Archive pour le 19 juillet, 2009
Angélus du dimanche 19 juillet 2009
19 juillet, 2009du site:
http://www.zenit.org/article-21626?l=french
Angélus du dimanche 19 juillet 2009
Texte intégral
ROME, Dimanche 19 Juillet 2009 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le texte de la méditation que le pape Benoît XVI a prononcée ce dimanche, avant la prière de l’Angélus, en présence des pèlerins rassemblés à Romano Canavese (Piémont), à une centaine de kilomètres de l’endroit où Benoît XVI passe ses vacances aux Combes (Val d’Aoste).
* * *
Chers frères et sœurs !
Aujourd’hui, notre rendez-vous dominical habituel de l’Angélus se déroule à Romano Canavese, dans le diocèse d’Ivrea. Je suis venu du Val d’Aoste dans cette petite ville, où est né mon secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, que je salue avec affection, et que je remercie cordialement pour son service généreux au Successeur de Pierre et à l’Eglise. Il est mon plus étroit collaborateur, comme il l’a déjà été auparavant pendant plusieurs années, lorsque j’étais chef de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et je suis vraiment heureux de pouvoir lui rendre hommage en venant sur sa terre, où tant de personnes l’entourent d’affection. Je salue également l’évêque d’Ivrea, Mgr Arrigo Miglio, et je le remercie pour les aimables paroles qu’il m’a adressées en votre nom. Je salue également l’évêque émérite de ce diocèse, Mgr Luigi Bettazzi. Je salue le maire, les autorités civiles et militaires, je salue le curé et les autres prêtres, les religieux et les religieuses, les responsables d’associations et de mouvements ecclésiaux et la population tout entière, avec une pensée spéciale pour les enfants, les jeunes, les familles, les malades, les pauvres. A tous et à chacun, j’adresse mes plus vifs remerciements pour l’accueil que vous m’avez réservé durant ce bref séjour parmi vous.
Ce matin, vous avez célébré l’Eucharistie et le cardinal Tarcisio Bertone vous a déjà certainement parlé de la Parole de Dieu, que la liturgie offre à notre méditation en ce 16e dimanche du Temps Ordinaire. Comme le Seigneur invite les disciples à se retirer à l’écart pour l’écouter dans l’intimité, c’est ainsi que je voudrais, moi aussi, m’entretenir avec vous, en rappelant justement que l’écoute et l’accueil de l’Evangile ont donné naissance à votre communauté, dont le nom rappelle les liens bimillénaires du Canavese avec Rome. Votre terre fut très tôt baignée par le sang des martyrs, dont saint Solutore, que vous vénérez comme patron de l’église paroissiale avec l’apôtre Pierre. Votre imposante église paroissiale est un témoignage éloquent d’une longue histoire de foi, qui domine une large partie de la terre du Canavese, dont la population est bien connue pour son amour et son attachement au travail. Mais actuellement, je sais aussi qu’ici, dans la région d’Ivrea, beaucoup de familles expérimentent une situation de difficulté économique à cause du manque d’emplois. Je suis déjà intervenu plusieurs fois sur ce problème et j’ai voulu l’aborder de manière plus approfondie dans la récente encyclique Caritas in veritate.
Chers amis, ne vous découragez pas ! La Providence aide toujours celui qui travaille pour le bien et s’engage pour la justice ; elle aide tous ceux qui ne pensent pas seulement à eux, mais aussi à ceux qui sont plus mal qu’eux. Et vous le savez bien, parce que vos grands-parents furent contraints d’émigrer par manque de travail, mais le développement économique a ensuite apporté du bien être et d’autres ont immigrés ici de l’Italie et de l’étranger. Les valeurs fondamentales de la famille et du respect de la vie humaine, la sensibilité pour la justice sociale, la capacité de faire face à la fatigue et au sacrifice, le fort lien avec la foi chrétienne à travers la vie paroissiale et spécialement la participation à la sainte Messe, ont été votre vraie force à travers les siècles. Ce seront ces valeurs qui permettront aux générations actuelles de construire avec espérance leur avenir, donnant naissance à une société vraiment solidaire et fraternelle, où tous les différents domaines, les institutions et l’économie soient imprégnés d’esprit évangélique.
Je m’adresse de manière spéciale aux jeunes, auxquels il faut penser dans une perspective éducative. Ici, comme partout, il faut se demander quel type de culture il leur est proposé, quels exemples et modèles leur sont proposés, et évaluer s’ils sont capables de les encourager à suivre les voies de l’Evangile et de la liberté authentique. La jeunesse est pleine de ressources, mais il faut l’aider à vaincre la tentation de chemins faciles et illusoires pour trouver la voie de la Vie véritable et pleine.
Chers frères et sœurs ! Sur cette terre riche de traditions chrétiennes et de valeurs humaines, de nombreuses vocations masculines et féminines ont fleuri, en particulier dans la Famille salésienne ; comme celle du cardinal Bertone, qui est né justement dans votre paroisse, qui a été baptisé dans cette église, et a grandi dans une famille où il a acquis une foi sincère. Votre diocèse doit beaucoup aux fils et aux filles de Don Bosco, pour leur présence répandue et féconde dans toute la région, dès les années où le saint fondateur était encore en vie. Que ce soit un encouragement ultérieur pour votre communauté diocésaine à s’engager toujours plus dans le domaine de l’éducation et de l’accompagnement des vocations. Invoquons pour cela la protection de Marie, Notre-Dame de l’Assomption, patronne du diocèse, Aide des chrétiens, Mère aimée et vénérée de manière spéciale dans les nombreux sanctuaires qui lui sont consacrés parmi les monts du Grand Paradis et la plaine du Pô. Que sa présence maternelle indique à tous la voie de l’espérance et vous conduise comme l’étoile qui guida les saints mages. Que la Vierge de l’Etoile veille sur vous tous du col qui domine Ivrea, le Mont Stella qui lui est consacré, ainsi qu’aux sains Mages. Remettons-nous maintenant avec une confiance filiale entre les mains de la Vierge en l’invoquant par la prière de l’Angélus.
16e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie
19 juillet, 2009du site:
16e dimanche du Temps Ordinaire – Homélie
dimanche 19 juillet 2009
Famille de saint Joseph Juillet 2009
L’antienne d’ouverture nous donne le ton de la liturgie en ce 16ème dimanche du temps ordinaire : « Voici que le Seigneur vient m’aider ! » La première lecture ainsi que le psaume 22(23) nous délivrent le même message, à travers l’image – très biblique – du Dieu-Berger. Mais si l’atmosphère du Psaume est particulièrement paisible et apaisante, il n’en est pas ainsi de l’extrait du prophète Jérémie : c’est un Dieu courroucé qui s’adresse aux mauvais bergers de son peuple, et qui leur promet de « s’occuper » de ceux qui ne se sont guère préoccupés des brebis qu’il leur avait confiées. Le ton n’est cependant menaçant que pour « les misérables bergers qui laissent périr et se disperser les brebis du troupeau » ; un sort particulièrement enviable en résulte tout au contraire pour les brebis, puisque Dieu lui-même « rassemblera le reste de ses brebis » par la médiation de pasteurs selon son cœur qui les conduiront.
Le dernier verset de la prophétie passe des pasteurs (au pluriel) à l’unique Roi-Berger, qui « exercera dans le pays le droit et la justice » après avoir réunifié Israël et Juda. Ce thème du rassemblement des frères ennemis, étendu à l’opposition entre Israël et les païens, est au cœur du passage de la lettre aux Ephésiens qui nous est proposé. Ici apparaît clairement que ce Roi-Berger n’est autre que le Christ Jésus. Celui-ci accomplit mystérieusement son ministère de rassembleur et de pacificateur par un sacrifice : l’holocauste de sa chair crucifiée. Ce Roi-Berger est donc aussi Prêtre et Prophète des temps nouveaux, au cours desquels l’humanité réconciliée aura à nouveau « accès auprès du Père, dans un seul Esprit ».
L’Evangile nous montre ce Bon-Berger à l’œuvre ; ce n’est décidément pas un mercenaire ni un fonctionnaire : c’est mû par la compassion qu’il « se met à les instruire longuement ». La Parole de Jésus n’est pas qu’un simple transfert d’information : elle rassure les apeurés, réconforte les accablés ; elle nourrit les affamés et abreuve les assoiffés ; à chacun elle prodigue ce dont il a besoin pour reprendre et poursuivre sa route dans la paix et l’espérance.
Au départ la petite excursion improvisée sur le lac devait se terminer pour les Apôtres par un temps de repos avec le Maître au terme de leur première mission. L’insistance de la foule va en décider autrement : les compagnons de Jésus se retrouvent prisonniers d’une multitude mouvante qui les presse de toute part, exprimant sans doute à travers cet environnement nombreux et tumultueux l’attente de l’humanité de tous les temps, y compris la nôtre. Aussi est-il important de bien observer l’attitude de Jésus, puisque telle doit être la nôtre.
Les apôtres du Christ, ceux de hier comme ceux d’aujourd’hui, ont à découvrir que désormais leurs propres désirs, y compris les plus légitimes, doivent passer au second rang. Suivre le Christ c’est renoncer à soi pour devenir serviteur des autres ; et ne chercher le repos que dans ce service désintéressé. Leur propre mission trouve dans ce rassemblement imprévu son accomplissement, puisqu’il va déboucher sur la multiplication des pains, préfiguration de l’Eucharistie. L’annonce du Royaume a atteint son but lorsqu’elle conduit ceux qui l’accueillent à la Table où Dieu se donne en nourriture.
« Alors il se mit à les instruire longuement » : l’enseignement substantiel de Notre-Seigneur fait office de liturgie de la Parole dans cette anticipation improvisée du repas eucharistique. Certes les disciples ont dû renoncer au moment d’intimité avec le Maître qui leur a été « volé » par la foule. Mais la Parole de Jésus ne les rassemble-t-elle pas dans une même communion de foi et d’espérance avec ces hommes et ces femmes accourus de toute part ? Le pain partagé ne les unit-il pas en un même corps dans l’amour de charité ? Où donc pourrions-nous trouver le repos et refaire nos forces sinon dans l’Eucharistie où le Bon Berger nous nourrit de sa propre substance ?
En ce temps d’été traditionnellement consacré aux vacances – du moins pour ceux qui peuvent en prendre – il est bon de nous souvenir à l’école de l’Evangile, que le vrai repos, celui qui refait nos forces intégrales et pas seulement physiques, inclus de nous re-poser en Dieu, de réajuster le sens de notre vie à la finalité surnaturelle qu’il nous révèle en son Fils et que Saint Paul nous rappelait dans la seconde lecture. Certes le repos de nos corps et la détente psychiques sont importantes ; mais il faut également recharger nos « batteries spirituelles », sans quoi nous serons incapables d’éclairer la route sur laquelle le monde contemporain nous oblige pourtant à avancer très vite.
Allons jusqu’au bout du paradoxe : si par hasard nous cherchons où pourrait bien se trouver Jésus ces jours-ci, Saint Marc nous donne la réponse : il est au milieu des foules désorientées qui cherchent en vain à retrouver une unité intérieure après une année de dispersion tout azimut. Aujourd’hui comme hier, « ses entrailles se retournent » à la vue de la détresse spirituelle des enfants de son Père qu’il est venu rassembler, comme un Berger rassemble son troupeau dispersé pour le conduire sur « des prés d’herbe fraîche et le faire reposer » (Ps 22). Sachons dépasser nos regards superficiels et indifférents pour « voir » comme lui, et embrasser les foules que nous côtoyons dans les lieux de villégiature, d’un regard de compassion et d’espérance, car c’est à chacun de ces frères que Jésus est venu « annoncer la bonne nouvelle de la paix et leur donner accès auprès du Père, dans un seul Esprit ».
« Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, sois béni pour ta longue patience : malgré le peu d’intérêt que nous te portons, tu ne te lasses pas de nous accueillir, pour nous réconforter et refaire nos âmes. Seigneur nous errons comme des brebis sans berger : du haut du ciel, regarde et vois ; laisse toi encore émouvoir par notre misère et donne-nous des Bergers selon ton Cœur qui rassemblent ton peuple en ton nom. Ne permets pas qu’aveuglés par nos problèmes ou étouffés par l’indifférence, nos yeux se ferment sur les détresses de ceux que nous côtoyons, mais donne-nous de nous souvenirs que nous sommes tous responsables de nos frères ; qu’en tant que baptisés, nous sommes bergers les uns des autres au nom de l’unique Roi-Berger qui envoie tous ses disciples sans exception, afin qu’ils servent leur frères avec la même compassion et le même empressement que lui. »
Père Joseph-Marie