dimanche 8 novembre 2009, Homélie

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32e dimanche du Temps Ordinaire

dimanche 8 novembre 2009

Famille de saint Joseph

Homélie – Messe 

La première lecture de ce dimanche nous raconte l’épisode du prophète Elie et de la veuve de Sarepta. Cette femme, qui en tant que veuve a déjà bien peu, n’hésite pas à sacrifier la seule nourriture qui lui reste, à elle et à son fils, pour Elie, confiante dans la Parole du Seigneur qui lui est parvenue par la bouche de son prophète : « N’aie pas peur… car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. »
L’évangile met devant nos yeux une autre veuve, venue déposer dans le trésor du Temple deux piécettes, tout ce qu’elle possède. Seul Jésus remarque le geste discret de cette femme et déclare à son sujet : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que tout le monde. Car tous, ils ont pris de leur superflu, mais, elle, elle a pris sur son indigence : elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre ».
Ces deux veuves nous enseignent que le don s’affranchit des limites du raisonnable. La pauvre veuve de l’évangile aurait fort bien pu « partager » avec Dieu, c’est-à-dire lui offrir une piécette et garder l’autre pour elle. Vu la précarité de sa condition, c’eût déjà été bien davantage que « donner de son superflu ». Pourtant, tel n’est pas son choix : « Elle donne tout, tout ce qu’elle a pour vivre ».
Donner c’est s’abandonner totalement, faire confiance sans même penser que l’on recevra quelque chose en retour. Donner, ce n’est pas marchander pour retirer de la satisfaction ou de la reconnaissance. Voilà pourquoi le vrai don s’accompagne de la discrétion, j’irai même jusqu’à dire du silence. Donner c’est en fin de compte entrer dans le mouvement de la gratuité de la charité divine telle que nous la voyons manifestée dans la vie de notre Seigneur Jésus Christ jusque dans sa mort sur la croix.
La radicalité du geste de ces deux veuves peut nous paraître excessif. Peut-être parce que nous ne nous sentons pas capables d’en faire autant. Mais en attendant de pouvoir tout donner, si nous commencions par partager notre nécessaire avec nos frères et avec Dieu.
Le partage de notre nécessaire ne concerne d’ailleurs pas seulement ce qui touche au domaine matériel. Par exemple, nous pouvons nous interroger : Savons-nous offrir à Dieu les moments de notre journée les plus féconds ? Normalement, Dieu ne devrait-il pas être le premier et le mieux servi ? De la même façon par rapport à nos frères et sœurs. Savons-nous à tout instant du jour nous tenir dans une véritable disponibilité de cœur pour répondre à celui ou celle qui viendra solliciter notre écoute ou notre attention ?
Au cours des premiers siècles de l’Eglise, le partage des biens avec les plus démunis était un devoir prioritaire pour les baptisés qui témoignaient par là de leur foi vivante par la charité. Les textes de ce dimanche sont sans doute l’occasion de réveiller en nous la conscience que le partage est une dimension essentielle de notre vie chrétienne parce qu’il atteste de la crédibilité de ce que nous confessons et parce qu’il est le lieu où l’amour sauveur de Dieu révélé dans le don de Jésus sur la Croix peut continuer à se répandre en nous et autour de nous.
Ce dernier point est très important. Notre générosité ne sera une vraie générosité que si elle émane de la générosité même de notre Seigneur. Générosité de Jésus qui s’est offert une fois pour toutes en sacrifice de rédemption pour tous les hommes, comme nous le rappelle la deuxième lecture. Générosité de Jésus dont personne n’est exclu. Générosité de Jésus qui, comme grand prêtre, continue dans sa condition glorieuse d’intercéder pour chacun de nous. Générosité de Jésus qui viendra à la fin des temps comme sauveur qui a détruit le péché et a instauré la vie nouvelle.

« Seigneur, nous nous sentons bien peu capables de générosité. Mais nous voulons prendre appui sur ta propre générosité qui a triomphé une fois pour toutes du péché. C’est elle que nous voulons avec l’assistance de ton Esprit de charité laisser transparaître en chacune de nos paroles, en chacun de nos actes. Alors tous pourront découvrir combien tu les aimes et combien ton amour les comble au-delà de tout ce qu’ils pourraient espérer ou même imaginer. »
Frère Elie

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