Archive pour le 16 octobre, 2009

Saint Ignace d’Antioche

16 octobre, 2009

Saint Ignace d'Antioche dans images sacrée Image1

http://www.reginamundi.info/padridellachiesa/ignazioantiochia.asp

Pape Benoît: Saint Ignace d’Antioche (Audience Générale 14 mars 2007)

16 octobre, 2009

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2007/documents/hf_ben-xvi_aud_20070314_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 14 mars 2007

Saint Ignace d’Antioche

Chers frères et sœurs!

Comme nous l’avons déjà fait mercredi, nous parlons des personnalités de l’Eglise naissante. La semaine dernière, nous avons parlé du Pape Clément I, troisième Successeur de saint Pierre. Aujourd’hui, nous parlons de saint Ignace, qui a été le troisième Evêque d’Antioche, de 70 à 107, date de son martyre. A cette époque, Rome, Alexandrie et Antioche étaient les trois grandes métropoles  de  l’empire  romain. Le Concile de Nicée parle de trois « primats »:  celui de Rome, mais Alexandrie et Antioche également participent, d’une certaine manière, à un « primat ». Saint Ignace était Evêque d’Antioche, qui se trouve aujourd’hui en Turquie. Là, à Antioche, comme nous l’apprenons des Actes des Apôtres, se développa une communauté chrétienne florissante:  le premier Evêque fut l’apôtre Pierre – c’est ce que nous rapporte la tradition – et là, « pour la première fois, les disciples reçurent le nom de chrétiens » (Ac 11, 26). Eusèbe de Césarée, un historien du IV siècle, consacre un chapitre entier de son Histoire ecclésiastique à la vie et à l’œuvre littéraire d’Ignace (3, 36). « De Syrie », écrit-il, « Ignace fut envoyé à Rome pour être livré en pâture aux bêtes sauvages, à cause du témoignage qu’il avait rendu du Christ. En accomplissant son voyage à travers l’Asie, sous la surveillance sévère des gardes » (qu’il appelle les « dix léopards » dans sa Lettre aux Romains, 5, 1), « dans toutes les villes où il s’arrêtait, à travers des prédications et des avertissements, il renforçait les Eglises; et surtout, il exhortait, avec la plus grande vigueur, à se garder des hérésies, qui commençaient alors à se multiplier, et recommandait de ne pas se détacher de la tradition apostolique ». La première étape du voyage d’Ignace vers le martyre fut la ville de Smyrne, où était Evêque saint Polycarpe, disciple de saint Jean. Ici, Ignace écrivit quatre lettres, respectivement  aux  Eglises  d’Ephèse, de Magnésie, de Tralles et de Rome. « Parti de Smyrne », poursuit Eusèbe « Ignace arriva à Troade, et de là, envoya de nouvelles lettres »:  deux aux Eglises de Philadelphie et de Smyrne, et une à l’Evêque Polycarpe. Eusèbe complète ainsi la liste des lettres, qui nous sont parvenues de l’Eglise du premier siècle comme un trésor précieux. En lisant ces textes, on sent la fraîcheur de la foi de la génération qui avait encore connu les Apôtres. On perçoit également dans ces lettres l’amour ardent d’un saint. Enfin, de Troade, le martyr arriva à Rome où, dans l’amphithéâtre Flavien, il fut livré aux bêtes féroces.

Aucun Père de l’Eglise n’a exprimé avec autant d’intensité qu’Ignace l’ardent désir d’union avec le Christ et de vie en Lui. C’est pourquoi nous avons lu le passage de l’Evangile sur la vigne qui, selon l’Evangile de Jean, est Jésus. En réalité, en Ignace confluent deux « courants » spirituels:  celui de Paul, entièrement tendu vers l’union avec le Christ, et celui de Jean, concentré sur la vie en Lui. A leur tour, ces deux courants débouchent sur l’imitation du Christ, proclamé plusieurs fois par Ignace comme « mon » ou « notre Dieu ». Ainsi, Ignace supplie les chrétiens de Rome de ne pas empêcher son martyre, car il est impatient d’être « uni au Christ ». Et il explique:  « Il est beau pour moi de mourir en allant vers (eis) Jésus Christ, plutôt que de régner jusqu’aux confins de la terre. Je le cherche lui, qui est mort pour moi, je le veux lui, qui est ressuscité pour moi… Laissez-moi imiter la Passion de mon Dieu! » (Romains 5, 6). On peut saisir dans ces expressions ardentes d’amour le « réalisme » christologique prononcé, typique de l’Eglise d’Antioche, plus que jamais attentive à l’incarnation du Fils de Dieu et à son humanité véritable et concrète:  Jésus Christ, écrit Ignace aux Smyrniotes, « est réellement de la  souche  de  David », « il  est  réellement né d’une vierge », « il fut réellement cloué pour nous » (1, 1).

L’irrésistible aspiration d’Ignace vers l’union au Christ donne naissance à une véritable « mystique de l’unité ». Lui-même se définit comme « un homme auquel est confié le devoir de l’unité » (Philadelphiens, 8, 1). Pour Ignace, l’unité est avant tout une prérogative de Dieu qui, existant dans trois personnes, est Un dans l’unité absolue. Il répète souvent que Dieu est unité, et que ce n’est qu’en Dieu que celle-ci se trouve à  l’état  pur  et originel. L’unité à réaliser sur cette terre de la part des chrétiens n’est qu’une imitation, la plus conforme possible à l’archétype divin. De cette façon, Ignace arrive à élaborer une vision de l’Eglise qui rappelle de près certaines des expressions de la Lettre aux Corinthiens de Clément l’Evêque de Rome. « Il est bon pour vous », écrit-il par exemple aux chrétiens d’Ephèse, « de procéder ensemble en accord avec la pensée de l’Evêque, chose que vous faites déjà. En effet, votre collège des prêtres, à juste titre célèbre, digne de Dieu, est si harmonieusement uni à l’Evêque comme les cordes à la cithare. C’est pourquoi Jésus Christ est chanté dans votre concorde et dans votre amour symphonique. Et ainsi, un par un, vous devenez un chœur, afin que dans la symphonie de la concorde, après avoir pris le ton de Dieu dans l’unité, vous chantiez d’une seule voix » (4, 1-2). Et après avoir recommandé aux Smyrniotes de ne « rien entreprendre qui concerne l’Eglise sans l’évêque » (8, 1), confie à Polycarpe:  « J’offre ma vie pour ceux qui sont soumis à l’Evêque, aux prêtres et aux diacres. Puissé-je avec eux être uni à Dieu. Travaillez ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et veillez ensemble comme administrateurs de Dieu, ses assesseurs et ses serviteurs. Cherchez à plaire à Celui pour lequel vous militez et dont vous recevez la récompense. Qu’aucun de nous ne soit jamais surpris déserteur. Que votre baptême demeure comme un bouclier, la foi comme un casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure » (6, 1-2).

D’une manière générale, on peut percevoir dans les Lettres d’Ignace une sorte de dialectique constante et féconde entre les deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne:  d’une part, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale, et de l’autre, l’unité fondamentale qui lie entre eux les fidèles dans le Christ. Par conséquent, les rôles ne peuvent pas s’opposer. Au contraire, l’insistance sur la communauté des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des analogies éloquentes:  la cithare, la corde, l’intonation, le concert, la symphonie. La responsabilité particulière des Evêques, des prêtres et des diacres dans l’édification de la communauté est évidente. C’est d’abord pour eux que vaut l’invitation à l’amour et à l’unité. « Ne soyez qu’un », écrit Ignace aux Magnésiens, en reprenant la prière de Jésus lors de la Dernière Cène:  « Une seule supplique, un seul esprit, une seule espérance dans l’amour; accourez tous à Jésus Christ comme à l’unique temple de Dieu, comme à l’unique autel; il est un, et procédant du Père unique, il est demeuré uni à Lui, et il est retourné à Lui dans l’unité » (7, 1-2). Ignace, le premier dans la littérature chrétienne, attribue à l’Eglise l’adjectif de « catholique », c’est-à-dire « universelle »:  « Là où est Jésus Christ », affirme-t-il, « là est l’Eglise catholique » (Smyrn. 8, 2). Et c’est précisément dans le service d’unité à l’Eglise catholique que la communauté chrétienne de Rome exerce une sorte de primat dans l’amour:  « A Rome, celle-ci préside, digne de Dieu, vénérable, digne d’être  appelée  bienheureuse… Elle préside à la charité, qui reçoit du Christ  la loi et porte le nom du Père » (Romains, prologue).

Comme on le voit, Ignace est véritablement le « docteur de l’unité »:  unité de Dieu et unité du Christ (au mépris des diverses hérésies qui commençaient à circuler et divisaient l’homme et Dieu dans le Christ), unité de l’Eglise, unité des fidèles « dans la foi et dans la charité, par rapport auxquelles il n’y a rien de plus excellent » (Smyrn. 6, 1). En définitive, le « réalisme » d’Ignace invite les fidèles d’hier et d’aujourd’hui, il nous invite tous à une synthèse progressive entre la configuration au Christ (union avec lui, vie en lui) et le dévouement à son Eglise (unité avec l’Evêque, service généreux de la communauté et du monde). Bref, il faut parvenir à une synthèse entre communion de l’Eglise à l’intérieur d’elle-même et mission proclamation de l’Evangile pour les autres, jusqu’à ce que, à travers une dimension, l’autre parle, et que les croyants soient toujours davantage « dans la possession de l’esprit indivis, qui est Jésus Christ lui-même » (Magn. 15).  En  implorant du Seigneur cette « grâce de l’unité », et dans la conviction de présider à la charité de toute l’Eglise (cf. Romains, prologue), je vous adresse le même souhait que celui qui conclut la lettre d’Ignace aux chrétiens de Tralles:  « Aimez-vous l’un l’autre avec un cœur non divisé. Mon esprit s’offre en sacrifice pour vous, non seulement à présent, mais également lorsqu’il aura rejoint Dieu… Dans le Christ, puissiez-vous être trouvés sans tache » (13). Et nous prions afin que le Seigneur nous aide à atteindre cette unité et à être enfin trouvés sans tache, car c’est l’amour qui purifie les âmes.

Pape Benoît: (la Tradition de l’Eglise) Audience Générale 10 mai 2006

16 octobre, 2009

du site:

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20060510_fr.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 mai 2006

(la Tradition de l’Eglise) 

Chers frères et soeurs,

Au cours des deux dernières audiences, nous avons médité sur ce qu’est la Tradition de l’Eglise, et nous avons vu que celle-ci est la présence permanente de la parole et de la vie de Jésus parmi son peuple. Mais la parole, pour être présente, a besoin d’une personne, d’un témoin. C’est ainsi que naît cette réciprocité:  d’une part, la parole a besoin de la personne mais, de l’autre, la personne, le témoin, est lié à la parole qui lui est confiée et non pas inventée par lui. Cette réciprocité entre contenu – parole de Dieu, vie du Seigneur – et personne qui l’accomplit est caractéristique de la structure de l’Eglise, et nous voulons aujourd’hui méditer sur cet aspect personnel de l’Eglise.

Le Seigneur l’avait commencé en convoquant, comme nous l’avons vu, les Douze, à travers lesquels était représenté le futur Peuple de Dieu. Dans la fidélité au mandat reçu par le Seigneur, les Douze complètent tout d’abord, après son Ascension, leur nombre avec l’élection de Matthieu à la place de Judas (cf. Ac 1, 15-26), puis ils associent d’autres personnes aux fonctions qui leur sont confiées, afin qu’elles poursuivent leur ministère. Le Ressuscité lui-même appelle Paul (cf. Ga 1, 1) mais Paul, bien qu’appelé par le Seigneur comme Apôtre, confronte son Evangile avec l’Evangile des Douze (cf. Ibid. 1, 18), il se soucie de transmettre ce qu’il a reçu (cf. 1 Co 11, 23; 15, 3-4) et, dans la distribution des tâches missionnaires, il est associé aux Apôtres, ainsi que d’autres, par exemple Barnabé (cf. Ga 2, 9). De même qu’au début de la condition d’apôtre, il y a un appel et un envoi du Ressuscité, l’appel et l’envoi d’autres personnes se réalisera avec la force de l’Esprit par l’oeuvre de ceux qui sont déjà constitués dans le ministère apostolique. Telle est la voie par laquelle se poursuivra ce ministère qui, ensuite, en commençant par la deuxième génération, s’appellera ministère épiscopal, « episcopé ».

Sans doute est-il utile d’expliquer brièvement ce que signifie le mot évêque. Il s’agit de la forme française du mot grec « episcopos ». Ce mot indique quelqu’un qui possède une vision d’en haut, quelqu’un qui regarde avec le coeur. Ainsi, saint Pierre lui-même, dans sa première Lettre, appelle le Seigneur Jésus « pasteur et évêque, gardien de vos âmes ». Et selon ce modèle du Seigneur, qui est le premier évêque, gardien et pasteur des âmes, les successeurs des apôtres se sont ensuite appelés évêques, « episcopoi ». C’est à eux qu’est confiée la fonction de l’ »episcopé ». Cette fonction précise de l’évêque évoluera progressivement, par rapport aux commencements, jusqu’à prendre la forme – déjà clairement attestée chez Ignace d’Antioche au début du II siècle (cf. Ad Magnesios, 6, 1:  PG 5, 668) – de la triple charge de l’évêque, prêtre et diacre. C’est un développement guidé par l’Esprit de Dieu, qui assiste l’Eglise dans le discernement des formes authentiques de la succession apostolique, toujours mieux définie face à une pluralité d’expériences et de formes charismatiques et ministérielles, présentes dans les communautés des origines.

Ainsi, la succession de la fonction épiscopale se présente comme la continuité du ministère apostolique, garantie de la persévérance dans la Tradition apostolique. Le lien entre le Collège des Evêques et la communauté originelle des Apôtres est tout d’abord compris dans l’optique de la continuité historique. Comme nous l’avons vu, aux Douze est tout d’abord associé Matthieu, puis Paul, puis Barnabé, puis d’autres, jusqu’à la formation, dans la seconde et troisième génération, du ministère de l’Evêque. La continuité s’exprime donc dans cette chaîne historique. Et dans cette continuité de la succession se trouve la garantie de la persévérance, dans la communauté ecclésiale, du Collège apostolique rassemblé autour de lui par le Christ. Mais cette continuité, que nous voyons tout d’abord dans la continuité historique des ministres, est entendue également au sens spirituel, car la succession apostolique dans le ministère est considérée comme le lieu privilégié de l’action et de la transmission de l’Esprit Saint. Un clair écho de ces convictions se trouve, par exemple, dans le texte suivant d’Irénée de Lyon (deuxième moitié du II siècle):  « La tradition des Apôtres, manifeste dans le monde entier, se montre dans chaque Eglise à tous ceux qui veulent voir la vérité et nous pouvons énumérer les Evêques établis par les Apôtres dans les Eglises et leurs successeurs jusqu’à nous… (Les Apôtres) voulurent, en effet, que soient  absolument  parfaits et irrépréhensibles en toute chose ceux qu’ils laissaient comme leurs successeurs, en leur transmettant leur mission d’enseignement. Si ceux-ci avaient correctement compris, ils en aurait tiré un grand profit; si, en revanche, ils avaient échoué, ils en aurait tiré un très grand dommage » (Adversus haereses, III, 3, 1:  PG 7, 848).

Par la suite, Irénée, indiquant ici ce réseau de la succession apostolique comme garantie de la persévérance dans la parole du Seigneur, se concentre sur cette Eglise « souveraine, très ancienne et connue de tous » qui a été « fondée et constituée à Rome par les très glorieux Apôtres Pierre et Paul », en donnant de l’importance à la Tradition de la foi, qui en celle-ci parvient jusqu’à nous depuis les Apôtres, à travers les successions des Evêques. De cette façon, pour Irénée et pour l’Eglise universelle, la succession épiscopale de l’Eglise de Rome devient le signe, le critère et la garantie de la transmission ininterrompue de la foi apostolique:  « A cette Eglise, en raison de sa principale particularité (propter potiorem principalitatem), il est nécessaire que s’unisse chaque Eglise, c’est-à-dire les fidèles partout où ils sont, car en elle, la tradition des Apôtres a toujours été conservée… » (Adversus haereses, III, 3, 2:  PG 7, 848). La succession apostolique – qui a lieu sur la base de la communion avec celle de l’Eglise de Rome – est donc le critère de la permanence de chaque Eglise particulière dans la Tradition de la foi apostolique commune, qui, à travers ce canal, a pu parvenir jusqu’à nous depuis les origines:  « Selon cet ordre et cette succession est parvenue jusqu’à nous la tradition qui est dans l’Eglise depuis les Apôtres et la prédication de la vérité. Il s’agit là de la preuve la plus complète que la foi vivifiante des Apôtres est une seule et la même, ayant été conservée et transmise dans la vérité » (ibid., III, 3, 3:  PG 7, 851).

Selon ces témoignages de l’Eglise antique, l’apostolicité de la communion ecclésiale consiste dans la fidélité à l’enseignement et à la pratique des Apôtres, à travers lesquels est assuré le lien historique et spirituel de l’Eglise avec le Christ. La succession apostolique du ministère épiscopal est la voie qui garantit la transmission fidèle du témoignage apostolique. Ce que représentent les Apôtres dans la relation entre le Seigneur Jésus et l’Eglise des origines, est représenté de manière analogue par la succession ministérielle dans la relation entre l’Eglise des origines et l’Eglise actuelle. Il ne s’agit pas d’un simple enchaînement matériel; c’est plutôt l’instrument historique dont se sert l’Esprit pour rendre présent le Seigneur Jésus, Chef de son peuple, à travers ceux qui sont ordonnés pour le ministère par l’imposition des mains et la prière des évêques. A travers la succession apostolique, c’est alors le Christ qui nous rejoint:  dans la parole des Apôtres et de leurs successeurs, c’est Lui qui nous parle; par leurs mains, c’est Lui qui agit dans les sacrements; dans leur regard, c’est son regard qui nous enveloppe et nous fait sentir aimés, accueillis dans le coeur de Dieu. Et aujourd’hui aussi, comme au commencement, le Christ lui-même est le véritable pasteur et gardien de nos âmes, que nous suivons avec une grande confiance, gratitude et joie.

Découvrir les Pères de l’Eglise – Saint Ignace d’Antioche et la Passion du Christ

16 octobre, 2009

du site:

http://www.mascaret.presse.fr/decouvrir-les-peres-de-leglise-saint-ignace-dantioche-et-la-passion-du-christ

Découvrir les Pères de l’Eglise – Saint Ignace d’Antioche et la Passion du Christ
 
Mercredi, 11 Février 2009

Beaucoup se plaignent et répètent qu’il est difficile d’avoir la foi. Mais c’est qu’ils oublient souvent de la nourrir. Pourquoi s’étonner si elle végète ? Nous voudrions dans cette rubrique redécouvrir avec vous, chaque mois les richesses de la Tradition catholique, et en particulier les beautés cachées dans la vie et dans les écrits des Pères de l’Eglise.
Etymologiquement, un Père de l’Eglise est celui qui engendre les âmes à la Foi. Le titre de Père de l’Eglise est réservé aux écrivains ecclésiastiques réunissant 4 qualités?: l’orthodoxie, la sainteté de vie, l’approbation ecclésiastique et l’antiquité. Leur importance vient du fait qu’après la Sainte Ecriture ils nous apportent l’autre source de la Révélation : la tradition.
Pour cette première fois, nous allons nous intéresser à saint Ignace d’Antioche, martyrisé à Rome en 107. Il fait partie de ceux que l’on appelle les Pères apostoliques. On nomme ainsi les premiers Pères de l’Eglise parce qu’ils ont connu les Apôtres.
Saint Ignace, appelé aussi Théophore, le porte-Dieu, est le 3ème évêque d’Antioche (l’actuelle Antakya en Turquie) après St Pierre et Evodius (?69). Il est arrêté à Antioche en janvier 107 et conduit jusqu’à Rome par une escorte de 10 soldats. De sa vie il ne nous reste que 7 épîtres, écrites durant le voyage, lors des escales à Smyrne et Troas.
Les hypothèses plausibles à son sujet sont qu’il est Syrien d’origine, en tout cas pas citoyen romain (puisqu’il est condamné aux bêtes), il n’est pas juif, ni judaïsant, c’est un converti qui fut disciple des Apôtres (Saint Pierre ou saint Paul). Des légendes tardives ont circulé à son sujet dont une l’identifiant au petit enfant que le Christ a montré en exemple (Anastase le Bibliothécaire IXème siècle).
Il subit son martyre à Rome dans l’Amphithéâtre Flavien c’est-à-dire dans le Colisée, à la fin des spectacles organisés par Trajan toute l’année 107, durant lesquels périrent 10 000 gladiateurs et 11 000 fauves. Le culte d’Ignace se répandit aussitôt après sa mort. Il est fêté le 1er février et son nom est au canon de la messe (au memento des morts).

Un héraut de la Doctrine
A travers ses épîtres saint Ignace affirme constamment que le Christ est vrai Dieu et insiste encore davantage sur son humanité afin de lutter contre les docètes qui prétendaient que le Christ n’avait qu’une apparence humaine.
« Il n’y a qu’un seul médecin, à la fois chair et esprit, engendré et non engendré, Dieu fait chair, vraie vie au sein de la mort, né de Marie et de Dieu, d’abord passible et maintenant impassible, Jésus-Christ Notre-Seigneur. » (Éph. 7, 2)
« Notre Dieu Jésus-Christ a été selon le plan divin porté dans le sein de Marie, issu du sang de David et aussi du Saint-Esprit. Il est né et a été baptisé pour purifier l’eau par sa passion. » (Éph. 18, 2)
Les mystères de la Passion et de la Résurrection sont inséparables chez saint Ignace. Si le Christ est mort « pour nous », il est ressuscité « à cause de nous » (Rom 6,1)
Saint Ignace décrit les causes et les effets de la Passion du Christ : « Jésus-Christ est mort pour nous afin de nous préserver de la mort par la foi en sa mort » (Tral. 1,1). La Passion accomplit toute justice et nous a mérité le salut. Le Christ souffre comme tête de l’Eglise. Le chrétien est donc « un rejeton de la croix » (Tral 11,2). La vie chrétienne étant une configuration à la Passion du Christ, saint Ignace veut « imiter la Passion de mon Dieu » (Rom 6,3).
La présence réelle est clairement affirmée?: les docètes « s’abstiennent de l’eucharistie et de la prière parce qu’ils ne veulent pas reconnaître, dans l’eucharistie la chair de Jésus Christ notre sauveur.» (Smyrn 7,1) L’aspect sacrificiel de la messe est évident pour notre auteur, cela apparaît à travers le vocabulaire employé. Prendre part à l’eucharistie c’est avoir « part à la Passion du Christ ». La messe est vue comme un sacrifice d’immolation et un sacrifice d’action de grâces. Les effets de la communion sont ceux de la Passion « remède d’immortalité », le chrétien y puise sa force « retrempé dans le sang de Dieu ». L’eucharistie est le sacrement de l’unité « ayez soin de ne participer qu’à une seule eucharistie ; il n’y a en effet qu’une seule chair de Notre Seigneur, qu’une seule coupe pour nous unir à son sang, un seul autel, comme il n’y a qu’un seul évêque, un seul presbyterium. » (Philad 4,10)
De la constitution hiérarchique de l’Eglise ressort clairement qu’on distingue trois degrés dans le clergé (évêque, prêtres, diacres) par opposition aux fidèles. L’évêque est essentiellement unique, il concentre entre ses mains tous les pouvoirs religieux, et résume son église dont il est le principe d’unité. Du point de vue de la doctrine spirituelle celui qui se nomme Théophore (porteur de Dieu) reprend l’idée paulinienne de l’immanence de Dieu dans l’âme humaine « faisons toutes nos actions avec la pensée qu’il habite en nous?: nous serons ainsi ses temples, et lui sera notre Dieu résident en nous » (Eph. 15,3) Si le Christ est en nous, nous devons être dans le Christ, « être chrétien ». On trouve chez saint Ignace pour la première fois le terme de catholique (Smyrn. 8,2). Saint Ignace prêche l’imitation du Christ « soyez imitateur du Christ, comme lui l’est de son Père » (Phil. 7,2), cette imitation le portera jusqu’au martyre « laissez-moi être un imitateur de la Passion de mon Dieu » dit-il aux romains pour qu’ils n’intercèdent pas en sa faveur « demandez pour moi la force, pour que je sois chrétien, non seulement de bouche, mais de fait. C’est quand le monde ne verra même plus mon corps que je serai un véritable disciple de Jésus Christ ».

Lecture conseillée : Les Pères Apostoliques, collection de poche Éditions du Cerf.
Abbé Alexandre Berche