La façade de Saint-Louis des Français restaurée (Rome)

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La façade de Saint-Louis des Français restaurée (Rome)

Une « encyclopédie du savoir-faire »

ROME, Jeudi 28 janvier 2010 (ZENIT.org) – La fameuse et ample façade de l’église Saint-Louis des Français de Rome est libérée de ses échafaudages et retrouve aujourd’hui sa lumière et sa beauté, entre les « palais » romains d’ocre rouge.

Responsable du projet, en 1580 (la première église est de 1549), Giacomo della Porta avait confié à son maître d’œuvre Domenico Fontana et au tailleur de pierre Marcantonio Busi la construction de la façade.

Etendue horizontalement, ennoblie de travertin et surmontée d’un fronton triangulaire, l’architecture de la façade puise son inspiration chez Michel-Ange. Des éléments sculpturaux rappellent l’histoire française de l’église : le blason en marbre des Armes de France, et son somptueux collier de coquilles St Jacques, les bas-reliefs des Salamandres, insigne de François Ier.

L’œuvre constitue même, de l’avis de Didier Repellin, architecte en chef des Monuments historiques, qui a décrit aujourd’hui les travaux à la presse une « leçon d’architecture » et même une « encyclopédie du savoir-faire », une « célébration du savoir-faire », où architecture et sculpture sont conjuguées dans une étroite unité.

L’architecte a souligné les détails des fleurs de lys dont la délicate courbure est ciselée dans le travertin, dessinées jusque dans le détail de leurs pistils, tandis que les dauphins sourient de toutes leurs dents finement travaillées.

Le socle de la croix – de taille humaine, restaurée et complétée d’après le dessin original  – est ainsi un « chef d’œuvre de sculpture », et l’arrondi des salamandres admirable, les têtes de lion de la dentelle de pierre comme le plumage des … harpies, étrangement présentes.

Le travertin porte encore la trace – fraîche après des siècles – des outils qui l’ont travaillé : plus d’une dizaine d’instruments ont pu être ainsi identifiés. Et le débarbouillage de la façade a parfois été plus de l’ordre du « masque de beauté » – avec l’application de « compresses » – que du lessivage : il fallait conserver ces traces de la main des artistes.

Comme l’a indiqué Manuela Micangeli – dont M. Repellin a souligné qu’elle connaissait chaque centimètre carré de cette façade – il fallait adapter la technique de nettoyage aux différentes interventions – ragréages- précédentes, la colophane ou la limonite ayant jauni certains endroits, par exemple. Les experts ont repéré des « ragréages » faits à 6 moments différents. Les interventions les plus réussies et résistantes étant de l’époque même de la construction.

Il s’agissait aussi de faire en sorte que la pierre refasse sa « peau » calcaire ou bien de respecter cette « peau », comme sur le blason de France (avec des résines « échangeuses d’ions »). Car, avec le temps, le travertin prend à Rome cette nuance dorée si caractéristique : il fallait donc éviter l’effet « cachet d’aspirine » tout en effaçant les traces de pollution. A l’avenir, la rue – le « largo » – étant devenue piétonne, la pollution agressera moins la pierre.

M. Repellin a rendu hommage à ces techniques italiennes qui maintenant ont été utilisées aussi en France et en Europe, et à la « compétence » et à « l’amour du travail bien fait » de son équipe romaine.

L’église est placée sous la tutelle de l’ambassade de France près le Saint-Siège, qui a veillé à la restauration.

L’église est dédiée à la Vierge Marie, à saint Denis l’Aréopagite et à saint Louis, roi de France : on a restitué les M entrelacés de Marie pour la fenêtre de gauche et le S et L de saint Louis sur celle de droite, comem au XVIIe s. M. Repellin a souligné à ce propos que certes, ce ne sont pas des œuvres originales mais la restauration, c’est aussi conserver le meilleur de l’histoire des monuments.

Les statues des quatre niches représentent, en haut, sainte Clothilde, épouse de Clovis (475 à 545) et sainte Jeanne de Valois, épouse de Louis XII et fondatrice des Annnonciades (1464-1505) ; à l’étage en dessous, Louis IX, saint Louis (1214-1270) et Charlemagne (742 ou 748-814), jamais canonisé, mais mis au nombre des saints en 1165 par l’antipape Pascal III, à l’instigation de l’empereur Frédéric Barberousse.

Elles avaient été peu touchées par les restaurations précédentes et n’ont pas eu besoin d’intervention spéciale.

Il a donc fallu faire des travaux de couverture, consolider la maçonnerie, restaurer les sculptures, nettoyer la façade, rénover les vitraux, réparer les menuiseries. Montant de la facture : 490 000 euros, dont 145 000 payés par les propriétaires les « Pieux établissements », 145 000 par le Ministère de la Culture et de la Communication, et 200 000 par la Fondation Total.

Anita S. Bourdin

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