Archive pour novembre, 2009

33e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie Messe

14 novembre, 2009

du site:

http://www.homelies.fr/homelie,33e.dimanche.du.temps.ordinaire,2600.html

33e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 15 novembre 2009

Famille de saint Joseph

Homélie Messe  

La plus terrible pauvreté, la plus grande misère, n’est-elle pas l’ignorance de Dieu, qui nous prive du sens de notre existence, et nous condamne à nous mobiliser jour après jour pour une vie appelée à sombrer dans le néant ?
Les esprits forts ne manquent pas pour affirmer à qui veut l’entendre que l’état d’enfance de l’humanité est dépassé, et que l’heure est venue pour l’homme d’affirmer enfin son autonomie absolue. Ni Dieu ni loi, de quelque nature qu’elle soit : exit la loi morale, exit les commandements d’un Dieu qui n’existe pas, exit la culpabilité, les tabous, toutes les entraves à la liberté.
Mais voilà qu’après un temps d’euphorie et d’exaltation, ce petit Prométhée qui essaye de s’élever jusqu’au ciel pour s’emparer du trône de Dieu, est en train de s’écraser lamentablement sur terre. Qui ne voit que la soi-disant libération des mœurs ne conduit qu’à l’aliénation aux passions débridées, que le relativisme éthique étouffe tout idéal, et que l’athéisme conduit au désespoir, comme le confirme le nombre sans cesse grandissant de suicides ?
Hélas, l’homme contemporain est trop orgueilleux pour avouer son erreur, revenir de son errance, et se convertir au Dieu de tendresse qui lui tend les bras ouverts de sa miséricorde. Pourtant, comme nous le rappelle la liturgie de ce dernier dimanche de l’année, il n’y a pas une minute à perdre : les temps sont courts : le Seigneur est proche. Au temps de la patience et du pardon succèdera celui de la justice, lorsque nos œuvres seront révélées au grand jour et que seuls échapperont au jugement ceux qui humblement lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercés.
D’aucun ne manquent pas d’ironiser, « accusant le Seigneur de retard » ; mais ne nous y trompons pas : « devant le Seigneur, un jour est comme mille, et mille ans sont comme un jour ; il ne retarde pas l’accomplissement de ce qu’il a promis, mais il use de patience envers nous, voulant que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir » (2 P 3, 8-9). Au jour et à l’heure fixés, que « nul ne connait, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père », « on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire » ; « en ce temps-là viendra le salut pour tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu », mais ceux qui auront refusé le pardon offert en Jésus-Christ, « s’éveilleront pour la honte et la déchéance éternelles » (1ère lect.).
Sommes-nous en train de réactiver un genre littéraire suranné, largement utilisé par les prédicateurs d’un autre âge, et qui consiste à faire trembler de peur les pauvres fidèles afin d’étouffer leur joie de vivre, et de les amener à une soumission inconditionnelle aux clercs ? Pas du tout : la Parole de Dieu n’a guère changé, même si les styles de prédication ont évolué. Nous ne prêchons pas un Dieu terrible ni une religion de la peur, mais nous avertissons nos contemporains des malheurs qu’ils sont eux-mêmes en train de déclencher par leur mépris de la loi naturelle. De nos jours, les médias ne cessent de nous mettre en garde : si nous continuons à transgresser les lois de la biosphère, nous allons gravement hypothéquer l’avenir de la planète. Et pourquoi donc ce qui est vrai dans le domaine des lois naturelles de l’écologie, ne se vérifierait-il pas dans le domaine de la loi morale naturelle ? Hélas, il n’est pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre : nos contemporains se bouchent les oreilles à la voix de leur conscience, croyant pouvoir impunément transgresser les lois élémentaires de la vie naturelle. Le pape Benoît XVI le rappelait vigoureusement dans sa dernière Lettre encyclique :
« La dégradation de l’environnement est en effet étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine : quand l’ »écologie humaine » est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage. Le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble. Si le droit à la vie et à la mort naturelle n’est pas respecté ; si la conception, la gestation et la naissance de l’homme sont rendues artificielles ; si des embryons humains sont sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept d’écologie humaine et, avec lui, celui d’écologie environnementale. Exiger des nouvelles générations le respect du milieu naturel devient une contradiction, quand l’éducation et les lois ne les aident pas à se respecter elles-mêmes. Le livre de la nature est unique et indivisible, qu’il s’agisse de l’environnement comme de la vie, de la sexualité, du mariage, de la famille, des relations sociales, en un mot du développement humain intégral. Les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation avec les autres. On ne peut exiger les uns et piétiner les autres. C’est là une grave antinomie de la mentalité et de la praxis actuelle qui avilit la personne, bouleverse l’environnement et détériore la société » (n° 51).

Qu’ajouter de plus, sinon un tout aussi vibrant appel à la conversion, à commencer par nous-mêmes ; car il n’est jamais trop tard. Nous le croyons : « Jésus-Christ, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté » (2nd lect.).
Les commandements de Dieu et de l’Eglise ne sont pas une ingérence dans notre vie privée personnelle, une menace pour notre autonomie, une aliénation de notre liberté ; mais au contraire les préceptes – qui interprètent la Parole de Dieu de manière à ce que nous puissions la mettre en pratique – sont des indications précieuses pour nous aider à découvrir le chemin d’une vie authentiquement humaine, d’une vie conforme au dessein de Dieu sur nous – dessein qui nous est révélé précisément par la loi naturelle inscrite dans notre humanité, confirmée et complétée par la révélation surnaturelle. Obéir à la loi naturelle, c’est obéir à notre propre humanité, c’est entrer plus avant dans notre propre vérité, et par le fait même, libérer notre libre-arbitre des aliénations que font peser sur elle les idéologies qui se succèdent et se contredisent de génération en génération : « le ciel et la terre passeront, seules les paroles de Jésus ne passeront pas ».
Que l’Esprit Saint nous accorde l’intelligence spirituelle de notre pèlerinage sur cette terre, de sorte que nous puissions discerner toutes choses sur l’horizon de notre destinée éternelle. Nous pourrons alors prier avec le psalmiste :
« Seigneur mon partage et ma coupe, de toi dépend mon sort.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance :
Tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.
Mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge. Tu m’apprends le chemin de la vie :
Devant ta face débordement de joie ! A ta droite, éternité de délices ! » (Ps 15).

Père Joseph-Marie
 

Paul Evdokimov: L’art Moderne ou la Sophia Désaffectée

14 novembre, 2009

du site:

http://www.myriobiblos.gr/texts/french/contacts_evdokimov_moderne.html

Paul Evdokimov

L’art Moderne ou la Sophia Désaffectée

La théologie occidentale dès ses origines a manifesté une certaine indifférence dogmatique à la portée spirituelle de l’art sacré, à cette iconographie qui, malgré son long martyrologe, est tellement vénérée en Orient. Toutefois, providentiellement, l’art occidental fut en retard sur la pensée théologique et jusqu’au X??e siècle, il demeure fldèle a la Tradition commune tant à l’Orient qu’à l’Occident. Cette tradition unique vit pleinement dans le magnifique art roman, dans le miracle de la cathédrale de Chartres, dans la peinture italienne qui cultive encore la «maniera bizantina».

Mais à partir du X???e siècle, Giotto, Duccio, Cimabue, introduisent la facticité optique, la perspective, la profondeur, le jeu du clair-obscur, le trompe-l’oeil. Si l’art devient plus raffiné, plus réfléchi dans son élément immanent, il est moins porté a la saisie directe du transcendant (1). De récentes études découvrent même dans la vision de Fra Angelico une forte emprise de l’intellectualisme dominicain. En rompant avec les canons de la tradition, l’art n’est plus intégré au mystère liturgique. De plus en plus autonome et subjectif, il quitte sa «biosphère» céleste. Les vêtements des saints ne font plus sentir sous leurs plis les «corps spirituels» et même les anges apparaissent comme des êtres faits de chair et de sang. Les personnages sacrés se comportent exactement comme tout le monde, sont habillés et placés dans l’ambiance contemporaine à l’artiste. Encore un pas et le récit biblique, l’événement miraculeux n’est plus qu’une occasion pour exécuter savamment un portrait, une anatomie, un paysage. Le colloque de l’esprit à l’esprit s’estompe, la vision de la «flamme des choses» fait place a l’émotion, aux transports de l’âme, à l’attendrissement. Pour Maurice Denis, Leonard de Vinci est le précurseur des Christs genre Muncancsy, Tissot, et au terme de la même ligne émotionnelle, viendront les images actuelles du «Sacré Cœur». De même, quand un Crucifix, par s?n réalisme v?ulu, frappe le système nerveux, le mystère indicible de la Croix perd de sa puissance secrète, s’efface. Quand l’art oublie la langue sacrée des symboles et des présences et traite plastiquement de «sujets religieux», le souffle du Transcendant ne le traverse plus.

Passé le milieu du XVIe siècle, les grands stylistes comme Le Bernin, Le Brun, Mignard, Tiepolo, s’exercent sur des thèmes chrétiens avec une absence totale de sentiment religieux. Aujourd’hui l’art dit sacré qu’?n trouve dans les églises est le plus dépourvu de la dimension du sacré. Laissons la parole à un tbéologien: «Toute la controverse sur l’art sacré» qui fait rage en ce moment en Occident se meut sur un terrain et se débat dans une alternative qui sont également révélatrices de l’hétérogénéité complète entre les deux arts sacrés d’Orient et d’Occident. Plus exactement, ce qu’elle montre surtout, c’est que l’art religieux d’Occident, quelle que soit la conception qu’?n s’en fait, n’a absolument rien de sacré, au sens ?ù les icones sont sacrées. C’est un art foncièrement subjectif qui vise à exprimer le sentiment religieux… Tout illustre admirablement le fait que l’art religieux en Occident n’est pas incorporé à la liturgie et qu’?n n’a même plus la notion qu’il pourrait l’être… ?l n’y a plus, pour le moment, d’autel à Saint-Vital (Ravenne) ni d’objet liturgique en général. ?n y est pourtant évidemment dans une église, où tout attend les saints mystères. Dans nos meilleures et nos plus médiocres églises, à peu près depuis l’époque gothique, ?n peut bien célébrer la messe tous les jours, ?n y trouvera de quoi exciter ?u rabattre la dév?tion personnelle, mais rien ne diffère de l’atelier ?u du musée, n’y réunit dans le mystère les peintures ?u les sculptures qui occupent les murs.» (2) Avec la fin du XVIIIe siècle, l’art perd visiblement le lien organique entre le contenu et la forme et s’enfonce dans la nuit des ruptures. Certes, l’art demeure complexe, par bonheur il sauvegarde toutes les tendances, mais la prédominance de certaines modifie son visage. Nous suivrons uniquement l’évolution de celle qui s’achève dans l’abstraction pure.

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Quand le «connaître» n’est plus une attitude d’adoration, une communion orante, la connaissance se sépare de la contemplation. ?n renonce à l’approfondissement de l’intériorité allant jusqu’à la rencontre du Transcendant et en Lui de toute la réalité frémissante de vie, au profit d’un «savoir pour pouvoir»a et de l’accroissement de ce pouvoir sur les choses de ce monde. Mais alors l’être se vide de son contenu essentiel, perd sa racine céleste, se dénature, se désacralise et la conscience ne découvre le «Dasein», l’être là, que pour le révéler «être pour la mort», enserré par le néant. ?n détruit le réel en dissociant ses éléments, en suscitant des discontinuités infranchissables. ?l ne reste plus à l’homme que la spiritualité de l’âme, foncièrement acosmique, ?u un moralisme de volonté qui, l’une et l’autre, lui interdisent l’atteinte transfigurante de la matière. Une philosophie essentialiste, avec ses substances closes, regies par le principe de causalité, ?u une pensée existentialiste avec ses présences sans profondeur ontologique, ne peuvent s’ouvrir au dynamisme énergétique des similitudes et des participations authentiquement divinisantes. La liturgie cosmique ne trouve plus de chantres car l’opacité des corps n’est pas ensemencée par la lumière thaborique et la gloire n’affleure plus dans une nature désaffectée.

L’art subit l’emprise des «dominantes» du monde et de sa sagesse, L’artiste, v?ué plus que jamais à la solitude, cherche une sorte de «sur-objet», de « sur-realité», car pour lui la réalité toute simple n’est plus directement exprimable. Héroïquement mais désespérément, il s’efforce de retrouver ce côté secret qu’?n a évincé des choses de ce m?nde. En voulant connaître l’objet sécularisé, ?n perd son mystère; mais la recherche par réaction, par désespoir, de ce mystère seul fait perdre la chose et conduit à l’abstraction docétiste, au jeu fantasmagorique des ombres sans corps.

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?n peut dater approximativement la rupture avec le passé issu de la Renaissance et la naissance de l’art moderne de l’exposition chez Nadar en 1874. La peinture indépendante, foncièrement subjective, allant de l’inquiétude profonde de Cézanne à l’angoisse tragique de Van Gogh, montre un besoin de renouvellement qui cherche à manifester des états d’âme sans cesse insatisfaits. L’impressionisme et l’expressionisme transmettent les réactions subjectives de la rétine ?u du système nerveux de l’artiste. C’est une peinture du circonstanciel, de l’occasionnel interprété émotivement. L’objet émulsionné se disperse dans le plasma lumineux et chromatique. La technique de la touche divisée et juxtaposée poursuit les vibrations colorées de la lumière et cherche la synthèse dans la saisie de l’instant. Le cubisme, de son côté, décompose l’unité vivante en ses éléments géométriques et reconstruit le tableau cérébralement comme un problème mathématique. ?l abandonne les jeux de lumière et de couleur et analyse l’objet tel qu’il se présente à l’imagination, placé dans un espace réduit à deux dimensions ?u, au contraire, multi-dimensionnel comme l’atome des physiciens. Le surréalisme déréalise ce monde et lui en superpose un autre, inventé, en allant jusqu’à profiler une «aura sur-existentielle». L’art s’émancipe de tout «can?n», de toute règle; quand il est «théurgique», il’se jette dans des puissances magiques d’incantation, dans de fausses transcendances, véritables «fausses couches métaphysiques». C’est la vogue des masques nègres, le pouvoir transportant de la mescaline, les contrefaçons du faux symbolisme occulte, les compositions qui s’inspirent du béton armé, de l’atome et de la fusée, les images plastiques de la vitesse pure, la sculpture en fil de fer. L’énorme pression de l’univers «poisseux et étouffant» engendre la danse moderne, une marche endiablée mais qui ne conduit nulle part. C’est la terrible liberté de tout artiste de représenter le monde à l’image de son âme dévastée, allant jusqu’à la vision d’une immense latrine ?ù grouillent des monstres désarticulés. ?n surprend partout la discontinuité des rythmes saccadés, syncopés, la dissolution des formes et la disparition du contenu précis, du sujet du visage, du sens des paroles en poésie ?u de la mélodie dans la musique.

Pour la conscience moderne «à facettes», l’objet n’existe pas sous sa forme unique mais revêt de multiples aspects. Avant de disparaître, l’objet se cabre dans une ultime agonie, paraît tordu et convulsif. Enfin le contenu des choses et l’épiderme des visages se décomposent, tout est mis en pièces, atomisé, désintégré. La réalité ainsi perçue reflète une conscience elle-même déchirée et à son tour s’en pénètre. L’homme n’est plus maître des tendances anarchiques de la nature. ?l ne les ordonne plus par son esprit mais les enregistre et les aggrave par son refus d’intervenir. Jadis les choses questionnaient, comme en attente et l’artiste leur répondait en les faisant pleinement vivre sous son regard créateur, en leur rendant leur virginale innocence, en les faisant revenir «chez soi», vers leur candeur et leur ingénuité. L’artiste moderne, avant de regarder le monde, questionne son âme et applique aux choses sa vision «désintégrante», il se rend complice de l’antique rébellion qui veut se libérer avant tout du Sens et de tout principe normatif. Un pareil retour vers le chaos primordial accélère l’usure du temps et rétrécit l’être jusqu’à l’indigence du néant. La matière se dissout en perdant ses contours, elle est vue dans l’atome temporel dont ?n a chassé la durée, et donc le frémissement du visage vivant, la confiance du regard. Chacun de ses fragments commence à vivre d’une existence particulière. Le célèbre Saturne de Goya ronge la substance de l’homme. Au moment des convulsions de la fin du Moyen Age, par les brèches ouvertes alors, des souffles sulfureux se dégagent et portent le grouillement des désirs libérés, l’éternelle divagation des convoitises. Les puissances irrationnelles et démoniaques font irruption et déferlent à travers le monde. L’homme de Goya est guetté par les monstres qui émergent de son subconscient: chez B?sch, même le chemin paradisiaque prend la forme d’un long, d’un interminable tunnel obscur dont s’inspireront Kafka et Freud. La voie est ténébreuse, étouffante, très peu certaine quant à son issue. Mais l’homme, du point de vue picassiste et de sa «ligne de cruauté» n’est pas davantage rassurant. C’est ainsi probablement que les démons doivent voir le monde dans une optique occulte et hors de l’inaccessible image de Dieu.

Le nivellement universel effrite l’Unique, l’Idée, le Sacré et les remplace par la magie d’un mouvement tourbillonnant sur lui-même, décentré. Ce n’est plus l’éternité que le péché a fragmentée en temps, c’est le temps fragmenté en néant. L’enfer ne serait-il pas un fragment du temps subjectif étendu et figé éternellement, un rêve sans rêveur, le refuge ultime de l’inexistant? L’existence ultra-moderne ne connaît ni l’Avènement, ni l’accroissement de l’être, ni la succession progressive des événements, mais récèle une coexistence de brisures, des éclats qui se recouvrent l’un l’autre sans lieu ni suite ordonnée. La durée orientée fait place au simultanéisme, à l’instantanéisme, au futurisme, et se rétrécit en une pseudo-eschatologie du retour à l’élémentaire. A la limite un cadavre ne bouge pas, il s’étend. Déjà Dostoïevsky prophétisait que l’homme perdrait jusqu’à sa forme extérieure s’il perdait sa foi en l’Intégration divine. Jadis les grands Maîtres, en touchant à n’importe quelle parcelle de l’être, donnaient le sentiment de tenir entre leurs mains le monde palpitant de vie dans sa totalité. Maintenant sur des panneaux immenses le monde se rétrécit à la pauvreté de quelques fragments.

Regardons la célèbre Barbara de bronze de Jacques Lipchitz. Elle n’a pas d’épiderme, ce qu’?n voit correspond à un visage mais ne lui ressemble nullement. Le sculpteur s’est placé au dedans de Barbara et transmet des sensations internes. ?l transpose en image visuelle l’impression cénesthésique. L’enchevêtrement des fils, des nœuds, des promontoires et des creux doit nous révéler les sensations de Barbara qui vient à notre rencontre. Son intériorité est traduite sans aucune analogie avec la nature habituelle. C’est un art cérébral qui ne cherche pas un sens, ?u le mystère du destin, mais la fonction, le rapport, la dépendance. Ainsi le sculpteur Henry Moore s’occupe de la projection d’une substance dans une autre et se demande ce que devient le corps humain construit en pierre. Telle est aussi la peinture intra-atomique ?u la mystique corpusculaire de Salvador Dali ?u de Francis Picabia.

L’art n?n figuratif, informel, abstrait supprime tout support ontologique en niant tout objet concret. Ce n’est pas une pomme rouge mais la rougeur en elle-même, une tache colorée ?ù l’artiste projette une signification à lui seul comprehensible.

Schopenhauer disait que tous les arts ont une tendance secrète à la «musicalité». Or la musique, parmi les arts, est le seul qui ne présente aucune imitation des formes de ce monde. Malgré, ?u peut-être grâce à cette absence, Kandinsky, Malévitch, Kupka, Mondrian suivent le souhait de Mallarmé: «emprunter à la musique ses lois et ses pouvoirs». Violoncelliste d?ué, ?andinsky appelle ses esquisses «improvisations» et ses œuvres achevées «compositions». Kupka dessine «Fugue en deux c?uleurs» et «Chromatisme chaud». Paul Klee, musicien et compositeur, poursuit dans sa peinture des métamorphoses en perpétuelles germinations lyriques ?u explosives. Par contre le musicien Scriabine parlait de la «symphonie de lumière» et de sons suscitant des associations de couleurs. ?l était passionné par l’idée de la «lumière coulante» associée aux sons et se déroulant dans le temps. Survage, Béothy, Cahn, Valensi réalisent ce rêve sur des bandes cinématographiques et expérimentent sur des «rythmes colorés», Richter va jusqu’à faire des films abstraits.

La «musique concrète» élimine la mélodie, l’harmonie, le contrepoint. Tandis que selon Mozart le tout de la mélodie précède sa différenciation en parties, la fragmentation passe à la juxtaposition des sonorités isolées, à la discontinuité du genre de Stravinsky, enfin à la pure vibration et au chaos des bruits libérés. ?l est symptomatique que Boris Bilinsky, dans ses recherches de la «continuite des formes et des couleurs sans sujet», illustre justement Debussy et Ravel chez qui apparaissent déjà une mosaïque musicale, une suite de pièces sans la nécessité d’un lien organique.

Le peintre Tchourlandsky (avant de flnir sa vie dans une maison de santé) traduit avec ses «tableaux-sonates» sans sujet sa «sensibilité musicale du monde»z. Malévitch a senti en lui une mystique de la nuit ?ù le monde se recrée tel qu’il pourrait être. C’est le «minuit» mallarméen et sa «goutte de néant». Créateur du «suprématisme», Malévitch cherche l’intensité suprême de «l’absence». L’espace libéré de toute trame devient «un contenant sans dimension», sans composant spatial, une forme a priorique pure sans sujet ni objet. La diagonale chez lui traduit l’idée du mouvement dans la vacuité. C’est une abstraction épurée à l’extrême et trouvant son signe dans un carré noir sur fond blanc. ?l écrit «Die Gegen standlose Welt», «Le Monde de la n?n-représentation» et parle du monde de l’idéalité pure dépouillée de toute réalité représentable. François Kupka étudie la théologie, apprend l’hébreu pour lire la Bible et sert de médium dans des séances de spiritisme. Orphiste, il peint la «Fugue en rouge et bleu» et transpose ses expériences métaphysiques au moyen de signes géométriques et d’une affectivité abstraite. Le monde cérébral et idéal est opposé violemment au monde réél et perçu. Les plans verticaux repoussent le poids de l’espace.

Chez tous ces artistes, la peinture «n?n figurative» ne connaît que des proportions et des rapports constructifs, une pure rythmique des plans colorés, des lignes discursives et des valeurs plastiques. Kandinsky a exposé ce mysticisme exsangue dans son livre, très faible philosophiquement, intitulé «Du spirituel dans l’art». Mondrian, membre de la «Société de Théologie», calviniste hollandais, cherche le transcendental dans le strict rapport des lignes se rencontrant à angle droit. Chez Paul Klee, plus que chez les autres, ?n sent la soif de pénétrer la sphère prèmondiale, le tohû wà bohù, l’abîme sans forme ni contenu dont parle le début de la Bible, la potentialité pure et idéale. ?l pense que les artistes élus descendent jusqu’à ce lieu secret ?ù les puissances prémondiales nourrissent toute évolution possible. C’est que la forme actuelle, pour Klee, n’est pas le seul monde possible. ?n devine la tentation démiurgique de pressentir et d’imaginer un cosmos différent de celui que Dieu a créé. De même le surréalisme du type d’André Breton, de ?ax Ernst, de Picabia, force les portes de l’irrationnel par des « dépaysements systématiques» et la curiosité mise en appétit cherche le noyau secret des choses -«Ding an sich »- en abstraction des choses elles-mêmes. Or, St.Gregoire de Nazianze avertit: «Malheur à l’intelligence qui a regardé sournoisement les mystères de Dieu» (3).

Pour Iavlensky, ami de Kandinky, l’art exprime «la nostalgie de Dieu». La diagonale de Malévitch, ?u le mouvement des lignes qui se coupent à angle droit, s’arrêtent devant le carré, signe géométrique idéal de l’Absolu selon Mondrian. Chez les grands fondateurs de l’art abstrait, le désir de pénétrer derrière le voile du monde réél est visiblement de nature «théosophique», occulte. «Au palier supérieur, écrit Paul Klee, il y a le mystérieux». Nouvelle ère de la connaissance de Dieu? Peut-être, mais elle se place hors du Dieu incarné, c’est une connaissance de l’idéale et abstraite déité hors du Sujet divin…

Plus inquiétantes sont les formes de «l’existentialisme artistique». L’inconscient rêve de l’espace courbe et de la quatrième dimension. Mais la nature pourrait bien se venger en leurrant la curiosité des hommes. L’imagination enivrée de ses possibilités illimitées introduit l’hallucination et le délire pour aboutir à l’art brut de Dubuffet, à l’art primitif des malades mentaux, aux «cauchemars mystiques» de Hernandez, au bestiaire de ??pac, aux «bâtisseurs chimériques» de Giraud, au primitivisme absolu. ?n se rappelle la parole d’André Gide: «L’Art naît de contraintes et meurt de libertés». La violence sexuelle hante des peintres comme Goetz et Ossorio, ?u des sculpteurs comme Pevsner, Arp, Stahly, Etienne Martin. A côté des «collages» et de l’écriture automatique, l’illogisme de ?ax Ernst ?u de Dali marie l’exactitude photographique des objets avec le changement de leur fonction, par exemple «la montre liquide». Chez Pollok et toute l’éc?le américaine Action Painting l’automatisme de la vitesse a pour but d’exclure la conscience. Les couleurs sont jetées sur la toile sans la toucher pour éviter toute intention, même inconsciente.

Georges Mathieu, sur une estrade, dessine en état de transe aux sons de la musique concrète. Une immense toile -10 m2- est couverte en l’espace d’une heure. Les tubes sont éventrés et les couleurs en jaillissent et se projettent, pour ainsi dire, toutes seules, conformes à l’ambiance magique de transe. A la fin, l’artiste est dans un état de complète prostation. La spontanéité impulsive des entrailles côtoie le chaos pré-conscient. Par une profanation voulue, les grands panneaux récents de Bernard Buffet sont plus symptômatiques. Leur unique sujet montre des oiseaux monstrueux, avec un regard d’une immobilité cadavérique et qui piétinent, nu, le corps feminin. Tous les voiles, même anatomiques, sont arrachés, et les postures, très etudiées, touchent à la profanation ultime et obscène du mystère de l’être humain. Devant ces panneaux, avec leur odeur spécifique de putréfaction, ?n se rappelle un passage de l’Echelle de S. Jean Climaque: un saint «ayant vu la beauté feminine a pleuré de joie et a chanté le Créateur… Un tel homme est déjà ressuscité avant ?a Résurrection de tous».

Si l’?n veut imaginer la décoration murale de l’enfer, certain art d’aujourd’hui répond à cette tâche. Le «Rusé» biblique, que Luther traduit par «celui qui fronce le nez», a fait de son existence la profession amère de se moquer de l’être. ?n peut le faire même avec bonne conscience et goût, en artiste, imperceptiblement pour soi et les autres. ?l s’agit d’une résistance «à l’image et à la ressemblance de Dieu», bien plus, au Dieu «Philanthrope» tissant de sa lumière son visage humain. L’art abstrait, de par sa nature, n’a rien en lui pour connaître «la Parole qui s’est faite chair». Que peut-il dire sur ?’Eucharistie, la transfiguration du corps, la rèsurrection de la chair? Une lumière thaborique sans le Christ, la luminescence des saints sans les saints, c’est un rayon captif d’un miroir magique, signe infernal d’implénitude.

***

Parmi les diverses approches philosophiques possibles, c’est la conception sophiologique qui est la plus apte à définir la nature de l’art abstrait. Selon cette doctrine dans son expression la plus classique, plus profond que l’aspect phénoménal, mobile et changeant de l’être, se trouve son fondement «idéal» au sens platonicien de ce terme. ?l est constitué par des principes idéaux, normatifs, qu’?n nomme aussi les logoi des choses et des êtres. Ce monde idéal, qui existe au-dessus de la forme temporelle et spatiale de l’être qu’il structure et pénètre, est appelé la Sophia (Sagesse) créée. Créée et terrestre, elle est à l’image de la Sophia céleste et incréée qui, selon l’enseignement patristique, réunit les idées de Dieu, ses volontés créatrices sur le monde. Les deux Sophias sont radicalement séparées sans aucune confusion possible. La réalité idéale, créée, ontologiquement inséparable des choses,. conditionne et structure l’unité concrète du monde, et lie le multiple en cosmos.

Toute connaissance consiste à remonter des choses empiriques à leur structure intelligible et à saisir leur unité. La présence de l’idéal dans une forme sensible, leur harmonie, conditionnent l’aspect esthétique de l’être que tout artiste lit et commente. Or, grâce à la liberté de son esprit, l’homme peut transgresser les normes, il peut même pervertir les rapports. C’est justement parce que sa liberté est la plus grande dans la sphère esthétique que la Beauté touche le cœur humain sans lien nécessaire avec le Bien et la Vérité. En cherchant ?’infini, l’éros humain peut s’arrêter à la Sophia créée, l’identifier avec Dieu, diviniser la nature. Bien plus, dans cette identification luciférienne, il peut se prendre lui-même pour la source du jaillissement cosmique, se prendre pour l’Inftni en se passant de Dieu.

Le côté idéal, intelligible, n’existe que pour fonder et unir le monde visible. Hors de sa «biosphère d’incarnation», l’idéal n’a ni sens, ni fin, ni raison d’exister. L’art justement est un système d’expressions, une langue particulière dont les élements se rapportent à la Sophia et l’expriment tout comme les paroles le font de la pensée. A l’opposé des signes conventionnels, les expressions artistiques portent leur contenu comme un message secret. A la limite, qui touche déjà l’icone, elles se rapprochent des symboles religieux qui sont un lieu où le symbolisé est toujours présent. En grec, les mots qui désignent le diable et le symbole ont la même racine, mais le diable sépare ce que le symbole lie. Un symbole est un pont qui lie le visible et l’invisible, le terrestre et le céleste, l’empirique et l’idéal et véhicule l’un dans l’autre.

Les iconoclastes croyaient très correctement aux symboles, mais à cause de leur conception «portraitiste» de l’art (imitation, copie), ils refusaient à l’icone le caractère symbolique et par conséquent ne croyaient pas à la présence du Modèle dans l’image. Ils n’arrivaient pas à saisir qu’à côté de la représentation visible d’une réalité visible (copie, portrait), il existe un tout autre art ?ù l’image présente le «visible de l’invisible» et ainsi se révèle symbole authentique. Ils auraient accepté plus volontiers l’art abstrait dans sa figuration géométrique, par exemple la croix ne portant pas le crucifié. Or, la ressemblance iconique s’oppose radicalement à tout ce qui est portrait et ne se rapporte qu’à l’hypostase (la personne) et à son corps céleste. C’est pourquoi l’icone d’un vivant est impossible et toute recherche d’une ressemblance charnelle, terrestre, est exclue. Dans l’iconosophie, l’hypostase «enhypostasie», s’approprie, n?n pas une substance cosmique (planche de bois, couleur) mais la ressemblance comme telle, la forme idéale, la f?gure céleste de l’hypostase assumant le corps transfiguré que représente l’icone.

Le Plerôme vers lequel tout est tendu actualisera la synthèse eschatologique «du terrestre et du céleste» (? Cor. l5/42-49). L’art l’anticipe prophétiquement; à travers l’imperfection actuelle, il profile la perfection, raconte le mystérieux de l’être. Mais s’il quitte la «biosphère d’incarnation» il change de nature et quand il refuse consciemment toute ressemblance, il s’enfonce dans l’abstrait.

?n sait que la philosophie mathématique cherche la pensée pure dépouillée de toute forme anthropomorphique. La science de plus en plus touche à des notions qui dépassent la capacité humaine de réception. L’art abstrait s’oppose violemment à l’art figuratif: «Je jure à la Nature que jamais plus je ne la représenterai!» déclare Kupka. Certes la chose sans contenu soghianiqne est plate et absurde comme les toiles de Fougeron et celles du «réalisme socialiste». Mais l’idéal sans la chose est aveugle et insignifiant. C’est comme si l’art s’exerçait sur des entéléchies d’Aristote qui auraient perdu le lieu de leur actualisation.

Du point de vue sophiologique il est évident que l’art abstrait (ab-trahere, tirer, extraire du réel) s’exerce sur la Sophia désaffectée, déviée de sa destination, pervertie dans son essence même, dans sa relation au réel, ce qui la prive de sa fin et la rend indéchiffrable car c’est la Sophia qui a perdu son corps. Dès lors, c’est une fausse magie de l’instant. Des fantômes peuvent toujours offrir une jouissance esthétique. Ils hantent les vestiges du monde fragmenté mais ne présentent qu’un bien maigre intérêt. Kandinsky ?u Paul Klee peuvent atteindre une grande musicalité tout simplement parce qu’ils ont du génie, mais l’homme qui regarde ces œuvres n’est jamais accueilli dans ce monde dévasté de toute présence et visage. L’œil peut écouter les voix du silence, l’absence colorée ne fait que distraire et lasser à la fin. Peut-?n entrer en communion, ébaucher un geste de tendresse pour une de ces femmes peintes par Picasso et que le P.Serge Boulgakov appelait «cadavres de la beauté», peut-?n ressentir le désir de prier devant le carré de Malévitch? L’art abstrait s’exerce sur l’arc-en-ciel retiré de son contexte cosmique. ?n peut admirer son spectre solaire, l’analyser et varier à l’infini ses couleurs, mais il ne réunit plus le ciel et la terre, ne dit rien d’essentiel à l’homme. Or l’arc-en-ciel n’est p?int un jeu de couleur, ni un objet esthétique; selon la Bible, il est le grand symbole de l’alliance entre Dieu et l’homme. Dans l’iconographie, l’arc-en-ciel supporte le corps du Christ-Pantocrator lors de sa venue glorieuse. L’abstractioa coupe les vibrations lumineuses de leur source, de l’Orient liturgique. Que peut-elle révèler à l’homme orant qui se prosterne devant ?’éclair fulgurant du visage divin et dit: «Dans la lumière nous connaîtrons toute lumière…» Le beau n’est pas seulement ce qui plaît; en plus d’une fête pour les yeux, il nourrit l’esprit et l’illumine.

Les expositions montrent que les formes modernes ne se survivent pas. Plus la forme est vide de contenu sensé et plus elle est illimitée dans ses combinaisons, dans ses «comment»; mais .dès qu’elle est appelée à dire «quoi», à révèler une «quiddité», une seule coïncide avec son contenu: c’est que l’illimité des expressions correspond au limité de l’âme. Par contre, l’illimité divin prend la seule et unique expression de l’Incarnation: «Par ?a nature, certes, ?u es illimité, mais ?u as v?ulu, Seigneur, Te limiter sous le voile de la chair». Dans l’unique visage du Christ, Dieu est présent et avec Lui tout l’humain. Le hiératisme des saints, leur immobilité iconographique presque rigide, ce limité extérieur de la forme dévoile l’illimité de leur esprit. De leur position frontale, sans aucun artifice, leur regard, tel le buisson ardent, nous brûle sans n?us consumer.

***

Dans sa valeur propre de symbole, l’icone dépasse l’art, mais l’explique aussi. Nous pouvons admirer sans réserve les œuvres des grands Maîtres de tous les siècles et en faire le sommet de l’Art. L’Icone se tiendra un peu à part, comme la Bible se placera au-dessus de la littérature et de la poésie universelles. Sauf quelques exceptions, l’art tout court sera toujours formellement plus parfait que l’art des iconographes car ce dernier, justement, ne cherche pas cette perfection. Son excés même nuirait à l’icone,. risquerait de décentrer le regard intérieur de la révélation du Mystère, comme une poésie excessive et recherchée nuirait à la puissance de la parole biblique. La beauté d’une icone est dans un équilibre hiérarchique d’une extrême exigence. Au-dessous d’une certaine limite et immédiatement, ce n’est plus qu’un simple dessin; au-dessus et suivant le génie contemplatif de l’iconographe, l’icone elle-même impose et rayonne la stricte beauté conforme à son sujet.

Expressif, l’art peut exprimer des contenus différents. Libre, il peut coïncider avec l’icone -telle une toile de Rembrandt-, comme il peut s’éloigner de tout contenu religieux; à la limite, il peut passer à la fonction purement signitive ?u devenir objet esthétique seulement, art pour art, décoration, enfin changer sa nature et cesser d’être un art.

Le grand art figuratif nous apporte la vision transfigurante des Maîtres, ?l saisit la Sophia terrestre dans l’harmonie de ses deux aspects, réel et idéal, la chante et construit le Temple sophianique. Mais celui-ci, pour devenir chair transfigurée, théophanique, doit s’ouvrir consciemment, par la foi et la sainteté de l’homme à la lumière divine, à la Sagesse incrée. La Sophia créée n’est que le miroir ambigu, terni par la chute, de la Gloire et c’est pourquoi l’art lui-même reste profondément ambigu. Pour rencontrer la Beauté face a face, pour atteindre son rayonnement énergétique de grâce, il faut par une trans-ascendance, par un dépassement du sensible et de l’intelligible, franchir les portes secrètes du Temple et c’est l’Icone. Ce n’est plus l’invocation mais la Parousie, la Beauté vient à la rencontre de notre esprit n?n pas pour le ravir mais pour l’ouvrir à la proximité brûlante du Dieu personnel. C’est la descente de la Sagesse céleste qui fait de la Sophia terrestre son rayonnant réceptacle, le Buisson ardent. L’art de l’icone n’est pas autonome, il est inclus dans le Mystère liturgique et ruisselle des présences sacramentelles, ?l fait sienne une certaine «abstraction». Dans sa liberté de composition, il dispose à son gré les éléments de ce monde dans leur soumission totale au spirituel. ?l peut représenter la Vierge aux trois bras, faire marcher un martyr tenant entre ses mains sa propre tête, donner à un f?l en Christ les traits d’un chien, mettre le crâne d’Adam au pied de la Croix, personnifier le cosmos sous la figure d’un vieux roi et le Jourdain en celle d’un pêcheur, renverser la perspective et faire culminer dans un seul point tous les temps et tous les espaces. La lumière ici est plus que l’objet, elle sert de matière colorante pour l’icone, la fait luminescente par elle-même, ce qui rend inutile toute source de lumière, comme dans la Cité de l’Apocalypse.

Sans pouvoir le prouver, il est évident que l’art abstrait s’origine dans l’iconographie, dans les arabesques musulmanes, dans le transcendental. Saisir cette correspondance initiale, c’est raviver la mauvaise conscience réciproque. Certes la beauté fut universellement prostituée et la contemplation fut désacralisée. L’académisme de l’art, ainsi que l’académisme de la théologie et de la prédication, l’académisme de la vie chrétienne ?nt suscité une révolte juste et une recherche passionnée et combien tragique du vrai. Or, toute révolte porte en son cœur sa propre transcendance, l’enfer n’existe que par la lumière qui luit dans les ténèbres; l’espérance du contraire, la dialectique même de la métanoïa infernale constitue la pointe avancée de sa souffrance secrète. L’immense entreprise de démolition inhérente à l’art abstrait est une forme d’ascétisme, de purification, d’aération que nous devons reconnaître avec un respect tremblant. ?l répond à la pureté de l’âme, à la nostalgie de l’innocence perdue, au désir de trouver au moins un rayon ?u un éclat de couleur qui ne soit pas souillé par une figure complice et équivoque d’ici-bas. Son refus des formes de ce monde n’est-il pas, au plus profond de ses soifs, l’exigeance impérieuse du «tout autre». ?l crie l’impossibilité de vivre en artiste dans un monde athée et clos, de s’exercer sur les «natures mortes» qui ne sont plus matière de résurrection. C’est pourquoi l’art moderne est significatif. ?l a apporté la libération de tout préjugé, il a supprimé les ornements et les accessoires, il a démoli les horreurs de l’académisme des siècles récents, il a tué le mauvais goût du VIVe siècle et, en cela, il est rafraîchissant. La forme extérieure est défaite. Maisà~ ce niveau aucune évolution n’est plus possible, la clé des correspondances secrètes est perdue, la rupture entre le sacré transcendant divin et le religieux immanent humain est si radicale qu’?n ne peut plus simplement passer d’un plan à un autre. L’accès à la forme intérieure, «sophianique» et ouranienne, la contemplation par transparence de l’invisible dans le visible est barrée par l’ange à l’épée flamboyante. Seul le baptême de feu peut faire ressuciter l’art dans la lumière des derniers accomplissements (4).

L’arrêt de l’iconographie, dans son élan même, depuis le XVIIe siècle, porte une responsabilité écrasante pour le destin de l’art moderne. Par s?n impasse même, cet art exprime l’attente désespérée d’un miracle. Celui-ci, comme tout miracle, est imprévisible dans sa forme. ?l est peut-être dans le regard virginal d’un saint: dans une poignée d’humus, il voit la trace fulgurante de l’Esprit qui, jadis, de cette terre humide, a sculpté le visage du premier homme afin d’accueillir la lumière du regard divin.

L’iconosophie moderne est appelée plus que jamais à retrouver la puissance créatrice des anciens iconographes et à sortir de l’immobilisme de l’art des «copistes». Si le monde a perdu tout style comme expression de l’universel humain et de la communion spirituelle des âmes, l’image de Dieu aujourd’hui impose le sien afin d’interprêter notre temps à sa lumière. Fidèle à ses origines, mais parcelle de l’éon pentecostal, l’icone saura-t-elle fermer son cercle sacrè sur l’évangile de la Parousie et le visage humain du Dieu trinitaire? La liturgie nous enseigne aujourd’hui plus qu’hier que l’art se décompose n?n pas parce qu’il est enfant de son siècle, mais parce qu’il est réfractaire à ses fonctions sacerdotales: faire l’art théophanique, au cœur des espérances trompées et enterrées, poser l’icone, l’Ange de la Présence. En «robe bariolée» de toutes les couleurs, Beauté sophianique de l’Eglise, son visage est humain: Femme habillée de soleil, «joie de toutes les joies», «celle qui combat toute tristesse» et ruisselle de la tendresse sans déclin.
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NOTES

1. Le Christ byzantin, elkomenos, humili? et souffrant, gravit de lui-m?me la mont?e ultime en Seigneur de toutes choses. S.Jean Chrysostome le dit: «Je regarde le Christ crucifi? et je voie le Roi». Le M?tropolite Philar?te de Moscou precise: «Le P?te est l’amour qui crucifie, le Christ est l’amour crucifi?, l’Esprit.Sain est la puissance invincible de la Croix». Par contre, dans l’art occidental apr?s le XIIIe si?cle, J?sus, l’homme de douleurs, semble au c?ur m?me du dolorisme, ?tre aband?nn? par l’Esprit-Saint comme le Christ d’Andernach, de Cologne, le D?vot Christ de Perpignan. La recherche du r?alisme au XVe si?cle se jette encore plus dans l’image de la souffrance et de la mort et c’est le culte des cinq plaies, du Saint-Sang des instruments de la passion, le Christ abandonn? attendant son supplice, la Vierge de Piti? qu’aucune Colombe ne soutient dans sa blessure.
2. L. Bouyer, Les Catholiques occidentaux et la liturgie bvzantine in Dieu Vivant, No 2l.
3. Or. XXXI, 8. P.G. 36, 141 B.
4. Voir les admirables analyses de Weidl? dans son livre: Les Abeilles d’Arist?e.

bonne nuit

14 novembre, 2009

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. rm_1634

Madonnelle di Roma, ceci est proche à ma maison

http://www.photoroma.com/madonnelle.php

Saint José Maria Escriva de Balaguer : Toujours prier

14 novembre, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091114

Le samedi de la 32e semaine du temps ordinaire (de la férie) : Lc 18,1-8
Commentaire du jour
Saint José Maria Escriva de Balaguer (1902-1975), prêtre, fondateur
Homélie du 26/03/67 in Es Cristo que pasa (trad. Quand le Christ passe, Le Laurier 1989, p. 209)

Toujours prier

      « Priez sans cesse » ordonne l’apôtre Paul (1Th 5,17). Rappelant ce précepte, Clément d’Alexandrie écrit : « Il nous est commandé de louer et d’honorer le Verbe, dont nous savons qu’il est le Sauveur et le Roi, et par lui, le Père, non pas en des jours choisis, comme d’autres le font, mais constamment tout au long de notre vie, et de toutes les façons possibles ».

      Au milieu des occupations de la journée, à l’instant de vaincre la tendance à l’égoïsme, lorsque nous éprouvons la joie de l’amitié envers les autres hommes, dans tous ces moments-là, le chrétien doit retrouver Dieu. Par le Christ et dans l’Esprit Saint, le chrétien accède à l’intimité de Dieu le Père, et il parcourt son chemin en cherchant ce royaume qui, bien que n’étant pas de ce monde (Jn 18,36), se prépare et commence dans ce monde.

      Il faut fréquenter le Christ, dans la Parole et dans le Pain, dans l’eucharistie et dans la prière. Et le fréquenter comme on fréquente un ami, un être réel et vivant comme l’est le Christ, puisqu’il est ressuscité… Le Christ, le Christ ressuscité, c’est le compagnon, c’est l’Ami. Un compagnon qui ne se laisse voir que dans la pénombre, mais dont la réalité remplit toute notre vie et nous fait désirer sa compagnie définitive. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! Que celui qui écoute dise : Viens ! Et que l’homme assoiffé s’approche, que l’homme de désir reçoive l’eau de la vie, gratuitement… Le garant de ces révélations l’affirme : Oui, mon retour est proche ! Oh oui, viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22,17.20)

Saint Ambroise (demain commence l’Advent du Rite Ambrosien [Milan])

13 novembre, 2009

Saint Ambroise (demain commence l'Advent  du Rite Ambrosien [Milan]) dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

LA MANNE DE LA TENDRESSE

13 novembre, 2009

 du site:

http://www.pagesorthodoxes.net/liturgie/liturgie.htm#manne

LA MANNE DE LA TENDRESSE

par Saint Nicolas Cabasilas

L’efficacité de l’Eucharistie consiste, pour ceux qui y prennent part à ce que rien ne leur manque. Conformément à sa promesse, nous demeurons en Christ en communiant à cette table et Christ demeure en nous, car il est écrit : Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6,57).Si Christ demeure en nous, de quoi avons-nous besoin ? Que nous manque-t-il ? Si nous demeurons en Christ, que pouvons-nous désirer de plus ? Il est notre hôte et notre demeure. Heureux sommes-nous d’être Sa maison ! Quelle joie d’être nous-mêmes la demeure d’un tel habitant !

Que manque-t-il à tant de bonheur ? Qu’ont-ils à voir avec le mal, ceux qui resplendissent d’une telle lumière ? Quel mal peut résister à tant de bien ? Plus rien ne peut demeurer ou venir assaillir notre cœur, quand Christ Se manifeste ainsi, en nous. Il nous entoure et pénètre le plus profond de nous-mêmes.

Il est notre refuge. Il nous enserre de tous côtés, pour qu’aucune des flèches qu’on nous lance ne nous atteigne. S’il trouve en nous quelque imperfection, il la repousse et l’expulse. Christ réside en notre demeure et l’emplit totalement de sa présence. Nous participons non à quelque chose de lui, mais à lui-même tout entier. Ce ne sont pas quelques rayons et un peu de lumière que nous recevons, mais bien le disque solaire lui-même. Ainsi, nous l’habitons et lui nous habite au point de ne former avec lui qu’un seul esprit. Immédiatement, âme, corps et toutes nos facultés deviennent  » spirituels « , car ils lui sont intimement unis. Notre âme est unie à son âme, notre corps à son corps et notre sang à son sang.

Le résultat ? C’est que le meilleur l’emporte sur l’inférieur et que le divin éclipse l’humain. Il se produit, alors, ce que Paul dit de la Résurrection : Ce qui est mortel est absorbé par la vie (2 Co 5,4). Plus loin, il ajoute : Si je vis, ce n’est plus moi, mais Christ qui vit en moi (Ga 2,20). Ô grandeur des mystères !

* * * * *

L’homme de Dieu, Denys [auteur de plusieurs textes mystiques, fin V

 siècle], nous dit que les autres sacrements seraient incomplets et sans capacité de produire leurs propres effets, si on ne leur ajoutait le banquet sacré. Il est donc impossible que les efforts et la justice des hommes puissent les libérer du péché. Ils ne peuvent non plus leur en procurer les autres résultats. Lorsque les pécheurs se repentent de leurs fautes et les confessent aux prêtres, ils se sentent affranchis de tout châtiment de Dieu, leur juge. Ils ne peuvent, cependant, bénéficier pleinement de l’efficacité de cette confession qu’après s’être assis à la Table du banquet.

C’est pourquoi nous sommes baptisés une seule fois alors que nous approchons fréquemment de la Table. Étant hommes, en effet, nous offensons Dieu quotidiennement. Ceux qui veulent être délivrés du péché ont besoin de faire pénitence, il leur faut peiner et triompher du mal. Or, ils ne pourront obtenir cela qu’en y joignant le seul remède à opposer aux péchés des hommes.

Lorsque l’olivier sauvage a été greffé, le bon olivier l’assimile tout entier. Ses fruits ne sont plus alors ceux d’un olivier sauvage. Ainsi, la justice des hommes, par elle-même, ne sert à rien mais dès qu’ils sont unis au corps et au sang du Christ, en y communiant, ils en reçoivent aussitôt les plus grands bienfaits : la rémission des péchés et l’héritage du Royaume : ce sont les fruits de la justice de Christ. De même qu’à la sainte Table nous recevons le corps du Christ, corps puissant à vaincre, de même s’ensuit-il que notre justice se modèle en Christ.

* * * * *

Ce mystère est une Lumière pour ceux qui ont déjà été purifiés. C’est un moyen de se purifier pour ceux qui le veulent. C’est une onction pour ceux qui engagent le combat contre le Mauvais et les passions. Les premiers n’ont plus qu’à recevoir la Lumière du monde, l’œil débarrassé de ses humeurs. Quant à ceux qui ont encore besoin d’être purifiés, de quel autre moyen peuvent-ils avoir besoin ? Car le sang du Fils de Dieu nous guérit de tout péché (1 Jn 1,7), selon le mot de Jean, le disciple bien-aimé du Christ. En ce qui concerne la victoire sur le Mauvais, qui ne sait que, seul, Christ l’a vaincu ? Son corps est dressé comme seul trophée de victoire sur le péché. Par son corps, Il est à même de secourir ceux qui luttent car c’est en ce corps qu’Il a lui-même souffert et triomphé quand Il fut tenté.

Voilà pourquoi nous avons toujours besoin de cette chair ! Voilà pourquoi nous participons à cette Table ! Ceci, afin que la loi de l’Esprit soit active en nous, et que la vie selon la chair n’ait plus de place et qu’elle ne puisse saisir aucune occasion pour retomber à terre, comme des corps pesants, privés de leur soutien. Pour toutes ces raisons, ce mystère eucharistique est parfait. Ceux qui y communient n’ont pas à chercher ailleurs ce qu’il fournit excellemment.

* * * * *

Beaucoup s’étonnent : ce mystère qui est plus parfait que les autres semble être moins efficace que le baptême pour libérer du péché. Le baptême nous purifie sans effort de notre part, tandis que l’eucharistie exige notre labeur. Rien ne distingue ceux qui sont purifiés dans le baptême de ceux qui n’ont jamais été souillés. Alors que beaucoup qui communient au banquet eucharistique portent les traces du péché.

Dans les péchés commis, nous remarquons quatre éléments : celui qui a commis le péché, l’acte mauvais, la sanction encourue et l’inclination au mal ainsi introduite en l’âme. Spontanément, en se hâtant vers le baptême, le pécheur doit renoncer au péché. Le reste, la culpabilité et l’attirance pour le mal, est enlevé sans effort par la purification baptismale. Quant au pécheur lui-même, il meurt, pourrait-on dire, dans l’eau baptismale et c’est un homme nouveau que rend le bain.

Le coeur brisé et contrit parce que nous sommes pécheurs, nous recevons le Pain sacré. C’est lui qui libère de la sanction et de la faute, et qui lave notre coeur de son inclination au mal. L’eucharistie ne fait pas mourir le pécheur car elle n’a pas reçu la force de créer à nouveau ! Ainsi, l’eucharistie est sans effet sur un seul des éléments du péché : le pécheur lui-même. Elle lui permet de subsister non plus en tant que justiciable mais comme auteur de son péché. Certains même portent encore les signes de leur maladie et les cicatrices des anciennes blessures ; car ils ne s’en sont pas suffisamment souciés et leur préparation a été insuffisante pour recevoir l’énergie du remède. La purification de l’eucharistie diffère de celle du baptême, car elle ne noie pas le pécheur et ne le recrée pas. Elle purifie certes, en laissant vivre le pécheur et cette purification suppose un effort de sa part. Cela n’est pas dû au sacrement mais à la nature même des choses qui fait que les pécheurs sont purifiés au baptême en étant lavés et dans l’eucharistie, en étant nourris.

Ici, je voudrais parler de l’effort qui nous est demandé. Lors de notre baptême, nous étions dans un état informe et dépourvus de la force requise pour avancer vers le bien. Ce mystère réalise ses effets en nous, comme un don gratuit ! Il ne requiert rien de notre part, car nous ne pouvons rien apporter. La Table sainte, au contraire, est servie alors que nous sommes déjà formés. Nous vivons et nous sommes aptes à nous diriger nous-mêmes. L’eucharistie nous permet d’utiliser l’énergie et les armes qui nous ont été fournies. Grâce à elle, nous pouvons poursuivre le bien, sans y être obligés ou tirés. Nous nous élançons dès lors spontanément comme des athlètes exercés pour la course…

Maintenant que le Soleil s’est levé et que, par ses mystères, sa lumière éclate de toutes parts, rien ne doit retarder notre action et nos efforts. Nous devons manger notre pain à la sueur de notre visage (Gn 3,19). Ce pain, rompu pour nous (1 Co 11,24), est uniquement destiné aux seuls êtres raisonnables. Le Seigneur dit : Travaillez pour la nourriture qui demeure ((Jn 6,27), et par ses paroles, il nous ordonne de ne pas rester oisifs et inactifs, mais de venir à son banquet en travaillant. Paul est formel quand il écarte les paresseux de la table corruptible de cette vie : Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus (2 Th 3,10). Quelles oeuvres devons-nous produire si nous sommes invités à la Table sainte ?

Il nous faut être, personnellement, animés des dispositions requises, et d’abord nous purifier avant de participer à ce sacrement. Cela découle de ce que nous venons d’exposer. L’eucharistie n’est pas inférieure aux autres mystères. Elle l’emporte sur tous par son efficacité.

* * * * *

Christ rend saints et justes ceux qui lui sont fortement unis. Il les instruit en leur apprenant ce qui est indispensable. Il exerce leur âme à la vertu, transformant en actes ce que le discernement leur fait percevoir, mais plus encore en devenant lui-même pour eux : sagesse, justice, sanctifications (1 Co 1,30).

Ainsi, les fidèles deviennent bienheureux et saints à cause du Bienheureux qui leur est uni. Par lui, eux qui étaient morts ressuscitent et ils deviennent sages, d’insensés qu’ils étaient. Ils sont saints, justes et fils de Dieu au lieu d’être impurs, pervers et esclaves. D’eux-mêmes, par leur nature ou leurs efforts, rien ne leur permettrait de s’attribuer ces titres. En fait, ils sont saints à cause de Celui qui est saint. Ils sont justes et sages à cause de Celui qui est juste et sage et qui demeure en eux. Voilà pourquoi nous devons vivre la vie nouvelle en Christ et faire preuve de droiture. Ce serait obligation impossible si nous n’étions rendus aptes spécialement pour cette vie nouvelle en Christ : Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême […] afin que nous vivions, nous aussi, dans une vie nouvelle (Rm 6.4).

Extrait de Daniel Coffigny,
Nicolas Cabasilas, La Vie en Christ,
Éditions du Cerf, 1993

 

SAINT SILOUANE L’ATHONITE: LE REPENTIRE

13 novembre, 2009

du site:

http://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/silouane-repentir.htm

SAINT SILOUANE L’ATHONITE: LE REPENTIRE

Mon âme t’a connu, Seigneur, et j’annonce ta miséricorde à ton peuple. Peuples de la terre, ne vous laissez pas écraser par la dureté de la vie. Luttez seulement contre le péché et demandez l’aide du Seigneur ; il vous la donnera, car il est miséricordieux et nous aime.

Ô peuples de la terre ! C’est avec des larmes que j’écris ces lignes. Mon âme désire que vous connaissiez le Seigneur et que vous contempliez sa miséricorde et sa Gloire. J’ai soixante-douze ans ; je vais bientôt mourir et j’écris pour vous sur la miséricorde de Dieu que le Seigneur m’a donné de connaître par le Saint-Esprit ; et le Saint Esprit m’a appris à aimer tous les hommes. Oh ! que je voudrais vous placer sur une haute montagne pour que, de son sommet, vous, puissiez voir le Visage doux et miséricordieux du Seigneur, et que vos coeurs exultent de joie. Je vous dis la vérité : je ne trouve rien de bon en moi et j’ai commis de nombreux péchés, mais la grâce du Saint-Esprit les a effacés. Et je sais qu’à ceux qui luttent avec le péché, le Seigneur accorde non seulement le pardon, mais encore, la grâce du Saint-Esprit lui réjouit l’âme et lui donne une paix douce et profonde.

Ô Seigneur, tu aimes ta créature. Qui peut comprendre ton amour ou en goûter la douceur, si tu ne m’instruis pas toi-même par ton Esprit Saint !

Je te prie, Seigneur : répands sur les hommes la grâce du Saint-Esprit pour qu’ils puissent connaître ton amour. Réchauffe les coeurs abattus des hommes pour qu’ils te glorifient dans la joie et oublient les douleurs de la terre.

Ô Consolateur béni, je te le demande, les larmes aux yeux : console les âmes attristées des hommes. Donne à tous les peuples d’entendre ta voix leur disant avec douceur :  » Vos péchés vous sont pardonnés « . Oui, Seigneur, il est en ton pouvoir d’accompli des miracles, et il n’y a pas de plus grand miracle que d’aimer le pécheur dans sa chute. Il est facile d’aimer un saint : il en est digne. Oui, Seigneur, écoute la prière de la terre. Tous les peuples sont plongés dans la souffrance ; tous, ils sont abattus par le péché ; tous, ils sont privés de ta grâce et demeurent dans les ténèbres.

Ô peuples de toute la terre ! Invoquons le Seigneur, et notre prière sera exaucée, car le Seigneur se réjouit du repentir des hommes ; toutes les Puissances célestes nous attendent pour que, nous aussi, nous jouissions de la douceur de l’amour de Dieu et puissions voir la beauté de sa Face.

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Lorsque les hommes gardent la crainte de Dieu, la vie sur terre est paisible et douce. Mais, de nos jours, les hommes se sont mis à vivre à leur gré et selon leur propre raison, et ils ont délaissé les saints commandements. Ils pensent trouver la joie sur terre en se passant du Seigneur, ne sachant pas que seul le Seigneur est notre joie et que l’âme de l’homme ne trouve le bonheur que dans le Seigneur. Il réchauffe et vivifie l’âme comme le soleil réchauffe les fleurs des champs, et, comme le vent qui les berce, il leur donne la vie. Le Seigneur nous a tout donné pour que nous lui rendions Gloire. Mais le monde ne le comprend pas. Et comment pourrait-on comprendre ce qu’on n’a ni vu ni goûté ! Moi aussi, lorsque j’étais dans le monde, je pensais que là était le bonheur : jouir de la santé, être beau, riche et aimé des autres. Et j’en étais devenu vaniteux. Mais lorsque je connus le Seigneur par le Saint-Esprit, je me suis mis à regarder tout le bonheur du monde comme de la fumée que le vent emporte. Mais la grâce du Saint-Esprit réjouit l’âme et la remplit d’allégresse, et, dans une paix profonde, elle contemple le Seigneur, oubliant la terre.

Seigneur, fais que les hommes se tournent vers toi, pour que tous ils connaissent ton amour, et que, dans le Saint-Esprit, ils puissent voir ton doux visage ; que tous, déjà sur terre, ils jouissent de cette vision et, voyant comment tu es, deviennent semblables à toi.

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Gloire au Seigneur de ce qu’il nous a donné le repentir, et par le repentir nous serons tous sauvés, sans exception. Seuls ne seront pas sauvés ceux qui ne veulent pas se repentir : c’est en cela que je vois leur désespoir, et je pleure beaucoup par compassion pour eux. Ils n’ont pas connu par le Saint-Esprit combien est grande la miséricorde divine. Mais si toute âme connaissait le Seigneur, savait combien il nous aime, alors personne ne désespérerait et même ne murmurerait jamais. Toute âme qui a perdu la paix doit se repentir, et le Seigneur lui pardonnera ses péchés. Alors la joie et la paix régneront de nouveau dans l’âme. On n’a pas besoin d’autres témoins, car le Saint-Esprit lui-même témoigne que les péchés sont pardonnés. Voici un signe du pardon des péchés : si tu hais le péché, c’est que le Seigneur t’a pardonné tes péchés.

Et qu’attendrions-nous encore ! Que quelqu’un du haut des Cieux nous chante un chant céleste ! Mais au Ciel tout vit par Saint-Esprit, et sur terre le Seigneur nous a donné le même Saint-Esprit. Dans les églises, les services divins sont accomplis par Saint-Esprit ; dans les déserts, sur les montagnes, dans les cavernes et partout, les ascètes du Christ vivent par le Saint-Esprit ; et si nous le gardons, nous serons libres de toutes ténèbres, et la vie éternelle sera dans nos âmes dés ici-bas.

Si tous les hommes se repentaient et gardaient les commandements divins, alors le Paradis serait sur terre, car le  » Royaume Dieu est au-dedans de nous « . Le Royaume de Dieu, c’est le Saint-Esprit, et le Saint-Esprit est le même au Ciel et sur la terre.

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À celui qui se repent, le Seigneur donne le Paradis et le Royaume éternel, et il se donne lui-même. Dans sa grande miséricorde, il ne se souviendra pas de nos péchés, comme il ne s’est pas souvenu de ceux du larron crucifié a côté de lui.

Seigneur, grande est ta miséricorde. Qui saura te rendre grâce comme il convient, de nous avoir donné sur terre le Saint-Esprit ?

Seigneur, grande est ta justice. Tu as promis a tes Apôtres :  » Je ne vous laisserai pas orphelins « . Maintenant, en effet, nous expérimentons cette miséricorde, et notre âme sent que le Seigneur nous aime. Mais celui qui ne le sent pas, qu’il se repente et vive selon volonté de Dieu, et alors le Seigneur lui donnera sa grâce qui guidera son âme. Mais si tu vois un homme qui pèche, et que tu n’as pas de compassion pour lui, alors la grâce t’abandonnera.

Il nous a été commandé d’aimer ; l’amour du Christ a pitié de tous les hommes, et le Saint-Esprit apprend à l’âme à observer les commandements divins, et lui donne les forces pour accomplir le bien.

Esprit Saint, ne nous abandonne pas. Quand tu es avec nous, l’âme entend ta présence et elle trouve en Dieu sa béatitude, car tu nous enflammes d’amour pour Dieu.

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Le Seigneur a tant aimé les hommes qu’il les a sanctifiés par le Saint-Esprit et les a rendus semblables à lui. Le Seigneur est miséricordieux, et à nous aussi le Saint-Esprit donne le pouvoir d’être miséricordieux. Frères, humilions-nous et gagnons par le repentir un coeur compatissant. Alors nous verrons la Gloire du Seigneur , c’est par la grâce du Saint-Esprit que l’âme et l’esprit la connaissent.

Celui qui se repent vraiment est prêt a supporter toutes sortes de souffrances : faim et dénuement, froid et chaleur, maladie et pauvreté, mépris et persécution, injustice et calomnie, – car son âme s’élance vers le Seigneur dans une prière pure, oubliant ce qui est sur terre. Mais celui qui est attaché à ses biens et à l’argent ne pourra jamais avoir l’esprit pure en Dieu, parce que dans son âme se trouve cette constante préoccupation : que faire de cet argent ? S’il ne se repent pas sincèrement et ne s’afflige pas d’avoir offensé Dieu, il mourra dans sa passion sans avoir connu Dieu.

Lorsqu’on te prend ce que tu as, donne-le, car amour divin ne peut rien refuser ; mais celui qui n’a pas connu l’amour ne peut être miséricordieux, parce que la joie de l’Esprit Saint n’est pas dans son âme.

Si, par ses souffrances, le Seigneur nous a donné sur terre le Saint-Esprit de la part du Père, nous a donné son Corps et son Sang, il est évident qu’il nous donnera aussi tout le reste dont nous avons besoin. Abandonnons-nous à la volonté de Dieu ; nous verrons alors la Providence divine, et le Seigneur nous donnera même ce que nous n’attendons pas. Mais celui qui ne s’abandonne pas a la volonté de Dieu, ne pourra jamais voir sa Providence à notre égard.

N’allons pas nous affliger de la perte de nos biens : l’affaire n’en vaut pas la peine. C’est mon propre père qui m’a appris cela. Quand un malheur arrivait à la maison, il restait calme. Un jour, notre maison brûla et les gens disaient :  » Ivan Petrovitch, cet incendie t’a ruiné « . Mais, lui il répondait :  » Avec l’aide de Dieu, je m’en remettrai « . Un jour que nous longions notre champ, je lui dis :  » Regarde, on nous a volé des gerbes de blé « , et il me répondit : » Eh quoi ! mon petit, le Seigneur a fait pousser le blé pour nous ; nous en avons assez. Mais si quelqu’un vole, c’est qu’il a besoin de manger « . Il m’arrivait de lui dire :  » Tu donnes beaucoup d’aumônes, mais là-bas, ils vivent mieux que nous et donnent moins « . Mais il me répondait :  » Eh bien ! le Seigneur nous donnera ce qu’il faut.  » Et le Seigneur n’a pas déçu son espérance.

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Dès qu’un homme miséricordieux se repent, le Seigneur lui pardonne ses péchés. Celui qui est miséricordieux ne se souvient pas du mal. Même si on l’offense ou si on lui prend ce qui lui appartient, il reste calme, car il connaît la miséricorde du Seigneur; et cette miséricorde du Seigneur, personne ne peut nous en priver, car elle vient d’en haut, elle est auprès de Dieu.

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Tous les hommes chastes et humbles, obéissants, sobres et se repentant de leurs péchés sont montés aux Cieux ; ils voient notre Seigneur Jésus Christ dans la Gloire, entendent les hymnes des Chérubins et ne se souviennent plus de la terre. Mais nous, sur terre, nous sommes agités comme la poussière que soulève le vent, et notre esprit reste attaché aux choses terrestres.

Oh ! que mon esprit est faible ! Comme une petite bougie, un léger souffle suffit pour l’éteindre ; mais l’esprit des Saints était enflammé comme le Buisson ardent, et ne craignait aucun vent. Qui me donnera une ferveur telle que, ni le jour, ni la nuit, l’amour du Seigneur ne me laisse de repos ! L’amour du Seigneur est brûlant. Pour lui, les saints supportaient toutes les souffrances et obtenaient le pouvoir d’accomplir des miracles. Ils guérissaient les malades, ressuscitaient les morts, marchaient sur les eaux, étaient soulevés dans les airs à l’heure de la prière ; par leur prière, ils faisaient tomber la pluie du ciel. Mais moi, ce n’est que l’humilité et l’amour du Christ que je voudrais apprendre, afin de ne blesser personne et de prier pour tous les hommes comme pour moi-même.

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Malheur à moi ! Moi qui aime si peu Dieu, j’écris sur l’amour de Dieu. C’est pourquoi je suis triste et affligé comme Adam lorsqu’il fut chassé du Paradis ; je sanglote et je crie :

 » Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de ta créature tombée. Combien de fois m’as-tu donné ta grâce, mais à cause de ma vanité je ne l’ai pas gardée. Pourtant mon âme te connaît, toi, mon Créateur et mon Dieu. C’est pourquoi je te cherche en pleurant, comme Joseph qui pleurait son père Jacob sur la tombe de sa mère, lorsqu’il fut emmené comme esclave en Égypte.

 » Je t’offense par mes péchés, tu te retires de moi, et mon âme languit après toi.

 » Ô Esprit Saint, ne m’abandonne pas. Lorsque tu t’éloignes, de mauvaises pensées s’approchent de moi, et mon âme tout en larmes languit après toi.

 » Ô Toute-Sainte Souveraine, Mère de Dieu, tu vois ma tristesse : j’ai offensé le Seigneur et il m’a abandonné. Mais j’implore ta bonté : sauve-moi, moi qui suis une créature de Dieu tombée dans le péché ; sauve-moi, ton serviteur « .

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Si tu penses du mal d’autrui, c’est le signe qu’un esprit mauvais vit en toi et qu’il t’inspire ces mauvaises pensées contre les gens. Et si quelqu’un meurt sans se repentir et sans pardonner à son frère, alors son âme descendra là où séjourne l’esprit mauvais qui la domine.

Nous avons cette loi : si tu pardonnes, cela signifie que le Seigneur t’a pardonne ; mais si tu ne pardonnes pas à ton frère, cela signifie que ton péché demeure en toi.

Le Seigneur veut que nous aimions notre prochain. Si tu penses que le Seigneur l’aime, cela veut dire que l’amour du Seigneur est avec toi. Si tu penses que le Seigneur aime beaucoup sa créature, si, toi-même, tu as de la compassion pour toute créature et aimes tes ennemis, et si, en même temps, tu t’estimes le pire des hommes, cela indique que la grande grâce du Saint-Esprit est avec toi.

L’homme qui porte en lui le Saint-Esprit, même si ce n’est pas en plénitude, souffre pour tous les hommes jour et nuit ; son coeur est plein de compassion pour toute créature de Dieu et surtout pour les hommes qui ne connaissent pas Dieu ou s’opposent à lui, et qui, pour cette raison, iront dans le feu des tourments. Il prie pour eux jour et nuit, plus que pour lui-même, afin que tous se repentent et connaissent le Seigneur.
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Le Christ a prié pour ceux qui le crucifiaient :  » Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font « . Étienne, le premier diacre, priait pour ceux qui le lapidaient afin que le Seigneur ne leur compte pas ce péché. Et nous, si nous voulons garder la grâce, nous devons prier pour les ennemis. Si tu n’as pas de compassion pour le pécheur qui sera tourmenté dans le feu, c’est le signe que ce n’est pas la grâce du Saint-Esprit qui est en toi, mais bien un esprit mauvais ; et tant que tu es encore en vie, efforce-toi, par le repentir, de te libérer de lui.

Extrait de Starets Silouane : Moine du Mont Athos -
Vie – Doctrine – Écrits, par l’Archimandrite Sophrony
(Éditions Présence, Sisteron, 1973).

bonne nuit

13 novembre, 2009

 

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. ophrys_insectifera_x_apifera_de7

Bee / Fly Orchid Hybrid

http://www.floralimages.co.uk/index2.htm

Saint Benoît: « Eveille-toi, toi qui dors » (Ep 5,14)

13 novembre, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091113

Le vendredi de la 32e semaine du temps ordinaire (de la férie) : Lc 17,26-37
Commentaire du jour
Saint Benoît (480-547), moine
Règle, Prologue, 8-22

« Eveille-toi, toi qui dors » (Ep 5,14)

      Levons-nous donc enfin ; l’Écriture ne cesse de nous éveiller en disant : « L’heure est venue de nous lever du sommeil » (Rm 13,11). Ouvrons les yeux à la lumière divine. Écoutons d’une oreille attentive la voix puissante de Dieu qui chaque jour nous presse en disant : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre coeur » (Ps 94,8). Et encore : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il écoute ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2,7). Et que dit-il ? « Venez, fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur. » (Ps 33,12) « Courez tant que vous avez la lumière de la vie, pour que les ténèbres de la mort ne vous enveloppent pas. » (Jn 12,35)

      Cherchant son ouvrier dans la foule du peuple à qui il lance cet appel, le Seigneur dit encore : « Quel est l’homme qui aime la vie et désire voir des jours heureux ? » (Ps 33,13) Entendant cela, si tu réponds : Moi, Dieu te dit : Veux-tu avoir la vraie vie, l’éternelle ? Alors « garde ta langue du mal et tes lèvres des paroles trompeuses : détourne-toi du mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la » (Ps 33,14-15). Quand vous aurez fait cela, je poserai les yeux sur vous et prêterai l’oreille à vos prières et « avant même que vous ne m’appeliez, je vous dirai : Me voici » (Is 58,9).

      Quoi de plus doux, frères bien-aimés, que cette voix du Seigneur qui nous invite ? Voici que, dans sa tendresse, le Seigneur nous indique le chemin de la vie. Ceints de la foi et de la pratique des bonnes actions, et guidés par l’Évangile, allons donc par les voies qu’il nous trace pour être admis à voir celui qui nous a appelés dans son royaume (1Th 2,12). Si nous voulons habiter dans la demeure de son royaume, hâtons-nous par de bonnes actions, sinon nous n’y parviendrons jamais.

Étude préparatoire pour Saint Paul Auteur : Lameire Charles (1832-1910)

12 novembre, 2009

Étude préparatoire pour Saint Paul Auteur : Lameire Charles (1832-1910) dans images sacrée 20%20LAMEIRE%20ETUDE%20SUR%20ST%20PAUL%2002

http://www.artbible.net/Jesuschrist_fr.html

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