Archive pour novembre, 2009

Saint Bernard: « Il n’y a que cet étranger ! »

11 novembre, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091111

Le mercredi de la 32e semaine du temps ordinaire : Lc 17,11-19
Commentaire du jour
Saint Bernard (1091-1153), moine cistercien et docteur de l’Église
Sermons divers, n°27

« Il n’y a que cet étranger ! »

      Il est heureux, ce lépreux samaritain qui reconnaissait qu’il « n’avait rien qu’il n’ait reçu » (1Co 4,7). Il a « sauvegardé ce qui lui avait été confié » (2Tm 1,12) et il est revenu vers le Seigneur en lui rendant grâces. Heureux celui qui, à chaque don de la grâce, revient à celui en qui se trouve la plénitude de toutes les grâces, car si nous nous montrons reconnaissants à son égard pour tout ce que nous avons reçu, nous préparons en nous la place à la grâce…en plus grande abondance. En effet, il n’y a que notre ingratitude qui arrête nos progrès après notre conversion…

      Heureux donc celui qui se regarde comme un étranger, et qui rend de grandes actions de grâces même pour les moindres bienfaits, dans la pensée que tout ce qu’on donne à un étranger et à un inconnu est un don purement gratuit. Au contraire, que nous sommes malheureux et misérables lorsque, après nous être montrés d’abord timorés, humbles et dévots, nous oublions ensuite combien était gratuit ce que nous avons reçu…

      Je vous en prie donc, mes frères, tenons-nous de plus en plus humblement sous la main puissante de Dieu (1P 5,6)… Tenons-nous avec une grande dévotion dans l’action de grâces, et il nous accordera la grâce qui seule peut sauver nos âmes. Montrons notre reconnaissance, non seulement en paroles et du bout des lèvres, mais par les oeuvres et en vérité.

CAMBRIDGE CORPUS CHRISTI COLLEGE CENA

10 novembre, 2009

CAMBRIDGE CORPUS CHRISTI COLLEGE CENA dans images sacrée 07%20CAMBRIDGE%20CORPUS%20CHRISTI%20COLLEGE%20CENA

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-26,26_The%20last%20supper_La%20Cene/2nd_15th_Siecle/slides/07%20CAMBRIDGE%20CORPUS%20CHRISTI%20COLLEGE%20CENA.html

Apprends-nous à prier : Présence de Dieu (2008)

10 novembre, 2009

du site:

http://www.assumpta.fr/article.php3?id_article=907

Apprends-nous à prier : Présence de Dieu (2008)

La première chose à faire pour la méditation, c’est de se pénétrer très profondément, très vivement de la présence de Dieu. C’est là le fondement de la méditation. Dieu est présent partout , mais de trois manières différentes. La première, c’est sa présence en tout lieu. Dieu est l’être infini. Nous sommes plongés en lui. Pour nous, c’est une vérité douce et forte dont il est bon de nous pénétrer. Nul ne peut se soustraire ni se détourner. Il remplit et pénètre tout, même le pécheur : c’est de Dieu qu’il tient l’être, c’est devant Dieu qu’il agit, c’est devant Dieu qu’il pèche !

Nous sommes en Dieu comme une éponge est dans la mer. L’éponge est toute entourée et pénétrée jusqu’à la fibre la plus intime. La comparaison pèche, parce que Dieu nous pénètre à la façon d’un être intelligent, souverainement sage, souverainement bon, qui voit tout ce que nous sommes. Ce qui nous pénètre, c’est sa lumière. Dieu est présent dans sa créature avec la perfection de son être. Il voit tout, connaît tout, et nous pénètre jusqu’à la dernière fibre.

Une autre présence de Dieu convient mieux à l’oraison, c’est la présence de grâce et d’amour qui résulte de l’état surnaturel auquel nous avons été élevés par le baptême. Nous connaissons les mystères du cœur de Dieu, depuis que notre Seigneur est descendu sur la terre et que nous avons été par lui établis dans la grâce. “Si quelqu’un m’aime… nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui [1]”. La sainte Trinité établit en nous une présence de connais-sance et d’amour. Voilà ce que l’on a par la grâce du baptême et des sacrements, ce que l’on perd lorsque l’on s’en éloigne.

L’amour d’un Dieu ! Y avons-nous jamais bien réfléchi ? Nous avons besoin d’amour, c’est naturel, mais être aimé d’un Dieu, que c’est grand ! Recueillons-nous au plus intime de nous-mêmes, là où nous pouvons être seul à seul avec Dieu. Là, répondons par l’amour, l’adoration, la louange : “Nous te louons, nous t’adorons, nous te bénissons” à cet amour, qui, du côté de Dieu, a pour fin de nous conformer à notre Seigneur Jésus Christ, “ Nous viendrons chez lui, et nous irons demeurer auprès de lui”. Si la sainte Trinité vient résider dans notre âme, c’est pour y former d’autres Jésus Christ.

Si Dieu nous appelle à la prière, c’est par amour. L’Evangile est rempli d’invitations à prier : “Demandez vous obtiendrez, frappez, la porte vous sera ouverte”… Voulez-vous du pain, insistez, importunez. Les biens que notre Seigneur désire nous donner, sont les biens les plus grands. Il veut se donner lui-même de plus en plus, nous donner ses grâces et ses vertus. Comme il habite au-dedans de nous, il nous invite à y entrer, à l’écouter et à lui parler.

La présence de Dieu au-dedans de nous, est une présence de connaissance aussi bien que d’amour. Dieu nous connaît alors comme le pasteur connaît ses brebis, comme le père connaît ses enfants, non pas seulement par sa sagesse infinie, mais par une adoption particulière. Nous, de notre côté, nous le connaissons tout autrement que par l’intelligence. Nous avons des lumières sur lui, sur sa sainteté, sur ses desseins, sur ses volontés, sur tout ce qui peut lui plaire ou lui déplaire en nous.

Nous avons besoin de lui, lui n’a pas besoin de nous. Pourquoi Dieu désire-t-il avec passion que la créature sortie de ses mains revienne à lui par la connaissance et par l’amour ? Pourquoi, sinon parce qu’il l’aime ? C’est là le fondement de l’oraison : être persuadés que Dieu nous aime. Il n’y a pas sujet d’en douter, quand on regarde le crucifix. Recueillons-nous, exposons-nous aux rayons du soleil de justice, unissons-nous à Dieu au plus intime de nous-mêmes, en nous laissant purifier selon toute la lumière que nous en recevrons.

Enfin, Jésus Christ habite dans nos tabernacles. Il y est avec son corps, son âme, sa divinité, son cœur sacré, ses plaies qu’il offre à Dieu pour nous. Il nous regarde, il nous aime, il nous attend.

Sainte MArie-Eugénie de Jésus
Fondatrice des Religieuses de l’Assomption
D’après une instruction de chapitre du 28 septembre 1884

par Sandro Magister: « Très Saint Père, à notre époque d’horreurs irrationnelles… »

10 novembre, 2009

du site:

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1340851?fr=y

« Très Saint Père, à notre époque d’horreurs irrationnelles… »

L’appel à Benoît XVI « pour le retour à un art sacré authentiquement catholique ». Premier signataire: le grand écrivain allemand Martin Mosebach. Alors que la rencontre entre le pape et les artistes à la Chapelle Sixtine approche

par Sandro Magister

ROME, le 5 novembre 2009 – A quelques jours de la rencontre entre le pape et les artistes, annoncée pour le 21 novembre à la Chapelle Sixtine, un appel qui est déjà sur le bureau de Benoît XVI en anticipe le principal motif.

C’est un appel « au retour d’un art sacré authentiquement catholique ». Il n’émane pas d’artistes mais de chercheurs et de gens passionnés à des titres divers par le destin de l’art chrétien. Entre tous : Nikos Salingaros, Steven J. Schloeder, Steen Heidemann, Duncan G. Stroik, Pietro De Marco, Martin Mosebach, Enrico Maria Radaelli.

Mosebach est un écrivain allemand confirmé que Joseph Ratzinger connaît bien. Son dernier ouvrage, « Eresia dell’informe. La liturgia romana e il suo nemico », a aussi été publié en Italie, cette année, aux éditions Cantagalli. C’est une étincelante apologie du grand art chrétien ou plutôt de la liturgie catholique elle-même en tant qu’art. Avec de piquantes invectives contre l’attitude iconoclaste qui règne aujourd’hui dans l’Eglise catholique elle-même.

Radaelli, disciple du grand philologue et philosophe catholique Romano Amerio, est un spécialiste raffiné de l’esthétique théologique. Son chef d’œuvre, « Ingresso alla bellezza », publié en 2008, est un magnifique parcours d’introduction au mystère de Dieu à travers cette « Imago » de Lui qu’est le Christ. La beauté comme manifestation de la vérité.

L’appel est né aussi de séminaires qui ont eu lieu ces mois derniers à la bibliothèque de la commission pontificale des biens culturels de l’Eglise, où les accueillait le vice-président de cette commission vaticane, l’abbé bénédictin Michael J. Zielinski. Les pères Nicola Bux et Uwe Michael Lang, consulteurs du bureau des célébrations liturgiques pontificales et, pour le second, membre de la congrégation pour le culte divin, y ont participé. Mais, parmi les promoteurs de l’appel, pas d’ecclésiastique ni de responsable du Vatican. Les signataires sont des laïcs aux compétences et professions diverses.

Après une brève introduction, le texte se présente en sept brefs chapitres consacrés aux causes de l’actuelle fracture entre l’Eglise et l’art, aux références théologiques, aux commanditaires, aux artistes, à l’espace sacré, à la musique sacrée, à la liturgie.

Il s’achève sur l’appel proprement dit, ainsi formulé :

« Pour toutes les raisons exposées ici, conscients de l’écoute paternelle de Votre Sainteté et de l’attention miséricordieuse du Vicaire du Christ, nous Vous supplions, Très Saint Père, de bien vouloir lire dans notre appel plein de tristesse la plus poignante préoccupation quant à la terrible situation actuelle de tous les arts qui ont toujours accompagné la liturgie sacrée, ainsi qu’une modeste et très humble demande d’aide à Votre Sainteté :

– pour que les arts et l’architecture sacrés puissent à nouveau être et se montrer vraiment et profondément catholiques ;

– pour qu’ensuite les foules de fidèles, même les plus simples et les moins savants, puissent à nouveau s’émerveiller et profiter de cette noble et multiforme beauté, encore et toujours présente de manière vivante dans la maison du Seigneur, et par elle recevoir à nouveau dans leur cœur les très hauts et toujours nouveaux enseignements ;

– pour qu’enfin l’Eglise puisse montrer qu’elle est, même à notre époque d’horreurs matérialistes, irrationnelles et anti-éducatives, la seule vraie, active et attentive promotrice et gardienne d’un art nouveau et vraiment ‘original’, c’est-à-dire capable même aujourd’hui de fleurir, comme il l’a toujours fait précédemment, à partir du passé, à partir de sa glorieuse et éternelle Origine, autrement dit à partir du sentiment le plus intime de la Beauté qui brille dans la Vérité du Christ ».

On peut lire le texte intégral en plusieurs langues, avec la liste des signataires, sur le site web créé à cet effet :

> Appel au Très Saint Père Benoît XVI pour un art sacré authentiquement catholique

Voici, à titre d’exemple, un chapitre :

VI. MUSIQUE SACRÉE ET CHANT LITURGIQUE

Saint-Père, l’Eglise a aujourd’hui l’occasion de se réapproprier son rôle « hautement » magistériel en matière de musique sacrée, principalement dans le domaine de la musique et du chant liturgiques, qui doivent nécessairement répondre aux catégories du « bon » et du « juste » par leur intime coïncidence – pas seulement par leur correspondance – avec la liturgie elle-même (Paul VI, discours aux chanteurs de la chapelle pontificale du 12 mars 1964).

Dans l’histoire millénaire du christianisme, le rapport dialectique entre musique sacrée et musique profane a amené plusieurs fois l’autorité ecclésiastique à intervenir pour « nettoyer le bâtiment de la liturgie romaine » (périphrase expressément utilisée par de nombreux papes) des intrusions séculières que la musique apportait justement dans les églises et qui, au fil des siècles et avec le développement technico-musical progressif, sont devenues de plus en plus graves et éloignées du bon usage liturgique, finissant souvent par s’arroger des rôles auto-référençants de nature profane.

Depuis la constitution apostolique « Docta sanctorum » du pape Jean XXII (1324), le magistère a toujours indiqué les façons correctes de mettre la musique au service du culte, en approuvant au fur et à mesure les nouveautés techniques compatibles avec la liturgie, mais en indiquant toujours et constamment jusqu’à nos jours (y compris le magistère du concile Vatican II et de tout l’après-concile) que le chant grégorien était la racine originelle, la source d’inspiration constante, la plus haute – justement parce qu’elle est simplement « très noble » – forme de musique qui puisse incarner l’idéal liturgique catholique de la manière la plus parfaite, y compris en vertu de son anonymat métahistorique objectivant et de sa véritable universalité esthétique, verbale, sensible.

Aujourd’hui nous ne pouvons sûrement pas mettre en place des styles ou des formes de musique préconçus, mais le retour du chant grégorien, de la polyphonie et de la musique pour orgue de qualité (inspirées elles aussi par le chant grégorien) anciennes, modernes ou contemporaines, aiderait sûrement, après des décennies de bouleversement total et de probabilisme musical, à retrouver des « mots » liturgiques que la Tradition artistique et musicale catholique nous a offerts pendant des siècles : ils ont fonctionné – pour utiliser une expression imagée du pape Paul VI dans l’encyclique « Mysterium fidei » – comme de véritables « mots de passe de la foi » catholique, qui s’est toujours appuyée sur des données sensibles, dotées de vérité et de beauté mais éloignées des intellectualismes stériles et maniérés ou des archéologismes à éviter avec soin (comme l’a indiqué le pape Pie XII dans l’encyclique « Mediator Dei », dont est sortie la réforme liturgique de la seconde moitié du XXe siècle).

Parmi les arts mis au service du culte, la musique est peut-être le plus fort, du fait de ce sens « catéchétique » constant que le magistère lui a toujours reconnu, mais c’est aussi le plus délicat dans la mesure où, par nature et contrairement aux autres arts, elle suppose un « tertium medium » entre l’auteur et le bénéficiaire : l’interprète. La sollicitude de l’Eglise doit donc, comme par le passé, porter sur la formation des auteurs et des interprètes : certes l’effort en ce sens est infiniment plus lourd qu’à la fin du Moyen Age, à l’époque baroque ou au XIXe siècle, puisqu’il s’agit aujourd’hui de forces issues d’une société qui, contrairement à ce qui a existé dans le passé, est bien peu chrétienne ; pour en tenir compte, la catéchèse devrait repartir des « fondamentaux » où les musiciens – quand ils ont le professionnalisme voulu – retrouvent le « sensus ecclesiæ » et même le « sensus fidei ».

__________

Et à propos de la rencontre entre le pape et les artistes…

La rencontre annoncée entre Benoît XVI et les artistes aura lieu le matin du samedi 21 novembre 2009, à la Chapelle Sixtine.

Voici le programme de la rencontre. Après un prélude musical, l’archevêque Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical pour la culture, saluera le pape au nom des personnes présentes. Puis quelques passages de la « Lettre aux artistes » de Jean-Paul II, du 4 avril 1999, seront lus. Enfin le pape prononcera un discours. Un second moment musical conclura la rencontre.

La Chapelle Sixtine n’étant pas très grande, il y aura au maximum 500 artistes présents, venus du monde entier et appartenant à toutes les disciplines : peintres et sculpteurs, architectes, écrivains et poètes, musiciens et chanteurs, hommes de cinéma, de théâtre, danseurs, photographes. C’est le conseil pontifical pour la culture qui s’est occupé des invitations.

En plus de la lettre écrite par Jean-Paul II en 1999, il existe un autre précédent important, datant de 45 ans : la rencontre entre Paul VI et les artistes, le 7 mai 1964, toujours à la Chapelle Sixtine.

Le motif de cette nouvelle rencontre, c’est que « depuis longtemps l’alliance entre la foi chrétienne et l’art s’est rompue ». C’est ce qu’a déclaré Mgr Ravasi, le 10 septembre, en annonçant l’évènement.

L’alliance entre la foi et l’art fait partie de l’identité de l’Eglise. Le judaïsme interdisait les images sacrées. Mais la foi en Dieu incarné a vite amené l’Eglise à s’approprier l’art grec et romain comme langage figuré.

Cette géniale alliance de l’Eglise avec l’art est périodiquement en butte à des contestations iconoclastes. Au cours du premier millénaire en Orient. Au cours du second en Occident, d’abord avec le protestantisme puis, aujourd’hui, avec la tendance générale anti-figurative manifestée non seulement par l’art mais aussi par les commanditaires ecclésiastiques.

En rencontrant les artistes dans ce haut lieu de l’art chrétien qu’est la Chapelle Sixtine, Benoît XVI se propose précisément d’arrêter cette décadence et de renouer un dialogue, dans l’espoir que renaisse une alliance féconde entre l’art et l’Eglise.

En un temps « où, dans de vastes régions de la terre, la foi est en danger de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus d’aliment », le pape pense peut-être à ce que disait saint Jean Damascène au plus fort de la tempête iconoclaste :

« Si un païen vient à toi et te dit : Montre-moi ta foi ! Conduis-le à l’église, montre-lui le décor dont elle est ornée et explique-lui la série des tableaux sacrés ».

bonne nuit

10 novembre, 2009

bonne nuit dans image bon nuit, jour, dimanche etc. canary-grass
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Bienheureuse Teresa de Calcutta: « Nous sommes des serviteurs quelconques »

10 novembre, 2009

du site:

http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091110

Le mardi de la 32e semaine du temps ordinaire : Lc 17,7-10
Commentaire du jour
Bienheureuse Teresa de Calcutta (1910-1997), fondatrice des Soeurs Missionnaires de la Charité
A Simple Path (trad. Un Chemin tout simple, Plon Mame 1995, p. 106)

« Nous sommes des serviteurs quelconques »

      Ne vous souciez pas de chercher la cause des grands problèmes de l’humanité ; contentez-vous de faire ce que vous pouvez faire pour les résoudre en apportant votre aide à ceux qui en ont besoin. Certains me disent qu’en faisant la charité aux autres, nous dédouanons les Etats de leurs responsabilités envers les nécessiteux et les pauvres. Je ne me tracasse pas pour autant, car ce n’est généralement pas l’amour qu’offrent les Etats. Je fais simplement tout ce que je peux faire, le reste n’est pas de mon ressort.

      Dieu a été si bon avec nous ! Travailler dans l’amour est toujours un moyen de se rapprocher de lui. Regardez ce que le Christ a fait durant sa vie sur terre ! Il l’a passée à faire le bien (Ac 10,38). Je rappelle à mes soeurs qu’il a passé les trois ans de sa vie publique à soigner les malades, les lépreux, les enfants et d’autres encore. C’est exactement ce que nous faisons en prêchant l’Evangile par nos actions.

      Nous considérons que servir les autres est un privilège et nous essayons à chaque instant de le faire de tout notre coeur. Nous savons bien que notre action n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, mais sans notre action cette goutte manquerait.

San Martino di Tours

9 novembre, 2009

San Martino di Tours dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

San Leone Magno, Papa

9 novembre, 2009

San Leone Magno, Papa dans images sacrée

http://www.santiebeati.it/

11 novembre: Saint Martin de Tours

9 novembre, 2009

du site:

http://apotres.amour.free.fr/page4/martin.htm

Saint Martin de Tours

vers 316 – 397
fêté le 11 novembre

Trois ans après l’Edit de Milan naît à Sabaria, dans la province romaine de Pannonie l’actuelle Hongrie – Martin, fils d’un soldat romain, enfant d’une famille païenne. Peu de temps après, le père est muté à Pavie, en Italie du Nord. Pénétré mystérieusement par la grâce, l’enfant perçoit des appels intérieurs. Il est attiré par la religion des chrétiens qu’il voit vivre et agir autour de lui. A douze ans, il rêve de vie au désert, pour y imiter les ascètes orientaux. Las, la loi exige qu’un fils de soldat soit enrôlé, lui aussi, dans l’armée impériale, dès l’âge de quinze ans. Martin – diminutif de Mars, dieu de la guerre -,est affecté à la Garde impériale, troupe d’élite vouée à la surveillance des Marches menacées par les Barbares. Martin part en Gaule. Il rejoint la garnison d’Amiens. C’est là que se produit son geste magnifique qui entrera dans le livre d’or de la charité chrétienne. Pris de pitié à la vue d’un pauvre, en loques, grelottant de froid dans la bise glacée aux portes de la cité, Martin saisit son ample pèlerine et du haut de sa monture la tranche en deux, donnant la partie la plus grande au traînemisère. La nuit suivante, Martin a une vision ou un songe. Jésus lui apparaît revêtu de la moitié de sa chlamyde… Le geste d’Amiens aidera les chrétiens des siècles à venir à voir Jésus en tout être dans la détresse.

Peu de temps après cet épisode, Martin reçoit le baptême. Désormais, il appartient tout entier au Christ. Il doit cependant servir dans l’armée jusqu’à l’expiration du temps réglementaire de service fixé à 25 ans. Cependant à mesure que la foi grandit en lui, l’esprit militaire décline. Peu avant le terme de son service, il doit prendre part à l’assaut de Worms. Il se refuse à verser du sang et demande à l’empereur d’être dispensé de cette action militaire. Furieux, l’empereur Julien le traite de lâche. Martin demande alors à être mis en tête des assaillants, sans autre arme qu’une croix. Mais juste avant l’assaut, les Barbares se rendent. Les soldats attribuent à Martin ce «miracle» inattendu.

Il a quarante ans quand il quitte l’armée. Voici qu’il se dirige, vers Poitiers. Il a entendu parler de l’évêque Hilaire, le grand défenseur de la foi catholique face aux évêques ariens qui se multiplient. Celui-ci découvre en Martin un être brûlant de foi. Il veut se l’attacher comme diacre. Martin décline cet honneur. Tout au plus accepte-t-il l’ordre d’exorciste; la vie l’a renseigné sur la virulence et la fourberie de Satan et de ses légions.

A la faveur d’un songe, un rêve ancien ressurgit en son coeur: amener ses parents, toujours vivants, au Christ Jésus. Tandis qu’Hilaire, fer de lance, en Gaule, contre un arianisme (L’arianisme, doctrine du prêtre Arius d’Alexandrie (256-336) nie la divinité du Christ. Cette hérésie a traversé les siècles, jusqu’à nos jours.) majoritaire et agressif, est envoyé en exil en Phrygie (Partie occidentale de l’Asie Mineure, la Turquie actuelle.), Martin part en Illyrie (Région montagneuse faisant partie aujourd’hui de l’Italie du Nord, de la Slovénie et de l’Autriche.)

En route, il est attaqué par des brigands dans les Alpes. Il convertit l’un d’eux, impressionné par la paix qui se dégage du voyageur. Arrivé chez sa mère, il la convertit également. Son père, par contre, refuse de devenir chrétien. L’attention des évêques illyriens, gagnés à l’arianisme, est attiré sur le fervent défenseur de la divinité du Christ. Ils persécutent Martin et le fouettent en public. Il part alors en Italie et s’installe dans un ermitage près de Milan. L’évêque Auxence, arien lui aussi, le maltraite et l’expulse de son territoire. Martin se réfugie alors sur l’île de Gallinara, au large de Gênes. A l’exemple des ascètes orientaux, il ne se nourrit plus que d’herbes et de racines. Un jour, il consomme de l’hellébore et manque d’en mourir, empoisonné. Il est sauvé par la prière. C’est alors qu’il apprend que l’évêque Hilaire a eu l’autorisation de rentrer en Gaulle. Martin retourne à Poitiers où Hilaire l’accueille, les bras grands ouverts, non pas comme un disciple, mais comme « un glorieux compagnon de ses combats ». Martin se retire alors dans un ermitage, à deux heures de marche de Poitiers. Des disciples l’y rejoignent. C’est le début d’une communauté qui formera le monastère de Ligugé, première communauté monastique en Gaule. Pendant une absence de Martin, un jeune catéchumène y meurt. A son retour, bouleversé par la douleur des autres disciples, Martin va prier près du corps du catéchumène mort depuis trois jours. II pleure amèrement et supplie le Seigneur de lui rendre la vie. Le jeune homme revient à la vie et raconte son expérience dans l’au-delà après sa mort. (C’est la première expérience de cette nature dont le récit est attesté par l’histoire. Les récits sur «la vie après la vie» de morts cliniques ramenés à la vie par des interventions opératoires, abondent depuis une vingtaine d’années.)

Martin reste une quinzaine d’années à Ligugé. Il se livre à l’étude de la Bible et prêche dans les campagnes environnantes. Son renom parvient au loin, surtout après que le Seigneur avait ressuscité, sur son intercession, le catéchumène et un jeune esclave d’un domaine voisin. Un étrange projet germe alors dans l’esprit des chrétiens de Tours. En 371, leur évêque, Lidoire, meurt. Pourquoi le saint moine de Ligugé ne lui succéderait-il pas? Prévoyant son refus, ils usent d’un stratagème. Un des leurs va supplier Martin de venir prier pour sa femme gravement malade. N’écoutant que son bon coeur, le moine s’y rend. En route, il est soudain entouré d’une foule de gens et conduit, à son corps défendant, à Tours. Il y est reçu par une communauté de croyants enthousiastes, clercs et laïcs, qui lui demandent d’être leur nouvel évêque. Lisant dans les événements la volonté de Dieu, Martin cesse bientôt de résister à cet appel. Par contre, on trouvera plus difficilement un évêque qui soit disposé à consacrer ce moine aux longs cheveux en désordre, aux habits sales et élimés, qui ne paie vraiment pas de mine…

Martin ne tarde pas à se révéler, comme un évêque gouvernant avec autorité, aimé, respecté des fidèles. Il est humble et accueillant; il reste pauvre. Installé dans un ermitage à une demi heure à pied de Tours, il est rejoint par des disciples. Ainsi naît le monastère de Marmoutier. Il établit une règle de vie faite de prières, de pauvreté, de mortifications. L’évêque y accueille jusqu’à quatre-vingts âmes aspirant à vivre comme le saint, vêtus, comme lui, de bure grossière. Chacun vit dans une cabane, priant, méditant, se faisant copiste de livres saints. Martin se rend tous les jours à sa cathédrale pour célébrer les offices. Un jour, pendant l’Eucharistie, un globe lumineux apparaît audessus de l’évêque: il vient de donner, en cachette à un pauvre, sa propre tunique… Sa charité est inlassable. Il rachète des captifs, intercède en faveur de condamnés à mort. Il parcourt les villages de son diocèse, fait détruire temples païens et idoles démoniaques; il fait abattre les arbres sacrés. Des signes nombreux accompagnent les efforts infatigables d’évangélisation de ce pasteur d’âmes; ils confirment les fidèles dans leur foi et infirment les croyances des païens et l’hérésie des ariens. Sur l’emplacement des temples détruits, il fait construire des églises et des monastères. Peu à peu le diocèse se couvre de lieux saints que l’évêque confie à ses prêtres; les vocations se multiplient autour de lui et sous son égide.

Les miracles également. Sulpice Sévère, son biographe affirme qu’il a lui-même assisté à plusieurs miracles. En voici quelques-uns d’une longue série, dus à l’intercession de l’évêque thaumaturge. Arrivé un jour, dans un village païen, il décide d’abattre leur arbre sacré. Menés par le sacrificateur, les paysans s’y opposent. Attaché, sur sa propre demande, à l’arbre, du côté où celui-ci doit nécessairement s’abattre, l’arbre tombe du côté opposé, sauvant le saint qu’il devait écraser. Bouleversés par ce miracle, cette communauté païenne se convertit. Un autre jour, l’évêque met le feu à un temple païen; les flammes, poussées par le vent, menacent d’engloutir une maison voisine. Montant sur le toit, Martin supplie le Ciel d’épargner cette maison; aussitôt les flammes se détournent. En voyage, il est attaqué par un brigand qui va le percer de son épée; à ce moment-même, le malfaiteur tombe à la renverse. Effrayé, il s’enfuit. A Trèves, l’évêque guérit une jeune fille paralytique qui se meurt, en lui versant quelques gouttes d’huile bénite, dans la bouche. Aux portes de Paris, Martin rencontre un lépreux horriblement défguré; il le prend dans ses bras et l’embrasse. Aussitôt, la lèpre est guérie.

Martin est souvent en proie aux attaques des démons, auxquels il arrache les âmes en grand nombre. Toujours à Trèves, il chasse le démon chez un serviteur du proconsul Tétradius; celui-ci se convertit. Entrant, un autre jour, dans une maison, il y aperçoit un démon à l’aspect épouvantable. Martin lui commande de s’en aller; au lieu de fuir, le démon prend possession d’un homme logé à l’arrière de la demeure. Le malheureux est transformé en bête furieuse, prête à mordre quiconque s’en approche. Indigné, le saint va vers lui, met ses doigts dans la bouche du possédé et interpelle l’esprit impur: si tu as quelque puissance, dévore cette main que j’étends sur toi! Le démon prend alors la fuite, comme si la main de l’évêque dégageait des flammes. Près de Chartres, Martin obtient du Seigneur la résurrection d’un enfant mort qu’une maman éplorée lui présente. Elle est accompagnée d’une grande foule de païens qui tous se convertissent.

Quand Martin perçoit une résistance exceptionnelle, de la part des païens, à ses efforts d’évangélisation, il a recours à son arme préférée, la pénitence. Se revêtant de la haire à même la peau, il se couvre de cendres, prie et jeûne pendant trois jours. Il convertit ainsi le village de Levroux, en Berri, dont les habitants se sont enrichis par des pratiques occultes maléfiques. Au bout des trois jours, des anges lui ordonnent de retourner à ce lieu d’abomination. Les habitants y sont comme paralysés. Martin détruit leur temple et les idoles. Revenus de leur engourdissement, les païens reconnaissent dans ces événements un signe du Ciel et deviennent chrétiens.

Le moine-évêque de Tours ne se contente pas de cheminer de son ermitage à sa cathédrale. On l’a vu, il passe de village en village, pour y porter la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. A la recherche des âmes captives du paganisme, il franchit les limites de son territoire. Devant le succès de ses missions, d’autres évêques l’invitent dans leurs diocèses. C’est saint Martin de Tours qui a lancé l’évangélisation des campagnes.

Ces trois premiers siècles, l’Eglise s’était répandue dans les zones urbaines. Elle était formée, en général de gens modestes, artisans, commerçants, esclaves affranchis. Les paysans et l’aristocratie étaient, sauf de rares exceptions, réfractaires à la foi chrétienne. Dans les campagnes, le paganisme était si profondément ancré que le mot « paganus » paysan – finit par signifier « païen » . Le dernier refuge du paganisme, ce sera la campagne. Le lien charnel avec la terre et la nature; les signes divinatoires, les plantes magiques; envoûteurs, sorciers et magiciens abondent dans les campagnes isolées, fermées sur elles-mêmes, sensibles à l’étrange, au merveilleux, à l’occulte. Le christianisme représente une rupture radicale avec tout cela.

Armé d’une foi qui «déplace les montagnes», Martin pénètre dans cet univers hostile, à dos d’âne ou de mulet. Il sait parler au peuple, parvient à émouvoir les petites gens. Des communautés chrétiennes naissent sous ses pas. Le Ciel, il est vrai, l’aide puissamment par des signes qui se multiplient sur son passage et attestent la véracité de son message. il avance toujours plus loin. L’Auvergne, la Saintonge, la vallée du Rhône, la région parisienne renvoient l’écho de la voix et des appels de l’ardent missionnaire. Martin est vraiment l’apôtre des Gaules, pour avoir parcouru les provinces gauloises. Et aussi pour y avoir inventé de nouvelles méthodes d’évangélisation. Avancer sans peur, proclamer l’Evangile avec enthousiasme, en adaptant les paroles à l’auditoire auquel on s’adresse, pénétrer même en milieu hostile, ne pas hésiter à lancer des défis aux païens et incroyants en faisant violence au Ciel, se laisser toujours guider par l’Esprit; en cas de forte résistance, recourir aux jeûne et à la pénitence, assiéger le Seigneur de prières et de supplications: tout cela exige cependant une foi totale et intégrale, un lien infrangible avec le Christ, une détermination inébranlable. A une telle âme, le Seigneur ne refuse rien; les grâces accordées sont proportionnées au degré d’abandon à Dieu, dont elle est l’instrument. Si celui-ci est faible de sa propre faiblesse, son efficacité est celle de la puissance de Dieu. Voilà le secret de l’évêque Martin, évangélisateur des Gaules et modèle d’évangélisation.

L’évêque de Tours ne pénètre pas seulement dans le milieu paysan et campagnard, il ouvre également le coeur de l’aristocratie à la foi et à la charité. A la fin de sa vie, la plupart des quatre-vingts moines de Marmoutier sont issus de l’aristocratie sénatoriale. La vie monastique prend un essor prodigieux sous son épiscopat. Deux mille moines et moniale asssisteront aux obsèques de évêque thaumaturge.

Sa renommée atteint bientôt les confins de l’Empire. Sa parole de feu, les conversions massives, les miracles, et aussi son immense bonté et sa misécorde l’ont fait connaître partout et dans tous les milieux.

Martin meurt d’épuisement à Candes, le 11 novembre 397. Il est enseveli à Tours.
(Tiré du récit de René Lejeune – Stella Maris n°320 – Novembre 1996)

Pape Benoît: Saint Léon le Grand (Audience 5 mars 2008)

9 novembre, 2009

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080305_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 5 mars 2008

Saint Léon le Grand

Chers frères et soeurs,

En poursuivant notre chemin parmi les Pères de l’Eglise, véritables astres qui brillent de loin, nous abordons pendant notre rencontre d’aujourd’hui la figure d’un Pape qui, en 1754, fut proclamé Docteur de l’Eglise par Benoît XIV:  il s’agit de saint Léon le Grand. Comme l’indique l’épithète que la tradition lui attribua très tôt, il fut véritablement l’un des plus grands Papes qui aient honoré le Siège romain, contribuant largement à en renforcer l’autorité et le prestige. Premier Evêque de Rome à porter le nom de Léon, adopté ensuite par douze autres Souverains Pontifes, il est également le premier Pape dont nous soit parvenue la prédication qu’il adressait au peuple qui se rassemblait autour de lui pendant les célébrations. Il est naturel de penser également à lui dans le contexte des actuelles Audiences générales du mercredi, des rendez-vous qui pendant les dernières décennies sont devenus pour l’Evêque de Rome une forme habituelle de rencontre avec les fidèles et avec de nombreux visiteurs de toutes les parties du monde.

Léon était originaire de la région italienne de la Tuscia. Il devint diacre de l’Eglise de Rome autour de l’an 430 et, avec le temps, il acquit au sein de celle-ci une position de grande importance. Ce rôle de premier plan poussa Galla Placidia, qui à cette époque dirigeait l’Empire d’Occident, à l’envoyer en Gaule en 440 pour résoudre une situation difficile. Mais au cours de l’été de cette année, le Pape Sixte III – dont le nom est lié aux magnifiques mosaïques de Sainte-Marie-Majeure – mourut, et ce fut précisément Léon qui lui succéda, recevant la nouvelle alors qu’il accomplissait justement sa mission de paix en Gaule. De retour à Rome, le nouveau Pape fut consacré le 29 septembre 440. C’est ainsi que commença son pontificat, qui dura plus de vingt-et-un an, et qui a été sans aucun doute l’un des plus importants de l’histoire de l’Eglise. A sa mort, le 10 novembre 461, le Pape fut enterré auprès de la tombe de saint Pierre. Ses reliques sont conservées aujourd’hui encore dans l’un des autels de la Basilique vaticane.

Le Pape Léon vécut à une époque très difficile:  la répétition des invasions barbares, le progressif affaiblissement en Occident de l’autorité impériale et une longue crise sociale avaient imposé à l’Evêque de Rome – comme cela devait se produire de manière encore plus forte un siècle et demi plus tard pendant le pontificat de Grégoire le Grand – d’assumer un rôle important également dans les événements civils et politiques. Cela ne manqua pas, bien évidemment, d’accroître l’importance et le prestige du Siège romain. Un épisode de la vie de Léon est en particulier resté célèbre. Il remonte à 452, lorsque le Pape rencontra à Mantoue, avec une délégation romaine, Attila, chef des Huns, et le dissuada de poursuivre la guerre d’invasion par laquelle il avait déjà dévasté les régions du nord-est de l’Italie. Et ainsi sauva-t-il le reste de la péninsule. Cet événement important devint vite mémorable, et il demeure comme le signe emblématique de l’action de paix accomplie par le Pontife. Trois ans plus tard, l’issue d’une autre initiative papale, signe d’un courage qui nous stupéfie encore, ne fut malheureusement pas aussi positive:  en effet, au printemps 455 Léon ne réussit pas à empêcher que les Vandales de Genséric, arrivés aux portes de Rome, envahissent la ville sans défense, qui fut mise à sac pendant deux semaines. Toutefois, le geste du Pape – qui, sans défense et uniquement entouré de son clergé, alla à la rencontre de l’envahisseur pour le conjurer de s’arrêter – empêcha au moins que Rome ne soit incendiée et obtint que le terrible sac épargnât les Basiliques Saint-Pierre, Saint-Paul et Saint-Jean, dans lesquelles une partie de la population terrorisée se réfugia.

Nous connaissons bien l’action du Pape Léon, grâce à ses très beaux sermons – nous en conservons près de cent dans un latin splendide et clair – et grâce à ses lettres, environ cent cinquante. Dans ces textes, le Pape apparaît dans toute sa grandeur, tourné vers le service de la vérité dans la charité, à travers un exercice assidu de la parole, qui le montre dans le même temps théologien et pasteur. Léon le Grand, constamment attentif à ses fidèles et au peuple de Rome, mais également à la communion entre les différentes Eglises et à leurs nécessités, fut le défenseur et le promoteur inlassable du primat romain, se présentant comme l’authentique héritier de l’Apôtre Pierre:  les nombreux Evêques, en grande partie orientaux, réunis au Concile de Chalcédoine se montrèrent bien conscients de cela.

Se déroulant en 451, avec la participation de trois cent cinquante Evêques, ce Concile fut la plus importante assemblée célébrée jusqu’alors dans l’histoire de l’Eglise. Chalcédoine représente le point d’arrivée sûr de la christologie des trois Conciles œcuméniques précédents:  celui de Nicée de 325, celui de Constantinople de 381 et celui d’Ephèse de 431. Au VI siècle, ces quatre Conciles, qui résument la foi de l’Eglise des premiers siècles, furent en effet déjà comparés aux quatre Evangiles:  c’est ce qu’affirme Grégoire le Grand dans une lettre célèbre (I, 24), dans laquelle il déclare « accueillir et vénérer, comme les quatre livres du saint Evangile, les quatre Conciles », car c’est sur eux – explique encore Grégoire – « comme sur une pierre carrée que s’élève la structure de la sainte foi ». Le Concile de Chalcédoine – repoussant l’hérésie d’Eutichios, qui niait la véritable nature humaine du Fils de Dieu – affirma l’union dans son unique Personne, sans confusion ni séparation, des deux natures humaine et divine.

Cette foi en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, était affirmée par le Pape dans un important texte doctrinal adressé à l’Evêque de Constantinople, qui s’intitule Tome à Flavien, qui, lu à Chalcédoine, fut accueilli par les Evêques présents avec une acclamation éloquente, dont la description est conservée dans les actes du Concile:  « Pierre a parlé par la bouche de Léon », s’exclamèrent d’une seule voix les Pères conciliaires. C’est en particulier de cette intervention, ainsi que d’autres effectuées au cours de la controverse christologique de ces années-là, qu’il ressort de manière évidente que le Pape ressentait avec une urgence particulière  la  responsabilité du Successeur de Pierre, dont le rôle est unique dans l’Eglise, car « à un seul apôtre est confié ce qui est communiqué à tous les apôtres », comme affirme Léon dans l’un de ses sermons pour la fête des saints Pierre et Paul (83, 2). Et le Pape sut exercer ces responsabilités, en Occident comme en Orient, en intervenant en diverses circonstances avec prudence, fermeté et lucidité à travers ses écrits et au moyen de ses légats. Il montrait de cette manière que l’exercice du primat romain était alors nécessaire, comme il l’est aujourd’hui, pour servir efficacement la communion, caractéristique de l’unique Eglise du Christ.

Conscient du moment historique dans lequel il vivait et du passage qui se produisait – à une période de crise profonde – entre la Rome païenne et la Rome chrétienne, Léon le Grand sut être proche du peuple et des fidèles à travers l’action pastorale et la prédication.  Il  anima  la  charité dans une Rome éprouvée par les famines, l’afflux des réfugiés, les injustices et la pauvreté. Il fit obstacle aux superstitions païennes et à l’action des groupes manichéens. Il relia la liturgie à la vie quotidienne des chrétiens:  en unissant par exemple la pratique du jeûne à la charité et à l’aumône, en particulier à l’occasion des Quattro tempora, qui marquent pendant le cours de l’année le changement des saisons. Léon le Grand enseigna en particulier à ses fidèles – et aujourd’hui encore ses paroles restent valables pour nous – que la liturgie chrétienne n’est pas le souvenir d’événements passés, mais l’actualisation de réalités invisibles qui agissent dans la vie de chacun. C’est ce qu’il souligne dans un sermon (64, 1-2) à propos de la Pâque, à célébrer à chaque époque de l’année « pas tant comme quelque chose du passé, mais plutôt comme un événement du présent ». Tout cela s’inscrit dans un projet précis, insiste le saint Pontife:  en effet, de même que le Créateur a animé par le souffle de la vie rationnelle l’homme façonné avec la boue de la terre, après le péché originel, il a envoyé son Fils dans le monde pour restituer à l’homme la dignité perdue et détruire la domination du diable, à travers la vie nouvelle de la grâce.

Tel est le mystère christologique auquel saint Léon le Grand, avec sa lettre au Concile d’Ephèse, a apporté une contribution efficace et essentielle, confirmant pour tous les temps – par l’intermédiaire de ce Concile – ce que dit saint Pierre à Césarée de Philippe. Avec Pierre et comme Pierre, il confesse:  « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Il est donc Dieu et Homme à la fois, « il n’est pas étranger au genre humain, mais étranger au péché » (cf. Serm. 64). Dans la force de cette foi christologique, il fut un grand porteur de paix et d’amour. Il nous montre ainsi le chemin:  dans la foi nous apprenons la charité. Nous apprenons donc avec saint Léon le Grand à croire dans le Christ, vrai Dieu et vrai Homme, et à réaliser cette foi chaque jour dans l’action pour la paix et dans l’amour pour le prochain.

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