Archive pour janvier, 2010

Angélus du mercredi 6 janvier : fête de l’Epiphanie

7 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23112?l=french

Angélus du mercredi 6 janvier : fête de l’Epiphanie

Texte intégral

ROME, Mercredi 6 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de la prière de l’Angélus récitée par Benoît XVI, le mercredi 6 janvier, à l’issue de la messe qu’il a présidée dans la basilique Saint-Pierre à l’occasion de la solennité de l’Epiphanie. De la fenêtre de ses appartements, le pape s’est adressé aux pèlerins réunis place Saint-Pierre.

***

AVANT L’ANGELUS

Nous célébrons aujourd’hui la grande fête de l’Epiphanie, le mystère de la Manifestation du Seigneur à tous les Gentils, représentés par les Mages, venus de l’Orient pour adorer le Roi des Juifs (cf. Mt 2,1-2). L’évangéliste Matthieu, qui raconte l’événement, souligne qu’ils arrivèrent jusqu’à Jérusalem en suivant une étoile, repérée dès sa naissance et interprétée comme le signe de la naissance du Roi annoncé par les Prophètes, c’est-à-dire du Messie. Mais arrivés à Jérusalem, les Mages eurent besoin des indications des prêtres et des scribes pour connaître exactement le lieu où ils voulaient se rendre, c’est-à-dire Bethléem, la ville de David (cf. Mt 2,5-6; Mic 5,1). L’étoile et les Saintes Ecritures furent les deux lumières qui guidèrent le chemin des Mages, qui nous apparaissent comme le modèle des chercheurs authentiques de la vérité.

Ces derniers étaient des savants, qui scrutaient les astres et connaissaient l’histoire des peuples. Ils étaient des hommes de science au sens large, qui observaient le cosmos, le considérant presque comme un grand livre plein de signes et de messages divins pour l’homme. Leur savoir, pourtant, loin d’être autosuffisant, était ouvert à des révélations ultérieures et à des appels divins. En effet, ils n’eurent pas honte de demander des instructions aux chefs religieux des Juifs. Ils auraient pu dire : faisons cela tous seuls, nous n’avons besoin de personne, évitant, selon notre mentalité actuelle, toute ‘contamination’ entre la science et la Parole de Dieu. Au contraire, les Mages écoutent les prophéties et les accueillent ; et à peine se remettent-ils en chemin vers Bethléem qu’ils voient de nouveau l’étoile, comme une confirmation de l’harmonie parfaite entre la recherche humaine et la Vérité divine, une harmonie qui remplit de joie leurs cœurs de savants authentiques (cf. Mt 2,10). Le sommet de leur itinéraire de recherche fut quand ils se trouvèrent devant « l’enfant avec Marie sa mère » (Mt 2,11). L’Evangile dit que « se prosternant, ils lui rendirent hommage ». Ils auraient pu être déçus, voire scandalisés. Au contraire, en véritables savants, ils sont ouverts au mystère qui se manifeste de manière surprenante ; et par leurs dons symboliques, ils démontrent reconnaître en Jésus le Roi et le Fils de Dieu. C’est par ce geste que s’accomplissent les oracles messianiques qui annoncent l’hommage des nations au Dieu d’Israël.

Un dernier détail confirme, chez les Mages, l’unité entre l’intelligence et la foi : c’est le fait qu’ « avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays » (Mt 2,12). Cela aurait été naturel de retourner à Jérusalem, dans le palais d’Hérode et dans le Temple, pour donner du retentissement à leur découverte. Au contraire, les Mages, qui ont choisi l’Enfant comme leur souverain, le protègent en cachette, selon le style de Marie ou mieux, de Dieu lui-même et, tout comme ils étaient apparus, disparaissent en silence, satisfaits, mais aussi changés par la rencontre avec la Vérité. Ils ont découvert un nouveau visage de Dieu, une nouvelle royauté : celle de l’amour. Que la Vierge Marie, modèle de sagesse véritable, nous aide à être des chercheurs authentiques de Dieu, capables de vivre toujours la profonde syntonie entre raison et foi, science et révélation.

APRES L’ANGELUS

A l’issue de l’Angélus, Benoît XVI a salué les pèlerins en différentes langues. Voici ce qu’il a dit en italien:

Je suis heureux d’adresser mes vœux les plus cordiaux aux frères et sœurs des Eglises orientales qui célèbrent Noël demain. Que le mystère de la lumière soit source de joie et de paix pour chaque famille et communauté.

Puis en français :

En ce jour de l’Épiphanie, la prière de l’Angélus me donne la joie de saluer les pèlerins francophones et particulièrement nos frères chrétiens d’Orient. Comme les Mages guidés par l’étoile nous sommes invités à marcher vers la lumière de Dieu. En venant adorer l’Enfant de Bethléem, acceptons de nous faire humbles et pauvres. Il indique à tous les hommes de bonne volonté un chemin pour les rassembler dans l’unité et la fraternité. A la suite des Mages et avec la Vierge Marie sachons accueillir Dieu qui s’est rendu visible à nos yeux et marchons avec joie vers la clarté de son aurore !

 Traduction : Zenit

Les Mages : modèle des chercheurs authentiques de la vérité, selon le pape

7 janvier, 2010

du site:

http://www.zenit.org/article-23116?l=french

Les Mages : modèle des chercheurs authentiques de la vérité, selon le pape

Angélus du mercredi 6 janvier : fête de l’Epiphanie

ROME, Mercredi 6 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Alors que les Mages sont arrivés jusqu’à Jérusalem en suivant une étoile, ils eurent aussi besoin « des indications des prêtres et des scribes pour connaître exactement le lieu où ils voulaient se rendre, c’est-à-dire Bethléem ». « L’étoile et les Saintes Ecritures furent les deux lumières qui guidèrent le chemin des Mages, qui nous apparaissent comme le modèle des chercheurs authentiques de la vérité ».

Benoît XVI s’est exprimé lors de la prière de l’Angélus, le mercredi 6 janvier, à l’issue de la messe qu’il a présidée dans la basilique Saint-Pierre à l’occasion de la solennité de l’Epiphanie.

Les Mages « étaient des savants », des « hommes de science au sens large ». « Leur savoir, pourtant, loin d’être autosuffisant, était ouvert à des révélations ultérieures et à des appels divins ». « En effet, ils n’eurent pas honte de demander des instructions aux chefs religieux des Juifs », a expliqué Benoît XVI.

« Ils auraient pu dire : faisons cela tous seuls, nous n’avons besoin de personne, évitant, selon notre mentalité actuelle, toute ‘contamination’ entre la science et la Parole de Dieu ». « Au contraire, les Mages écoutent les prophéties et les accueillent ; et à peine se remettent-ils en chemin vers Bethléem qu’ils voient de nouveau l’étoile, comme une confirmation de l’harmonie parfaite entre la recherche humaine et la Vérité divine, une harmonie qui remplit de joie leurs cœurs de savants authentiques ».

Durant l’Angélus, le pape a rappelé « l’unité entre l’intelligence et la foi » chez les Mages. « Avertis en songe de ne point retourner chez Hérode, ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays » (Mt 2,12). « Cela aurait été naturel de retourner à Jérusalem, dans le palais d’Hérode et dans le Temple, pour donner du retentissement à leur découverte », a-t-il souligné.

« Mais au contraire, les Mages, qui ont choisi l’Enfant comme leur souverain, le protègent en cachette, selon le style de Marie ou mieux, de Dieu lui-même et, tout comme ils étaient apparus, disparaissent en silence, satisfaits, mais aussi changés par la rencontre avec la Vérité ».

« Ils ont découvert un nouveau visage de Dieu, une nouvelle royauté : celle de l’amour », a poursuivi le Saint Père. « Que la Vierge Marie, modèle de sagesse véritable, nous aide à être des chercheurs authentiques de Dieu, capables de vivre toujours la profonde syntonie entre raison et foi, science et révélation ».

bonne nuit

7 janvier, 2010

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Catéchisme de l’Eglise Catholique : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction »

7 janvier, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100107

Jeudi du temps de Noël après l’Epiphanie : Lc 4,14-22
Commentaire du jour
Catéchisme de l’Eglise Catholique
§ 695

« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction »

      Les symboles de l’Esprit Saint : l’onction. Le symbolisme de l’onction d’huile est significatif de l’Esprit Saint, jusqu’à en devenir le synonyme. Dans l’initiation chrétienne, elle est le signe sacramentel de la Confirmation, appelée justement dans les Églises d’Orient « Chrismation ». Mais pour en saisir toute la force, il faut revenir à l’onction première accomplie par l’Esprit Saint : celle de Jésus. « Christ » (« Messie » à partir de l’hébreu) signifie « oint » de l’Esprit de Dieu.

      Il y a eu des « oints » du Seigneur dans l’Ancienne Alliance, le roi David éminemment. Mais Jésus est l’oint de Dieu d’une manière unique : l’humanité que le Fils assume est totalement « ointe de l’Esprit Saint ». Jésus est constitué « Christ » par l’Esprit Saint. La Vierge Marie conçoit le Christ de l’Esprit Saint qui, par l’ange, l’annonce comme Christ lors de sa naissance et pousse Syméon à venir au Temple voir le Christ du Seigneur. C’est lui qui emplit le Christ et dont la puissance sort du Christ dans ses actes de guérison et de salut.

      C’est lui enfin qui ressuscite Jésus d’entre les morts. Alors, constitué pleinement « Christ » dans son humanité victorieuse de la mort, Jésus répand à profusion l’Esprit Saint jusqu’à ce que « les saints » constituent, dans leur union à l’humanité du Fils de Dieu, « cet Homme parfait…qui réalise la plénitude du Christ » : « le Christ total », selon l’expression de saint Augustin.

(Références bibliques : 1Jn 2,20.27; 2Co 1,21; 1S 16,13; Lc 4,18-19; 1,35; 2,11; 2,26-27; 4,1; 6,19; Rm 1,4; Ac 2,36; Ep 4,13)

bonne nuit

6 janvier, 2010

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African Lion (Panthera leo)

http://www.naturephoto-cz.com/new-photos.html

Saint Hilaire: « Il vient à eux vers la fin de la nuit »

6 janvier, 2010

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20100106

Mercredi du temps de Noël après l’Epiphanie : Mc 6,45-52
Commentaire du jour
Saint Hilaire (v. 315-367), évêque de Poitiers et docteur de l’Église
Commentaire sur l’Evangile de Matthieu, 14, 13-14 (trad. SC 258, p. 27 rev.)

« Il vient à eux vers la fin de la nuit »

      « Après cela, il ordonna à ses disciples de monter dans la barque jusqu’à ce qu’il disperse lui-même les foules ; et, la foule dispersée, il monta pour prier et, le soir venu, il était seul » (Mt 14,22-23). Pour donner la raison de ces faits, il faut faire des distinctions de temps. S’il est seul le soir, cela montre sa solitude à l’heure de la Passion, quand la panique a dispersé tout le monde. S’il ordonne à ses disciples de monter dans la barque et de traverser la mer, pendant qu’il renvoie lui-même les foules et, celles-ci une fois renvoyées, s’il monte sur une montagne, c’est qu’il leur ordonne d’être dans l’Eglise et de naviguer par la mer, c’est-à-dire ce monde, jusqu’à ce que, revenant dans son avènement de gloire, il rende le salut à tout le peuple qui sera le reste d’Israël (cf Rm 11,5)…et que ce peuple rende grâce à Dieu son Père et s’établisse dans sa gloire et sa majesté…

      « Il vient à eux vers la fin de la nuit, à la quatrième veille. » Dans l’expression « quatrième veille de la nuit » on trouve le nombre correspondant aux marques de sa sollicitude. En effet, la première veille a été celle de la Loi, la seconde celle des prophètes, la troisième celle de son avènement corporel, la quatrième se place à son retour glorieux. Mais il trouvera l’Église déclinante et cernée par l’esprit de l’Antéchrist et toutes les agitations de ce monde ; il viendra au plus fort de l’anxiété et des tourments… Les disciples seront dans l’effroi même à l’avènement du Seigneur, redoutant les images de la réalité déformées par l’Antéchrist et les fictions qui s’insinuent dans le regard. Mais le Seigneur qui est bon leur parlera aussitôt, chassera leur peur et leur dira : « C’est moi », dissipant, par la foi en son avènement, la crainte du naufrage menaçant.

Mat-02,01-The magis, Les mages » 3-Adoration

5 janvier, 2010

Mat-02,01-The magis, Les mages » 3-Adoration  dans images sacrée 10%20EVANGELIAIRE%20EGBERT%20ADORATION%20DES%20MAGES
http://www.artbible.net/3JC/-Mat-02,01-The%20magis,%20Les%20mages/3-Adoration/index.html

DOM GUERANGER : XI JANVIER. LE SIXIEME JOUR DANS L’OCTAVE DE L’EPIPHANIE.

5 janvier, 2010

pour moi l’Epiphanie est demain et alor…, du site:

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/noel/noel02/008.htm

DOM GUERANGER

XI JANVIER. LE SIXIEME JOUR DANS L’OCTAVE DE L’EPIPHANIE.

Les Mages ne se contentèrent pas d’adorer le grand Roi que Marie présentait à leurs hommages. A l’exemple de la Reine de Saba qui vint honorer le Roi pacifique, en la personne du sage et opulent fils de David, les trois Rois de l’Orient ouvrirent leurs trésors et en tirèrent de riches offrandes. L’Emmanuel daigna agréer ces dons mystérieux; mais, à l’exemple de Salomon son aïeul, il ne laissa point partir les Princes sans les combler lui-même de présents qui dépassaient infiniment en richesse ceux qu’il avait daigné agréer. Les Mages lui présentaient les offrandes de la terre ; et Jésus les comblait des dons célestes. Il confirmait en eux la foi, l’espérance et la charité; il enrichissait, en leurs personnes, son Eglise tout entière qu’ils représentaient ; et les paroles du divin Cantique de Marie recevaient leur accomplissement sur eux, et aussi sur la Synagogue qui les avait laissés seuls marcher à la recherche du Roi d’Israël: « Ceux qui avaient faim, il les a remplis de biens ; et ceux qui étaient opulents, il les a renvoyés dans la disette. »

Mais considérons ces présents des Mages, et reconnaissons, avec l’Eglise et les Pères, les Mystères qu’ils exprimaient. Ces dons étaient au nombre de trois, afin d’honorer le nombre sacré des Personnes dans l’Essence divine ; mais le nombre inspiré trouvait une nouvelle application dans le triple caractère de l’Emmanuel. Ce Fils de Dieu venait régner sur le monde : il convenait de lui offrir l’Or qui marque la puissance suprême. Il venait exercer le souverain Sacerdoce, et réconcilier, par sa médiation, le ciel et la terre : il convenait de lui présenter l’Encens qui doit fumer dans les mains du Prêtre. Sa mort pouvait seule le mettre en possession du trône préparé à son humanité glorieuse ; cette mort devait inaugurer le Sacrifice éternel de l’Agneau divin : la Myrrhe était là pour attester la mort et la sépulture d’une victime immortelle. L’Esprit-Saint qui inspira les Prophètes avait donc dirigé les Mages dans le choix de ces mystérieuses offrandes; et c’est ce que nous dit éloquemment saint Léon, dans un de ses Sermons sur l’Epiphanie : « O admirable foi qui mène à la science parfaite, et qui n’a point été instruite à l’école d’une sagesse terrestre, mais éclairée par l’Esprit-Saint lui-même ! Car où avaient-ils découvert la nature inspirée de ces présents, ces hommes qui sortaient de leur patrie, sans avoir encore vu Jésus, sans avoir puisé dans ses regards la lumière qui dirigea si sûrement le choix de leurs offrandes ! Tandis que l’Etoile frappait les yeux de leur corps, plus pénétrant encore, le rayon de la vérité instruisait leurs cœurs. Avant d’entreprendre les fatigues d’une longue route, ils avaient déjà connu Celui à qui étaient dus, par l’Or, les honneurs de Roi ; par l’Encens, le culte divin ; par la Myrrhe, la foi dans sa mortalité. » Si ces présents représentent merveilleusement les caractères de l’Homme-Dieu, ils ne sont pas moins remplis d’enseignements par les vertus qu’ils signifient, et que le divin Enfant reconnaissait et confirmait dans l’âme des Mages. L’Or signifie pour nous, comme pour eux, la charité qui unit à Dieu ; l’Encens, la prière qui appelle et conserve Dieu dans le cœur de l’homme; la Myrrhe, le renoncement, la souffrance, la mortification, par lesquels nous sommes arrachés à l’esclavage de la nature corrompue. Trouvez un cœur qui aime Dieu, qui s’élève à lui par la prière, qui comprenne et goûte la vertu de la croix : vous aurez en ce cœur l’offrande la plus digne de Dieu, celle qu’il agréera toujours.
Nous ouvrons donc aussi notre trésor, ô Jésus! et nous mettons à vos pieds nos présents. Après avoir confessé votre triple gloire de Dieu, de Prêtre et d’Homme, nous vous supplions d’agréer le désir que nous avons de répondre par l’amour à l’amour que vous nous témoignez ; nous osons môme vous dire que nous vous aimons, ô Dieu ! ô Prêtre ! ô Homme ! Augmentez cet amour que votre grâce a fait naître. Recevez aussi notre prière, tiède et imparfaite, mais cependant unie à celle de votre Eglise. Enseignez-nous à la rendre digne de vous, et proportionnée aux effets que vous voulez qu’elle produise; formez-la en nous, et qu’elle s’élève sans cesse de notre cœur, comme un nuage de parfums. Recevez enfin l’hommage de nos cœurs contrits et pénitents, la volonté que nous avons d’imposer à nos sens le frein qui les règle, l’expiation qui les purifie.
Illuminés par les hauts mystères qui nous révèlent la profondeur de notre misère et l’immensité de votre amour, nous sentons qu’il nous faut, plus que jamais, nous éloigner du monde et de ses convoitises, et nous attacher à vous. L’Etoile n’aura pas lui en vain sur nous ; elle ne nous aura pas en vain conduits jusqu’à Bethléhem, où vous régnez sur les cœurs. Quand vous vous donnez vous-même, ô Emmanuel ! quels trésors pourrions-nous avoir que nous ne devions être prêts à déposer à vos pieds ?
Protégez notre offrande, ô Marie ! Celle des Mages, accompagnée de votre médiation, fut agréable à votre Fils ; la nôtre, présentée par vous, trouvera grâce, malgré son imperfection. Aidez notre amour par le vôtre ; soutenez notre prière par l’intervention de votre Cœur maternel ; fortifiez-nous dans la lutte avec le monde et la chair. Pour assurer notre persévérance, obtenez-nous de ne jamais oublier les doux mystères qui nous occupent présentement ; qu’à votre exemple, nous les gardions toujours gravés dans notre cœur. Qui oserait offenser Jésus dans Bethléhem? qui pourrait refuser quelque chose à son amour, en ce moment où, sur vos genoux maternels, il attend notre offrande ? O Marie ! ne nous laissez jamais oublier que nous sommes les enfants des Mages, et que Bethléhem nous est toujours ouverte.
Pour épancher les sentiments de joie et d’admiration que nous causent de si ineffables merveilles, empruntons la voix de la Liturgie ; et chantons d’abord cette Hymne de la Naissance que nous a laissée le saint Evêque de Poitiers, Venance Fortunat :

HYMNE.
 

Que le monde entier se réjouisse en apprenant l’arrivée de Celui qui est la récompense de vie; après le joug d’un ennemi farouche , la rédemption nous apparaît.
Ce qu’avait chanté Isaïe, s’accomplit dans la Vierge: l’Ange lui a annoncé le mystère ; l’Esprit-Saint l’a remplie de sa vertu.
Marie conçoit dans ses entrailles ; sa foi dans la parole a été féconde ; Celui que le monde entier ne peut contenir est contenu au sein d’une Vierge.
La tige de Jessé a fleuri, la branche a porté son fruit ; la Mère féconde a mis au jour son Fils, et la Vierge a gardé son intégrité.
Il s’est laissé placer dans une crèche, Celui qui est l’auteur de la lumière ; avec son Père il a créé les cieux ; la main de sa Mère l’a enveloppé de langes.
Celui qui donna la Loi au monde,Celui qui promulgua les dix préceptes, a daigné, devenu homme, se placer sous le joug de la Loi.
La souillure du vieil Adam, le nouvel Adam l’a lavée ; ce que le premier, dans son orgueil, avait renversé, le second, dans son humilité, le relève.
La lumière et le salut viennent de naître, la nuit s’enfuit, la mort est vaincue ; venez, nations, visiter avec foi le Dieu que Marie nous enfante.
Amen.

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR (2007 année C)

5 janvier, 2010

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070106_epifania_fr.html

CHAPELLE PAPALE EN LA SOLENNITÉ DE L’ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Basilique Vaticane
Samedi 6 janvier 2007    (année C)

Chers frères et soeurs,

Nous célébrons avec joie la solennité de l’Epiphanie, « manifestation » du Christ aux nations, qui sont représentées par les Rois Mages, mystérieux personnages venus d’Orient. Nous célébrons le Christ, but du pèlerinage des peuples à la recherche du salut. Dans la première Lecture, nous avons écouté le prophète, inspiré par Dieu, contempler Jérusalem comme un phare de lumière qui, au milieu des ténèbres et des brumes de la terre, oriente le chemin de tous les peuples. La gloire du Seigneur resplendit sur la Ville sainte et attire tout d’abord ses enfants exilés et dispersés, mais en même temps les nations païennes également, qui viennent de toute part à Sion comme vers une patrie commune, l’enrichissant de leurs  biens  (cf. Is 60, 1-6). Dans la deuxième lecture nous a été reproposé ce que l’Apôtre Paul écrivait aux Ephésiens, c’est-à-dire que précisément la convergence des Juifs et des Païens, grâce à l’initiative pleine d’amour de Dieu, dans l’unique Eglise du Christ était le « mystère » manifesté dans la plénitude du temps, la « grâce » dont Dieu l’avait fait le ministre (cf. Ep 3, 2-3a.5-6). D’ici peu, dans la Préface, nous chanterons:  « Aujourd’hui dans le Christ, lumière du monde / tu as révélé aux peuples le mystère du salut ».

Vingt siècles se sont écoulés depuis que ce mystère a été révélé et réalisé dans le Christ, mais celui-ci n’est pas encore parvenu à son accomplissement. Mon  bien-aimé  Prédécesseur  Jean-Paul II, ouvrant son Encyclique sur la mission de l’Eglise, a écrit que « au terme du deuxième millénaire après sa venue, un regard d’ensemble porté sur l’humanité montre que cette mission en est encore à ses débuts » (Redemptoris missio, n. 1). Plusieurs questions apparaissent alors spontanément:  dans quel sens, aujourd’hui, le Christ est-il encore lumen gentium, lumière des nations? A quel point se trouve – si l’on peut ainsi dire – cet itinéraire universel des peuples vers Lui? Est-il dans une phase de progrès ou de recul? Et encore:  qui sont aujourd’hui les Rois Mages? Comment pouvons-nous interpréter, en pensant au monde actuel, ces mystérieuses figures évangéliques? Pour répondre à ces interrogations, je voudrais revenir à ce que les Pères du Concile Vatican II dirent à ce propos. Et j’ai plaisir à ajouter que, immédiatement après le Concile, le Serviteur de Dieu Paul VI, il y a quarante ans, précisément le 26 mars 1967, consacra l’Encyclique Populorum progressio au développement des peuples.

En vérité, tout le Concile Vatican II fut inspiré par la volonté d’annoncer le Christ, lumière du monde, à l’humanité contemporaine. Au coeur de l’Eglise, à partir du sommet de sa hiérarchie, apparut de manière impérieuse, suscité par l’Esprit Saint, le désir d’une nouvelle épiphanie du Christ au monde, un monde que l’époque moderne avait profondément transformé et qui, pour la première fois dans l’histoire, se trouvait face au défi d’une civilisation mondiale, dont le centre ne pouvait plus être l’Europe, pas plus que ce nous appelons l’Occident et le Nord du monde. Apparaissait l’exigence d’élaborer un nouvel ordre mondial politique et économique, mais, dans le même temps et surtout, spirituel et culturel; c’est-à-dire un humanisme renouvelé. Cette constatation s’imposait avec une évidence croissante. Un nouvel ordre mondial économique et politique ne fonctionne pas s’il n’y a pas de renouveau spirituel, si nous ne pouvons pas nous approcher à nouveau de Dieu et trouver Dieu parmi nous. Avant le Concile Vatican II, des consciences éclairées et des penseurs chrétiens avaient déjà eu l’intuition de ce défi historique et l’avaient affronté. Eh bien, au début du troisième millénaire, nous nous trouvons au coeur de cette phase de l’histoire humaine, qui a désormais été classifiée autour du terme « mondialisation ». D’autre part, nous nous apercevons aujourd’hui à quel point il est facile de perdre de vue les termes de ce même défi, précisément parce que l’on est concerné par celui-ci:  un risque fortement accru par l’immense expansion des mass media, qui, d’une part, s’ils multiplient indéfiniment les informations, de l’autre, semblent affaiblir nos capacités d’effectuer une synthèse critique. La solennité d’aujourd’hui peut nous offrir cette perspective, à partir de la manifestation d’un Dieu qui s’est révélé dans l’histoire comme lumière du monde, pour guider et introduire finalement l’humanité dans la terre promise, où règnent la liberté, la justice et la paix. Et nous voyons toujours davantage que nous ne pouvons pas promouvoir tout seuls la justice et la paix, si ne se manifeste pas à nous la lumière d’un Dieu qui nous montre son visage, qui nous apparaît dans la crèche de Bethléem, qui nous apparaît sur la Croix.

Qui sont donc les « Rois Mages » d’aujourd’hui, et où en est leur « voyage » et notre « voyage »? Chers frères et soeurs, revenons à ce moment de grâce spéciale que fut la conclusion du Concile Vatican II, le 8 décembre 1965, quand les Pères conciliaires adressèrent à l’humanité tout entière plusieurs « Messages ». Le premier était adressé « Aux Gouvernants », le deuxième « Aux hommes de la pensée et de la science ». Il s’agit de deux catégories de personnes que, d’une certaine manière, nous pouvons voir représentées dans les figures évangéliques des Rois Mages. Je voudrais ensuite en ajouter une troisième, à laquelle le Concile n’adressa pas un message, mais qui fut bien présente à son esprit dans la Déclaration conciliaire Nostra aetate. Je fais référence aux guides spirituels des grandes religions non chrétiennes. Plus de deux mille ans après, nous pouvons donc reconnaître dans les figures des Rois Mages une sorte  de préfiguration de ces trois dimensions constitutives de l’humanisme moderne:  la dimension politique, la dimension scientifique et la dimension religieuse. L’Epiphanie nous le montre dans un état de « pèlerinage », c’est-à-dire dans un mouvement de recherche, souvent un peu confuse, qui, en définitive, possède son point d’arrivée dans le Christ, même si parfois l’étoile se cache. Dans le même temps, elle nous montre Dieu qui, à son tour, est en pèlerinage vers l’homme. Ce n’est pas seulement le pèlerinage de l’homme vers Dieu; Dieu lui-même s’est mis en marche vers nous:  en effet, qui est Jésus, sinon Dieu qui est sorti, pour ainsi dire, de lui-même pour venir à la rencontre de l’humanité? Par amour, Il s’est fait histoire dans notre histoire; par amour, il est venu nous apporter le germe de la vie nouvelle (cf. Jn 3, 3-6) et la semer dans les sillons de notre terre, afin qu’elle germe, qu’elle fleurisse et qu’elle porte du fruit.

Je voudrais aujourd’hui faire miens ces Messages conciliaires, qui n’ont rien perdu de leur actualité. Comme par exemple là où, dans le Message adressé aux Gouvernants, on peut lire:  « C’est à vous qu’il revient d’être sur terre les promoteurs de l’ordre et de la paix entre les hommes. Mais, ne l’oubliez pas:  c’est Dieu, le Dieu vivant et vrai, qui est le Père des hommes. Et c’est le Christ, son Fils éternel, qui est venu nous le dire et nous apprendre que nous sommes tous frères. C’est lui, le grand artisan de l’ordre et de la paix sur la terre, car c’est lui qui conduit l’histoire humaine et qui seul peut incliner les coeurs à renoncer aux passions mauvaises qui engendrent la guerre et le malheur ». Comment ne pas reconnaître dans ces paroles des Pères conciliaires la trace lumineuse d’un chemin qui, seul, peut transformer l’histoire des nations et du monde? Et encore, dans le « Message aux hommes de la pensée et de la science », nous lisons:  « Continuez à chercher sans vous lasser, sans désespérer jamais de la vérité! » – tel est, en effet, le grand danger:  perdre intérêt pour la vérité et chercher seulement l’action, l’efficacité, le pragmatisme! – « Rappelez-vous, continuent les Pères conciliaires, la parole d’un de vos grands amis, saint Augustin:  « Cherchons avec le désir de trouver et trouvons avec le désir de chercher encore ». Heureux ceux qui, possédant la vérité, continuent de la chercher, pour la renouveler, pour l’approfondir, pour l’offrir aux autres. Heureux ceux qui, ne l’ayant pas trouvée, marchent vers elle d’un coeur sincère:  qu’ils cherchent la lumière de demain avec les lumières d’aujourd’hui, jusqu’à la plénitude de la lumière! ».

Voilà ce qui était dit dans les deux Messages conciliaires. Aux chefs des peuples, aux chercheurs et aux scientifiques, il est aujourd’hui plus que jamais nécessaire d’ajouter les représentants des grandes traditions religieuses non chrétiennes, en les invitant à se confronter à la lumière du Christ, qui n’est pas venu pour abolir, mais pour mener à bien ce que la main de Dieu a inscrit dans l’histoire religieuse des civilisations, en particulier dans les « grandes âmes », qui ont contribué à édifier l’humanité par leur sagesse et leurs exemples de vertu. Le Christ est lumière, et la lumière ne peut pas obscurcir, mais seulement illuminer, éclairer, révéler. Que personne n’ait donc peur du Christ et de son message! Et si, au cours de l’histoire, les chrétiens, qui sont des hommes limités et pécheurs, ont parfois pu le trahir par leurs comportements, cela souligne encore davantage que la lumière est le Christ et que l’Eglise ne la reflète qu’en restant unie à Lui.

« Nous avons vu l’étoile en Orient et nous sommes venus pour adorer le Seigneur » (Acclamation à l’Evangile, cf. Mt 2, 2). Ce qui chaque fois nous étonne, en écoutant ces paroles des Rois Mages, est que ces derniers se prosternèrent en adoration devant un petit enfant dans les bras de sa mère, non pas dans le cadre d’un palais royal, mais dans la pauvreté d’une bergerie à Bethléem (cf. Mt 2, 11). Comment cela a-t-il été possible? Qu’est-ce qui a convaincu les Rois Mages que cet enfant était « le roi des Juifs » et le roi des peuples? Ils ont certainement été persuadés par le signe de l’étoile, qu’ils avaient vu « se lever » et qui s’était arrêtée précisément sur le lieu où se trouvait l’Enfant (cf. Mt 2, 9). Mais même l’étoile n’aurait pas suffi, si les Rois Mages n’avaient pas été des personnes profondément ouvertes à la vérité. A la différence du roi Hérode, absorbé par son intérêt pour le pouvoir et la richesse, les Rois Mages étaient tendus vers l’objectif de leur recherche, et lorsqu’ils la trouvèrent, bien qu’ils fussent des hommes cultivés, ils se comportèrent  comme  les bergers de Bethléem:  ils reconnurent le signe et adorèrent l’Enfant, en lui offrant les dons précieux et symboliques qu’ils avaient apportées avec eux.

Chers frères et soeurs, arrêtons-nous nous aussi en esprit face à l’icône de l’adoration des Rois Mages. Celle-ci contient un message exigeant et toujours actuel. Exigeant et toujours actuel en particulier pour l’Eglise qui, se reflétant en Marie, est appelée à montrer Jésus aux hommes, rien d’autre que Jésus. En effet, Il est le Tout et l’Eglise n’existe que pour rester unie à Lui et le faire connaître au monde. Que la Mère du Verbe incarné nous aide à être de dociles disciples de son Fils, Lumière des nations. L’exemple des Rois Mages d’alors constitue également une invitation pour les Rois Mages d’aujourd’hui à ouvrir les esprits et les coeurs au Christ et à lui offrir les dons de leur recherche. A eux, à tous les hommes de notre temps, je voudrais aujourd’hui répéter:  n’ayez pas peur de la lumière du Christ! Sa lumière est la splendeur de la vérité. Laissez-vous illuminer par Lui, peuples de toute la terre; laissez-vous envelopper par son amour et vous trouverez le chemin de la paix. Ainsi soit-il.

Message de Noël du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie (2009)

5 janvier, 2010

du site:

http://www.egliserusse.eu/Message-de-Noel-du-patriarche-Cyrille-de-Moscou-et-de-toute-la-Russie_a909.html

Message de Noël du patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie

 Bienaimés dans le Seigneur membres de l’épiscopat,
Honorables Prêtres et Diacres,
Moines et Moniales aimés de Dieu,
Chers frères et sœurs !

En ce jour lumineux de la Nativité du Christ, je vous adresse mes vœux les plus cordiaux à l’occasion de cette grande fête.

Au cours de deux mille années, les chrétiens du monde entier, dans la joie et l’espérance, orientent leur regard spirituel vers l’événement qui représente une rupture dans l’histoire de l’humanité. La chronologie actuelle qui tire son origine de la Nativité et qui se trouve être la chronologie de l’ère chrétienne, témoigne par elle-même du caractère significatif de la venue du Christ Sauveur.

La grotte de Bethléem, où les animaux s’abritaient du froid de la nuit d’hiver, est l’image du monde qui un jour s’est éloigné de son Créateur et qui a ressenti l’affliction et les ténèbres de l’abandon de Dieu. Cependant, la nuit lumineuse de la Nativité a rempli de rayonnement non seulement la grotte qui a offert l’accueil à la très pure Vierge Marie, mais aussi toute la création, puisque par la naissance du Fils de Dieu, chaque homme qui vient dans le monde est illuminé par la Lumière de la vérité, comme en témoigne l’évangéliste Jean (Jn 1, 9).

Quelqu’un peut demander : que signifie la Lumière de la Vérité ? Nous trouvons la réponse à cette question dans le même récit évangélique de Jean. La Lumière de la vérité, c’est le Seigneur Lui-même, le Verbe de Dieu, lequel « s’est fait chair et a habité parmi nous, […] plein de grâce et de vérité » (Jn 1,14).

Par la Naissance du Sauveur, les hommes ont trouvé la possibilité d’avoir la grâce et la vérité (Jn 1, 17). La grâce est la force donnée par Dieu à l’homme en vue du salut. C’est précisément par cette force que les hommes sont vainqueurs du péché. Sans la grâce, on ne peut vaincre le mal, et donc vaincre tout ce qui obscurcit notre Vie.

La Vérité, c’est la valeur fondamentale de l’être. Si le fondement de la vie est le mensonge, l’erreur, alors la vie ne réussit pas. Certes, extérieurement, la vie d’un homme qui s’égare peut paraître entièrement réussie. Mais cela ne signifie pas que l’erreur soit anodine : tôt ou tard elle va apparaître, y compris sous forme de tragédie dans le destin humain.

La Lumière de la vérité, c’est la lumière divine, c’est la vérité divine. Elle est invariable et éternelle et elle ne dépend pas du fait que nous l’acceptons ou non. L’acception par l’homme de la vérité divine détermine avant tout le caractère de ses rapports avec les autres, la capacité, selon les paroles de l’Apôtre, de « porter les fardeaux les uns des autres » (Gal 6, 2), c’est-à-dire de faire preuve de solidarité avec le prochain, de participer aux joies et aux douleurs des autres. « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35) dit le Seigneur. Et pourtant, ces éternelles vérités divines qui seules sont capables de transfigurer notre vie, aujourd’hui cessent d’être des idéaux. Avec insistance, elles sont chassées de la conscience de l’homme moderne par l’irresponsabilité morale, l’égoïsme, la consommation, la négation du péché comme problème fondamental de l’existence humaine.

C’est précisément par la substitution de valeurs fausses aux valeurs véritables que s’explique la signification qui ne cesse de croître de ce qu’on appelle « le facteur humain » dans les événements tragiques qui emportent des centaines de vies humaines. C’est par là également qu’on explique aussi les crises qui, à l’échelle de la planète entière, ébranlent l’économie, la politique, le milieu qui nous entoure, la vie familiale, les rapports entre les générations et bien d’autres choses.

L’importance de la célébration de la Nativité du Christ consiste en ce qu’elle nous rend plus proches du Sauveur, nous aide à voir plus précisément son visage et de nous pénétrer de sa bonne nouvelle. Le Seigneur, encore et toujours mystérieusement, naît pour nous au plus profond de nos âmes « pour qu’on ait la vie et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 10,10). L’événement de la nuit de Bethléem entre dans la vie contemporaine et nous aide à la voir d’un autre point de vue, parfois inhabituel et inattendu. Ce qui semblait le plus important et énorme, soudain apparaît comme étant de peu d’importance et éphémère, laissant la place à la grandeur et à la beauté de l’éternelle beauté divine.

Et c’est avec une force particulière que résonnent aujourd’hui les paroles du Sauveur : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin de l’âge » (Mt 28, 20). Ces paroles donnent l’espérance fondée sur la conviction solide que quelles que soient les tentations qui nous atteignent dans cette vie, le Seigneur n’abandonnera pas Son héritage.

L’année passée a été, dans notre Église, marquée par de nombreux événements importants. Le concile local qui s’est réuni à Moscou en la cathédrale Christ-Sauveur, après le décès de Sa Sainteté le Patriarche Alexis II, a élu son successeur. Fortifié par la prière et le soutien de l’épiscopat, du clergé et du troupeau des fidèles, dans l’espérance en la volonté divine, j’ai accepté le sort qui m’est échu du service patriarcal. Célébrant à Moscou, dans un nombre de diocèses de Russie, de même qu’en Ukraine, en Biélorussie et en Azerbaïdjan, j’ai connu la joie de la relation de prière avec notre pieux peuple orthodoxe, avec les gens jeunes et les gens âgés, avec ceux d’âge moyen et avec les enfants. Partout j’ai pu voir les visages rayonnants des gens, expression sincère d’une foi profonde. C’est devenu pour moi une expérience spirituelle très forte et un témoignage visible de l’unité de la Sainte Russie qui par la force de la foi de son peuple multinational surmonte les frontières sociales, de biens, d’âge, d’ethnies et autres, tout en conservant son unité spirituelle dans les conditions des réalités politiques contemporaines.

Cette unité est renforcée par l’Église une, dans laquelle, par la grâce de Dieu, est surmonté tout ce qui est temporaire et passager. Ici apparaît au regard humain l’authentique grandeur des valeurs intemporelles. C’est précisément pour cette raison que la Vérité divine doit servir d’orientation pour toute activité humaine, pour le développement et le mouvement en avant.

C’est une joie de voir qu’un nombre toujours plus grand de nos contemporains commence à reconnaître ses sources spirituelles, à apprécier sa tradition religieuse et culturelle. Et aujourd’hui, le triomphe de la fête est partagé, non seulement par les croyants fermement enracinés dans l’orthodoxie, mais aussi par ceux qui ne sont qu’en chemin vers la découverte de la foi salvatrice et, peut-être, pour la première fois traversent le seuil de l’Église, répondant dans leur cœur à l’appel évangélique.

En prière, je vous souhaite, éminents évêques, honorables pères, chers frères et sœurs, de nombreuses grâces du Christ, le divin enfant né à Bethléem, pour que par la grâce divine votre joie se multiplie, que soient guéries vos maladies, que vos afflictions soient consolées. Que la lumière de l’étoile de Bethléem soit un guide pour chacun d’entre nous et que le Seigneur bénisse les efforts dans le domaine de l’amélioration de la vie de l’Église, des états dans lesquels nous vivons, de nos sociétés, et qu’Il nous donne à tous de demeurer fidèlement dans la vérité évangélique.

+ Cyrille
PATRIARCHE DE MOSCOU ET DE TOUTE LA RUSSIE
Nativité du Christ
2009/2010, Moscou

Mardi 29 Décembre 2009

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