Dimanche des rameaux et de la Passion (28 mars 2010) (biblique)
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Dimanche des rameaux et de la Passion (28 mars 2010)
C’est le dimanche de l’entrée dans la Semaine Sainte, la grande semaine qui célèbre le cœur de la foi chrétienne. Les croyants sont invités à se laisser porter par la Parole de Dieu et la liturgie qui en découle. Mais nous ne sommes pas simplement spectateurs, car l’itinéraire de Jésus pose la question de notre fidélité : de la joie bruyante de ce jour, jusqu’à la Passion que Jésus vivra seul.
La Parole de Dieu de ce dimanche des rameaux nous fait toucher les deux extrêmes de cette semaine, dans une même célébration, et nous rappelle la fragilité et l’inconstance de notre foi : la distance temporelle est courte entre la célébration triomphale de l’entrée de Jésus-Messie à Jérusalem (début de la liturgie, au moment de la bénédiction des Rameaux), et son rejet, son abandon au jour du Vendredi Saint (Lecture de la Passion selon St Luc). La Parole est aussi une nourriture, une contemplation (avec l’hymne aux Philippiens et le psaume) pour traverser ces événements avec le Christ.
Liturgie des Rameaux :
• Luc 19,28-40
Le périple de Jésus s’achève. Parti de Galilée, il a marché sur la route, vers Jérusalem, ne comptant pas les détours pour annoncer l’Evangile. Le moment est arrivé, la course touche à son but. En tête du groupe des croyants, descendant par le Mont des Oliviers (d’où doit arriver le Messie), il entre dans la ville sainte. Il est accueilli par “ toute la foule des disciples ” qui crie sa joie, en étendant à terre des manteaux (mais sans agiter de rameaux, dans cet évangile de Luc). Cet événement rappelle l’investiture du roi Salomon, racontée dans le 1° Livre des Rois. Oui, Jésus est Roi (comme le nommera l’écriteau surmontant la croix), mais un roi sans armée, sans gloire. Il est monté sur un âne, marquant par-là que sa gloire n’est pas dans la puissance. L’entrée de Jésus à Jérusalem accomplit la prophétie de Zacharie, qui annonçait l’arrivée d’un roi pacifique dans la ville. Mais pour l’heure, même ses proches, tout à la joie de la fin de leur périple, n’imaginent pas ce qui va arriver, parce qu’ils n’ont pas saisi encore que la messianité de Jésus n’est pas de type guerrière. C’est bien la mort et la résurrection qui vont être la clé de compréhension de la foi.
Messe de la Passion
• Isaïe 50,4-7
Les “ chants du Serviteur ” sont des passages très connus du livre du prophète Isaïe. Ils montrent un mystérieux serviteur, qui est un personnage fidèle au Seigneur, qui fait tout pour respecter et vivre la parole de Dieu, quoi qu’il puisse lui en coûter. Il s’en remet totalement à Dieu, et devient son porte-parole silencieux. Ce passage est le troisième chant du Serviteur. La tension est forte. Ce juste va être l’innocente victime de l’injustice et de l’oppression violente. Ce qui lui arrive est injuste. Et pour la première fois apparaît l’idée que le porte-parole de Dieu accepte sa souffrance, car il sait qu’il est innocent des crimes dont on l’accuse, et il sait que Dieu est du côté de ceux qui le servent fidèlement.
Isaïe 50 décrit ce qu’a vécu ce Serviteur : il est frappé, on se moque de lui, on crache sur lui. Les premiers chrétiens, encore sous le choc d’un Messie qui meurt sur une croix, alors qu’ils attendaient un envoyé guerrier, conquérant, ont scruté les Ecritures pour tenter de comprendre cette tragédie. Les prophètes, et notamment le prophète Isaïe, ont donné des mots pour comprendre ce qui était arrivé. Ces chrétiens ont vu dans la figure du Serviteur souffrant, la figure de Jésus, un modèle de confiance envers Dieu.
• Psaume 21
Les strophes que nous lisons en cette fête des Rameaux font partie du psaume que Jésus a commencé à prier alors qu’il était pendu sur la croix. Psaume de déréliction extrême de celui qui se croit seul pour affronter sa destinée : “ Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ” Les versets lus vont dans le même sens. Il s’agit d’un dialogue entre “ moi ” (le psalmiste, mais aussi tout croyant), et “ Dieu ”. Mais c’est un dialogue difficile, balbutié dans une grande souffrance par celui qui prie et qui se sent abandonné de tous, même de Dieu. Et pourtant, il lui parle, pense qu’une solution de salut est possible. La deuxième partie du psaume s’ouvre parc cette parole joyeuse du psalmiste : “ Tu m’a répondu ”. Le psalmiste n’est plus isolé, perdu dans sa douleur, dans le non-sens de ce qui lui arrive. Le Seigneur l’entend et le délivre.
L’évangéliste Luc met dans la bouche de Jésus en croix les premiers mots de ce psaume. Si Jésus a connu l’angoisse liée à la souffrance et à la mort, comme tout homme, il a gardé sa confiance en son Père. N’oublions jamais le mouvement en deux parties de ce psaume, lorsque nous le lisons.
• Luc 22,14– 23,56
Le récit de la Passion est celui de l’évangéliste de l’année, c’est-à-dire Luc. Si les évangiles diffèrent dans leur contenu pendant le ministère public de Jésus, ils se rejoignent pour les récits de la passion. Pourquoi ? Parce que ces événements (passion-mort-résurrection) constituent le cœur de la foi chrétienne, les évangélistes ont pris moins de liberté avec eux ; et aussi sans doute parce que ces récits ont vraisemblablement été mis par écrit assez vite, pour en garder une mémoire la plus fidèle possible. Cependant, chaque évangéliste rapporte ces événements avec sa sensibilité propre. Quel pourrait être le “ fil rouge ” du récit de Luc ? Sa volonté de montrer que Jésus vit ses derniers jours tragiques avec une certaine paix. Son chemin vers la vie nouvelle est empreint de sérénité, de pardon. Inutile de chercher dans ce récit la flagellation et le couronnement d’épines. L’évangéliste ne s’attarde pas à décrire les souffrances physiques de Jésus. Ce qu’il veut, pour achever la première partie de son œuvre, c’est témoigner comment la miséricorde de Dieu va connaître son sommet dans ces jours tragiques. Ce n’est pas pour rien que l’évangile de Luc est appelé l’évangile de la miséricorde. Paix, pardon, amour miséricordieux Voilà ce qui se dessine derrière le visage douloureux de Jésus.
Quelques exemples :
La paix profonde de Jésus apparaît tout d’abord dans la description de la dernière Cène et de l’atmosphère très intime de ce repas : “ J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous… ” La même paix est présente dans la façon dont il exprime le fait qu’il sait que l’un d’entre eux le livrera : “ La main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table… ” Et lorsqu’une dispute surgit entre les disciples pour savoir lequel d’entre eux est le plus grand, il les réprimande, mais avec beaucoup de paix et d’affection.
Pour Luc, la paix de Jésus ne signifie cependant pas qu’il ignore le questionnement et le doute. Au contraire, il vit une très rude agonie, spirituellement comme physiquement. Mais en cela aussi il est plein de paix : “ Que ce soit ta volonté et non la mienne ”.
Son dialogue avec Pilate et ses accusateurs est lui aussi empreint de paix – une paix digne et solennelle. Au sanhédrin qui lui demande : “ Tu es donc le Fils de Dieu ? ”, il répond : “ C’est vous qui le dites. ” À Pilate qui lui demande : “ Es-tu le roi de Juifs ? ”, il répond de même : “ C’est toi qui le dis. ” Et au larron près de lui sur la croix il promet : “ Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ”. Mais, par-dessus tout, sa dernière Parole, pleine de sérénité malgré sa profonde douleur : “ Père, entre tes mains je remets mon esprit ”.
Cette paix et ce pardon ne font que mettre en valeur la passion destructrice de ceux qui son dérangés par son message et son attitude. Ils semblent dominer, mais ils ne seront pas vainqueurs. Ce grand récit de la passion laisse entrevoir le sens profond de ce que les disciples vont vivre au cours de cette grande semaine, et qui éclatera dans la nuit de Pâques.
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