Archive pour le 13 août, 2009
Père Kolbe, martyr
13 août, 2009Pape Benoît, Auschwitz-Birkenau 28 mai 2006 (une mémoire de Kolbe)
13 août, 2009du site:
VOYAGE APOSTOLIQUE
DU PAPE BENOÎT XVI
EN POLOGNE
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
VISITE AU CAMP DE CONCENTRATION D’AUSCHWITZ
Auschwitz-Birkenau 28 mai 2006
Prendre la parole dans ce lieu d’horreur, d’accumulation de crimes contre Dieu et contre l’homme, lieu qui est sans égal au cours de l’histoire, est presque impossible – et particulièrement difficile et opprimant pour un chrétien, pour un Pape qui vient d’Allemagne. Dans un lieu comme celui-ci, les paroles manquent; en réalité, il ne peut y avoir qu’un silence effrayé – un silence qui est un cri intérieur vers Dieu: Pourquoi, Seigneur, es-tu resté silencieux? Pourquoi as-tu pu tolérer tout cela? C’est dans cette attitude de silence que nous nous inclinons au plus profond de notre être, face à l’innombrable foule de tous ceux qui ont souffert et qui ont été mis à mort; toutefois, ce silence devient ensuite une demande de pardon et de réconciliation, formulée à haute voix, un cri au Dieu vivant, afin de ne plus jamais permettre une chose semblable.
Il y a vingt-sept ans, le 7 juin 1979, le Pape Jean-Paul II était ici; il disait alors: « Je viens ici aujourd’hui en pèlerin. On sait que je suis venu ici bien des fois… Tant de fois! Et bien des fois, je suis descendu dans la cellule où Maximilien Kolbe est mort, et je me suis arrêté devant le mur de la mort et je suis passé entre les ruines des fours crématoires de Birkenau. Je ne pouvais pas ne pas venir ici comme Pape ». Le Pape Jean-Paul II était ici comme fils du peuple qui, avec le peuple juif, dut souffrir le plus en ce lieu et, en général, au cours de la guerre: « Six millions de Polonais ont perdu la vie au cours de la Seconde Guerre mondiale: le cinquième de la nation », rappela alors le Pape (cf. ibid.). C’est ici qu’il éleva ensuite l’avertissement solennel au respect des droits de l’homme et des nations qu’avaient élevé avant lui ses prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI, et il ajouta: « Celui qui prononce ces paroles [...] est le fils de la nation qui a subi de la part des autres, au cours de son histoire, de multiples vicissitudes. Il ne le dit pas pour accuser, mais pour rappeler. Il parle au nom de toutes les nations dont les droits sont violés et oubliés… » (cf. Ibid.).
Le Pape Jean-Paul II était venu ici comme un fils du peuple polonais. Aujourd’hui, je suis ici comme fils du peuple allemand, et c’est précisément pourquoi je dois et je peux dire comme lui: je ne pouvais pas ne pas venir ici. Je devais venir. C’était et c’est un devoir face à la vérité et au droit de ceux qui ont souffert, un devoir devant Dieu d’être ici, en tant que Successeur de Jean-Paul II et en tant que fils du peuple allemand – fils du peuple dans lequel un groupe de criminels arriva au pouvoir au moyen de promesses mensongères, au nom de perspectives de grandeur, au nom de l’honneur retrouvé de la nation et de son importance, par des perspectives de bien-être, mais également par la force de la terreur et de l’intimidation, de sorte que notre peuple a pu être utilisé et abusé comme instrument de leur soif de destruction et de domination. Non, je ne pouvais pas ne pas venir ici. Le 7 juin 1979, je me trouvais ici comme Archevêque de Munich-Freising parmi les nombreux Evêques qui accompagnaient le Pape, qui l’écoutaient et qui priaient avec lui. En 1980, je suis ensuite revenu une fois de plus dans ce lieu de l’horreur avec une délégation d’Evêques allemands, bouleversé par tant de mal et plein de reconnaissance parce que sur ces ténèbres avait brillé l’étoile de la réconciliation. Telle est encore la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui: pour implorer la grâce de la réconciliation – avant tout de Dieu, qui seul peut ouvrir et purifier nos coeurs; puis des hommes qui ont souffert, et enfin la grâce de la réconciliation pour tous ceux qui, en cette heure de notre histoire, souffrent à nouveau à cause du pouvoir de la haine et de la violence fomentée par la haine.
Combien de questions nous envahissent en ce lieu! La même question revient toujours à nouveau: Où était Dieu en ces jours-là? Pourquoi s’est-il tu? Comment a-t-il pu tolérer cet excès de destruction, ce triomphe du mal? Les paroles du Psaume 44, la lamentation d’Israël qui souffre, nous viennent à l’esprit: « …Tu nous broyas au séjour des chacals, nous couvrant de l’ombre de la mort [...] C’est pour toi qu’on nous massacre tout le jour, qu’on nous traite en moutons d’abattoir. Lève-toi, pourquoi dors-tu, Seigneur? Réveille-toi, ne rejette pas jusqu’à la fin: Pourquoi caches-tu ta face, oublies-tu notre oppression, notre misère? Car notre âme est effondrée en la poussière, notre ventre est collé à la terre. Debout, viens à notre aide, rachète-nous en raison de ton amour! » (Ps 44, 20.23-27). Ce cri d’angoisse que, dans la souffrance, Israël élève à Dieu dans des périodes d’extrême difficulté, est en même temps le cri d’appel à l’aide de tous ceux qui, au cours de l’histoire – hier, aujourd’hui et demain – souffrent pour l’amour de Dieu, pour l’amour de la vérité et du bien; et ils sont nombreux, aujourd’hui encore.
Nous ne sommes pas en mesure de scruter le secret de Dieu – nous ne voyons que des fragments, et ce serait une erreur que de vouloir juger Dieu et l’histoire. Nous ne défendrions pas l’homme dans ce cas, mais nous ne contribuerions qu’à sa destruction. Non – en définitive, nous devons continuer à élever vers Dieu ce cri humble mais persistant: Réveille-toi! N’oublie pas ta créature, l’homme! Et notre cri vers Dieu doit être en même temps un cri qui pénètre notre coeur lui-même, afin que s’éveille en nous la présence cachée de Dieu – afin que la force qu’il a déposée dans nos coeurs ne soit pas recouverte et étouffée en nous par la boue de l’égoïsme, de la peur des hommes, de l’indifférence et de l’opportunisme. Elevons ce cri vers Dieu, adressons-le à notre coeur lui-même, précisément en cette heure sur laquelle pèsent de nouveaux dangers, dans laquelle semblent naître à nouveau du coeur des hommes toutes les forces obscures: d’une part, l’abus du nom de Dieu pour justifier la violence aveugle contre des personnes innocentes; de l’autre, le cynisme qui ne connaît pas Dieu et qui bafoue la foi en Lui. Nous élevons un cri vers Dieu, afin qu’il pousse les hommes à se repentir, en sorte qu’ils reconnaissent que la violence n’engendre pas la paix, mais ne fait que susciter une autre violence – une spirale de destructions, dans laquelle tous, en fin de compte, ne peuvent être que perdants. Le Dieu auquel nous croyons est un Dieu de la raison – d’une raison, cependant, qui n’est certainement pas une mathématique neutre de l’univers, mais qui ne fait qu’un avec l’amour, avec le bien. Nous prions Dieu et nous élevons un cri vers les hommes afin que cette raison, la raison de l’amour et de la reconnaissance de la force de la réconciliation et de la paix, prévale sur les menaces qui nous entourent de l’irrationalité ou d’une fausse raison, détachée de Dieu.
Le lieu où nous nous trouvons est un lieu de la mémoire, c’est le lieu de la Shoah. Le passé n’est jamais uniquement le passé. Il nous concerne et nous indique les chemins à ne pas suivre et ceux à suivre. Comme Jean-Paul II, j’ai parcouru le chemin le long des stèles qui rappellent, en différentes langues, les victimes de ce lieu: ce sont des stèles en biélorusse, en tchèque, en allemand, en français, en grec, en hébreu, en croate, en italien, en yiddish, en hongrois, en hollandais, en norvégien, en polonais, en russe, en rom, en roumain, en slovaque, en serbe, en ukrainien, en hébreu hispanique et en anglais. Toutes ces stèles commémoratives nous parlent de souffrance humaine, nous laissent entrevoir le cynisme de ce pouvoir qui traitait les hommes comme des objets, ne les reconnaissant pas comme des personnes, dans lesquelles se reflète l’image de Dieu. Certaines stèles invitent à une commémoration particulière. Celle en hébreu par exemple. Les potentats du Troisième Reich voulaient écraser le peuple juif tout entier; l’éliminer du nombre des peuples de la terre. Alors, les paroles du Psaume: « On nous massacre tout le jour, on nous traite en moutons d’abattoir » se vérifièrent de façon terrible. Au fond, ces criminels violents, au moyen de l’anéantissement de ce peuple, entendaient tuer ce Dieu qui appela Abraham, et qui, parlant sur le Sinaï, établit les critères d’orientation de l’humanité, qui demeurent éternellement valables. Si ce peuple, par le seul fait d’exister, témoigne de ce Dieu qui a parlé à l’homme et qui l’a pris en charge, alors ce Dieu devait finalement mourir et son pouvoir n’appartenir qu’à l’homme – à ceux qui se considéraient comme les puissants et qui avaient su devenir les maîtres du monde. Avec la destruction d’Israël, avec la Shoah, ils voulaient, en fin de compte, extirper également la racine sur laquelle se fonde la foi chrétienne, en la remplaçant définitivement par la foi fabriquée par soi-même, la foi dans le pouvoir de l’homme, du plus fort. Il y a ensuite la stèle en polonais: on voulait avant tout, dans un premier temps, effacer l’élite culturelle et éliminer ainsi le peuple comme sujet historique autonome, pour le réduire, dans la mesure où il continuait d’exister, à un peuple d’esclaves. Une autre stèle, qui invite particulièrement à réfléchir est celle qui est écrite dans la langue des Sinti et des Roms. Ici aussi, on voulait faire disparaître un peuple entier qui vit en migrant parmi les autres peuples. Il figurait au nombre des éléments inutiles de l’histoire universelle, dans une idéologie où ne devait compter désormais que ce dont on pouvait mesurer l’utilité; tout le reste, selon leur conception, était catalogué comme lebensunwertes Leben – une vie indigne d’être vécue. Il y a ensuite la stèle en russe, qui évoque le nombre immense de vies sacrifiées parmi les soldats russes dans la lutte contre le régime de la terreur national-socialiste; toutefois, dans le même temps, elle nous fait réfléchir sur la tragique double signification de leur mission: ils ont libéré les peuples d’une dictature mais tout en soumettant ces mêmes peuples à une nouvelle dictature, celle de Staline et de l’idéologie communiste. Toutes les autres stèles dans les nombreuses langues européennes nous parlent elles aussi de la souffrance des hommes du continent tout entier; elles toucheraient profondément notre coeur, si nous ne faisions pas mémoire des victimes de façon globale, mais si nous pouvions au contraire voir le visage de chacune des personnes qui ont terminé leur vie ici dans les ténèbres de la terreur. J’ai ressenti comme un profond devoir de m’arrêter de façon particulière également devant la stèle en langue allemande. De là apparaît devant nous le visage d’Edith Stein, Thérèse Bénédicte de la Croix: juive et allemande, disparue, avec sa soeur, dans l’horreur de la nuit du camp de concentration allemand-nazi; comme chrétienne et juive, elle accepta de mourir avec son peuple et pour son peuple. Les Allemands qui furent alors déportés à Auschwitz-Birkenau et qui sont morts ici étaient considérés comme Abschaum der Nation – déchet de la nation. Mais aujourd’hui, nous les reconnaissons en revanche avec gratitude comme les témoins de la vérité et du bien, qui, même au sein de notre peuple, n’avaient pas disparu. Remercions ces personnes, car elles ne se sont pas soumises au pouvoir du mal, et elles apparaissent à présent devant nous comme des lumières dans une nuit de ténèbres. Avec profond respect et gratitude, nous nous inclinons devant tous ceux qui, comme les trois jeunes face à la menace des fournaises de Babylone, surent répondre: « Seul notre Dieu est capable de nous délivrer. Mais s’il ne le fait pas, sache, ô roi, que nous ne servirons pas ton Dieu ni n’adorerons la statue d’or que tu as élevée » (cf. Dn 3, 17 sq.).
Oui, derrière ces stèles se cache le destin d’innombrables êtres humains. Ceux-ci ébranlent notre mémoire, ébranlent notre coeur. Ils ne veulent pas provoquer la haine en nous: ils nous démontrent au contraire combien l’oeuvre de la haine est terrible. Ils veulent conduire la raison à reconnaître le mal comme mal et à le rejeter; ils veulent susciter en nous le courage du bien, de la résistance contre le mal. Ils veulent nous conduire à ces sentiments qui s’expriment dans les paroles que Sophocle fait prononcer à Antigone, face à l’horreur qui l’entoure: « Je ne suis pas ici pour haïr avec toi, mais pour aimer avec toi ».
Grâce à Dieu, avec la purification de la mémoire à laquelle nous pousse ce lieu d’horreur, se développent autour de ce lieu même de multiples initiatives qui veulent mettre un terme au mal et conférer une force au bien. Il y a quelques instants, j’ai pu bénir le Centre pour le Dialogue et la Prière. Tout près d’ici se déroule la vie cachée des soeurs carmélites, qui se savent particulièrement unies au mystère de la croix du Christ et qui nous rappellent la foi des chrétiens, qui affirme que Dieu lui-même est descendu dans l’enfer de la souffrance et souffre avec nous. A Oswiecim se trouve le Centre Saint-Maximilien et le Centre international de Formation sur Auschwitz et l’Holocauste. Il y a également la Maison internationale pour les Rencontres de la Jeunesse. Auprès de l’une des anciennes Maisons de Prière se trouve le Centre juif. Enfin, l’Académie pour les Droits de l’Homme est en cours de réalisation. Nous pouvons ainsi espérer que du lieu de l’horreur naisse et croisse une réflexion constructive et que le souvenir aide à résister au mal et à faire triompher l’amour.
L’humanité a traversé à Auschwitz-Birkenau un « ravin de la mort ». C’est pourquoi je voudrais, précisément en ce lieu, conclure par une prière de confiance – avec un Psaume d’Israël qui est également une prière de tous les chrétiens: « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre; il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi; ton bâton me guide et me rassure [...] J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours » (Ps 23, 1-4. 6).
Père Maximilien M. Kolbe, martyr, memoire le 14 août,
13 août, 2009du site:
http://ilmsil.free.fr/branche5/52Pastorale_catechese/temoinsetvivants/MaximilienKolbe.htm
Maximilien Kolbe
Donner sa vie
Le 10 Octobre 1982, sur la place saint Pierre de Rome, devant 200000 fidèles, Jean-Paul II canonisait Maximilien-Marie Kolbe, comme martyr de la foi et de la charité. Des anciens déportés étaient présents et parmi eux François Gajowniczek, âgé de 82 ans, le père de famille sauvé par Maximilien Kolbe. Le pape parlait de lui de la manière suivante : Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis, a dit Jésus, la veille de sa mort. A partir d’aujourd’hui, l’Eglise veut appeler saint un homme auquel il a été donné d’accomplir ces paroles du Christ. En Juillet 1941, on fit mettre en rang les prisonniers destinés à mourir de faim, Maximilien-Marie Kolbe se présenta spontanément et déclara qu’il était prêt à aller vers la mort à la place de l’un d’eux. Après deux semaines de tourments causés par la faim, une injection mortelle lui enleva la vie, le 14 Août 1941. Tout cela arriva dans le camp d’Auschwitz. La désobéissance à Dieu, créateur de la vie, a causé en ce lieu l’hécatombe de tant d’innocents. Notre époque est restée marquée par l’extermination de l’homme innocent. Le père Kolbe revendiqua sur le lieu de la mort le droit à la vie d’un innocent. Cet homme, François Gajowniczek, vit encore. Pour lui, le Père Kolbe a réaffirmé le droit exclusif du Créateur sur la vie de l’homme, et il a rendu témoignage au Christ et à l’amour. En donnant sa vie pour un frère, il s’est rendu semblable au Christ. Pour cela, j’ai décrété que Maximilien Kolbe sera vénéré comme martyr. Elle est précieuse aux yeux du Seigneur la mort de ses amis.
Qui était donc Maximilien Kolbe ?
La Pologne où il naît le 7 Janvier 1894 est le pays de la Vierge, Notre Dame de Czestochowa. Elle choisit le petit Raymond qui n’est pas un saint. Il est violent, turbulent, batailleur. Excédée, sa mère s’écria un jour : Mon pauvre enfant, qu’est-ce que tu vas devenir ? Or, de jour en jour, Raymond devient plus sage et plus obéissant. Surprise de cette transformation, sa mère l’observe et découvre qu’il disparaît souvent près de l’autel de Notre Dame de Czestochowa. L’enfant priait longuement et quittait l’endroit les yeux pleins de larmes. Intriguée, elle demande ce qu’il a, il répond : Je l’ai vue, elle tenait deux couronnes, l’une blanche, l’autre rouge. Elle m’a expliqué : la première veut dire « tu seras pur » et la deuxième « tu seras martyr ». Puis elle m’a demandé : Laquelle choisis-tu ? J’ai répondu : Les deux. Elle a souri et elle est partie. Sa première idée est de devenir prêtre. Son aîné est déjà au séminaire, la famille est trop pauvre pour l’envoyer à l’école. Un pharmacien, frappé par son intelligence le fit travailler et paya ses études. Il entre donc au séminaire à 13 ans. Il se passionne pour les sciences, manifestant des aptitudes d’inventeur, voulant fabrique un appareil pour aller dans la lune ! A 16 ans, il veut être général et se décide à dire au supérieur qu’il ne resterait pas au séminaire, quand sa mère vient lui dire que son père et elle-même rentraient en religion. Ce fut un coup de foudre : la volonté de Dieu était claire. Il court donc chez le supérieur et lui demande l’habit religieux. Il s’appellera désormais Maximilien-Marie. Ses supérieurs l’envoient étudier à Rome, en automne 1912. Après son noviciat, il prononce ses voeux le jour de la Toussaint 1914. Il est sur le chemin de la perfection : rien ne l’arrêtera. Le 28 Avril 1918, il est ordonné prêtre. Le 16 Octobre 1917, il avait fondé une Milice de l’Immaculée dont le but était de permettre à chacun de s’adonner à l’apostolat de toutes ses forces pour parvenir à la perfection chrétienne, selon son état de vie et sa profession. En Janvier 1922, il fonde un journal « Le chevalier de l’Immaculée », journal qui connaît un vif succès, atteignant un million d’exemplaires en 1939. En Août 1927, on lui donne un terrain près de Varsovie où il réalise son rêve, fonder une Cité de l’Immaculée, Niepokalanow, où il fonde une maison d’édition et où mes ouvriers travaillent gratuitement dans la fraternité, le silence et la prière. Comme il veut conquérir les âmes, il part au Japon en 1930 où il publie en japonais son Journal de l’Immaculée. Il fonde en 1931 le Jardin de l’Immaculée, cité jumelle de Niepokalanow. Insatiable pour annoncer la Bonne Nouvelle, il voyage en Inde et envisage de diffuser son journal dans tous les continents. Revenu en Pologne en 1936, il est responsable de Niepokalanow qu’il modernise en créant une radio catholique. Éclate alors la guerre mondiale qui détruira tout dans la tourmente qu’elle provoquera. Auschwitz, c’est là que le père Kolbe va mourir. Il y vécut les horreurs du camp avec un ferme courage et une foi sans ombre. Il goûta l’amertume du déporté dans ce camp où on cherchait à anéantir sa dignité de chrétien. La force brutale n’eut pas raison de lui parce qu’il vivait imperturbablement en un monde que la méchanceté ne peut atteindre, le lieu de la rencontre de Dieu. Il fut affecté aux travaux forcés parce qu’il était prêtre. Il supporta avec une patience à toute épreuve, sans gémir, avec une paix intérieure inaltérable, les cruautés que le commandant du camp imaginait chaque jour pour briser sa personnalité. Son calme l’irritait, il comprenait qu’il ne pouvait le dominer, qu’il était impuissant face à sa liberté intérieure. Il découvrait que l’esprit ne peut être écrasé. Dans ce prêtre faible, malade, pétri de bonté, il voyait l’échec des plans destructeurs de la haine. Peut-être entrevoyait-il que la liberté sortirait victorieuse, ce qui le rendait furieux. Les détenus découvrent l’amour du Christ, le don de soi au service des autres, ils sont encouragés à résister, à réveiller leur force de vivre, à découvrir l’horizon de la foi au-delà du quotidien. Fin Juillet 1941, le père Kolbe fut transféré au bloc 14 où s’entassent les rescapés de l’hôpital, les rations sont réduites, les plus valides sont employés aux travaux de la moisson. Le 31 Juillet, les sirènes signalent une évasion. Après le travail, tout le camp reste sur place. Le manquant faisait partie du bloc 14… A 9 heures, on distribua un peu de soupe, sauf aux prisonniers de ce bloc : leurs rations sont jetées. Ordre est donné de rentrer dans les baraques. Le lendemain, le manquant manquait toujours. Les prisonniers partent au travail, les six cents prisonniers du bloc sont maintenus toute la journée immobiles en plein soleil. Il est interdit de s’asseoir et, sous peine de mort, de sortir des rangs. Le soit, le commandant annonce que le fugitif n’ayant pas été retrouvé, dix hommes sont condamnés à mourir de faim. Il passe dans les rangs choisir les victimes. Peu à peu se forme le groupe des condamnés. Alors se produit une chose jamais vue : un prisonnier sort des rangs pour prendre la place d’un autre. Le père Kolbe affronte le commandant : Je suis vieux et bon à rien, ma vie ne peut plus servir à grand chose ! Lui, il a une famille ! Je suis prêtre catholique ! Les condamnés sont conduits au bunker de la faim. En fermant la porte, le geôlier affirme : Vous vous dessécherez comme des tulipes… La faim est terrible, mais la soif est pire. La déshydratation attaque les cellules cérébrales, déchaîne les hallucinations. Le père Kolbe ne se plaint pas, il ne délire pas, il prie et entonne des cantiques repris en choeur. Le 14 Août, ordre est donné d’achever les survivants. Le père n’est plus qu’une forme desséchée repliée contre un mur. Il arrive au terme de sa passion, la veille de l’Assomption.
Pour favoriser la réflexion en groupe
1. Vous avez vu le reportage sur la vie du père Kolbe. Quelles impressions en retenez-vous ? Est-il un exemple pour notre temps ?
2. Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de sonner sa vie pour ses amis, disait Jésus. Maximilien Kolbe a réalisé cette parole jusqu’au don de sa vie. Connaissez-vous d’autres personnes qui ont donné ou qui donnent leur vie pour les autres ?
3. Qu’est-ce qui a inspiré toute la vie du père Kolbe ?
4. Plusieurs phrases du père Kolbe sont citées ci-dessous. Pour chacune d’elles, vous direz ce que vous en pensez.
Lorsqu’une oeuvre est de Dieu, il faut qu’elle soit persécutée, même par les bons.
La seule chose qui compte, c’est notre vie intérieure. Notre activité extérieure ne peut être qu’un surcroît de ce que nous avons au-dedans, un trop-plein qui déborde.
Lorsque la souffrance est loin, nous sommes prêts à tout, lorsqu’elle est là, tout change. Profitons-en pour gagner des âmes.
J’ai besoin de la prière pour pouvoir persévérer vraiment jusqu’au bout et grandir toujours plus, sans limites, dans l’amour.
La prière est un moyen méconnu, c’est pourtant le plus puissant pour établir la paix de l’âme, pour lui donner le bonheur et l’amour de Dieu. La prière est une condition indispensable pour le renouveau et la vie des âmes.
On demanda à Napoléon ce qui était nécessaire pour gagner une bataille. Il répondit : Trois choses sont nécessaires, de l’argent, de l’argent, et encore de l’argent. Lorsqu’il s’agit de la sanctification, est indispensable la prière, la prière, et encore la prière.
5. Nous ne devons pas oublier que nous sommes ici-bas de passage. Si nous sommes sur terre que « de passage », est-il important de réaliser de grandes choses, alors que tout est passager ? Qu’est-ce qui vaut la peine d’être tenté au cours d’une vie ?
6. Il faut croire contre toute espérance. Qu’est-ce que cela veut dire ?
bonne nuit
13 août, 2009Saint François d’Assise: « Soixante-dix fois sept fois »
13 août, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090813
Le jeudi de la 19e semaine du temps ordinaire : Mt 18,21-35#Mt 19,1-1
Commentaire du jour
Saint François d’Assise (1182-1226), fondateur des Frères mineurs
Lettre à un responsable franciscain (trad. Desbonnets et Vorreux, p. 129)
« Soixante-dix fois sept fois »
Que le Seigneur te bénisse ! Je vais t’expliquer comme je le peux ton cas de conscience. Des soucis ou des gens –- frères ou autres personnes –- t’empêchent d’aimer le Seigneur Dieu ? Eh bien…, aime ceux qui te causent ces ennuis. N’exige pas d’eux, sauf si le Seigneur t’indique le contraire, un changement d’attitude à ton égard. C’est tels qu’ils sont que tu dois les aimer…
Voici à quoi je reconnaîtrai que tu aimes le Seigneur, et que tu m’aimes, moi, son serviteur et le tien : si n’importe quel frère au monde, après avoir péché autant qu’il est possible de pécher, peut rencontrer ton regard, demander ton pardon, et te quitter pardonné. S’il ne demande pas pardon, demande-lui, toi, s’il veut être pardonné. Et même si après cela il péchait encore mille fois contre toi, aime-le plus encore que tu m’aimes, et cela pour l’amener au Seigneur. Aie toujours pitié de ces malheureux. Et quand l’occasion s’en présentera, fais savoir aux gardiens [de nos communautés] ta ferme résolution d’agir ainsi.