Ps 2 : »Tu es mon fils » et commentaire biblique
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Ps 2 : »Tu es mon fils »
Ps 2,1 Pourquoi ce tumulte des peuples
ce complot stérile des nations ?
2 Les rois de la terre s’insurgent,
les grands conspirent entre eux
contre le Seigneur et son messie
3 »Faisons sauter nos chaînes et rejetons ces entraves ! »
4 Celui qui règne dans les cieux s’en amuse,
le Seigneur les tourne en ridicule;
5 puis il leur parle avec fureur,
et sa colère les épouvante :
6 »C’est moi qui ai sacré mon roi
sur Sion, ma sainte montagne.
7 Je proclame le décret du Seigneur : Il m’a dit :
»Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré.
8 Demande, et je te donne les nations en héritage,
toute la terre pour domaine.
9 Tu les détruiras avec un sceptre de fer,
tu les briseras comme un vase d’argile. »
10 Maintenant, rois, sachez comprendre ;
instruisez-vous, juges de la terre :
11 servez le Seigneur avec crainte,
célébrez-le, adorez-le en tremblant ;
12 qu’il se fâche, et vous êtes perdus,
un rien, et sa colère s’enflamme !
Commentaire de Ps 2
Ps 2 : »Tu es mon fils »
Les psaumes royaux évoquent, de façon poétique, les différentes phases ou l’une des phases de la cérémonie d’intronisation du nouveau roi. Cette célébration d’intronisation comportait deux moment principaux : l’un au Temple, l’autre au palais.
La célébration
Au Temple, le roi recevait l’onction royale donnée par un prêtre, puis un prophète lui remettait le »protocole royal », petit rouleau où était écrite la mission que Dieu lui donnait. Le peuple poussait alors l’acclamation : »Untel est roi ! » et on partait en cortège au palais. Là, on remettait au roi ses insignes, on lui présentait son armée et les dignitaires. Le roi faisait peut-être alors une sorte de »discours du trône » et parfois un prophète prononçait une prière.
Les psaumes royaux contenus dans le psautier se réfèrent à l’une ou l’autre partie de cette célébration. »Les Ps 2 et 101, dans des styles différents, sont le discours du trône. Le Ps 21 correspond à l’accueil du roi par le prêtre à son arrivée au Temple. Les Ps 45 et 110 se déroulent dans la salle du trône. Le Ps 72 est la prière en forme d’oracle prononcé par le prophète cultuel. Le Ps 89, très difficile, évoque, entre autres choses, le cortège allant du Temple au palais. » (M. Mannati, in Cahiers Évangile n° 13)
Il est difficile de dater le Ps 2. Il peut être très ancien, mais a probablement été relu après l’exil, à une époque où il n’y a plus de roi. A ce dernier stade, il célèbre d’abord le roi de l’avenir auquel pensait Isaïe et tel que la tradition postérieure l’a magnifié. Dans ce cas, des images comme celles du v.8 ne seraient pas de simples formules hyperboliques, mais le signe que ce Roi attendu est vraiment le Seigneur de l’univers.
Le roi, fils de Dieu
»Tu es mon fils… » (v. 7). Qu’est-ce à dire ? Dans la Bible l’expression »Fils de Dieu » désigne soit des anges (Job 1,6 ; 38,7), soit le peuple d’Israël (Os 11,1), soit les justes qui mettent leur confiance dans le Seigneur (Sg 2,18). Elle désigne surtout le roi qui devient, selon la théologie d’Israël, un fils adoptif de Dieu. On se souvient la célèbre prophétie de Nathan dans laquelle Dieu s’engageait envers David et sa descendance : »Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils » (2 S 7,14). Dans le Ps 2, psaume d’investiture, le roi puis le prophète du Temple de Jérusalem s’expriment pour souligner la grandeur redoutable du fils sur qui repose la force de Dieu. Le ton est un peu grandiloquent, le fils en question n’est après tout que le souverain d’un tout petit royaume coincé entre de gigantesques empires. Mais il est grand aux yeux des croyants.
Le Messie
Mais que se passe-t-il quand les rois disparaissent, quand les empires assyriens et néo-babyloniens balayent comme fétus de paille les royaumes du Nord et du Sud ? Que signifie alors le Psaume 2 dans la bouche du croyant ? Pourquoi continuer à le chanter alors qu’il n’y a plus de rois ? La figure du »fils » évoque maintenant un personnage nouveau, non plus le roi réel d’Israël et de Juda, mais le roi espéré dans un avenir plus ou moins proche. Petit à petit une conviction s’impose chez les croyants : Dieu enverra un roi-messie pour établir son règne sur la terre. Le Ps 2, mais aussi d’autres psaumes (Ps 18, 20, 110, etc.), portent en eux cette espérance, l’attente du Messie, fils de Dieu.
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