Archive pour le 5 février, 2010

Saint Césaire d’Arles: « Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié »

5 février, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100206

Le samedi de la 4e semaine du temps ordinaire : Mc 6,30-34
Commentaire du jour
Saint Césaire d’Arles (470-543), moine et évêque
Sermon Morin 26, §2-5  ; PLS IV*, 297-299 (trad. En Calcat)

« Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié »

      La vraie miséricorde qui est dans les cieux (cf Ps 35,6), c’est le Christ notre Seigneur. Qu’elle est douce et qu’elle est bonne, elle qui, sans que personne la cherche, est descendue spontanément des cieux et s’est abaissée pour nous relever…

      Et le Christ nous a promis d’être avec nous jusqu’à l’accomplissement du temps, comme il le dit lui-même dans l’Evangile : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Voyez sa bonté, mes frères ; il est déjà au ciel à la droite de Père, et il veut bien peiner encore avec nous sur la terre. Avec nous, il veut avoir faim et soif, avec nous il veut souffrir, avec nous être un étranger, il ne refuse même pas de mourir et d’être emprisonné avec nous (Mt 25,35s)… Voyez quel est pour nous son amour : dans son indicible tendresse, il veut souffrir en nous tous ces maux.

      Oui, la vraie miséricorde venue du ciel, c’est-à-dire notre Christ Seigneur, t’a créé alors que tu n’existais pas, il t’a cherché alors que tu étais perdu, il t’a racheté alors que tu étais vendu… Et maintenant encore, c’est tous les jours que le Christ daigne s’incorporer à l’humanité ; mais hélas, tous les hommes n’acceptent pas d’ouvrir la porte de leur coeur.

Mat-01,18-Joseph dream-Reve de Joseph

5 février, 2010

Mat-01,18-Joseph dream-Reve de Joseph  dans images sacrée 17%20CHAMPAIGNE%20THE%20DREAM%20OF%20JOSEPH

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-01,18-Joseph%20dream-Reve%20de%20Joseph/index.html

Oecuménisme : Homélie du card. Vingt-Trois au Temple de l’Eglise réformée

5 février, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23406?l=french

Oecuménisme : Homélie du card. Vingt-Trois au Temple de l’Eglise réformée

La lumière des Ecritures pour éclairer les événements de nos vies

ROME, Mardi 2 février 2010 (ZENIT.org) – « Si nous aussi, nous voulons vraiment déchiffrer vers où Dieu nous conduit à travers les méandres de nos histoires, nous avons besoin de la lumière des Ecritures pour éclairer les événements de nos vies, pour en donner le sens et pour montrer comment ils manifestent le Christ Ressuscité », a fait observer le cardinal Vingt-Trois à l’occasion de la célébration œcuménique pour la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens.

Voici l’homélie du cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, et président de la conférence des évêques de France (CEF), donnée au Temple de l’Église Réformée de l’Oratoire du Louvre le mercredi 20 janvier 2010.

Homélie du Cardinal André Vingt-Trois

- Lc 24, 1-53

Seigneur, ce soir, nous voulons être tout à la fois les femmes du tombeau, les disciples d’Emmaüs, les onze au milieu desquels tu apparais. Avec eux nous te prions : ouvre nos cœurs et nos esprits à l’intelligence des Ecritures. Donne-nous de comprendre les chemins par lesquels tu nous conduis à la lumière des commandements, de la loi et des prophètes.

Ce chapitre 24 de l’évangile selon saint Luc n’est pas simplement un itinéraire reliant différents lieux où des hommes et des femmes ont la chance d’être confrontés à l’événement de la résurrection, que ce soit devant le tombeau vide, en cheminant avec quelqu’un qu’ils n’ont pas reconnu, ou en étant visités par le ressuscité lui-même. Cette itinérance à travers ces scènes successives dessine pour nous un chemin spirituel. Où Dieu veut-il nous conduire et comment nous conduit-il ? Et pour nous qui sommes rassemblés dans la supplication pour l’unité entre les chrétiens et dans l’espérance de cette unité, comment ces épisodes de l’Evangile éclairent-ils notre attente et notre prière ?

Le ressuscité construit l’unité

Nous découvrons d’abord que ce n’est pas l’unité de l’Église qui dévoile la résurrection, mais plutôt le ressuscité qui construit l’unité de l’Église. La première expérience des disciples est la prise de conscience que le corps a disparu. Ce premier moment est vécu par quelques femmes, et ensuite par Pierre venu vérifier. Puis, deux disciples, qui sont comme emportés par un autre roman, continuent leur chemin vers Emmaüs sans savoir la conclusion de ce qui s’était passé à Jérusalem. Ils reconnaissent le Christ, ils reviennent à Jérusalem, et, au moment où ils vont raconter leur histoire, Pierre prend la parole le premier et leur dit : « oui, c’est vrai, il est ressuscité, il nous est apparu » (v. 34).

Ce chapitre de l’Evangile ressemble à une mosaïque. Il met ensemble des fragments d’expériences du ressuscité, comme pour nous faire comprendre que l’expérience de la résurrection est toujours marquée par l’expérience humaine dans laquelle elle est vécue. L’expérience des femmes au tombeau n’est pas celle de l’apôtre qui y vient après elles. Les disciples d’Emmaüs ne vivent pas la même chose que les onze. Et cependant, chacune de ces expériences a sa valeur et son authenticité propres.

Nous pourrions penser qu’il suffirait de tenir ensemble toutes ces expériences pour qu’enfin on reconnaisse le Christ ressuscité. Mais il ne nous suffit pas d’avoir ce désir de réunir des traditions et des formulations de la foi différentes. Il ne suffit que nous travaillions à nous écouter, à nous respecter, à nous laisser conduire peu à peu et, pourquoi ne pas le dire, à nous aimer. Il convient que cette aspiration à faire converger et à additionner nos expériences et nos traditions soit scellée par Dieu pour que se constitue un corps unique qui n’est pas la somme de nos corps, mais qui est le corps même du ressuscité.

Oui, l’unité des chrétiens nous est offerte, proposée et infusée, par le Christ ressuscité lui-même. C’est donc dans la mesure où il est présent à son corps que ce corps prend sa constitution unique pour être l’Église.

La joie de l’acte de foi

Comment non plus ne pas être sensible au cheminement des sentiments exprimés dans ce chapitre. Les personnages passent par la stupéfaction, l’incrédulité, l’étonnement, la crainte, et entrent finalement dans la plénitude de la joie au moment où Jésus n’est plus là. Chacune des rencontres successives avec le ressuscité ne suscite que du trouble, de l’inquiétude et des doutes pour les femmes, les apôtres ou les disciples d’Emmaüs. Les onze réunis n’osaient pas y croire (v 41) et pensaient que c’était un fantôme ou un esprit (v 37). Tout se passe comme si au moment où il les bénit et où il les quitte, il emportait avec lui leurs doutes, leurs craintes et leur trouble pour les laisser dans « une grande joie » v 52.

Ne nous faut-il pas nous aussi apprendre à découvrir notre joie non dans la possession immédiate de la présence du Christ mais dans l’acte de foi que permet son absence de devant nos yeux ? A la table d’Emmaüs, « leurs yeux se sont ouverts » (v 31), au moment où il a béni le pain et l’a rompu (v 30), répétant pour eux les gestes de la Cène. Mais au moment où leurs yeux se sont ouverts, il avait disparu, il n’était plus là. C’est là plus qu’un artifice rhétorique. Cette nouvelle vision leur permet de relire ce qui s’est passé, quand il leur parlait en chemin et leur expliquait les Ecritures (v 32). Mais même si leur cœurs étaient déjà brulants, il n’empêche que l’accès à la réalité du ressuscité passe par l’expérience de cette absence, lorsque Jésus se retire. Tant qu’il est là leurs yeux sont voilés, et quand leurs yeux se dévoilent, il n’est plus là ! Et tant qu’il est avec les onze, on parle, on argumente même : « Ne vous rappelez-vous pas de ce que j’ai fait lorsque je vous avais donné à manger ?… » Et puis il les bénit, leur promet le don de l’Esprit, et disparaît. Et seulement alors ils sont remplis de joie.

Comme nous sommes loin de notre spontanéité affective qui imagine que la joie des disciples était de tenir physiquement la main de Jésus ressuscité ! Comme l’Evangile diffère de la pensée commune qui postule que la foi était facile pour les disciples qui voyaient, entendaient et touchaient le Seigneur. L’Evangile nous permet de découvrir que la foi commence quand ils ne le voient plus, quand ils ne l’entendent plus, quand ils ne le touchent plus, quand ils vivent de l’Esprit-Saint.

Les Ecritures pour éclairer les évènements

A travers les Ecritures, Dieu apprend à son peuple à comprendre de quelle manière il le conduit. Tout comme Jésus aide ses deux disciples sur le chemin d’Emmaüs à déchiffrer ce qui est en train de se passer. En partant de Moïse et des prophètes il essaye de les faire entrer dans la compréhension des évènements pour en donner le sens. Ce ne sont pas les événements en eux-mêmes qui font sens. Ce sont des faits bruts qui peuvent signifier aussi bien la présence que l’absence : un tombeau vide en soit ne veut rien dire, la mort d’un homme sur une croix non plus, et cette route parcourue avec Jésus ne leur permet pas par elle-même de le reconnaître.

La lecture que Jésus fait lui-même des événements non seulement à partir de Moïse et des prophètes, mais encore à la lumière de ce que lui-même leur avait dit, permet que ces événements, en eux-mêmes sans grande portée, déploient leur signification. Le tombeau vide est le signe qu’il est ressuscité. Le chemin parcouru avec lui vers Emmaüs manifeste la présence du Christ au long de la vie des hommes. En rappelant ses propres paroles (v 44), il leur donne la clef d’interprétation des événements dont ils ont été les témoins.

Si nous aussi, nous voulons vraiment déchiffrer vers où Dieu nous conduit à travers les méandres de nos histoires, nous avons besoin de la lumière des Ecritures pour éclairer les événements de nos vies, pour en donner le sens et pour montrer comment ils manifestent le Christ Ressuscité.

Jésus ouvre l’intelligence des disciples pour qu’ils comprennent que sa mort et sa résurrection marquent l’accomplissement de ce qui avait été annoncé et ouvrent à l’annonce de l’Evangile à l’univers entier (v 47). Tout n’est pas encore accompli. Tout ne sera accompli que quand la bonne nouvelle aura atteint les limites du monde. C’est alors que Dieu récapitulera toute chose pour nous faire découvrir comment déjà il accomplissait son œuvre à travers les chemins que nous parcourions quelque fois les yeux bandés, le cœur enténébré ou l’esprit fermé, bref sans savoir ce que nous faisions. « Un jour, je verrai » nous dit saint Paul (1 Co 13, 12). Un jour je verrai. Un jour le bandeau tombera, le cœur s’ouvrira, l’esprit sera disponible pour découvrir comment Dieu aura compté sur notre foi pour accomplir son œuvre en ce temps.

Frères et sœurs, sur ce chemin tellement mouvementé et déchiré que les chrétiens de notre « ère culturelle » ont parcouru depuis plus d’un millénaire, beaucoup ont essayé et essaient de comprendre à la lumière des Ecritures ce que veut dire que la tunique a été déchirée, que les frères se sont séparés et les chrétiens désunis ? Car ce sont des faits historiques que nous connaissons, que nous subissons et dont nous portons tristement l’héritage. Mais quel en est le sens dans la Résurrection du Christ ? Comment notre foi au Ressuscité assume-elle les méandres des divisions humaines pour se rassembler autour de Celui qui est venu en disant : « la paix soit avec vous ! » (v 36) ?

Seigneur, ouvre nos cœurs à l’intelligence des Ecritures. Donne-nous d’accueillir cette paix comme un signe de ta présence, toi qui est vivant et ressuscité pour le monde. Amen.

+André cardinal Vingt-Trois

Message de Carême 2010 de Benoît XVI: La justice de Dieu

5 février, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23432?l=french

Message de Carême 2010 de Benoît XVI

La justice de Dieu

ROME, Jeudi 4 février 2010 (ZENIT.org) – « Le chrétien est invité à s’engager dans la construction de sociétés justes où tous reçoivent le nécessaire pour vivre selon leur dignité humaine et où la justice est vivifiée par l’amour », explique Benoît XVI dans son message de carême 2010 intitulé, d’après un verset de l’Epître aux Romains : « La justice de Dieu s’est manifestée moyennant la foi au Christ » (Rm 3, 21-22).

Chers frères et sœurs,

Chaque année, à l’occasion du carême, l’Église nous invite à une révision de vie sincère à la lumière des enseignements évangéliques. Cette année j’aimerais vous proposer quelques réflexions sur un vaste sujet, celui de la justice, à partir de l’affirmation de saint Paul : «La justice de Dieu s’est manifestée moyennant la foi au Christ. » (Rm 3, 21-22)

Justice : « dare cuique suum »

En un premier temps, je souhaite m’arrêter sur le sens du mot « justice » qui dans le langage commun revient à « donner à chacun ce qui lui est dû – dare cuique suum » selon la célèbre expression d’Ulpianus, juriste romain du III siècle. Toutefois cette définition courante ne précise pas en quoi consiste ce « suum » qu’il faut assurer à chacun. Or ce qui est essentiel pour l’homme ne peut être garanti par la loi. Pour qu’il puisse jouir d’une vie en plénitude il lui faut quelque chose de plus intime, de plus personnel et qui ne peut être accordé que gratuitement : nous pourrions dire qu’il s’agit pour l’homme de vivre de cet amour que Dieu seul peut lui communiquer, l’ayant créé à son image et à sa ressemblance. Certes les biens matériels sont utiles et nécessaires. D’ailleurs, Jésus lui-même a pris soin des malades, il a nourri les foules qui le suivaient et, sans aucun doute, il réprouve cette indifférence qui, aujourd’hui encore, condamne à mort des centaines de millions d’êtres humains faute de nourriture suffisante, d’eau et de soins. Cependant, la justice distributive ne rend pas à l’être humain tout ce qui lui est dû. L’homme a, en fait, essentiellement besoin de vivre de Dieu parce que ce qui lui est dû dépasse infiniment le pain. Saint Augustin observe à ce propos que « si la justice est la vertu qui rend à chacun ce qu’il lui est dû… alors il n’y a pas de justice humaine qui ôte l’homme au vrai Dieu» (De Civitate Dei XIX, 21)

D’où vient l’injustice ?

L’évangéliste Marc nous transmet ces paroles de Jésus prononcées à son époque lors d’un débat sur ce qui est pur et ce qui est impur : « Il n’est rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller… ce qui sort de l’homme voilà ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du cœur des hommes que sortent les desseins pervers. » (Mc 7, 14-15 ; 20-21) Au-delà du problème immédiat de la nourriture, nous pouvons déceler dans la réaction des pharisiens une tentation permanente chez l’homme : celle de pointer l’origine du mal dans une cause extérieure. En y regardant de plus près, on constate que de nombreuses idéologies modernes véhiculent ce présupposé : puisque l’injustice vient du dehors, il suffit d’éliminer les causes extérieures qui empêchent l’accomplissement de la justice. Cette façon de penser, nous avertit Jésus, est naïve et aveugle. L’injustice, conséquence du mal, ne vient pas exclusivement de causes extérieures ; elle trouve son origine dans le cœur humain où l’on y découvre les fondements d’une mystérieuse complicité avec le mal. Le psalmiste le reconnaît douloureusement : « Vois dans la faute je suis né, dans le péché ma mère m’a conçu. » (Ps 51,7). Oui, l’homme est fragilisé par une blessure profonde qui diminue sa capacité à entrer en communion avec l’autre. Naturellement ouvert à la réciprocité libre de la communion, il découvre en lui une force de gravité étonnante qui l’amène à se replier sur lui-même, à s’affirmer au-dessus et en opposition aux autres : il s’agit de l’égoïsme, conséquence du péché originel. Adam et Eve ont été séduits par le mensonge du Satan. En s’emparant du fruit mystérieux, ils ont désobéi au commandement divin. Ils ont substitué une logique du soupçon et de la compétition à celle de la confiance en l’Amour, celle de l’accaparement anxieux et de l’autosuffisance à celle du recevoir et de l’attente confiante vis-à-vis de l’autre (cf. Gn 3, 1-6) de sorte qu’il en est résulté un sentiment d’inquiétude et d’insécurité. Comment l’homme peut-il se libérer de cette tendance égoïste et s’ouvrir à l’amour ?

Justice et Sedaqah

Au sein de la sagesse d’Israël, nous découvrons un lien profond entre la foi en ce Dieu qui « de la poussière relève le faible » (Ps 113,7) et la justice envers le prochain. Le mot sedaqah, qui désigne en hébreux la vertu de justice, exprime admirablement cette relation. Sedaqah signifie en effet l’acceptation totale de la volonté du Dieu d’Israël et la justice envers le prochain (cf. Ex 20,12-17), plus spécialement envers le pauvre, l’étranger, l’orphelin et la veuve (cf. Dt 10, 18-19). Ces deux propositions sont liées entre elles car, pour l’Israélite, donner au pauvre n’est que la réciprocité de ce que Dieu a fait pour lui : il s’est ému de la misère de son peuple. Ce n’est pas un hasard si le don de la Loi à Moïse, au Sinaï, a eu lieu après le passage de la Mer Rouge. En effet, l’écoute de la Loi suppose la foi en Dieu qui, le premier, a écouté les cris de son peuple et est descendu pour le libérer du pouvoir de l’Egypte ( cf. Ex 3,8). Dieu est attentif au cri de celui qui est dans la misère mais en retour demande à être écouté : il demande justice pour le pauvre (cf. Sir 4,4-5. 8-9), l’étranger (cf. Ex 22,20), l’esclave (cf. Dt 15, 12-18). Pour vivre de la justice, il est nécessaire de sortir de ce rêve qu’est l’autosuffisance, de ce profond repliement sur-soi qui génère l’injustice. En d’autres termes, il faut accepter un exode plus profond que celui que Dieu a réalisé avec Moïse, il faut une libération du cœur que la lettre de la Loi est impuissante à accomplir. Y a-t-il donc pour l’homme une espérance de justice ?

Le Christ, Justice de Dieu

L’annonce de la bonne nouvelle répond pleinement à la soif de justice de l’homme. L’apôtre saint Paul le souligne dans son Épître aux Romains : « Mais maintenant sans la Loi, la justice de Dieu s’est manifestée…par la foi en Jésus Christ à l’adresse de tous ceux qui croient. Car il n’y a pas de différence : tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu et ils sont justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la rédemption accomplie par le Christ Jésus. Dieu l’a exposé instrument de propitiation par son propre sang moyennant la foi. » (3, 21-25)

Quelle est donc la justice du Christ ? C’est avant tout une justice née de la grâce où l’homme n’est pas sauveur et ne guérit ni lui-même ni les autres. Le fait que l’expiation s’accomplisse dans « le sang » du Christ signifie que l’homme n’est pas délivré du poids de ses fautes par ses sacrifices, mais par le geste d’amour de Dieu qui a une dimension infinie, jusqu’à faire passer en lui la malédiction qui était réservée à l’homme pour lui rendre la bénédiction réservée à Dieu (cf. Gal 3, 13-14). Mais immédiatement pourrait-on objecter : de quel type de justice s’agit-il si le juste meurt pour le coupable et le coupable reçoit en retour la bénédiction qui revient au juste ? Est-ce que chacun ne reçoit-il pas le contraire de ce qu’il lui est dû ? En réalité, ici, la justice divine se montre profondément différente de la justice humaine. Dieu a payé pour nous, en son Fils, le prix du rachat, un prix vraiment exorbitant. Face à la justice de la Croix, l’homme peut se révolter car elle manifeste la dépendance de l’homme, sa dépendance vis-à-vis d’un autre pour être pleinement lui-même. Se convertir au Christ, croire à l’Évangile, implique d’abandonner vraiment l’illusion d’être autosuffisant, de découvrir et accepter sa propre indigence ainsi que celle des autres et de Dieu, enfin de découvrir la nécessité de son pardon et de son amitié.

On comprend alors que la foi ne soit pas du tout quelque chose de naturel, de facile et d’évident : il faut être humble pour accepter que quelqu’un d’autre me libère de mon moi et me donne gratuitement en échange son soi. Cela s’accomplit spécifiquement dans les sacrement de la réconciliation et de l’eucharistie. Grâce à l’action du Christ, nous pouvons entrer dans une justice « plus grande », celle de l’amour (cf. Rm 13, 8-10), la justice de celui qui, dans quelque situation que ce soit, s’estime davantage débiteur que créancier parce qu’il a reçu plus que ce qu’il ne pouvait espérer.

Fort de cette expérience, le chrétien est invité à s’engager dans la construction de sociétés justes où tous reçoivent le nécessaire pour vivre selon leur dignité humaine et où la justice est vivifiée par l’amour.

Chers frères et sœurs, le temps du carême culmine dans le triduum pascal, au cours duquel cette année encore, nous célébrerons la justice divine, qui est plénitude de charité, de don et de salut. Que ce temps de pénitence soit pour chaque chrétien un temps de vraie conversion et d’intime connaissance du mystère du Christ venu accomplir toute justice. Formulant ces vœux, j’accorde à tous et de tout cœur ma bénédiction apostolique.

Cité du Vatican, le 30 octobre 2009

BENEDICTUS PP. XVI

Texte original : italien – Traduction distribuée par le Bureau de presse du Saint-Siège

par Sandro Magister : « Le pape est le premier parmi les patriarches ». Le tout est de savoir comment

5 février, 2010

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1341841?fr=y

« Le pape est le premier parmi les patriarches ». Le tout est de savoir comment

Avec Benoît XVI, les orthodoxes acceptent, pour la première fois dans l’histoire, de discuter de la primauté de l’évêque de Rome, sur le modèle du premier millénaire, époque où l’Église n’était pas divisée. Un inédit: le texte qui est la base du dialogue

par Sandro Magister

ROME, le 25 janvier 2010 – Ce soir, aux vêpres célébrées à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, Benoît XVI clôt la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Selon certains, l’œcuménisme est entré dans une phase de récession et de gel. Mais dès que l’on regarde vers l’Orient, les faits disent le contraire. Les relations avec les Églises orthodoxes n’ont jamais été aussi prometteuses que depuis que Joseph Ratzinger est pape.

Les dates parlent. Une période de gel dans le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes de tradition byzantine a débuté en 1990, quand les deux parties se sont affrontées sur l’ »uniatisme », c’est-à-dire sur la manière dont les communautés catholiques de rite oriental font tout comme les communautés orthodoxes correspondantes, dont elles ne diffèrent que par l’obéissance à l’Église de Rome.

À Balamand, au Liban, le dialogue s’est bloqué. Il s’est bloqué encore davantage du côté russe, le patriarcat de Moscou ne supportant pas de se voir « envahi » par les missionnaires catholiques envoyés là par le pape Jean-Paul II, d’autant plus suspect qu’il était Polonais, d’une nation historiquement rivale.

Le dialogue est resté gelé jusqu’à l’élection à la chaire de Pierre, en 2005, de l’allemand Joseph Ratzinger, pape très apprécié en Orient pour la raison même qui lui attire des critiques en Occident : son attachement à la grande Tradition.

La commission mixte internationale pour le dialogue entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes s’est à nouveau réunie, d’abord à Belgrade en 2006, puis à Ravenne en 2007.

Le premier sujet de discussion a été la question qui divise le plus l’Orient et l’Occident : la primauté du successeur de Pierre dans l’Église universelle.

De la session de Ravenne est sorti le document qui a marqué le virage. Il est consacré à « conciliarité et autorité » dans la communion ecclésiale.

Approuvé à l’unanimité par les deux parties, ce document de Ravenne dit que « primauté et conciliarité sont réciproquement interdépendantes ». Dans son paragraphe 41, il définit ainsi les points d’accord et de désaccord :

« Les deux parties sont d’accord sur le fait que [...] Rome, en tant qu’Église qui ‘préside à la charité’, selon l’expression de saint Ignace d’Antioche, occupait la première place dans la ‘taxis’, et que l’évêque de Rome est donc le ‘protos’ parmi les patriarches. Mais elles ne s’accordent pas sur l’interprétation des témoignages historiques de cette époque à propos des prérogatives de l’évêque de Rome en tant que ‘protos’, question qui était déjà comprise de manières différentes au premier millénaire ».

« Protos » est un mot grec signifiant premier. Et « taxis » est l’organisation de l’Église universelle.

Depuis lors, la discussion sur les points litigieux se poursuit à un rythme accéléré. Avant tout, elle a commencé à examiner la manière dont les Églises d’Orient et d’Occident interprétaient le rôle de l’évêque de Rome au premier millénaire, c’est-à-dire quand elles étaient encore unies.

La base de la discussion est un texte qui a été élaboré en Crète au début de l’automne 2008.

Ce texte n’a jamais été rendu public jusqu’à maintenant. Il est en langue anglaise et peut être lu intégralement sur cette page de www.chiesa :

> The Role of the Bishop of Rome in the Communion of the Church in the First Millennium

La commission mixte internationale pour le dialogue entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes a commencé à discuter de ce texte à Paphos, dans l’île de Chypre, du 16 au 23 octobre 2009.

Elle a d’abord examiné la prédication de Pierre et Paul à Rome, leur martyre et la présence de leurs tombes à Rome, qui, selon saint Irénée de Lyon, confèrent une autorité prééminente au siège apostolique de Rome.

A partir de là, la discussion s’est poursuivie par l’examen de la lettre du pape Clément aux chrétiens de Corinthe, du témoignage de saint Ignace d’Antioche qui indique que l’Église de Rome est celle qui « préside à la charité », du rôle des papes Anicet et Victor dans la controverse sur la date de Pâques, des prises de position de saint Cyprien de Carthage dans la controverse sur le fait de baptiser à nouveau ou non les « lapsi », c’est-à-dire les chrétiens qui avaient sacrifié aux idoles pour sauver leur vie.

Le but est de comprendre jusqu’à quel point la forme qu’a eue la primauté de l’évêque de Rome au cours du premier millénaire peut servir de modèle à une unité retrouvée entre l’Orient et l’Occident au troisième millénaire de l’ère chrétienne.

Mais, dans l’intervalle, il y a eu un deuxième millénaire pendant lequel la primauté du pape a été interprétée et vécue en Occident sous des formes de plus en plus accentuées, loin de celles que les Églises d’Orient sont  prêtes à accepter aujourd’hui.

Ce sera le point le plus critique de la discussion. Mais les délégations des deux parties n’ont pas peur de l’aborder. Benoît XVI lui-même l’a dit le 20 janvier dernier, lors de l’audience générale, en expliquant aux fidèles le sens de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens :

« Avec les Églises orthodoxes la commission mixte internationale pour le dialogue théologique a commencé à étudier un sujet crucial dans le dialogue entre catholiques et orthodoxes : le rôle de l’évêque de Rome dans la communion de l’Église pendant le premier millénaire, c’est-à-dire au temps où les chrétiens d’Orient et d’Occident vivaient en pleine communion. Cette étude sera par la suite étendue au deuxième millénaire ».

Le lieu et la date de la prochaine session sont déjà fixés : ce sera Vienne, du 20 au 27 septembre 2010.

Toutes ces années, la délégation catholique a été dirigée par le cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.

Le chef de la délégation orthodoxe est, depuis des années, le métropolite de Pergame Joannis Zizioulas, théologien à la valeur reconnue et à la grande autorité, « penseur » du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier et très estimé du pape Ratzinger, à qui le lie une profonde amitié.

Les relations avec le patriarcat de Moscou sont également bien meilleures. A Ravenne, les délégués russes avaient quitté les travaux en raison d’un désaccord avec le patriarche de Constantinople à propos de l’admission ou non des représentants orthodoxes de l’Église d’Estonie, non reconnue par Moscou.

Mais la déchirure a été recousue à Paphos, en octobre dernier. Et aujourd’hui le patriarcat de Moscou est en relations amicales avec Rome aussi. Preuve en est la publication par le patriarcat, il y a quelques mois, d’un volume contenant des textes de Benoît XVI, initiative sans précédent dans l’histoire.

Rome va bientôt répondre à cette initiative avec la publication, par la Libreria Editrice Vaticana, d’un recueil de textes du patriarche Kirill.

Désormais une rencontre entre le pape et le patriarche de Moscou fait aussi partie des choses possibles. Peut-être plus tôt qu’on ne l’imagine.
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Le texte intégral du document de Ravenne en 2007 :

> Communion ecclésiale, conciliarité et autorité
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Le message envoyé le 25 novembre 2009 par Benoît XVI au patriarche œcuménique de Constantinople, à l’occasion de la fête de saint André :

> A Sa Sainteté Bartholomaios I
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L’importante interview que le métropolite de Pergame, Joannis Zizioulas, chef de la délégation orthodoxe, a accordée en octobre 2009, pendant la session de Paphos, dans l’île de Chypre :

> Zizioulas : Difendiamo il dialogo ecumenico contro chi lo contesta
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L’homélie prononcée par Benoît XVI aux vêpres qui ont marqué la clôture de la semaine de l’unité des chrétiens, lundi 25 janvier, à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs :

> « Cari fratelli e sorelle… »
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Tous les articles de www.chiesa sur ce thème :

 Focus ÉGLISES ORIENTALES

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POST SCRIPTUM – Le 26 janvier 2010, lendemain de la publication de cet article de www.chiesa, le conseil pontifical pour l’unité des chrétiens a émis le communiqué suivant:

« Le Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens a constaté avec regret qu’un texte en cours d’examen par la Commission Mixte Internationale pour le Dialogue Théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe dans son ensemble a été publié par un moyen de communication.

« Le document publié est un texte préalable, consistant en une liste de thèmes à étudier et à approfondir, qui jusqu’à présent n’a été discuté que dans une très faible mesure par ladite Commission.

« Lors de la dernière réunion de la Commission Mixte Internationale pour le Dialogue Théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, qui a eu lieu à Paphos en octobre dernier, il avait été décidé de manière explicite que le texte ne serait pas publié tant qu’il n’aurait pas été examiné en totalité par la Commission.

« Aujourd’hui il n’existe aucun document établi en commun et donc le texte publié n’a aucune autorité et aucun caractère officiel ».
__________

Traduction française par Charles de Pechpeyrou.

25.1.2010

bonne nuit

5 février, 2010

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. Come%20quickly%20Lord%20Jesus
http://www.photosforsouls.com/nature53.html

Le Missel romain : Jean Baptiste, témoin du Christ par toute sa vie

5 février, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100205

Le vendredi de la 4e semaine du temps ordinaire : Mc 6,14-29
Commentaire du jour
Le Missel romain
Préface pour la Nativité et le Martyre de saint Jean Baptiste

Jean Baptiste, témoin du Christ par toute sa vie

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire,
de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu,
à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant.

Nous chantons les merveilles que tu as accomplies
pour le plus grand des enfants des hommes,
Jean Baptiste, le Précurseur :
Avant même de naître,
il tressaillit d’allégresse à l’approche du Sauveur ;
en venant au monde il apportait une grande joie ;
il fut, de tous les prophètes, celui qui désigna le Messie,
l’Agneau de Dieu ;
Dans les eaux qui devaient en être sanctifiées
il baptisa l’auteur du baptême ;
enfin, il rendit au Christ le plus beau témoignage,
le témoignage du martyre.

C’est pourquoi, avec les puissances du ciel,
nous pouvons te bénir sur la terre
et t’adorer en chantant : Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers !

(Références bibliques : Mt 11,11; Lc 1,41.14; Jn 1,29)