Il fallait la venue parmi nous du Fils de l’homme, « l’Emmanuel », et…

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Universel

Mgr Gilbert Louis

Lectures : Is 60, 1-6 – Ps 71 – Ep 3, 2…6 – Mt 2, 1-12

Esprit & Vie n°205-6 – décembre 2008, p. 46-47.

Il fallait la venue parmi nous du Fils de l’homme, « l’Emmanuel », et sa manifestation glorieuse, pour que le projet de Dieu surgisse en pleine lumière. Demeuré longtemps caché, ce dessein que pourtant l’on pouvait déjà décrypter grâce à une lecture attentive des Écritures, apparaît enfin au grand jour. Quelques-uns des prophètes d’Israël en ont eu le pressentiment. Isaïe en fait l’annonce avec beaucoup de lyrisme : « Debout Jérusalem ! Sur toi se lève le Seigneur ! Regarde autour de toi, tous se rassemblent, ils arrivent. » C’est d’une véritable épiphanie qu’il s’agit, et l’apôtre Paul tient à en préciser la teneur : « Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. » L’histoire humaine n’est donc pas enfermée dans un cycle répétitif, elle est l’histoire du Royaume de Dieu qui avance et se développe en s’ouvrant à tous les hommes ; elle est l’histoire d’une heureuse nouvelle pour tous. C’est pourquoi, elle est résolument tournée vers l’avenir. Un horizon se dessine : le rassemblement dans le Christ des enfants de Dieu dispersés. Ce rassemblement, symbolisé par la réconciliation des juifs et des païens, comprend la réconciliation finale des frères ennemis qui ne cessent de s’affronter depuis Caïn et Abel, la marche vers l’unité des Nations et de peuples d’abord opposés, la récapitulation de l’univers sous un seul chef, le Christ. Tous les hommes sont appelés à ne former qu’un seul Corps dans le Christ, à vivre ensemble en communion avec Dieu. C’est dans le Christ que toutes choses se rencontrent, « celles du ciel et celles de la terre ». Le récit de l’adoration des mages auprès de l’enfant nouveau-né de Bethléem inaugure précisément cette confluence des peuples vers la lumière du Christ et cette montée, quoique fragile et indécise, vers le rassemblement de l’humanité.

Des chercheurs de Dieu

Saint Matthieu construit son Évangile avec une intention précise : la Bonne Nouvelle n’est pas réservée au seul Israël, elle est offerte à la terre entière. Au récit de ces mages païens venus se prosterner devant l’enfant-Roi répond, en finale de l’Évangile, l’envoi en mission par le Christ ressuscité : « Allez donc ! De toutes les Nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 18.) Mais que peuvent bien nous dire les mages, ces personnages mystérieux dont on ne précise même pas la provenance, l’Évangéliste se contentant de noter qu’ils viennent d’Orient ? En fait, qu’ils arrivent de Perse ou d’ailleurs, qu’importe puisque toutes les Nations de la terre peuvent se retrouver en eux et qu’ils sont censés représenter les païens, des « non-ayant-droits » à l’héritage du peuple choisi. Ce sont des hommes en recherche comme il s’en trouve partout dans le monde, des chercheurs de Dieu attentifs aux signes de sa présence, en l’occurrence une étoile. Les bergers qui les ont précédés, ont été conduits par des anges jusqu’à l’enfant de la crèche. Les chefs des peuples et les scribes qui avaient à leur disposition les Écritures pour leur indiquer le lieu de la naissance du Messie, ne se sont pas dérangés. Les mages, eux, se laissent guider par une étoile, attirés dans un premier temps vers Jérusalem. Or, cette étoile n’avait pas encore été répertoriée dans l’immensité de la voûte céleste par ces honorables astrologues. Elle vient d’ailleurs comme un signe donné par Dieu pour annoncer le Messie. Car Dieu, au travers d’une science approximative et de surcroît suspecte aux yeux des Juifs, les a orientés malgré tout vers la lumière de son Christ. Oui, qu’importe en définitive la provenance des mages, qu’importe également leur nom. Des traditions postérieures, à l’imaginaire fleuri, se chargeront de leur donner une identité et de les faire rois. Quant à leur nombre, il a été décidé en bonne logique qu’ils étaient trois, autant que de présents offerts à l’enfant : de l’or, de la myrrhe et de l’encens. Le chiffre trois ne suffit-il pas à souligner la diversité de ces mages adorateurs ? Chacun offrant le trésor qui est le sien, la diversité mais aussi leur belle unanimité dans l’hommage rendu à l’enfant qui vient de naître.

L’Église, « sacrement du Royaume »

En proposant le récit des mages comme prologue à son Évangile, Matthieu a en toile de fond l’affrontement de sa communauté avec des Juifs et leur refus d’accueillir le Messie. Au chapitre 2, le refus du peuple élu se trouve exprimé par les chefs des prêtres, les scribes d’Israël et tout Jérusalem. Hérode, sans être Juif, s’associe à leur refus pour des raisons politiques. Bien que Jésus ait affirmé ne pas vouloir abolir la Loi mais l’accomplir, le drame du rejet de Jésus par les Juifs traverse tout l’Évangile de Matthieu. Il vaut la peine, à ce sujet, de relire le livre-testament du cardinal Lustiger, La Promesse, dans lequel il précise que l’Église est dite « catholique » parce qu’elle est l’Église des juifs et des païens, « chacun attestant pour l’autre la gratuité absolue du don de Dieu ». Mais le récit des mages ne concerne pas seulement le rapport de l’Église au judaïsme. Il reçoit une actualité singulière quant à la façon dont l’Église, de plus en plus confrontée à d’autres religions et à de multiples cultures, conçoit sa mission évangélisatrice en ce troisième millénaire. Le dernier Concile nous a invités à établir d’utiles distinctions entre Église et Royaume, entre Évangile et réalisations historiques du message chrétien. Dieu parle aux hommes, non seulement par l’Écriture et par les grands textes de la dogmatique, mais par « les signes des temps ». L’attitude de l’Église doit donc être une attitude d’écoute et de dialogue. « L’Église n’ignore pas tout ce qu’elle a reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain. » (Gaudium et Spes, n° 26.) Dès lors, qu’advient-il de sa prétention à l’universel ? On imagine mal qu’elle puisse renoncer à témoigner de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus-Christ comme libération du péché et de la mort éternelle. Elle témoigne même d’une espérance au-delà des limites de l’histoire. Mais l’Église n’est pas seulement le sacrement du Royaume à venir. Déjà ici-bas, elle est ce « sacrement », c’est-à-dire « le signe et le moyen de l’unité de tout le genre humain et de l’union avec Dieu » (Lumen gentium, n° 1). Comment le pourrait-elle sans participer aux grandes causes qui soulèvent l’humanité contemporaine : justice, droits de l’homme, sauvegarde de la création, respect de la vie, souci prioritaire des plus défavorisés ? Comment le pourrait-elle sans chercher à être, à l’intérieur d’elle-même, un modèle de fraternité et d’unité donnant forme à l’humanité de demain ?

2 Réponses à “Il fallait la venue parmi nous du Fils de l’homme, « l’Emmanuel », et…”

  1. MARIE dit :

    merci pour le comentair.

  2. gabriellaroma dit :

    Bonsoir Marie,

    est toujours agréable de parler de Marie,

    Gabriella

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