Archive pour le 10 décembre, 2009
Le Christ et la culture : les deux grandes passions de Mgr Ravasi
10 décembre, 2009du site:
http://www.zenit.org/article-22906?l=french
Le Christ et la culture : les deux grandes passions de Mgr Ravasi
Confessions du président du Conseil pontifical de la culture
ROME, Jeudi 10 décembre 2009 (ZENIT.org) – Le président du Conseil pontifical de la culture, Mgr Gianfranco Ravasi a une si grande mémoire que si on lui demande comment il a découvert sa vocation au sacerdoce, il remonte jusqu’aux premières années de vie.
Né en 1942, Mgr Ravasi se souvient d’un épisode vécu alors qu’il n’avait que quatre ans et demi. La Seconde Guerre mondiale venait tout juste de finir. Il voit le soleil se cacher derrière une colline et entend un train qui passe, le sifflement de la vapeur… « Ce son a quelque chose de mélancolique : il renvoie à ton esprit cette idée de départ », confesse-t-il à ZENIT.
« Et je me souviens très clairement de cette sensation profonde que j’ai eue de la fragilité des choses. C’était quelque chose qui me faisait comprendre le sens de la mort ou, du moins, le fait de ne pas être totalement en sécurité ici. Je crois que cet élément fut un élément important dans ma recherche de Dieu », ajoute-t-il.
Puis, discernant sa vocation et entrant au séminaire, il commence à déchiffrer et à comprendre cette sensibilité et cette nostalgie de l’infini qu’il avait toujours senties comme un appel à participer et à faire participer les autres à l’Eternité, à travers sa vocation au sacerdoce.
« A l’époque, je sentais désormais que choisir Dieu était comme choisir le sens ultime de la vie », explique-t-il.
La foi au travers de la culture
Mgr Ravasi a hérité de sa mère sa passion pour la lecture. Très jeune il lisait déjà Platon, saint Augustin, Pascal, Kierkegaard, Dostoïevski, entre autres auteurs. « Fondamentalement, on voit une ligne de ceux qui exaltent l’intuition, l’illumination plus que l’acquisition ».
Mgr Ravasi est aussi un grand mélomane. Il écoute en particulier Bach et Mozart, de la musique baroque et contemporaine.
Il découvre aussi ce lien très fort qui unit l’art et la spiritualité dont, selon lui, « le but ultime est de faire découvrir à travers des instruments finis la parole, les images, les sons, et de représenter l’infini ».
« Si je veux mieux comprendre la passion du Christ, avec ‘La passion selon Matthieu’ de Bach j’entre en profondeur dans une dimension spirituelle », souligne-t-il.
Mgr Ravasi ne cache pas non plus son admiration pour l’art, bien qu’il dise ne pas savoir en créer ou produire : « J’ai tellement de respect et d’admiration pour le génie que je ne peux pas, je ne veux pas imiter, ça serait faire quelque chose de disgracieux ».
L’art d’écrire (à la main)
Mgr Ravasi a désormais perdu le compte des livres qu’il a écrits. Il estime en avoir écrit à peu près 150. Il aime écrire la nuit : « je dors peu, quatre heures me suffisent et je me sens reposé comme si j’en avais dormi huit ».
Il écrit toujours à la main, n’utilise jamais l’ordinateur. Pas très porté pour les travaux manuels, il pense que c’est justement pour cela qu’il ne s’y connaît pas beaucoup en nouvelles technologies (même si un groupe de ses admirateurs est sur Face book). C’est un grand chercheur mais il n’utilise jamais « Google » comme outil.
Il a par contre besoin de références bibliographiques ; il est capable de se souvenir à quelle page se trouve une chose qu’il a lue 10 ans auparavant et d’aller la rechercher. « Les personnes cherchent sur Google quelque chose sur l’espérance et trouvent 58.000 possibilités. Comment font-ils ? Moi je n’en ai peut-être que 300, mais je sais lesquelles choisir et où », commente-t-il.
Parmi ses livres, il dit avoir surtout aimé écrire « 500 curiosités de la foi », « Brève histoire de l’âme » et les commentaires des psaumes et du Cantique des Cantiques, ainsi que des articles pour le journal « Avvenire ».
Appelé par Dieu
Le président du Conseil pontifical de la culture, ordonné prêtre dans le diocèse de Milan, dit avoir vécu sa vocation sacerdotale en trois étapes : dans sa jeunesse, lorsqu’il a enseigné pendant 20 ans à la Faculté théologique du nord de l’Italie ; puis lorsqu’il a été préfet de la Bibliothèque ambrosienne de Milan et enfin, aujourd’hui, dans sa fonction actuelle.
Pendant 22 ans, ce grand bibliste a dirigé les cycles de rencontres de lectio divina au centre d’études San Fedele de Milan. En général, cela se passait durant le Carême ou l’Avent de chaque année.
C’est aussi un ami des moyens de communication : il écrivait quotidiennement, sauf le lundi, un article sur « Avvenire », le journal de la Conférence épiscopale italienne, et a dirigé et animé sur la chaîne de télévision privée italienne Canale 5 une émission appelée « Les frontières de l’Esprit ». « J’ai commencé à recevoir des lecteurs ou des auditeurs, dont 20% de non croyants, 5.000 lettres par an », rapporte-t-il.
Pour Mgr Ravasi, avoir été nommé par le Saint-Siège au poste de président du Conseil pontifical de la culture fut une grande joie. « Je ne suis pas un homme de curie, un homme de carrière. C’est une nouvelle perspective, non plus de l’Italie mais de l’Eglise universelle ».
Quand on lui demande quels éléments ne peuvent manquer dans la vie d’un prêtre, Mgr Ravasi renvoie à des lieux symboliques que tous ceux qui sont appelés à cette vocation ne doivent jamais perdre de vue.
Le premier est l’agenouillement, car « l’invocation, la prière, la primauté de la grâce est fondamentale ». Puis il y a la « table de travail », où le premier livre posé doit toujours être la Bible.
Mgr Ravasi confesse qu’il est de caractère plutôt pessimiste et insatisfait de la fragilité humaine, mais déclare que le service du Christ par la culture est une mission qui le comble et un excellent outil pour dialoguer avec le monde laïc.
Aussi juge-t-il son sacerdoce « très serein, très joyeux, en dépit de toute difficulté ».
Propos recueillis par Carmen Elena Villa
Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié
LE «NOM DE DIEU» DANS LA LITURGIE CATHOLIQUE ROMAINE
10 décembre, 2009du site:
http://www.jcrelations.net/fr/?item=3009
LE «NOM DE DIEU» DANS LA LITURGIE CATHOLIQUE ROMAINE
Le 29 juin 2008, le Cardinal Francis Arinze, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, adressait aux conférences épiscopales une lettre sur l’usage du Nom de Dieu (YHWH) dans le culte liturgique catholique romain. Réagissant à la «nouvelle pratique» de prononcer ce nom (ce dont s’abstient la communauté juive), le préfet rappelle qu’il doit plutôt être traduit dans chaque langue, comme l’ont fait autrefois les traductions grecque (la Septante) et latine (la Vulgate). Bien qu’elle ne soit pas adressée directement à la communauté juive, cette directive peut aussi être comprise comme un signe de respect envers elle, d’où l’intérêt de la porter à l’attention des personnes et groupes engagées dans le dialogue entre juifs et chrétiens.1
CONGRÉGATION POUR LE CULTE DIVIN ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS
Prot. N. 213/08/L
LETTRE AUX CONFÉRENCES ÉPISCOPALES CONCERNANT LE « NOM DE DIEU »
Éminence, Excellence,
En réponse à une directive du Saint Père, en accord avec la Congrégation pour la doctrine de la Foi, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements estime qu’il est pertinent de communiquer aux conférences épiscopales quelques précisions et directives concernant la traduction et la prononciation, dans un cadre liturgique, du Nom divin signifié dans le tétragramme sacré.
I – Exposé
1) Les paroles des Saintes Écritures contenues dans l’Ancien et le Nouveau Testament expriment une vérité qui transcende les limites imposées par le temps et l’espace. Elles sont la Parole de Dieu exprimée en paroles humaines. À travers ces paroles de vie, l’Esprit Saint introduit les fidèles dans la connaissance de la vérité tout entière et ainsi le Verbe du Christ vient habiter chez les fidèles dans toute sa richesse (voir Jean 14,26; 16,12-15). Pour que la Parole de Dieu, inscrite dans les textes sacrés, puisse être conservée et transmise d’une manière intégrale et fidèle, toute traduction moderne des livres de la Bible cherche à être une transposition fidèle et exacte des textes originaux. Un tel effort littéraire exige que le texte original soit traduit de la façon la plus fidèle et la plus exacte possible, sans omission ni ajout eu égard au contenu, et sans introduction de gloses ou de paraphrases explicatives qui n’appartiennent pas au texte sacré lui-même.
En ce qui concerne le Nom sacré de Dieu lui-même, les traducteurs doivent le traiter avec grande fidélité et de manière extrêmement respectueuse. En particulier, comme l’affirme l’Instruction «Pour la correcte application de la constitution sur La sainte liturgie» (Liturgicam authenticam, n° 41)2:
[…] en se conformant à une tradition immémoriale, évidente déjà dans […] la version des Septante, le nom du Dieu tout-puissant, exprimé en hébreu dans le tétragramme, et traduit en latin par le mot Dominus, doit être rendu dans chaque langue vernaculaire par un mot de même signification. [(...) iuxta traditionem ab immemorabili receptam, immo in (…) versione «LXX virorum» iam perspicuam, nomen Dei omnipotentis, sacro tetragrammate hebraice expressum, latine vocabulo «Dominus» in quavis lingua populari vocabulo quodam eiusdem significationis reddatur.]
Une norme aussi claire n’a pas empêché ces dernières années l’introduction d’une pratique nouvelle, la prononciation du nom propre du Dieu d’Israël, connu comme le saint ou divin tétragramme, formé de quatre consonnes de l’alphabet hébraïque,(YHWH). On le vocalise de différentes façons, aussi bien dans la lecture des textes bibliques tirés du Lectionnaire, que dans l’utilisation de prières et d’hymnes, ce qui donne plusieurs variantes écrites ou orales telles que: «Yahweh», «Yahvé», «Jahwè», «Javé», «Jéhovah», etc. La présente lettre vise donc à établir certains faits essentiels, sous-jacents à la norme sus-mentionnée, et à poser certaines directives qui doivent être observées en cette matière.
2) La vénérable tradition des Saintes Écritures, appelée Ancien Testament, emploie une série d’appellations divines, parmi lesquelles le nom sacré de Dieu, révélé comme le tétragramme(YHWH). Tenu pour une expression de la grandeur et de la majesté infinies de Dieu, il était considéré comme imprononçable, et on le remplaçait donc, pendant la lecture des Saintes Écritures, par un nom substitutif, Adonai, qui signifie «Seigneur».
La traduction grecque de l’Ancien Testament, appelée la Septante, qui remonte aux derniers siècles avant l’ère chrétienne, rendait régulièrement le tétragramme hébraïque par le terme grec Kyrios, qui signifie «Seigneur». Comme la Septante constituait la Bible de la première génération de chrétiens parlant le grec, langue dans laquelle ont été rédigés tous les livres du Nouveau Testament, ces chrétiens, depuis le début, n’ont jamais prononcé non plus le tétragramme divin. Un phénomène semblable s’est produit chez les chrétiens de langue latine, dont la littérature a commencé à émerger à partir du deuxième siècle, comme l’attestent d’abord la Vetus Latina, et, plus tard, la Vulgate de saint Jérôme: dans ces traductions également, le tétragramme a été remplacé par le mot latin «Dominus», qui correspondait à la fois à l’Adonai hébreu et au Kyrios grec. La même démarche prévaut dans la version latine récente, la Néo-Vulgate, que l’Église utilise pour sa liturgie.
Ce fait a eu des incidences importantes pour la christologie même du Nouveau Testament. Lorsque saint Paul écrit, eu égard à la crucifixion, «Aussi Dieu l’a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom» (Philippiens 2,9), il ne réfère à aucun autre nom que celui de «Seigneur», puisqu’il poursuit en disant «et que toute langue proclame, de Jésus-Christ, qu’il est Seigneur» (Philippiens 2,11). L’attribution de ce titre au Christ ressuscité correspond exactement à la proclamation de sa divinité. De fait, ce titre devient interchangeable entre le Dieu d’Israël et le Messie de la foi chrétienne, même si, en fait, il ne s’agit pas de l’un des titres utilisés pour le Messie d’Israël. Au sens strictement théologique, le titre se trouve déjà, par exemple, dans le premier Évangile canonique (voir Matthieu 1,20: «L’ange du Seigneur apparut à Joseph en songe.») et il semble être la règle en usage pour toutes les citations de l’Ancien Testament dans le Nouveau (voir Actes 2,20: «Le soleil se changera en ténèbres … avant que vienne le Jour du Seigneur» [Joël 3,4]; 1 Pierre 1,25: «La Parole du Seigneur demeure pour l’éternité» [Is 40. 8]). En ce qui a trait au sens proprement christologique, en dehors du texte de Philippiens 2,9-11 déjà cité, nous pouvons encore évoquer Romains 10,9 («si tes lèvres confessent que Jésus est Seigneur et si ton cœur croit que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé»), 1 Corinthiens 2,8 («s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire»), 1 Corinthiens 12,3 («nul ne peut dire ‘Jésus est Seigneur’, si ce n’est sous l’action de l’Esprit Saint») et la formule fréquente à propos du chrétien qui vit «dans le Seigneur» (Romains 16,2; 1 Corinthiens 7,22; 1 Thessaloniciens 3,8; etc.).
3) La pratique d’éviter de prononcer le tétragramme du nom de Dieu dans l’Église a donc ses fondements. Elle est motivée non seulement par un argument d’ordre purement philologique, mais aussi par une volonté de demeurer fidèle à la tradition ecclésiale qui, depuis les origines, veut que le tétragramme sacré ne soit jamais prononcé en contexte chrétien ni traduit dans aucune des langues de traduction de la Bible.
II – Directives
À la lumière de ce qui vient d’être exposé, les directives suivantes devront être observées:
Dans les célébrations liturgiques, dans les chants et les prières, le nom de Dieu ne doit être ni employé ni prononcé sous la forme du tétragramme YHWH.
Pour la traduction du texte biblique en langues modernes en vue de leur usage liturgique dans l’Église, ce qui est déjà prescrit par la disposition n° 41 de l’Instruction «Pour la correcte application de la constitution sur La sainte liturgie» doit être observé; c’est-à-dire que le tétragramme divin doit être rendu par les équivalents des termes Adonai/Kyrios: «Seigneur», «Lord», «Signore», «Herr», «Señor», etc.
Lorsque l’on traduit, dans un contexte liturgique, des textes où se trouvent, dans cet ordre, le terme hébraïque Adonai ou le tétragramme YHWH, il faut traduire Adonai par «Seigneur» et le tétragramme YHWH par «Dieu», comme cela est le cas dans la traduction grecque des Septante et dans la traduction latine de la Vulgate.
De la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le 29 juin 2008.
+ Cardinal Francis Arinze, Préfet
bonne nuit
10 décembre, 2009Saint Grégoire le Grand : « Le Royaume des cieux subit la violence ; des violents s’en emparent »
10 décembre, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091210
Le jeudi de la 2e semaine de l’Avent (de la férie) : Mt 11,11-15
Commentaire du jour
Saint Grégoire le Grand (v. 540-604), pape et docteur de l’Église
Homélie 20 sur les Evangiles, § 14 (trad. Le Barroux rev.)
« Le Royaume des cieux subit la violence ; des violents s’en emparent »
Jean Baptiste nous recommande d’accomplir de grandes choses : « Produisez des fruits dignes du repentir » et encore : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même » (Lc 3,8.11). N’est-ce pas donner à comprendre clairement ce qu’affirme celui qui est la Vérité : « Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le Royaume des cieux se prend de force ; ce sont les violents qui s’en empare » ? Ces paroles nous viennent d’en haut ; nous devons les méditer avec une grande attention. Il faut rechercher comment le Royaume des cieux peut se prendre de force. Qui peut faire violence au ciel ? Et s’il est vrai que le Royaume des cieux se prend de force, pourquoi cela n’est-il vrai que depuis le temps de Jean Baptiste et non auparavant ?
L’ancienne Loi…frappait les pécheurs par des peines rigoureuses, mais sans les ramener à la vie par la pénitence. Mais Jean Baptiste, annonçant la grâce du Rédempteur, prêche la pénitence afin que le pécheur, mort par suite de son péché, vive par l’effet de sa conversion : c’est donc vraiment depuis lors que le Royaume des cieux s’est ouvert à ceux qui le prennent de force. Qu’est-ce que le Royaume des cieux, sinon le séjour des justes ?… Ce sont les humbles, les chastes, les doux, les miséricordieux qui parviennent aux joies d’en haut. Mais quand les pécheurs…reviennent de leurs fautes par la pénitence, eux aussi obtiennent la vie éternelle et entrent dans ce pays qui leur était étranger. Ainsi…, en enjoignant la pénitence aux pécheurs, Jean leur a appris à faire violence au Royaume des cieux.
Frères bien-aimés, réfléchissons donc nous aussi à tout le mal que nous avons fait et pleurons. Emparons-nous de l’héritage des justes par la pénitence. Le Tout-Puissant veut accepter cette violence de notre part ; il veut que nous ravissions par nos larmes le Royaume qui ne nous était pas dû selon nos mérites