Archive pour le 8 mars, 2010

Elie est enlevé au ciel (2Re, 2)

8 mars, 2010

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http://www.artbible.net/1T/2ki0201_Elijah_chariot/index.htm

par Sandro Magister: Carême 2010. Les cendres du pape Benoît XVI

8 mars, 2010

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1342144?fr=y

Carême 2010. Les cendres du pape Benoît XVI

Sa préoccupation: la disparition de la foi. Son programme: conduire les hommes à Dieu. Son outil préféré: l’enseignement. Mais, au Vatican, la curie l’aide peu. Et même, parfois, elle lui nuit

par Sandro Magister

ROME, le 17 février 2010 – Aujourd’hui, mercredi des cendres, commence le Carême selon le rite romain. Et l’évêque de Rome y entre, comme chaque année, les cendres au front, par une procession pénitentielle et une messe célébrée à l’antique basilique Sante-Sabine.

Le Carême est aujourd’hui bien affaibli dans la mentalité commune en Occident, où le Ramadan musulman attire plus l’attention. Mais Benoît XVI tient visiblement à redonner du sens et de la vigueur à ce temps de préparation à Pâques.

Cette année, en plus de son message aux fidèles reproduit ci-dessous, et de l’audience générale et de l’homélie du mercredi des cendres, le pape Joseph Ratzinger ouvre le Carême par une double « lectio divina ». La première, il y a quelques jours, était destinée aux séminaristes de Rome ; la seconde, demain, le sera aux prêtres du diocèse.

La « lectio divina » est une réflexion sur le sens des Saintes Écritures : on choisit un passage de la Bible et on le commente. Le pape Benoît XVI a coutume de les improviser, dans le style des anciens Pères de l’Église et des grands maîtres théologiens du Moyen Âge, mais toujours en étant attentif à la culture actuelle.

Vendredi dernier, 12 février, commentant aux séminaristes de Rome un passage du chapitre 15 de l’Évangile de Jean, le pape a parlé d’une lettre que lui a écrite un professeur de l’université de Ratisbonne, qui contestait la vision chrétienne de Dieu.

Benoît XVI a dit qu’il avait reconnu dans les objections de ce professeur « l’éternelle tentation du dualisme, à savoir qu’il n’y a peut-être pas seulement un principe bon, mais aussi un principe mauvais, un principe du mal, et que le Dieu bon n’est qu’une partie de la réalité ».

Et il a ajouté :

« La thèse selon laquelle Dieu ne serait pas tout-puissant se répand actuellement dans la théologie elle-même, y compris dans la théologie catholique. On cherche ainsi une apologie de Dieu : celui-ci ne serait donc pas responsable du mal que l’on trouve largement répandu dans le monde. Mais quelle pauvre apologie ! Un Dieu qui n’est pas tout-puissant ! Le mal n’est pas dans ses mains ! Comment pourrions-nous faire confiance à ce Dieu ? Comment pourrions-nous être sûrs de son amour si cet amour finit là où commence le pouvoir du mal ? ».

Il y a une similitude impressionnante entre ces propos du pape et ce qu’a dit Robert Spaemann, un philosophe allemand qu’il estime beaucoup, au colloque international sur Dieu que la conférence des évêques d’Italie a organisé à Rome en décembre dernier :

« Qui croit en Dieu croit que la puissance absolue et le bien absolu ont la même référence : la sainteté de Dieu. Les gnostiques des premiers siècles chrétiens niaient cette identité. Ils attribuaient les deux attributs à deux divinités, une puissance mauvaise, le ‘deus universi’, dieu et créateur de ce monde, et un dieu qui est lumière et apparaît de loin dans l’obscurité de ce monde. [...] Il est important de souligner cela aujourd’hui, puisque les prêtres, plutôt que d’appeler sur nous la bénédiction du Dieu tout-puissant, ne parlent en fait que du ‘Dieu bon’. Le discours sur la bonté de Dieu, sur Dieu qui est amour, perd son côté bouleversant s’il n’indique pas qui est celui dont on dit qu’Il est amour, c’est-à-dire s’il n’indique pas qu’Il est la puissance qui dirige notre vie et le monde. [...] Si le bien n’appartenait pas à l’être, l’être ne serait pas tout, il ne serait pas la totalité. [...] Mais le contraire est vrai aussi : si le bien était impuissance, alors il ne serait pas le bien tout court. Parce que l’impuissance du bien n’est pas le bien. La foi en la puissance du bien est ce qui nous permet de nous abandonner activement à la réalité, sans avoir à craindre que, dans un monde absurde, même les bonnes intentions soient considérées comme des absurdités ».

La très grande attention qu’il porte à cette question montre de manière de plus en plus évidente que Benoît XVI a vraiment pris comme « priorité » de son pontificat « de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu » (comme il est dit dans sa lettre aux évêques du 10 mars 2009). Priorité qu’il a récemment rappelée par sa proposition d’ »ouvrir une cour des Gentils » pour tous ceux qui cherchent Dieu.

La volonté de concentrer sa mission de pape sur la prédication est donc de plus en plus claire chez Ratzinger. Une prédication d’une grande vigueur doctrinale, visant à consolider les fondements de la doctrine et à « confirmer » dans la foi une Église très tentée par des visions spiritualisées et réductives de Dieu, mais aussi de Jésus et des dogmes chrétiens.

*

Toutefois on est étonné que, dans cette entreprise audacieuse, le pape Ratzinger ne reçoive pas de sa curie un soutien adéquat.

Le communiqué de la secrétairerie d’état du 9 février dernier est le plus récent signe de ce décalage entre le magistère du pape et l’activité de la machine vaticane.

Beaucoup de gens ont jugé excessif d’impliquer le pape et de s’abriter derrière lui pour démentir la transmission de documents du Vatican à un journal, l’utilisation d’un gendarme pontifical comme facteur et l’attribution à la curie d’un article sous une fausse signature, dans le cadre d’une affaire qui reste en tout cas inchangée dans ses traits essentiels de conflit entre la secrétairerie d’état et la conférence des évêques d’Italie, conflit auquel le pape était et est supérieur, et dont personne ne l’accuse. Non seulement c’est sans lien, mais c’est en opposition flagrante avec la qualité et le contenu du magistère du pape Benoît XVI, malgré l’approbation de forme qu’il a donnée à la publication du communiqué et la confiance qu’il a renouvelée à ses collaborateurs.

Cette affaire a déjà été traitée par www.chiesa, il y a quelques jours, dans l’article suivant :

> Italie, États-Unis, Brésil. Du Vatican à la conquête du monde

Mais pour en revenir aux « choses d’en haut », on trouvera ci-dessous le message par lequel le pape a voulu ouvrir le Carême de cette année.

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« La justice de Dieu s’est manifestée moyennant la foi au Christ »

par Benoît XVI
 
 
Chers frères et sœurs, chaque année, à l’occasion du carême, l’Église nous invite à une révision de vie sincère à la lumière des enseignements évangéliques. Cette année, j’aimerais vous proposer quelques réflexions sur un vaste sujet, celui de la justice, à partir de l’affirmation de saint Paul : « La justice de Dieu s’est manifestée moyennant la foi au Christ. » (Rm 3, 21-22)

Justice : « dare cuique suum »

Dans un premier temps, je souhaite m’arrêter sur le sens du mot « justice » qui, dans le langage commun, revient à « dare cuique suum », donner à chacun ce qui lui est dû, selon la célèbre expression d’Ulpianus, juriste romain du IIIe siècle. Toutefois cette définition courante ne précise pas en quoi consiste ce « suum » qu’il faut assurer à chacun. Or ce qui est essentiel pour l’homme ne peut être garanti par la loi. Pour qu’il puisse jouir d’une vie en plénitude, il lui faut quelque chose de plus intime, de plus personnel et qui ne peut être accordé que gratuitement : nous pourrions dire qu’il s’agit pour l’homme de vivre de cet amour que Dieu seul peut lui communiquer, l’ayant créé à son image et à sa ressemblance. Certes les biens matériels sont utiles et nécessaires. D’ailleurs, Jésus lui-même a pris soin des malades, il a nourri les foules qui le suivaient et, sans aucun doute, il réprouve cette indifférence qui, aujourd’hui encore, condamne à mort des centaines de millions d’êtres humains faute de nourriture suffisante, d’eau et de soins. Cependant, la justice distributive ne rend pas à l’être humain tout ce qui lui est dû. L’homme a, en fait, essentiellement besoin de vivre de Dieu parce que ce qui lui est dû dépasse infiniment le pain. Saint Augustin observe à ce propos que « si la justice est la vertu qui rend à chacun ce qu’il lui est dû… alors il n’y a pas de justice humaine qui ôte l’homme au vrai Dieu » (De Civitate Dei XIX, 21)

D’où vient l’injustice?

L’évangéliste Marc nous transmet ces paroles de Jésus, prononcées à son époque lors d’un débat sur ce qui est pur et ce qui est impur : « Il n’est rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller… Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers. » (Mc 7, 14-15 ; 20-21). Au-delà du problème immédiat de la nourriture, nous pouvons déceler dans la réaction des pharisiens une tentation permanente chez l’homme : celle de placer l’origine du mal dans une cause extérieure. En y regardant de plus près, on constate que de nombreuses idéologies modernes véhiculent ce présupposé : puisque l’injustice vient du dehors, il suffit d’éliminer les causes extérieures qui empêchent l’accomplissement de la justice. Cette façon de penser, nous avertit Jésus, est naïve et aveugle. L’injustice, conséquence du mal, ne vient pas exclusivement de causes extérieures ; elle trouve son origine dans le cœur humain, où l’on découvre les fondements d’une mystérieuse complicité avec le mal. Le psalmiste le reconnaît douloureusement : « Vois, dans la faute je suis né, dans le péché ma mère m’a conçu. » (Ps 51,7). Oui, l’homme est fragilisé par une blessure profonde qui diminue sa capacité à entrer en communion avec l’autre. Naturellement ouvert à la réciprocité libre de la communion, il découvre en lui une force de gravité étonnante qui l’amène à se replier sur lui-même, à s’affirmer au-dessus et en opposition aux autres : il s’agit de l’égoïsme, conséquence du péché originel. Adam et Eve ont été séduits par le mensonge de Satan. En s’emparant du fruit mystérieux, ils ont désobéi au commandement divin. Ils ont substitué une logique du soupçon et de la compétition à celle de la confiance en l’Amour, celle de l’accaparement anxieux et de l’autosuffisance à celle du recevoir et de l’attente confiante vis-à-vis de l’autre (cf. Gn 3, 1-6), de sorte qu’il en est résulté un sentiment d’inquiétude et d’insécurité. Comment l’homme peut-il se libérer de cette tendance égoïste et s’ouvrir à l’amour ?

Justice et « sedaqah »

Au sein de la sagesse d’Israël, nous découvrons un lien profond entre la foi en ce Dieu qui « de la poussière relève le faible » (Ps 113,7) et la justice envers le prochain. Le mot « sedaqah », qui désigne en hébreu la vertu de justice, exprime admirablement cette relation. « Sedaqah » signifie en effet l’acceptation totale de la volonté du Dieu d’Israël et la justice envers le prochain (cf. Ex 20,12-17), plus spécialement envers le pauvre, l’étranger, l’orphelin et la veuve (cf. Dt 10, 18-19). Ces deux propositions sont liées entre elles car, pour l’Israélite, donner au pauvre n’est que la réciprocité de ce que Dieu a fait pour lui : il s’est ému de la misère de son peuple. Ce n’est pas un hasard si le don de la Loi à Moïse, au Sinaï, a eu lieu après le passage de la Mer Rouge. En effet, l’écoute de la Loi suppose la foi en Dieu qui, le premier, a écouté les cris de son peuple et est descendu pour le libérer du pouvoir de l’Egypte (cf. Ex 3,8). Dieu est attentif au cri de celui qui est dans la misère mais en retour demande à être écouté : il demande justice pour le pauvre (cf. Sir 4,4-5. 8-9), l’étranger (cf. Ex 22,20), l’esclave (cf. Dt 15, 12-18). Pour vivre de la justice, il est nécessaire de sortir de ce rêve qu’est l’autosuffisance, de ce profond repliement sur soi qui génère l’injustice. En d’autres termes, il faut accepter un exode plus profond que celui que Dieu a réalisé avec Moïse, il faut une libération du cœur que la lettre de la Loi est impuissante à accomplir. Y a-t-il donc pour l’homme une espérance de justice ?

Le Christ, justice de Dieu

L’annonce de la bonne nouvelle répond pleinement à la soif de justice de l’homme. L’apôtre saint Paul le souligne dans son Épître aux Romains : « Mais maintenant sans la Loi, la justice de Dieu s’est manifestée… par la foi en Jésus Christ à l’adresse de tous ceux qui croient. Car il n’y a pas de différence : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie par le Christ Jésus. Dieu l’a exposé comme instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi. » (3, 21-25)

Quelle est donc la justice du Christ ? C’est avant tout une justice née de la grâce, où l’homme n’est pas sauveur et ne guérit ni lui-même ni les autres. Le fait que l’expiation s’accomplisse dans « le sang » du Christ signifie que l’homme n’est pas délivré du poids de ses fautes par ses sacrifices, mais par le geste d’amour de Dieu qui a une dimension infinie, jusqu’à faire passer en lui la malédiction qui était réservée à l’homme pour lui rendre la bénédiction réservée à Dieu (cf. Gal 3, 13-14). Mais immédiatement on pourrait objecter : de quel type de justice s’agit-il si le juste meurt pour le coupable et le coupable reçoit en retour la bénédiction qui revient au juste ? Chacun ne reçoit-il pas le contraire de ce qu’il lui est dû ? En réalité, ici, la justice divine se montre profondément différente de la justice humaine. Dieu a payé pour nous, en son Fils, le prix du rachat, un prix vraiment exorbitant. Face à la justice de la Croix, l’homme peut se révolter car elle manifeste la dépendance de l’homme, sa dépendance vis-à-vis d’un autre pour être pleinement lui-même. Se convertir au Christ, croire à l’Évangile, implique d’abandonner vraiment l’illusion d’être autosuffisant, de découvrir et accepter sa propre indigence ainsi que celle des autres et de Dieu, enfin de découvrir la nécessité de son pardon et de son amitié.

On comprend alors que la foi ne soit pas du tout quelque chose de naturel, de facile et d’évident : il faut être humble pour accepter que quelqu’un d’autre me libère de mon moi et me donne gratuitement en échange son soi. Cela s’accomplit spécifiquement dans les sacrements de la réconciliation et de l’eucharistie. Grâce à l’action du Christ, nous pouvons entrer dans une justice « plus grande », celle de l’amour (cf. Rm 13, 8-10), la justice de celui qui, dans quelque situation que ce soit, s’estime davantage débiteur que créancier parce qu’il a reçu plus que ce qu’il pouvait espérer.

Fort de cette expérience, le chrétien est invité à s’engager dans la construction de sociétés justes où tous reçoivent le nécessaire pour vivre selon leur dignité humaine et où la justice est vivifiée par l’amour.

Chers frères et sœurs, le temps du carême culmine dans le triduum pascal, au cours duquel cette année encore, nous célébrerons la justice divine, qui est plénitude de charité, de don et de salut. Que ce temps de pénitence soit pour chaque chrétien un temps de vraie conversion et d’intime connaissance du mystère du Christ venu accomplir toute justice. Formulant ces vœux, j’accorde à tous et de tout cœur ma bénédiction apostolique.

conférence du cardinal Rylko sur le P. Matteo Ricci: Une des figures « les plus significatives de l’histoire de l’humanité »

8 mars, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23614?l=french

Texte intégral de la conférence du cardinal Rylko sur le P. Matteo Ricci

Une des figures « les plus significatives de l’histoire de l’humanité »

ROME, Jeudi 25 février 2010 (ZENIT.org) – Pour le cardinal Rylko, le P. Matteo Ricci, sj, est « une figure comptant parmi les plus significatives de l’histoire de l’humanité » : un savant et un missionnaire qui « jeta les bases d’un développement de la connaissance réciproque et du dialogue entre l’Orient et l’Occident ».

Soulignant l’actualité du P. Ricci, il ajoute : « L’exemple du père Ricci indique clairement la route à suivre pour vaincre la méfiance et préparer le terrain en vue d’une collaboration effective et durable ».

Le cardinal Stanislas Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs est intervenu à Paris, à l’UNESCO, de façon passionnante sur le thème : « Le père Matteo Ricci et le dialogue entre foi et culture », lors du colloque du 16 février, sur le thème : « Aux carrefours de l’histoire : le jésuite Matteo Ricci (1552-1610) entre Rome et Pékin ».

« Le père Matteo Ricci et le dialogue entre foi et culture »

par le card. Rylko

Mesdames et Messieurs,

J’adresse mes salutations les plus cordiales à toutes les personnes présentes à la projection du document-film « Matteo Ricci. Un jésuite au royaume du Dragon », et en particulier aux autorités de l’UNESCO qui ont permis la réalisation de cet événement. Une initiative – parmi de nombreuses autres – qui, pour le IVème centenaire de sa mort, nous fournit l’occasion de faire mémoire d’une figure comptant parmi les plus significatives de l’histoire de l’humanité et d’honorer sa stature spirituelle et intellectuelle. Homme de science et missionnaire, à une époque de grand ferment culturel et économique, à cheval entre le XVIème et le XVIIème siècle, Matteo Ricci jeta les bases d’un développement de la connaissance réciproque et du dialogue entre l’Orient et l’Occident ; entre Rome, cœur de la chrétienté, et Pékin, où depuis plus de deux siècles régnait la grande dynastie des Ming.

Ce jésuite, originaire de Macerata, dans les Marches italiennes, s’est gagné l’estime et l’admiration, en Chine comme en Europe, pour avoir ouvert la voie à la rencontre entre deux cultures aussi éloignées qu’inconnues l’une de l’autre ; une entreprise extraordinaire, plusieurs fois tentée par d’autres précédemment, mais que personne n’était jamais parvenu à faire aboutir. Et, par bien des aspects, bien plus importante par rapport à ce qu’avait fait et raconté l’autre grand Italien, Marco Polo, qui était entré indirectement en contact avec la Chine, trois siècles auparavant, par le biais d’échanges commerciaux avec les Mongols. L’œuvre du père Matteo Ricci mérite donc d’être davantage connue et approfondie, aussi bien pour mieux en comprendre les raisons et les modalités que pour mettre en valeur son actualité indéniable et permanente.

Les célébrations du IVème centenaire de sa naissance au Ciel constituent donc une heureuse occasion de relire cette œuvre, de retrouver le témoignage de Matteo Ricci et, par là même, l’enseignement qui en dérive pour notre monde, engagé précisément à tisser des rapports stables et constructifs entre l’Orient et l’Occident, entre le grand peuple chinois et les autres peuples. L’exemple du père Ricci indique clairement la route à suivre pour vaincre la méfiance et préparer le terrain en vue d’une collaboration effective et durable. Quel est donc son témoignage ? Quel chemin a-t-il entrepris ? Et nous, comment pouvons-nous l’aborder aujourd’hui ?

En dépit des difficultés de la langue, de la politique très fermée de la dynastie Ming et de la nouveauté totale des rapports avec le peuple chinois, Matteo Ricci sut développer un dialogue basé sur l’amitié, sur le respect des us et coutumes, sur la connaissance de l’esprit et de l’histoire de la Chine. C’est cette attitude, dépourvue de préjugés et de tout esprit de conquête, qui a permis à ce jésuite européen d’établir avec le peuple chinois un rapport de confiance et d’estime. Ce n’est pas un hasard si sa première œuvre en langue chinoise fut consacrée au thème de l’amitié. Or, ce recueil de 100 maximes sur l’amitié, puisées chez les classiques grecs et latins, suscita une grande stupeur chez les Chinois qui admirèrent la sagesse et la richesse spirituelle de cet homme venu de l’extrême Occident.

Toutefois, le père Matteo Ricci, ne se limita pas à manifester son amitié à l’égard du peuple chinois et son intérêt pour sa vie et sa culture. Il s’engagea pleinement pour apprendre sa langue et approfondit l’étude des classiques confucéens, au point d’être considéré comme un expert égal, sinon supérieur, aux lettrés chinois qui se pressaient pour le connaître et s’entretenir avec lui. En somme, il se fit Chinois parmi les Chinois, en s’adaptant en tout à leurs coutumes et en adoptant – après dix années d’analyse attentive et de connaissance de leur réalité – le profil et la teneur de vie du lettré, c’est-à-dire de cette catégorie de personnes qui orientait et guidait la société chinoise dans la ligne de la continuité avec la philosophie et la tradition confucéennes.

Ce trait caractéristique de son approche de la Chine ne doit certes pas être dissocié de l’échange culturel bénéfique qu’il instaura avec les Chinois sur tous les fronts du savoir humain. De la cartographie à l’astronomie, de la philosophie à la religion, des mathématiques aux techniques mnémoniques, en passant par les horloges mécaniques, la peinture et la musique : aucun domaine du savoir humain qui n’ait constitué un terrain fécond de confrontation et d’enrichissement réciproque entre les Chinois et cet homme que la Providence, selon ses amis lettrés chinois eux-mêmes, avait envoyé pour donner encore plus de lustre à la dynastie des Ming et pour faire participer les Chinois aux progrès que la science et la technique avaient réalisés au cours de la Renaissance européenne. Un exemple parmi tant d’autres de la haute considération en laquelle il était tenue : dès son arrivée à Pékin en 1601, selon la volonté de l’empereur Wanli, tous ses frais furent pris en charge par le trésor public et, à sa mort, le 11 mai 1610, il eut le privilège – jamais concédé jusqu’alors à un étranger – d’être enterré dans la Cité impériale. Ce n’est pas non plus un hasard si rien moins que la direction de l’Observatoire astronomique de Pékin et la révision du Calendrier chinois, achevée quelques années après la mort de Matteo Ricci, furent confiées aux jésuites qui poursuivirent son œuvre. La vaste documentation conservée dans l’ancien Observatoire astronomique de Pékin et l’inscription du père Matteo Ricci parmi les personnages les plus illustres de Chine témoignent aujourd’hui encore de la gratitude des Chinois pour la contribution apportée par le missionnaire jésuite et par ses confrères au progrès des connaissances humanistes et scientifiques dans leur pays.

Mais en quoi s’enracinait l’intuition géniale du père Matteo Ricci ? Quel peut être le motif de son actualité permanente ? Ce ne furent ni l’esprit d’aventure, ni la volonté de se faire l’ambassadeur de la Renaissance européenne en Chine qui poussèrent le missionnaire jésuite, mais bien le désir d’apporter au grand peuple chinois l’annonce évangélique comme couronnement de ce riche cheminement culturel et social qu’il allait d’ailleurs admirer et apprécier, comme en témoignent sa correspondance et son célèbre et minutieux compte-rendu autographe intitulé De l’entrée de la Compagnie de Jésus et de la Chrétienté en Chine.

Formé à la rigoureuse école des Jésuites et fasciné par l’esprit missionnaire de saint François-Xavier, qui avait dépensé sa vie pour l’évangélisation de l’Orient, alors qu’il n’avait pas encore trente ans, et avec une grande ardeur missionnaire, il commence son entreprise par Macao en 1582. A la différence de ceux qui l’avaient précédé dans les nombreuses tentatives d’entrer en Chine, le père Matteo Ricci comprend qu’il faut trouver une nouvelle méthode pour voir la culture chinoise s’ouvrir à la nouveauté de l’Evangile. Avec ses confrères responsables des missions de l’Orient, en particulier avec le père Alessandro Valignano, il élabore donc une nouvelle stratégie que l’on pourrait résumer par le mot  » inculturation  » : une optique dans laquelle la culture du peuple chinois n’est plus un obstacle à surmonter, mais une ressource pour l’Evangile.

Cette originalité de la méthode de Matteo Ricci, née d’une vision de la foi qui ne s’oppose ni à la science, ni à la raison, ni à la culture, mais qui entre en harmonie profonde et substantielle avec elles, a été soulignée par le pape Benoît XVI dans son Message pour le IVème centenaire de la mort du père Ricci : « En considérant son intense activité scientifique et spirituelle, on ne peut manquer de rester favorablement impressionné par la capacité innovatrice et particulière avec laquelle il se familiarisa, dans un plein respect, avec les traditions culturelles et spirituelles chinoises dans leur ensemble. Cette attitude a en effet caractérisé sa mission visant à rechercher la plus grande harmonie possible entre la noble civilisation chinoise millénaire et la nouveauté chrétienne, qui est ferment de libération et de renouveau authentique au sein de toute société, étant donné que l’Evangile est un message universel de salut, destiné à tous les hommes, quel que soit le contexte culturel et religieux auquel ils appartiennent » (Benoît XVI, Message à S. Exc. Claudio Giuliodori, évêque de Macerata, 6 mai 2009).

Voilà pourquoi il est donc tout à fait approprié de commémorer, au siège de l’UNESCO aussi, le père Matteo Ricci, un grand homme qui a su tisser un réseau de relations et d’échanges culturels sans égaux dans l’histoire de l’humanité, en aidant ainsi l’Europe à connaître et à découvrir la sagesse et la civilisation chinoises et en introduisant en Chine, d’une manière judicieuse et avec beaucoup d’intelligence, le patrimoine de culture, de science, d’art et de foi de l’Occident. Il a concrètement démontré, de la sorte, que l’Evangile, précisément parce qu’il conduit au cœur de la vérité sur l’homme et sur son destin, est en mesure de se rapporter positivement à toute culture et à toute société capables de reconnaître la dignité et la grandeur de la personne humaine. Son labeur intellectuel et spirituel a eu pour finalité ultime de greffer dans les consciences et dans la culture chinoise les germes de la nouveauté et de la plénitude de la Révélation chrétienne. Il savait que le plus grand don que les chrétiens peuvent offrir aux peuples de l’Asie, c’est d’annoncer Jésus-Christ, qui répond à leur profonde quête d’Absolu et dévoile les vérités et les valeurs qui garantissent un développement intégral (cf. Jean-Paul II, Exhortation apostolique Ecclesia in Asia, n° 20).

Un an avant sa mort, il écrivait au Supérieur de la vice-province du Japon et de la Chine : « Les Chinois ont une belle intelligence naturelle et aiguë ; ce qui transparaît bien dans leurs livres, dans leurs discours [...] et dans le gouvernement de cette machine qui émerveille tout l’Orient. Aussi, si nous pouvions leur enseigner nos sciences, [...]pourrions-nous à travers elles les conduire aisément à notre sainte loi et ils n’oublieront jamais un si grand bienfait, [...] car ne leur ayant enseigné jusqu’ici que peu de choses des sciences mathématiques et de la cosmographie, ils nous en sont tellement reconnaissants que bien des fois j’ai entendu, de mes oreilles, dire de personnes importantes que nous avons ouverts les yeux aux Chinois qui étaient aveugles ; et ils ne parlaient que de ces sciences naturelles que j’ai dites, de la mathématique ; que diront-ils donc des autres [...] comme les sciences physiques, métaphysiques, théologiques et surnaturelles ? (Lettre au P. Francesco Pasio. Pékin, le 15 du mois de février 1609). Ces mots explicitent, on ne peut mieux, aussi bien l’esprit qui animait son engagement missionnaire que la méthode avec laquelle le père Matteo Ricci a tracé un sentier indélébile dans l’histoire des rapports entre les peuples et les civilisations et du rapport entre la foi et les cultures. Ambassadeur d’amitié et de vérité, quatre cents ans après sa mort, il se dresse encore comme un exemple fulgurant d’ouverture universelle et de capacité à bâtir des ponts entre les civilisations et les cultures, en se faisant – en tant que messager de l’Evangile – l’artisan du bien véritable et du développement authentique des peuples. Je vous remercie de votre attention.

bonne nuit

8 mars, 2010

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dinosaur

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Saint Augustin : La veuve de Sarepta

8 mars, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100308

Le lundi de la 3e semaine de Carême : Lc 4,24-30
Commentaire du jour
Saint Augustin (354-430), évêque d’Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l’Église
Sermon 11, 2-3 (trad. Brésard, année B, p. 260)

La veuve de Sarepta

      La veuve sans ressources est sorti ramasser deux morceaux de bois pour se faire cuire du pain, et c’est alors qu’Élie l’a rencontrée. Cette femme était le symbole de l’Église ; parce qu’une croix est formée de deux morceaux de bois, celle qui allait mourir cherchait de quoi vivre éternellement. Il y a donc là un mystère caché… Élie lui dit : « Va, nourris-moi d’abord de ta pauvreté, et tes richesses ne s’épuiseront pas. » Quelle heureuse pauvreté ! Si la veuve a reçu ici-bas un tel salaire, quelle récompense n’est-elle pas en droit d’espérer dans l’autre vie !

      J’insiste sur cette pensée : ne comptons pas recueillir le fruit de nos semailles dans ce temps où nous semons. Ici-bas, nous semons dans la peine ce qui sera la moisson des bonnes oeuvres, mais c’est plus tard que nous en récolterons le fruit dans la joie, selon ce qui est écrit : « On s’en va, on s’en va en pleurant, jetant la semence. On s’en vient, on s’en vient en chantant, rapportant les gerbes » (Ps 125,6). Le geste d’Élie envers cette femme était en effet un symbole et pas sa récompense. Car si cette veuve avait été récompensée ici-bas pour avoir nourri l’homme de Dieu, voici de bien pauvres semailles, voici une bien maigre moisson ! Elle n’a reçu qu’un bien temporel: de la farine qui ne s’est pas épuisée, de l’huile qui n’a pas diminué jusqu’au jour où le Seigneur a arrosé la terre de sa pluie. Ce signe qui lui a été concédé par Dieu pour peu de jours, était donc le symbole de la vie future où notre récompense ne saurait diminuer. Notre farine, ce sera Dieu ! Comme la farine de cette femme ne s’est pas épuisée durant ces jours, Dieu ne nous manquera pas durant toute l’éternité… Sème en confiance et ta moisson viendra sûrement ; elle viendra plus tard, mais quand elle viendra, tu moissonneras sans fin.