
Non notre vie ne se limite pas aux épines visibles ; notre vie n’est pas qu’échec ; le péché n’a pas le dernier mot. Certes il ne s’agit pas de le nier : Jésus nous le dit clairement : « Si vous ne vous convertissez pas, vous mourrez tous dans votre péché ». Mais au cœur même de la mort qui résulte de ce péché, la vie a déjà surgit : celui qui se convertit, qui se tourne vers cette présence vivifiante du Dieu de la vie qui a voulu faire sa demeure en nous, celui-là vit déjà de sa vie. Ne savez vous pas qu’« ensevelis avec le Christ dans le baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Vous êtes morts en effet, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col 2, 12 ; 3, 3).
Si nous restons repliés sur notre péché, sur nos échecs, sur notre médiocrité,… notre vie sera médiocre, nous ne ferons que prolonger la série des échecs, et cette triste aventure nous conduira à périr lamentablement, c’est-à-dire à sombrer dans une mort insensée. Mais si nous tournons les regards vers la lumière qui luit déjà dans nos ténèbres, nous deviendrons participants de la lumière, nous deviendrons des fils de lumière, des fils du Jour qui ne finira pas. La mort n’aura sur nous plus aucune emprise puisque nous serons passés de la mort à la vie dans le Christ.
Le carême ne nous est pas donné pour nous appesantir sur notre péché au risque de sombrer dans la désespérance ; nous sommes invités à nous rendre au désert pour y contempler cette chose merveilleuse : notre vie transfigurée par un feu qui brûle en nous sans nous consumer. La semaine passée nous avons contemplé Jésus transfiguré sur la Montagne sainte ; aujourd’hui nous sommes invités à accueillir cette même lumière dans nos vies ; ou plutôt à prendre conscience que ce Feu brûle déjà en nous, et qu’il ne tient qu’à nous qu’il embrase toute notre vie.
Jésus est ce jardinier céleste qui intercède pour nous auprès du vigneron son Père, afin qu’il lui permette de bêcher encore autour du buisson stérile de nos vies, dans l’espérance que nos yeux vont enfin s’ouvrir, et que nous verrons le don de Dieu. Alors nos vies transfigurées pourront enfin porter le fruit que le Père est en droit d’en attendre.
Que la Vierge Marie, parfaite image du Buisson Ardent, ouvre nos yeux sur les signes de la présence du Seigneur au cœur de nos vies ; sachons prendre le temps de relire les événements qui constituent la trame de notre existence quotidienne, pour y discerner son action bienveillante : à nous aussi, il pourvoit le pain et l’eau, l’essentiel pour que nous puissions continuer notre route.
Préparons-nous à nous laisser renouveler dans l’Alliance, en participant au banquet que Dieu nous offre au cœur de nos déserts : le Pain de la vie éternelle et la coupe du salut, qui nous donnent part à sa propre vie.
Père Joseph-Marie
La confession: le sacrement de l’humilité des fidèles
6 mars, 2010du site:
http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=21423
Archives de 30Jours
La confession: le sacrement de l’humilité des fidèles
par Lorenzo Cappelletti
«À notre époque, dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter». C’est ainsi que, dans la lettre qu’il avait envoyée à tous les évêques du monde le 10 mars dernier, Benoît XVI a décrit la condition de la foi aujourd’hui. Un peu moins d’un an auparavant, s’adressant aux participants d’un cours annuel organisé par la Pénitencerie apostolique, il avait recouru à des expressions similaires en soulignant que la pratique de la confession risque de «s’éteindre», ce qui est un symptôme de la «désaffection» générale que l’on constate même dans l’Église vis-à-vis de ce sacrement.
L’évocation de cette image – celle d’une flamme qui «s’éteint», qui s’affaiblit –, est en soi éloquente. Le sacrement de la confession décline lorsque la foi décline.
La cause de l’affaiblissement de la foi peut être la liberté de l’homme, lorsqu’on dit non, comme le jeune homme riche, à l’attraction amoureuse de la grâce. Il reste en tous cas que devant le fait que la foi risque de s’éteindre dans de vastes régions de la terre, ce qui est demandé avant tout, c’est la prière, car «lorsqu’il s’agit de la foi, c’est Dieu qui est le grand artisan. En effet Jésus a dit: nul ne vient à moi si le Père ne l’attire», disait Jean Paul Ier.
Vu que la principale cause de ce déclin du sacrement de la confession est le déclin de la foi, on peut ajouter que ce qui a aussi contribué à l’affaiblissement de la pratique de ce sacrement est le fait de centrer la vie des communautés chrétiennes plus sur les événements que sur la quotidienneté. Et la quotidienneté est faite de prière («la petite prière du matin» et «la petite prière du soir», comme l’a récemment rappelé le Pape aux enfants) et de pardon de nos fautes. «Quotidie petitores, quotidie debitores» (saint Augustin). Nous devons prier tous les jours, et tous les jours, nous devons être pardonnés. Dans la constitution Lumen gentium, le Concile Vatican II fait allusion au fait que c’est justement «dans l’ambiance où se meuvent la vie de famille et la vie sociale dont leur existence est comme tissée» que les fidèles «manifestent ainsi le Christ aux autres par le rayonnement de leur foi, de leur espérance et de leur charité» (n. 31).
De même, le fait que soit oubliée la tragique possibilité de commettre le péché de sacrilège lorsqu’on s’approche de la communion sans en être digne (cf. 1Co 11, 27-32) peut constituer une autre occasion du déclin de la pratique de la confession. Nous constatons avec douleur que dans l’Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, l’on ne parle plus du péché de sacrilège qui est commis lorsqu’au cours de la confession, l’on passe sous silence, de manière coupable, quelque péché mortel, et aussi lorsque l’on s’approche de l’Eucharistie sans en être digne, c’est-à-dire en état de péché mortel.
Lorsque l’on s’accuse de ses propres péchés de manière «humble, entière, sincère, prudente et brève», comme nous l’avons appris tout petits dans le Catéchisme de saint Pie X, dans le sacrement de la confession, en même temps que le pardon, l’on reçoit et l’on apprend aussi la grâce de l’humilité. Ainsi la confession est-elle vécue comme le sacrement de l’humilité des fidèles, qui permet de s’approcher dignement au sacrement de l’humilité du Seigneur, selon la merveilleuse définition que le Pape a donné de l’eucharistie comme «très saint et très humble sacrement».
La rubrique “Nova et vetera” offre à nouveau aux lecteurs l’article que Stefania Falasca a dédié en janvier 1999 au frère capucin Léopold Mandic, saint confesseur.
Ceux qui se confessaient au père Léopold apprenaient que l’on n’a pas besoin d’ajouter des discours à l’accusation de ses pauvres péchés (les confessions reçues par le père Léopold étaient généralement très brèves): le simple fait de se mettre à genoux pour se confesser sincèrement contient la douleur nécessaire et suffisante pour recevoir l’absolution.
pardon et guérison
5 mars, 2010Sois ma Force, Eternel (prière)
5 mars, 2010du site:
http://users.skynet.be/prier/textes/PR0664.HTM
Sois ma Force, Eternel
Auteur : Jean-Bertin
Eternel, sois ma Force!
Seigneur Bien-Aimé, je Te prie, sois ma Force,
Seigneur Mon Dieu, deviens ma Force,
Père Miséricordieux ; veux-Tu être ma Droite ?
Jésus-Christ, mon Bon Berger, sois ma Lumière,
Je livre entièrement mon âme et mon coeur à ta Sainteté,
Je me jette sans condition dans la Miséricorde
de Ton Sacré-Coeur,
Prends pitié de ma pauvre âme de pécheur,
De quels mérites je dispose devant Ta Sainte Face,
Oh mon Dieu , mon Père Créateur ?
Je n’en ai aucune,
Si Tu me détournais Ta compassion ;
Tu serais juste dans Ta Sentence ;
Car je ne T’ai jamais honoré et adoré,
Et Ta patience a été trop longue à mon égard,
Je regrette de m’être opposé à ton appel
Pardonne-moi de T’avoir fermer la porte de mon coeur,
Alors que tout ce temps Tu Te tenais juste là,
derrière, comme un mendiant, frappant désespérément.
J’implore Ta Clémence, Mon Père tout Miséricordieux,
De ce que le misérable pécheur que je suis
T’ai traité en mendiant ;
Entends mon cri, Ecoutes mon Dieu
la voix de mes supplications
Et redeviens la sainte force qui me guide,
qui m’éclaire et qui me console ;
Toi mon Souffle de Vie, Force de mon Salut ;
Toi mon Dieu Créateur,
je veux T’aimer !
Prends pitié à cause Ton Saint Nom , mon Sauveur,
ma force n’est que vanité,
mon intelligence, ma sagesse et ma force
sont l’essence de mon orgueil ; ma propre chute,
dans toute sa plénitude, ma force ne me cause que la Mort,
et ses meilleurs produits sont Destructios et Désolations,
elle ne m’expose qu’au mal.
Par ma force ; je ne T’aime pas
je ne T’adore pas
je ne crois pas en Toi
je n’ai pas confiance en Toi
et je n’espère pas en Toi.
Les yeux aveuglés par les illusions mondaines,
j’ai refusé pendant longtemps de me soumettre
à Ton Saint Plan et à Ta Miséricorde qui me couvre.
Je me suis adonné à l’amour mondain et
aux sollicitudes du monde qui m’ont égaré,
doutant ainsi de Ton Infini Amour pour moi, pour nous,
par Jésus-Christ, mon Unique Sauveur.
Viens me purifier mon Dieu.
Dans Ton Abîme d’Amour,
viens et prends possession de mon âme
sois ma Force pour toujours.
J’accepte Ton Merveilleux Cadeau d’Amour.
Oints-moi, oh Saint des Saints de Ton Huile Sainte,
Purifie-moi,
Sanctifie-moi par Ton Sang Précieux,
Fais-moi accéder à Ta lumière Vivifiante,
Inonde-moi de Ta Sagesse,
source de ‘Intelligence de tes Saints .
Oh Agneau de Yavhé, sois ma Force.
Etant ma Force, Tu me feras distinguer que le Bien,
Tu libéreras ainsi mon âme de la prison mondaine
et de ses sollicitations.
Seigneur, tu m’apprendras à Aimer,
A T’Aimer,
A connaître Ton Amour,
Tu disposeras mon âme entière à la Sainte Trinité.
Tu me permettras de t’adorer en Vérité,
de toute mon âme, de toute mon esprit
Tu me permettras de Te rester Fidèle.
Etant devenu ma Force, oh Mon Puissant Seigneur,
je ne crains plus les échecs
je ne crains plus mes ennemis
je ne crains plus les démons
je ne crains plus la mort
je ne crains plus Satan
si Ma Force est en Toi, Eternel,
je suis Devenu la force que ton Feu dirige,
Ton Serviteur que Ton Armée Céleste conduit.
Je vis dans la Foi et je suis devenu la Foi.
De qui aurais-je peur,
plus rien ne m’ébranlera,
Tu me feras marcher sur la bonne voie,
Ta voie, celle qui mène à ta Demeure Eternelle,
Mon Dieu !
Que Ton Règne vienne !
Amen.
reçu par e-mail de Tokyo, Japan
Audience générale du 3 mars : Saint Bonaventure
5 mars, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-23671?l=french
Audience générale du 3 mars : Saint Bonaventure
Texte intégral
ROME, Mercredi 3 mars 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse prononcée ce mercredi par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale, salle Paul VI, au Vatican.
* * *
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui, je voudrais parler de saint Bonaventure de Bagnoregio. Je vous avoue qu’en vous proposant ce thème, je ressens une certaine nostalgie, car je repense aux recherches que, jeune chercheur, j’ai conduites précisément sur cet auteur, qui m’est particulièrement cher. Sa connaissance a beaucoup influencé ma formation. C’est avec une grande joie que je me suis rendu en pèlerinage, il y a quelques mois, sur son lieu de naissance, Bagnoregio, petite ville italienne dans le Latium, qui conserve avec vénération sa mémoire.
Né probablement aux alentours de 1217 et mort en 1274, il vécut au XIIIe siècle, à une époque où la foi chrétienne, profondément imprégnée dans la culture et dans la société de l’Europe, inspira des œuvres durables dans le domaine de la littérature, des arts visuels, de la philosophie et de la théologie. Parmi les grandes figures chrétiennes qui contribuèrent à la composition de cette harmonie entre foi et culture se distingue précisément Bonaventure, homme d’action et de contemplation, de profonde piété et de prudence dans le gouvernement.
Il s’appelait Jean de Fidanza. Comme il le raconte lui-même, un épisode qui eut lieu alors qu’il était encore jeune garçon, marqua profondément sa vie. Il avait été frappé d’une grave maladie, et pas même son père, qui était médecin, espérait désormais pouvoir le sauver de la mort. Alors, sa mère eut recours à l’intercession de saint François d’Assise, canonisé depuis peu. Et Jean guérit.
La figure du Poverello d’Assise lui devint encore plus familière quelques années plus tard, alors qu’il se trouvait à Paris, où il s’était rendu pour ses études. Il avait obtenu le diplôme de Maître d’art, que nous pourrions comparer à celui d’un prestigieux lycée de notre époque. Comme tant de jeunes du passé et également d’aujourd’hui, Jean se posa alors une question cruciale : « Que dois-je faire de ma vie ? ». Fasciné par le témoignage de ferveur et de radicalité évangélique des frères mineurs, qui étaient arrivés à Paris en 1219, Jean frappa aux portes du couvent franciscain de la ville et demanda à être accueilli dans la grande famille des disciples de saint François. De nombreuses années plus tard, il expliqua les raisons de son choix : chez saint François et dans le mouvement auquel il avait donné naissance, il reconnaissait l’action du Christ. Il écrivait ceci dans une lettre adressée à un autre frère : « Je confesse devant Dieu que la raison qui m’a fait aimer le plus la vie du bienheureux François est qu’elle ressemble aux débuts et à la croissance de l’Eglise. L’Eglise commença avec de simples pêcheurs, et s’enrichit par la suite de docteurs très illustres et sages ; la religion du bienheureux François n’a pas été établie par la prudence des hommes mais par le Christ » (Epistula de tribus quaestionibus ad magistrum innominatum, in Œuvres de saint Bonaventure. Introduction générale, Rome 1990, p. 29).
C’est pourquoi, autour de l’an 1243, Jean revêtit l’habit franciscain et prit le nom de Bonaventure. Il fut immédiatement dirigé vers les études, et fréquenta la faculté de théologie de l’université de Paris, suivant un ensemble de cours de très haut niveau. Il obtint les divers titres requis pour la carrière académique, ceux de « bachelier biblique » et de « bachelier sentencier ». Ainsi Bonaventure étudia-t-il en profondeur l’Ecriture Sainte, les Sentences de Pierre Lombard, le manuel de théologie de l’époque, ainsi que les plus importants auteurs de théologie, et, au contact des maîtres et des étudiants qui affluaient à Paris de toute l’Europe, il mûrit sa propre réflexion personnelle et une sensibilité spirituelle de grande valeur qu’au cours des années suivantes, il sut transcrire dans ses œuvres et dans ses sermons, devenant ainsi l’un des théologiens les plus importants de l’histoire de l’Eglise. Il est significatif de rappeler le titre de la thèse qu’il défendit pour être habilité à l’enseignement de la théologie, la licentia ubique docendi, comme on disait alors. Sa dissertation avait pour titre Questions sur la connaissance du Christ. Cet argument montre le rôle central que le Christ joua toujours dans la vie et dans l’enseignement de Bonaventure. Nous pouvons dire sans aucun doute que toute sa pensée fut profondément christocentrique.
Durant ces années, à Paris, la ville d’adoption de Bonaventure, se répandait une violente polémique contre les frères mineurs de saint François d’Assise et les frères prédicateurs de saint Dominique de Guzman. On leur contestait le droit d’enseigner à l’Université, et on allait jusqu’à mettre en doute l’authenticité de leur vie consacrée. Assurément, les changements introduits par les ordres mendiants dans la manière d’envisager la vie religieuse, dont j’ai parlé dans les catéchèses précédentes, étaient tellement innovateurs que tous ne parvenaient pas à les comprendre. S’ajoutaient ensuite, comme cela arrive parfois même entre des personnes sincèrement religieuses, des motifs de faiblesse humaine, comme l’envie et la jalousie. Bonaventure, même s’il était encerclé par l’opposition des autres maîtres universitaires, avait déjà commencé à enseigner à la chaire de théologie des franciscains et, pour répondre à qui contestait les ordres mendiants, composa un écrit intitulé La perfection évangélique. Dans cet écrit, il démontre comment les ordres mendiants, spécialement les frères mineurs, en pratiquant les vœux de chasteté et d’obéissance, suivaient les conseils de l’Evangile lui-même. Au-delà de ces circonstances historiques, l’enseignement fourni par Bonaventure dans son œuvre et dans sa vie demeure toujours actuel : l’Eglise est rendue plus lumineuse et belle par la fidélité à la vocation de ses fils et de ses filles qui non seulement mettent en pratique les préceptes évangéliques mais, par la grâce de Dieu, sont appelés à en observer les conseils et témoignent ainsi, à travers leur style de vie pauvre, chaste et obéissant, que l’Evangile est une source de joie et de perfection.
Le conflit retomba, au moins un certain temps, et, grâce à l’intervention personnelle du pape Alexandre IV, en 1257, Bonaventure fut reconnu officiellement comme docteur et maître de l’université parisienne. Il dut toutefois renoncer à cette charge prestigieuse, parce que la même année, le Chapitre général de l’ordre l’élut ministre général.
Il exerça cette fonction pendant dix-sept ans avec sagesse et dévouement, visitant les provinces, écrivant aux frères, intervenant parfois avec une certaine sévérité pour éliminer les abus. Quand Bonaventure commença ce service, l’Ordre des frères mineurs s’était développé de manière prodigieuse : il y avait plus de 30.000 frères dispersés dans tout l’Occident avec des présences missionnaires en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, et également à Pékin. Il fallait consolider cette expansion et surtout lui conférer, en pleine fidélité au charisme de François, une unité d’action et d’esprit. En effet, parmi les disciples du saint d’Assise on enregistrait différentes façons d’interpréter le message et il existait réellement le risque d’une fracture interne. Pour éviter ce danger, le chapitre général de l’Ordre, qui eut lieu à Narbonne en 1260, accepta et ratifia un texte proposé par Bonaventure, dans lequel on recueillait et on unifiait les normes qui réglementaient la vie quotidienne des frères mineurs. Bonaventure avait toutefois l’intuition que les dispositions législatives, bien qu’elles fussent inspirées par la sagesse et la modération, n’étaient pas suffisantes à assurer la communion de l’esprit et des cœurs. Il fallait partager les mêmes idéaux et les mêmes motivations. C’est pour cette raison que Bonaventure voulut présenter le charisme authentique de François, sa vie et son enseignement. Il rassembla donc avec un grand zèle des documents concernant le Poverello et il écouta avec attention les souvenirs de ceux qui avaient directement connu François. Il en naquit une biographie, historiquement bien fondée, du saint d’Assise, intitulée Legenda Maior, rédigée également sous forme plus brève, et donc appelée Legenda minor. Le mot latin, à la différence du mot italien, n’indique pas un fruit de l’imagination, mais, au contraire, « Legenda » signifie un texte faisant autorité, « à lire » de manière officielle. En effet, le chapitre des frères mineurs de 1263, qui s’était réuni à Pise, reconnut dans la biographie de saint Bonaventure le portrait le plus fidèle du fondateur et celle-ci devint, ainsi, la biographie officielle du saint.
Quelle est l’image de François qui ressort du cœur et de la plume de son pieux fils et de son successeur, saint Bonaventure ? Le point essentiel : François est un alter Christus, un homme qui a cherché passionnément le Christ. Dans l’amour qui pousse à l’imitation, il s’est conformé entièrement à Lui. Bonaventure indiquait cet idéal vivant à tous les disciples de François. Cet idéal, valable pour chaque chrétien, hier, aujourd’hui et à jamais, a été indiqué comme programme également pour l’Eglise du Troisième millénaire par mon prédécesseur, le vénérable Jean-Paul II. Ce programme, écrivait-il dans la Lettre Novo millennio ineunte, est centré « sur le Christ lui-même, qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu’à son achèvement dans la Jérusalem céleste » (n. 29).
En 1273, la vie de saint Bonaventure connut un autre changement. Le pape Grégoire X voulut le consacrer évêque et le nommer cardinal. Il lui demanda également de préparer un événement ecclésial très important : le IIe concile œcuménique de Lyon, qui avait pour but le rétablissement de la communion entre l’Eglise latine et l’Eglise grecque. Il se consacra à cette tâche avec diligence, mais il ne réussit pas à voir la conclusion de cette assise œcuménique, car il mourut pendant son déroulement. Un notaire pontifical anonyme composa un éloge de Bonaventure, qui nous offre un portrait conclusif de ce grand saint et excellent théologien : « Un homme bon, affable, pieux et miséricordieux, plein de vertus, aimé de Dieu et des hommes… En effet, Dieu lui avait donné une telle grâce, que tous ceux qui le voyaient étaient envahis par un amour que le cœur ne pouvait pas cacher » (cf. J.G. Bougerol, Bonaventura, in. A. Vauchez (sous la direction de), Storia dei santi e della santità cristiana. Vol. VI L’epoca del rinnovamento evangelico, Milan 1991, p. 91).
Recueillons l’héritage de ce grand Docteur de l’Eglise, qui nous rappelle le sens de notre vie avec les parole suivantes : « Sur la terre… nous pouvons contempler l’immensité divine à travers le raisonnement et l’admiration ; dans la patrie céleste, en revanche, à travers la vision, lorsque nous serons faits semblables à Dieu, et à travers l’extase… nous entrerons dans la joie de Dieu » (La conoscenza di Cristo, q. 6, conclusione, in Opere di San Bonaventura. Opuscoli Teologici/1, Roma 1993, p. 187.
A l’issue de l’audience générale, le pape a résumé sa catéchèse en plusieurs langues et salué les pèlerins. Voici ce qu’il a dit en français :
Chers frères et sœurs,
Saint Bonaventure a vécu au treizième siècle. Homme d’action et de contemplation, de profonde piété et de prudence, il a contribué à former l’harmonie entre la foi et la culture. Etudiant à Paris, il fut fasciné par la ferveur et la radicalité évangélique des frères mineurs, il demanda à entrer dans la famille des disciples de saint François. Puis, il poursuivit ses études à la faculté de théologie de l’Université de Paris, et il devint l’un des plus importants théologiens de l’histoire de l’Eglise. Toute sa pensée fut profondément christologique. Dans un écrit intitulé La perfection évangélique, il montra que l’Eglise est rendue plus belle par la fidélité de ses fils et de ses filles qui, par la grâce de Dieu, sont appelés à observer les conseils évangéliques et à témoigner ainsi que l’Evangile est source de joie et de perfection. Lorsque Bonaventure fut élu ministre général, l’ordre des frères mineurs comptait 30.000 membres, répartis dans tout l’Occident. Pour en assurer la communion, il présenta l’authentique charisme de François et son enseignement dans une biographie où nous trouvons le portrait le plus fidèle du saint fondateur. Pour Bonaventure, François est un homme qui a cherché passionnément le Christ et qui s’est entièrement conformé à lui. Puisse cet idéal être aussi un programme pour l’Eglise du troisième millénaire et pour chaque chrétien !
* * *
Je suis heureux de vous accueillir chers pèlerins de langue française, en particulier le groupe « Chrétiens en grandes écoles », de Paris et les servants d’autel, de Versailles. Que ce temps du carême soit pour vous tous une occasion de rechercher le véritable visage du Christ, pour lui conformer votre existence ! Que Dieu vous bénisse !
Traduction : Zenit
Saint Bernard: Le mystère de la vigne de Dieu
5 mars, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100305
Le vendredi de la 2e semaine de Carême : Mt 21,33-43#Mt 21,45-46
Commentaire du jour
Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermon 30 sur le Cantique des Cantiques (trad. Beguin, Seuil 1953, p. 362 rev.)
Le mystère de la vigne de Dieu
Frères, si nous voyons dans la vigne du Seigneur l’Église, ce n’est pas une mince prérogative de l’Église que d’avoir étendu ses limites sur toute la terre…
J’entends par là cette foule des premiers croyants dont il est dit « qu’ils n’étaient tous ensemble qu’un coeur et qu’une âme » (Ac 4,32)… Car la persécution ne l’a pas si brutalement déracinée quelle n’ait pu être replantée ailleurs et louée à d’autres vignerons, qui, la saison venue, lui ont fait porter des fruits. Elle n’a pas péri, elle a changé de sol ; mieux, elle y a gagné en force ainsi qu’en étendue, comme la vigne bénie du Seigneur. Frères, levez donc les yeux, et vous verrez « que son ombre a couvert les collines, que ses pampres sont des cèdres de Dieu, qu’elle a étendu ses sarments jusqu’à la mer et ses rejetons jusqu’au fleuve » (Ps 79,11-12).
Ce n’est pas surprenant : elle est l’édifice de Dieu, le champ de Dieu (1Co 3,9). C’est lui qui la féconde, qui la propage, la taille et l’émonde, afin qu’elle produise davantage. Il ne va pas laisser sans soins une vigne que sa main droite a plantée (Ps 79,15) ; il ne va pas abandonner une vigne dont les pampres sont les apôtres, dont le cep est Jésus Christ, et dont lui, le Père, est le vigneron (Jn 15,1-5). Plantée dans la foi, elle plonge ses racines dans la charité ; labourée par l’obéissance, fertilisée des larmes du repentir, arrosée par la parole des prédicateurs, elle regorge d’un vin qui inspire la joie et non l’inconduite, vin de toute douceur, qui réjouit vraiment le coeur de l’homme (Ps 103,15)… Fille de Sion, console-toi en contemplant ce grand mystère ; ne pleure pas ! Ouvre ton coeur pour accueillir toutes les nations de la terre !