Archive pour le 30 mars, 2010
De Romanos le Mélode (IVe siècle): Porté sur un ânon
30 mars, 2010du site:
Texte patristique – Rameaux
De Romanos le Mélode (IVe siècle)
Porté sur un ânon
Porté sur ton trône dans le ciel, ici-bas sur l’ânon, Christ qui es Dieu, tu accueillais la louange des anges et l’hymne des enfants qui te criaient : «Tu es béni, toi qui viens rappeler Adam».
Voici notre roi, doux et pacifique, monté sur le petit de l’ânesse, qui vient en hâte pour subir sa passion et pour enlever les péchés. Le Verbe, monté sur une bête, veut sauver les êtres spirituels. Et l’on pouvait contempler sur le dos d’un ânon celui que portent les épaules des Chérubins. Tu manifestes ta force en choisissant l’indigence. Car c’est en signe de pauvreté que tu t’asseyais sur un ânon, mais par ta gloire tu ébranles Sion. Les vêtements des disciples étaient une marque d’indigence, mais à la mesure de ta puissance étaient l’hymne des enfants et l’affluence de la foule qui criait : «Hosanna — c’est-à-dire : Sauve donc — toi qui es au plus haut des cieux. Sauve, Très-Haut, les humiliés. Aie pitié de nous, par égard pour nos palmes ; les rameaux qui s’agitent remueront ton cœur, ô toi qui viens rappeler Adam».
Ô créature de ma main, répondit le Créateur, je suis venu moi-même. Je suis vendu pour toi, et je te libère ; je suis crucifié à cause de toi, et tu échappes à la mort. Ai-je autant aimé les anges ? Non, c’est toi, le misérable, que j’ai chéri. J’ai caché ma gloire et moi, le Riche, je me suis fait pauvre délibérément, car je t’aime beaucoup. Pour toi, j’ai souffert la faim, la soif, la fatigue. J’ai parcouru montagnes, ravins et vallons en te cherchant, brebis égarée ; j’ai pris le nom de l’agneau pour te ramener en t’attirant par ma voix de pasteur, et je veux donner ma vie pour toi, afin de t’arracher à la griffe du loup. Je meurs et je t’apprends à crier : «Tu es béni, toi qui viens rappeler Adam».
Hymne XXXII, 1, str. 2…12 (Sources Chétiennes, p. 31-47)
COMMENT SE PREPARER A VIVRE LA SEMAINE SAINTE
30 mars, 2010du site:
http://www.mjleguillou.org/fr/p_sem_ste.html
COMMENT SE PREPARER A VIVRE LA SEMAINE SAINTE
Voici quelques points de réflexion à intérioriser avant d’entrer dans la liturgie des jours saints que sont le Jeudi-Saint, le Vendredi-Saint et la Vigile Pascale :
- Le mystère pascal est la traduction française de » Sacramentum pascalae « , au sens où le mystère nous engage en lui et fait de nous des transfigurés. Les célébrations de la semaine sainte sont très éclairantes et nous aident à comprendre, au sommet de l’année liturgique, toute la réflexion de l’Eglise pendant le Carême. Ne séparons pas la semaine sainte du Carême.
- Soyons disponibles à l’action de l’Esprit-Saint en nous. La semaine sainte est une semaine de grâces et même de joie car au coeur du vendredi saint, nous savons que la joie éclatera au matin de Pâques. La plénitude du don du Seigneur nous met dans un climat d’action de grâces car le mystère pascal du Christ nous atteint, nous transforme et fait de nous des êtres nouveaux. Voilà pourquoi la joie peut jaillir dans nos coeurs : c’est une joie grave et sereine. Le Seigneur peut nous rendre disponibles et faire de nous ce qui lui plaît.
- Centrons-nous sur le don de Dieu. Nous allons participer à la mort et à la résurrection du Christ. Laissons-nous emporter par ce mouvement même qui mène à la vie. Le visage du Christ nous apparaîtra comme le visage même de Dieu. Notre Dieu est, en vérité, le Dieu de la croix et de la résurrection. La révélation de la Trinité s’est faite sur la croix. La réalité la plus extraordinaire est que le Christ, Fils de Dieu, se soit fait homme et qu’il soit mort sur une croix. Voilà pourquoi, la Pâque, du jeudi saint au dimanche de Pâques est si importante. Nous ne nous appartenons plus : notre vie est au Christ, notre mort est au Christ. Tout lui appartient, nous pouvons donc tout lui donner.
- Ces trois jours saints sont décisifs pour l’histoire de l’humanité. L’action liturgique que nous allons suivre pas à pas est le don total fait par Dieu à tous les hommes. Le seul souhait à faire est celui de Saint Paul : « Entrez par votre plénitude dans toute la plénitude de Dieu » (Eph 3, 18). C’est vraiment la Pâque qui nous fait passer dans le mystère de Dieu et nous y intègre.
- Si vous le pouvez, certains textes de l’Ecriture sont à lire avant d’aborder les jours saints :
- La lettre aux Hébreux. Elle sera commentée inlassablement, soit pour nous présenter le Christ, soit pour nous appeler à persévérer dans la foi. Le Seigneur nous a parlé une fois pour toutes et il s’est offert pour nous une fois pour toutes.
- L’évangile de Saint Jean. Sa lecture qui se fait dans la liturgie tout au long du Carême sera reprise le vendredi saint avec une magnificence et une sobriété étonnantes.
- Les quatre chants du Serviteur se trouvent dans le prophète Isaïe à partir du chapitre 42 jusqu’au chapitre 53. Ils sont comme le résumé de tout l’ancien testament et ont une place extraordinaire dans la vie de l’Eglise. Le Christ lui-même se présente comme le Serviteur souffrant et l’Eglise le reconnaît sous les traits de ce Serviteur. C’est le coeur de la Parole de Dieu : toutes les prophéties trouvent ici leur accomplissement fondamental. Ce texte nous parle du Christ : il est personnellement celui qui rassemble les hommes et étant tous les hommes, ce qui se passe en lui doit se passer dans ses membres. Ces textes nous donnent la plénitude du sens que l’Eglise place au coeur de la liturgie, le vendredi saint, car il nous dit tout le mystère du Christ : » Il offre sa vie en expiation…il s’est livré lui même à la mort…il portait le péché de la multitude » (cf.. Is 53, 10-12)
- Comment lire ces textes de l’Ecriture ? La Parole de Dieu doit être relue, remâchée, reprise inlassablement. Il convient de ruminer tous les textes et de les voir dans l’unité. Nous avons à nous laisser prendre par cette parole qui nous est proposée par l’Eglise et qui, à cause de cela, devient source de salut. Le salut de Dieu se manifeste : nous devons écouter les paroles du Serviteur souffrant comme les prophéties que le Seigneur reprend à son propre sujet. Il en va de même pour les évangiles. Ce que le Seigneur veut, c’est que nous y découvrions son exégèse et son exégèse est celle qui prend tout l’ancien testament et l’éclaire par la réalité de la résurrection. » Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa Gloire ? » (Luc 24, 26). Nous sommes des ressuscités qui écoutons le Réssuscité. Dans l’Eglise, la Parole de Dieu est une parole vivante qui pénètre notre coeur, nous met en question et nous invite à aller au plus profond de nous-mêmes. Le Christ nous parle personnellement, nous avons à tendre l’oreille, à l’écouter comme le Serviteur ; cette parole nous concerne tous puisqu’il s’agit de la vie de l’Eglise et que la vie de l’Eglise est nôtre.
- Les célébrations de la semaine sainte n’ont qu’un but, celui de nous introduire davantage dans notre vocation d’ enfants de Dieu en participant à la croix et à la résurrection du Christ. Se préparer à la semaine sainte, c’est préparer son coeur à recevoir le mystère de Dieu. Si l’Eglise prend trois jours pour méditer sur la Passion et la Gloire du Christ, c’est parce que le coeur de sa vie est là. Tout est donné dans ce mystère : le passé et l’avenir sont dans le présent de Dieu. Il s’agit pour nous d’être sacramentellement contemporains de la Passion du Christ. Nous sommes pris dans ce mystère dans lequel le Christ entre librement. Notre attitude principale doit être une écoute active parce que très consciente, très lucide et très disponible.
- A travers tout le mystère célébré, Dieu va se faire plus proche que jamais, pourtant à travers l’ intériorité de sa présence, le sens de sa transcendance nous sera donné. Le visage de Dieu se dévoile comme un visage plein de pitié, de compassion, d’ouverture à tous les hommes. Dieu se révèle au matin de la résurrection comme celui qui a transformé le monde à tout jamais, qui attend le don de notre liberté pour une coopération fructueuse et qu’ainsi se manifeste sa Gloire.
- Comme le Christ est mort pour tous les hommes, nous avons à vivre le mystère pascal pour tous les hommes. La liturgie est un don de Dieu pour que nous nous donnions à lui. Nous recevons les dons du Seigneur, le plus grand est celui de l’Eucharistie. Nous avons à suivre le chemin du Christ, c’est-à-dire à entrer dans son mouvement par lequel il rend grâces à son Père et se livre tout entier à nous. Le visage de Dieu transparaît dans ce mystère qui est vraiment la clé de toute l’Ecriture qui s’accomplit. Pour accueillir ce mystère, il faut demander au Saint-Esprit qu’il mette en nos coeurs le don de sagesse et le don d’intelligence. Saint Paul le demande sans cesse pour ses propres disciples.
- Le don de sagesse nous permet de tout voir dans le mystère de Dieu et de tout reprendre dans ce même mystère. Alors ne nous laissons pas impressionner par les choses extérieures et en conséquence, nous pouvons garder notre liberté intérieure comme le Christ garde sa liberté en entrant dans sa Passion. Nous avons à être dociles au Christ en le laissant nous mener par les chemins qu’il veut, là où il veut, de la manière qu’il veut.
- Remercions l’Eglise de nous avoir donné une telle liturgie qui est un don de Dieu auquel il faut répondre de tout notre coeur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toutes nos forces.
Mardi Sain – 30 mars 2010: Homélie
30 mars, 2010du site:
Mardi Sain – 30 mars 2010
Famille de saint Joseph
Homélie-Messe
C’est bien librement que Judas a trahi Jésus. Sa réaction au geste du Seigneur à son égard le dit bien. En effet, offrir une bouchée de pain après l’avoir trempée dans le plat était le geste que le Maître de maison se réservait pour honorer tout particulièrement un hôte de marque. Et Judas a bien perçu l’intention du Seigneur puisque saint Jean nous précise que c’est quand il « eut pris la bouchée, que Satan entra en lui ». Autrement dit, au moment où Jésus invite une dernière fois Judas à accueillir le don de son amour, lui qui avait été choisi comme tous les autres apôtres pour « être avec lui », ce dernier décide de s’en couper définitivement. Dès lors, il ne peut que s’éloigner dans la ténèbre de la nuit : « quand il eut pris la bouchée, il sortit aussitôt ; il faisait nuit », nous dit saint Jean…
Pierre trahira lui aussi Jésus mais à la différence de Judas, il ne sortira jamais de la présence du Seigneur. Il ne se dérobera pas au regard miséricordieux du maître après que le coq aura chanté trois fois : « Se retournant, Jésus posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite. Il sortit et pleura amèrement » (Lc 22, 61-62).
« Seigneur, peut-être ne sommes-nous pas capables de te suivre aussi fidèlement que ton disciple bien-aimé. Mais s’il nous arrivait de te trahir, fais-nous la grâce de ne jamais nous entêter dans la nuit de notre péché et de savoir reconnaître notre faute en confessant ton infinie miséricorde toujours disponible. »
Frère Elie
bonne nuit
30 mars, 2010Saint Augustin: « Il trempe la bouchée, et la donne à Judas »
30 mars, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100330
Le mardi saint : Jn 13,21-33#Jn 13,36-38
Commentaire du jour
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermons sur l’évangile de saint Jean, 62, 63 (trad. En Calcat rev.)
« Il trempe la bouchée, et la donne à Judas »
Lorsque le Seigneur, Pain de Vie (Jn 6,35), eut donné du pain à cet homme mort, et désigné, en livrant le pain, celui qui trahissait le pain vivant, il lui dit : « Ce que tu as à faire, fais-le vite ». Il ne commandait pas le crime : il découvrait son mal à Judas, et nous annonçait notre bien. Que le Christ soit livré, n’était-ce pas le pire pour Judas, et pour nous le meilleur ? Judas, donc, qui se nuit à lui-même, agit pour nous sans le savoir.
« Ce que tu as à faire, fais-le vite. » Parole d’un homme qui est prêt, non d’un homme irrité. Parole où s’annonce moins le châtiment de celui qui trahit que la récompense du rédempteur, de celui qui rachète. Car en disant : « Ce que tu as à faire, fais-le vite », le Christ, plus qu’il ne s’en prend au crime de l’infidèle, cherche à hâter le salut des croyants. « Il a été livré à cause de nos péchés ; il a aimé l’Église et s’est livré pour elle » (Rm 4,25; Ep 5,25). C’est ce qui fait dire à l’apôtre Paul : « Il m’a aimé, et il s’est livré pour moi » (Ga 2,20). De fait, personne n’aurait livré le Christ s’il ne s’était livré lui-même… Quand Judas le trahit, c’est le Christ qui se livre ; l’un négocie sa vente, et l’autre, notre rachat. « Ce que tu as à faire, fais le vite » : non que ce soit en ton pouvoir, mais c’est la volonté de celui qui peut tout…
« Aussitôt la bouchée prise, Judas sortit. Il faisait nuit. » Et celui qui sortait était lui-même nuit. Alors, quand la nuit fut sortie, Jésus dit : « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié ! » Alors, le jour transmet au jour la parole (Ps 18,3), c’est-à-dire, le Christ la confie à ses disciples pour qu’ils l’écoutent et le suivent dans l’amour… Quelque chose de semblable arrivera quand ce monde vaincu par le Christ passera. Alors l’ivraie ayant cessé de se mêler au grain, les justes, dans le Royaume de leur Père, resplendiront comme le soleil (Mt 13,43).