Découvrir les Pères de l’Eglise – Saint Ignace d’Antioche et la Passion du Christ
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Découvrir les Pères de l’Eglise – Saint Ignace d’Antioche et la Passion du Christ
Mercredi, 11 Février 2009
Beaucoup se plaignent et répètent qu’il est difficile d’avoir la foi. Mais c’est qu’ils oublient souvent de la nourrir. Pourquoi s’étonner si elle végète ? Nous voudrions dans cette rubrique redécouvrir avec vous, chaque mois les richesses de la Tradition catholique, et en particulier les beautés cachées dans la vie et dans les écrits des Pères de l’Eglise.
Etymologiquement, un Père de l’Eglise est celui qui engendre les âmes à la Foi. Le titre de Père de l’Eglise est réservé aux écrivains ecclésiastiques réunissant 4 qualités?: l’orthodoxie, la sainteté de vie, l’approbation ecclésiastique et l’antiquité. Leur importance vient du fait qu’après la Sainte Ecriture ils nous apportent l’autre source de la Révélation : la tradition.
Pour cette première fois, nous allons nous intéresser à saint Ignace d’Antioche, martyrisé à Rome en 107. Il fait partie de ceux que l’on appelle les Pères apostoliques. On nomme ainsi les premiers Pères de l’Eglise parce qu’ils ont connu les Apôtres.
Saint Ignace, appelé aussi Théophore, le porte-Dieu, est le 3ème évêque d’Antioche (l’actuelle Antakya en Turquie) après St Pierre et Evodius (?69). Il est arrêté à Antioche en janvier 107 et conduit jusqu’à Rome par une escorte de 10 soldats. De sa vie il ne nous reste que 7 épîtres, écrites durant le voyage, lors des escales à Smyrne et Troas.
Les hypothèses plausibles à son sujet sont qu’il est Syrien d’origine, en tout cas pas citoyen romain (puisqu’il est condamné aux bêtes), il n’est pas juif, ni judaïsant, c’est un converti qui fut disciple des Apôtres (Saint Pierre ou saint Paul). Des légendes tardives ont circulé à son sujet dont une l’identifiant au petit enfant que le Christ a montré en exemple (Anastase le Bibliothécaire IXème siècle).
Il subit son martyre à Rome dans l’Amphithéâtre Flavien c’est-à-dire dans le Colisée, à la fin des spectacles organisés par Trajan toute l’année 107, durant lesquels périrent 10 000 gladiateurs et 11 000 fauves. Le culte d’Ignace se répandit aussitôt après sa mort. Il est fêté le 1er février et son nom est au canon de la messe (au memento des morts).
Un héraut de la Doctrine
A travers ses épîtres saint Ignace affirme constamment que le Christ est vrai Dieu et insiste encore davantage sur son humanité afin de lutter contre les docètes qui prétendaient que le Christ n’avait qu’une apparence humaine.
« Il n’y a qu’un seul médecin, à la fois chair et esprit, engendré et non engendré, Dieu fait chair, vraie vie au sein de la mort, né de Marie et de Dieu, d’abord passible et maintenant impassible, Jésus-Christ Notre-Seigneur. » (Éph. 7, 2)
« Notre Dieu Jésus-Christ a été selon le plan divin porté dans le sein de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit. Il est né et a été baptisé pour purifier l’eau par sa passion. » (Éph. 18, 2)
Les mystères de la Passion et de la Résurrection sont inséparables chez saint Ignace. Si le Christ est mort « pour nous », il est ressuscité « à cause de nous » (Rom 6,1)
Saint Ignace décrit les causes et les effets de la Passion du Christ : « Jésus-Christ est mort pour nous afin de nous préserver de la mort par la foi en sa mort » (Tral. 1,1). La Passion accomplit toute justice et nous a mérité le salut. Le Christ souffre comme tête de l’Eglise. Le chrétien est donc « un rejeton de la croix » (Tral 11,2). La vie chrétienne étant une configuration à la Passion du Christ, saint Ignace veut « imiter la Passion de mon Dieu » (Rom 6,3).
La présence réelle est clairement affirmée?: les docètes « s’abstiennent de l’eucharistie et de la prière parce qu’ils ne veulent pas reconnaître, dans l’eucharistie la chair de Jésus Christ notre sauveur.» (Smyrn 7,1) L’aspect sacrificiel de la messe est évident pour notre auteur, cela apparaît à travers le vocabulaire employé. Prendre part à l’eucharistie c’est avoir « part à la Passion du Christ ». La messe est vue comme un sacrifice d’immolation et un sacrifice d’action de grâces. Les effets de la communion sont ceux de la Passion « remède d’immortalité », le chrétien y puise sa force « retrempé dans le sang de Dieu ». L’eucharistie est le sacrement de l’unité « ayez soin de ne participer qu’à une seule eucharistie ; il n’y a en effet qu’une seule chair de Notre Seigneur, qu’une seule coupe pour nous unir à son sang, un seul autel, comme il n’y a qu’un seul évêque, un seul presbyterium. » (Philad 4,10)
De la constitution hiérarchique de l’Eglise ressort clairement qu’on distingue trois degrés dans le clergé (évêque, prêtres, diacres) par opposition aux fidèles. L’évêque est essentiellement unique, il concentre entre ses mains tous les pouvoirs religieux, et résume son église dont il est le principe d’unité. Du point de vue de la doctrine spirituelle celui qui se nomme Théophore (porteur de Dieu) reprend l’idée paulinienne de l’immanence de Dieu dans l’âme humaine « faisons toutes nos actions avec la pensée qu’il habite en nous?: nous serons ainsi ses temples, et lui sera notre Dieu résident en nous » (Eph. 15,3) Si le Christ est en nous, nous devons être dans le Christ, « être chrétien ». On trouve chez saint Ignace pour la première fois le terme de catholique (Smyrn. 8,2). Saint Ignace prêche l’imitation du Christ « soyez imitateur du Christ, comme lui l’est de son Père » (Phil. 7,2), cette imitation le portera jusqu’au martyre « laissez-moi être un imitateur de la Passion de mon Dieu » dit-il aux romains pour qu’ils n’intercèdent pas en sa faveur « demandez pour moi la force, pour que je sois chrétien, non seulement de bouche, mais de fait. C’est quand le monde ne verra même plus mon corps que je serai un véritable disciple de Jésus Christ ».
Lecture conseillée : Les Pères Apostoliques, collection de poche Éditions du Cerf.
Abbé Alexandre Berche
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