Archive pour le 6 mars, 2010
3e dimanche de Carême, dimanche 7 mars 2010: Homélie
6 mars, 2010du site:
http://www.homelies.fr/homelie,3e.dimanche.de.careme,2713.html
3e dimanche de Carême
dimanche 7 mars 2010
Famille de saint Joseph
Homélie-Messe
Arrêtons-nous à l’expérience déconcertante de Moïse au désert.
Moïse a du fuir son pays d’adoption, l’Egypte. Voyant un fils d’Israël, c’est-à-dire un frère de sang, battu par un Egyptien, il a tué celui-ci. Mais comme son forfait est découvert, il doit fuir pour sauver sa vie.
Arrivé en terre de Moab, il prend la défense des filles de Yéthro, manifestant à nouveau son ardeur pour la justice.
Pourtant, sa vie est en échec : le fils adoptif de pharaon, élevé à sa cour, appelé aux plus hautes destinées, se trouve à paître le troupeau d’un prêtre idolâtre de Madian dans le désert du Sinaï.
On imagine sans peine, que Moïse devait brûler intérieurement de colère – les colères de Moïse sont redoutables : souvenons-nous de la manière dont il a détruit les premières tables de la Loi ! – devant l’échec de sa vie qu’il orientait pourtant vers la défense de la justice.
C’est précisément à ce moment, qu’il fait l’expérience déconcertante du Buisson Ardent, un buisson d’épine qui est lui aussi est en feu, mais qui ne se consume pas, parce qu’il ne brûle pas du feu de la violence, d’une justice toute humaine, mais du feu de l’amour divin.
Du cœur de la flamme, Dieu s’adresse à lui pour lui révéler son Nom : « Je suis celui qui était avec tes pères, Abraham, Isaac et Jacob ; je suis avec toi, et je serai toujours au milieu de mon peuple, ce peuple que je veux délivrer de l’oppression qu’il subit en Egypte ».
Ce n’est pas en rendant la violence pour la violence, comme il l’avait fait jusqu’alors, que Moïse est un défenseur de la justice – du moins selon le désir de Dieu. Dieu seul peut rendre juste, et il ne le fait pas en ayant recours à la violence : il rend juste en habitant au milieu de son peuple à la nuque raide, ce peuple qui ressemble lui aussi à un buisson d’épine dont il vaut mieux ne pas s’approcher si on veut éviter de se piquer ; mais un peuple aimé de Dieu, et qui doit découvrir que le Dieu de tendresse et de pitié habite au milieu de lui pour toujours, parce qu’il s’est engagé personnellement dans l’Alliance juré à ses pères, cette Alliance qu’il va renouveler précisément au Sinaï.
Pendant les quarante années de traversée du désert, Israël devra faire progressivement l’apprentissage du compagnonnage avec Dieu. Il devra découvrir sa présence cachée qui se révèle dans la manne et l’eau jaillissant du rocher ; le pain et l’eau : autant dire que Dieu pourvoit à l’essentiel. Or cette manne préfigurait le Pain suressentiel de la Parole incarnée ou de l’Eucharistie, et cette eau jaillie du Rocher en lequel Paul reconnait le Christ (2nd lect.), préfigure l’eau vive de l’Esprit que Jésus fera jaillir lorsque la lance frappera son côté pour transpercer son Cœur sacré.
Nous sommes ce peuple qui faisons notre traversée du désert sous la conduite du véritable Moïse : Jésus notre Seigneur, le Bon Berger qui mène ses brebis vers les gras pâturages de la vie éternelle. Reconnaissons que nos vies à chacun de nous, ressemblent plus à un buisson d’épine qu’à une verte prairie : nous non plus, il vaut mieux ne pas trop nous approcher si on ne veut pas être écorché. Pourtant depuis le jour de notre baptême, le Feu de l’Esprit est tombé sur nous ; nous sommes entrés dans l’Alliance nouvelle et éternelle ; nous formons le nouveau peuple de Dieu qu’il conduit par son Fils et dans l’Esprit, aux sources vives du salut.
Non notre vie ne se limite pas aux épines visibles ; notre vie n’est pas qu’échec ; le péché n’a pas le dernier mot. Certes il ne s’agit pas de le nier : Jésus nous le dit clairement : « Si vous ne vous convertissez pas, vous mourrez tous dans votre péché ». Mais au cœur même de la mort qui résulte de ce péché, la vie a déjà surgit : celui qui se convertit, qui se tourne vers cette présence vivifiante du Dieu de la vie qui a voulu faire sa demeure en nous, celui-là vit déjà de sa vie. Ne savez vous pas qu’« ensevelis avec le Christ dans le baptême, avec lui encore vous avez été ressuscités puisque vous avez cru en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Vous êtes morts en effet, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col 2, 12 ; 3, 3).
Si nous restons repliés sur notre péché, sur nos échecs, sur notre médiocrité,… notre vie sera médiocre, nous ne ferons que prolonger la série des échecs, et cette triste aventure nous conduira à périr lamentablement, c’est-à-dire à sombrer dans une mort insensée. Mais si nous tournons les regards vers la lumière qui luit déjà dans nos ténèbres, nous deviendrons participants de la lumière, nous deviendrons des fils de lumière, des fils du Jour qui ne finira pas. La mort n’aura sur nous plus aucune emprise puisque nous serons passés de la mort à la vie dans le Christ.
Le carême ne nous est pas donné pour nous appesantir sur notre péché au risque de sombrer dans la désespérance ; nous sommes invités à nous rendre au désert pour y contempler cette chose merveilleuse : notre vie transfigurée par un feu qui brûle en nous sans nous consumer. La semaine passée nous avons contemplé Jésus transfiguré sur la Montagne sainte ; aujourd’hui nous sommes invités à accueillir cette même lumière dans nos vies ; ou plutôt à prendre conscience que ce Feu brûle déjà en nous, et qu’il ne tient qu’à nous qu’il embrase toute notre vie.
Jésus est ce jardinier céleste qui intercède pour nous auprès du vigneron son Père, afin qu’il lui permette de bêcher encore autour du buisson stérile de nos vies, dans l’espérance que nos yeux vont enfin s’ouvrir, et que nous verrons le don de Dieu. Alors nos vies transfigurées pourront enfin porter le fruit que le Père est en droit d’en attendre.
Que la Vierge Marie, parfaite image du Buisson Ardent, ouvre nos yeux sur les signes de la présence du Seigneur au cœur de nos vies ; sachons prendre le temps de relire les événements qui constituent la trame de notre existence quotidienne, pour y discerner son action bienveillante : à nous aussi, il pourvoit le pain et l’eau, l’essentiel pour que nous puissions continuer notre route.
Préparons-nous à nous laisser renouveler dans l’Alliance, en participant au banquet que Dieu nous offre au cœur de nos déserts : le Pain de la vie éternelle et la coupe du salut, qui nous donnent part à sa propre vie.
Père Joseph-Marie
La confession: le sacrement de l’humilité des fidèles
6 mars, 2010du site:
http://www.30giorni.it/fr/articolo.asp?id=21423
Archives de 30Jours
La confession: le sacrement de l’humilité des fidèles
par Lorenzo Cappelletti
«À notre époque, dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter». C’est ainsi que, dans la lettre qu’il avait envoyée à tous les évêques du monde le 10 mars dernier, Benoît XVI a décrit la condition de la foi aujourd’hui. Un peu moins d’un an auparavant, s’adressant aux participants d’un cours annuel organisé par la Pénitencerie apostolique, il avait recouru à des expressions similaires en soulignant que la pratique de la confession risque de «s’éteindre», ce qui est un symptôme de la «désaffection» générale que l’on constate même dans l’Église vis-à-vis de ce sacrement.
L’évocation de cette image – celle d’une flamme qui «s’éteint», qui s’affaiblit –, est en soi éloquente. Le sacrement de la confession décline lorsque la foi décline.
La cause de l’affaiblissement de la foi peut être la liberté de l’homme, lorsqu’on dit non, comme le jeune homme riche, à l’attraction amoureuse de la grâce. Il reste en tous cas que devant le fait que la foi risque de s’éteindre dans de vastes régions de la terre, ce qui est demandé avant tout, c’est la prière, car «lorsqu’il s’agit de la foi, c’est Dieu qui est le grand artisan. En effet Jésus a dit: nul ne vient à moi si le Père ne l’attire», disait Jean Paul Ier.
Vu que la principale cause de ce déclin du sacrement de la confession est le déclin de la foi, on peut ajouter que ce qui a aussi contribué à l’affaiblissement de la pratique de ce sacrement est le fait de centrer la vie des communautés chrétiennes plus sur les événements que sur la quotidienneté. Et la quotidienneté est faite de prière («la petite prière du matin» et «la petite prière du soir», comme l’a récemment rappelé le Pape aux enfants) et de pardon de nos fautes. «Quotidie petitores, quotidie debitores» (saint Augustin). Nous devons prier tous les jours, et tous les jours, nous devons être pardonnés. Dans la constitution Lumen gentium, le Concile Vatican II fait allusion au fait que c’est justement «dans l’ambiance où se meuvent la vie de famille et la vie sociale dont leur existence est comme tissée» que les fidèles «manifestent ainsi le Christ aux autres par le rayonnement de leur foi, de leur espérance et de leur charité» (n. 31).
De même, le fait que soit oubliée la tragique possibilité de commettre le péché de sacrilège lorsqu’on s’approche de la communion sans en être digne (cf. 1Co 11, 27-32) peut constituer une autre occasion du déclin de la pratique de la confession. Nous constatons avec douleur que dans l’Abrégé du Catéchisme de l’Église catholique, l’on ne parle plus du péché de sacrilège qui est commis lorsqu’au cours de la confession, l’on passe sous silence, de manière coupable, quelque péché mortel, et aussi lorsque l’on s’approche de l’Eucharistie sans en être digne, c’est-à-dire en état de péché mortel.
Lorsque l’on s’accuse de ses propres péchés de manière «humble, entière, sincère, prudente et brève», comme nous l’avons appris tout petits dans le Catéchisme de saint Pie X, dans le sacrement de la confession, en même temps que le pardon, l’on reçoit et l’on apprend aussi la grâce de l’humilité. Ainsi la confession est-elle vécue comme le sacrement de l’humilité des fidèles, qui permet de s’approcher dignement au sacrement de l’humilité du Seigneur, selon la merveilleuse définition que le Pape a donné de l’eucharistie comme «très saint et très humble sacrement».
La rubrique “Nova et vetera” offre à nouveau aux lecteurs l’article que Stefania Falasca a dédié en janvier 1999 au frère capucin Léopold Mandic, saint confesseur.
Ceux qui se confessaient au père Léopold apprenaient que l’on n’a pas besoin d’ajouter des discours à l’accusation de ses pauvres péchés (les confessions reçues par le père Léopold étaient généralement très brèves): le simple fait de se mettre à genoux pour se confesser sincèrement contient la douleur nécessaire et suffisante pour recevoir l’absolution.