Archive pour octobre, 2009
Catéchisme de l’Eglise Catholique: Le sens du sabbat
30 octobre, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091030
Le vendredi de la 30e semaine du temps ordinaire (de la férie) : Lc 14,1-6
Commentaire du jour
Catéchisme de l’Eglise Catholique
§345-349
Le sens du sabbat
Le sabbat, fin de l’oeuvre des « six jours » : Le texte sacré dit que « Dieu conclut au septième jour l’ouvrage qu’il avait fait » et qu’ainsi « le ciel et la terre furent achevés », et que Dieu, au septième jour, « chôma » et qu’il sanctifia et bénit ce jour (Gn 2,1-3). Ces paroles inspirées sont riches en enseignements salutaires :
Dans la création Dieu a posé un fondement et des lois qui demeurent stables, sur lesquels le croyant pourra s’appuyer avec confiance, et qui lui seront le signe et le gage de la fidélité inébranlable de l’alliance de Dieu. De son côté, l’homme devra rester fidèle à ce fondement et respecter les lois que le Créateur y a inscrites.
La création est faite en vue du sabbat et donc du culte et de l’adoration de Dieu. Le culte est inscrit dans l’ordre de la création. « Ne rien préférer au culte de Dieu », dit la règle de saint Benoît, indiquant ainsi le juste ordre des préoccupations humaines.
Le sabbat est au coeur de la loi d’Israël. Garder les commandements, c’est correspondre à la sagesse et à la volonté de Dieu exprimées dans son oeuvre de création.
Le huitième jour : Mais pour nous, un jour nouveau s’est levé : le jour de la résurrection du Christ. Le septième jour achève la première création. Le huitième jour commence la nouvelle création. Ainsi, l’oeuvre de la création culmine en l’oeuvre plus grande de la rédemption. La première création trouve son sens et son sommet dans la nouvelle création dans le Christ, dont la splendeur dépasse celle de la première.
Néomartyr de l’Église Serbe
29 octobre, 2009INTRODUCTION : PRIER POUR LES DÉFUNTS
29 octobre, 2009du site:
http://www.pagesorthodoxes.net/resurrection/priere-defunts.htm#intro
INTRODUCTION : PRIER POUR LES DÉFUNTS
La prière pour les défunts est plus qu’une pratique du chrétien pieux, c’est en fait un devoir de la vie chrétienne. Dieu est Amour (1 Jn 4,8) et la vie chrétienne doit elle aussi être amour : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même (Lc 10, 27, reprenant Dt 6,5 et Lv 19,18). Le prochain, nous enseigne Jésus dans la parabole du bon Samaritain, ce n’est pas seulement notre frère, mais aussi l’étranger : tous sont nos frères et nos sœurs, créés comme nous à l’image et à la ressemblance (Gn1,26). La Communion des Saints doit être la communion de tous et chacun, depuis le premier homme jusqu’au dernier, dans l’amour, un amour qui nous incite à offrir ensemble louange et action de grâces à Dieu et à s’aider mutuellement à progresser vers la plénitude de cet amour dans le Christ à la fin des temps. La prière pour les défunts nous unie à ceux qui sont passés avant nous dans cet acte d’amour qui ne cesse pas à la mort, qui ne cessera jamais : La charité ne passe jamais… La foi, l’espérance et la charité demeurent toutes trois, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité (1 Co 13,8,13).
Dès la fondation de l’Église, les chrétiens priaient pour les défunts. Dans les récits les plus anciens des martyrs, on trouve des références aux prières offertes pour ceux qui avaient été martyrisés, afin que leur soit accordé le repos éternel. Une des prières les plus antiques de l’Église à Rome est justement l’invocation : » Accorde-leur, Seigneur, le repos éternel et fais briller sur eux la lumière sans crépuscule « .
Dans quel but précisément l’Église prie-t-elle pour les défunts – qu’est-ce qu’elle espère obtenir pour eux ? Cette question soulève celle du sort des âmes des défunts après la mort, question difficile sur laquelle les chrétiens sont loin d’être unanimes. Pour les uns, il existe un » lieu » intermédiaire entre le Royaume de Dieu et l’enfer, lieu appelé le » purgatoire « , là où les âmes de ceux qui ne sont pas entièrement saints sont purifiées avant de pourvoir être admis au Royaume de Dieu. Pour d’autres, le sort éternel des défunts est fixé définitivement au moment de leur décès, en fonction de leur état spirituel à ce moment-là. La tradition des Pères, celle de l’Église orthodoxe, tout en acceptant que les défunts ne peuvent rien pour eux-mêmes – le repentir n’est pas possible dans l’autre monde, s’il n’a pas été fait dans ce monde –, souligne l’importance de la prière de l’Église pour les défunts, et la conviction que cette prière est efficace d’une façon qu’on ne peut définir ou préciser.
Certaines confessions issues de la Réforme protestante en Occident ne prient pas pour les défunts. On croit que le sort éternel du défunt est fixé définitivement au moment de son décès que ni le défunt lui-même, ni les vivants, ne peuvent rien faire après le décès pour changer ou influencer son statut dans l’au-delà. Comme preuve de cette doctrine, on cite par exemple la parabole de Lazare et du mauvais riche dans Luc 16 (19-31), en particulier les versets où Abraham dit au riche dans les tourments de l’enfer : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare pareillement ses maux ; maintenant donc il trouve ici consolation, et toi, tu es à la torture. Ce n’est pas tout : entre vous et nous a été fixé un grand abîme, pour que ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le puissent, et qu’on ne traverse pas non plus de là-bas chez nous (Lc 16,25-26). On cite aussi le verset de l’Épître aux Hébreux : Et comme les hommes ne meurent qu’une seule fois, après quoi il y a un jugement (He 9,27).
Pour la plupart des Protestants, seule l’Écriture sainte a une valeur en matière de foi, alors que l’Église orthodoxe reconnaît la Sainte Tradition comme source de la foi. Si la prière pour les défunts est fondée surtout dans la tradition de l’Église, tradition qui suit la pratique juive, elle n’est pas sans fondements bibliques. Le deuxième livre des Maccabées (livre deutérocanonique » non accepté par les Protestants), raconte que Judas, chef des Maccabées, avait ordonné des prières et des sacrifices pour les soldats juifs tués lors d’un combat :
Judas, ayant ensuite rallié son armée, se rendit à la ville d’Odollam et, le septième jour de la semaine survenant, ils se purifièrent selon la coutume et célébrèrent le sabbat en ce lieu. Le jour suivant, on vint trouver Judas, au temps où la nécessité s’en imposait pour relever les corps de ceux qui avaient succombé et les inhumer avec leurs proches dans le tombeau de leurs pères. Or ils trouvèrent sous la tunique de chacun des morts des objets consacrés aux idoles de Iamnia et que la Loi interdit aux Juifs. Il fut donc évident pour tous que cela avait été la cause de leur mort. Tous donc, ayant béni la conduite du Seigneur, juge équitable qui rend manifestes les choses cachées, se mirent en prière pour demander que le péché commis fût entièrement pardonné, puis le valeureux Judas exhorta la troupe à se garder pure de tout péché, ayant sous les yeux ce qui était arrivé à cause de la faute de ceux qui étaient tombés. Puis, ayant fait une collecte d’environ 2.000 drachmes, il l’envoya à Jérusalem afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché, agissant fort bien et noblement d’après le concept de la résurrection. Car, s’il n’avait pas espéré que les soldats tombés dussent ressusciter, il était superflu et sot de prier pour les morts, et s’il envisageait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui s’endorment dans la piété, c’était là une pensée sainte et pieuse. Voilà pourquoi il fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché (2 Maccabées 12, 38-46).
Ce passage exprime, pour la première fois dans les écrits juifs, la conviction que la prière et le sacrifice expiatoire des vivants sont efficaces pour la rémission des péchés des défunts, tout en affirmant la certitude de la résurrection.
Un autre passage dans ce même livre parle de la prière d’intercession des saints défunts, en l’occurrence l’ancien grand prêtre Onias et le prophète Jérémie, pour les vivants :
Ayant armé chacun d’eux moins de la sécurité que donnent les boucliers et les lances que de l’assurance fondée sur les bonnes paroles, il [Judas Maccabée] leur raconta un songe digne de foi, une sorte de vision, qui les réjouit tous. Voici le spectacle qui lui avait été offert : l’ex-grand prêtre Onias, cet homme de bien, d’un abord modeste et de mœurs douces, distingué dans son langage et adonné dès l’enfance à toutes les pratiques de la vertu, Onias étendait les mains et priait pour toute la communauté des Juifs. Ensuite avait apparu à Judas, de la même manière, un homme remarquable par ses cheveux blancs et par sa dignité, revêtu d’une prodigieuse et souveraine majesté. Prenant la parole, Onias disait : » Celui-ci est l’ami de ses frères, qui prie beaucoup pour le peuple et pour la ville sainte tout entière, Jérémie, le prophète de Dieu. » Puis Jérémie, avançant la main droite, donnait à Judas une épée d’or et prononçait ces paroles en la lui remettant : » Prends ce glaive saint, il est un don de Dieu, avec lui tu briseras les ennemis. » (2 Maccabées 15:11-16)
Aussi, le verset de l’Épître aux Hébreux 9, 27, déjà cité (Et comme les hommes ne meurent qu’une seule fois, après quoi il y a un jugement) ne peut pas être compris indépendamment du verset suivant, qui se lit : Le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés d’un grand nombre, apparaîtra une seconde fois, – hors du péché, – à ceux qui l’attendent pour leur donner le salut (He 9,28). Ceux qui attendent le Christ sont non seulement les vivants, mais aussi les morts, dont le destin éternel ne serait fixé définitivement qu’au deuxième avènement du Christ, ou le Jugement dernier. L’Église orthodoxe emploie cette réflexion pour prier pour le repos de ceux qui sont endormis, jusqu’à l’avènement du Christ.
La prière pour les défunts est à la notion d’une » purification » nécessaire des âmes des défunts après le premier » jugement particulier » et le retour du Christ à la fin des temps et le jugement dernier. Dans la tradition de l’Église romaine cette idée de purification a mené à la doctrine du » purgatoire « , un lieu où séjournent les âmes de ceux qui ne sont pas suffisamment purs pour être admis immédiatement à la béatitude des saints et des anges devant la présence divine, et où les âmes subissent un châtiment par lequel elles sont purifiées ou » purgées « , par le » feu « , de leur péchés mineurs ou les péchés non suffisamment repentis pendant leur vie. L’Église orthodoxe n’accepte pas l’idée du purgatoire ou d’une purification par le feu, tout en reconnaissant la nécessité d’une purification après la mort. Sans préciser d’avantage, l’Église orthodoxe enseigne que les prières des vivants pour les défunts contribuent à leur bien-être : Dieu agit selon son bon vouloir, en réponse à les prières des fidèles.
Dans son article » De la mort et de la résurrection « , Mgr Kallistos Ware aborde le refus de certains groupes chrétiens de prier pour les défunts. Il affirme dans cet article que le fondement de la prière pour les défunts est l’amour :
La base, c’est notre solidarité dans l’amour mutuel. Nous prions pour les morts parce que nous les aimons. L’archevêque anglican William Temple appelle de telles prières » le ministère de l’amour « ; et il affirme dans des mots que tout chrétien orthodoxe serait heureux de faire siens : » Nous ne prions pas pour eux parce que Dieu les négligera si nous ne le faisons pas. Nous prions pour eux parce que nous savons qu’il les aime et en prend soin, et nous demandons le privilège d’unir notre amour pour eux à celui de Dieu. » Et comme le dit Pusey : » Le refus de prier pour les morts est une pensée si froide, si contraire à l’amour, que pour cette seule raison, elle doit être fausse. » À partir de là, aucune autre explication ou justification de la prière pour les défunts n’est nécessaire ou même possible. Une telle prière est simplement l’expression spontanée de notre amour les uns pour les autres. Ici, sur terre, nous prions pour les autres ; pourquoi ne pas continuer à prier pour eux après leur mort ? Ont-ils cessé d’exister, au point que nous devrions cesser d’intercéder pour eux ? Vivants ou morts, nous sommes tous membres de la même famille ; ainsi, vivants ou morts, nous intercédons les uns pour les autres. Dans le Christ ressuscité, il n’y a pas de séparation entre les morts et les vivants ; comme le dit le Père Macaire Gloukharev : » Nous sommes tous vivants en lui, et il n’y a pas de mort. » La mort physique ne peut défaire les liens de l’amour et de la prière mutuels qui nous unissent tous dans un seul et même Corps. […] Quand nous prions pour les défunts, il nous suffit de savoir que leur amour de Dieu continue de grandir et qu’ils ont ainsi besoin de notre soutien. Laissons le reste à Dieu.
Affirmer que la prière pour les défunts est inutile parce que leur sort est fixé au moment de leur décès non seulement porte atteinte à l’amour, le fondement de vie chrétienne, et aux enseignements concernant le jugement dernier, c’est aussi en quelque sorte vouloir imposer à Dieu la notion du temps tel que nous le connaissons en cette vie. Si, par amour et le souci de procurer aux autres un bien éternel, nous prions pour eux, pourquoi Dieu ferait-il une distinction entre les prières et les bonnes œuvres offertes du vivant de ceux pour qui nous prions et celles offertes après leur passage dans l’autre monde ? Les actions que nous entreprenons pour les défunts peuvent être plus pures que celles pour les vivants, car des vivants nous pouvons toujours couver l’espoir de recevoir quelque chose en retour, ce qui n’est pas le cas des défunts, sauf leur propre intercession pour nous. Nous ne savons pas, et peut-être ne le saurons-nous jamais, les effets de nos prières, mais si nous croyons vraiment à la miséricorde et l’amour de Dieu envers les hommes, nous aurons confiance qu’aucune de nos bonnes œuvres ne reste sans fruit.
Dans nos offices pour les défunts, nous prions en particulier pour qu’il soit accordé aux défunts » le repos, l’apaisement, la béatitude « , » pour que leur soient remises toutes leur fautes, volontaires et involontaires « , » pour qu’ils se tiennent, sans encourir de condamnation, devant le redoutable trône du Roi de gloire « , pour que Dieu accorde à leurs âmes » le repos dans le séjour de la lumière, de la fraîcheur et de la paix, en un lieu d’où sont absents la peine, la tristesse et les gémissements » (Office de la Pannychide).
Les principaux offices de l’Église orthodoxe pour les défunts sont les funérailles et un office de prières pour les défunts appelé la » Pannychide « . Les différentes formes des funérailles, selon qu’il s’agit d’un laïc, d’un enfant, d’un prêtre ou d’un moine ou d’une moniale, se trouvent dans le Grand Euchologe et Arkhiératikon (P. Denis Guillaume, Diaconie Apostolique, 1992). Le texte de la Pannychide est présenté séparément et nous renvoyons nos lecteurs à la page en question, avec son introduction qui situe l’office de la Pannychide, avec ses différentes formes, dans le cadre liturgique de l’Église orthodoxe.
Nous proposons trois documents sur le thème de la prière pour les défunts :
Des extraits du livre de saint Jean de Cronstadt (1829-1908), Ma Vie en Christ, portant sur la comménoration des défunts, où, entre autre, il mentionne les moments de l’année liturgique où l’Église commémore spécialement les défunts.
Un article de l’Archevêque Antoine de Genève (+ 1993) sur » Les prières de l’Église pour les défunts « .
Un » Acathiste pour un défunt « . D’origine russe, et d’un esprit différent de l’acathiste présenté à la fin de l’Office de la Pannychide, le texte a été modifié pour en faire une prière adressée à Dieu, plutôt qu’exclusivement à Jésus, comme le proposait le texte original.
Un regard de Saint Paul sur la Vierge Marie ; l’homme, la femme, le Christ, l’Eglise.
29 octobre, 2009du site:
http://notredamedulaus.over-blog.com/article-30536683.html
Un regard de Saint Paul sur la Vierge Marie ; l’homme, la femme, le Christ, l’Eglise.
Enseignement de la Semaine Sainte à Notre Dame du Laus
Un regard de Saint Paul sur la Vierge Marie,
l’homme, la femme, le Christ l’Eglise.
Pour aborder ce sujet délicat, aujourd’hui encore, sans doute depuis toujours, je vais vous proposer de nous enrichir de la manière dont l’apôtre Paul rapproche l’Eglise de la Vierge Marie. Pour réaliser ce parcours nous entrerons dans les textes du pape Jean-Paul II sur la femme dans l’Eglise (Redemptoris Mater : RM et Mulieris Dignitatem : MD), textes dans lesquels sont cités abondamment les lettres de Saint Paul. Puis, nous lirons les tout premiers chapitres de la Genèse évoquant la place de l’homme et de la femme. En final, nous pourrons retrouver l’expérience propre de Benoîte Rencurel au Laus.
1- Deux lettres du pape Jean-Paul II.
Le pape Jean-Paul II a écrit de très beaux textes sur le rôle de la femme dans l’Eglise dans la société et dans l’Eglise. Nous les retrouvons commentés dans la revue de l’Académie d’Education et d’Etudes Sociales portant sur la différence homme / femme (Annales 2006 – 2007). Une théologienne, Marie Hendrickx, cherche à montrer comment l’encyclique Redemptoris Mater de 1987 et la lettre apostolique Mulieris Dignitatem de 1988 donnent une place première à la femme dans la société et montrent sa vocation au sein de la famille.1 Depuis la famille comme cellule de base de toute société humaine, le Pape aborde alors la vocation même de la femme au sein de l’Eglise.
Pour le Pape Jean-Paul II, à la suite de l’apôtre Paul, la figure de Marie exprime parfaitement la vocation de la femme. Dans l’épitre aux Galates, Saint Paul écrit : « Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la loi et de nous conférer l’adoption filiale. »(Gal 4, 4) Le Pape relie la présence de la Vierge Marie au mystère même, bien sûr, de la naissance du Christ et aussi au mystère non moins important du Salut de tous les hommes. De même, il donnera à Marie un rôle de médiation maternelle puisque c’est par elle que prend naissance auprès des hommes, leur rédempteur. En somme, par la Vierge Marie, se réalise pour l’homme, pour tout homme une nouvelle naissance. Marie, nouvelle Eve, devient alors la mère des vivants, ce qui est déjà la signification du nom d’Eve? Mais ces vivants que nous sommes reçoivent par Marie, la promesse de la vie éternelle. Nous en reparlerons.
Le Pape Jean-Paul II ira plus loin encore dans sa lettre apostolique, Mulieris dignitatem. Dans cette courte lettre qui veut vraiment éclairer les croyants sur la vocation de la femme, le Pape cherche à présenter « celle qui reçoit l’amour pour aimer à son tour ». Il ne s’agit pas de croire que la femme ne ferait que de subir la domination de l’amour du mâle en vue de transmettre cet amour à ses seuls enfants et de n’en rien garder pour elle-même. Au contraire, le pape permet de découvrir comment la femme est « celle en qui l’ordre de l’amour dans le monde créé des personnes trouve le lieu de son premier enracinement ».2 La dimension de l’amour appartient en effet, à la vie intime de Dieu lui-même, à la vie trinitaire, explique Jean-Paul II. C’est donc la perfection de cet amour qui s’ échange sans fin entre le Père, le Fils et l’Esprit-Saint qui est confié à la femme pour qu’à partir d’elle naissent enfin les fils tant désirés par Dieu.
Cette affirmation prophétique et magnifique provient de la manière dont le pape lit chez l’apôtre Paul, cette remarque très surprenante pour un lecteur du XXIème siècle : « Les chrétiens doivent être soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ » (Eph. 5, 21). Et aussi un peu plus loin : « Les maris doivent aimer leur femme comme le Christ a aimé l’Eglise, pour laquelle il s’est livré. » (v. 25) Dans cette réciprocité des liens entre le Christ et l’Eglise, l’époux est celui qui aime, l’épouse est aimée pour aimer à son tour. Et c’est à partir du modèle que représente le lien invisible qui unit le Christ à l’Eglise que St Paul compare l’homme au Christ et la femme à l’Eglise. Les membres de l’Eglise du Christ sont ainsi appelés à témoigner de l’amour qu’ils reçoivent sans cesse du Christ. L’amour du Christ concerne en fait tous les hommes. Ce sont donc tous les hommes qui sont invités à bénéficier de l’amour que le Christ réserve à l’Eglise.
Cela va bien sûr très loin. Poursuivant la comparaison que fait Saint Paul entre la vie du couple et les liens entre le Christ et l’Eglise, le Pape peut avancer que pour lui, la femme peut s’attendre à recevoir de son mari un amour tel que cela doit lui permettre de le redonner à un autre puis à d’autres… De fait, dans le couple, l’amour reçu par la femme ouvre sur la venue des enfants du couple. Aussi, à partir de là, le pape va plus loin et explique alors que la perspective visée par saint Paul est plus universelle que la situation concrète d’un couple humain. En toute personne humaine, les liens avec les autres touchent une part de féminin en elle, une part de masculin en elle. A partir des affirmations de l’apôtre, Jean Paul II perçoit que la femme n’a pas la même position que l’homme dans les rencontres qui la relient aux autres, « du fait même de sa féminité », dit-il. En lisant plus largement toute la Bible, les couples bibliques que nous rencontrons dans les livres de l’Ancien testament mettent moins en scène deux êtres différents que les deux aspects de masculin et de féminin en toute personne humaine. Afin d’illustrer cela dans sa lettre, le Pape étend son étude sur le témoignage de quelques couples bibliques, notamment Adam et Eve puis l’époux et l’épouse, le Christ et l’Eglise et enfin Dieu et l’humanité.
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2- Adam et Eve
Dans le chapitre 3 de l’encyclique Mulieris dignitatem, Jean Paul II sonde le récit du Livre de la genèse. Mais essayons de lire aussi la proposition d’une femme bibliste, Marie Balmary, pour comprendre la place de l’homme et de la femme dans le processus de la Création. Marie Balmary nous fait entrer dans le mystère de la présence de l’homme et de la femme et de leur lien avec Dieu. Le Pape, lui, nous parle de la place d’Eve auprès d’Adam, disant que la présence de la femme auprès du premier homme lui permet de découvrir non seulement qu’il existe mais qu’il existe pour autrui. L’homme et la femme se donneront l’un à l’autre et se recevront l’un de l’autre. C’est ainsi qu’ils seront à l’image de Dieu, développe Jean Paul II. Parce qu’ils sont communion de l’un à l’autre dans l’amour. Rappelons le propos du Pape : « Conformément au dessein éternel de Dieu, la femme, avons-nous dit, est celle en qui l’ordre de l’amour dans le monde créé des personnes trouve le lieu de son premier enracinement, l’ordre de l’amour appartient à la vie de Dieu lui-même, à la vie trinitaire. »
Or, la vie trinitaire, l’amour entre le Père et le fils et avec l’Esprit Saint ne demeure pas enfermé entre les trois personnes de la Trinité. De même pour l’amour qui est échangé entre les deux personnes du couple, l’amour au sein de la vie trinitaire est fécond : « Dieu dit : ‘que la lumière soit et la lumière fut’… » A partir de là, le pape pourra développer comment la femme de Nazareth exprime « la vérité sur la maternité et aussi sur la virginité comme deux vocations de la femme à la lumière de la révélation divine. » (MD, 7)
3- Quelques mots sur l’homme et la femme.
Revenons sur la phrase de Saint Paul : Les maris doivent aimer leur femme comme le Christ a aimé l’Eglise, pour laquelle il s’est livré. » Essayons de comprendre pourquoi l’apôtre s’appuie sur la différence homme/femme pour parler du Christ et de l’Eglise. Pour cela retrouvons le récit de la genèse et notamment les passages suivants : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gen 1, 27). Et plus loin, dans le chapitre 2, nous lisons : « Dieu dit : ‘Ce n’est pas bon que l’homme soit seul, je ferai une aide contre lui. » 4 (Gn 2, 18)
Pour cette étude, je m’appuie sur une communication de Marie Balmary sur ce sujet 2
A – Dieu et l’homme
« Yahvé ordonne à Adam pour dire : « De tout arbre du jardin, tu mangeras, tu mangeras, mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas, oui, du jour où tu en mangeras, tu mourras, tu mourras. » (Gen 2, 16-17) 5
L’interdit posé par Dieu dans ce texte n’a rien d’un interdit social. Dieu demande qu’on ait confiance en la portée de l’interdit qu’il énonce. Si l’on pose comme postulat que Dieu est tout autre que tout ce qui est créé, le Grand Autre parce qu’il est à l’origine de tout mais séparé, différent de toute chose créée, nous pouvons comprendre qu’il porte en lui la Vérité sur tout être. Il énonce une loi en vue de protéger l’homme d’une menace pour lui. Mais quelle est cette menace ? Cette menace est exprimée ici à partir de la possibilité de manger de tous les arbres du jardin. Et, en mangeant de tous les arbres du jardin, l’homme pourrait manger aussi l’arbre de la connaissance du bien et du mal. C’est bien autour du fait de manger que proviendrait la chute conduisant l’homme vers sa mort. Marie Balmary éclaire ce point à partir de cette image de la nourriture que nous consommons : « Manger, c’est dé- différencier. Ce que je mange devient moi et disparaît en moi » 6 En mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, je le fais advenir moi-même. Il y a là un problème. C’est de là qu’il faut partir pour comprendre l’interdit posé par Dieu. « Car, explique Marie Balmary, ne pas se manger, entre humains, c’est se connaître bien, c’est se garder et cultiver l’écart, la séparation qui permet de s’écouter, de se parler, sans se confondre. » (Idem) Vis-à-vis de Dieu, il s’agit alors de savoir maintenir la séparation qu’il a installé pour qu’il soit Lui et l’homme un autre. En enfreignant cet interdit, l’homme prendrait le risque de s’engager sur une voie de toute puissance car il croirait connaître parfaitement Dieu en l’assimilant à lui. L’homme mourrait puisqu’il serait seul, ayant assimilé tout ce qui lui est différent. Sa vérité d’être ne s’appuierait pas sur une autre vérité, celle de Dieu, celle de tout autre que lui, mais sur sa seule imagination. Par cet interdit, Dieu offre à l’homme le moyen de se connaître lui-même par le regard que Dieu et tout autre que lui, portent sur lui et son avenir.
La racine du péché est là. Elle est dans la place que nous accordons à l’autre. Or il est nécessaire de donner une place première à l’autre pour faire alliance avec lui et non pas le manger ou le faire disparaître en soi. C’est en reconnaissant la différence contenue en l’autre et donc une complémentarité avec l’autre qui permet de réaliser une œuvre commune. Le serpent est l’instance qui fait refuser d’accepter Dieu pour tout autre que soi. Il fait figure de celui qui empêche l’accomplissement de toute l’œuvre de Dieu et donc de toute la création.
Parlons alors du lien entre l’homme et la femme.
B – L’homme et la femme.
« Dieu dit : ‘Il n’est pas bon pour le glébeux (Adam) d’être seul ! Je ferai pour lui une aide contre lui’. » 6 (Gn 2, 18) Il s’agit là d’un passage important de la Bible. Car de la condition de mâle et de femelle qui se trouvait être celle des humains parmi l’ensemble des espèces de la Création, il apparaît là, soudainement l’homme et la femme. Comment est exprimé le déplacement mâle-femelle vers la présence de l’homme et de la femme ?
Cela a commencé juste après l’interdit dont nous venons de parler. Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, faisons-lui une aide ». (Gn 2,7) Littéralement, il faut lire : Dieu fait une aide contre Adam. A cet homme mâle, issu de la glaise du sol, Dieu va se mettre à chercher qui pourrait se placer « contre lui », c’est-à-dire en vis-à-vis différencié et immangeable, suivant ce qui est interdit plus haut. Dans ce sens, les animaux ne conviennent pas. Alors il plonge le glébeux, Adam, dans un sommeil. Suivant les psychanalystes, c’est précisément dans le sommeil que, « tout homme qui dort va chercher son désir dans le rêve. » 7 Aussi, explique Marie Balmary, justement, l’Adam s’est endormi à la recherche de l’autre, à la recherche d’un autre pour qu’il puisse parler avec lui – et non pas seulement « parler à », ce qu’il a fait pour les animaux juste auparavant, en les nommant.’- Ainsi, Adam se met à parler vraiment avec une autre, c’est-à-dire celle, qui restera pour toujours différente de lui, non-mangeable. Il va recevoir de Dieu un être qui ne vient pas de la terre mais qui vient de lui, de son désir le plus profond (la côte, la chair de sa chair), d’avoir auprès de lui quelqu’un avec qui il puisse parler en vérité. « L’homme et la femme adviennent donc ensemble et l’un par l’autre », dit encore Marie Balmary. Dieu ne fait que les présenter l’un à l’autre comme lors du mariage où un témoin de Dieu prend les deux mains du couple et les unit leur proposant de se déclarer leur choix l’un de l’autre.
4 – Dieu et l’homme.
La manière dont Dieu cherche à maintenir une séparation toute nécessaire entre lui et Adam est aussi la manière dont l’homme et la femme auront à maintenir une différenciation, une distinction nécessaire entre eux en vue de vivre ensemble une alliance. L’homme mâle et l’homme femelle deviennent mari et épouse en se parlant, en échangeant une parole. Cette alliance fragile, toujours remise en question entre l’homme et la femme n’est pas non plus une coalition en vue de dominer sur l’œuvre de Dieu, suivant ce qu’illustre le récit de la Tour de Babel. Entre l’homme et la femme le projet rejoint le désir même de Dieu de permettre à l’homme de participer pleinement à sa vie trinitaire, à son œuvre d’amour. C’est ainsi que Saint Paul comprendra le lien entre le Christ et l’Eglise.
« Quand vint la plénitude des temps, ‘Dieu envoya son Fils, né d’une femme’ » (Gal 4, 4). Le Pape Jean-Paul II fait de cette phrase de Saint Paul le sommet de sa lettre sur « La dignité de la femme ». En effet, lorsque Saint Paul parle de la « plénitude des temps », il insiste sur ce moment où Dieu décide de réaliser son projet. Et cette réalisation ultime passe par une femme d’une part, par le Fils de Dieu d’autre part. Jean-Paul II écrit : « L’événement de Nazareth met en relief une forme d’union à Dieu qui ne peut pas appartenir qu’à la femme » (MD 4). L’union à Dieu est une initiative de Dieu et une réponse entière de la vierge de Nazareth. De cette union entre Dieu et la femme il naît le fils même de Dieu, rendant ainsi la vierge de Nazareth mère de Dieu, puisque le fils de Dieu ne peut être autre que Dieu, même s’il est aussi pleinement homme par Marie. C’est donc le Christ qui sera le lien entre Dieu et la femme, qui unira finalement tous les hommes avec Dieu. Or, le Christ est Parole de Dieu. De même qu’entre Adam et Eve, la parole échangée leur permit d’unir leur vie sans manger l’autre. De même, c’est par le Christ que les hommes et Dieu sont réunis sans que l’homme puisse aller jusqu’au projet de se substituer à Dieu. C’est ainsi, par le don de la parole, le don du Christ entre les hommes que ceux-ci peuvent s’accomplir pleinement non plus mâle et femelle mais comme homme et femme à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dieu parle à l’homme par son fils. L’homme parle à Dieu par Jésus-Christ, fils de Dieu. C’est-à-dire que par le verbe qui devient chair, l’homme est uni à Dieu, définitivement. L’homme est Dieu mais Dieu reste Lui-même et l’homme reste lui-même. « Ceux à qui la Parole de Dieu s’adressait, la Loi les appelle des dieux ; et l’Ecriture ne peut être abolie » dit Jésus (Jn 10, 34-35)
5- Le Christ et l’Eglise.
Il y a donc « mariage », dit le Pape entre Dieu et Marie et, à travers Marie en tant que femme, il y a mariage entre Dieu et l’homme, c’est-à-dire avec tous les hommes. De cette union entre Dieu et Marie, il naît le Christ-Jésus. La tâche de Jésus a été, nous le savons, de réaliser l’œuvre de son Père qui est de racheter tous les hommes. (Jn 10, 37) Or, c’est aujourd’hui l’Eglise par les successeurs des apôtres et la vie des sacrements qui continue l’œuvre de Dieu en rassemblant tous les hommes en vue de les unir à Dieu. Nous sommes donc, hommes et femmes, appelés à nous rassembler, à faire Eglise, en vue de témoigner de l’union de tous en Christ. S’inspirant du livre de l’apocalypse qui montre une femme située entre le ciel et la terre dont l’enfant qui vient de lui naître est menacé par un dragon, Pierre Claverie, qui deviendra évêque d’Alger puis assassiné en 199?, écrivait ceci en 1988, à partir de l’encyclique de Jean-Paul II : « L’enfant – ainsi menacé d’être englouti par le dragon – est en même temps Jésus et l’Eglise. Nous sommes toujours à la limite entre Marie et l’Eglise : cette vision évoque en même temps Marie qui accouche de cet homme nouveau, et cet homme nouveau, l’Eglise, toujours en danger d’être à nouveau avalé par la mort, par le mal. » 8 De quel homme nouveau parle Pierre Claverie ? Il s’agit de l’homme nouveau dont nous parle Saint Paul et qui est la distinction entre l’Eglise et le monde : » Je vous dis donc et vous adjure dans le Seigneur de ne plus vous conduire comme le font les païens, avec leur vain jugement et leurs pensées enténébrées : ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qu’a entraînée chez eux l’endurcissement du cœur, et, leur sens moral une fois émoussé, ils se sont livrés à la débauche au point de perpétrer avec frénésie toute sorte d’impureté.
Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins vous l’avez reçu dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, à savoir qu’il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement et revêtir l’Homme nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité. » (Ephésiens 4, 17-24) Cet homme nouveau est sans cesse menacé d’être mangé par le dragon, menacé d’être assimilé par le mal et disparaître dans le mal. Parlons-en encore.
6- L’homme ancien et l’homme nouveau.
La vierge Marie, en répondant parfaitement à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 2, 38) manifeste parfaitement ce que tout homme peut vivre en lui : l’union parfaite avec Dieu. Mais, de même que l’Eglise n’est pas le monde et que le monde n’est pas l’Eglise, il y a en l’homme une vie en Christ, totalement unie à Dieu et une part qui demeure attachée au monde. Cette séparation est un combat intérieur en tout homme. Et ce combat au cœur de la vie de chacun est la raison de la venue du Christ. Le Christ est venue pour permettre non pas le rejet du monde par l’Eglise, non pas le rejet de la part humaine par la dimension divine en chacun mais il est venue pour que le monde tout entier, l’homme tout entier bénéficie du salut. Pierre Claverie cite là un mystique musulman, Rûmi, qui parle ainsi de ce mystère : « De même que l’Esprit saint insufflé en Marie, lui a fait concevoir l’enfant divin, lorsque la parole de Dieu pénètre dans le cœur de quelqu’un et que l’inspiration divine emplit son cœur et son âme, sa nature est telle qu’alors est produit en lui un enfant spirituel ayant le souffle de Jésus qui ressuscite les morts. L’appel de Dieu, qu’il soit voilé ou non, octroie à l’homme ce qu’il a octroyé à Marie. Ô vous qui êtes corrompus par la mort à l’intérieur de votre corps, revenez de la non-existence à la voix de l’Ami. En vérité, cette voix vient de Dieu. » (o.c. p. 207). Là aussi, l’homme peut demeurer lui-même par la voix qui lui vient du Père.
7- l’homme et la femme, l’époux et l’épouse.
Nous savons maintenant par l’apôtre Paul que le Christ est l’époux et l’Eglise est l’épouse. Mais nous naissons tous homme ou femme. Nous pourrions demeurer ainsi, dans ce statut de mâle et de femelle à la recherche de notre nourriture en vue d’engendrer la génération suivante. Il n’y a en cela ni mal, ni bien. Toute la nature est organisée ainsi, suivant un ordre naturel. Mais, l’Ecriture biblique dévoile le mystère de ce qui distingue l’homme et la femme du reste de la création, une alliance avec le divin, une invitation à accéder à l’éternité : « C’est pour que nous devenions libres que le Christ nous a libérés », rappelle encore Saint Paul (Gal 5,1) qui écrivait juste avant : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi en Christ Jésus » (4, 26). N’est-ce pas lorsque l’homme et la femme comprirent les conséquences de leur compromission avec le serpent qu’ils éprouvèrent le besoin de se vêtir : « alors qu’ils étaient nus »(Cf. Gn 3, 6-7). Ils n’avaient pas jusque là le moyen de découvrir qui ils étaient l’un en vis-à-vis de l’autre. Pour ne pas mourir, c’est-à-dire pour ne pas être mangé ou assimilé, il est indispensable de mettre entre soi et tout autre la parole de Dieu, le Christ. Le Christ est le verbe de Dieu (Jn 1, 1-8). Il est cette parole issue de Dieu qui apporte vers l’homme la source jaillissante en vie éternelle : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive. » (Jn 4, 10) Là femme à qui Jésus s’adresse est la samaritaine. Dans ce dialogue autour d’un puits n’avons-nous pas l’illustration de tout notre mystère du lien entre l’homme et la femme mais aussi celui du lien entre le Christ et l’Eglise ?
Toute femme est appelée à vivre l’expérience de Marie de Nazareth. Elle représente l’humanité en temps qu’espèce humaine au milieu de toutes les autres espèces de la création. Mais c’est par une femme que naît Jésus, le fils de Dieu; c’est au sein de l’humanité que le fils de Dieu vient prendre chair. Ainsi, le récit de la Genèse place la femme en face de l’homme comme une aide pour que l’homme s’accomplisse parfaitement dans le projet que Dieu porte sur lui, celui d’être élevé comme fils de Dieu. C’est ce qui doit naître du dialogue et de la relation entre l’homme et la femme : l’enfant qui naît de ce lien, n’est donc pas destiné à prolonger l’espèce humaine mais, suivant ce que Saint Paul nous enseigne, l’enfant qui vient est appelé à advenir fils de Dieu.
8- L’enfant qui naît de l’homme et de la femme.
Comme l’homme se donne à la femme, le Christ se donne à l’humanité. De ce qui est échangé entre l’homme et la femme, naît l’enfant. De ce qui est échangé entre le Christ et l’humanité, il naît l’Eglise. Mais ce parallèle ne suffit pas pour comprendre comment l’homme devient fils de Dieu. Saint Paul dit ceci : » Ainsi donc, désormais nous ne connaissons personne selon la chair. Même si nous avons connu le Christ selon la chair, maintenant ce n’est plus ainsi que nous le connaissons. Si donc quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. Et le tout vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec Lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’avait pas connu le péché, Il l’a fait « péché » pour nous, afin qu’en lui nous devenions justice de Dieu. » (2 Cor 5, 16-21). Mais le Livre de l’Apocalypse décrit la menace qui survient contre ce fils de Dieu par le dragon et la bête. L’invitation est là, la menace pèse encore.
9- Benoîte Rencurel : une aide donnée aux hommes et aux femmes de son temps.
Jean-Paul II conclut ainsi son encyclique : « La femme est celle qui est aimée pour aimer à son tour ». On comprend par là que le Pape a le souci de montrer à la suite de Saint Paul les liens entre le rapport homme-femme et ceux du Christ en tant qu’il est Dieu, avec l’Eglise.
C’est là toute l’expérience vécue par Benoîte Rencurel dans cette vallée alpine au 17ème siècle. En deux mots, Benoîte a reçue la visite d’une belle dame qui a commencé par lui sourire. Accompagnée d’un enfant de cinq ou six ans, cette belle dame resta silencieuse pendant deux mois durant lesquels la jeune paysanne âgée de 17 ans au début de ces apparitions mariales vint chaque jour recevoir la douceur du regard qu’elle rencontrait chaque jour. C’est ensuite que débuta pour cette jeune femme rustre une véritable éducation qui lui permit de découvrir en elle sa vie de fille totalement éprise de Dieu. C’est alors qu’elle s’est mise à servir les hommes et les femmes qui venaient à elle. Mais elle ne les servit pas simplement pour leur apporter la guérison physique qu’ils lui réclamaient le plus souvent. Elle vient à eux comme la femme du livre de la Genèse fut donnée à l’homme comme une aide pour que chacun et chacune advienne un enfant de Dieu. Pour réaliser cela, elle leur dévoilait les obscurités de leur cœur, leurs péchés, en somme, et elle leur recommandait d’aller voir un prêtre pour recevoir le sacrement du pardon. Les contemporains de Benoîte en étaient reconnaissants. Car en recevant le Christ, ils quittaient quelque chose dans leur vie d’homme ou de femme pour devenir des enfants de Dieu. De fait, Benoîte remplissait dans ce ministère, sa vocation de chrétienne. Elle donnait sa part à la construction de l’Eglise du Christ. Benoîte, sa sainteté, la rigueur extraordinaire de son ascèse nous introduit dans les trois jours saints qui précèdent la grande fête de Pâques. La sainteté se vérifie sûrement dans la dépossession des choses du monde pour découvrir ce qui demeure caché aux yeux et aux oreilles.
Père Bertrand Gournay
Conclusion:
En effet, les événements de ces trois jours saints dévoilent tout le mystère de l’homme et de son union avec Dieu. Par le jeudi Saint, nous allons entrer dans le mystère de l’Eucharistie. En donnant sa chair à manger, le Christ consent librement à se laisser assimiler par nous afin que nous allions jusqu’à Dieu et soyons divinisé. Par la souffrance de la Croix, le Christ prend sur lui, toute la charge de l’homme ancien et de l’humanité pas encore accomplie en fils de Dieu. Par le silence du samedi Saint, le Père du Ciel offre sa patience afin que l’homme ait le temps de se laisser réconcilier avec lui-même et retrouve sa vocation première. A l’approche de la victoire de la vie sur la mort, l’homme peut entendre résonner en lui ces mots d’une homélie des premiers siècles de l’Eglise : « C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave; c’est pour toi que moi qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre; c’est pour toi, l’homme que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin » 9
Notes :
1 : Cf. p. 99-111
2 : o.c. p. 103.
3 : In Homme et femme Il les créa p 12-23
4; 5; 6 : Trad. Chouraqui
7 : Marie Balmary, idem, p. 19
8 : P. Claverie, Marie, la vivante, sept jours de retraite avec Marie, cerf, 2008, p. 205-206
9 : homélie ancienne pour le samedi saint, Livre des jours, DDB, p. 326
bonne nuit
29 octobre, 2009This Month in Photo of the Day: Travel and Culture Photos
The Aurora Borealis as seen from the subarctic tundra nightscape. Wapusk National Park, Manitoba, Canada.
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Photograph by Kurt Baumgartner
http://photography.nationalgeographic.com/photography/photos/best-pod-june-09/snoqualmie-falls.html
Prière de guérison: Tu te tiens à la porte et tu frappes
29 octobre, 2009du site:
http://users.skynet.be/prier/textes/PR1104.HTM
Prière de guérison
Auteur : Père Carlos
Tu te tiens à la porte et tu frappes
Montre-moi pourquoi ma porte est fermée :
la porte de ma maison mais avant tout celle de mon coeur.
Montre-moi quelle portes de ma maison sont encore fermées; dans quelles pièces je ne t’accueille pas encore :
la chambre de ma vie affective, de mes loisirs,
de mes finances … où je veux tout régler sans toi.
Oui Seigneur
que ton Esprit me conduise à la vérité tout entière;
Seigneur Jésus, montre-moi aussi à quel moment
et pourquoi je n’entends pas ta voix
qui me demande de pouvoir entrer;
guéris mes oreilles
pour que je puisse entendre ta demande
dans beaucoup de circonstances très humaines.
Libère-moi de tout repli sur moi-même.
Aide-moi à vivre le moment présent
et à être attentif à ta voix
qui est souvent très douce, très calme
Seigneur Jésus donne-moi le courage
de t’ouvrir la porte et de t’inviter au repas,
d’être assis tout près de toi, sans peur
Enlève de mon coeur l’angoisse
et la méfiance envers toi
Remplis ma maison de ta présence.
Toi seul tu connais toutes les blessures du passé,
de mon passé
Toi seul tu connais le mal que j’ai fait
et le mal que j’ai subi
et dont je sens encore les conséquences.
En plus, tu connais mes limites,
mes erreurs et mes péchés
ainsi que tous les traumatismes
dès ma première enfance
Je te présente tout cela Seigneur,
avec une grande confiance
Seigneur Jésus je te demande avec insistance
que ton Esprit puisse toucher
et même remplir mon coeur
afin que la chaleur de ton amour le guérisse
et pénètre jusqu’au plus profond de mon être.
Seigneur Jésus après ta résurrection
tu es rentré dans la maison
où tes disciples s’étaient réunis par crainte
tandis que les portes étaient verrouillées;
tu es venu au milieu d’eux et tu leur as dit
» la paix soit avec vous »
Je me sens souvent impuissant
pour ouvrir la porte, j’ai peur
mais alors viens au milieu de mon coeur quand même
donne cette paix à chacun d’entre nous
remplis nos coeurs de ton amour qui bannit la crainte
et donne à chacun de nous un coeur nouveau
Que les fruits de ton esprit
deviennent visibles dans notre vie :
amour, joie et paix.
Seigneur Jésus
nous te rendons grâce pour ta visite
nous te louons pour ta patience
et pour tout ce que tu fais dans nos vies
Nous demandons simplement
augmente chaque jour la foi et l’amour de tes disciples
Gloire à toi qui nous libères et qui nous guéris.
prière de guérison lue et priée par le père Carlos à une session de Beauraing
reçu par e-mail de Belgique
Saint Jérôme: « La Jérusalem d’en haut est libre, et elle est notre mère » (Ga 4,26)
29 octobre, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20091029
Le jeudi de la 30e semaine du temps ordinaire (de la férie) : Lc 13,31-35
Commentaire du jour
Saint Jérôme (347-420), prêtre, traducteur de la Bible, docteur de l’Église
Lettre 58, 2-4 ; PL 22, 580-582 (trad. Orval)
« La Jérusalem d’en haut est libre, et elle est notre mère » (Ga 4,26)
Ce dont on doit se féliciter, ce n’est pas d’avoir été à Jérusalem, mais d’y avoir bien vécu. La cité qu’il faut chercher, ce n’est pas celle qui a tué les prophètes et versé le sang du Christ, mais celle qu’un fleuve impétueux met en liesse, celle qui, bâtie sur une montagne, ne peut pas être cachée, celle que l’apôtre Paul proclame la mère des saints et en laquelle il se réjouit de résider avec les justes (Ps 45,5; Mt 5,14; Ga 4,26)… Je n’oserais pas limiter la toute-puissance de Dieu à une contrée ou confiner dans un petit coin de terre celui que le ciel ne peut contenir. Chaque croyant est apprécié au mérite de sa foi et non au lieu qu’il habite ; et les vrais adorateurs n’ont pas besoin de Jérusalem ou du mont Garizim pour adorer le Père, car « Dieu est esprit » et ses adorateurs doivent « l’adorer en esprit et en vérité » (Jn 4,21-23). Or « l’Esprit souffle où il veut » (Jn 3,8) et « la terre est au Seigneur, ainsi que tout ce qu’elle contient » (Ps 23,1)…
Les lieux saints de la croix et de la résurrection ne sont utiles qu’à ceux qui portent leur croix, ressuscitent avec le Christ chaque jour et se montrent dignes d’habiter en de tels endroits. Quant à ceux qui disent : « Temple du Seigneur, Temple du Seigneur, Temple du Seigneur » (Jr 7,4), qu’ils écoutent cette parole de l’apôtre : « C’est vous qui êtes le temple de Dieu, si l’Esprit Saint habite en vous » (1Co 3,16)…
Ne crois donc pas qu’il manque quelque chose à ta foi si tu n’as pas vu Jérusalem et ne me crois pas meilleur parce que j’habite en ce lieu. Mais ici ou ailleurs tu recevras égale récompense selon tes oeuvres devant Dieu.
Psaume 130: « J’ai crié vers vous, Seigneur. Seigneur, exaucez ma prière. » v. 1. (commentaire de Jean Chrysostome)
28 octobre, 2009du site:
http://www.croixsens.net/sermons/psaume130.php
PSAUME 130
(commentaire de Jean Chrysostome)
« J’ai crié vers vous, Seigneur. Seigneur, exaucez ma prière. » v. 1.
1. Que signifie cette expression : « Des profondeurs ? » C’est-à-dire, ce n’est pas seulement de ma bouche, ce n’est pas seulement de ma langue que sortent mes paroles, tandis que mon âme est errante, mais c’est du plus intime de mon coeur, c’est avec toute l’ardeur, tout le zèle dont je suis capable, c’est des profondeurs mêmes de mon âme. Voilà ce que produit la tribulation dans une âme, elle ébranle le coeur jusque dans ses fondements, et lui inspire une prière pleine d’une vive componction qui est nécessairement exaucée. De telles prières ont une grande puissance, car elles ne peuvent être ni abattues ni agitées, quand même le démon déploierait toute sa violence pour les attaquer. Voyez un arbre vigoureux qui a poussé de profondes racines dans la terre, et qui en embrasse tous les replis, il résiste à toute l’impétuosité des vents. Si au contraire, il ne tient qu’à la surface du sol, le moindre vent qui vient à souffler, l’ébranle, le déracine et le jette à terre. Ainsi les prières qui partent du coeur et qui ont dans l’âme des racines profondes, demeurent fermes, inébranlables et ne fléchissent jamais malgré la multitude des pensées qui viennent les assaillir, malgré toutes les attaqués du démon. Celles au contraire qui ne sortent que de la bouche et des lèvres, et ne viennent point du fond du coeur, ne peuvent monter jusqu’à Dieu, affaiblies qu’elles sont par la tiédeur de celui qui prie de la sorte. En effet, le moindre bruit, la moindre agitation suffit pour le troubler, pour le détourner de sa prière. La bouche fait entendre des sons, mais le coeur est vide, et l’esprit est absent. Ce n’est point ainsi que priaient les saints, leur prière était si fervente qu’elle allait jusqu’à plier leur corps tout entier. C’est ainsi que le bienheureux prophète Élie cherche d’abord la solitude pour prier, puis ayant mis son visage entre ses genoux, le coeur embrasé d’une grande ferveur, il adressait sa prière à Dieu. (Ill Roi 18,43). Voulez-vous le voir maintenant prier debout ? Considérez-le s’étendant, s’élevant jusqu’au ciel, d’où il fait descendre le feu sur la terre. (Ibid., 36-38). De même encore, lorsqu’il voulut ressusciter le fils de la veuve, il s’étendit tout entier sur l’enfant pour le rendre à la vie. Il ne priait pas comme nous, avec ennui et dégoût, mais avec attention, mais avec ferveur. (III Roi 17,19,22). Mais pourquoi citer ici l’exemple d’Elie et des saints ? j’ai vu des femmes dont le mari était en voyage, ou l’enfant malade, adresser à Dieu leurs prières du fond du coeur, et verser des larmes si abondantes qu’elles obtenaient ce qu’elles demandaient. Or, si ces femmes prient avec tant de ferveur pour un mari absent, pour un enfant malade, ne sommes-nous pas impardonnables de rester froids et indifférents, lorsque notre âme est plongée dans la mort ?
Aussi, qu’arrive-t-il ? C’est que nos prières restent sans effet. Considérez comme Anne priait du fond du coeur, quels torrents de larmes elle versait, et comme sa prière la transportait hors d’elle-même. (I Roi 1,10-11). Celui qui prie de la sorte, avant même d’avoir obtenu ce qu’il demande, recueille les plus grands avantages de sa prière; il impose silence à toutes les passions de son âme, apaise la colère, bannit l’envie, éteint la convoitise, affaiblit l’amour des biens de cette vie, établit son coeur dans un calme parfait et s’élève même jusqu’au ciel. De même que la pluie rend plus souple la terre desséchée qu’elle arrose; de même encore que le feu amollit la dureté du fer, ainsi une prière fervente assouplit et attendrit un coeur plus énergiquement que le feu, plus profondément que la pluie. Notre âme est molle et flexible, mais semblable à l’Ister dont les eaux durcissent sous l’influence de la gelée; notre âme aussi, sous la triste influence du péché et de la tiédeur, s’endurcit à l’égal de la pierre. Nous avons donc besoin d’une grande chaleur pour amollir cette dureté. C’est ce que produit surtout la prière. Lors donc que vous voulez prier, ne vous proposez pas seulement d’obtenir ce que vous demandez, mais faites en sorte que la prière rende votre âme meilleure; car c’est là aussi un des effets de la prière. Celui qui la fait dans ces conditions, devient supérieur à toutes les choses de la vie, son âme prend des ailes, sa pensée s’élève, sans qu’aucune passion soit capable de l’arrêter.
« Des profondeurs de mon âme, j’ai crié vers Toi, Seigneur. » Remarquez, ici deux choses : le prophète a crié vers Dieu, et il a crié du fond de son âme. Ce cri n’est pas le son de la voix, mais la disposition du coeur. « Seigneur, exaucez ma prière. » Recevons aussi ces deux leçons : premièrement que notre prière, pour être exaucée de Dieu, exige nécessairement nos efforts personnels. Aussi c’est après avoir dit : « J’ai crié vers Toi du fond de mon âme, » qu’il ajoute : « Exaucez la voix de ma prière; » secondement, qu’une prière attentive et fervente, pleine des larmes de la componction, a sur Dieu une puissance toute particulière pour en obtenir ce qu’elle demande. En effet, il ajoute : « Seigneur, exaucez ma voix, » comme un homme qui vient d’accomplir une oeuvre extraordinaire, et qui a fait tout ce qui dépendait de lui. « Que tes oreilles soient attentives à ma voix suppliante. » (Ibid., 2). Le prophète se sert de l’expression figurée d’oreilles, pour exprimer le pouvoir que Dieu a de nous entendre; de même aussi, cette voix suppliante n’indique ni les efforts de l’esprit, ni le cris extérieur de la voix, mais la vive affection du coeur. « Si Tu tiens compte, Seigneur, nos iniquités, qui pourra, grand Dieu, subsister ? » (Ibid., 3). Le psalmiste détruit ici ce prétexte que plusieurs pourraient alléguer : Je ne suis qu’un pécheur, mes iniquités sont innombrables, je ne puis m’approcher de Dieu, Le prier, L’invoquer. « Seigneur, si Tu examine nos iniquités, répond-il, qui pourra, grand Dieu, subsister ? » Qui pourra ? C’est-à-dire, personne ne pourra; car si Dieu nous demande un compte sévère de ce que nous avons fait, il n’y a personne qui puisse jamais trouver grâce et miséricorde devant Lui.
2. Si je vous parle de la sorte, ce n’est point pour favoriser la tiédeur, mais pour consoler ceux qui tombent dans le désespoir. « Car qui peut se glorifier d’avoir an coeur pur, et qui peut dire avec confiance : je suis exempt de péchés ? » (Pro 20,9). Et pourquoi parler ici des autres hommes ? Prenons un saint Paul 1ui-même, et demandons-lui un compte exact de toute sa vie, il ne pourrait y résister. Il avait lu les prophètes, comme un observateur zélé de la loi de ses pères, il avait vu les prodiges qui s’accomplissaient sous ses yeux, et cependant il ne cessait de persécuter les chrétiens. Il ne s’arrêta dans cette voie qu’après cette vision merveilleuse dont Dieu le favorisa et cette voix terrible qu’il lui fit entendre. Jusque-là il continua de répandre partout le trouble et le désordre, et cependant Dieu oublie toute cette conduite coupable, Il l’appelle, et le juge digne de ses grâces les plus abondantes.
Que dirons-nous encore de Pierre le chef des apôtres ? Après les prodiges et les miracles sans nombre dont il avait été témoin, après tant d’enseignements et d’avertissements qu’il avait reçus, ne fut-il pas convaincu d’avoir fait une chute des plus graves ? Et Dieu daigna aussi oublier ce crime et il établit Pierre à la tête des autres apôtres. Voilà pourquoi Il lui parle en ces termes : « Simon, Simon, voilà que Satan a désiré vous passer au crible comme le froment. Et moi, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. » (Luc. 22,31-32). Et après ces prodiges de grâce, si Dieu venait juger les hommes sans indulgence et sans miséricorde et leur demander un compte sévère de leurs actions, Il trouverait tous les hommes coupables sans exemption. C’est ce qui faisait dire à saint Paul : « La conscience ne me reproche rien, mais je ne suis pas justifié pour cela. » « Si tu examine les iniquités, Seigneur, Seigneur. » Cette répétition n’est pas l’effet du hasard, c’est l’expression d’une âme frappée d’admiration et d’étonnement devant l’excès de la Miséricorde de Dieu, l’étendue de sa Grandeur, l’océan sans bornes de sa Bonté. « Qui pourra subsister ? » Il ne dit pas : Qui pourra échapper ? mais : « Qui pourra subsister ? » C’est-à-dire, qu’on ne pourra même soutenir la Présence de Dieu. « Auprès de Toi est le pardon. » (lbid., 4). Que signifient ces paroles : « Auprès de Toi est le pardon ? » Ce ne sera point au nom de nos mérites, mais en vertu de ta Bonté qu’il nous sera donné d’échapper au châtiment. Ta Miséricorde seule, peut nous faire éviter la justice. Si Tu nous la refuse, c’est en vain que nous comptons sur nos bonnes oeuvres pour nous soustraire à ta Colère.
3. C’est ce que Dieu nous enseigne lorsqu’Il nous dit par son prophète : « C’est Moi qui efface vos iniquités. » (Is 43,26). C’est mon oeuvre, l’oeuvre de ma Bouté, de ma Miséricorde. Vos mérites ne suffiraient jamais pour vous arracher au supplice, si Je n’usais à votre égard de miséricorde, et il ajoute : « C’est Moi qui vous soutient. » (Is 46). » A cause de ton Nom, je T’ai attendu, Seigneur. Mon âme s’est soutenue par ta parole. Mon âme a espéré au Seigneur. » (Ibid., 5). Une autre version porte : « A cause de ta loi. » Une autre : « Afin que ta parole soit connue. » Or, voici l’explication de ces paroles : C’est en ta Miséricorde, c’est en ton Nom, c’est en ta loi que j’espère, pour arriver au salut. Si je n’avais pour appui que mes lèvres, il y a longtemps que le désespoir aurait fait place à l’espérance. Mais je considère ta loi, je me rappelle ta parole, et l’espérance rentre dans mon coeur. Quelle est cette parole ? Une parole de miséricorde; n’est-ce pas lui qui a dit en effet : « Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes Pensées sont au-dessus de vos pensées, et mes Voies au-dessus de vos voies ? » (Is 55,9). Et dans un autre endroit : « Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sa Miséricorde s’affermit sur ceux qui Le craignent. » (Ps 102,11). Et encore : « Autant le couchant est éloigné de l’aurore, autant Il a éloigné de nous nos iniquités. » (Ibid., 12). C’est-à-dire, je n’ai pas sauvé seulement ceux dont les lèvres étaient irréprochables, mais J’ai aussi fait grâce aux pécheurs, et au milieu de tous vos crimes, J’ai fait éclater ma puissante Protection et ma Sollicitude paternelle. Un autre interprète a traduit : « C’est afin que tu te rends redoutable, que j’ai attendu le Seigneur. » A qui redoutable ? A mes ennemis, à ceux qui me tendent des pièges, et m’ont juré une haine mortelle. Que signifient encore ces paroles : « A cause de ton Nom ? » Je suis pécheur, il est vrai, et mon âme est pleine de misères innombrables; cependant, j’étais persuadé, que pour sauver ton Nom de la profanation, Tu ne nous laisseras point périr. C’est ce que bien Lui-même nous déclare dans Ézéchiel : « Ce n’est point pour vous que Je le fais, mais c’est pour mon Nom, afin qu’il ne soit point profané parmi les nations. » (Ez 26,22). C’est-à-dire, nous ne sommes pas dignes d’être sauvés, nos lèvres ne peuvent nous donner aucune espérance, mais c’est en ton Nom que nous mettons notre confiance, et c’est la seule espérance de salut qui nous est laissée. Une autre version porte : « A cause de la crainte, j’ai attendu le Seigneur. » Un autre : « A cause de la loi, mon âme a espéré en ta parole. » Suivant une autre version : « Mon âme a attendu sa parole. » Suivant une autre : « Mon âme a espéré, et j’ai attendu sa parole. » C’est-à-dire, ses promesses, ses déclarations réitérées de bonté et de miséricorde, ont été pour mon âme comme une ancre sacrée; et je n’ai point désespéré de mon salut,
« Que depuis la pointe du jour jusqu’à la nuit, Israël espère au Seigneur, » (Ibid., 6), c’est-à-dire, toute la vie qui est figurée par le jour et la nuit. En effet, le moyen le plus assuré pour arriver au salut, est d’avoir les yeux constamment fixés sur Dieu, et de rester attaché à cette espérance malgré tant de circonstances fâcheuses qui peuvent nous jeter dans le désespoir. Dieu est un rempart indestructible, une forteresse ineprenable, une tour inattaquable. Lors même donc que par suite des événements vous seriez menacé de la mort, d’un danger sérieux, d’une ruine complète, ne cessez point d’espérer en Dieu, et d’attendre de Lui votre salut. Tout Lui est aisé et facile, et Il saura bien vous ménager une issue au milieu des dangers les plus inextricables. Ce n’est donc point seulement au temps de la prospérité que vous devez attendre la Protection divine, mais surtout lorsque vous avez à lutter contre la fureur des flots et la violence de la tempête, et que vous êtes menacé des derniers dangers. C’est le moment que Dieu choisit de préférence pour faire éclater sa Puissance. Le prophète nous engage donc ici à espérer constamment en Dieu, dans tout le cours de notre vie.
« Car dans le Seigneur est la miséricorde et une abondante rédemption. » (Ibid., 7). « C’est Lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités. » Que signifient ces paroles : « Dans le Seigneur est la miséricorde ? » C’est-à-dire, il y a en Dieu un trésor, une source de miséricorde qui ne cessent de jaillir sur les hommes, Or, à la miséricorde se trouve jointe la rédemption, et non pas une rédemption ordinaire, mais une rédemption abondante, et un océan immense d’amour. Quand bien même nos péchés nous auraient gravement compromis, ne nous laissons aller ni au découragement, ni au désespoir. Lorsqu’un tribunal est présidé par la clémence et la miséricorde, le juge n’exige pas un compte aussi rigoureux des crimes qui ont été commis, parce que l’inclination qui le porte à pardonner lui fait fermer les yeux sur une multitude de fautes. Telle est la conduite de Dieu, dont l’inclination et la propension naturelles sont de faire miséricorde et de pardonner. « C’est Lui qui rachètera Israël de toutes ses iniquités.· Si telle est la Nature de Dieu, et si la grandeur de sa Miséricorde doit s’étendre partout, il est évident qu’Il sauvera son peuple, et qu’Il le délivrera non seulement du châtiment, mais de ses péchés. Puisque nous sommes instruits de ces vérités, persévérons dans la prière, et ne cessons jamais de prier, que nous soyons exaucés ou non. Dieu est le maître de nous accorder ce que nous Lui demandons, mais Il est aussi le Maître de nous l’accorder quand Il le veut, et Il sait parfaitement quel est le moment favorable. Ne cessons donc de prier Dieu, de L’invoquer en nous confiant dans sa Bonté, dans son Amour. Ne désespérons jamais de notre salut, mais travaillons à l’assurer par nos oeuvres. Dieu alors ne nous fera point défaut, car il y a en Lui une miséricorde ineffable et une bonté infinie.
Puissions-nous tous en ressentir les heureux effets, par la grâce et la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ à qui soit la gloire avec le Père et le saint Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.
- Jean Chrysostome