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10 Décembre – Notre Dame de Lorette (mf)
C’est à Lorette que, suivant la tradition, a été transportée l’heureuse maison de Nazareth dans laquelle, sur la salutation de l’ange adressée à la future Mère de Dieu, le Verbe s’est fait chair.
La Sainte Maison de Lorette fut le premier sanctuaire de portée internationale dédiée à la Vierge et, pendant plusieurs siècles, le vrai cœur marial de la Chrétienté.
Benoît XV, dans son « Traité de la canonisation des Saints » tout en déclarant qu’il ne s’agit pas là d’un dogme de foi, accepte la réalité du transfert de la demeure de la Vierge :
« Tous les monuments en fournissent la preuve : la tradition constante, les témoignages des pontifes romains ainsi que les miracles qui ne cessent de s’opérer le confirment »
et Sixte V, terminant la façade de la Basilique, fit graver en lettres d’or :
« Maison de la Mère de Dieu où le Verbe s’est fait chair ».
Jean Paul II évoque
« ces pierres rongées par le temps, icônes du mystère de l’Incarnation par lequel, « pour nous les hommes et pour notre salut », Dieu, lors de l’Annonciation, prit chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ainsi que nous le professons dans le Credo ».
L’habitation de Marie comprenait une grotte creusée dans le roc et devant l’ouverture de la grotte, un espace entouré par trois murs ; ce sont ces trois murs qui constituent la Sainte Maison et sont l’objet de la vénération.
L’humble demeure fut en effet mystérieusement transférée d’Orient en Occident
Selon une tradition fixée des siècles plus tard, la Santa Casa aurait été transportée de Nazareth, arrivant le 10 décembre 1294, en Italie sur le territoire de Recanati, près du port, dans la forêt de Lorette.
La Sainte Maison est elle-même le témoin de son origine. Nous nous attacherons à suivre ce qui est le pèlerinage le plus populaire d’Italie.
Si Lorette, au XVIè et XVIIè siècles, fut un des principaux buts de pèlerinage, après Rome et Saint Jacques de Compostelle, les premiers témoignages datent de 1315 ; parmi les biens de l’évêché, sur le territoire de Recanati, figurait une petite église de campagne dédiée à sainte Marie ; on y vénérait l’image d’une madone tenant l’enfant Jésus dans ses bras.
Un petit château à quatre tours permettait de parer aux attaques éventuelles venant des pirates de la mer et rien n’interrompait l’ardeur des pèlerins ; la chapelle vénérée finit par être recouverte, routes et ponts pour y conduire construits ; les gens du pays y étaient très attachés, les petits enfants formés par leur mère à se tourner chaque matin vers le sanctuaire pour saluer la Sainte Maison qui abrita l’enfance de Jésus.
Avec le temps, un chemin de ronde garni de mâchicoulis, des fortifications, un campanile, une coupole complétait l’architecture sacrée ; l’église, de l’extérieur, prit ainsi l’allure d’un château fort.
Les papes honorèrent Lorette de tout temps
On peut citer Urbain V, Urbain VI instituant une indulgence plénière, Nicolas V, Pie II en allant à Ancône bénir les croisés. En 1450, l’impulsion est donnée par le pape Paul II lui-même ; c’est alors que des artistes furent invités pour faire de Lorette l’écrin de la Sainte Maison, revêtue de marbre, sous la direction de l’architecte Bramante.
Les peintres tel Lorenzo Lotto, les sculpteurs tel Lombardo, travaillaient avec ferveur à l’érection et la décoration de l’église.
Le pape Jules II soustrayait Lorette à la juridiction de l’évêque de Recanati pour l’attribuer directement au Saint-siège ; l’ère des croisades étant révolue, Lorette devenait un foyer de ferveur digne de suppléer les lieux saints de Palestine, un centre marial européen de première importance, une étape traditionnelle dans les pèlerinages.
Il faut s’imaginer les pèlerins voyageant, très différemment suivant leurs ressources : nobles et riches en litière ou carrosse avec des postes de relais, les pauvres à pied, souvent nu-pieds, femmes et malades transportés sur des charrettes ; ils marchaient en groupe d’au moins trente personnes pour éviter les embuscades des brigands.
Il faut se les représenter cheminant au centre de la route, alternant chants, prières, discussions, méditations à l’aide des édicules et reposoirs disposés le long des voies principales, coiffés du chapeau à larges bords, munis de la besace et du bourdon.
Ils trouvaient dans les couvents nourriture et logement et, arrivés à Lorette, faisaient leurs dévotions : confessions, communions, visite de la Sainte Maison et du trésor où étaient rassemblés les dons à la Madone ; hôpital et hospice accueillaient les malades et ceux qui ne pouvaient repartir.
Au XVIIIè et au XIXè siècle, les pèlerinages perdent de leur gloire d’antan ; en 1894, toutefois, en l’honneur du VIè centenaire de la dévotion à Lorette, les pèlerins affluèrent et plusieurs nations participèrent à la décoration des chapelles absidiales de la Basilique.
En ce lieu de pèlerinage affluèrent les célébrités et les saints: Catherine de Sienne, François de Paule, Ignace de Loyola, François Xavier, François de Borgia, Louis de Gonzague, Charles Borromée, Benoît Labre, pour en nommer quelques-uns, se succédèrent dans la sainte demeure… et aussi la jeune Thérèse Martin …
Lieu de guérison et de conversion :
Quand la chiourme de Christophe Colomb est surprise par la tempête, il fait le vœu d’envoyer un pèlerin à Santa Maria de Lorette, « laquelle se trouve dans la marche d’Ancône, terre du pape ; c’est la maison où Notre-Dame a fait et fait encore de nombreux et grands miracles ».
Léon X publia en faveur de la Sainte Maison une bulle célèbre dans laquelle il exalte d’abord les gloires de ce sanctuaire incomparable puis il proclame les grands, innombrables et continuels miracles que, par l’intercession de Marie, Dieu opère dans cette église.
Le pape Pie IX, en particulier, y trouva sa guérison : C’est en effet à la Vierge de Lorette que la chrétienté doit le pape Pie IX. Selon ses historiens dès son enfance, le jeune comte Jean-Marie Mastaï Ferretti avait été voué à la Vierge; « Mes parents », disait-il un jour à un évêque français, « avaient l’habitude de faire chaque année un voyage à la Santa Casa et de nous conduire avec eux mes frères et moi ; or, dès l’annonce du départ, je ne dormais plus ». Dès sa sortie de collège, il embrassa la carrière des armes pour devenir comme soldat défenseur du Saint-Siège. Mais il fut subitement frappé d’une maladie terrible, l’épilepsie ; sa santé en fut profondément marquée ; les médecins se déclarèrent impuissants à combattre le mal et annoncèrent sa fin prochaine.
Le pape Pie VII aimait Mastaï. Il lui demanda s’il avait pensé à la sainteté de l’état religieux. Le jeune comte répondit qu’il y avait pensé, surtout depuis la maladie qu’il avait plu au Seigneur de lui envoyer, mais que sa santé actuelle lui interdisait cet état comme celui des armes.
Le pape le consola et l’assura qu’il guérirait s’il acceptait de se consacrer entièrement au service de Dieu. Encouragé par ces paroles, le jeune compte entreprit le pèlerinage à Lorette pour implorer sa guérison dans la chambre de Marie et il fit le vœu, s’il obtenait cette faveur, d’embrasser l’état ecclésiastique. La Sainte Vierge l’exauça ; il fut radicalement guéri et revint à Rome pour se faire prêtre. Il avait vingt et un ans.
Plus tard, Pie IX devait s’acquitter magnifiquement de sa dette de reconnaissance envers la Vierge en proclamant à la face du monde le dogme de son Immaculée Conception. Aux grâces de guérison, s’ajoutent les grâces de conversion : M Olier en témoigne :
« Outre que je reçus la guérison de mes yeux, je reçus alors un grand désir de la prière. Ce fut le coup le plus puissant de ma conversion. C’est dans ce lieu que j’ai été enfanté à la grâce et que Marie m’a fait renaître à Dieu dans le lieu même où elle avait engendré Jésus-Christ ».
Pour sa part, saint Joseph de Copertino aperçut, dans une vision, les anges pénétrer dans la maison, les mains pleines de dons célestes. Il déclara ensuite à son compagnon :
« Regardez et voyez les miséricordes de Dieu qui, comme une pluie abondante, inondent le sanctuaire ! O le lieu béni ! O la bienheureuse demeure ! »