Archive pour le 26 mars, 2010
Dimanche des rameaux et de la Passion (28 mars 2010) (biblique)
26 mars, 2010du site:
http://www.bible-service.net/site/378.html
Dimanche des rameaux et de la Passion (28 mars 2010)
C’est le dimanche de l’entrée dans la Semaine Sainte, la grande semaine qui célèbre le cœur de la foi chrétienne. Les croyants sont invités à se laisser porter par la Parole de Dieu et la liturgie qui en découle. Mais nous ne sommes pas simplement spectateurs, car l’itinéraire de Jésus pose la question de notre fidélité : de la joie bruyante de ce jour, jusqu’à la Passion que Jésus vivra seul.
La Parole de Dieu de ce dimanche des rameaux nous fait toucher les deux extrêmes de cette semaine, dans une même célébration, et nous rappelle la fragilité et l’inconstance de notre foi : la distance temporelle est courte entre la célébration triomphale de l’entrée de Jésus-Messie à Jérusalem (début de la liturgie, au moment de la bénédiction des Rameaux), et son rejet, son abandon au jour du Vendredi Saint (Lecture de la Passion selon St Luc). La Parole est aussi une nourriture, une contemplation (avec l’hymne aux Philippiens et le psaume) pour traverser ces événements avec le Christ.
Liturgie des Rameaux :
• Luc 19,28-40
Le périple de Jésus s’achève. Parti de Galilée, il a marché sur la route, vers Jérusalem, ne comptant pas les détours pour annoncer l’Evangile. Le moment est arrivé, la course touche à son but. En tête du groupe des croyants, descendant par le Mont des Oliviers (d’où doit arriver le Messie), il entre dans la ville sainte. Il est accueilli par “ toute la foule des disciples ” qui crie sa joie, en étendant à terre des manteaux (mais sans agiter de rameaux, dans cet évangile de Luc). Cet événement rappelle l’investiture du roi Salomon, racontée dans le 1° Livre des Rois. Oui, Jésus est Roi (comme le nommera l’écriteau surmontant la croix), mais un roi sans armée, sans gloire. Il est monté sur un âne, marquant par-là que sa gloire n’est pas dans la puissance. L’entrée de Jésus à Jérusalem accomplit la prophétie de Zacharie, qui annonçait l’arrivée d’un roi pacifique dans la ville. Mais pour l’heure, même ses proches, tout à la joie de la fin de leur périple, n’imaginent pas ce qui va arriver, parce qu’ils n’ont pas saisi encore que la messianité de Jésus n’est pas de type guerrière. C’est bien la mort et la résurrection qui vont être la clé de compréhension de la foi.
Messe de la Passion
• Isaïe 50,4-7
Les “ chants du Serviteur ” sont des passages très connus du livre du prophète Isaïe. Ils montrent un mystérieux serviteur, qui est un personnage fidèle au Seigneur, qui fait tout pour respecter et vivre la parole de Dieu, quoi qu’il puisse lui en coûter. Il s’en remet totalement à Dieu, et devient son porte-parole silencieux. Ce passage est le troisième chant du Serviteur. La tension est forte. Ce juste va être l’innocente victime de l’injustice et de l’oppression violente. Ce qui lui arrive est injuste. Et pour la première fois apparaît l’idée que le porte-parole de Dieu accepte sa souffrance, car il sait qu’il est innocent des crimes dont on l’accuse, et il sait que Dieu est du côté de ceux qui le servent fidèlement.
Isaïe 50 décrit ce qu’a vécu ce Serviteur : il est frappé, on se moque de lui, on crache sur lui. Les premiers chrétiens, encore sous le choc d’un Messie qui meurt sur une croix, alors qu’ils attendaient un envoyé guerrier, conquérant, ont scruté les Ecritures pour tenter de comprendre cette tragédie. Les prophètes, et notamment le prophète Isaïe, ont donné des mots pour comprendre ce qui était arrivé. Ces chrétiens ont vu dans la figure du Serviteur souffrant, la figure de Jésus, un modèle de confiance envers Dieu.
• Psaume 21
Les strophes que nous lisons en cette fête des Rameaux font partie du psaume que Jésus a commencé à prier alors qu’il était pendu sur la croix. Psaume de déréliction extrême de celui qui se croit seul pour affronter sa destinée : “ Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ” Les versets lus vont dans le même sens. Il s’agit d’un dialogue entre “ moi ” (le psalmiste, mais aussi tout croyant), et “ Dieu ”. Mais c’est un dialogue difficile, balbutié dans une grande souffrance par celui qui prie et qui se sent abandonné de tous, même de Dieu. Et pourtant, il lui parle, pense qu’une solution de salut est possible. La deuxième partie du psaume s’ouvre parc cette parole joyeuse du psalmiste : “ Tu m’a répondu ”. Le psalmiste n’est plus isolé, perdu dans sa douleur, dans le non-sens de ce qui lui arrive. Le Seigneur l’entend et le délivre.
L’évangéliste Luc met dans la bouche de Jésus en croix les premiers mots de ce psaume. Si Jésus a connu l’angoisse liée à la souffrance et à la mort, comme tout homme, il a gardé sa confiance en son Père. N’oublions jamais le mouvement en deux parties de ce psaume, lorsque nous le lisons.
• Luc 22,14– 23,56
Le récit de la Passion est celui de l’évangéliste de l’année, c’est-à-dire Luc. Si les évangiles diffèrent dans leur contenu pendant le ministère public de Jésus, ils se rejoignent pour les récits de la passion. Pourquoi ? Parce que ces événements (passion-mort-résurrection) constituent le cœur de la foi chrétienne, les évangélistes ont pris moins de liberté avec eux ; et aussi sans doute parce que ces récits ont vraisemblablement été mis par écrit assez vite, pour en garder une mémoire la plus fidèle possible. Cependant, chaque évangéliste rapporte ces événements avec sa sensibilité propre. Quel pourrait être le “ fil rouge ” du récit de Luc ? Sa volonté de montrer que Jésus vit ses derniers jours tragiques avec une certaine paix. Son chemin vers la vie nouvelle est empreint de sérénité, de pardon. Inutile de chercher dans ce récit la flagellation et le couronnement d’épines. L’évangéliste ne s’attarde pas à décrire les souffrances physiques de Jésus. Ce qu’il veut, pour achever la première partie de son œuvre, c’est témoigner comment la miséricorde de Dieu va connaître son sommet dans ces jours tragiques. Ce n’est pas pour rien que l’évangile de Luc est appelé l’évangile de la miséricorde. Paix, pardon, amour miséricordieux Voilà ce qui se dessine derrière le visage douloureux de Jésus.
Quelques exemples :
La paix profonde de Jésus apparaît tout d’abord dans la description de la dernière Cène et de l’atmosphère très intime de ce repas : “ J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous… ” La même paix est présente dans la façon dont il exprime le fait qu’il sait que l’un d’entre eux le livrera : “ La main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table… ” Et lorsqu’une dispute surgit entre les disciples pour savoir lequel d’entre eux est le plus grand, il les réprimande, mais avec beaucoup de paix et d’affection.
Pour Luc, la paix de Jésus ne signifie cependant pas qu’il ignore le questionnement et le doute. Au contraire, il vit une très rude agonie, spirituellement comme physiquement. Mais en cela aussi il est plein de paix : “ Que ce soit ta volonté et non la mienne ”.
Son dialogue avec Pilate et ses accusateurs est lui aussi empreint de paix – une paix digne et solennelle. Au sanhédrin qui lui demande : “ Tu es donc le Fils de Dieu ? ”, il répond : “ C’est vous qui le dites. ” À Pilate qui lui demande : “ Es-tu le roi de Juifs ? ”, il répond de même : “ C’est toi qui le dis. ” Et au larron près de lui sur la croix il promet : “ Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ”. Mais, par-dessus tout, sa dernière Parole, pleine de sérénité malgré sa profonde douleur : “ Père, entre tes mains je remets mon esprit ”.
Cette paix et ce pardon ne font que mettre en valeur la passion destructrice de ceux qui son dérangés par son message et son attitude. Ils semblent dominer, mais ils ne seront pas vainqueurs. Ce grand récit de la passion laisse entrevoir le sens profond de ce que les disciples vont vivre au cours de cette grande semaine, et qui éclatera dans la nuit de Pâques.
Homélie pour la dimanche des Rameaux 2010
26 mars, 2010du site:
http://www.homelies.fr/homelie,dimanche.des.rameaux,2733.html
Dimanche des Rameaux
dimanche 28 mars 2010
Famille de saint Joseph
Homélie-Messe
« Quand du repas pascal fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : “J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !” ». La lecture de la Passion commence par le partage du pain eucharistique. Elle s’ouvre sur l’expression du désir le plus intense de Notre Seigneur. Il nous faut accueillir ce mystère pour vivre ensuite la montée au Golgotha. Il ne s’agit pas d’un préliminaire émouvant mais de la révélation du cœur du mystère que nous célébrons tout au long de cette semaine sainte. Dans l’eucharistie, Jésus réalise son désir d’accomplir la volonté du Père. Dans l’eucharistie, Jésus se livre entre nos mains pour nous donner sa vie en partage, il se fait le plus proche de nous qu’il puisse être. Dépendant et vulnérable dans le Très Saint Sacrement, le Seigneur choisi cet état d’oblation pour notre salut. La Passion se comprend dans l’inclusion des paroles de Jésus : « J’ai ardemment désiré cette Pâque » et « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». Le Christ donne sa vie au Père pour notre salut.
Notre méditation de la Passion a ainsi pour vertu de réveiller en nous le désir de la vie que donne le Père, de renouveler l’élan de notre être vers le Père. La Passion est un mystère d’union au Père. Traverser la semaine sainte dans la proximité et à la suite du Christ renforce ainsi notre liberté filiale. Cette liberté est un abandon simple et confiant dans la bonté du Père ; elle est une docilité parfaite aux motions intérieures de l’Esprit-Saint. En ces jours saints, nous allons connaître la joie de voir purifié et approfondi notre désir de nous faire serviteurs avec le Serviteur souffrant.
À nous qui cherchons Dieu, à nous qui, aujourd’hui plus que jamais, cherchons à découvrir Dieu tel qui est, tel qu’il vient à nous, le Père se révèle dans l’évangile de la Passion comme notre fin puisqu’il est notre source. Jésus remettant son esprit au Père nous enseigne que le Père est en lui-même notre accomplissement. Jésus rompant le pain eucharistique nous enseigne que cet accomplissement ne se situe pas dans un avenir lointain : le Père nous propose notre accomplissement à chaque instant et dès maintenant, particulièrement dans l’eucharistie qui en est la plénitude.
Entre ces deux versets, entre la manifestation du désir intime du Christ et sa mort dans les mains du Père, nous découvrons le chemin de la Croix. Il nous faut y consentir. La joie du Christ se découvre au disciple qui accepte et qui apprend à désirer le chemin de Croix. Car, dans la nuit profonde que Jésus a traversée pour nous libérer du péché et de la mort, il éprouvait joie d’accomplir la volonté du Père. Par son chemin de Croix, le Christ a rouvert aux hommes le chemin vers le Père, qui est un chemin de joie. Tel est l’itinéraire paradoxal de la semaine sainte : alors que notre amour de Jésus nous pousse à le rejoindre dans sa solitude à Gethsémani, alors que le poids écrasant de la Croix du Christ nous empêche de le rejoindre par nos propres forces, la semaine sainte nous ouvre la petite voie, elle nous unit au Seigneur en empruntant la voie spirituelle de l’enfance.
Pour Jésus, Nazareth a en effet été le creuset de la Passion. Sa confiance d’enfant l’a conduit à l’abandon au Père. Dans la mangeoire de Bethléem comme sur la Croix du Golgotha, Jésus est tenu par des liens qui n’arrêtent pas le mouvement du don de soi. Au contraire, Jésus s’est laissé lier sur la Croix pour nous libérer de nos esclavages. L’Enfant Jésus s’est laissé emmailloter parce que l’amour qui rend libre est dépendance radicale. La Croix, comme la mangeoire, est le bois sur lequel la Vie vient au monde. Il est ainsi particulièrement approprié de nous tourner vers Marie pour apprendre d’elle l’abandon confiant de l’enfance spirituelle. Le Saint-Père Benoît XVI, commentant un verset de psaume, « fille de Tyr, les plus riches du peuple, chargés de présents, quêteront ton sourire » (Ps 44,13), voyait dans les « riches du peuple » les personnes qui, dans l’ordre de la foi, présentent la plus grande maturité spirituelle. En effet, seule une maturité spirituelle élevée permet de reconnaître sa faiblesse et sa pauvreté devant Dieu. Apprenons donc de Marie le consentement à nos petitesses, le consentement à porter nos croix faiblement, et Marie nous apprendra l’abandon confiant entre les mains du Père. Alors notre cœur saura s’ouvrir à la compassion envers nos frères, à l’image de Notre Seigneur pardonnant à ses bourreaux. La joie du Christ sur la Croix est d’accomplir la volonté du Père en réconciliant le monde avec lui. La Croix est le trône royal depuis lequel le Christ décrète le salut du monde, le porche d’entrée dans la vie du Père.
Ainsi la méditation de la Passion de Notre Seigneur nous enseigne-t-elle que notre vie est le passage vers le Père avec et en Jésus. Que ces jours saints soient pour chacun de nous l’occasion de consentir à la Croix comme chemin de vie, le temps de la grâce qui fait entrer dans la joie d’accomplir en toutes choses la volonté du Père : « que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ».
Frère Dominique
INSTRUCTION SUR LES PRIÈRES POUR OBTENIR DE DIEU LA GUÉRISON
26 mars, 2010du site:
CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI
INSTRUCTION SUR LES PRIÈRES POUR OBTENIR DE DIEU LA GUÉRISON
INTRODUCTION
La soif du bonheur profondément enracinée au coeur de l’homme, a toujours été accompagnée du désir d’obtenir la libération de la maladie et d’en saisir le sens quand on en fait l’expérience. Il s’agit là d’un phénomène humain qui, d’une façon ou d’une autre, concerne chacun et trouve une résonnance particulière dans l’Eglise. Celle-ci, en effet, comprend que la maladie fournit un moyen de s’unir au Christ et de se purifier spirituellement, et donne à ceux qui se trouvent devant une personne malade, l’occasion d’exercer la charité. Mais ce n’est pas tout, car la maladie, comme les autres souffrances humaines, constitue un moment privilégié de prière: prière pour demander la grâce de l’accueillir avec le sens de la foi et de l’acceptation de la volonté divine, prière de supplication pour obtenir la guérison.
La prière qui implore le rétablissement de la santé est donc une expérience présente à chaque époque de l’Eglise, et naturellement à notre époque actuelle. Ce qui cependant constitue à certains égards un phénomène nouveau, c’est la multiplication des réunions de prière, parfois liées à des célébrations liturgiques, visant à obtenir de Dieu la guérison.. Dans de nombreux cas, pas toujours occasionnels, on proclame que des guérisons y ont eu lieu, et l’on suscite l’attente du même phénomène dans d’autres réunions du même genre. Dans un tel contexte, on évoque parfois un prétendu charisme de guérison.
Ces réunions de prière pour obtenir des guérisons posent en outre le problème du discernement du point de vue liturgique, en lien surtout avec les autorités ecclésiastiques à qui il revient de veiller à émettre des normes opportunes pour le déroulement correct des célébrations.
Voilà pourquoi, en vertu du Canon 34 du Code de Droit canonique, il a paru opportun de publier une Instruction, qui aide surtout les Ordinaires locaux à mieux guider les fidèles dans ce domaine, en encourageant ce qu’il y a de bon et en corrigeant ce qui serait à éviter. Il fallait cependant que les mesures disciplinaires puissent se référer à un cadre doctrinalement fondé qui en garantisse la juste orientation et en éclaire le bien-fondé. C’est pour cela qu’est publiée, en même temps que des instructions disciplinaires, une Note doctrinale sur les grâces de guérison et les prières pour les obtenir.
I. ASPECTS DOCTRINAUX
1. Maladie et guérison: leur sens et leur valeur dans l’économie du salut
«L’homme est appelé à la joie, mais chaque jour, il fait l’expérience de très nombreuses formes de souffrances et de douleurs(1) Pour cela, le Seigneur, dans ses promesses de rédemption, annonce la joie du coeur liée à la libération des souffrances (cfr Is 30,29; 35,10; Bar 4,29). En effet, il est «celui qui libère de tout mal» (Sg 16,8). Parmi les souffrances, celles qui accompagnent la maladie sont une réalité constamment présente dans l’histoire humaine et sont aussi objet d’un profond désir humain de libération du mal.
Dans l’Ancien Testament, «Israël fait l’expérience que la maladie est, d’une façon mystérieuse, liée au péché et au mal».(2) Parmi les punitions que Dieu menace d’infliger à l’infidélité de son peuple, les maladies trouvent une place de choix (cf. Dt 28,21-22.27-29.35). Le malade qui implore guérison de Dieu avoue être justement puni pour ses péchés (cf. Ps 37; 40; 106,17-21).
Cependant la maladie frappe aussi les justes et l’homme se demande pourquoi. Dans le livre de Job, cette question court sur de nombreuses pages. «S’il est vrai que la souffrance a un sens comme punition lorsqu’elle est liée à la faute, il n’est pas vrai, au contraire, que toute souffrance soit une conséquence de la faute et ait un caractère de punition. La figure de Job le juste en est une preuve spéciale dans l’Ancien Testament… Et si le Seigneur consent à éprouver Job par la souffrance, il le fait pour montrer la justice de ce dernier. La souffrance a un caractère d’épreuve».(3)
La maladie demeure un mal, même si elle peut prendre une allure positive en tant que démonstration de la fidélité du juste, moyen de rétablir la justice violée par le péché, et aussi moyen d’inciter le pécheur à se corriger et à marcher sur les chemins de la conversion. Voilà pourquoi le prophète annonce les temps futurs où il n’y aura plus de maladie et d’infirmité et où le cours de la vie ne sera plus brisé par le mal mortel (cf. Is 35,5-6; 65,19-20).
Cependant, c’est dans le Nouveau Testament que se trouve la réponse complète à la question de savoir pourquoi la maladie frappe aussi les justes. Dans la vie publique de Jésus, les contacts avec les malades ne sont pas sporadiques, ils sont même continus. Il en guérit beaucoup de façon extraordinaire, au point que les guérisons miraculeuses caractérisent son activité: «Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur» (Mt 9,35; cf. 4,23). Les guérisons sont des signes de sa mission messianique (cf. Lc 7,20-23). Elles manifestent la victoire du règne du Dieu sur toute sorte de mal et deviennent symboles de la guérison de l’homme tout entier, corps et âme. En effet, elles servent à démontrer que Jésus a le pouvoir de remettre les péchés (cf. Mc 2,1-12), elles sont signes des bienfaits du salut, comme la guérison du paralytique de Bethzatha (cf. Jn 5,2-9.19-21) et de l’aveugle-né (cf. Jn 9).
Même la première évangélisation, selon les indications du Nouveau Testament, était accompagnée de nombreuses guérisons miraculeuses qui confirmaient la puissance de l’annonce évangélique. Jésus ressuscité l’avait ainsi promis et les premières communautés chrétiennes en voyaient la réalisation au milieu d’elles: «Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru:…ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris» (Mc 16,17-18). La prédication de Philippe en Samarie était accompagnée de guérisons miraculeuses: «C’est ainsi que Philippe, qui était descendu dans une ville de la Samarie, y proclamait le Christ. Les foules unanimes s’attachaient à ses enseignements, car tous entendaient parler des signes qu’il opérait, ou les voyaient. De beaucoup de possédés, en effet, les esprits impurs sortaient en poussant de grands cris. Nombre de paralytiques et d’impotents furent également guéris (Ac 8,5-7). Saint Paul présente l’Evangile en termes d’annonce caractérisée par des signes et des prodiges réalisés avec la puissance de l’Esprit: «Je n’oserais parler de ce que le Christ n’aurait pas fait par moi pour obtenir l’obéissance des païens, en parole et en oeuvre, par la vertu des signes et des prodiges, par la vertu de l’Esprit de Dieu (Rm 15,18- 19; cf. 1Tm 1,5; 1Co 2,4-5). Il n’est pas du tout arbitraire de supposer que ces signes et ces prodiges révélateurs de la puissance divine qui assistait la prédication, en étaient constitués pour la plupart de guérisons miraculeuses. C’étaient des prodiges qui n’étaient pas exclusivement liés à la personne de l’Apôtre, mais qui se manifestaient aussi au milieu des fidèles: «Celui donc qui vous prodigue l’Esprit et opère parmi vous des miracles, le fait-il parce que vous pratiquez la Loi ou parce que vous croyez à la prédication? (Ga 3,5).
La victoire messianique sur la maladie et sur les autres souffrances humaines n’advient pas seulement par leur élimination avec des guérisons miraculeuses, mais aussi par la souffrance volontaire et innocente dans la passion du Christ qui donne à chaque homme la possibilité de s’y associer. De fait, le Christ lui-même, qui est sans péché, souffrit pourtant durant sa passion des peines et des tourments de toute sorte, et prit sur lui les douleurs de tous les hommes: il a porté ainsi à son accomplissement ce qu’avait dit de lui le prophète Isaïe (cf. Is. 53,4-5).(4) Mais il y a plus: «Dans la croix du Christ, non seulement la Rédemption s’est accomplie par la souffrance, mais de plus, la souffrance humaine elle-même a été rachetée… En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la souffrance humaine jusqu’à lui donner valeur de Rédemption. Tout homme peut donc, dans sa souffrance, participer à la souffrance rédemptrice du Christ».(5)
L’Eglise accueille les malades non seulement comme objet de sa sollicitude aimante, mais aussi en leur reconnaissant l’appel «à vivre leur vocation humaine et chrétienne et à participer à la croissance du Royaume de Dieu sous des modalités diverses et même plus précieuses. Les paroles de l’apôtre Paul doivent devenir leur programme et, tout d’abord, elles sont une lumière qui fait briller à leurs yeux le sens de grâce de leur situation elle-même: «Ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair, pour son Corps qui est l’Eglise» (Col 1,24).(6) Il s’agit là de la joie pascale, fruit de l’Esprit Saint. Et comme dit saint Paul, «beaucoup de malades peuvent devenir porteurs de ‘la joie de l’Esprit Saint au milieu de leurs épreuves’ (1 Th 1,6) et être témoins de la Résurrection de Jésus».(7)
2. Le désir de guérison et la prière pour l’obtenir
L’acceptation de la volonté de Dieu étant acquise, le désir du malade d’obtenir la guérison est une chose bonne et profondément humaine, surtout quand elle se traduit par la prière confiante adressée à Dieu. Le Siracide exhorte à la prière en ces termes: «Mon fils, quand tu es malade ne te révolte pas, mais prie le Seigneur et il te guérira» (Si 38,9). Plusieurs psaumes reviennent à une supplication pour la guérison (cf. Ps 6; 37; 40; 87).
Pendant la vie publique de Jésus, plusieurs malades se tournent vers lui, directement ou par l’intermédiaire de leurs amis ou conjoints, pour solliciter le rétablissement de la santé. Le Seigneur accueille ces demandes et les évangiles ne contiennent aucun exemple où ces prières soient blâmées. La seule fois où le Seigneur se plaint, c’est à propos d’un manque de foi éventuel: «Si tu peux! Tout est possible à celui qui croit» (Mc 9,23; cf. Mc 6,5-6; Jn 4,48).
Non seulement la prière des fidèles qui demandent leur guérison ou celle d’un autre est louable, mais l’Eglise, dans sa liturgie, demande au Seigneur la santé des malades. D’abord, elle a un sacrement «spécialement destiné à réconforter ceux qui sont éprouvés par la maladie: l’onction des malades».(8) Par cette onction sacrée et la prière des prêtres, «c’est l’Eglise tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu’il les soulage et les sauve».(9) Peu avant, pendant la bénédiction de l’huile, l’Eglise prie: «Envoie sur elle ton Esprit qui sanctifie. Qu’elle devienne par ta bénédiction l’huile sainte que nous recevons de toi. Qu’elle serve ainsi à l’onction des malades qui va être donnée à N., notre frère, pour soulager son corps, son âme et son esprit, de toute souffrance et maladie;(10) puis, dans les deux premiers formulaires de prière après l’onction, on demande aussi la guérison du malade.(11) Ceci, parce que le sacrement est signe et promesse du règne futur, annonce aussi de la résurrection, quand «de mort, il n’y aura plus; de pleurs, de cri et de peine, il n’y aura plus, car l’ancien monde s’en est allé» (Ap 21,4). En outre, le Missale romanum contient une messe pro infirmis et on y demande, à part la grâce spirituelle, la santé des malades.(12)
Le De benedictionibus du Rituale Romanum comporte un Ordo benedictionis infirmorum, dans lequel se trouvent divers textes de prières qui implorent la guérison: dans le second formulaire des Preces,(13) dans les quatre Orationes benedictionis pro adultis,(14) dans les deux Orationes benedictionis pro pueris,(15) dans la prière du Ritus brevior.(16)
Évidemment, le recours à la prière n’exclut pas, mais encourage à faire usage des moyens naturels utiles pour conserver et recouvrer la santé. Il incite les fils de l’Eglise à prendre soin des malades et à leur apporter soulagement dans le corps et dans l’esprit, en cherchant à vaincre la maladie. En effet, «il est dans le plan de Dieu que l’homme lutte de toutes ses forces contre la maladie, qu’il poursuive ce bien qu’est la santé afin de pouvoir remplir intégralement sa tâche dans la société et dans l’Eglise».(17)
3. Le charisme de la guérison dans le Nouveau Testament
Non seulement les guérisons miraculeuses confirmaient la puissance de l’annonce évangélique, aux temps apostoliques, mais le Nouveau Testament même rapporte que Jésus avait concédé réellement aux Apôtres et aux premiers évangélisateurs le pouvoir de guérir des maladies. C’est ainsi que dans l’appel des Douze à leur première mission, selon les récits de Matthieu et de Luc, le Seigneur leur donne «pouvoir sur les esprits impurs, de façon à les expulser et à guérir toute maladie et toutes langueur» (Mt 10,1; cf. Lc 9,1), et leur donne cet ordre: «Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons» (Mt 10,8). Dans la mission des soixante- douze disciples aussi, l’ordre du Seigneur est le suivant: «Guérissez les malades» (Lc 10,9). Le pouvoir leur est donc donné dans un contexte missionnaire, non pour exalter leurs personnes, mais pour confirmer la mission.
Les Actes des Apôtres rapportent en général des prodiges accomplis par eux: «nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres» (Ac 2,43; cf. 5,12). Ces signes et prodiges, qui étaient donc des faits miraculeux, manifestaient la vérité et la force de leur mission. Mais à part ces brèves indications générales, les Actes rapportent surtout des guérisons miraculeuses accomplies par des évangélisateurs individuels: Etienne (cf. Ac 6,8), Philippe (cf. Ac 8,6-7), et surtout Pierre (cf. Ac 3,1-10; 5,15; 9,33-34.40-41) et Paul (cf. Ac 14,3.8-10; 15,12; 19,11-12; 20,9-10; 28,8-9).
La finale de l’Evangile de Marc et la Lettre aux Galates, comme on l’a vu plus haut, ouvrent la perspective et ne limitent pas les guérisons miraculeuses à l’activité des Apôtres et de quelques évangélisateurs ayant un rôle important dans la première mission. De ce point de vue, les allusions aux «charismes de guérison» (cfr 1 Co 12,9.28.30) revêtent une importance particulière. Le sens de charisma en soi assez vaste, est celui de «don généreux»; et dans ce cas, il s’agit de «dons de guérisons obtenues». Ces grâces, au pluriel, sont attribuées à un seul (cfr 1 Co 12,9). Il ne faut donc pas les entendre au sens distributif, comme des guérisons que chacun des bénéficiaires obtient pour soi, mais comme don de guérison qu’une personne reçoit pour d’autres. Ce don est accordé dans un seul Esprit, mais on ne précise pas la façon dont cette personne obtient la guérison. Il n’est pas arbitraire de supposer que c’est par la prière, peut-être accompagnée de quelques gestes symboliques.
Dans sa lettre, saint Jacques parle d’une intervention de l’Eglise à travers ses presbytres, pour le salut des malades, même dans le sens physique du terme. Mais il ne laisse pas entendre qu’il s’agit de guérisons miraculeuses: nous sommes dans un univers différent de celui des «charismes de guérisons» en 1 Co 12,9. «Quelqu’un parmi vous est-il malade? Qu’il appelle les presbytres de l’Eglise et qu’ils prient sur lui après l’avoir oint d’huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, ils lui seront remis» (Jc 5,14-15). Il s’agit d’une action sacramentelle: onction du malade avec de l’huile et prière sur lui, pas simplement «pour lui», comme s’il n’y avait rien d’autre qu’une prière d’intercession ou de demande; il s’agit plutôt d’une action efficace sur le malade.(18) Les verbes «sauvera» et relèvera» ne suggèrent pas une action visant exclusivement, ni surtout, la guérison physique, mais d’une certaine manière ils l’incluent. Le premier verbe, bien qu’il se réfère au salut spirituel les autres fois où il apparaît dans la lettre (cf. 1,21; 2,14; 4,12; 5,20), est aussi employé dans le Nouveau Testament dans le sens de «guérir» (cf. Mt 9,21; Mc 5,28.34; 6,56; 10,52; Lc 8,48); le second verbe, même s’il a parfois le sens de «se lever» (cf. Mt 10,8; 11,5; 14,2), est employé aussi pour indiquer le geste de «relever» la personne étendue à cause d’une maladie en la guérissant miraculeusement (cf. Mt 9,5; Mc 1,31; 9,27; Ac 3,7).
4. Les prières pour obtenir de Dieu la guérison dans la Tradition
Les Père de l’Eglise considéraient normal que le croyant demande à Dieu non seulement la santé de l’âme, mais aussi celle du corps. À propos des biens de la vie, de la santé et de l’intégrité physique, saint Augustin écrivait: «Il faut prier pour qu’ils soient conservés quand on les a, et qu’ils soient accordés quand on ne les a pas».(19) Ce Père de l’Eglise nous a laissé le témoignage de la guérison chez lui d’un ami, obtenue par la prière d’un evêque, d’un prêtre et de quelques diacres.(20)
Les rites liturgiques tant occidentaux qu’orientaux fournissent la même orientation. Dans une prière après la communion, on demande que «la grâce de cette communion, Seigneur, saisisse nos esprits et nos corps».(21) Dans la liturgie solennelle du Vendredi Saint, on invite à prier le Dieu Tout-Puissant pour qu’il «éloigne les maladies… et accorde le salut aux malades».(22) Parmi les textes les plus significatifs, on signale celui de la bénédiction de l’huile des malades. On y demande à Dieu de répandre sa bénédiction pour qu’elle soulage le corps, l’âme et l’esprit de ceux qui la recevront «de toute souffrance et maladie, de tout mal physique moral et spirituel».(23)
Les expressions qu’on rencontre dans les rites orientaux de l’onction des malades ne diffèrent pas. Nous retenons seulement quelques-unes parmi les plus significatives. Pendant l’onction du malade, le rite bisantin comporte cette prière: «Père saint, médecin des âmes et des corps, toi qui as envoyé ton Fils unique Jésus-Christ pour guérir toute maladie et nous libérer de la mort, guéris aussi ton serviteur que voici de la maladie du corps et de l’esprit qui l’afflige, par la grâce de ton Christ».(24) Dans le rite copte, on prie le Seigneur de bénir l’huile afin que tous ceux qui en seront oints puissent obtenir la santé de l’esprit et du corps. Puis, pendant l’onction du malade, les prêtres, après avoir fait mention de Jésus-Christ envoyé dans le monde «pour guérir toutes maladies et libérer de la mort», demandent à Dieu «de guérir le malade de la maladie du corps et de lui accorder le droit chemin».(25)
5. Le «Charisme de guérison» dans le contexte actuel
L’histoire de l’Eglise n’a pas manqué de saints thaumaturges qui ont opéré des guérisons miraculeuses. Le phénomène n’était donc pas limité aux temps apostoliques; cependant, le «charisme de guérison», sur lequel il est maintenant opportun de fournir quelques éclaircissements doctinaux, ne fait pas partie de ces phénomènes thaumaturgeiques. La question qui se pose est plutôt celle des assemblées de prière organisées exprès pour obtenir des guérisons miraculeuses parmi les membres malades, ou bien des prières de guérison à la fin de la communion eucharistique avec le même but.
Les guérisons liées aux lieux de prière (sanctuaires, près des reliques de martyrs ou des autres saints, etc) sont abondamment rapportées tout au long de l’histoire de l’Eglise. Elles ont contribué à populariser, dans l’antiquité et dans le Moyen-Âge, les pèlerinages dans certains sanctuaires qui sont devenus fameux pour cette raison, comme ceux de Saint-Martin de Tours, ou la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, et tant d’autres. Le même phénomène se produit aujourd’hui aussi, par exemple à Lourdes, depuis plus d’un siècle. Ces guérisons n’impliquent pas un «charisme de guérison», parce qu’il n’y a pas de sujet porteur de ce charisme, mais il faut en tenir compte quand on entreprend d’évaluer doctrinalement les assemblées de prière en question.
En ce qui concerne les assemblées de prière qui se fixent comme objectif précis d’obtenir des guérisons – objectif, sinon dominant, du moins déterminant dans leur programmation – il est opportun de distinguer celles qui peuvent faire penser à un «charisme de guérison» vrai ou apparent, des autres qui n’entretiennent aucun lien avec un tel charisme. Pour qu’on puisse parler d’un éventuel charisme, il faut que s’impose comme déterminante pour l’efficacité de la prière, l’intervention d’une ou de plusieurs personnes ou d’une catégorie précise de personnes, par exemple les dirigeants du groupe qui animent la réunion. S’il n’y a pas de lien avec «le charisme de guérison», évidemment, les célébrations prévues dans les livres liturgiques, accomplies dans le respect des normes liturgiques, sont licites et souvent opportunes, comme c’est le cas de la messe pro infirmis. Si elles ne respectent pas la norme liturgique, la légitimité fait défaut.
Dans les sanctuaires se déroulent aussi d’autres célébrations qui, en elles-mêmes, ne visent pas spécifiquement à demander à Dieu des grâces de guérisons, mais qui, dans l’intention des organisateurs et des participants, comportent l’obtention de guérisons comme part importante de leur finalité; pour cela, on organise des célébrations liturgiques, comme par exemple l’exposition du Très Saint Sacrement avec bénédiction, ou des célébrations non liturgiques, mais qui appartiennent à la piété populaire encouragée par l’Eglise, comme la récitation solennelle du chapelet. Ces célébrations aussi sont légitimes, pourvu qu’on n’en travestisse pas le sens authentique. Par exemple, on ne saurait mettre au premier plan le désir d’obtenir la guérison des malades en faisant perdre à l’exposition du Très Saint Sacrement sa propre finalité; de fait, cette exposition conduit les fidèles à reconnaître l’admirable présence du Christ et les invite à s’unir en esprit avec lui, par ce lien qui culmine dans la communion sacramentelle.(26)
On ne peut attribuer le «charisme de guérison» à une classe déterminée de fidèles. En effet, il est clair que saint Paul, en parlant des divers charismes en 1Co 12, n’attribue pas le don des «charismes de guérison» à un groupe particulier (apôtres, prophètes, enseignants, dirigeants ou autres); c’est même une autre logique qui guide la distribution: «Mais tout cela, c’est l’unique et même Esprit qui l’opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l’entend» (1 Co 12,11). Par conséquent, dans les assemblées de prière organisées pour demander à Dieu des guérisons, il serait arbitraire d’attribuer un «charisme de guérison» à une quelconque catégorie de participants, par exemple aux dirigeants du groupe; il ne reste plus qu’à se fier à la volonté souveraine de l’Esprit Saint qui donne à certains un charisme spécial de guérison pour manifester la force de la grâce du Ressuscité. Cependant, même les prières les plus intenses n’obtiennent pas la guérison de toutes les maladies. Ainsi saint Paul doit-il apprendre du Seigneur que «Ma grâce te suffit; car ma puissance se déploie dans la faiblesse» (2 Co 12,9), et que les souffrances à endurer peuvent avoir le sens que «je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son corps qui est l’Eglise» (Col 1,24).
II. DISPOSITIONS DISCIPLINAIRES
Art. 1 – Tout fidèle est libre d’élever à Dieu des prières pour obtenir la guérison. Lorsque celles-ci ont lieu à l’église où dans un autre lieu sacré, il convient qu’elles soient guidées par un ministre ordonné.
Art. 2 – Les prières de guérison sont considérées comme liturgiques, si elles se trouvent dans les livres liturgiques approuvés par l’autorité compétente de l’Eglise; autrement, elles sont non-liturgiques.
Art. 3 – § 1. Les prières de guérison liturgiques se célébrent selon le rite prescrit et avec les vêtements sacrés indiqués dans l’Ordo benedictionis infirmorum du Rituel romain.(27)
§ 2. Conformément à ce qui a été établi dans les Praenotanda, V., De aptationibus quae Conferentiae Episcoporum competunt(28) de ce même Rituel romain, les Conférences épiscopales peuvent faire au rite de bénédiction des malades, les adaptations qu’elles considèrent comme opportunes, ou éventuellement comme nécessaires sur le plan pastoral, à condition de les avoir fait revoir d’abord par le Siège apostolique.
Art. 4 – § 1. L’évêque d iocésain(29) est en droit de promulguer des normes pour son Eglise particulière à propos des célébrations liturgiques de guérison, selon le canon 838 § 4.
§ 2. Ceux qui préparent des célébrations liturgiques de ce genre doivent se conformer à ces normes dès avant la cérémonie.
§ 3. L’autorisation doit être explicite, même si les célébrations sont organisées par des évêques ou des cardinaux de la Sainte Eglise catholique, ou si certains de ceux-ci y participent. L’évêque diocésain a le droit de la refuser à un autre évêque, s’il a pour cela une raison juste et proportionnée.
Art. 5 – § 1. Les prières de guérison non-liturgiques doivent être faites selon des modalités différentes des célébrations liturgiques, par exemple des rencontres de prière ou de lecture de la Parole de Dieu. La vigilance de l’Ordinaire du lieu reste requise selon le canon 839, §2.
§ 2. On évitera avec soin de confondre ces libres prières non- liturgiques avec les célébrations liturgiques proprement dites.
§ 3. Il est en outre nécessaire que, durant leur déroulement, on n’en vienne pas, surtout de la part de ceux qui les dirigent, à des formes semblables à l’hystérie, à l’artificialité, à la théatralité ou au sensationalisme.
Art. 6 – L’usage des moyens de communication sociale, en particulier de la télévision, pendant qu’ont lieu les prières de guérison liturgiques et non-liturgiques, est soumis à la vigilance de l’évêque diocésain, selon ce qui est disposé par le can. 823 et par les normes établies par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans l’Instruction du 30 mars 1992.(30)
Art. 7 – § 1. Restant acquis ce qui a été disposé plus haut, à l’article 3, et à l’exception des cérémonies pour les malades prévues dans les livres liturgiques, les prières de guérison liturgiques et non-liturgiques ne doivent pas être incluses dans, ni faire partie de, la célébration de la Très Sainte Eucharistie, des Sacrements, ni de la Liturgie des Heures.
§ 2. Durant les célébrations dont il est question au § 1, on peut insérer des intentions de prière particulières pour la guérison des malades dans la prière universelle ou «des fidèles», au moment où cela est prévu par celle-ci,
Art. 8 – § 1. Le ministère de l’exorcisme doit être exercé en dépendance stricte de l’Evêque diocésain, et conformément au canon 1172, à la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 29 settembre 1985,(31) et au Rituel romain.(32)
§ 2. Les prières d’exorcisme, contenues dans le Rituel romain, doivent rester distinctes des célébrations de guérison, liturgiques et non-liturgiques.
§ 3. Il est absolument interdit d’insérer ces prières dans la célébration de la Sainte Messe, des Sacrements et de la Liturgie des Heures.
Art. 9. – Ceux qui conduisent les célébrations de guérison, liturgiques ou non-liturgiques, doivent essayer de maintenir dans l’assemblée une atmosphère de dévotion sereine et doivent garder la prudence nécessaire si des guérisons surviennent parmi les assistants; ils pourront recueillir avec soin et simplicité, à la fin de la célébration, les éventuels témoignages et soumettre le fait à l’autorité ecclésiastique compétente.
Art. 10. – L’évêque docésain doit nécessairement intervenir avec son autorité quand il y a des abus dans les célébrations de guérison liturgiques et non-liturgiques, en cas de scandale évident pour la communauté des fidèles, ou quand il y a de graves manquements aux normes liturgiques et disciplinaires.
Au cours d’une Audience accordée au soussigné Préfet, le Souverain Pontife Jean-Paul II, a approuvé la présente Instruction, décidée dans la réunion plénière de la Congrégation pour la Doctrine de La Foi, et en a ordonné la publication.
A Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 14 septembre 2000, Féte de l’Exaltation de la Croix.
+ Joseph Card. RATZINGER,
Préfet
+ Tarcisio BERTONE, S.D.B.,
Archevêque émérite de Vercelli,
Secrétaire
bonne nuit
26 mars, 2010Saint Bernard: « J’ai multiplié sous vos yeux les oeuvres bonnes de la part du Père. Pour laquelle voulez-vous me lapider »
26 mars, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100326
Le vendredi de la 5e semaine de Carême : Jn 10,31-42
Commentaire du jour
Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermons divers, n° 22, 5-6 (trad. Brésard, 2000 ans, p.104 rev)
« J’ai multiplié sous vos yeux les oeuvres bonnes de la part du Père. Pour laquelle voulez-vous me lapider ? »
Au Christ Jésus tu dois toute ta vie, puisqu’il a donné sa vie pour ta vie, et qu’il a supporté des tourments amers pour que tu ne supportes pas de tourments éternels… Qu’est-ce qui ne te semblera pas doux, lorsque tu auras rassemblé dans ton coeur toutes les amertumes de ton Seigneur ?… Comme les cieux sont plus hauts que la terre (Is 55,9), ainsi sa vie est plus haute que notre vie, et pourtant elle a été donnée pour notre vie. Comme le néant ne peut être comparé à nulle autre chose, de même notre vie n’a pas de proportion avec la sienne…
Lorsque je lui aurai consacré tout ce que je suis, tout ce que je peux, ce sera comme une étoile comparée au soleil, une goutte d’eau à un fleuve, une pierre à une tour, un grain de sable à une montagne. Je n’ai rien sinon deux petites choses, et même très menues : mon corps et mon âme, ou plutôt une seule petite chose : ma volonté. Et je ne la donnerais pas à celui qui a prévenu de tant de bienfaits un être aussi petit que moi, à celui qui, en se donnant tout entier, m’a racheté tout entier ? Autrement, si je garde pour moi ma volonté, avec quel visage, avec quels yeux, avec quel esprit, avec quelle conscience irais-je me réfugier près du coeur de la miséricorde de notre Dieu ? Oserais-je percer ce rempart très fort qui garde Israël, et faire couler pour prix de mon rachat, non pas quelques gouttes, mais les flots de ce sang qui coule des cinq parties de son corps ?