Archive pour le 18 février, 2010

An unidentified Cardinal puts ash on Pope Benedict XVI…

18 février, 2010

An unidentified Cardinal puts ash on Pope Benedict XVI...  dans images

An unidentified Cardinal puts ash on Pope Benedict XVI’s head during the celebration of Ash Wednesday mass at the Basilica of Santa Sabina, in Rome, Wednesday, Feb. 17 2010. Ash Wednesday marks the beginning of Lent, a solemn period of 40 days of prayer and self-denial leading up to Easter.
(AP Photo/Alessia Pierdomenico, pool)

http://news.yahoo.com/nphotos/slideshow/ss/events/wl/033002pope#photoViewer=/100217/481/8279dd286cf24ba085f59453abb78a10

Père Cantalamessa: Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu (2007-03-09, anné C je croix – Première prédication de Carême )

18 février, 2010

du site:

http://www.cantalamessa.org/fr/predicheView.php?id=145

Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu 
 
2007-03-09- Première prédication de Carême
 
1. De la pureté rituelle à la pureté du cœur

Poursuivant notre réflexion sur les béatitudes évangéliques, commencée durant les semaines de l’Avent, nous voulons réfléchir, dans cette première méditation de Carême, sur la béatitude des cœurs purs. Quiconque lit ou entend proclamer aujourd’hui : « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu », pense instinctivement à la vertu de pureté, comme si la béatitude était l’équivalent positif et intériorisé du sixième commandement : ‘Tu ne commettras pas d’actes impurs’ ». Cette interprétation, avancée sporadiquement dans le courant de l’histoire de la spiritualité chrétienne, est devenue prédominante à partir du XIXème siècle.

En réalité, dans la pensée de Jésus, avoir le cœur pur n’est pas une vertu particulière, mais une qualité qui doit accompagner toutes les vertus, afin que celles-ci soient vraiment des vertus et non de « splendides vices ». Son contraire le plus direct n’est pas l’impureté mais l’hypocrisie. Un peu d’exégèse et d’histoire nous aideront à mieux comprendre.

Ce que Jésus entend par « cœur pur », se déduit clairement à partir du contexte du sermon sur la montagne. Selon l’Evangile, ce qui décide de la pureté ou de l’impureté d’une action – qu’il s’agisse de l’aumône, du jeûne ou de la prière – c’est l’intention, c’est-à-dire si cette action est faite pour être vue par les hommes, ou pour plaire à Dieu :

« Quand donc tu fais l’aumône, ne va pas le claironner devant toi ; ainsi font les hypocrites, dans les synagogues et les rues, afin d’être glorifiés par les hommes ; en vérité je vous le dis, ils tiennent déjà leur récompense. Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 2-6).

L’hypocrisie est le péché que Dieu dénonce avec le plus de force tout au long de la Bible, et la raison de cela est claire. En faisant acte d’hypocrisie l’homme déclasse Dieu, le relègue au second plan, et place devant les créatures, le public. « Il ne s’agit pas de ce que voient les hommes, car ils ne voient que les yeux, mais Yavhé voit le coeur » (1 S 16, 7) : cultiver l’apparence plus que le cœur, signifie donner plus d’importance à l’homme qu’à Dieu.

L’hypocrisie est donc essentiellement un manque de foi ; mais c’est aussi un manque de charité envers le prochain, dans ce sens qu’elle tend à réduire les personnes à des admirateurs. Elle ne leur reconnaît pas une dignité propre mais les voit uniquement en fonction de leur image.

Le jugement de Jésus sur l’hypocrisie est sans appel : Receperunt mercedem suam : ils ont déjà reçu leur récompense ! Une récompense qui est de plus illusoire, également sur le plan humain, puisque la gloire, on le sait, échappe à tous ceux qui la recherchent, et poursuit ceux qui la fuient.

Les paroles violentes que Jésus prononce contre les scribes et les pharisiens, qui sont toutes centrées sur l’opposition entre le « dedans » et le « dehors », l’intérieur et l’extérieur de l’homme, aident également à comprendre le sens de la béatitude des cœurs purs.

« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui ressemblez à des sépulcres blanchis : au-dehors ils ont belle apparence, mais au-dedans ils sont pleins d’ossements de morts et de toute pourriture ; vous de même, au-dehors vous offrez aux yeux des hommes l’apparence de justes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Mt 23, 27-28).

La révolution que Jésus réalise dans ce domaine est d’une portée incalculable. Avant lui, mises à part quelques rares allusions chez les prophètes et dans les psaumes (Ps 24, 3 : « Qui montera sur la montagne de Yahvé ? et qui se tiendra dans son lieu saint ? »), la pureté était présentée dans le sens de rite et de culte ; elle consistait à se tenir à l’écart des choses, des animaux, des personnes ou des lieux censés contaminer l’homme ou l’éloigner de la sainteté de Dieu. La naissance, la mort, l’alimentation, la sexualité, surtout, entrent dans ce cadre-là. C’était le cas aussi dans d’autres religions, en dehors de la Bible, sous d’autres formes et avec des présupposés différents.

Jésus fait table rase de tous ces tabous. Par les gestes qu’il accomplit tout d’abord : il mange avec les pécheurs, touche les lépreux, fréquente les païens : tout ce que l’on considérait comme potentiellement contaminant pour l’homme ; puis par les enseignements qu’il donne. Le ton solennel qu’il utilise pour introduire son discours sur le pur et l’impur fait comprendre combien lui-même était conscient de la nouveauté de son enseignement :

« Il n’est rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller, mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme… Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme » (Mc 7, 14-15. 21-23).

« Ainsi il déclarait purs tous les aliments », relève avec émerveillement l’évangéliste (Mc 7,19). Face à certains judéo-chrétiens qui souhaitent restaurer cette distinction entre pur et impur dans les aliments et dans d’autres secteurs de la vie, l’Eglise apostolique réaffirmera avec force : « Tout est pur pour les purs », omnia munda mundis (Tt 1, 15; cf. Rm 14, 20).

La pureté, comprise dans le sens de continence et de chasteté, n’est pas absente de la béatitude évangélique (parmi les choses qui polluent le cœur, Jésus cite également, nous l’avons entendu, « les débauches, l’adultère, l’impudicité »); mais la place qu’elle occupe est limitée et pour ainsi dire « secondaire ». C’est un domaine parmi d’autres. Ce qui est mis en évidence c’est la place qu’occupe le « cœur ». Il dit par exemple : « Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle » (Mt 5, 28).

En réalité, dans le Nouveau Testament, les mots « pur » et « pureté » (katharos, katharotes) ne servent jamais à indiquer ce que nous entendons nous aujourd’hui par ces mots, c’est-à-dire l’absence des péchés de la chair. C’est la raison pour laquelle on utilise d’autres mots : maîtrise de soi (enkrateia), tempérance (sophrosyne), chasteté (hagneia).

De tout ce qui a été dit, apparaît clairement que Jésus est l’homme au cœur pur par excellence. Ses adversaires sont obligés de dire de lui : « Maître, nous savons que tu es véridique et que tu ne te préoccupes pas de qui que ce soit ; car tu ne regardes pas au rang des personnes, mais tu enseignes en toute vérité la voie de Dieu » (Mc 12, 14). Jésus pouvait dire de lui : « Je ne cherche pas ma gloire » (Jn 8, 50).

2. Un aperçu historique

Dans l’exégèse des Pères nous voyons se profiler très vite les trois directions fondamentales vers lesquelles la béatitude des cœurs purs tendra et auxquelles l’histoire de la spiritualité chrétienne donnera son interprétation : morale, mystique et ascétique. L’interprétation morale met l’accent sur la rectitude d’intention, l’interprétation mystique sur la vision de Dieu, l’interprétation ascétique sur la lutte contre les passions de la chair. Ces trois exemples sont expliqués, respectivement, par Augustin, Grégoire de Nysse et Jean Chrysostome.

En respectant fidèlement le contexte évangélique, Augustin interprète la béatitude d’un point de vue moral, comme un refus de « pratiquer votre justice devant les hommes pour vous faire remarquer d’eux » (Mt 6, 1), donc comme quelque chose de simple et de franc qui s’oppose à l’hypocrisie. « Seul celui qui s’élève au dessus des louanges humaines ; qui, en faisant le bien, n’a en vue et ne cherche à plaire qu’à Celui qui pénètre les consciences, a le cœur simple, c’est-à-dire pur » (1), écrit-il.

Le facteur qui décide si notre cœur est pur ou pas est ici l’intention. « Nos actes sont honnêtes et agréables à Dieu, si nous les accomplissons d’un cœur pur, c’est à dire tourné vers le ciel, dans un but d’amour … Ce n’est donc pas tant l’acte en soi qu’il nous faut considérer mais l’intention avec laquelle on l’accomplit » (2). Ce modèle interprétatif qui fait levier sur l’intention se perpétuera dans toute la tradition spirituelle postérieure, spécialement dans la tradition ignacienne (3).

L’interprétation mystique dont l’initiateur est Grégoire de Nysse, interprète la béatitude en fonction de la contemplation. Il faut purifier son cœur de tout lien avec le monde et avec le mal ; de cette manière le cœur de l’homme redeviendra cette image de Dieu pure et limpide qu’il était au commencement et la créature pourra « voir Dieu » dans son âme comme dans un miroir. « Si, avec une vie consciencieuse et attentive, tu laves les laideurs qui se sont déposées sur ton cœur, la beauté divine resplendira en toi… En te regardant, tu verras en toi celui qui est le désir de ton cœur et tu seras bienheureux » (4).

Ici le poids est entièrement sur l’apodose, sur le fruit promis à la béatitude ; avoir le cœur pur est le moyen ; l’objectif est « voir Dieu ». On note, au niveau du langage, une influence de la spéculation de Plotin qui est encore plus claire chez saint Basile (5).

Cette ligne interprétative aura également une suite dans toute l’histoire successive de la spiritualité chrétienne qui passe par saint Bernard, saint Bonaventure et les mystiques rhénans (6). Dans certains milieux monastiques on ajoute toutefois une idée nouvelle et intéressante : celle de la pureté comme unification intérieure que l’on obtient en voulant une seule chose, lorsque cette « chose » est Dieu. Saint Bernard écrit : « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu. Comme si on disait : purifie ton cœur, sépare-toi de tout, c’est-à-dire soit seulement moine, cherche une seule chose du Seigneur et poursuis-la (cf. Ps 27, 4), libère-toi de tout et tu verras Dieu (cf. Ps 46, 11) (7).

L’interprétation ascétique en fonction de la chasteté, qui deviendra prédominante, je le disais, à partir du XIXème siècle est en revanche assez isolée. Saint Jean Chrysostome en fournit l’exemple le plus clair (8). En suivant cette ligne, le mystique Ruusbroec distingue une chasteté de l’esprit, une chasteté du cœur et une chasteté du corps. La béatitude évangélique se réfère à la chasteté du cœur. Celle-ci, écrit-il, « rassemble et renforce les sens extérieurs, tandis qu’à l’intérieur, elle freine et maîtrise les instincts brutaux… elle ferme le cœur aux réalités terrestres et aux appâts trompeurs, tandis qu’elle l’ouvre aux réalités célestes et à la vérité » (9).

Avec des niveaux de bonheur différents, toutes ces interprétations orthodoxes restent dans le cadre de l’horizon nouveau de la révolution opérée par Jésus qui reconduit tout discours moral au cœur. Paradoxalement, ceux qui ont trahi la béatitude évangélique des purs (katharoi) de cœur sont précisément ceux qui en ont tiré leur nom : les cathares avec tous les mouvements semblables qui les ont précédés et suivis dans l’histoire du christianisme. Ceux-ci tombent en effet dans la catégorie de ceux qui font consister la pureté dans le fait d’être séparés, sur le plan rituel et social, de personnes et de choses jugées impures en soi, dans une pureté plus extérieure qu’intérieure. Ce sont les héritiers du radicalisme sectaire des pharisiens et des esséniens plus que de l’évangile du Christ.

3. L’hypocrisie laïque

On met souvent en relief la portée sociale et culturelle de certaines béatitudes. Il n’est pas rare de trouver écrit sur les banderoles de cortèges pacifistes « Heureux les artisans de paix ». La béatitude des doux qui possèderont la terre est à juste titre invoquée en faveur du principe de la non-violence, pour ne pas parler ensuite de la béatitude des pauvres et des persécutés par la justice. Mais on ne parle jamais de l’importance sociale de la béatitude des cœurs purs, apparemment reléguée au domaine strictement personnel. Je suis convaincu au contraire que cette béatitude peut exercer aujourd’hui une fonction critique dans notre société.

Nous avons vu que pour Jésus, la pureté du cœur ne s’oppose pas, tout d’abord, à l’impureté mais à l’hypocrisie. Un défaut très courant chez l’homme et qui est pourtant si peu confessé. Il y a des hypocrisies individuelles et des hypocrisies collectives.

L’homme – écrit Pascal – a deux vies : sa vraie vie et une vie imaginaire, qui vit dans l’opinion, la sienne ou celle des autres. Nous travaillons sans cesse à embellir et conserver notre être imaginaire et négligeons le véritable. Si nous possédons une vertu ou un mérite, nous nous empressons de le faire savoir, d’une manière ou d’une autre, pour enrichir notre être imaginaire de cette vertu ou de ce mérite, quitte même à nous en passer, pour lui ajouter quelque chose, jusqu’à accepter parfois d’être lâche pour sembler courageux et de donner même sa vie pourvu que les gens en parlent (10).

Cette tendance à donner plus d’importance à l’image qu’à la réalité – mise en lumière par Pascal –, est fortement accentuée par notre culture actuelle, dominée par les mass media (film, télévision et monde du spectacle en général). Descartes dit : Cogito ergo sum, je pense donc je suis ; mais aujourd’hui on tend plutôt à remplacer cela par « je parais, donc je suis ».

A l’origine, le terme hypocrisie était réservé à l’art du théâtre. Il signifiait simplement réciter, représenter sur scène. Saint Augustin le rappelle dans son commentaire sur la béatitude des cœurs purs. « Les hypocrites – écrit-il – sont des auteurs de fictions comme des présentateurs d’autres caractères dans les représentations théâtrales » (11).

L’origine du mot nous met sur la voie pour découvrir la nature de l’hypocrisie. Elle consiste à faire de sa vie un théâtre où l’on récite devant un public; à mettre un masque, à cesser d’être une personne pour devenir un personnage. J’ai lu quelque part cette caractérisation des deux choses : « Le personnage n’est autre que la corruption de la personne. La personne est un visage, le personnage un masque. La personne est nudité radicale, le personnage tout habillement. La personne aime ce qui est authentique et essentiel, le personnage vit de fiction et d’artifices. La personne obéit à ses propres convictions, le personnage obéit à un scénario. La personne interprète la vie comme une traversée du désert, le personnage ne connaît que l’espace d’une brève apparition sur scène. La personne est humble et légère, le personnage est lourd et encombrant ».

Mais la fiction théâtrale est une hypocrisie innocente car, malgré tout, elle fait toujours la distinction entre la scène et la vie. Ce n’est pas parce qu’Agamemnon est sur scène (l’exemple cité par Augustin) que les spectateurs pensent que la personne qui joue est vraiment Agamemnon. Or aujourd’hui on assiste à un fait nouveau et inquiétant qui consiste à vouloir annuler ce décalage, et transformer la vie même en spectacle. C’est ce que prétendent les « reality show » qui envahissent désormais les chaînes de télévision dans le monde entier.

Selon le philosophe français Jean Baudrillard, décédé il y a trois jours, il est désormais devenu difficile de distinguer les événements réels (11 septembre, guerre du Golfe) de leur représentation médiatique. On confond ce qui est réel et ce qui est virtuel.

Le rappel à l’intériorité qui caractérise notre béatitude et tout le sermon sur la montagne est une invitation à ne pas se laisser emporter par cette tendance qui cherche à vider la personne, la réduisant à une image, ou pire (selon un terme cher à Baudrillard) à un simulacre.

Kierkegaard montre que l’aliénation est le résultat d’une existence vécue dans la « pure extériorité », toujours et uniquement devant les hommes, et jamais devant Dieu et son propre moi. Un gardien de troupeau – relève-t-il – peut être un « moi » face à ses vaches, s’il vit toujours avec elles et qu’il n’a qu’elles pour se confronter. Un roi peut être un « moi » face à ses sujets et se sentir un « moi » important. Même chose pour l’enfant par rapport à ses parents, ou pour le citoyen face à l’Etat…Mais ce sera toujours un « moi » imparfait, car il manque la mesure. « Quelle réalité infinie mon ‘moi’ acquiert-il en revanche, quand il prend conscience d’exister devant Dieu, et qu’il devient un ‘moi’ humain dont Dieu constitue la mesure…Quel accent infini tombe sur le ‘moi’ au moment où il obtient Dieu comme mesure ! ».

On dirait un commentaire du dicton de saint François d’Assise : « Ce qu’est l’homme qui est devant Dieu, voilà ce qu’il est et rien de plus » (12).

4. L’hyprocrisie religieuse

Ce que l’on peut faire de pire, en parlant d’hypocrisie, c’est de s’en servir uniquement pour juger les autres, la société, la culture, le monde. C’est précisément ceux-là que Jésus qualifie d’hypocrites : « Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton oeil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’oeil de ton frère ! » (Mt 7, 5).

En tant que croyants, nous devons rappeler le dicton d’un rabbin juif de l’époque du Christ qui affirmait que 90% de l’hypocrisie du monde se trouvait alors à Jérusalem (13). Le martyr saint Ignace d’Antioche sentait déjà le besoin de réprimander ses frères dans la foi en écrivant : « Il vaut mieux être chrétiens sans le dire que le dire sans l’être » (14).

L’hypocrisie trompe surtout les personnes pieuses et religieuses et la raison en est simple : là où l’estime des valeurs de l’esprit, de la piété et de la vertu (ou de l’orthodoxie !) est particulièrement forte, la tentation de les exhiber pour ne pas en sembler privé, est également forte. C’est parfois notre propre fonction qui nous pousse à le faire. « Or, comme l’intérêt de la société humaine – écrit saint Augustin dans les Confessions – y fait un devoir de l’amour et de la crainte, l’ennemi de notre véritable félicité nous presse, et par tous les pièges qu’il sème sous nos pas, il nous crie : Courage, courage ! Il veut que notre avidité à recueillir nous laisse surprendre ; il veut que nos joies se déplacent et quittent votre vérité pour se fixer au mensonge des hommes ; il veut que nous prenions plaisir à nous faire aimer et craindre, non pour vous, mais au lieu de vous » (15).

L’hypocrisie la plus pernicieuse serait de cacher… sa propre hypocrisie. Dans aucun schéma d’examen de conscience je ne me souviens avoir trouvé la question : « Ai-je été hypocrite ? Me suis-je préoccupé davantage du regard des hommes sur moi que de celui de Dieu ? » A un moment donné de ma vie, j’ai dû introduire moi-même ces questions dans mon examen de conscience et j’ai rarement pu passer indemne à la question suivante…

Un jour, le passage d’Evangile de la messe était la parabole des talents. En l’écoutant j’ai brusquement compris une chose. Entre la possibilité de faire fructifier les talents et celle de ne pas les faire fructifier il existe une troisième possibilité : celle de les faire fructifier mais pour soi-même, non pour le patron, pour sa propre gloire ou son propre avantage, et ceci est peut-être un péché plus grave que de les enterrer. Ce jour-là, au moment de la communion, j’ai dû faire comme le voleur surpris en flagrant délit qui, rempli de honte, vide ses poches et jette aux pieds du propriétaire tout ce qu’il lui a dérobé.

Jésus nous a laissé un moyen simple et exceptionnel pour rectifier nos intentions plusieurs fois par jour, les trois premières demandes du Notre Père : « Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne. Que ta volonté soit faite ». Elles peuvent être récitées comme des prières mais également comme des déclarations d’intention : tout ce que je fais, je veux le faire afin que ton nom soit sanctifié, afin que ton règne vienne et que ta volonté soit faite.

Ce serait une contribution précieuse pour la société et pour la communauté chrétienne si la béatitude des cœurs purs nous aidait à garder vivante en nous la nostalgie d’un monde propre, vrai, sincère, sans hypocrisie, ni religieuse ni laïque ; un monde dans lequel les actions correspondent aux paroles, les paroles aux pensées et les pensées de l’homme à celles de Dieu. Ceci n’adviendra pleinement que dans la Jérusalem céleste, la ville toute faite de verre, mais nous devons au moins tendre vers cela.

Une auteure de fables a écrit une fable intitulée « Le pays de verre ». Elle parle d’une enfant qui arrive, comme par magie, dans un pays de verre : avec des maisons en verre, des oiseaux en verre, des arbres en verre, des personnes qui se meuvent comme de gracieuses statues de verre. Rien ne s’est jamais brisé car tous ont appris à s’y mouvoir avec délicatesse pour ne pas se faire de mal. Lorsqu’elles se rencontrent, les personnes répondent aux questions avant que celles-ci ne soient formulées car même les pensées sont devenues ouvertes et transparentes ; personne n’essaie plus de mentir, sachant que tous peuvent lire ce que l’autre pense (16).

On frissonne à l’idée de ce qui se passerait si cela arrivait maintenant parmi nous ; mais il est salutaire de tendre au moins vers un tel idéal. C’est le chemin qui porte à la béatitude que nous avons tenté de commenter : « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu ».

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NOTES
(1) St Augustin, De sermone Domini in monte, II, 1,1 (CC 35, 92)
(2) Ib. II, 13, 45-46.
(3) cf. Jean-François de Reims, La vraie perfection de cette vie, 2e partie, Paris 1651, Instr. 4, p.160 s).
(4) Grégoire de Nysse, De beatitudinibus, 6 (PG 44, 1272).
(5) St Basile, Sullo Spirito Santo, IX,23; XXII,53 (PG 32, 109.168).
(6) Cf. Michel Dupuy, Pureté, purification, in DSpir. 12, coll, 2637-2645.
(7) St Bernard de Claivaux, Sententiae, III, 2 (S. Bernardi Opera, ed. J. Leclerq – H. M. Rochais).
(8) St Jean Chrysostome, Homiliae in Mattheum, 15,4.
(9) Giovanni Ruusboec, Lo splendore delle nozze spirituali, Roma, Città Nuova 1992, pp.72 s.
(10) Cf. B. Pascal, Pensées, 147 Br.
(11) St Augustin, De sermone Domini in monte, 2,5 (CC 35, p. 95).
(12) St François d’Assise, Ammonizioni, 19 (Fonti Francescane, n.169).
(13) Cf. Strack-Billerbeck, I, 718.
(14) St Ignace d’Antioche, Efesini 15,1 (“È meglio non dire ed essere che dire e non essere”) et Magnesiaci, 4 (“Bisogna non solo dirsi cristiani, ma esserlo”).
(15) Cf. St Augustin, Confessions, X, 36, 59.
(16) Lauretta, Il bosco dei lillà, Ancora, Milano, 2° ed. 1994, pp. 90 ss.

ZENIT 

LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS SUR LE JEÛNE

18 février, 2010

du site:

http://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/jeuner.htm

LES ENSEIGNEMENTS DE JÉSUS SUR LE JEÛNE

L’enseignement de Jésus concernant le jeûne est très important pour nous assurer que nos efforts de jeûne porteront fruit. Car le jeûne n’est pas sans danger ; il peut devenir lui-même occasion de chute et, plutôt que d’être un moyen de s’approcher de Dieu, le jeûne peut même nous en éloigner.

Les juifs pratiquaient le jeûne comme ascèse personnelle et collective, comme nous l’apprennent l’Ancien et le Nouveau Testament. Dans le Nouveau Testament, nous voyons que les disciples de Jean le Baptiste, ainsi que ceux des Pharisiens, jeûnaient et que Jésus lui-même, avant d’entreprendre sa vie publique a jeûné pendant quarante jours. À la suite de ce jeûne il a été tenté par Satan (Mt 4, 1-11; Lc 4, 1-13). Voilà donc la première leçon à retenir des récits évangéliques concernant le jeûne : Jésus nous enseigne l’importance du jeûne par l’exemple de son propre jeûne avant de commencer sa vie publique. Ce n’est pas par hasard que la première tentation de Jésus concerne justement la nourriture, car le Malin cherche à éprouver Jésus là où il perçoit un point faible, là où Jésus a volontairement affaibli son corps humain ; l’Évangile nous dit qu’après avoir jeûné pendant quarante jours, Jésus « eut faim ». Et le Tentateur suggère à Jésus de combler sa faim en exerçant son pouvoir divin de changer des pierres en pain. La réplique de Jésus pour écarter la tentation est tirée du Deutéronome : Ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Dt 8, 3).

Ici, le « pain » ne signifie pas seulement la nourriture dont l’homme a besoin pour la vie de son corps, mais plutôt tout ce qui « nourrit » les sens, tout ce qui convient au corps. Dans son sens plus large le « pain » est également tout ce qui est créé, toute créature, tout ce qui nourrit l’affectivité et l’intellect de l’homme. Bref, tout ce qui n’est pas Dieu lui-même. Ainsi que le corps de l’homme se nourrit d’aliments physiques pour survivre, l’esprit de l’homme, créé à l’image de Dieu, se nourrit de la parole de Dieu, donc de Dieu lui-même. Pour accéder à toute la noblesse de sa nature humaine créée à l’image et faite à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26), l’homme a besoin de la nourriture spirituelle que constitue la parole de Dieu.

La réponse de Jésus à Satan dénonce le mensonge du Malin, que l’homme peut se nourrir des créatures, qu’il peut trouver la vie éternelle pour laquelle il a été créé ailleurs qu’en Dieu lui-même. C’est le même mensonge que le Tentateur proféra à Adam : Vous ne mourrez pas ! Dieu le sait : le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais (Gn 3, 5). Alors qu’Adam, le premier homme, a mangé du fruit interdit à l’invitation du Malin, espérant ainsi trouver la vie éternelle sans Dieu, et qu’il a entraîné la chute de l’humanité, le Christ, le nouvel Adam, refoule le mensonge du Malin et expie la faute d’Adam, rétablissant l’humanité sur la bonne voie, celle voulue par Dieu depuis toute éternité : que l’homme trouve sa nourriture en Dieu lui-même, devenant véritablement « enfant de Dieu », partageant la vie divine.

Les circonstances du jeûne de Jésus nous aident également à comprendre le sens spirituel du jeûne. Le jeûne de Jésus eut lieu « au désert », c’est-à-dire dans un lieu aride, solitaire, éloigné des villes et des hommes, là où il n’y a que peu de végétation et d’eau. Aujourd’hui, on dirait qu’il y a peu de « distractions » – ce qui nous « distrait » de Dieu. C’est ainsi que doit être le « lieu » de notre jeûne, loin des « distractions », nous permettant d’entrer dans le « désert », à la fois le désert physique, ne serait-ce que notre chambre, et le désert spirituel, celui de notre cœur, afin de nous préparer à la rencontre avec Dieu : le désert est le lieu où je suis seul avec Dieu.

Le désert est aussi le lieu de la tentation : le moment le plus propice à la rencontre avec Dieu est aussi le moment où le Malin cherche à nous faire chuter, car il sait que c’est au désert que nous avons la possibilité de rejoindre la grâce divine. Si Jésus a été tenté suite à son jeûne, comment pensons-nous nous échapper de la tentation ? Le jeûne, la privation des plaisirs des sens, est accompagné de tentations, non seulement celle d’abandonner le jeûne, mais d’autres encore – il ne faut pas oublier que Jésus subit deux autres tentations après celle du pain.

Si donc le jeûne entraîne de tels risques, comment pouvons-nous nous préparer pour la lutte inévitable ? Jésus nous donne une réponse dans le texte de l’Évangile de Marc : Cette espèce-là ne peut sortir que par la prière et le jeûne (Mc 9, 25-29). Jésus nous enseigne ici à associer la prière au jeûne, si nous voulons expulser les « esprits impurs » qui cherchent à s’installer en nous. Nous acquérons les bénéfices du jeûne seulement si le jeûne est complété par la prière, un effort de prière supplémentaire pendant la période du jeûne – se nourrir en Dieu, s’unir à lui par la prière. L’effort ascétique, la maîtrise de soi, de ses « passions » comme diraient les Pères du désert, doit être associé à la prière ; les deux sont essentiels pour le progrès spirituel.

Le deuxième texte de l’Évangile de Matthieu (Mt 6, 16-18), qui fait partie du Sermon sur la Montagne, est une mise en garde concernant une des tentations accompagnant le jeûne. Le jeûne n’est pas un but en soi et de nos jours on pratique le jeûne pour toute sorte de raisons qui ne relèvent pas du domaine spirituel. Le jeûne peut devenir lui-même une occasion de chute. Jésus souligne en particulier le risque de vaine gloire en faisant allusion à ceux qui s’assurent que leur jeûne soit remarqué par les hommes. Notre jeûne doit être un acte devant Dieu et non devant les hommes, pas même nos confrères dans la foi. Celui qui jeûne se place devant Dieu, son jeûne est une offrande à Dieu, et non aux hommes.

Dans le texte de l’Évangile de Luc (Lc 5, 33-35), les Pharisiens essaient d’embarrasser Jésus en lui reprochant que ses disciples ne jeûnent pas, alors que ceux de Jean le Baptiste et des Pharisiens jeûnent souvent. Sans répondre directement, Jésus demande s’il est approprié que les compagnons de l’époux jeûnent pendant que l’époux est avec eux – c’est-à-dire à l’occasion du mariage proche. La réponse qui s’impose est « non », le jeûne n’est pas approprié à ce moment-là, mais, comme l’indique Jésus en disant qu’ils jeûneront lorsque l’époux ne sera plus avec eux. L’époux c’est Jésus lui-même, et pendant qu’il est avec ses disciples, ils sont nourris et rassasiés par sa présence ; ils les comble du pain de vie de sa parole. Quand l’époux leur aura été enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là. Le jeûne n’a de sens que pour celui qui sait ce qui est la nourriture ou y aspire de tout son être, et qui, dans la privation, souffre de l’absence de ce qui le rassasie.

Donc il y a des moments pour jeûner, et des moments pour ne pas jeûner – quand l’époux est avec nous. L’année liturgique étant un rappel de la vie de Jésus, de la Mère de Dieu et des saints, l’Église orthodoxe indique certains jours et certaines périodes pour le jeûne, quand nous sommes dans l’attente de l’Époux, et certaines périodes où le jeûne n’est pas indiqué – quand « l’Époux est avec nous », surtout les jours des grandes fêtes liturgiques, même chaque dimanche, le jour de la Résurrection du Christ. Même pendant le Grand Carême, le jeûne n’est pas total tous les jours, car il y un allégement du jeûne les samedis et dimanches.

L’enseignement le plus important à retenir est peut-être la nécessité d’associer la prière au jeûne, la prière afin de pouvoir accomplir l’effort nécessaire, mais encore plus important, la prière en tant que rapprochement de Dieu – le jeûne nous présente la possibilité de nous unir d’avantage à Dieu par la prière : « La prière est une conversation de l’intelligence avec Dieu » (Évagre le Pontique, Chapitres sur la prière, 3).

« Lectio divina » de Benoît XVI au séminaire pontifical romain

18 février, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23540?l=french

« Lectio divina » de Benoît XVI au séminaire pontifical romain

Texte intégral

ROME, Mercredi 17 février 2010 (ZENIT.org) – « Dans le Christ, Dieu s’est manifesté comme raison et amour », a expliqué Benoît XVI à ses séminaristes du grand séminaire pontifical romain, au Latran, dans une « Lectio divina », vendredi dernier, 12 février 2010. Le pape a parlé d’abondance du cœur, sans discours préparé.

Nous publions ci-dessous le texte de son intervention.

Eminence, Excellences, chers amis,

C’est pour moi une grande joie de me retrouver chaque année avec les séminaristes du diocèse de Rome, avec les jeunes qui se préparent à répondre à l’appel du Seigneur pour être des travailleurs dans sa vigne, des prêtres de son mystère. C’est la joie de voir que l’Eglise vit, que l’avenir de l’Eglise est présent également sur nos terres, précisément à Rome aussi.

En cette Année sacerdotale, nous voulons être particulièrement attentifs aux paroles du Seigneur concernant notre service. Le passage de l’Evangile qui vient d’être lu parle indirectement, mais profondément, de notre Sacrement, de notre appel à être dans la vigne du Seigneur, à être des serviteurs de son mystère.

Dans ce bref passage, nous trouvons plusieurs paroles-clés, qui donnent l’indication de l’annonce que le Seigneur veut faire à travers ce texte: « Demeurer »: dans ce bref passage, nous trouvons dix fois le mot « demeurer »; ensuite, le nouveau commandement: « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis », « Donnez du fruit »; et, finalement: « Demandez, priez et il vous sera donné, la joie vous sera donnée ». Nous prions le Seigneur pour qu’il nous aide à entrer dans le sens de ses paroles, pour que ces paroles puissent pénétrer notre coeur et puissent ainsi être la voie et la vie en nous, avec nous et à travers nous.

La première parole est: « Demeurez en moi, dans mon amour ». Demeurer dans le Seigneur est fondamental comme premier thème de ce passage. Demeurer: où? Dans l’amour, dans l’amour du Christ, dans le fait d’être aimés et d’aimer le Seigneur. Tout le chapitre 15 concrétise le lieu où nous demeurons, car les huit premiers versets exposent et présentent la parabole de la vigne: « Je suis la vigne et vous les sarments ». La vigne est une image vétéro-testamentaire que nous trouvons aussi bien chez les prophètes, que dans les psaumes et elle a une double signification: c’est une parabole pour le peuple de Dieu, qui est sa vigne. Il a planté une vigne dans ce monde, il a cultivé cette vigne, protégé sa vigne, mais dans quelle intention? Naturellement dans l’intention de trouver du fruit, de trouver le don précieux du raisin, du bon vin.

C’est ainsi qu’apparaît la deuxième signification: le vin est le symbole, est l’expression de la joie de l’amour. Le Seigneur a créé son peuple pour trouver la réponse de son amour et, ainsi, cette image de la vigne possède une signification sponsale, elle est l’expression du fait que Dieu cherche l’amour de sa créature, veut entrer dans une relation d’amour, dans une relation sponsale avec le monde, à travers le peuple qu’il a élu.

Mais ensuite, dans les faits concrets, l’histoire est une histoire d’infidélité: au lieu de raisins précieux ne sont produites que de petites « choses immangeables », aucune réponse n’est donnée à ce grand amour, il ne naît pas d’unité, d’union sans condition entre l’homme et Dieu, dans la communion de l’amour. L’homme se retire en lui-même, il veut se posséder lui-même uniquement pour lui, il veut avoir Dieu pour lui, il veut avoir le monde pour lui. Et ainsi, la vigne est dévastée, le sanglier du bois, tous les ennemis arrivent, et la vigne devient un désert.

Mais Dieu ne se rend pas: Dieu trouve une nouvelle manière pour arriver à un amour libre, irrévocable, au fruit de cet amour, au raisin véritable: Dieu se fait homme, et ainsi Il devient lui-même racine de la vigne, Il devient lui-même la vigne, et ainsi la vigne devient indestructible. Ce peuple de Dieu ne peut pas être détruit, car Dieu lui-même y est entré, il s’est implanté dans cette terre. Le nouveau peuple de Dieu est réellement fondé en Dieu lui-même, qui se fait homme et nous appelle ainsi à être en Lui la nouvelle vigne et nous appelle à rester, à demeurer en Lui.

Il faut en outre avoir à l’esprit que, dans le chapitre 6 de l’Evangile de Jean, nous trouvons le discours sur le pain, qui devient le grand discours sur le mystère eucharistique. Dans ce chapitre 15, nous trouvons le discours sur le vin: le Seigneur ne parle pas explicitement de l’Eucharistie, mais, naturellement, derrière le mystère du vin se trouve la réalité selon laquelle Il s’est fait fruit et vin pour nous, le fait que son sang est le fruit de l’amour qui naît de la terre pour toujours et que, dans l’Eucharistie, son sang devient notre sang, nous nous renouvelons, nous recevons une nouvelle identité, car le sang de Jésus devient notre sang. Nous sommes ainsi parents avec Dieu dans le Fils et, dans l’Eucharistie, cette grande réalité de la vigne devient réalité, dans laquelle nous sommes des sarments unis au Fils et unis de cette manière dans l’amour éternel.

« Demeurez »: demeurer dans ce grand mystère, demeurer dans ce nouveau don du Seigneur, qui a fait de nous un peuple en lui, dans son Corps et avec son Sang. Il me semble que nous devons beaucoup méditer sur ce mystère, c’est-à-dire que Dieu lui-même se fait Corps, un avec nous; que nous pouvons demeurer – en demeurant dans ce mystère – dans la communion avec Dieu lui-même, dans cette grande histoire d’amour, qui est l’histoire du véritable bonheur. En méditant ce don – Dieu s’est fait un avec nous tous et, dans le même temps, il nous fait un, une seule vigne – nous devons également commencer à prier, afin que ce mystère pénètre toujours davantage dans notre esprit, dans notre coeur, et que nous soyons toujours plus capables de voir et de vivre la grandeur du mystère, et ainsi de commencer à réaliser cet impératif: « Demeurez ».

Si nous continuons à lire attentivement ce passage de l’Evangile de Jean, nous trouvons également un deuxième impératif: « Demeurez » et « Observez mes commandements ». « Observez » n’est que le deuxième niveau; le premier est celui de « demeurer », le niveau ontologique; c’est-à-dire que nous nous sommes unis à Lui, qui s’est donné Lui-même à nous comme anticipation, qui nous a déjà donné son amour, le fruit. Ce n’est pas nous qui devons produire le grand fruit; le christianisme n’est pas un moralisme, ce n’est pas nous qui devons faire ce que Dieu s’attend du monde, mais nous devons tout d’abord entrer dans ce mystère ontologique: Dieu se donne Lui-même. Son être, son amour, précède notre agir et, dans le fait d’être avec Lui, identifiés à Lui, ennoblis par son sang, nous pouvons nous aussi agir avec le Christ.

L’éthique est une conséquence de l’être: le Seigneur nous donne tout d’abord un nouvel être, tel est le grand don; l’être précède l’agir et ensuite, de cet être, découle l’agir, comme une réalité organique; car ce que nous sommes, nous pouvons l’être également dans notre activité. Et ainsi, nous rendons grâce au Seigneur, car il nous a détournés du pur moralisme; nous ne pouvons pas obéir à une loi qui se trouve face à nous, mais nous devons agir selon notre nouvelle identité. Il ne s’agit donc plus d’une obéissance, d’une chose extérieure, mais d’une réalisation du don du nouvel être.

Je le répète encore une fois: rendons grâce au Seigneur parce qu’il nous précède, il nous donne ce que nous devons donner, et nous pouvons ensuite être, dans la vérité et dans la force de notre être nouveau, acteurs de sa réalité. Demeurer et observer: observer est le signe du fait de demeurer et demeurer est le don qu’Il nous donne, mais qui doit être renouvelé chaque jour dans notre vie.

Il s’ensuit alors ce nouveau commandement: « Aimez-vous comme je vous ai aimés ». Aucun amour n’est plus grand que celui-ci: « Donner la vie pour ses amis ». Qu’est-ce que cela veut dire? Là encore, il ne s’agit pas d’un moralisme. On pourrait dire: « Ce n’est pas un nouveau commandement; le commandement d’aimer son prochain comme soi-même existe déjà dans l’Ancien Testament ». Certains affirment: « Cet amour doit être encore plus radical; il faut aimer l’autre en imitant le Christ, qui s’est donné pour nous; ce doit être un amour héroïque, jusqu’au don de soi ». Mais dans ce cas, le christianisme serait un moralisme héroïque. Il est vrai que nous devons arriver jusqu’à cette radicalité de l’amour, que le Christ nous a montrée et donnée, mais ici aussi, la vraie nouveauté n’est pas ce que nous faisons nous, la vraie nouveauté est ce qu’il a fait Lui: le Seigneur s’est donné lui-même à nous, et le Seigneur nous a donné la vraie nouveauté d’être les membres de son corps, d’être les sarments de la vigne qu’il est lui-même. La nouveauté est donc le don, le grand don, et de ce don, de la nouveauté de ce don, s’ensuit aussi, comme je l’ai dit, une nouvelle manière d’agir.

Saint Thomas d’Aquin le dit de manière très précise lorsqu’il écrit: « La nouvelle loi est la grâce de l’Esprit Saint » (Summa theologiae, i-iiae, q. 106, a. 1). La nouvelle loi n’est pas un commandement plus difficile que les autres: la nouvelle loi est un don, la nouvelle loi est la présence de l’Esprit Saint qui nous est donné dans le Sacrement du Baptême, dans la Confirmation et qui nous est donné chaque jour dans la Très Sainte Eucharistie. Les Pères ont fait ici la distinction entre « sacramentum » et « exemplum ». « Sacramentum » est le don de l’être nouveau, et ce don devient également un exemple pour notre action, mais le « sacramentum » est placé avant, et nous, nous vivons du sacrement. Nous voyons ici la place centrale du sacrement, qui est la place du don.

Poursuivons notre réflexion. Le Seigneur dit: « Je ne vous appelle plus serviteurs, le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai appelés amis parce que tout ce que j’ai entendu du Père je vous l’ai fait connaître ». Non plus serviteurs, qui obéissent à un ordre, mais amis, qui connaissent, qui sont unis dans la même volonté, dans le même amour. La nouveauté est donc que Dieu s’est fait connaître, que Dieu s’est montré, que Dieu n’est plus le Dieu inconnu, recherché, mais que l’on ne trouve pas ou que l’on devine seulement de loin. Dieu s’est fait voir: dans le visage du Christ, nous voyons Dieu, Dieu s’est fait connaître, et ainsi, il a fait de nous ses amis. Rappelons-nous que dans l’histoire de l’humanité, dans toutes les religions archaïques, on sait qu’il y a un Dieu. Il s’agit d’une connaissance présente au plus profond du coeur de l’homme, que Dieu est un, les dieux ne sont pas « le » Dieu. Mais ce Dieu demeure très lointain, il semble qu’il ne se fasse pas connaître, qu’il ne se fasse pas aimer, il n’est pas ami, mais il est lointain. C’est pourquoi les religions s’occupent peu de ce Dieu, la vie concrète s’occupe des esprits, des réalités concrètes que nous rencontrons chaque jour et avec lesquelles nous devons compter quotidiennement. Dieu demeure lointain.

Puis nous voyons le grand mouvement de la philosophie: pensons à Platon, Aristote, qui commencent à avoir l’intuition que ce Dieu est l’ « agathòn », la bonté même, c’est l’ « éros » qui fait se mouvoir le monde, mais cela reste une pensée humaine, c’est une idée de Dieu, qui s’approche de la vérité, mais une idée qui est la nôtre et Dieu reste un Dieu caché.

Récemment, un professeur de Ratisbonne m’a écrit, un professeur de physique, qui avait lu avec beaucoup de retard mon discours à l’université de Ratisbonne, pour me dire qu’il ne pouvait pas être d’accord avec ma logique ou qu’il pouvait l’être seulement en partie. Il dit: « Bien sûr, je suis convaincu par l’idée que la structure rationnelle du monde exige une raison créatrice, qui a fait cette rationalité, qui ne s’explique pas par elle-même ». Et il continue: « Mais s’il peut exister un démiurge – ainsi s’exprime-t-il – un démiurge me semble quelque chose de sûr d’après ce que vous dites, je ne vois pas qu’existe un Dieu amour, bon, juste et miséricordieux. Je peux voir qu’il y a une raison qui précède la rationalité de l’univers, mais le reste, non ». Et ainsi Dieu lui est caché. Il est une raison qui précède nos raisons, notre rationalité, la rationalité de l’être, mais il n’existe pas un amour éternel, il n’existe pas la grande miséricorde qui nous permet de vivre.

Et voilà, dans le Christ, Dieu s’est montré dans sa pleine vérité, il a montré qu’il est raison et amour, que la raison éternelle est amour et que c’est ainsi qu’elle crée. Malheureusement, aujourd’hui encore, beaucoup vivent encore éloignés du Christ, ils ne connaissent pas son visage et ainsi, la tentation éternelle du dualisme, qui se cache également dans la lettre de ce professeur, se renouvelle toujours, c’est-à-dire qu’il n’y a peut-être pas seulement un principe bon, mais aussi un principe mauvais, un principe du mal; que le monde est partagé et que ce sont deux réalités aussi fortes l’une que l’autre: et que le Dieu bon est seulement une partie de la réalité. Dans la théologie également, y compris la théologie catholique, se diffuse actuellement cette thèse: Dieu ne serait pas tout-puissant. De cette manière, on cherche une apologie de Dieu, qui ainsi ne serait pas responsable du mal que nous trouvons largement à travers le monde. Mais quelle pauvre apologie! Un Dieu qui ne serait pas tout-puissant! Le mal n’est pas entre ses mains! Et comment pourrions-nous nous en remettre à ce Dieu? Comment pourrions-nous être sûrs de son amour si cet amour finit là où commence le pouvoir du mal?

Mais Dieu n’est plus inconnu: dans le visage du Christ crucifié, nous voyons Dieu et nous voyons la vraie toute-puissance, et non le mythe de la toute-puissance. Pour nous les hommes, puissance, pouvoir, sont toujours identiques à la capacité de détruire, de faire le mal. Mais la vraie conception de la toute-puissance qui apparaît dans le Christ est précisément le contraire: en Lui, la vraie toute-puissance est d’aimer, jusqu’au point où Dieu peut souffrir: c’est ici que se montre sa véritable toute-puissance, qui peut aller jusqu’à un amour qui souffre pour nous. Et nous voyons ainsi qu’Il est le vrai Dieu et le vrai Dieu, qui est amour, est pouvoir: le pouvoir de l’amour. Et nous pouvons faire confiance à son amour tout-puissant et vivre en celui-ci, avec cet amour tout-puissant.

Je pense que nous devons toujours méditer à nouveau sur cette réalité, rendre grâce à Dieu parce qu’il s’est montré, parce que nous connaissons son visage, face-à-face; ce n’est plus comme Moïse qui ne pouvait voir que le dos du Seigneur. C’est aussi une belle image, dont saint Grégoire de Nysse dit: « Ne voir que le dos, veut dire que nous devons toujours suivre le Christ ». Mais dans le même temps, Dieu a montré avec le Christ sa face, son visage. Le voile du temple s’est déchiré, s’est ouvert, le mystère de Dieu est visible. Le premier commandement qui exclut des images de Dieu, parce qu’elles pourraient seulement en diminuer la réalité, a changé, s’est renouvelé, a une autre forme. Nous pouvons à présent, dans le Christ homme, voir le visage de Dieu, nous pouvons posséder des icônes du Christ et ainsi voir qui est Dieu.

Je pense que quiconque a compris cela, quiconque a été touché par ce mystère, selon lequel Dieu s’est révélé, que le voile du Temple s’est déchiré, qu’il a montré son visage, trouve une source de joie permanente. Nous pouvons seulement dire: « Merci. Oui, à présent nous savons qui tu es, qui est Dieu et comment lui répondre ». Et je pense que cette joie de connaître Dieu qui s’est montré, montré jusqu’à l’intimité de son être, implique également la joie de communiquer: qui a compris cela, vit touché par cette réalité, doit faire comme ont fait les premiers disciples qui vont chez leurs amis et leurs frères en disant: « Nous avons trouvé celui dont parlent les prophètes. Désormais il est présent ». La dimension missionnaire n’est pas quelque chose d’extérieur, d’ajouté à la foi, mais c’est le dynamisme de la foi elle-même. Celui qui a vu, qui a rencontré le Christ, doit aller auprès de ses amis, et dire à ses amis: « Nous l’avons trouvé, c’est Jésus, le Crucifié pour nous ».

Puis le texte continue et dit: « Je vous ai constitués pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure ». Avec cela, nous revenons au commencement, à l’image, à la parabole de la vigne: elle est créée pour porter du fruit. Et quel est ce fruit? Comme nous l’avons dit, ce fruit est l’amour. Dans l’Ancien Testament, avec la Torah comme première étape de l’autorévélation de Dieu, le fruit était entendu comme justice, c’est-à-dire vivre selon la Parole de Dieu, vivre dans la volonté de Dieu, et ainsi vivre bien.

Cela demeure, mais dans le même temps, est transcendé: la vraie justice ne consiste pas en une obéissance à certaines normes, mais elle est amour, amour créateur, qui trouve seul la richesse, l’abondance du bien. Abondance est l’une des paroles-clés du Nouveau Testament. Dieu lui-même donne toujours en abondance. Pour créer l’homme, il crée cette abondance d’un univers immense; pour racheter l’homme, il se donne lui-même, dans l’Eucharistie, il se donne lui-même. Et qui est uni avec le Christ, qui est sarment de la vigne, vit de cette loi, il ne demande pas: « Puis-je encore faire cela ou non? », « Dois-je faire cela ou non? », mais il vit dans l’enthousiasme de l’amour qui ne demande pas: « Cela est-il encore nécessaire ou interdit », mais simplement, dans la créativité de l’amour, il veut vivre avec le Christ et pour le Christ et donner tout son être pour Lui et entrer ainsi dans la joie de porter du fruit. Souvenons-nous également que le Seigneur dit: « Je vous ai constitués pour que vous alliez »: c’est le dynamisme qui vit dans l’amour du Christ; aller, c’est-à-dire ne pas rester seul, voir ma perfection, m’assurer le bonheur éternel, mais m’oublier moi-même, aller comme le Christ est allé, aller comme Dieu est allé dans son immense majesté jusque dans notre pauvreté, pour trouver du fruit, pour nous aider, pour nous donner la possibilité de porter le vrai fruit de l’amour. Plus nous sommes emplis de cette joie d’avoir découvert le visage de Dieu, plus l’enthousiasme de l’amour sera réel en nous et portera du fruit.

Et nous en venons enfin à la dernière parole de ce passage: « Et je vous dis: « Tout ce que vous demanderez au Père, qu’il vous le concède en mon nom »". Une brève catéchèse sur la prière qui nous surprend toujours à nouveau. Deux fois dans ce chapitre 15, le Seigneur dit: « Ce que vous demanderez je vous le donne », et une fois encore dans le chapitre 16. Et nous voudrions dire: « Mais non, Seigneur, ce n’est pas vrai ». Tant de prières bonnes et profondes de mères qui prient pour leur enfant mourant et qui ne sont pas exaucées, tant de prières pour qu’arrive une chose bonne et que le Seigneur n’exauce pas. Que veut dire cette promesse? Dans le chapitre 16, le Seigneur nous offre la clé pour comprendre: il nous dit ce qu’il nous donne, ce qu’est ce tout, la « charà » (en grec, ndlr), la joie: si quelqu’un a trouvé la joie, il a tout trouvé et il voit tout dans la lumière de l’amour divin. Comme Saint François qui a composé la grande poésie sur la création dans une situation terrible, et pourtant là précisément, proche du Seigneur souffrant, il a redécouvert la beauté de l’être, la bonté de Dieu et il a composé cette grande poésie.

Il est également utile de rappeler, dans le même temps, plusieurs versets de l’Evangile de Luc, où le Seigneur, dans une parabole, parle de la prière, en disant: « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père céleste donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ». L’Esprit Saint – dans l’Evangile de Luc – est joie; dans l’Evangile de Jean, il est la même réalité: la joie est l’Esprit Saint et l’Esprit Saint est la joie, ou bien, en d’autres termes, ne demandons pas à Dieu des choses petites ou grandes, invoquons de Dieu le don divin, Dieu lui-même; tel est le grand don que Dieu nous donne: Dieu lui-même. Dans ce sens, nous devons apprendre à prier, prier pour la grande réalité, pour la réalité divine, pour qu’Il se donne à nous, qu’Il nous donne son Esprit et que nous puissions ainsi répondre aux exigences de la vie et aider les autres dans leurs souffrances. Naturellement, le Notre Père nous l’enseigne. Nous pouvons prier pour tant de choses, dans tous nos besoins nous pouvons prier: « Aide-moi! ». Cela est très humain et Dieu est humain, comme nous l’avons vu; il est donc juste de prier Dieu également pour les petites choses de notre vie quotidienne.

Mais, dans le même temps, prier est un chemin, je dirais une échelle: nous devons apprendre toujours plus les choses pour lesquelles nous pouvons prier et les choses pour lesquelles nous ne pouvons pas prier, car elles sont l’expression de mon égoïsme. Je ne peux pas prier pour des choses qui sont nuisibles pour les autres, je ne peux pas prier pour des choses qui aident mon égoïsme, mon orgueil. Ainsi, prier sous les yeux de Dieu devient un processus de purification de nos pensées, de nos désirs. Comme le dit le Seigneur dans la parabole de la vigne: nous devons être élagués, purifiés, chaque jour; vivre avec le Christ, dans le Christ, demeurer dans le Christ est un processus de purification, et ce n’est que dans ce processus de lente purification, de libération de nous-mêmes, que se trouve le chemin véritable de la vie, que s’ouvre le chemin de la joie.

Comme je l’ai déjà mentionné, toutes ces paroles du Seigneur possèdent un arrière-plan sacramentel. L’arrière-plan sacramentel de la parabole de la vigne est le Baptême: nous sommes greffés dans le Christ; et l’Eucharistie: nous sommes un pain, un corps, un sang, une vie avec le Christ. Et ainsi, ce processus de purification possède lui aussi un arrière-plan sacramentel: le sacrement de la pénitence, de la réconciliation dans lequel nous acceptons cette pédagogie divine qui, jour après jour, au cours d’une vie, nous purifie et fait de nous toujours davantage de véritables membres de son corps. De cette manière, nous pouvons apprendre que Dieu répond à nos prières, il répond souvent avec bonté également aux petites prières, mais il les corrige aussi souvent, il les transforme et les guide, afin que nous puissions être finalement et réellement des sarments de son Fils, de la vraie vigne, des membres de son Corps.

Rendons grâce à Dieu pour la grandeur de son amour, prions afin qu’il nous aide à grandir dans son amour, à demeurer réellement dans son amour.

Traduction française : L’Osservatore Romano – 16 février 2010

bonne nuit

18 février, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. alpine-marmot-2518

Alpine Marmot

http://www.naturephoto-cz.com/mammals.html

Liturgie orientale : « Qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive »

18 février, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100218

Le jeudi après les Cendres : Lc 9,22-25
Commentaire du jour
Liturgie orientale
Office de l’Exaltation de la Sainte Croix (trad. Mercenier, La Prière de rite byzantin, rev.)

« Qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive »

      Salut, croix vivifiante, trophée invincible de la piété, porte du Paradis, réconfort des croyants, rempart de l’Eglise. C’est par toi que la corruption a été anéantie, la puissance de la mort engloutie et abolie, et que nous sommes élevés de la terre aux choses célestes. Tu es l’arme invincible, l’adversaire des démons, la gloire des martyrs, le véritable ornement des saints, la porte du salut…

      Salut, croix du Seigneur, par qui l’humanité a été délivrée de la malédiction. Tu es le signe de la vraie joie ; quand tu es élevée, tu brises contre terre nos ennemis. Nous te vénérons, tu es notre secours, la force des rois, la fermeté des justes, la dignité des pécheurs…

      Salut, croix précieuse, guide des aveugles, médecin des malades, résurrection de tous les morts. Tu nous as relevés lorsque nous étions tombés dans la souillure. C’est par toi qu’il a été mis fin à la corruption et que l’immortalité a fleuri ; c’est par toi que nous les mortels nous avons été divinisés, et que le démon a été complètement terrassé…

      Ô Christ, ta croix précieuse, nous la vénérons aujourd’hui de nos lèvres indignes, nous qui sommes pécheurs. Nous te chantons, toi qui as voulu y être attaché ; et nous te crions comme le larron : « Rends-nous dignes de ton Royaume ! »