Archive pour le 29 mars, 2010
Lundi Saint 2010: Homélie-Messe
29 mars, 2010du site:
http://www.homelies.fr/homelie,lundi.saint,2736.html
Lundi Saint
29 mars 2010
Homélie-Messe
La coutume d’embaumer les défunts est un acte de piété qu’il faut sans doute interpréter comme une protestation contre la mort et une expression du désir d’immortalité qui nous habite tous. Par contre le geste de Marie – embaumer un vivant – est pour le moins morbide ! Pourtant Jésus confirme son initiative : « Il fallait qu’elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement ». Le lien avec la Passion est explicite ; il avait d’ailleurs déjà été suggéré par l’évangéliste dans la précision temporelle au début de la péricope : « Six jours avant la Pâque ». Mais alors quel est le sens de cette action déconcertante et pour le moins anachronique ?
Marie, avec l’intuition sûre de l’amour, a interprété la réanimation de son frère comme le signe de la victoire de Jésus sur la mort si redoutée. Dès lors son geste est une confession de foi en réponse à la question que Jésus avait posée à sa sœur quelques jours plus tôt : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » (Jn 11, 25-26). Si Jésus est la résurrection, son corps ne risque pas de connaître la corruption ; il est dès lors inutile de garder ce baume précieux pour en oindre un cadavre sur lequel la mort n’aura aucun pouvoir : mieux vaut l’offrir au Vivant comme une onction d’allégresse. Les effluves nauséabonds qui empêchaient d’ouvrir le tombeau de Lazare – « Seigneur il sent déjà! » – cèdent la place à « l’odeur du parfum qui remplit la maison » de la vie victorieuse et de la fraternité retrouvée.
Tel est le grand miracle que le Seigneur est venu accomplir pour chacun de nous : il a arraché le voile de deuil et de tristesse qui recouvrait notre visage ; il nous a affranchis de la mort qui nous tenait prisonniers de la peur ; il nous a ouvert les portes de la vie. Libérés de cette angoisse mortelle, nous pouvons nous aussi verser « sur les pieds de Jésus le parfum très pur et de grande valeur » de notre amour, et remplir « la maison » de l’Eglise de la bonne odeur de nos œuvres de charité.
Alors de grandes foules, apprenant que le Seigneur est au milieu de nous, viendront voir les prémisses de cette humanité nouvelle, arrachée à la mort du péché, et rétablie dans sa capacité d’aimer.
Père Joseph-Marie
La célébration du mystère pascal de Jésus Christ: La semaine sainte et le Triduum pascal
29 mars, 2010du site:
http://mlambret.free.fr/article.php3?id_article=469
La célébration du mystère pascal de Jésus Christ
La semaine sainte et le Triduum pascal
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Jeudi saint, Vendredi saint, Samedi saint, Nuit de Pâques et Jour de Pâques
dimanche 9 avril 2006.
Les « jours saints » sont mis à part des autres jours, comme le signifie la racine indo-européenne du mot saint, “sak”, qui signifie “au-delà”, car ils sont la source de tous les autres jours.
Les événements historiques que nous célébrons pendant le Triduum, la passion, la mort et la résurrection du Fils de Dieu, sont précisément ce qui réalise le Salut et ce qui est l’objet de notre foi. Les liturgies de ces jours “à part” sont donc la source des célébrations de toute l’année, le prototype de toute liturgie, car toute liturgie célèbre, c’est-à-dire signifie et réalise, le mystère pascal du Christ Jésus. Les célébrations du Triduum sont, selon le Catéchisme de l’Église Catholique, « la source de lumière qui emplit toute l’année liturgique de sa clarté » (N°1168).
Triduum signifie “trois jours”. Lors de ces trois jours, nous célébrons le passage de Jésus, de ce monde à son Père, qui est donc à la fois la Source de son être et de toute chose, et sa “destination” finale. C’est ce que nous dit saint Jean dans son évangile, par cette phrase qui revient pour nous comme un refrain : « Au moment de passer de ce monde à son Père, Jésus disait à ses disciples… ».
En effet, dans le Triduum, on ne célèbre pas successivement de façon séparée la Cène, la Passion, la Croix, le Tombeau, puis la Résurrection, mais bien ce mouvement du Fils de Dieu vers son père, sa Pâque, son passage qui ouvre le passage à toute l’humanité et à toute la création. Élevé sur la croix vers le Père, le Christ reçoit le coup de lance qui lui ouvre le côté. Il en sort de l’eau et du sang. Là est la source du Salut pour les hommes. Avec le Christ, c’est l’ensemble du peuple des rachetés qui effectue son passage vers le Père. L’unité du Triduum doit être célébrée et vécue comme telle. Cette unité apparaît mieux quand on compte les jours à la manière de la Bible. Le jour biblique commence le soir au coucher du soleil et s’achève le lendemain soir. Aussi le Triduum ne correspond-il pas à proprement parler avec “nos jours saints”, qui d’ailleurs sont au nombre de quatre et non de trois : jeudi, vendredi, samedi et dimanche. En fait, le premier jour du Triduum, celui de la Passion, commence le jeudi soir et comprend toute la journée du vendredi jusqu’à la mise au tombeau. Le deuxième, jour du Tombeau, commence donc vendredi soir et se prolonge jusqu’à la vigile pascale, samedi soir. Enfin, le troisième jour, jour de la résurrection, commence dans la nuit du samedi au dimanche et comprend tout le dimanche.
Ce dernier jour, d’ailleurs, “n’a pas de fin”. Car il est précisément ce passage de l’obscurité à la lumière, le mouvement même du Salut, que nous célébrons dans tout le Triduum et qui est pour toujours. En lui l’histoire de la création depuis la chute se révèle un passage de la nuit au jour par la grâce de Dieu. Or, ce jour du salut n’a pas de fin, car la vie en Dieu ne connaît pas la mort. Et déjà, je dirai que chaque instant de notre vie de disciples dans la foi est un instant d’éternité dans la résurrection du Seigneur. Dans toute la liturgie du Triduum c’est donc cet événement unique, la Pâque du Seigneur, que nous célébrons, même si historiquement il y a bien eu une succession de moments. Ainsi, on ne peut pas célébrer la messe du Jeudi saint sans que ce soit aussi la mémoire de la passion et de la résurrection du Seigneur. De même, le Vendredi saint, on ne fait pas semblant d’être avant la résurrection. Ce qu’on célèbre le vendredi saint, c’est la Rédemption. Et si l’on peut la célébrer, c’est précisément parce que le Christ est ressuscité.
Chacune des liturgies du Triduum, à l’intérieur de l’unique mystère pascal, célèbre néanmoins plus particulièrement un certain aspect de ce mystère.
Le Jeudi Saint est comme un prologue de la Passion. Il pose trois affirmations principales : d’abord que la Passion de Jésus est l’événement du Salut pour tous les hommes, ensuite que cet événement accomplit les Écritures et les promesses faites à Israël, enfin que ce salut va se réaliser pour, dans, et par l’Église jusqu’à la fin du monde. C’est ce que nous entendons dans les trois lectures de ce jour : la mémoire de la Pâque d’Israël au livre de l’Exode, le commandement du Seigneur, transmis par saint Paul, de partager son corps et son sang en mémoire de lui, et le lavement des pieds en saint Jean. À travers ces trois textes, nous voyons que la veille de sa Passion, Jésus institue l’Eucharistie, sacrifice de la Nouvelle Alliance. Et en instituant l’Eucharistie, Jésus institue son corps qui est l’Église, corps dont il est la tête, et il institue aussi les Apôtres et leurs successeurs qui tiendront sa place à la tête du corps, car ils présideront l’Eucharistie. C’est donc également l’institution du sacerdoce ministériel. Le lavement des pieds, enfin, signifie plus précisément la constitution de l’Église dans la charité, dans l’Amour qui vient du Christ. En effet, les pieds des Apôtres ont un sens symbolique : ils sont le signe de la charge apostolique. « Comme ils sont beaux, les pieds des messagers », annonçait déjà le prophète Isaïe (52.7). En lavant les pieds des Douze, Jésus institue et consacre la mission de l’Église : il assume l’action apostolique à venir des Apôtres et de toute l’Église, il se met au service de leur service. Il annonce qu’il ne cessera de supporter les faiblesses et les péchés des Apôtres et des fils de l’Église, mais il leur pardonnera et les relèvera toujours, par la vertu des sacrements. Jésus manifeste là toute la réalité de sa charité, charité qu’il nous commande d’avoir les uns pour les autres : « C’est un exemple que je vous donne », dit-il. Ainsi, en même temps qu’il confie aux disciples la charge de sa mission, Jésus leur donne le commandement et la charge de l’amour fraternel. C’est vrai pour les Apôtres et leurs successeurs, et pour toute l’Église.
Le vendredi saint, nous faisons mémoire de la croix du Christ et nous affirmons que Jésus, en son sacrifice, est la source de tout l’événement du Salut. En passant de ce monde à son Père, par sa mort, Jésus ouvre pour nous son côté d’où coulent l’eau et le sang. Les Pères de l’Église y ont vu dans l’eau du baptême et le sang de l’eucharistie, les deux sacrements principaux. Ainsi, comme Ève naît du côté d’Adam, l’Église naît du côté du Christ. L’Église est, selon l’expression du Concile Vatican II, « comme le sacrement du Salut ». C’est précisément le sens qu’il faut donner à la vénération de la croix le Vendredi saint. Lors de cette procession, les chrétiens affirment que la croix de Jésus les libère du péché et reconnaissent en elle le Salut du monde. C’est l’affirmation essentielle de notre foi. C’est croire qu’en tournant mon regard vers le Fils de Dieu crucifié, je détourne ma personne et toute ma vie du péché. A l’image du Christ qui a supporté toutes les souffrances, et par la puissance de son intercession, je convertis mon coeur à l’Amour. Dans ma vie quotidienne, je découvre par exemple que je deviens capable de patienter et de renoncer à mes colères. C’est aussi le sens de la grande prière universelle qui précède la vénération de la Croix. L’Église prie pour que lui soient données l’unité, la paix et la sainteté. On peut d’ailleurs remarquer que la plus grande partie de cette prière universelle est consacrée à l’Église et à ceux qui lui sont le plus proches. Ainsi, à l’instar de Jésus qui proclame en saint Jean « Ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés », l’Église manifeste sa conviction de foi que lorsque Dieu la comble de ses dons, par elle, il comble le monde. Parce que, déjà, lorsque Dieu ressuscite son Fils, c’est le monde qu’il sauve.
Le Samedi saint, il ne se passe rien. Il n’y a pas de liturgie sacramentelle, pas d’Eucharistie surtout. Nous faisons mémoire du Christ au tombeau en silence. Comme pour mieux entrer dans l’inouï de l’événement : celui-là même qui est la Vie, est mort ! Ce paradoxe absolu est monstrueux pour nous. Jésus est descendu dans l’abîme le plus profond de l’homme. Pour nous tous, c’est un jour de mort dans le Seigneur. Un jour de mort au péché, une mort qui, au lieu d’apporter la corruption, révèle la sainteté. C’est donc un jour de silence où nous sommes appelés à demeurer dans l’espérance. En demeurant au tombeau, Jésus rejoint toute mort et tous les morts. Et en les rejoignant, il leur apporte le Salut. Ainsi, au plus profond des abîmes de l’humanité luit la lumière du Christ. Dans tout ce qu’il y a de plus horrible au monde, l’espérance du Salut peut s’annoncer, car il n’y a pas de situation désespérée pour Dieu en ce monde qu’il est venu sauver.
Dans la nuit de la Vigile pascale, le silence est rompu par le chant de l’Exsultet, et la nuit est vaincue par la flamme du cierge pascal qui se propage de cierge en cierge parmi les fidèles. Dans cette nuit de Pâque, en célébrant la résurrection du Christ, nous affirmons que tous les hommes sont appelés à ressusciter à sa suite, et que la création est appelée à être transfigurée en lui. Tel est le sens de la liturgie de la lumière : le cierge pascal représente le Christ ressuscité qui vient illuminer notre nuit de sa joie et de sa résurrection. Sa lumière se propage dans l’Église cette nuit comme elle se propage dans le monde, depuis la Pentecôte, par la foi des baptisés. La vigile pascale est mémoire du salut depuis la création jusqu’à la fin du monde. La grande liturgie de la Parole de cette nuit nous offre neuf lectures, sept de l’Ancien Testament, deux du Nouveau. La première nous rappelle que Dieu a créé le monde par sa parole : « Dieu dit que la lumière soit, et la lumière fut. » Tout au long de l’histoire d’Israël (les six autres lectures), Dieu accomplit pour son peuple les gestes du salut. Et lorsque les temps sont accomplis, Dieu sauve le monde par son propre Fils, Jésus, le Verbe incarné, la Parole éternelle en qui il a créé le monde devenue l’un d’entre nous. Ces lectures font entendre aux chrétiens l’unité de la parole de Dieu dans son déploiement biblique, et l’unité de son action dans son développement historique. L’Église choisit cette nuit pour baptiser les catéchumènes parce que la liturgie baptismale réalise ce que la foi affirme, c’est-à-dire que Jésus est le premier né d’entre les morts, le premier homme à passer de l’ombre de la mort à la lumière de la vie, afin qu’elle puisse faire naître à cette vie nouvelle d’enfants de Dieu les hommes sauvés par son sacrifice pascal.
Vient enfin le grand dimanche de Pâques, où nous célébrons la résurrection du Christ. En fait, la résurrection du Seigneur est célébrée pendant cinquante jours, jusqu’à la Pentecôte, ce temps pascal étant comme un seul jour où le Christ, Agneau offert en sacrifice et ressuscité d’entre les morts envoie l’Esprit Saint. L’Esprit Saint en effet, « Fleuve de vie qui jaillit du trône de Dieu et de l’Agneau » (Apocalypse 22,1), a sa source dans la croix, arbre de vie. Le dimanche de Pâque, jour du tombeau vide, nous entendons la parole de l’Ange : « Ne cherchez pas parmi les morts celui qui est Vivant ! »
bonne nuit
29 mars, 2010Guillaume de Saint-Thierry: « La maison fut remplie par l’odeur du parfum »
29 mars, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100329
Le lundi saint : Jn 12,1-11
Commentaire du jour
Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148), moine bénédictin puis cistercien
Oraisons méditatives, n°5 (trad. O.E.I.L. 1985, p. 84 in Bourguet, L’Évangile médité, p. 198 rev.)
« La maison fut remplie par l’odeur du parfum »
Depuis mon enfance, je n’ai pas arrêté de pécher, et toi tu n’as pas cessé de me faire du bien… Cependant, Seigneur, que ton jugement se mue en miséricorde. Prends occasion du péché pour condamner le péché… Veuille trouver mon coeur digne du feu de ton parfait amour, que sa chaleur intense fasse sortir de moi et consume tout le venin du péché ! Qu’il mette à nu et noie dans les larmes de mes yeux toute l’infection de ma conscience. Que ta croix crucifie tout ce que la concupiscence de la chair, celle des yeux et l’orgueil de la vie ont gâté par l’effet de ma longue négligence.
Seigneur, celui qui le voudra peut bien m’entendre et se moquer de ma confession : qu’il me regarde gisant avec la pécheresse aux pieds de ta miséricorde, les arrosant des larmes de mon coeur, versant sur eux le parfum d’une tendre dévotion (Lc 7,38). Que toutes mes ressources, si pauvres soient-elles, corps ou âme, soient versées pour acheter ce parfum qui te plaît. Je le répandrai sur ta tête, toi dont la tête est Dieu ; et sur tes pieds, toi dont la frange est notre nature infirme. Si le pharisien murmure, toi, mon Dieu, aie pitié de moi ! Si le voleur qui tient les cordons de la bourse en grince des dents, pourvu que je te fasse plaisir, je ne compte pas pour grand-chose de déplaire à qui que ce soit.
Ô amour de mon coeur, que chaque jour, et même sans arrêt, je te verse ce parfum, car en le répandant sur toi, je le répands aussi sur moi… Donne-moi de te faire loyalement le don de tout ce que j’ai, de tout ce que je sais, de tout ce que je suis, de tout ce que je peux ! Que je ne me réserve rien ! Je suis là, aux pieds de ta miséricorde ; c’est là que je me tiendrai, que je pleurerai, jusqu’à ce que tu me fasses entendre ta douce voix, le jugement de ta bouche, la sentence de ta justice et de la mienne : « Ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, parce qu’il a beaucoup aimé » (Lc 7,47).