Archive pour février, 2010
Liturgie orientale : « Qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive »
18 février, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100218
Le jeudi après les Cendres : Lc 9,22-25
Commentaire du jour
Liturgie orientale
Office de l’Exaltation de la Sainte Croix (trad. Mercenier, La Prière de rite byzantin, rev.)
« Qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive »
Salut, croix vivifiante, trophée invincible de la piété, porte du Paradis, réconfort des croyants, rempart de l’Eglise. C’est par toi que la corruption a été anéantie, la puissance de la mort engloutie et abolie, et que nous sommes élevés de la terre aux choses célestes. Tu es l’arme invincible, l’adversaire des démons, la gloire des martyrs, le véritable ornement des saints, la porte du salut…
Salut, croix du Seigneur, par qui l’humanité a été délivrée de la malédiction. Tu es le signe de la vraie joie ; quand tu es élevée, tu brises contre terre nos ennemis. Nous te vénérons, tu es notre secours, la force des rois, la fermeté des justes, la dignité des pécheurs…
Salut, croix précieuse, guide des aveugles, médecin des malades, résurrection de tous les morts. Tu nous as relevés lorsque nous étions tombés dans la souillure. C’est par toi qu’il a été mis fin à la corruption et que l’immortalité a fleuri ; c’est par toi que nous les mortels nous avons été divinisés, et que le démon a été complètement terrassé…
Ô Christ, ta croix précieuse, nous la vénérons aujourd’hui de nos lèvres indignes, nous qui sommes pécheurs. Nous te chantons, toi qui as voulu y être attaché ; et nous te crions comme le larron : « Rends-nous dignes de ton Royaume ! »
les Cendres
17 février, 2010Qu’est-ce que le Carême ?
17 février, 2010du site:
Qu’est-ce que le Carême ?
Le Carême est le temps de préparation à la fête de Pâques, cœur de la foi chrétienne, qui célèbre la résurrection du Christ.
Le Carême commence le Mercredi des cendres – mercredi 17 février 2010 – et s’achève le Samedi saint au soir, veille de Pâques – samedi 3 avril 2010.
La Semaine sainte – dernière semaine de Carême – qui commence avec le dimanche des Rameaux, commémore la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix. Le Samedi saint au soir et le dimanche de Pâques, les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ.
Le Carême est un temps de pénitence, entre le mercredi des Cendres et Pâques.
Symbole de pénitence dans le rite de l’imposition des cendres.
Fête chrétienne qui commémore l’entrée de Jésus à Jérusalem.
Centre de la foi et de l’espérance chrétienne.
Semaine qui précède la Pâque chrétienne.
Un temps de conversion
La durée du Carême – quarante jours sans compter les dimanches – fait en particulier référence aux quarante années passées au désert par le peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise ; elle renvoie aussi aux quarante jours passés par le Christ au désert (Matthieu 4, 1-11) entre son baptême et le début de sa vie publique. Ce chiffre de quarante symbolise les temps de préparation à de nouveaux commencements.
Le Carême, temps de conversion, repose sur la prière, la pénitence et le partage. La pénitence n’est pas une fin en soi, mais la recherche d’une plus grande disponibilité intérieure. Le partage peut prendre différentes formes, notamment celle du don.
Fait entrer le nouveau baptisé dans la communauté de l’Église.
Le Carême est un temps de pénitence, entre le mercredi des Cendres et Pâques.
Conversion de l’esprit et du coeur. Sacrement qui permet de recevoir le pardon des péchés.
Le Mercredi des cendres, premier jour du Carême
Le Mercredi des cendres, premier jour du Carême, est marqué par l’imposition des cendres : le prêtre dépose un peu de cendres sur le front de chaque fidèle, en signe de la fragilité de l’homme, mais aussi de l’espérance en la miséricorde de Dieu.
Tout en le marquant, le prêtre dit au fidèle : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». L’évangile de ce jour est un passage de saint Matthieu – chapitre 6, versets 1 à 6 et 16 à 18 – qui incite les fidèles à prier et agir, non pas de manière orgueilleuse et ostentatoire, mais dans le secret de leur cœur :
« Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que te donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais en secret (…)
Quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret (…) Quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement du Père qui est présent dans le secret ».
bonne nuit
17 février, 2010Saint Léon le Grand : « C’est maintenant le jour favorable, c’est maintenant le jour du salut » (2Co 6, 2)
17 février, 2010du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100217
Le mercredi des Cendres : Mt 6,1-6#Mt 6,16-18
Commentaire du jour
Saint Léon le Grand (?-v. 461), pape et docteur de l’Église
Quatrième sermon pour le Carême, 1-2 (trad. SC 49 bis, p. 101 rev.)
« C’est maintenant le jour favorable, c’est maintenant le jour du salut » (2Co 6, 2)
« Voici maintenant le jour du salut ! » Certes, il n’est pas de saison qui ne soit pleine des dons divins ; la grâce de Dieu nous ménage en tout temps l’accès à sa miséricorde. Pourtant, c’est maintenant que tous les coeurs doivent être stimulés avec plus d’ardeur à leur avancement spirituel et animés de plus de confiance, car le jour où nous avons été rachetés nous invite, par son retour, à toutes les oeuvres spirituelles. Ainsi célébrerons-nous, le corps et l’âme purifiés, le mystère qui l’emporte sur tous les autres : le sacrement de la Pâque du Seigneur.
De tels mystères exigeraient un effort spirituel sans défaillance…, en sorte que nous demeurions toujours sous le regard de Dieu, tels que devrait nous trouver la fête de Pâques. Mais cette force spirituelle n’est le fait que d’un petit nombre d’hommes ; pour nous au milieu des activités de cette vie, par la faiblesse de la chair, le zèle se détend… Pour rendre la pureté à nos âmes, le Seigneur a donc prévu le remède d’un entraînement de quarante jours, au cours desquels les fautes des autres temps puissent être rachetées par les bonnes oeuvres et consumées par les saints jeûnes… Prenons donc soin d’obéir au commandement de l’apôtre Paul : « Purifiez-vous de toute souillure de la chair et de l’esprit » (2Co 7,1).
Mais que notre manière de vivre soit en accord avec notre abstinence. Le tout du jeûne n’est pas dans la seule abstention de nourriture ; il n’y a aucun profit à soustraire les aliments au corps si le coeur ne se détourne pas de l’injustice, si la langue ne s’abstient pas de la calomnie… Ce temps, c’est celui de la douceur, de la patience, de la paix…; aujourd’hui, que l’âme forte s’habitue à pardonner les injustices, à compter pour rien les affronts, à oublier les injures… Mais que la retenue spirituelle ne soit pas triste ; qu’elle soit sainte. Qu’on n’entende pas le murmure des plaintes, car à ceux qui vivent ainsi la consolation des joies saintes ne manqueront jamais.
Mercredi du Cendres
16 février, 2010histoire du mercredi des Cendres
16 février, 2010du site:
http://www.croire.com/article/index.jsp?docId=2259061&rubId=214
histoire du mercredi des Cendres
Mercredi des Cendres
Le mercredi des Cendres marque l’entrée officielle en Carême et dans le cycle pascal
Il peut tomber n’importe quel mercredi entre le 4 février et le 10 mars, en fonction de la date de Pâques. Les cendres qui proviennent des rameaux de l’année précédente, brûlés pour l’occasion, sont déposées sur le front des fidèles. Celle coutume de se couvrir la tête de cendres – et à l’origine de se revêtir aussi d’un sac – est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (Jon 3.5-9 : Jr 6.26 ; 25- 34 ; Mt 1 1,21 ).
Aux commencements du christianisme
Ce rite des cendres n’était pas directement associé au début du Carême. Vers l’an 300. il fut adopté par certaines Églises locales et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publies de la communauté. Ces personnes s’étaient rendues coupables de péchés ou de scandales « majeurs » : apostasie. hérésie, meurtre et adultère (considérés comme des péchés « capitaux »).
Au VIIe siècle environ
Cette coutume donna lieu, dans certaines églises, à un rite public du mercredi des Cendres. Les pécheurs confessaient d’abord leurs péchés en privé. Puis ils étaient présentés a l’évêque et mis publiquement au rang des pénitents, ils devaient se préparer pour recevoir l’absolution donnée le Jeudi sainl. Après une imposition des mains et des cendres, ils étaient renvoyés de la communauté comme Adam et Eve l’avaient été du paradis. Bien sûr, on leur rappelait que la mort est la conséquence du péché : « Oui, tu es poussière et à cette poussière tu retourneras » (Gn 3,19). Les pénitents vivaient en marge de leur famille et du reste de la communauté chrétienne pendant les quarante jours du Carême (d’où l’expression de « quarantaine »). Le « sac » qu’ils avaient revêtu et la cendre dont ils étaient couverts permettaient de les reconnaître lors des assemblées ou, le plus souvent, aux portes de l’église où ils étaient relégués. Cette pratique pénitentielle impliquait généralement de s’abstenir de viande, d’alcool, de bain. Il était également interdit de se faire couper les cheveux, de se raser, d’avoir des relulions sexuelles et de gérer ses affaires. Selon les diocèses, il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie.
Au cours du Moyen Âge
C’est la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public, qui fut objet d’insistance. Par conséquent, tes traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées a tous les adultes de la paroisse, mais sous une forme mitigée. Au XIe siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd’hui- Depuis quelques années, il existe une alternative à la formule traditionnelle pour l’imposition des cendres. Elle met en valeur un aspect beaucoup plus positif du Carême : « Convertissez-vous et croyez à l’Evangile » (Mc 1,15).
Dans les Églises de Bretagne insulaire et d’Irlande, une nouvelle modalité pénitentielle se développa, entre le VIe et le VIIIe siècle, sous l’influence des moines celles. Il s’agissait d’une forme de pénitence personnelle et privée pour des péchés moins graves que ceux évoqués ci-dessus. Cette pratique, plus que le rite du mercredi des Cendres, allait contribuer a faire évoluer les modalités du sacrement de la réconciliation.
Trois sortes de traditions ont donné au Carême son caractère spécifique
1. celles qui favorisent un climat d’austérité ;
2. les pratiques pénilentielles. surtout en matière de jeûne et d’abstinence
3. les dévotions centrées sur la souffrance de Jésus.
Au cours de ces vingt dernières années, ces traditions ont été associées à des pratiques nouvelles, mettant l’accent sur une dimension plus positive du Carême.
Bon Carême !
Pape Benoît, Message pour le Carême 2010: La justice de Dieu s’est manifestée moyennant la foi au Christ (Rm 3, 21-22)
16 février, 2010du site:
MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR LE CARÊME 2010
La justice de Dieu s’est manifestée moyennant la foi au Christ (Rm 3, 21-22)
Chers frères et sœurs,
Chaque année, à l’occasion du carême, l’Église nous invite à une révision de vie sincère à la lumière des enseignements évangéliques. Cette année j’aimerais vous proposer quelques réflexions sur un vaste sujet, celui de la justice, à partir de l’affirmation de saint Paul : «La justice de Dieu s’est manifestée moyennant la foi au Christ. » (Rm 3, 21-22)
Justice : « dare cuique suum »
En un premier temps, je souhaite m’arrêter sur le sens du mot « justice » qui dans le langage commun revient à « donner à chacun ce qui lui est dû – dare cuique suum » selon la célèbre expression d’Ulpianus, juriste romain du III siècle. Toutefois cette définition courante ne précise pas en quoi consiste ce « suum » qu’il faut assurer à chacun. Or ce qui est essentiel pour l’homme ne peut être garanti par la loi. Pour qu’il puisse jouir d’une vie en plénitude il lui faut quelque chose de plus intime, de plus personnel et qui ne peut être accordé que gratuitement : nous pourrions dire qu’il s’agit pour l’homme de vivre de cet amour que Dieu seul peut lui communiquer, l’ayant créé à son image et à sa ressemblance. Certes les biens matériels sont utiles et nécessaires. D’ailleurs, Jésus lui-même a pris soin des malades, il a nourri les foules qui le suivaient et, sans aucun doute, il réprouve cette indifférence qui, aujourd’hui encore, condamne à mort des centaines de millions d’êtres humains faute de nourriture suffisante, d’eau et de soins. Cependant, la justice distributive ne rend pas à l’être humain tout ce qui lui est dû. L’homme a, en fait, essentiellement besoin de vivre de Dieu parce que ce qui lui est dû dépasse infiniment le pain. Saint Augustin observe à ce propos que « si la justice est la vertu qui rend à chacun ce qu’il lui est dû… alors il n’y a pas de justice humaine qui ôte l’homme au vrai Dieu» (De Civitate Dei XIX, 21)
D’où vient l’injustice?
L’évangéliste Marc nous transmet ces paroles de Jésus prononcées à son époque lors d’un débat sur ce qui est pur et ce qui est impur : « Il n’est rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller… ce qui sort de l’homme voilà ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du cœur des hommes que sortent les desseins pervers. » (Mc 7, 14-15 ; 20-21) Au-delà du problème immédiat de la nourriture, nous pouvons déceler dans la réaction des pharisiens une tentation permanente chez l’homme : celle de pointer l’origine du mal dans une cause extérieure. En y regardant de plus près, on constate que de nombreuses idéologies modernes véhiculent ce présupposé : puisque l’injustice vient du dehors, il suffit d’éliminer les causes extérieures qui empêchent l’accomplissement de la justice. Cette façon de penser, nous avertit Jésus, est naïve et aveugle. L’injustice, conséquence du mal, ne vient pas exclusivement de causes extérieures ; elle trouve son origine dans le cœur humain où l’on y découvre les fondements d’une mystérieuse complicité avec le mal. Le psalmiste le reconnaît douloureusement : « Vois dans la faute je suis né, dans le péché ma mère m’a conçu. » (Ps 51,7). Oui, l’homme est fragilisé par une blessure profonde qui diminue sa capacité à entrer en communion avec l’autre. Naturellement ouvert à la réciprocité libre de la communion, il découvre en lui une force de gravité étonnante qui l’amène à se replier sur lui-même, à s’affirmer au-dessus et en opposition aux autres : il s’agit de l’égoïsme, conséquence du péché originel. Adam et Eve ont été séduits par le mensonge du Satan. En s’emparant du fruit mystérieux, ils ont désobéi au commandement divin. Ils ont substitué une logique du soupçon et de la compétition à celle de la confiance en l’Amour, celle de l’accaparement anxieux et de l’autosuffisance à celle du recevoir et de l’attente confiante vis-à-vis de l’autre (cf. Gn 3, 1-6) de sorte qu’il en est résulté un sentiment d’inquiétude et d’insécurité. Comment l’homme peut-il se libérer de cette tendance égoïste et s’ouvrir à l’amour ?
Justice et Sedaqah
Au sein de la sagesse d’Israël, nous découvrons un lien profond entre la foi en ce Dieu qui « de la poussière relève le faible » (Ps 113,7) et la justice envers le prochain. Le mot sedaqah, qui désigne en hébreux la vertu de justice, exprime admirablement cette relation. Sedaqah signifie en effet l’acceptation totale de la volonté du Dieu d’Israël et la justice envers le prochain (cf. Ex 20,12-17), plus spécialement envers le pauvre, l’étranger, l’orphelin et la veuve (cf. Dt 10, 18-19). Ces deux propositions sont liées entre elles car, pour l’Israélite, donner au pauvre n’est que la réciprocité de ce que Dieu a fait pour lui : il s’est ému de la misère de son peuple. Ce n’est pas un hasard si le don de la Loi à Moïse, au Sinaï, a eu lieu après le passage de la Mer Rouge. En effet, l’écoute de la Loi suppose la foi en Dieu qui, le premier, a écouté les cris de son peuple et est descendu pour le libérer du pouvoir de l’Egypte ( cf. Ex 3,8). Dieu est attentif au cri de celui qui est dans la misère mais en retour demande à être écouté : il demande justice pour le pauvre (cf. Sir 4,4-5. 8-9), l’étranger (cf. Ex 22,20), l’esclave (cf. Dt 15, 12-18). Pour vivre de la justice, il est nécessaire de sortir de ce rêve qu’est l’autosuffisance, de ce profond repliement sur-soi qui génère l’injustice. En d’autres termes, il faut accepter un exode plus profond que celui que Dieu a réalisé avec Moïse, il faut une libération du cœur que la lettre de la Loi est impuissante à accomplir. Y a-t-il donc pour l’homme une espérance de justice ?
Le Christ, Justice de Dieu
L’annonce de la bonne nouvelle répond pleinement à la soif de justice de l’homme. L’apôtre saint Paul le souligne dans son Épître aux Romains : « Mais maintenant sans la Loi, la justice de Dieu s’est manifestée…par la foi en Jésus Christ à l’adresse de tous ceux qui croient. Car il n’y a pas de différence : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie par le Christ Jésus. Dieu l’a exposé instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi. » (3, 21-25)
Quelle est donc la justice du Christ ? C’est avant tout une justice née de la grâce où l’homme n’est pas sauveur et ne guérit ni lui-même ni les autres. Le fait que l’expiation s’accomplisse dans « le sang » du Christ signifie que l’homme n’est pas délivré du poids de ses fautes par ses sacrifices, mais par le geste d’amour de Dieu qui a une dimension infinie, jusqu’à faire passer en lui la malédiction qui était réservée à l’homme pour lui rendre la bénédiction réservée à Dieu (cf. Gal 3, 13-14). Mais immédiatement pourrait-on objecter : de quel type de justice s’agit-il si le juste meurt pour le coupable et le coupable reçoit en retour la bénédiction qui revient au juste ? Est-ce que chacun ne reçoit-il pas le contraire de ce qu’il lui est dû ? En réalité, ici, la justice divine se montre profondément différente de la justice humaine. Dieu a payé pour nous, en son Fils, le prix du rachat, un prix vraiment exorbitant. Face à la justice de la Croix, l’homme peut se révolter car elle manifeste la dépendance de l’homme, sa dépendance vis-à-vis d’un autre pour être pleinement lui-même. Se convertir au Christ, croire à l’Évangile, implique d’abandonner vraiment l’illusion d’être autosuffisant, de découvrir et accepter sa propre indigence ainsi que celle des autres et de Dieu, enfin de découvrir la nécessité de son pardon et de son amitié.
On comprend alors que la foi ne soit pas du tout quelque chose de naturel, de facile et d’évident : il faut être humble pour accepter que quelqu’un d’autre me libère de mon moi et me donne gratuitement en échange son soi. Cela s’accomplit spécifiquement dans les sacrement de la réconciliation et de l’eucharistie. Grâce à l’action du Christ, nous pouvons entrer dans une justice « plus grande », celle de l’amour (cf. Rm 13, 8-10), la justice de celui qui, dans quelque situation que ce soit, s’estime davantage débiteur que créancier parce qu’il a reçu plus que ce qu’il ne pouvait espérer.
Fort de cette expérience, le chrétien est invité à s’engager dans la construction de sociétés justes où tous reçoivent le nécessaire pour vivre selon leur dignité humaine et où la justice est vivifiée par l’amour.
Chers frères et sœurs, le temps du carême culmine dans le triduum pascal, au cours duquel cette année encore, nous célébrerons la justice divine, qui est plénitude de charité, de don et de salut. Que ce temps de pénitence soit pour chaque chrétien un temps de vraie conversion et d’intime connaissance du mystère du Christ venu accomplir toute justice. Formulant ces vœux, j’accorde à tous et de tout cœur ma bénédiction apostolique.
Cité du Vatican, le 30 octobre 2009
BENEDICTUS PP. XVI