Pape Benoît, commentaire Psaume 125 (messe du dimanche 21 mars 2010)

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http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2005/documents/hf_ben-xvi_aud_20050817_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 août 2005

Dieu notre joie et notre espérance
Lecture:  Ps 125, 1-5

1. En écoutant les paroles du Psaume 125, on a l’impression de voir défiler devant les yeux l’événement chanté dans la seconde partie du Livre d’Isaïe:  le « nouvel exode ». C’est le retour d’Israël de l’exil de Babylone à la terre des pères à la suite de l’édit du roi de Perse Cyrus en 538 avant J.-C. Alors se répéta l’expérience joyeuse du premier exode, lorsque le peuple juif fut libéré de l’esclavage d’Egypte.

Ce Psaume revêtait une signification particulière lorsqu’il était chanté les jours où Israël se sentait menacé et effrayé, car soumis de nouveau à l’épreuve. Le Psaume comprend effectivement une prière pour le retour des prisonniers du moment (cf. v. 4). Il devenait ainsi une prière du Peuple de Dieu sur son itinéraire historique, pavé de dangers et d’épreuves, mais toujours ouvert à la confiance en Dieu Sauveur et Libérateur, soutien des faibles et des opprimés.

2. Le Psaume introduit une atmosphère de joie:  on sourit, on se réjouit de la liberté obtenue, des lèvres s’élèvent des chants de joie (cf. vv. 1-2).

La réaction face à la liberté rendue est double. D’un côté, les nations païennes reconnaissent la grandeur du Dieu d’Israël:  « Merveilles que fit pour eux Yahvé » (v. 2). Le salut du peuple élu devient une preuve limpide de l’existence efficace et puissante de Dieu présent et actif dans l’histoire. De l’autre côté, c’est le peuple de Dieu qui professe sa foi dans le Seigneur qui sauve:  « Merveilles que fit pour nous Yahvé » (v. 3).

3. La pensée va ensuite vers le passé, revécu avec un frisson de peur et d’amertume. Nous voudrions fixer notre attention sur l’image liée à l’agriculture utilisée par le Psalmiste:  « Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent en chantant » (v. 5). Sous le poids du travail, le visage est parfois sillonné de larmes:  on accomplit une semence difficile, peut-être vouée à l’inutilité et à l’échec. Mais lorsqu’arrive la moisson abondante et joyeuse, on découvre que cette douleur a été féconde.

Dans ce verset du Psaume est résumée la grande leçon sur le mystère de fécondité et de vie que peut contenir la souffrance. Précisément comme l’avait dit Jésus au seuil de sa passion et de sa mort:  « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 24).

4. L’horizon  du  Psaume  s’ouvre ainsi à une moisson de fête, symbole de la joie engendrée par la liberté, la paix et la prospérité, qui sont le fruit de la bénédiction divine. Cette prière devient alors un chant d’espérance, auquel recourir lorsque l’on est plongé dans le temps de l’épreuve, de la peur, de la menace extérieure et de l’oppression intérieure.

Mais il peut également devenir un appel plus général à vivre ses jours et à accomplir ses choix dans un climat de fidélité. La persévérance dans le bien, même si elle est incomprise et contrariée, débouche toujours à la fin sur un phare de lumière, de fécondité, de paix.

C’est ce que saint Paul rappelait aux Galates:  « Qui sème dans l’Esprit, récoltera de l’Esprit la vie éternelle. Ne nous lassons pas de faire le bien; en son temps viendra la récolte, si nous ne nous relâchons pas » (Ga 6, 8-9).

5. Nous concluons par une réflexion de saint Bède le Vénérable (672/3-735) sur le Paume 125 commentant les paroles par lesquelles Jésus annonçait à ses disciples la tristesse qui les attendait et la joie qui devait jaillir de leur affliction (cf. Jn 16, 20).

Bède rappelle que « pleuraient et se lamentaient ceux qui aimaient le Christ lorsqu’ils le virent capturé par les ennemis, ligoté, conduit au jugement, condamné, fouetté, ridiculisé, et enfin crucifié, frappé par la lance et enseveli. Au contraire, ceux qui aimaient le monde se réjouissaient,… lorsqu’ils condamnèrent à une mort terrible celui dont la seule vue leur était insupportable. Les disciples furent attristés par la mort du Seigneur, mais, ayant appris sa résurrection, leur tristesse se transforma en joie; ayant vu ensuite le prodige de l’ascension, avec une joie encore plus grande, ils louèrent et bénirent le Seigneur, comme en témoigne l’évangéliste Luc (cf. Lc 24, 53). Mais ces paroles du Seigneur s’adaptent à tous les fidèles qui, à travers les larmes et les douleurs du monde, s’efforcent de parvenir aux joies éternelles, et qui, à juste titre, pleurent à présent et sont tristes, parce qu’ils ne peuvent pas encore voir celui qu’ils aiment et parce que, jusqu’à ce qu’ils demeurent dans leur corps, ils savent qu’ils sont loin de leur patrie et de leur royaume, même s’ils sont certains de parvenir, à travers leurs difficultés et leurs luttes, à la récompense. Leur tristesse se transformera en joie lorsque, une fois terminée la lutte de cette vie, ils recevront la récompense de la vie éternelle, selon ce que dit le Psaume:  « Celui qui sème dans les larmes, récoltera dans la joie »" (Homélies sur l’Evangile, 2, 13:  Collection de Textes patristiques, XC, Roma 1990, pp. 379-380).

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