Archive pour mars, 2010
Pape Benoît XVI : Aimer Dieu et aimer son prochain
12 mars, 2010dal sito:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100312
Le vendredi de la 3e semaine de Carême : Mc 12,28-34
Commentaire du jour
Pape Benoît XVI
Encyclique « Deus caritas est », § 17 – 18 (trad. © copyright Libreria Editrice Vaticana)
Aimer Dieu et aimer son prochain
L’histoire d’amour entre Dieu et l’homme consiste dans le fait que cette communion de volonté grandit dans la communion de pensée et de sentiment, et ainsi notre vouloir et la volonté de Dieu coïncident toujours plus : la volonté de Dieu n’est plus pour moi une volonté étrangère, que les commandements m’imposent de l’extérieur, mais elle est ma propre volonté, sur la base de l’expérience que, de fait, Dieu est plus intime à moi-même que je ne le suis à moi-même (Saint Augustin). C’est alors que grandit l’abandon en Dieu et que Dieu devient notre joie (cf Ps 72,23-28).
L’amour du prochain se révèle ainsi possible au sens défini par la Bible, par Jésus. Il consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas. Cela ne peut se réaliser qu’à partir de la rencontre intime avec Dieu, une rencontre qui est devenue communion de volonté pour aller jusqu’à toucher le sentiment. J’apprends alors à regarder cette autre personne non plus seulement avec mes yeux et mes sentiments, mais selon la perspective de Jésus-Christ. Son ami est mon ami… Je vois avec les yeux du Christ et je peux donner à l’autre bien plus que les choses qui lui sont extérieurement nécessaires : je peux lui donner le regard d’amour dont il a besoin.
SALVE REGINA
11 mars, 2010A la recherche du temps perdu
11 mars, 2010du site:
http://www.salve-regina.com/Spiritualite/temps_perdu.htm
A la recherche du temps perdu
Par Pastor
in La Vie Spirituelle n°168 Septembre 1933
Ce texte bien que datant des années trente nous a semblé particulièrement bien décrire la place que doit avoir la prière dans notre vie quotidienne, dans nos gestes journaliers les plus monotones.
Le silence majestueux, presque surhumain, des voûtes de Notre-Dame. L’éclat plus populaire du Sacré-Cœur. L’intimité fervente de NotreDame des Victoires. Sont-ce là les seules évocations du Paris religieux ? l’atmosphère nécessaire des âmes, hors de quoi c’est le monde, le monde des affaires ou de la politique, le monde cupide ou passionné, le monde turbulent et insignifiant, le monde sans âme, le monde tout court
Faudra-t-il laisser alors le tout-Paris à la porte du sanctuaire ? et la cité terrestre devra-t-elle être abandonnée à elle-même, autour des murs de la cité de Dieu ?… Paris, n’est-ce pas aussi la rue de Rivoli et le boulevard Saint-Michel, le faubourg SaintAntoine ? Et l’un des aspects les plus typiques de la vie quotidienne, n’est-il pas, à la porte même des sanctuaires silencieux, le spectacle de la foule s’engouffrant sans cesse dans le Métropolitain à six heures du soir ? Regardez-la bien avec vos yeux de l’âme : elle est silencieuse, elle aussi, à sa manière. Comptez dans cette fourmilière humaine ceux qui causent ou ceux qui s’amusent, ceux dont un souci, un espoir, une attente au foyer, n’occupent pas le regard. Spectacle bien parisien. Est-il si étranger à l’âme chrétienne de Paris?
Quelle conception inhumaine de la vie chrétienne voudrait rejeter ainsi hors du salut tout ce poids de labeur, d’inquiétude et d’espoir? Quel échec pour le Fils de Dieu fait homme, si de l’homme il n’avait assumé et sauvé que ces bribes de temps et de silence arrachées par nos églises au tumulte de la cité ! Non, croyez que de ces centrales spirituelles le courant de la grâce circule dans les âmes, et que la hâte silencieuse, ou le labeur toujours repris de ces hommes et de ces femmes est animé par la présence imperceptible de Dieu. Vous savez bien que, dans « l’état de grâce », comme disent nos catéchismes, toute oeuvre humaine est méritoire. Méritoire, c’est-à-dire inspirée par l’amour actif de Dieu, et s’achevant en amour bienveillant de Dieu. Le circuit de la charité ne laisse rien échapper tant que l’homme n’en a pas volontairement brisé le fil. La foule du métro, c’est bien la même que la foule des messes de Notre-Dame des Victoires, des adorations nocturnes du Sacré-Coeur et des conférences de Notre-Dame.
Si la cité terrestre est ainsi animée par la cité de Dieu, si ses rues et ses voies sont l’image sensible des artères spirituelles du corps mystique, si son silence laborieux est l’écho des oraisons secrètes dans le temple, le chrétien va se trouver partout chez lui, lié partout à son intimité divine et à ses devoirs d’adoration. Oportet semper orare. Vous comprenez maintenant ce précepte de l’Apôtre. Elle vous paraissait étrangement chimérique cette loi de la vie chrétienne, et vous étiez tentés d’en réserver l’obligation aux âmes qu’une prévenance divine, très rare après tout, avait arrachées préalablement à l’inévitable tumulte de la réalité humaine de chaque jour. Mais non, saint Paul parle à tous ; et, à leur manière, ces Corinthiens et ces Romains de l’an 50 n’étaient pas moins affairés que les Parisiens du vingtième siècle. La loi du Christ lie perd point sa vigueur à mesure que la circulation des cités augmente, et le levain évangélique doit soulever la pâte humaine toute entière. L’agitation des « communes » marchandes du temps de saint Louis avait de quoi troubler l’âme humaine autant que le tumulte de nos villes où l’électricité a décuplé le mouvement et le travail. Car l’agitation et le tumulte viennent de l’âme, et les bruits du dehors ne sont que des occasions, sans équivalence avec la capacité du dedans.
Oportet semper orare. Mais alors nous n’avons pas deux parts dans nos vies, ou trois ou quatre. La part du bon Dieu, la part du travail, et puis encore cette part terriblement et douloureusement vide des heures perdues dans le va-et-vient des jours et des nuits. Avez-vous calculé ce qu’il y aurait alors de déchet dans une journée humaine ? Avez-vous additionné les heures passées dans le métro, le matin, à midi et le soir ? Et les heures d’attente dans les bureaux et les antichambres, et les courses inutiles, et les stations sans fin ?
Votre travail est sanctifié, c’est bien ; voilà huit heures dans l’engrenage sanctifiant de la grâce. Mais le reste ? La chaîne de la prière permanente perd-elle chaque jour tant d’anneaux, qui, à la fin des temps, rattacheraient toutes les heures du temps à l’immobile éternité ? Non, chrétien fidèle, rien n’est à perdre sur la terre et tout d’abord le temps, étoffe nécessaire de tout le reste, tissu fluent sur lequel nos doigts doivent ouvrer une broderie sans interruption ni fin, dont nous ne voyons encore que l’envers avec ses fils entrelacés en tout sens. Non, Il n’y a pas de temps à perdre. Oportet semper orare. La vie chrétienne que nous disions tout à l’heure sortir à flots de nos églises à travers les rues de la cité, elle reste, hélas ! frêle et ténue, même chez ceux que le péché n’a pas coupés de leur centre vital. Combien d’entre nous savent, explicitement, clairement, activement, que la grâce, en « état » chez eux, supporte et enveloppe leur travail, leur quotidien souci, leurs journées monotones ? Combien, parmi tous ces silencieux dans le métro de six heures, raccrochent leur silence brutal et amorphe au silence d’un amour de Dieu, ranimé de temps à autre par un mot de prière ? Ce serait si peu de chose à faire ! Et ce serait alors si vraiment la cité de Dieu
A la recherche du temps perdu ? Le voici retrouvé, le temps. Non seulement le temps du travail, mais le temps inutile, tout cet effritement de nos journées. Humainement, en langage d’affaires, ou en langage de plaisir, ce n’est et ce ne peut être que du temps perdu, de cette bourre sans valeur qu’il faut nécessairement employer pour caler les divers objets de notre vie, de ce poids brut qui, au décompte final, dépasse de beaucoup le poids net de notre volume d’affaires.
Mais chrétiennement, divinement, il n’y a pas de temps perdu. C’est jusqu’à ce tissu fluent que la vie divine anime nos oeuvres et notre occupation terrestre. Notre éternité, bonne ou mauvaise, embrasse dès maintenant, dans sa stabilité sans fin, tous les instants de notre temps. Ne perdons, pas, si précieuse matière, et tissons chrétiennement cette trame sans en laisser tomber un fil.
Oportet semper orare. Vous vous plaignez de n’avoir pas le temps de prier. Une dizaine de chapelet, où la placer dans ma journée ? Croyez-vous qu’au vingtième siècle, avec les automobiles et le téléphone, je puisse faire oraison ? – La voici, votre oraison. Ne la placez pas en dehors du temps, dans le vide d’un idéal chimérique, où vous donneriez à Dieu tout ce que vous enlèveriez à votre occupation humaine. C’est dans ce tissu même de votre occupation humaine que tant de fils restent flottants, brouillés en un inutilisable écheveau.
Chaque jour, le matin, à midi, le soir, vous avez vingt minutes de métro pour aller à votre travail. Comptez : cela fait au moins une heure. En fait vous la passez en silence. Que mettez-vous dans ce silence ? Prévoyez votre travail, récapitulez-le ; puis détendez-vous ou pensez au foyer, à la veillée affectueuse, aux distractions de la fin de semaine. Très bien. Mais encore ?
La présence divine n’est-elle pas plus spontanée, ici, entre deux soucis ? Pourquoi n’égrenez-vous pas les dix Ave de votre chapelet sur la chaîne ininterrompue de votre vie chrétienne ? La voici, l’impossible prière. A peine une minute, le matin, et c’est tout le possible entre la messe du dimanche, disiez-vous. Vous oubliez vos heures de métro, vos attentes interminables à la porte du médecin ou du bureau d’affaires. Remplissez ces vides, et divinisés ces silences où vous perdez temps et patience. Point besoin de manifestation extérieure. Vos yeux sont déjà baissés et il suffit que sur vos doigts, par dizaines toutes comptées défilent les ave autour du mystère contemplé selon l’ordre du rosaire C’est fait sans bruit de paroles, sans originalité déplacée. Dieu est là, invisible, et votre âme en elle-même. Cela suffit. Beaucoup de distractions peut-être ; mais à la surface seulement, car, sans que vous en ayez conscience, sans surtout que l’esprit se tende artificiellement, le mouvement de l’âme est lancé, et, sur la série vocale des Ave à peine murmurés, il se poursuit jusqu’au Gloria Patri. Ce n’est pas une série d’actes que vous avez à compter à coups de volonté ; c’est une atmosphère qui se respire, c’est un regard qui se prolonge, c’est un état. L’état de grâce dont les virtualités rayonnent par l’intensité connue de la présence divine.
Priez ainsi, chrétiens mes frères. Priez dans cette foule qui vous bouscule. Ne croyez pas que cette fourmilière humaine soit en résistance contre votre recueillement. Regardez votre voisin, numéro anonyme dans cette multitude ; son front est grave, ses yeux, un peu lassés à la fin du jour, semblent arrêtés sur un objet intérieur : une affaire mal engagée, un foyer divisé, un amour mal assuré. Ne croyez-vous pas que la communion est faite avec l’âme soucieuse de votre frère? Car c’est votre frère. Il est très probablement baptisé, et fût-il attiédi aujourd’hui, son souci même le ramène par moments à la gravité supraterrestre de sa vie, au bon Dieu peut-être, qui demain, dans la détresse va être son seul recours. Les âmes sont plus profondes que ne laisse paraître leur agitation de surface, plus qu’elles ne le confessent elles-mêmes dans leurs heures d’insouciance.
Et puis ce voisin est peut-être lui aussi en état de grâce. Alors c’est dans la réalité divine que vous le rencontrez, en toute vérité. C’est, à la lettre, la communion des saints. Elle existe par elle-même en permanence : Église, corps mystique du Christ en qui tous sont emmembrés, incorporés ; mais, par l’expression de votre prière, rendez cette communion actuelle, active, efficace. Dans le mystère de cet échange l’amour de Dieu va accomplir son oeuvre merveilleuse, et votre frère inconnu bénéficie de votre oraison. Élévation de l’âme, la prière élève toutes les âmes, car c’est en communion que les âmes croissent divinement.
Vous vous étonniez peut-être tout à l’heure de cette confiance en la présence de Dieu dans le tumulte de nos cités, et vous cherchiez inconsciemment refuge, pour votre vie chrétienne, dans l’église, solitaire au milieu de la foule trop bruyante. Allons, ne craignez pas, emportez avec vous votre cellule intérieure, et croyez au rayonnement triomphant de cette présence divine, soutenue par la délicate prière diffuse à laquelle votre âme s’habitue maintenant. C’est le temps même de votre vie que vous retrouvez ainsi. Car rien ne doit être perdu dans le Christ, depuis que, venant sur terre, Il a racheté tous les temps dans son éternité.
PASTOR.
« Je veux voir Dieu », du P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus
11 mars, 2010du site:
http://www.zenit.org/article-23730?l=french
« Je veux voir Dieu », du P. Marie-Eugène de l’Enfant Jésus
Par le P. Louis Menvielle, à l’occasion d’une publication récente
ROME, Mardi 9 mars 2010 (ZENIT.org) – Les éditions du Vatican viennent de publier une nouvelle traduction en italien de l’ouvrage : « Je veux voir Dieu », du Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, carme et fondateur de l’Institut Notre-Dame de Vie. Le Père Louis Menvielle est vice-postulateur de la cause de béatification de l’auteur. Il a accepté de présenter l’auteur et son œuvre au rayonnement international, aux lecteurs de Zenit, alors que s’approche l’anniversaire de sa « naissance au ciel », le 27 mars.
Zenit – Qui est le Père Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus ?
Père Louis Menvielle – C’est un carme déchaux français de la première moitié du 20ème siècle (1894-1967). Henri Grialou (c’est son nom séculier) est né dans un modeste foyer de mineur de l’Aveyron, dans le centre de la France. Saisi par Dieu depuis qu’il est tout petit, il désire être prêtre. Au petit séminaire, il découvre la petite sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus. Nous sommes en 1908, il a 13 ans : il reste définitivement marqué par cette amitié surnaturelle qui influera sur sa vie et sur sa mission. Un père carme écrira de lui qu’il est un des meilleurs spécialistes de la petite Thérèse.
Au grand séminaire, il découvre saint Jean de la Croix et se sent fortement saisi par le réformateur carme espagnol du 16ème siècle : il comprend qu’il est appelé à marcher à sa suite et à lui ressembler. Sur son lit de mort, il avouera : « Au fond de mon âme, c’est avec saint Jean de la Croix que je vis ».
C’est ainsi qu’il entre au noviciat des carmes dès son ordination sacerdotale, en février 1922. Il apprend à connaître Thérèse d’Avila, la grande réformatrice du carmel, et trouve en elle la mère des spirituels qu’il décrit : « ardente et lumineuse…, sublime et équilibrée, une âme royale, maternelle et divine, le génie humain en ce qu’il a de plus concret et de plus universel » (Je veux voir Dieu, p. 443). Dès le noviciat, il fait de très hautes expériences mystiques qui marqueront toute sa vie.
1923, 1925, 1926, c’est la période de la béatification et de la canonisation de Thérèse de Lisieux, puis de la proclamation de Jean de la Croix comme Docteur de l’Eglise. Notre jeune carme (28-31 ans) prêche beaucoup en divers milieux français et perçoit partout, en particulier chez les laïcs, une soif spirituelle qui trouve une réponse adaptée dans l’enseignement du carmel. Il comprend alors que sa mission est de « conduire les âmes à Dieu » et de les former à l’union de la contemplation et de l’action en leur montrant le chemin de l’oraison et de la vie dans l’Esprit.
1929, quelques jeunes femmes qui veulent se donner à Dieu lui demandent de les guider. Elles réalisent peu à peu la pensée qu’il avait de former un groupe où l’on unirait action et contemplation en plein monde pour porter Dieu là où les hommes ne le connaissent pas. Le don du sanctuaire de Notre-Dame de Vie, en Provence (Venasque), lui permet d’y commencer son œuvre. L’Institut Notre-Dame est né (1932).
1937 : le Père Marie-Eugène est élu conseiller général des carmes à Rome et le restera 17 ans. A la mort du père général, il dirige l’ordre pendant dix huit mois, jusqu’au chapitre de 1955. C’est pendant cette période romaine que Pie XII le nomme visiteur apostolique des carmels de France et lui demande de les unir en fédération. Travailleur infatigable, il trouve aussi le temps de publier en deux tomes son maître ouvrage : Je veux voir Dieu (1949 et 1951).
En 1955, il rentre en France où il pourra s’occuper de plus près de sa fondation sans oublier sa province carmélitaine d’Avignon puisqu’il exerce son troisième mandat de provincial des carmes lorsqu’il meurt, le 27 mars 1967.
Zenit – Où en est sa cause de béatification ?
Père Louis Menvielle – Sa cause de béatification est ouverte depuis 1985 et les enquêtes diocésaines sur les vertus héroïques et sur le miracle sont aujourd’hui en attente de jugement à la Congrégation pour les causes des saints à Rome. Les témoignages révèlent qu’à travers le monde, ceux qui le connaissent trouvent en lui à la fois un père qui se penche sur toutes les détresses qu’on lui présente, et un maître qui fait entrer, par la foi, dans le mystère de Dieu, et conduit à la sainteté par les chemins de l’oraison et de l’apostolat sous la motion de l’Esprit Saint.
Dans la préface de la traduction italienne de « Je veux voir Dieu », le cardinal Cottier o.p., théologien émérite de la Maison pontificale, voit en lui un précurseur du Concile Vatican II.
Zenit – Avant de parler de l’ouvrage : « Je veux voir Dieu », finissons de présenter l’auteur : qu’est devenu l’Institut qu’il a fondé ?
Père Louis Menvielle – De fait, « Je veux voir Dieu » est né de l’enseignement qui a présidé à la fondation de Notre-Dame de Vie. Il explique dans l’avant-propos du livre comment il a dû donner cet enseignement du carmel pendant plusieurs années à un groupe de professeurs de l’enseignement secondaire et de l’université. C’est à la fin d’une de ces conférences, que des jeunes femmes, que j’ai déjà mentionnées, lui ont dit leur disponibilité pour réaliser la pensée qu’il portait.
Notre-Dame de Vie est aujourd’hui un institut séculier de droit pontifical, composé de trois branches autonomes : prêtres diocésains et laïcs, hommes et femmes. Aux 600 membres de l’Institut répartis sur les différents continents, s’ajoute une centaine de foyers. En plus des prêtres diocésains, quelques prêtres incardinés dans l’Institut répondent à ses besoins plus immédiats comme, par exemple, dans le Studium de Notre Dame de Vie, à Venasque, qui est une structure internationale de formation théologique, spirituelle et sacerdotale délivrant les diplômes de licence et de master (reconnus par Rome et correspondant aux accords de Bologne).
Zenit – Que dire de cette œuvre maîtresse « Je veux voir Dieu » ?
Père Louis Menvielle – Conduire les hommes à Dieu. Voilà le but du livre. Le titre le dit bien : « je veux voir Dieu ».
Ce titre, c’est d’abord le cri de Thérèse d’Avila enfant qui a expliqué à ses parents pourquoi elle voulait partir se faire décapiter chez les Maures : « Je veux voir Dieu, et pour voir Dieu, il faut mourir ». Ce cri, c’est bien l’expression de la soif, consciente ou non, de toute femme, de tout homme créé par Dieu. Regardez comment le Catéchisme de l’Eglise catholique commence avec le paragraphe sur le désir de Dieu et finit par la partie morale avec ce cri : « Je veux voir Dieu ».
Avant de voir Dieu face à face, au Ciel, on est appelé à le rencontrer dès maintenant dans la foi. Vivant du charisme du carmel et pétri de son enseignement qu’il a assimilé grâce à sa propre expérience mystique, le Père Marie-Eugène prend son lecteur par la main dès les premières pages du livre et le conduit à travers les chapitres sur le chemin de la croissance spirituelle qui aboutit à la plénitude de notre vocation baptismale, ce que l’on appelle la sainteté.
Un tableau général en début d’ouvrage indique bien la structure de la vie spirituelle et la répartition des chapitres du livre. Les deux premières parties présentent les fondements de la vie spirituelle et décrivent les toutes premières étapes que franchissent ceux qui se mettent en marche. On y découvre l’oraison, cet « échange d’amour où l’on s’entretient souvent, seul à seul, avec ce Dieu dont on se sait aimé » (Thérèse d’Avila), on prend l’habitude de rechercher ce Dieu vivant qui appelle secrètement, on apprend la fidélité au Christ.
On se prépare ainsi aux ascensions suivantes qui sont un pur don de Dieu. Elles conduisent à la ressemblance d’amour avec le Christ et à la disponibilité sous la motion de l’Esprit pour construire l’Eglise avec lui : c’est le thème des trois dernières parties. Je signale en particulier la troisième, qui donne les principes essentiels de cette vie « spirituelle », et la cinquième, qui décrit la plénitude de l’amour. « Je veux voir Dieu », décrit comment on grandit dans l’amour, comment on se livre à l’action de l’Esprit, comment on unit l’action et la contemplation, comment on devient un apôtre pour l’Eglise.
Zenit – A qui s’adresse cet ouvrage ?
Père Louis Menvielle – Le Père Marie-Eugène a toujours voulu atteindre tout le monde. « Des gens qui cherchent Dieu, il y en a partout. Ah, si je pouvais les atteindre tous et leur parler de l’Amour infini ! », s’est-il exclamé un jour. « Je veux voir Dieu », est un moyen de les atteindre pour leur parler de l’Amour infini. Ce livre parle de Dieu et du moyen de le rencontrer pour se livrer à son action transformatrice. De ce point de vue, il est accessible à tous. C’est un vade-mecum pour la marche vers la sainteté. Les témoignages de laïcs sans formation spéciale ou de jeunes en formation spirituelle ou de formateurs abondent : n’importe qui peut trouver la nourriture qu’il recherche pour prier et participer à la mission de l’Eglise.
Dans la préface, le cardinal Cottier écrit que « Je veux voir Dieu » est non seulement un « guide spirituel », mais aussi un « traité de théologie mystique ». En effet, la compétence intellectuelle et spirituelle de l’auteur, l’ampleur et la précision du sujet en font aussi un ouvrage de référence incontournable en théologie spirituelle. Des professeurs l’utilisent pour leurs cours, des étudiants le prennent comme base pour leurs travaux de mémoire ou de thèse. Mais que les intellectuels prennent garde : dans ce livre, les principes sont au service de la vie. Le mot « pratique » revient 223 fois. C’est la priorité du Père Marie-Eugène : l’enseignement le plus rigoureux doit conduire aux réalisations concrètes de la croissance vers la sainteté.
Zenit – Pourquoi en avoir fait une nouvelle traduction italienne ?
Père Louis Menvielle – La première édition (1949-1951) était en deux volumes : « Je veux voir Dieu » et « Je suis fille de l’Eglise ». Très vite le Père Marie-Eugène s’est rendu compte que la présentation de la croissance spirituelle est un tout qu’on ne peut diviser en deux ouvrages séparés. Il a donc réuni les deux tomes en un seul volume avec le titre général : « Je veux voir Dieu ». Une première traduction italienne avait été faite dans les années 1950 et publiée sous les titres : « Voglio vedere Dio » et « Sono figlia della Chiesa », qui correspondent aux deux volumes parus au départ. Comme la première édition italienne est épuisée, une nouvelle traduction a été réalisée par Maria Rosaria Del Genio et vient d’être publiée aux éditions du Vatican.
La préface du cardinal Cottier montre comme ce livre reste d’actualité. Il y a quelques années, le général des carmes le qualifiait de « chef d’œuvre », de « somme de vie spirituelle » et plaçait son « auteur parmi les grands maîtres de spiritualité que Dieu a donnés à l’Eglise par le carmel ».
De fait, le succès de cet ouvrage a été immédiat. Les rééditions se sont multipliées en diverses langues. « Je veux voir Dieu » est aujourd’hui diffusé à plus de 100 000 exemplaires en six langues. Les éditions chinoise, coréenne, lettone, lituanienne et portugaise sont en cours. La diffusion ininterrompue du livre et l’intérêt qu’il suscite confirment cette affirmation du père général. Pour finir, je peux citer une autre appréciation, celle d’un jésuite, professeur de théologie dans un scolasticat, qui a écrit au Père Marie-Eugène au moment de la parution de l’ouvrage. Elle synthétise bien ce que les lecteurs trouvent en lisant « Je veux voir Dieu » :
« J’ai singulièrement goûté votre ouvrage et à bien des titres : doctrine sûre, tout ensemble si riche et si nuancée ; exposé dense, positif, toujours serein et si respectueux des âmes ; tracé lumineux de l’itinéraire de sainte Thérèse, de saint Jean de la Croix, et de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Tout à la fois sobre et chaud, toujours si juste et bienveillant ; orientations sages et rapides aux tournants délicats ou dans les problèmes plus épineux. Je ne doute pas que la fatigue que dissimulent ces pages lumineuses se révèle très féconde ; que bien des âmes y entrevoient la fraîcheur de la source vive et y puisent un élan renouvelé pour s’acheminer vers elle pour y participer à la mesure du don de Dieu ».
bonne nuit
11 mars, 2010Catéchisme de l’Eglise catholique : « Le règne de Dieu est survenu pour vous »
11 mars, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100311
Le jeudi de la 3e semaine de Carême : Lc 11,14-23
Commentaire du jour
Catéchisme de l’Eglise catholique
§ 547 – 550
« Le règne de Dieu est survenu pour vous »
Jésus accompagne ses paroles par de nombreux « miracles, prodiges et signes » (Ac 2,22) qui manifestent que le Royaume est présent en lui. Ils attestent que Jésus est le Messie annoncé. Les signes accomplis par Jésus témoignent que le Père l’a envoyé. Ils invitent à croire en lui. A ceux qui s’adressent à lui avec foi, il accorde ce qu’ils demandent. Alors les miracles fortifient la foi en Celui qui fait les oeuvres de son Père : ils témoignent qu’il est le Fils de Dieu. Mais ils peuvent aussi être « occasion de chute » (Mt 11,6). Ils ne veulent pas satisfaire la curiosité et les désirs magiques. Malgré ses miracles si évidents, Jésus est rejeté par certains ; on l’accuse même d’agir par les démons.
En libérant certains hommes des maux terrestres de la faim, de l’injustice, de la maladie et de la mort, Jésus a posé des signes messianiques ; il n’est cependant pas venu pour abolir tous les maux ici-bas, mais pour libérer les hommes de l’esclavage le plus grave, celui du péché, qui les entrave dans leur vocation de fils de Dieu et cause tous leurs asservissements humains.
La venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan : « Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est qu’alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous » (Mt 12,28). Les exorcismes de Jésus libèrent des hommes de l’emprise des démons. Ils anticipent la grande victoire de Jésus sur « le prince de ce monde » (Jn 12,31). C’est par la croix du Christ que le Royaume de Dieu sera définitivement établi : « Dieu a régné du haut du bois. »
San Girolamo
10 mars, 2010Saint Jérôme défend la virginité perpétuelle de Marie
10 mars, 2010du site:
http://www.mariedenazareth.com/4428.0.html
Saint Jérôme défend la virginité perpétuelle de Marie
Que Marie, après la naissance virginale de Jésus, n’aie pas eu de rapports matrimoniaux avec Joseph et pas eu d’autres fils, c’est une donnée professée en chœur par les Pères de l’Église des IV-VI° siècles (1). Il y a peu de voix isolées et contestataires comme celles de Jovinien, Bonose, Helvidium.
Les réponses de saint Jérôme aux objections :
Parmi les pères de l’Eglise, saint Jérôme est celui qui s’est confronté de la manière la plus ouverte aux difficultés exégétiques pour la défense de la « virginitas post partum ». Lui aussi voulait confirmer la foi diffuse au sein de l’Église. En rejetant les attaques contre la virginité perpétuelle de Marie du laïc Helvidium (un disciple de l’évêque aryen Maxence de Milan), Jérôme lui dédia une monographie mariologique dans laquelle il affronta toutes les objections :
1) L’indication de Marie comme « femme » (mulier coniunx), Mt 1,20.24, serait utilisée aussi ailleurs dans l’Écriture pour désigner une mariée vierge, comme par exemple en Dt 22,23; 30,7.
2) Si les évangélistes parlent des « parents » de Jésus (Lc 2,27.41.43) ou si Joseph fut indiqué par Marie comme « le père » (Lc 2,48), cela n’est pas parce que Joseph fut réellement le géniteur du Rédempteur, mais parce que Joseph le laissa croire pour défendre la bonne réputation de Marie.
3) A propos de « avant (antequam) qu’ils aient mené vie commune » (Mt 1,18), Jérôme fait apparaître que cette préposition, même si elle indique souvent effectivement ce qui suit, l’Écriture parfois cependant souligne seulement ce qui en fait n’est pas arrivé.
4) Au sujet de « jusqu’à ce [donec] qu’elle mette au monde son fils » (Mt 1,25), Jérôme, en rappelant d’autres passages bibliques comme Jr 7,11 (cité selon les LXX), Mt 28,20, 1Cor 15,25, Dt 34,6 et d’autres, tâche de montrer que ce mot dans l’Écriture sainte a une double signification et peut indiquer un temps déterminé ou indéterminé.
5) Quand à l’idée de premier-né (primogenitus) (Mt 1,25 et Lc 2,7) Jérôme s’opposa ainsi à son adversaire: « Car la loi (Nm 18,15) sur les premiers-nés inclut aussi l’enfant auquel ne succède aucun autre frère, il en résulte que le titre de premier-né appartient à n’importe quel enfant qui ouvre le sein maternel et avant qui personne d’autre n’est né, et non pas seulement à celui qui est suivi d’autres frères. » Si dans le récit de l’ange exterminateur d’Egypte (Ex 12,29), les aînés avaient seulement indiqués ceux qui avaient des frères, « alors les fils uniques auraient été épargnés par la mort. »
6) Quant à la mention par Helvidium des « frères » de Jésus, l’exégète explique que cette indication dans l’Écriture signifie souvent une relation basée sur la « sympathie », comme par exemple dans le psaume 132,1, les hommes et dans le Nouveau Testament parfois tous les chrétiens, sont appelés « frères » (Jn 20,17; 1 Cor 5,11) ou encore, cela indique ceux qui ont un autre degré de parenté comme en Gn 27,46; 29,1-12; 31,17.
7) Jérôme contesta la solution suggérée par le Protévangile de Jacques (= les frères sont les fils du mariage premier de Joseph) et il s’efforça d’alléguer une autre explication plausible.
Il explique que dans le cas des frères du Seigneur il s’agissait de « cousins », (fils de frères et sœurs du côté de la mère). Il pouvait appuyer sa thèse sur le fait que philologiquement l’hébreu et l’araméen n’ont pas un mot particulier pour « cousins » et ils utilisent pour cette désignation « frères » (ainsi en Gn 13,8; 14,14; Lv 10,4; 1 Chro 23,22).
Siméon est un cousin du Seigneur : Jérôme connaissait, même s’il ne le cite pas, le récit d’Eusèbe (Mémoire d’Egésippe, écrit autour de l’an 180) où il est écrit que Siméon est un « fils de Cléophas, un oncle du Seigneur » (2).
Jacques le mineur est lui aussi un cousin du Seigneur : fils de cette Marie (Mc 15,40; Mt 27,56), qui devait être la femme d’Alphée (cfr. Mt 10,3; At 1,13) et la sœur de Marie, la mère du Seigneur.
Jérôme fit aussi cette réflexion à Helvidium :
« Tu affirmes que Marie n’est pas restée vierge. Je vais au contraire encore au-delà et je dis: Joseph, suivant l’exemple de Marie, a vécu vierge lui aussi, pour que le fils virginal fût engendré par un mariage virginal. Autrement dit, si un homme saint ne peut être suspect d’un rapport extra-matrimonial, et si il n’est pas écrit qu’il ait eu une autre femme, si finalement il a été pour Marie, qui dans l’opinion des gens était considérée son épouse, plus un protecteur qu’un conjoint, alors il ne reste plus qu’à conclure que celui qu’on appelait le père du Seigneur, ait vécu virginalement avec Marie. » (3)
Que de cette manière les Pères de l’Église aient mis dans la main de saint Joseph « le lis de la virginité », n’est pas un anachronisme théologique-biblique, mais la conséquence d’un refus rigoureux de la solution du Protévangile de Jacques (apocryphe qui présente Joseph comme un vieil homme veuf, ayant déjà eu d’autres enfants).
Conclusion
Saint Jérôme conclut ainsi :
« Que Dieu soit né d’une Vierge, nous le croyons parce que nous le lisons ; que Marie, après la naissance de Jésus, ait eu des rapports conjugaux, nous ne le croyons pas parce que nous ne le lisons pas. » (4)
——————————————————————————–
(1) Voir G.SÖLL, Storia dei dogmi mariani, Roma 1981., p.104-108; 136-141
(2) EUSÈBE, Histoire ecclésiastique III,11.12
(3) Saint JERÔME, Discours 225,2
(4) G. SÖLL, Storia dei dogmi mariani, Roma 1981, p.137-139. Les argumentations de saint Jérôme se trouvent dans : Adversus Helvidium: PL 23.
Avant la Bible (Lectures)
10 mars, 2010du site:
http://www.sobicain.org/ense02FR.htm#_Toc27454900
Avant la Bible (Lectures)
Durant de longs siècles la Bible a été “le” livre, du peuple Juif d’abord, de l’Église ensuite. La foi n’était pas seulement une affaire individuelle. Il ne s’agissait pas seulement de connaître des lois de Dieu qui nous mènent au bonheur et à la récompense éternelle ; toute la Bible tournait autour d’une alliance de Dieu avec l’humanité. Il y avait eu un départ, des étapes, et il y avait au terme la récapitulation de notre race dans le Christ, et l’intégration du monde créé dans le mystère de Dieu. La Bible était donc une histoire, et elle voulait être l’histoire de l’humanité. Elle n’était pas seulement le livre des paroles de Dieu, mais elle était une des bases de la culture.
Pourtant, c’est un fait, toute l’histoire biblique a été écrite en l’espace de quelques siècles en un petit coin du monde. Même si ce lieu était, comme nous le dirons, un secteur très privilégié, les auteurs bibliques ne pouvaient voir de leur fenêtre qu’un tout petit morceau de l’espace et du temps. Sortis de leur histoire particulière, ils ne pouvaient plus se fier qu’à des on-dit et à des traditions anciennes.
Pour eux il ne faisait pas de doute que Dieu avait tout créé “au commencement”, c’est-à-dire, si l’on s’en tenait à quelques données brutes de la Genèse, il y a près de 6 000 ans. Il ne faisait pas de doute non plus que le monde habité ne s’étendait pas beaucoup plus loin que l’Europe et le Moyen Orient, et que l’humanité dans son ensemble avait reçu l’annonce de l’Évangile, même si des régions entières, comme les pays “maures”, c’est-à-dire islamiques, avaient abandonné la foi. Au 13 ème siècle, Saint Thomas d’Aquin affirmait que si par hasard quelqu’un restait encore dans l’ignorance du message chrétien, quelqu’un par exemple qui aurait toujours vécu au fond d’une grande forêt, Dieu ne manquerait pas de lui envoyer un ange pour lui faire connaître sa parole.
C’est seulement au dix-huitième siècle que la science commença à ébranler ces certitudes. D’abord, la notion du temps. Un premier pas fut la découverte des temps énormes qu’il avait fallu pour la formation du globe, et des innombrables espèces animales et végétales qui avaient disparu de la terre après l’avoir couverte. On passa vite des 6 000 années traditionnelles aux millions puis aux milliards d’années.
Une seconde étape affecta beaucoup plus profondément la vision du monde, et ce fut l’intuition d’abord, puis des preuves toujours plus nombreuses d’une véritable histoire des êtres vivants. Il ne suffisait plus de classifier les espèces vivantes ou disparues selon leurs ressemblances ou différences, le tableau se transformait peu à peu en un arbre généalogique. On voyait se dessiner des troncs communs, des ramifications, et les formes ou les articulations étaient plus ou moins comparables selon que le cousinage était plus ou moins lointain.
Chose étrange, cette découverte qui cadrait avec les intuitions de certains des Pères de l’Église, fut regardée par l’ensemble du monde chrétien comme une dangereuse menace pour la foi. Une des raisons en était la philosophie — il serait mieux de dire la ”foi” — rationaliste ou antireligieuse de nombreux scientifiques des deux siècles écoulés. Il leur suffisait d’avoir expliqué quelques mécanismes en jeu dans les toutes petites évolutions pour affirmer que toutes les inventions et merveilles de la nature pouvaient s’expliquer de même, et, bien plus, pour affirmer que tous les mécanismes étaient venus par hasard à partir de rien.
Mais aussi, comme les chrétiens étaient habitués à penser en termes de vérités immuables, ce qui était valable pour les dogmes de la foi, il leur semblait que Dieu devait avoir soumis de même le monde céleste et terrestre à des lois immuables : les astres devraient se contenter de tourner en rond (une orbite elliptique était déjà une grande tolérance) et les êtres vivants ne pouvaient que se reproduire toujours semblables. Et il a fallu attendre le deuxième quart du vingtième siècle pour qu’on dépasse enfin l’opposition entre une science antireligieuse dans ses prétentions, et une foi qui voulait ignorer les faits.
Où voulons-nous en venir ? Tout simplement à ceci. La vision d’un monde en évolution s’accorde très bien avec la conception chrétienne du temps et des “âges” de l’histoire. Si nous étudions les lettres de Paul, nous verrons que pour lui toute l’histoire humaine est une pédagogie de Dieu de laquelle émerge le vrai Adam. Contrairement à l’image si répandue d’un Adam Tarzan qui, au début des temps, était aussi beau et fort qu’on le voit sur la fresque de Michel-Ange, mais ensuite était tombé de son piédestal, saint Irénée de Lyon, après Paul, voyait toute l’histoire dirigée par la pédagogie de Dieu vers un accomplissement de la race, ou de la communauté humaine.
Si l’on entrait dans ces perspectives, il n’était plus difficile de penser que toute la création s’était faite dans le temps. Le “big bang”, quelle extraordinaire approche d’un départ du temps créé, un temps qui part de l’éternité et qui retourne à l’éternité ! Vingt milliards d’années pour l’expansion des millions de galaxies, chacune avec leurs milliers ou millions de soleils. Et quelque part, des planètes. Combien ? Mystère. Combien habitées ? Plus mystérieux encore. Mais là aussi la foi a ses intuitions. Toute la Bible met en relief la liberté, la gratuité des gestes de Dieu. Un Dieu qui aime tous les hommes et les conduit tous vers lui, qu’ils le connaissent ou non, mais qui aussi sait choisir qui il veut pour lui donner ce qu’il ne donnera pas à d’autres. Et le fait que Dieu ait créé des millions de galaxies ne l’empêchera pas, s’il le veut, de ne choisir qu’une d’entre elles pour y mettre, quelque part dans un petit coin, cette race des “homo habilis” que la Parole de Dieu a choisie comme son point d’atterrissage dans la création.
L’homme n’est donc pas arrivé par hasard. Ce n’est pas un singe qui, par suite de quelques mutations chromosomiques tout à fait imprévisibles, s’est réveillé un jour capable de comprendre ; il y aurait pas mal à dire sur ces fameux hasards qui, au dire de certains, auraient fait qu’un jour une race de singes et de guenons laisserait la place à quelques grands musiciens et à pas mal de jolies filles. Il a fallu bien des générations, bien des maillons, et beaucoup d’humbles ancêtres que peut-être Dieu déjà connaissait et aimait comme il nous aime, mais le modèle et le but étaient là avant eux, et c’était le Christ.
Ici nous voudrions rappeler en quelques lignes les grandes étapes qui ont précédé la formation du peuple de la Bible.