Archive pour novembre, 2009

du Père Frédéric Manns : Une martyre juive de confession chrétienne – Edith Stein

5 novembre, 2009

du site:

http://198.62.75.1/www1/ofm/mag/TSmgfrB3.html

Une martyre juive de confession chrétienne – Edith Stein

Frédéric Manns, ofm

Carmélite à 43 ans, martyre à 52 ans

La figure de la philosophe Edith Stein est connue. Née dans la ville allemande de Breslau (aujourd’hui Wroclaw en Pologne) en 1891, la jeune juive a abandonné la foi de ses parents orthodoxes dès l’âge de 14 ans, avant d’entreprendre une brillante carrière de philosophe. A l’âge de 29 ans, après la lecture des oeuvres de sainte Thérèse d’Avila, elle embrasse la foi catholique et devient carmélite en 1934, comme la grande sainte dont elle venait de découvrir la recherche absolue de Dieu. Hitler était à peine arrivé au pouvoir dans une Allemagne en pleine crise et effervescence. En août 1942 elle est arrêtée dans un couvent des Pays-Bas où ses supérieures l’avaient envoyée pour tenter de la sauver. C’est le 9 août qu’elle s’offrit en sacrifice dans une chambre à gaz du camp d’Auschwitz.

Réaction du monde juif

De nombreuses voix se sont élevées en Israël pour protester contre cette canonisation. Pourquoi canoniser une martyre juive? N’assistons-nous pas à une récupération chrétienne de la Shoah? En répétant que chacun a été victime de la Shoah n’enlève-t-on pas toute responsabilité à l’Église? Le centre Simon-Wiesenthal de Paris et diverses personnalités juives avaient demandé au pape de renoncer à la canonisation de cette juive victime de la Shoah. M. Minervi, ambassadeur d’Israël auprès du Saint-Siège a dénoncé les manoeuvres du Vatican qui tendent non seulement à récupérer la Shoah par les chrétiens, mais à présenter au monde des juifs qui ont accepté Jésus comme messie d’Israël, en d’autres termes à affirmer que le christianisme n’est que l’accomplissement du judaïsme (émission de la Radio du 16.10.1998).

Jean Paul II ne s’est pas laissé intimider. Edith Stein est à la fois une éminente fille d’Israël et une fille fidèle de l’Église. Dans son homélie pour la canonisation le Pontife poursuit: « Consciente de ce que comportait son origine juive, Edith Stein avait à ce propos des mots éloquents: « Sous la croix j’ai compris le sort du peuple de Dieu… Mais comme cela est un mystère, on ne pourra jamais le comprendre par la raison seule.

Dialogue difficile

Les difficultés et ambiguïtés du dialogue judéo-chrétien sont de plus en plus apparentes. Il fallait s’y attendre. Mais ce dialogue ne peut pas être à sens unique au péril de perdre sa nature.

Jean Paul II dans son allocution à la synagogue de Mayence en 1980 affirme: « Quiconque rencontre Jésus-Christ, rencontre le judaïsme » Et à la synagogue de Rome en 1986 il ajoutait: « L’Église du Christ découvre son lien avec le judaïsme en scrutant son propre mystère ». La religion juive ne nous est pas extrinsèque, mais elle est intrinsèque à notre religion. Reconnaître les racines juives de la religion chrétienne est aujourd’hui chose acquise. Jésus, Marie, Joseph, les apôtres et les évangélistes étaient des juifs pratiquants.

Mais cela n’autorise pas à penser que l’Église et le judaïsme sont deux voies parallèles de salut. En canonisant Edith Stein le pape réaffirme que la voie du salut est unique, qu’on soit juif ou non.

Deux univers distincts mais reliés

La permanence en vis-en-vis d’Israël et de l’Église est le signe de l’inachèvement du dessein de Dieu. Le peuple juif et le peuple chrétien sont ainsi en situation de contestation réciproque. Cette contestation est incontournable. Elle est difficile à penser et à vivre au quotidien. L’affaire du carmel d’Auschwitz a bien illustré les difficultés et les ambiguïtés de la rencontre.

Vatican II dans le document Nostra Aetate avait rappelé le lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament avec la lignée d’Abraham. Mais c’est à partir de son mystère que l’Église parle du peuple d’Abraham et de son lien avec lui. Son discours ne pourra pas coïncider avec ce que les juifs disent sur eux-mêmes. La confrontation demeure, mais elle n’exclut pas la relation.

Définir le peuple juif comme le font les documents de l’Église comme le peuple de l’Ancien Testament c’est passer souvent à côté de l’essentiel. L’Ancien Testament n’est rien sans la tradition orale. Bien plus, la Loi orale a sa propre manière de lire la Bible. La Bible lue par les chrétiens à la lumière du Christ mort et ressuscité et la Bible lue par les juifs à la lumière du midrash juif, ce sont deux univers différents. Il existe une lecture chrétienne de la Bible qui est différente de la lecture juive.

Judaïsme du Second Temple et judaïsme rabbinique

Le choc que peut produire cette découverte doit être intégré dans une perspective historique: après la Shoah les chrétiens ont éprouvé la nécessité de se rapprocher des juifs et de raviver ce qui les unit aux juifs. L’heure est venue d’aller plus loin et de reconnaître maintenant l’altérité. Sinon des confusions méthodologiques risquent de se produire.

Beaucoup de congrès bibliques cherchent à souligner les racines juives de la foi chrétienne. Mais ces racines juives concernent en fait le judaïsme de l’époque du Second Temple. La connaissance du judaïsme ne pourra pas contourner la loi orale et le midrash développé plus tard, souvent en opposition avec la foi chrétienne. Ne risque-t-on pas de mettre sur le même plan le monde juif textuel et le monde juif d’aujourd’hui? La confusion qui existe entre les racines juives du christianisme et le développement du judaïsme rabbinique n’aide pas à éclaircir la situation. Vouloir interpréter Jésus et son message à la lumière du judaïsme d’après 70, l’année de la destruction du Temple, est en fait une erreur de perspective.

Une confusion commune identifie le peuple juif au peuple de l’Ancien Testament. Une autre, non moins subtile, consiste à croire que celui qui rencontre Jésus rencontre le judaïsme au sens du judaïsme rabbinique qui a façonné le peuple juif depuis vingt siècles.

Dire que l’Ancien Testament est indispensable à la foi catholique, que le Nouveau Testament ne peut pas se comprendre sans l’Ancien, dire que la permanence du peuple d’Israël à travers l’histoire est le signe de l’inachèvement du dessein de Dieu, cela est vrai mais insuffisant: nos voisins juifs d’aujourd’hui ne sont pas ceux qui font ressortir à nos yeux la valeur permanente de l’Ancien Testament et l’inachèvement du dessein de Dieu. Ce sont des gens façonnés par la loi orale, le Talmud et le midrash qui comprennent l’inachèvement du dessein de Dieu de façon différente de nous.

Renouvellement de l’Alliance

Il est vrai d’affirmer que Jésus était juif et qu’il l’est resté. Mais il faut articuler cette affirmation avec le renouvellement de l’alliance de Dieu en Jésus. On ne peut nier la nouveauté apportée par Jésus qui a permis l’entrée des païens dans l’alliance. Ce n’est pas Paul qui est le fondateur du judaïsme comme le répètent les juifs. Jésus est plus qu’un rabbin charismatique. Il s’est désigné comme le Fils de l’Homme. La découverte de sa judéité ne peut pas faire oublier la christologie, en particulier la christologie judéo-chrétienne.

Jésus a observé la loi juive. L’écoute de la parole de Dieu et l’obéissance aux commandements caractérisent l’attitude du croyant. Mais un fait est certain: les chrétiens n’observent plus aujourd’hui les 613 commandements de la loi juive, tout en reconnaissant l’Ancien Testament comme parole de Dieu. La concentration sur le commandement de l’amour a une origine christologique. L’agir des chrétiens est structuré christologiquement. Le commandement de l’amour par lequel Jésus résume la loi juive prend chair en lui: il aima les siens jusqu’à la fin et jusqu’à la perfection de l’amour. Nous sommes loin de l’incessante interprétation de la loi qui caractérise le judaïsme.

Des deux côtés, transformation de l’héritage biblique

Il est clair que le christianisme est une transformation du judaïsme ancien. Ni le christianisme ni le judaïsme d’aujourd’hui ne peuvent se considérer comme l’unique détenteur de l’héritage biblique. Au niveau historique tous deux ont opéré des transformations de cet héritage. L’Église n’est pas fille de la Synagogue. Cette formule signifierait que seul le christianisme a transformé l’héritage commun. La métaphore fraternelle employée par le pape quand il appelle les juifs « nos frères aînés » rappelle que les juifs eux aussi ont opéré des transformations par rapport au judaïsme biblique.

Accepter que le christianisme et le judaïsme ont transformé le judaïsme ancien ne signifie pas qu’ils constituent deux voies parallèles de salut. Ce serait renoncer au coeur de la foi chrétienne. Par sa mort et sa résurrection le Christ a donné l’accès de tous auprès de Dieu. L’Église est le peuple de Dieu formé de toutes races, peuples et nations. Le don de l’Esprit permet à tous d’entrer dans l’alliance nouvelle. La foi chrétienne est fondée sur la personne de Jésus et non plus sur la loi juive, bien que Jésus fût juif.

Puisque le dialogue entre judaïsme et christianisme est un dialogue exigeant, il n’y a pas lieu de s’étonner des réactions viscérales de certains juifs devant les attitudes de l’Église. Ce que l’Église dit sur le judaïsme ne peut pas coïncider complètement avec la façon dont les juifs se définissent eux-mêmes. Lorsque cette unité de pensée et de coeur sera atteinte le dialogue aura fini son but. Edith Stein a encore une fonction de réconciliation à remplir. Les ponts entre juifs et chrétiens restent nécessaires aujourd’hui plus que jamais.

Synode pour l’Afrique : Bilan du cardinal André Vingt-Trois

5 novembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22536?l=french

Synode pour l’Afrique : Bilan du cardinal André Vingt-Trois

L’Église universelle a vécu à l’heure de l’Afrique

ROME, Mardi 3 novembre 2009 (ZENIT.org) – « Nous avons non seulement besoin de la présence de nos frères et de nos sœurs africains près de nous, ici, en France, mais nous avons besoin de l’Église en Afrique, à Madagascar et dans les Iles, pour que le corps tout entier de l’Église atteigne sa plénitude et que la force prophétique de l’Evangile ne soit pas simplement manifestée dans des conditions particulièrement favorables, mais qu’elle soit confrontée aux contraintes et aux difficultés propres au continent africain aujourd’hui », a déclaré le cardinal Vingt-Trois. Pendant un mois en effet, « l’Église universelle a vécu à l’heure de l’Afrique », et a démontré « le courage et la détermination des évêques africains ».

L’archevêque de Paris, président de la conférence des évêques de France, a en effet proposé à ses diocésains, des évêques d’Ile de France, des prêtres africains et des communautés africaines d’Ile-de-France, un bilan du synode des évêques pour l’Afrique – auquel il a participé à Rome du 4 au 25 octobre – à Notre Dame de Paris, dimanche dernier, 1er novembre 2009, à 17h00. Il a ensuite présidé les vêpres et la messe.

Allocution du Cardinal André Vingt-Trois

Introduction

Chers frères et sœurs, chers amis,

Je suis très heureux de vous retrouver cet après midi, pour vous partager ce que j’ai pu vivre durant les trois semaines de cette deuxième session spéciale pour l’Afrique du Synode des Evêques. Je salue les prêtres, religieux et religieuses africains qui nous font la joie de leur présence, avec les fidèles d’origine africaine qui habitent l’Ile de France qui ont répondu à mon invitation.

Je voudrais d’abord vous dire l’action de grâce et la fierté qui sont les miennes de ce que l’Église d’Afrique, de Madagascar et des Iles puisse réunir une délégation de plus de 180 Pères synodaux africains avec une telle lucidité dans l’analyse de leurs situations, une telle foi dans le discernement des causes, une telle espérance dans la possibilité de faire progresser la réconciliation, la Justice et la Paix dans un continent si souvent déchiré. Quinze ans après le premier Synode pour l’Afrique, les Pères synodaux ont pu mesurer le chemin parcouru depuis lors dans la mise en pratique de la dimension familiale de l’Église. Cette seconde réunion du Synode pour l’Afrique nous donnait le visage à la fois d’une jeune Église et d’une Église dans sa maturité.

Il me semble également important de souligner en commençant que par le Synode pour l’Afrique, l’Église universelle a vécu à l’heure de l’Afrique. Tous, nous y avons reçu non seulement le témoignage de la foi et de la vitalité de l’Église en Afrique, mais aussi un appel à la conversion de tous les chrétiens bien au delà de l’Afrique. Les évêques d’Afrique et des Iles accordaient une grande importance à ce que ce synode se déroule à Rome, au centre symbolique de l’Église universelle, et ne soit pas considérée comme une simple question régionale ou locale, ce qui aurait pu être le cas s’il s’était déroulé en Afrique. Ils auraient craint qu’alors l’impression soit donnée que ce travail se faisait entre africains, alors que les perspectives évoquées concernent l’Église universelle.

Une lecture contrastée des réalités vécues sur ce continent.

Le synode s’est livré à une lecture contrastée des réalités de l’Afrique et des Iles. Bien sûr, ce contraste vient d’abord des différences entre les pays de ce continent : Petites îles du Pacifique, Madagascar, Afrique du Nord, Egypte, Afrique subsaharienne, Afrique centrale, Afrique du Sud… Mais plus profondément, le contraste provient des contradictions inhérentes à l’intérieur de chaque région et de chaque pays. Je voudrais ainsi relever quatre exemples de ces contrastes.

Richesses et misère

L’Afrique est riche d’une population jeune. Dans certains pays plus de 60% de la population a moins de 20 ans. Nous savons aussi que ce continent est fort des richesses naturelles parmi les plus importantes du monde, y compris en eau. Mais simultanément, il faut constater une misère sanitaire et une misère alimentaire qui conduit à des carences alimentaires pour beaucoup et confine à la famine dans certaines régions.

Le directeur général de la FAO qui est intervenu devant le Synode, et qui est sénégalais, nous a expliqué très simplement comment certaines régions d’Afrique ont une production agricole largement suffisante pour la subsistance du pays, mais qui ne peut pas être acheminée faute d’infrastructures pour les transports.

Luttes et réconciliation

Il y a un deuxième contraste entre d’une part les luttes interethniques ou fratricides qui divisent les ethnies les unes par rapport aux autres et les conflits internationaux dont nous avons souvent les échos à travers les informations générales et la presse et d’autre part une tradition ancienne de la société africaine qui est capable de mettre en place des procédures de réconciliation efficace. On a cité l’exemple de plusieurs pays qui se sont engagés dans un lent travail de réconciliation nationale : l’Afrique du Sud dont l’exemple est souvent cité mais aussi d’autres nations.

Rencontre avec les autres religions

La forme de la rencontre – qui peut être une confrontation – du christianisme avec la religion traditionnelle africaine et avec l’Islam varie beaucoup selon les pays. Et à ces deux religions très insérées dans la tradition culturelle et le tissu social africain, on pourrait ajouter l’influence des groupes évangélistes et de leur messianisme immédiat.

Dans certains cas, le christianisme est largement majoritaire, dans d’autres il ne représente qu’une infime minorité, voire une religion d’étrangers, comme dans le Maghreb. Et il ne faut pas non plus oublier aussi la situation de Madagascar et des Iles où le christianisme est confronté aux religions asiatiques par les phénomènes de migration.

La cohabitation avec les musulmans (qui est une réalité plus précise que celle de la cohabitation avec l’Islam) est vécue et réfléchie avec beaucoup de prudence et d’ouverture. Bien loin des fantasmes du « choc des civilisations », les évêques d’Afrique sont vigilants sur plusieurs points. Il y a d’abord le souci d’une coopération sociale chaque fois qu’elle est possible, au service du bien commun et au plus près du terrain et des réalités vécues. Ensuite, les évêques veillent au respect du droit fondamental de la liberté de culte, quelle que soit la religion majoritaire. Troisièmement, et plus difficilement, ils affirment le droit à la liberté de conscience, c’est-à-dire la possibilité concrète de changer de religion sans encourir l’exclusion sociale, la marginalisation, la persécution ou risquer sa vie.

Formes de gouvernement

Enfin, il existe un fort contraste entre des pays où les modes de gouvernement ont beaucoup progressés et où la démocratie s’affermit, et ceux qui sont ruinés par l’impéritie et les malversations des gouvernants et du personnel public.

On pourrait continuer d’aligner des contrastes de ce genre. Ils nous aident simplement à éviter de se faire une idée simpliste de l’Afrique et de la situation de l’Église en Afrique.

Des grandes dépendances.

Ce synode a permis de réfléchir à la question très importante des grandes dépendances auxquelles sont soumis les Africains. Evidemment, comme Européens, nous avons tous présent à l’esprit la dépendance du climat et des risques naturels, mais ce n’est pas ce qui préoccupe le plus les évêques d’Afrique. Ils soulignent plutôt trois autres types de dépendance.

Tout d’abord l’imposition d’une exploitation anarchique des ressources, qui se manifeste dans l’anarchie écologique née de l’exploitation sauvage des ressources naturelles, et dans l’anarchie financière à cause de la manière dont sont établis les contrats internationaux, avec la corruption qui en découle.

Ensuite, ce Synode a mis en lumière la domination économique des pays industriels qui se nourrissent toujours des richesses de l’Afrique, qui exploitent les matières premières et la production agricole. Car si la décolonisation a changé le statut politique, elle n’a pas forcément changé le statut économique.

Enfin, et plus peut-être plus grave encore, il y a la dépendance morale devant l’invasion militante ou insidieuse des modèles et des standards de vie occidentaux. Les organisations internationales qui contribuent au financement d’un certain nombre d’états, et certaines ONG, font pression pour imposer leurs critères anthropologiques et moraux. D’une certaine façon, on peut dire que se développe une pratique de l’aide conditionnelle. Si l’expérience historique de l’Europe peut éclairer ce point, je dirais que nous sommes devant une version moderne du paternalisme européen du XIXème siècle. A l’époque, on nourrissait et on soignait les miséreux en les exhortant à vivre moralement. Aujourd’hui, on est assez cynique pour nourrir et soigner la misère au prix de l’abandon des traditions antiques de la société africaine. C’est du paternalisme à rebours, non pas pour moraliser les hommes mais pour les arracher à leurs repères éthiques.

Des objectifs de renouveau.

Nourrir un regard d’espérance

J’ai trouvé particulièrement stimulant et important d’entendre que les évêques africains se situent délibérément en dehors de toute fatalité, et ce aussi bien dans l’Assemblée générale du Synode où les pères intervenaient successivement les uns après les autres, que dans les groupes de travail linguistique où nous étions une petite vingtaine autour d’une table. Les évêques pensent, croient et espèrent que l’Afrique a le moyen de vivre, qu’ils ne doivent pas succomber perpétuellement à l’humiliation de l’assistance, que des gouvernants efficaces se lèveront plus nombreux pour permettre que les ressources de l’Afrique soient vraiment au service des peuples africains et non pas au service de certaines familles ou de certains clans. Sans cette espérance, ils craindraient avec raison la violence suicidaire et le désespoir social de jeunes hommes et de jeunes femmes arrachés au cadre habituel de leur existence et jetés sans aucun projet de vie autour des grandes villes. Car quand on n’a plus rien, on n’a rien à sauvegarder, on peut tout perdre.

Le premier objectif est donc de nourrir cette conviction que les hommes et les femmes de l’Afrique sont réellement capables aujourd’hui de surmonter les handicaps de leur situation pourvu que la gouvernance de leurs états soit raisonnable et transparente.

Une Église prophétique

Un second objectif consiste à mettre en œuvre la mission prophétique de l’Église. J’ai évoqué tout à l’heure l’expression « d’Église : Famille de Dieu » qui était sorti de la première session du Synode pour l’Afrique en 1994. Cette année, la valeur d’une Église prophétique revenait constamment. Mais encore faut-il comprendre ce que recouvre cette réalité. Pour les évêques présents, à travers ce que j’ai entendu, une Église prophétique est une Église qui annonce une espérance réaliste, qui porte sur les peuples d’Afrique un regard positif et qui espère qu’ils peuvent non seulement se convertir mais qu’ils peuvent transformer leur pays.

Prophétique est d’abord le signe que l’Église donne (ou s’efforce de donner), en constituant une « famille de Dieu » qui dépasse les divisions ethniques, culturelles, nationales et continentales. De ce point de vue, la tenue du Synode fait elle-même partie de cette dimension prophétique : dans le groupe linguistique auquel je participais, pratiquement 15 pays différents étaient représentés, depuis le Maghreb jusqu’à l’Afrique du Sud, depuis l’Egypte jusqu’à l’Afrique de l’Ouest. Et, à travers une demi-douzaine de séances de travail, les représentants de ces différents épiscopat, montraient qu’ils étaient capables de faire quelque chose ensemble, d’assumer leur différence, de reconnaître leur tradition et leur héritage, mais aussi de faire fructifier ces différences pour la fécondité de l’Église. Ce signe, les évêques veulent le donner aussi dans chacun de leur pays, en faisant vivre des communautés d’Églises vivantes (qu’en d’autres lieux on aurait appelé des communautés de base) qui soient des cellules où se développe l’expérience de la fraternité et de la réconciliation. Les communautés religieuses ont un rôle particulier dans ce témoignage prophétique, dans la mesure où elles assemblent dans des communautés uniques, des représentants de nationalité, de culture et d’ethnies différentes.

Dans ce témoignage prophétique le Synode a voulu souligner un certain nombre de points particuliers que je vais évoquer maintenant.

L’Église témoigne de cette espérance par sa lutte incessante contre les fléaux sanitaires, en particulier contre le sida où elle est fortement engagée par des programmes de prévention, d’accueil et de soin. Le message du Synode dans son numéro 31 résume cette implication de l’Église au quotidien.

« L’Église est sans pareille dans la lutte contre le sida et dans les soins apportés à ceux qui en sont infectés et affectés en Afrique. Le Synode remercie tous ceux qui s’impliquent généreusement dans ce difficile apostolat d’amour et de compassion. Nous plaidons pour qu’un soutien ininterrompu soit apporté pour les besoins de la cause. D’accord avec le Pape Benoît XVI, ce Synode avertit solennellement que le problème ne saurait se résoudre par la distribution de prophylactiques. Nous en appelons à la conscience de ceux qui sont vraiment intéressés à arrêter la transmission du sida par voie sexuelle, pour qu’ils reconnaissent les succès déjà obtenus (et connus) par les programmes qui proposent l’abstinence pour les non mariés et la fidélité pour les mariés. Une telle ligne d’action procure non seulement une meilleure protection contre l’expansion du mal, mais aussi se situe en harmonie avec la morale chrétienne. Nous nous adressons à vous les jeunes, que personne ne vous laisse croire que vous ne pouvez pas vous maitriser. Oui ! Vous le pouvez avec la grâce de Dieu. » (Proposition n.31)

L’Église agit prophétiquement également par son engagement social et politique pour la réconciliation entre les ethnies et entre les peuples. Dans beaucoup de pays d’Afrique, des commissions nationales de conciliation ou de réconciliation, ou des commissions de gestion de crise, associent habituellement des représentants des grandes religions à leurs travaux, et même si les catholiques sont minoritaires dans leur pays ils sont toujours sollicités et accueillis avec intérêt pour leur contribution à ce travail.

Mais plus largement, l’Église agit prophétiquement en appelant les responsables politiques au respect de la démocratie et à la lutte contre la corruption active et passive et en s’engageant fermement à l’égard des dirigeants chrétiens qu’elle exhorte. Je cite ici l’appel du Synode dans son message final :

« Plusieurs catholiques, exerçant de hautes fonctions n’ont malheureusement pas été performants. Le Synode invite ces gens à se convertir, ou à quitter la scène publique pour ne pas causer des dégâts au sein du peuple et salir la réputation de l’Église Catholique ». (Message n°23)

Prophétique aussi est l’implication de l’Église dans le développement économique et la réalisation de micro projets, prophétique est l’appel qu’elle adresse à ses membres de pratiquer la gouvernance de l’Église d’une façon transparente et désintéressée, prophétique par le soutien qu’elle apporte aux familles et à leur stabilité, prophétique par son engagement dans la promotion de la femme africaine…

Cette dimension prophétique de la mission de l’Église, le Synode l’a exercé en lançant un certain nombre d’appel :

Dans un domaine particulièrement sensible, qui a été longuement discuté à différents niveaux en assemblée générale et en groupe linguistique, le Synode a exhorté à lutter contre les pratiques de magie et de sorcellerie et surtout contre les désastres qu’elles causent dans les groupes sociaux et les familles, par exemple quand les accusations mensongères de sorcelleries aboutissent à l’exécution des intéressés.

Une vigilance particulière a été demandée à l’égard des enfants et des femmes qui sont les premières victimes des violences armées, mais plus largement à l’égard des enfants abandonnés non scolarisés, des enfants travailleurs, des enfants soldats et des enfants victimes des violences communes.

Le Synode a lancé un appel aux hommes africains pour qu’ils assument leurs rôles de pères responsables, de bons et fidèles époux et de responsables dans la société.

Le Synode a fait un appel pressant aux grandes puissances de ce monde.

« Aux grandes puissances de ce monde, nous disons : traitez l’Afrique avec respect et dignité. L’Afrique en appelle à un changement de l’ordre économique mondial, à cause des structures injustes qui s’entassaient sur elle. La récente turbulence dans le monde financier démontre qu’il est temps d’opérer des changements radicaux dans les règles du jeu. Mais ce serait une autre tragédie si ce réajustement devait viser les intérêts des riches au détriment des pauvres. La plupart des conflits, des guerres et des situations de pauvreté en Afrique proviennent essentiellement de structures injustes…. Un ordre mondial juste et nouveau n’est pas seulement possible, mais nécessaire pour le bien de toute l’humanité. Un changement est nécessaire pour ce qui concerne le poids de la dette pesant sur les nations pauvres, mortel pour leurs enfants. Les multinationales doivent arrêter la dévastation criminelle de l’environnement dans leur exploitation vorace des ressources naturelles. C’est une politique à courte vue qui fomente des guerres pour obtenir des gains rapides à partir du chaos, au prix des vies humaines et du sang répandu. N’y aurait-il personne dans leur rang qui soit capable et désireux d’arrêter ces crimes contre l’humanité. » (Propositions n° 32 et 33)

Enfin, et par-dessus tout, le plus important est l’appel lancé aux chrétiens pour qu’ils soient lumière du monde et sel de la terre, témoins de l’Evangile dans la vie quotidienne et témoins de la foi dans la rencontre avec les autres religions. Pour leur permettre de rendre ce témoignage et d’assumer leur responsabilité de laïcs dans l’Église, le développement de la formation est indispensable à tous les niveaux : formation de la jeunesse, formation des adultes, formation supérieure dans les universités catholiques.

Conclusion

En conclusion je voudrais vous lire un dernier passage du message du Synode. Je pense qu’il évoque avec puissance le courage et la détermination des évêques africains qui étaient réunis.

« Le Synode s’attriste en remarquant que c’est la honte qui caractérise plus d’un pays africain. Nous pensons en particulier au cas lamentable de la Somalie empêtrée dans de violents conflits depuis près de deux décennies, avec des conséquences sur les nations avoisinantes. Nous n’oublions pas non plus la tragédie des millions de personnes dans la région des Grands Lacs et la durable crise au nord de l’Ouganda, au sud Soudan, au Darfour, en Guinée Conakry, et en d’autres endroits. Les gouvernants de ces nations doivent prendre leur responsabilité devant leurs prestations génératrices de douleur. En bien des cas, on se trouve devant la situation de soif du pouvoir et des richesses au détriment du peuple et de la nation. Quel que soit le niveau de responsabilité attribuable aux intérêts étrangers, on ne peut nier une honteuse et tragique complicité des leaders locaux : des politiciens qui trahissent et mettent leurs nations aux enchères, des hommes d’affaires éhontés qui se coalisent avec les multinationales voraces, des africains vendeurs et trafiquants d’armes qui spéculent sur les armes légères cause de la destruction de vies humaines, des agents locaux d’organisations internationales qui se font payer pour diffuser des idéologies nocives auxquelles ils n’adhérent pas eux-mêmes.

Les conséquences néfastes de toutes ces menées ne sont cachées pour personnes : pauvreté, misère et maladie, des réfugiés dedans, dehors et outre-mer, recherche d’une meilleure vie qui conduit la fuite des cerveaux, migrations clandestines, trafics d’hommes, guerres, effusion de sang, souvent par personnes interposées, atrocité d’enfants soldats, l’indicible violence faite aux femmes. Comment peut-on être fier de régner sur un tel chaos ? Qu’est devenue la pudeur traditionnelle africaine ? Ce Synode le proclame haut et fort : le temps est venu de changer des habitudes pour l’amour du présent et des générations futures. » (Propositions n° 36-37)

Dimanche dernier, le Saint Père a clôturé le Synode par la célébration de l’Eucharistie. L’évangile était celui de la guérison de Bartimée. L’homélie de Benoît XVI a souligné que ces quelques versets devaient être été reçus et entendus comme une lumière d’espérance sur la situation de l’Afrique :

« ‘Confiance, lève-toi, il t’appelle’. C’est ainsi qu’aujourd’hui le Seigneur de la vie et de l’espérance s’adresse à l’Église et aux populations africaines, au terme de ces semaines de réflexion synodale. Lève-toi, Église en Afrique, famille de Dieu, parce que le Père céleste t’appelle…. Entreprends le chemin d’une nouvelle évangélisation avec le courage qui te vient de l’Esprit-Saint. L’action d’évangélisation urgente (…) comporte également un appel pressant à la réconciliation, condition indispensable pour instaurer en Afrique des rapports de justice entre les hommes et pour construire une paix équitable et durable, dans le respect de chaque individu et de tous les peuples… Dans cette mission de grande importance, toi, Église pèlerine dans l’Afrique du troisième millénaire, tu n’es pas seule. Toute l’Église catholique t’est proche par la prière et la solidarité active, et du ciel t’accompagnent les saints et les saintes africains qui, par leur vie et parfois leur martyre, ont témoigné leur pleine fidélité au Christ. »

Frères et sœurs, cet appel vibrant adressé par le Pape Benoît XVI aux pères synodaux, et à travers eux à tous les catholiques d’Afrique, de Madagascar et des Iles du Pacifique est aussi un appel lancé, comme les pères synodaux nous l’ont dit, au-delà des limites de l’Afrique et donc à nous. Car si l’Afrique peut nourrir une espérance légitime pour l’avenir, c’est aussi une espérance pour l’ensemble de l’Église. Si l’Église qui est en Afrique a besoin de s’appuyer sur la solidarité et la fraternité des autres Eglises locales, c’est d’abord pour trouver les moyens de mettre en valeur ses ressources et ses richesses, ses richesses naturelles et ses richesses humaines. Si l’Afrique a besoin de nous, j’ai surtout découvert durant ces trois semaines à Rome que nous avons plus encore besoin de l’Afrique. En effet, nous avons non seulement besoin de la présence de nos frères et de nos sœurs africains près de nous, ici, en France, mais nous avons besoin de l’Église en Afrique, à Madagascar et dans les Iles, pour que le corps tout entier de l’Église atteigne sa plénitude et que la force prophétique de l’Evangile ne soit pas simplement manifestée dans des conditions particulièrement favorables, mais qu’elle soit confrontée aux contraintes et aux difficultés propres au continent africain aujourd’hui. Alors tous pourront voir que Dieu n’abandonne pas son peuple, qu’Il est présent et vivant au cœur de son Église en Afrique et dans le monde entier.

Je vous remercie.

La Theotokos

4 novembre, 2009

La Theotokos dans images sacrée
http://www.hrochurch.org/photos.htm

SAINT SILOUANE L’ATHONITE: L’AMOUR DES ENNEMIS

4 novembre, 2009

du site:

http://www.pagesorthodoxes.net/saints/silouane/silouane-amour.htm

SAINT SILOUANE L’ATHONITE: L’AMOUR DES ENNEMIS

Celui qui n’aime pas ses ennemis ne peut connaître le Seigneur
ni la douceur de l’Esprit Saint

Oh ! que la miséricorde de Dieu pour nous est immense !

Beaucoup d’hommes riches et puissants donneraient cher pour voir le Seigneur ou sa Très-Pure Mère ; pourtant, ce n’est pas à la richesse que Dieu se manifeste, mais à l’âme humble.

Et pour quoi l’argent ? Saint Spiridon transforma un serpent en or ; nous, nous n’avons besoin de rien, sauf du Seigneur : en lui est la plénitude de la vie.

Si le Seigneur ne nous a pas donné de connaître le secret de nombreuses choses de ce monde, c’est que nous n’en avions pas besoin. Nous ne pouvons pas, par notre seule intelligence, connaître toute la création.

Mais le Créateur du Ciel et de la terre et de tout ce qui existe nous accorde de le connaître par le Saint-Esprit. Dans le même Saint-Esprit nous connaissons la Mère de Dieu, les anges et les saints, et note esprit brûle d’amour pour eux.

Mais celui qui n’aime pas ses ennemis, ne peut connaître le Seigneur ni la douceur de l’Esprit Saint.

Saint-Esprit apprend à tant aimer les ennemis que l’on aura compassion d’eux comme de ses propres enfants.

Il y a des hommes qui souhaitent la damnation et les tourments dans le feu de l’enfer à leurs ennemis ou aux ennemis de l’Église. Ils pensent ainsi parce qu’ils n’ont pas appris du Saint-Esprit à aimer Dieu. Celui qui l’a appris, verse des larmes pour le monde entier.

Tu dis :  » C’est un criminel, qu’il aille donc brûler dans le feu de l’enfer.  » Mais je te demande :  » Si Dieu te donnait une bonne place dans le Paradis et que, de la, tu voies dans le feu celui auquel tu as souhaité les tourments, n’aurais-tu pas alors pitié de lui, quel qu’il soit, même s’il est un ennemi de l’Église ? « 

Ou bien aurais-tu un cœur de fer ? Mais dans le Paradis on n’a pas besoin de fer. Là, on a besoin de l’humilité et de l’amour du Christ, qui a compassion de tous.

Celui qui n’aime pas ses ennemis n’a pas la grâce de Dieu.

Seigneur, apprends-nous par ton Esprit Saint
à aimer nos ennemis et à prier pour eux avec des larmes.
Seigneur, répands l’Esprit Saint sur la terre
afin que tous les peuples te connaissent et apprennent ton amour.
Seigneur, comme tu as prié pour tes ennemis,
ainsi apprends-nous, à nous aussi, par l’Esprit Saint, à aimer nos ennemis.
Seigneur, tous les peuples sont l’œuvre de tes mains ; détourne-les de la haine
et du mal vers le repentir pour que, tous, ils connaissent ton amour.
Seigneur, tu as donné le commandement d’aimer les ennemis,
mais cela nous est difficile, à nous autres pécheurs, si ta grâce n’est pas avec nous.
Seigneur, répands ta grâce sur la terre ;
donne à tous les peuples de la terre de connaître ton amour,
de connaître que tu nous aimes comme une mère,
et plus qu’une mère : une mère peut oublier son enfant,
mais, toi, tu n’oublies jamais, car tu aimes sans mesure ta créature,
et l’amour ne peut oublier.
Seigneur miséricordieux, dans la richesse de ta bonté, sauve tous les peuples. (p. 259)

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 Si nous prenons l’habitude de prier de tout notre cœur
pour nos ennemis et de les aimer,
la paix demeurera toujours dans nos âmes

Gloire au Seigneur, car il ne nous a pas laissés orphelins, mais nous a envoyé sur la terre le Saint-Esprit. L’Esprit Saint enseigne à l’âme un profond amour pour les hommes et la compassion pour tous les égarés. Le Seigneur a eu pitié de ceux qui s’étaient perdus et a envoyé son Fils unique pour les sauver. Le Saint-Esprit enseigne cette même compassion pour ceux qui vont en enfer. Mais celui qui n’a pas reçu le Saint-Esprit ne désire pas prier pour ses ennemis.

Abba Paissios priait pour un de ses disciples qui avait rejeté le Christ, et, pendant qu’il priait, le Seigneur lui apparut et dit :  » Paissios, pour qui pries-tu ? Ne sais-tu pas qu’il m’a renié ?  » Mais le saint continuait d’avoir compassion de son disciple, et alors le Seigneur lui dit :  » Paissios, par ton amour tu t’es assimilé à moi. « 

C’est ainsi que nous trouvons la paix, et il n’y a pas d’autre voie.

Si un homme prie et jeûne beaucoup mais n’a pas d’amour pour les ennemis, il ne peut posséder la paix de l’âme. Et moi, je ne pourrais pas en parler si le Saint-Esprit ne m’avait pas enseigné cet amour.

Il faut reprendre son frère avec douceur et amour. On perd la paix même pour une seule pensée de vanité. S’élever au-dessus de son frère, juger quelqu’un, reprendre son frère sans douceur et sans amour, manger beaucoup ou prier avec mollesse, tout cela fait perdre la paix.

Si nous prenons l’habitude de prier de tout notre cœur pour nos ennemis et de les aimer, la paix demeurera toujours dans nos âmes mais si nous prenons en haine notre frère ou si nous le jugeons, notre esprit s’obscurcira, et nous perdrons la paix et notre confiante approche de Dieu. (p. 292)

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 C’est une grande œuvre devant Dieu que de prier
pour ceux qui nous offensent et qui nous font souffrir

Question : comment celui qui remplit une charge peut-il garder la paix quand ses subordonnés sont désobéissants ?

C’est dur et douloureux pour lui. Pour garder la paix, il doit se souvenir que, même si ses hommes ne sont pas obéissants, le Seigneur les aime malgré tout, qu’il est mort dans les souffrances pour leur salut, et qu’il faut donc prier pour eux avec ardeur. Alors le Seigneur donnera la prière à celui qui prie ; tu sauras par expérience comment l’esprit de celui qui prie s’approche de Dieu avec confiance et amour, et, bien que tu sois un homme pécheur, le Seigneur te donnera de goûter les fruits de la prière. Si tu prends l’habitude de prier ainsi pour tes subordonnés, ton âme connaîtra une profonde paix et un grand amour.

Question : comment un subordonné peut-il garder la paix de l’âme s’il a pour supérieur un homme violent et méchant ?

Un homme coléreux endure lui-même une grande souffrance provoquée par un esprit mauvais. Il subit ce tourment à cause de son orgueil ; le subordonné, quel qu’il soit, doit le savoir et prier pour l’âme malade de son supérieur. Le Seigneur voyant sa patience, lui accordera – au subordonné – le pardon de ses péchés et la prière incessante. C’est une grande œuvre devant Dieu que de prier pour ceux qui nous offensent et qui nous font souffrir. En retour, le Seigneur te donnera sa grâce, tu connaîtras le Seigneur par le Saint-Esprit et tu supporteras avec joie toutes les afflictions à cause de lui. Le Seigneur te donnera d’aimer le monde entier ; tu désireras ardemment le bien pour tous les hommes et tu prieras pour tous comme pour toi-même. (p. 294)

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 Le Seigneur nous a dit : Aimez vos ennemis,
et celui qui aime ses ennemis est semblable au Seigneur

Mais on ne peut aimer ses ennemis que par la grâce du Saint-Esprit. C’est pourquoi, dès

que quelqu’un t’a blessé, prie Dieu pour lui, et tu garderas la paix et la grâce divine. Mais si tu murmures contre ton supérieur et le critiques, tu deviendras toi-même irascible comme lui.

Nous ne pouvons pas avoir la paix si nous ne demandons pas de tout notre être au Seigneur de nous donner la force d’aimer tous les hommes. Le Seigneur savait que si nous n’aimions pas nos ennemis, nous n’aurions pas la paix dans l’âme ; et c’est pourquoi il nous a donné ce commandement :  » Aimez vos ennemis.  » Si nous n’aimons pas nos ennemis, notre âme ne se trouvera dans un certain calme que par moments ; mais si nous les aimons, la paix demeurera jour et nuit dans notre âme.

Veille dans ton âme à la paix donnée par la grâce de l’Esprit Saint ; ne la perds pas pour des futilités. Si tu donnes la paix à ton frère, le Seigneur te donnera incomparablement plus ; mais si tu causes de la peine à ton frère, alors, à coup sur, l’affliction s’abattra aussi sur ton âme.

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 Si tu pardonnes, cela signifie que le Seigneur t’a pardonné ;
mais si tu ne pardonnes pas à ton frère,
cela signifie que ton péché demeure en toi

Si tu penses du mal d’autrui, c’est le signe qu’un esprit mauvais vit en toi et qu’il t’inspire ces mauvaises pensées contre les gens. Et si quelqu’un meurt sans se repentir et sans pardonner à son frère, alors son âme descendra là où séjourne l’esprit mauvais qui la domine.

Nous avons cette loi : Si tu pardonnes, cela signifie que le Seigneur t’a pardonné ; mais si tu ne pardonnes pas à ton frère, cela signifie que ton péché demeure en toi.

Le Seigneur veut que nous aimions notre prochain. Si tu penses que le Seigneur l’aime, cela veut dite que l’amour du Seigneur est avec toi. Si tu penses que le Seigneur aime beaucoup sa créature, si, toi-même, tu as de la compassion pour toute créature et aimes tes ennemis, et si, en même temps, tu t’estimes le pire des hommes, cela indique que la grande grâce du Saint-Esprit est avec toi.

L’homme qui porte en lui le Saint-Esprit, même si ce n’est pas en plénitude, souffre pour tous les hommes jour et nuit ; son cœur est plein de compassion pour toute créature de Dieu et surtout pour les hommes qui ne connaissent pas Dieu ou s’opposent à lui, et qui, pour cette raison, iront dans le feu des tourments. Il prie pour eux jour et nuit, plus que pour lui-même, afin que tous se repentent et connaissent le Seigneur. (p.323)

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 Celui qui blâme les hommes mauvais
et ne prie pas pour eux
ne connaîtra jamais la grâce de Dieu

Bien des saints martyrs ont connu le Seigneur et son secours au milieu des supplices. Bien des moines accomplissent de grands exploits ascétiques et supportent de pénibles labeurs par amour du Seigneur ; eux aussi, ils ont connu le Seigneur et luttent pour vaincre les passions qui vivent en eux. Ils prient pour l’univers entier, et la grâce divine leur apprend à aimer les ennemis. Celui qui ne les aime pas ne peut pas connaître le Seigneur qui est mort sur la Croix pour ses ennemis. Il nous a laissé en lui-même un exemple à suivre et nous a donné le commandement d’aimer nos ennemis.

Le Seigneur est Amour. Il nous a commandé de nous aimer les uns les autres et d’aimer nos ennemis ; et le Saint-Esprit nous révèle amour.

L’âme qui n’a pas connu le Saint-Esprit ne comprend pas comment on peut aimer ses ennemis, et ne l’accepte pas. Mais le Seigneur a de la compassion pour tous les hommes, et celui qui veut être avec le Seigneur doit aimer ses ennemis.

Celui qui a connu le Seigneur par le Saint-Esprit devient semblable au Seigneur, comme l’a dit Jean le théologien : Nous serons semblables à lui, car nos le verrons tel qu’il est, et nous verrons sa Gloire.

Tu dis que nombreux sont ceux qui endurent toutes sortes de maux et ont à souffrir de la malice des hommes. Mais je te le demande, humilie-toi sous la forte main de Dieu, et alors la grâce t’instruira, et, toi-même, tu voudras souffrir par amour du Seigneur. Voilà ce que te révélera l’Esprit Saint que nous avons connu dans l’Église.

Mais celui qui blâme les hommes mauvais et ne prie pas pour eux ne connaîtra jamais la grâce de Dieu. (p. 326)

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Je supplie continuellement le Seigneur
de me donner l’amour des ennemis

Tu es bon, Seigneur.
Je rends grâce à ta miséricorde :
Tu as répandu sur moi ton Esprit Saint, et tu m’as donné de goûter ton amour pour moi
qui suis un si grand pécheur, et mon âme s’élance vers toi, Lumière inaccessible.

Qui pourrait te connaître, si toi, le Miséricordieux,
tu ne daignais pas te révéler à l’âme ?
Elle t’a vu et elle a reconnu son Créateur et son Dieu.
Mon âme désire insatiablement être toujours avec toi,
car tu l’as attirée vers toi par ton amour ; et mon âme a connu ton amour.

Tu vois, Seigneur, combien l’âme de l’homme est faible et pécheresse ;
mais toi, le Miséricordieux, tu donnes à l’âme la force de t’aimer.
L’âme craint de perdre l’humilité que les ennemis essaient de lui enlever,
car alors ta grâce abandonne l’âme.

Que donner en retour à mon Seigneur?

Je suis abominable, le Seigneur le sait ; mais j’aime humilier mon âme et aimer mon prochain, même quand il m’a offensé. Je supplie continuellement le Seigneur de me donner l’amour des ennemis. Par la miséricorde de Dieu, j’ai saisi ce qu’est l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Jour et nuit, je demande au Seigneur cet amour ; le Seigneur me donne des larmes et je pleure pour le monde entier, Mais si je juge quelqu’un ou le regarde de travers, les larmes tarissent et mon âme tombe dans l’abattement ; et, de nouveau, je commence à demander pardon au Seigneur, et le Seigneur miséricordieux me pardonne, à moi pécheur.

J’écris, frères, devant la Face de mon Dieu : humiliez vos cœurs et vous verrez déjà sur terre la miséricorde du Seigneur. Vous connaîtrez votre Créateur céleste, et votre âme ne se rassasiera pas d’aimer. (p. 332)

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 Force ton cœur à aimer tes ennemis ;
le Seigneur, voyant ta bonne intention, t’aidera en tout,
et l’expérience elle-même t’instruira

À moins de prier pour les ennemis, l’âme ne peut pas avoir de paix. L’âme à laquelle la grâce de Dieu a enseigné à prier, aime avec compassion toute créature, et tout particulièrement l’homme. Sur la Croix, le Seigneur a souffert pour les hommes, et son âme a été dans l’agonie pour chacun de nous.

Le Seigneur m’a appris l’amour des ennemis. Privés de la grâce divine, nous ne pouvons pas aimer les ennemis, mais l’Esprit Saint apprend à aimer ; et alors on aura de la compassion même pour les démons, car ils se sont détachés du bien, ils ont perdu l’humilité et l’amour de Dieu.

Je vous en supplie, faites un essai. Si quelqu’un vous offense, ou vous méprise, ou vous arrache ce qui vous appartient, ou persécute l’Église, priez le Seigneur en disant :  » Seigneur, nous sommes tous tes créatures ; aie pitié de tes serviteurs et tourne-les vers le repentir.  » Alors, tu porteras perceptiblement la grâce dans ton âme. Au commencement, force ton cœur à aimer tes ennemis ; le Seigneur, voyant ta bonne intention, t’aidera en tout, et l’expérience elle-même t’instruira. Mais celui qui pense du mal de ses ennemis, l’amour de Dieu n’est pas en lui, et il n’a pas connu Dieu.

Quand tu prieras pour tes ennemis, la paix viendra sur toi ; et tu aimeras tes ennemis, sache qu’une grande grâce divine vit en toi ; je ne dis pas qu’elle soit déjà parfaite, mais elle est suffisante pour

le salut. Si, par contre, tu injuries tes ennemis, c’est le signe qu’un esprit mauvais vit en toi et qu’il introduit dans ton cœur de mauvaises pensées ; car, comme l’a dit le Seigneur, c’est du cœur que jaillissent les bonnes ou les mauvaises pensées .

Un homme bon pense :  » Tout homme qui s’éloigne de la vérité va à sa perte « , et c’est pourquoi il a pitié de lui. Mais l’homme qui n’a pas appris du Saint-Esprit à aimer ne priera certes pas pour ses ennemis. Celui qui a appris du Saint-Esprit à aimer, souffrira toute sa vie pour ceux qui ne se sauvent pas ; il verse de nombreuses larmes pour les hommes, et la grâce divine lui donne la force d’aimer ses ennemis. Si tu ne les aimes pas, au moins ne les rabroue pas et ne les maudis pas ; et cela sera déjà un progrès. Mais si quelqu’un les maudit et les injurie, il est clair qu’un mauvais esprit vit en lui ; s’il ne se repent pas, à sa mort il ira là où demeurent les esprits mauvais. Puisse le Seigneur préserver toute âme d’un pareil malheur.

Comprenez, c’est si simple. Ils sont à plaindre ceux qui ne connaissent pas Dieu ou qui s’opposent à lui ; mon cœur souffre pour eux, et les larmes coulent de mes yeux. Nous pouvons clairement voir et le Paradis et les tourments nous avons connu cela par le Saint-Esprit. Et voici que le Seigneur lui-même a dit : Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous (Lc 17,21). Ainsi, c’est dès ici-bas que commence la vie éternelle ; et les tourments éternels, eux aussi, commencent dès ici-bas.

L’orgueil nous fait perdre la grâce et, en même temps qu’elle, l’amour pour Dieu et l’audace dans la prière ; l’âme est alors tourmentée par de mauvaises pensées et ne comprend pas qu’il faut s’humilier et qu’il faut aimer les ennemis, sans quoi on ne peut as plaire à Dieu.

Tu dis :  » L’ennemi persécute notre sainte Église. Comment pourrais-je donc l’aimer ?  » À cela, je te répondrai :  » Ta pauvre âme n’a pas connu Dieu ; elle n’a pas connu combien il nous aime et avec quel désir il attend que tous les hommes se repentent et soient sauvés. Le Seigneur est Amour ; il a donné sur terre le Saint-Esprit qui apprend à l’âme à aimer les ennemis et à prier pour eux afin qu’ils soient, eux aussi, sauvés. C’est cela, l’amour. Mais si on les juge d’après leurs actions, ils méritent un châtiment. « 

Gloire au Seigneur de ce qu’il nous aime tant et que, par le Saint-Esprit, il nous pardonne nos péchés et nous révèle ses mystères. (p. 344)

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 Nous devons agir avec bonté avec celui qui se perd,
et alors nous serons sauvés par la miséricorde de Dieu

Le Seigneur nous a commandé : Aimez vos ennemis (Mt 5,44) Mais comment peut-on les aimer, quand ils font le mal ? Ou comment aimer ceux qui persécutent la sainte Église ?

Lorsque le Seigneur marchait en direction de Jérusalem et que les Samaritains refusèrent de l’accueillir, Jean le Théologien et Jacques étaient prêts à faire descendre le feu du ciel et à les anéantir pour cela. Mais le Seigneur leur dit avec bonté : Je ne suis pas venu pour perdre les hommes, mais pour les sauver (Lc 9, 54-56). Ainsi, nous aussi, nous ne devons avoir qu’une seule pensée : que tous soient sauvés. L’âme a compassion des ennemis et prie pour eux, parce qu’ils se sont éloignés de la vérité et vont en enfer. Voilà ce qu’est l’amour pour les ennemis. Alors que Judas songeait à trahir le Seigneur, le Seigneur le reprit avec bonté ; nous aussi, nous devons agir avec bonté avec celui qui se perd, et alors nous serons sauvés par la miséricorde de Dieu. (p. 345)

Extraits des écrits de saint Silouane
dans le livre de l’Archimandrite Sophrony,
Starets Silouane : Moine du Mont Athos. Vie – Doctrine – Écrits.
Éditions Présence, Sisteron, 1995.
Reproduit avec l’autorisation des Éditions Présence.

Sentence de Strasbourg : Ingérence dans l’identité nationale, pour le P. Lombardi

4 novembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22540?l=french

Sentence de Strasbourg : Ingérence dans l’identité nationale, pour le P. Lombardi

Un symbole non seulement religieux mais historique et culturel

ROME, Mardi 3 novembre 2009 (ZENIT.org) – La sentence de la Cour européenne des Droits de l’homme de Strasbourg demandant d’enlever les crucifix des écoles italiennes constitue une « ingérence » dans l’identité de l’Italie estime le P. Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège qui est intervenu sur ce sujet à radio Vaticna et au journal télévisé de la première chaîne italienne (Rai), le « TG 1 ». Les évêques italiens déplorent que la « laïcité » dégénère en « laïcisme ».

« La sentence de la Cour européenne a été accueillie au Vatican avec stupeur et amertume », a déclaré le P. Lombardi.

Et de préciser ce que signifie le crucifix: « Le crucifix a toujours été un signe d’offrande d’amour de Dieu et d’union et d’accueil pour toute l’humanité. On regrette qu’il soit considéré comme un signe de division, d’exclusion, ou de limitation de la liberté. Ce n’est pas cela, et cela ne l’est pas dans la perception commune de notre peuple ».

« En particulier, il est grave de vouloir mettre aux marges du monde éducatif un signe fondamental de l’importance des valeurs religieuses dans l’histoire et dans la culture italienne. La religion apporte une précieuse contribution pour la formation et la croissance morale des personnes, et elle est une composante essentielle de notre civilisation. C’est une erreur myope que de vouloir l’exclure de la réalité éducative ».

« On est ensuite stupéfait qu’une cour européenne intervienne lourdement dans une matière très profondément liée à l’identité historique, culturelle, spirituelle du peuple italien. Ce n’est pas le chemin pour être attiré à aimer et à partager davantage l’idée européenne, qu’en tant que catholiques italiens, nous avons fortement soutenue depuis l’origine. Il semble que l’on veuille méconnaître le rôle du christianisme dans la formation de l’identité européenne, qui, au contraire a été et demeure essentielle ».

 Le laïscisme n’est pas laïcité

Cette réaction du Vatican a été précédée de la réaction de la conférence des évêques italiens qui expriment leur « amertume » et leur « perplexité », et déplorent une vision « partiale et idéologique ».

Il regrettent de voir qu’on « ignore » ou que l’on « néglige » « la multiple signification du crucifix » qui n’est « pas seulement un symbole religieux mais aussi culturel », et que l’on ne « tienne pas compte » du fait qu’en réalité, « dans l’expérience italienne, l’exposition du crucifix dans les lieux publics est dans la ligne de la reconnaissance des principes du catholicisme » comme faisant « partie du patrimoine historique du peuple italien » rappelé par le concordat de 1984.

On risque ainsi, ajoutent les évêques italiens, de séparer artificiellement l’identité nationale de ses matrices spirituelles et culturelles, alors « que ce n’est certes pas l’expression de la laïcité mais de sa dégénérescence en laïcisme, l’hostilité à toute forme d’importance politique et culturelle de la religion ; en présence en particulier de tout symbole religieux dans les institutions publiques ».

Anita S. Bourdin

bonne nuit

4 novembre, 2009

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Saint Bonaventure: Saint François renonce à tout pour suivre le Christ

4 novembre, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091104

Le mercredi de la 31e semaine du temps ordinaire : Lc 14,25-33
Commentaire du jour
Saint Bonaventure (1221-1274), franciscain, docteur de l’Église
La Vie de saint François, Legenda major, ch. 2 (trad. Vorreux et Desbonnets, Documents, Eds. Franciscaines 1968, p. 576 rev.)

Saint François renonce à tout pour suivre le Christ

      Le père de François voulait le faire comparaître devant l’évêque pour qu’il renonce à tous ses droits d’héritier et lui restitue tout ce qu’il possédait encore. François, en véritable amant de la pauvreté, se prête volontiers à la cérémonie, se présente au tribunal de l’évêque et, sans attendre un moment ni hésiter en quoi que ce soit, sans attendre un ordre ni demander une explication, enlève aussitôt tous ses habits et les rend à son père… Rempli de ferveur, emporté par l’ivresse spirituelle, il quitte jusqu’à ses chausses et, complètement nu devant toute l’assistance, déclare à son père : « Jusqu’ici je t’ai appelé père sur la terre ; désormais, je puis dire avec assurance : ‘ Notre Père qui es aux cieux ‘, puisque c’est à lui que j’ai confié mon trésor et donné ma foi. »      
        L’évêque, un homme saint et très digne, pleurait d’admiration à voir les excès où le portait son amour de Dieu ; il s’est levé, a attiré le jeune homme dans ses bras, l’a couvert de son manteau et a fait apporter de quoi l’habiller. On lui a donné le pauvre manteau de bure d’un fermier au service de l’évêque. François l’a reçu avec reconnaissance et, ramassant ensuite sur le chemin un morceau de gypse, y a tracé une croix ; ce vêtement signifiait bien cet homme crucifié, ce pauvre à moitie nu. C’est ainsi que le serviteur du Grand Roi a été laissé nu pour marcher à la suite de son Seigneur attaché nu à la croix.

La loi du Seigneur est joie pour le coeur – Psaume (Ps 18, 8, 10, 12-13, 14)

3 novembre, 2009

La loi du Seigneur est joie pour le coeur - Psaume (Ps 18, 8, 10, 12-13, 14) dans image sacré et texte 20090927_s

http://www.evangile-et-peinture.org/static/dossiers/img_jour/2009-09/20090927_s.jpg

Psaume (Ps 18, 8, 10, 12-13, 14)

R/ La loi du Seigneur est joie pour le coeur
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m’échappent.

Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.

Le Saint-Esprit dans la Vie Chrétienne: La Béatitude de la Douceur

3 novembre, 2009

du site:

http://www.foi-et-contemplation.net/themes/Esprit-Saint/Saint-Esprit-Vie-Chretienne-beatitude-douceur.php

Le Saint-Esprit dans la Vie Chrétienne

Chapitre VI
La Béatitude de la Douceur

« Bienheureux les doux,
parce qu’ils possèderont la terre. » (Matth., V, 4)

L’activité du don de Piété se traduit par l’inspiration de la douceur. Nous allons voir comment se fait le raccord entre le don de Piété et la béatitude de la douceur. C’est dans les relations avec les hommes que la douceur trouve son emploi. On peut être doux et on doit l’être, d’abord intérieurement, mais cette vertu s’épanche ensuite sur autrui.

I. – Justice, piété et douceur

Par quoi sont réglées les relations avec le prochain ? D’abord par la vertu de justice qui s’établit entre le doit et l’avoir, qui fait l’égalisation entre les dettes et les droits, et met ainsi la paix. Quand nous avons reçu ce qui nous était dû, nous sommes en paix avec l’homme qui nous devait. L’homme, né sociable, a besoin de la justice, qui lui permet d’entretenir des relations, entre commerçants par exemple, par des échanges mutuels. Cette vertu est extrêmement utile pour que les rapports soient bons, et on constate qu’ils peuvent être excellents entre gens qui vivent dans sa pratique. Néanmoins, cette justice a quelque chose, non pas d’injuste, mais de raide en ce qu’elle ne tient pas compte des personnes; elle regarde uniquement ce qui est dû de part et d’autre, elle fait l’égalisation entre les choses. Aussi ceux qui sont payés n’en ont aucune reconnaissance, il s’agit d’une chose convenue.

Dans ces conditions les relations sociales ne vont pas très loin, et nous voyons les classes divisées, encore que chacune reçoive son dû, parce que derrière les relations de justice, il n’y a pas de relations personnelles. Si, anciennement, on trouvait de vieux serviteurs attachés aux famille, c’est qu’il y avait plus de charité, et par conséquent plus d’attention aux personnes.

Le don de Piété va donner d’en haut un secours pour venir en aide à la pauvre justice qui, au point de vue de la paix, est si limitée, si impuissante. La Piété nous fait voir, sentir en Dieu, le Père. Mais il n’est pas difficile de s’apercevoir que ce Père est un Père commun; non pas notre Père à nous individuellement, mais notre Père à tous. Notre-Seigneur a voulu que, lorsque nous prions, nous ne disions pas : mon Père, comme il disait, lui, Fils unique, mais : notre Père, tous ensemble; le Pater est une prière essentiellement collective, Celui donc qui a le sens de cette paternité regarde l’humanité comme une grande famille dont les membres sont liés entre eux par le lien le plus étroit, celui du premier degré : enfants d’un même Père, ils sont, non pas cousins, mais frères. C’est exact, et c’est pourquoi l’Église se sert de ce mot : le prochain, car on ne peut pas être plus proche.

Or, il est clair que nos relations s’attendriront, si nous voyons un frère en ceux qui ont affaire à nous, que nous rencontrons autour de nous. Une douceur, une familiarité se répandra dans toutes les relations humaines : comme la douceur règne au fond, malgré toutes les petites algarades fraternelles, entre les frères d’une même famille, unis sous l’autorité du père et de la mère. Le rayonnement naturel de la piété que nous avons envers le Père s’étend aux enfants. L’humanité est ainsi animée par la douceur des uns vis-à-vis des autres. Et c’est par là que s’annonce la solution de la question sociale. Quand on aura compris, saisi à fond, expérimenté, goûté la paternité divine et la filiation commune dans le Père, les conflits violents disparaîtront entre les nations comme entre les diverses classes de la société.

Ne voyons-nous pas dans les premiers chrétiens cet esprit de fraternité : ils ne faisaient qu’un cœur et qu’une âme; les païens étonnés disaient : « Voyez comme ils s’aiment. » Et Dieu a conservé dans les instituts religieux comme un foyer où demeure ce culte, qui n’existe plus dans le monde; ils représentent au fond ce qu’était la communauté primitive.

C’est dans le sentiment vif de la paternité céleste que nous trouvons l’amour de la fraternité. Un batelier corse, ayant vu chasser de la côte de pauvres bateliers étrangers, exprimait ainsi son indignation : « Est-ce bien d’affamer des hommes qui ont besoin de manger ? Est-ce que ce ne sont pas des corps de Dieu comme nous ? » Cet homme, sans s’en douter, traduisait le mot de saint Paul : « Les nations diverses ne forment qu’un seul corps en Dieu. (Eph., III, 6) » Comme nous disons : confrères, saint Paul dit : « concorporales », des corps différents dans un seul corps.

L’humanité forme une famille sur laquelle se repose le regard du Père céleste. L’amour du Père s’étend sur tous les hommes. « Il fait luire son soleil sur les bons et sur les méchants. (Matth., V, 45) » Au point de vue surnaturel, il a dessein de les sauver tous — quoique néanmoins il y en ait qui lui échappent. Il leur en donne le moyen, il veut en faire ses enfants préférés, participant à sa nature, communiant à sa propre vie. Toute l’humanité est une seule famille, comme une seule pâte humaine. Entre tous les membres doit régner la douceur. Ce sera d’abord dans les cœurs, les mœurs de chacun — la colère, l’indignation, les sentiments violents — étant contenues. Puis dans les procédés, par les marques de bonté les uns pour les autres.

Ainsi la Piété nous donne le sens de la Paternité divine, et au bout de l’inspiration de la piété se trouve la douceur. Le raccord est lucide.

II. – la douceur, acte du don de piété en Notre-Seigneur

Cet esprit de douceur, nous le trouvons en sa plénitude en Notre-Seigneur. Personne en piété n’a atteint un tel degré; personne n’a été plus fils; mais voyons comme sa piété, son sentiment profond de la paternité divine, se tourne en douceur infinie : « Apprenez de moi que je suis doux », dit-il (Matth., XI, 29). S’il a un commandement qui lui est propre, son commandement, c’est la charité : « Aimez-vous les uns les autres. » Sa leçon personnelle, son exemple, c’est la douceur : Apprenez de mon exemple, de ma personne, de moi, de ce que je dis, de ce que je fais. Il suffit de le regarder pour avoir cette impression de douceur : c’est sa leçon, bien personnelle. Sans doute Notre-Seigneur a été juste, le zèle de son Père le dévorait, et quand, dans le temple, il a pris un fouet, il faisait œuvre de justice. Mais en dehors de ces relations avec ces âmes méchantes qu’étaient les Pharisiens et les Scribes, avec le reste des hommes nous le voyons d’une douceur infinie. S’il a pu dire : « Qui m’accusera de péché ? (Jean, VIII, 46) », il peut dire de même : « Apprenez de moi que je suis doux », en face de ceux qui le connaissaient le mieux; ils ne pourront rien lui reprocher. Dès son entrée dans la vie publique, à sa première manifestation dans la synagogue de Nazareth, il dit ces paroles : « L’Esprit de Dieu est sur moi »… à cause de cela « il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur blessé, rendre la vue aux aveugles, racheter les captifs (Luc, IV, 18) ». C’est parce que l’Esprit de Dieu est sur lui, qu’il a cette douceur. Saint Matthieu constatant cette douceur lui applique ces paroles d’Isaïe : « Voici mon fils… on n’entendra pas sa voix… Il ne criera pas… Il n’éteindra pas la mèche qui fume encore… Il n’achèvera pas le roseau brisé. (Isaïe, XLIII, 1-4 ; Matth., XII, 17-21) ».

Saint Paul a ressenti cette même douceur du Christ vis-à-vis de lui, alors qu’il était encore impie, et il pense qu’il a été traité ainsi pour qu’il soit un modèle de ce que sera la patience de Dieu dans la formation des élus à venir. Sa suprême imprécation était : « Je vous en supplie, par la mansuétude du Christ. » Le Christ donne une impression de douceur. Il est une apparition de douceur. Non seulement sa vie est en harmonie avec ce qu’il était lui-même, mais il veut former des doux. « Je vous, envoie, dit-il, comme des agneaux au milieu des loups. (Luc, X, 3) » Lui-même avait été ainsi salué par Jean-Baptiste : « Voici l’Agneau de. Dieu. (Jean, I, 29, 36) » Il envoie ses apôtres sans armes, sans apparat, pour conquérir le monde par la douceur. Et en effet, s’ils sont forts dans l’affirmation de la vérité, quand il s’agit de leur personne, les disciples se laissent, comme saint Etienne, conduire à la mort « avec douceur ». « Seigneur, s’écria-t-il, ne leur imputez pas ce péché. (Act., VII, 59) » On croit entendre l’écho de la Croix : « Mon Père, pardonnez-leur. » C’est pourquoi Notre-Seigneur ne peut sentir l’indignation chez ses Apôtres. Jean et Jacques veulent appeler le feu du ciel sur les villes coupables de ne pas les avoir reçus. Il les raille et les nomme désormais « fils du tonnerre (Luc, IX, 54 ; Marc, III, 17) ».

Dans l’Évangile, nous trouvons donc la marque de la douceur partout. Cela se comprend. Notre-Seigneur, dans sa divinité même, dans son âme humaine, voyait le Père face à face. Il avait d’ailleurs en lui l’inspiration du Saint-Esprit qui donnait à son âme humaine le sentiment de la paternité. C’est donc avec une intention extrêmement douce que envoyé par le Père, il accomplissait cette mission de réconciliation des enfants avec leur Père. Il voyait en nous des frères, des enfants du Père, et c’est avec ce sentiment très doux qu’il se consacrait à les sauver.

III. – La pratique de la douceur

La douceur de Notre-Seigneur est un modèle que nous devons imiter. Bien souvent cependant nous trouvons dans les personnes pieuses une méconnaissance véritable de cette douceur évangélique. Dans les âmes dévotes, nous rencontrons une sévérité, une amertume, un zèle peut-être, mais amer, une indignation… Tout le contraire de l’esprit de douceur. Et ces personnes sont « pieuses », elles ne manqueraient pas une seule dévotion; Mais leur piété se change en venin; ce n’est pas une vraie piété. La vraie piété doit s’attendrir dans la vue de la paternité de Dieu, puis reverser sur les autres quelque chose de son attendrissement. Si elle n’est pas douce, c’est qu’elle ne va pas jusqu’au cœur, de la religion.

La religion n’est pas un ensemble de pratiques; elle ne s’arrête pas aux objets: elle est dominée par la pensée du Père qui est au ciel. La vraie piété se traduit par quelque chose de doux, de compatissant, de bon pour les autres; elle exige au dedans des sentiments, des pensées, un ensemble de vie intérieure doux, dans une possession de soi-même qui réprime l’indignation, l’impatience, la colère.

Si nous sommes fidèles à l’esprit de Piété qui nous pousse à la douceur, nous réformerons notre intérieur en nous possédant pour réprimer les poussées de la nature : « La mansuétude fait les personnes qui sont maîtresses d’elles-mêmes », dit saint Thomas (II II, q. CLVII, a. 4).

Il ne faut pas suivre les instincts, les pensées qui traversent l’imagination, qui nous représentent le prochain sous son aspect ingrat. Nous devons savoir réprimer un premier mouvement d’antipathie, d’animosité, de violence, d’indignation, de colère, d’impatience…, mouvements qui se produisent dans les âmes qui ont des passions, et toutes en ont. Mettons de l’ordre dans notre intérieur en y faisant régner la mansuétude, la douceur qui est l’application de ce don de piété dont nous sommes pourvus. Les personnes qui, tout en étant dévotes, ont conservé tout un ensemble de sentiments naturels ou mauvais qui les excitent contre le prochain, ont en elles un foyer antifraternel, et c’est pourquoi, malgré leurs pratiques religieuses, elles exhalent leur mauvais fond qui est resté dessous ce revêtement de piété.

Il faut que notre piété corrige d’abord l’intérieur. Notre Seigneur dit que l’extérieur n’a pas d’importance, que « c’est du dedans que sortent les pensées mauvaises, les mauvais sentiments (Matth., XV, 11) » et le reste. Nous ne serons pas doux envers les autres sans cette calme possession de nous-mêmes.

Le don de Piété, en nous inspirant la mansuétude, a donc pour premier effet de détruire ces mauvais foyers d’aigreur et d’amertume et met à leur place des sentiments doux, remplis de bonté envers tous, pour que d’un bon foyer sorte un bon rayonnement.

Quand le Saint-Esprit a suavement accompli cette pacification intérieure, il nous pousse à être vis-à-vis des autres, extérieurement, par notre visage, notre abord, notre allure, nos paroles, comme à l’intérieur, des doux.

Le programme de saint Paul était « vaincre le mal par le bien (Rom., XII, 21) ». L’échelle de la douceur est, en effet, la rencontre du mal. Nous triomphons du mal par notre douceur en étant « comme des agneaux au milieu des loups ». Saint Pierre disait : « Soyez soumis à toute créatures (I Pierre, II, 13). » Si nous n’abordons pas les autres comme des maîtres qui veulent dominer, si nous mettons dans nos rapports quelque chose de respectueux, de soumis, nous disposerons le prochain à la même attitude.

Écoutez encore cette autre parole : « Regardez-vous les uns les autres comme étant supérieurs les uns aux autres réciproquement (Philipp., II, 3). » Alors nous aurons de la considération, des égards, de l’amitié. Lorsqu’on s’adresse aux hommes du peuple, on est porté à les tenir à distance, à leur parler avec une certaine condescendance, et on ne réussit pas à gagner leur sympathie. Il faut s’imprégner de cette vérité que nous sommes tous les membres d’une même famille : le Saint-Esprit nous inspirera cette conviction et la parfaite douceur avec laquelle nous devons aborder tous nos frères comme des enfants du Père céleste.

« Portez les fardeaux les uns des autres (Galat., VI, 2). » Nous sommes compagnons de tâche, chacun; avec notre fardeau: pour les uns, souffrances intérieures ou extérieures; pour d’autres, travail difficile; sachons entrer dans l’intérieur des autres, porter leurs peines. Faisons-le auprès de ceux auxquels va notre apostolat. Faisons-le au-dedans de nos familles. C’est là surtout que nous rencontrons des frères et des sœurs. Ayons cet esprit de fraternité qui y doit être avoué et officiel. Vis-à-vis de ce premier prochain, exerçons cet esprit de douceur qui nous vient de l’inspiration du don de Piété, puisque nous allons vers un même Père qui veut notre bien à tous, dans un même amour.

Si nous faisons ces choses, nous posséderons la terre. C’est la grande ambition: Avoir de l’influence, gouverner les consciences, jouir de l’approbation des hommes, posséder les cœurs. Le grand moyen, c’est la douceur. Les Apôtres n’en ont pas connu d’autre, et ils ont réussi d’une manière efficace, le Saint-Esprit était derrière eux. La douceur inspirée par la piété est toute-puissante. Si nous voulons posséder la petite terre de notre communauté, ou cette autre terre qu’est le terrain de notre apostolat, ou encore l’opinion de notre ville, employons la douceur, c’est le moyen efficace. Elle nous donnera, non seulement la terre d’ici-bas, mais l’autre qui nous attend là-haut. La «Piété», avec la douceur qu’elle communique, est utile à tout; elle a la promesse de la vie présente, la terre, et de la vie future, le ciel.

Ceux donc qui auront réfréné leurs passions intérieures par la douceur qui jaillit de l’Esprit de Piété, ayant le culte de la paternité céleste et vivant dans la fraternité, en répandant la douceur autour d’eux, auront dès maintenant la terre des âmes et plus tard la terre des vivants. Car leur piété a la double promesse de la vie présente et de la vie future.

Angelus du dimanche 1er novembre 2009

3 novembre, 2009

du site:

http://www.zenit.org/article-22515?l=french

Angelus du dimanche 1er novembre 2009

Texte intégral

ROME, Dimanche 1er novembre 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous les paroles prononcées par Benoît XVI lors de la prière de l’Angélus récitée le 1er novembre de la fenêtre du palais apostolique sur la Place Saint-Pierre

* * *

Avant l’Angelus

 Chers frères et sœurs!

Ce dimanche coïncide aujourd’hui avec la solennité de la Toussaint, qui invite l’Eglise pèlerine sur la terre à  goûter de manière anticipée la fête sans fin de la Communauté céleste, et à raviver l’espérance dans la vie éternelle. Il y a cette année 14 siècles que le Panthéon  – l’un des plus anciens et des plus célèbres monuments romains – fut destiné  au culte chrétien et intitulé à la Vierge Marie et à tous les Martyrs: «Sancta  Maria ad Martyres». Le temple de toutes les divinités païennes était ainsi converti à la mémoire de ceux qui, comme le dit le Livre de l’Apocalypse, «viennent de la grande épreuve: ils ont lavé  leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau» (Ap 7, 14). Par la suite, la célébration de tous les martyrs a été étendue à  tous les saints, «une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue»  (Ap 7, 9) comme le dit encore saint Jean. En cette Année sacerdotale, je suis heureux de rappeler  avec une vénération particulière les saints prêtres, tant ceux que l’Eglise a canonisé, en les proposant toujours comme exemple de vertus spirituelles et pastorales; que ceux – bien plus nombreux – qui sont connus du Seigneur. Chacun de nous conserve le souvenir reconnaissant de l’un d’entre eux, qui nous a aidés à grandir dans la foi et nous a fait  ressentir la bonté et la proximité de Dieu.

            Demain, nous attend ensuite la commémoration de tous les fidèles défunts. Je voudrais inviter à vivre  ce jour selon l’authentique  esprit chrétien,  c’est-à-dire dans la  lumière qui vient  du Mystère pascal. Le Christ est mort et ressuscité et il nous a ouvert le passage à la maison du Père, le Royaume de la vie et de la paix. Celui qui suit Jésus dans cette vie est accueilli où Il nous a précédés. Au cours de notre visite dans les cimetières, par conséquent,  rappelons-nous que là, dans les tombes, ne reposent  que les dépouilles mortelles de nos proches dans l’attente de la résurrection finale. Leurs âmes – comme le dit l’Ecriture – sont déjà «dans la main de Dieu» (Sg 3, 1). Aussi le moyen  le plus approprié et efficace de leur rendre hommage est-il de prier pour eux, en offrant des actes de foi, d’espérance et de charité. En union au Sacrifice eucharistique, nous pouvons intercéder pour leur salut éternel, et faire l’expérience de la communion la plus profonde, dans l’attente de nous retrouver ensemble, pour jouir à jamais  de l’Amour qui nous a créés et rachetés.

            Chers amis, comme est belle et réconfortante la communion des saints! C’est une réalité qui  confère une dimension différente à toute notre vie. Nous ne sommes jamais seuls! Nous appartenons à une «compagnie» spirituelle au sein de laquelle règne une profonde solidarité: le bien de chacun est au bénéfice de tous et, inversement, le bonheur commun rayonne sur chaque individu. Dans une certaine mesure, c’est un mystère  dont nous pouvons déjà faire l’expérience dans ce monde, dans la famille, dans l’amitié, en particulier dans la communauté spirituelle de l’Eglise. Puisse la Très Sainte Vierge Marie  nous aider à marcher d’un pas alerte sur le chemin de la sainteté et qu’elle soit une Mère de miséricorde pour les âmes des défunts.

Après l’Angelus

A l’issue de l’Angelus du 1er novembre 2009, le Pape Benoît XVI a évoqué le 10ème anniversaire de la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification :

             Dix ans exactement se sont écoulés depuis que de hauts représentants  de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Eglise catholique, le 31 octobre 1999, à Augsbourg, ont signé la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification. En 2006, le Conseil méthodiste mondial a ensuite adhéré à celle-ci. Ce document marquera un consensus entre luthériens et catholiques sur des vérités fondamentales de la doctrine de la justification, des vérités qui nous conduisent au cœur même de l’Evangile et à des questions existentielles de  notre vie. Nous avons été accueillis et rachetés par Dieu; notre existence s’inscrit dans l’horizon de la grâce, elle est guidée par un Dieu miséricordieux, qui pardonne notre péché et nous appelle à une nouvelle vie à la suite de son Fils; nous vivons dans la grâce de Dieu et nous sommes appelés à répondre à son don; tout cela nous libère  de la peur et nous procure espérance et courage dans un monde rempli d’incertitude, d’inquiétude, de souffrance. Le jour de la signature  de la Déclaration conjointe, le Serviteur de Dieu Jean-Paul II la définit comme une «pierre milliaire sur la route difficile de la recomposition de la pleine unité entre les chrétiens» (Angelus, 31 octobre 1999). Cet anniversaire est donc une occasion de rappeler la vérité sur la justification de l’homme, témoignée ensemble, pour nous réunir dans des célébrations œcuméniques et pour approfondir ultérieurement cette thématique et les autres qui sont objet du dialogue œcuménique. J’espère de tout cœur que cette anniversaire important puisse contribuer à faire progresser le chemin vers l’unité pleine et visible de tous les disciples du Christ.

 Benoît XVI a ensuite salué les personnes présentes en différentes langues. Voici ce qu’il a ajouté en français :

             Je salue avec joie les pèlerins de langue française, et tout particulièrement le groupe des enfants de chœur de Metz. Aujourd’hui nous célébrons la multitude des saints qui intercèdent pour nous auprès de Dieu. Dans cette multitude, il y a aussi tous ceux et toutes celles qui se sont efforcés d’accomplir la volonté divine en œuvrant pour le Royaume. Aujourd’hui comme hier Jésus appelle au bonheur les hommes et les femmes qui, dans leur cœur et dans leur vie, acceptent l’action de Dieu. Que l’exemple des saints soit pour nous un encouragement et que la Vierge Marie nous guide sur les chemins du bonheur éternel! Bonne fête de la Toussaint!

 Traduction : Zenit

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