Archive pour le 13 juillet, 2009
Les 150 Psaumes, un itinéraire spirituel
13 juillet, 2009du site:
http://biblio.domuni.org/articlesbible/saveur/saveur_a9.htm#P95_62519
Dom Robert LE GALL
Les 150 Psaumes, un itinéraire spirituel
Article extrait de La saveur des Psaumes,
au chapitre 1, « Psalmodier avec sagesse »
Les 150 Psaumes, un itinéraire spirituel
Avec l’habitude de prier les Psaumes, on s’aperçoit que leur ordre n’est pas fortuit. Diverses sont les distributions psalmiques pour l’Office, mais celles qui privilégient une certaine continuité numérique s’avèrent, à l’expérience, plus à même de faire entrer dans le mystère qui se déploie du 1er au 150e.
Il faut bien avouer qu’une première lecture du livre des Psaumes laisse une impression de pêle-mêle : on passe d’un psaume d’appel au secours à un voisin qui n’est que d’apaisement (Ps 3 et 4), par exemple, ou bien d’une lamentation nationale (Ps 43) à un cantique nuptial messianique (Ps 44), ou encore d’un petit psaume qui chérit Jérusalem (Ps 86) au psaume le plus noir de tous qui s’achève sur la déréliction dans les ténèbres inextricables (Ps 87). On croirait que ces Louanges ont été numérotées au petit bonheur ou mélangées par erreur ; l’unité qui leur vient de leur auteur ou référence privilégiée, qui est David, le roi-chantre, ne semble qu’assez artificielle, même si le « bien-aimé » a su donner le ton de l’ensemble ; son éloge par Ben Sira nous émeut encore :
« Dans toutes ses œuvres, il rendit hommage
au Saint Très-Haut dans des paroles de gloire ;
de tout son cœur il chanta,
montrant son amour pour son Créateur.
Il établit devant l’autel des chantres,
pour émettre les chants les plus doux. » (47, 8-9)
Certes, on voit apparaître des groupes caractérisés, comme les Psaumes du Règne (de 92 à 100 sauf exception) ou les Psaumes graduels (119 à 133), mais la plupart des pièces se succèdent sans cohérence historique, thématique ou littéraire. Cependant, au-delà de cet aimable désordre de la vie, qui apparaît d’abord, une structure se dégage, aussi complexe et solide que la formule de la chlorophylle.
On sait que le Psautier est divisé en cinq livres (1-40 ; 41-71 ; 72-89 ; 90-105 ; 106-150) qui ne sont pas d’égale ampleur ni de semblable contenu ; ils s’achèvent par un Amen sonore, parfois répété, qui souligne la nature liturgique des psaumes. Il vient à l’esprit que ces cinq livrets pourraient être liés aux cinq rouleaux de la Torah, mais le parallélisme n’est pas très évident. Plus qu’une analyse fouillée repérant des liens savamment établis, c’est la longue pratique de la psalmodie qui a laissé percevoir aux croyants la progression spirituelle qu’offrent les 150 psaumes en leur continuité numérique, ou encore la construction de cette immense symphonie7b de l’âme et des âmes, qui se développe tout au long de ces chants, avec ses mouvements successifs et la reprise de ses thèmes.
Les commentateurs juifs ont su de longue date montrer la personnalité de chacun des cinq livres du Psautier. Dans ses Liminaires sur les Psaumes, qui sont un vrai joyau de finesse et de français, André Chouraqui nous le dit :
« L’exégèse hébraïque nous offre peut-être la clé du plan qui inspira la composition du Psautier lorsqu’elle suggère que la doctrine des cinq livres des Psaumes est la même que celle des cinq Livres de Moïse, dont ils constituent le commentaire symphonique. Une grande rigueur semble avoir présidé au classement des Psaumes à l’intérieur du Recueil , tel que nous le connaissons aujourd’hui. » « Le Premier Livre est presque entièrement consacré à nous décrire les péripéties de la guerre que le Réprouvé livre au Juste. » « Le Livre Deuxième nous introduit dans un univers dominé par des accents plus sereins. Non plus le drame de la guerre contre le Réprouvé, mais celui des exils de l’âme, nous enseignent les Docteurs. » « Les dix-sept Psaumes du Livre Troisième constituent la collection médiane, la plaque tournante du Psautier. Elle est massive, statique, une implacable méditation du passé dans l’attente des fins dernières. » « Avec le Quatrième Livre, le cap des sacrifices semble franchi ; nous pénétrons dans la joie sans mélange des puissances du Seigneur. »8i « Le Livre Cinquième nous fait gravir les derniers sommets de la montagne sainte [...] jusqu’aux tout-puissants accords de l’allegro final. »
Chez les Pères, saint Grégoire de Nysse est un des premiers à montrer cette progression spirituelle :
« Le Psautier est divisé en cinq parties, écrit-il en commentant le dernier psaume ; et nous avons remarqué qu’elles s’élèvent les unes au-dessus des autres en une suite régulière comme les degrés d’une échelle. Puis nous avons discerné, à partir de signes convenus, que les derniers mots de chaque section marquent comme un arrêt du discours, une cadence de la pensée ; ils délimitent ce qui précède par une expression de louange et d’action de grâces : « Béni soit le Seigneur dans les siècles des siècles : Amen, Amen. » Ces mots signifient une action de grâces qui dure éternellement, vu qu’on ne se contente pas de dire une seule fois « Amen », mais qu’on reprend une deuxième fois en signe de perpétuité dans l’action de grâces. Et en chacune des parties ainsi sectionnées, il nous a été donné d’observer un bien particulier d’où nous vient, par l’action divine, la béatitude. Parcourant à la suite et dans l’ordre chacun des biens examinés, notre âme se trouve toujours placée dans la direction d’un bien plus élevé, afin de parvenir un jour au suprême bonheur. Ce bonheur est la louange divine pleinement accomplie en tous les saints, selon ce que dit le psaume final : « Louez Dieu en ses saintes demeures. » »
Nous retrouvons tout l’élan spirituel – l’épectase, c’est-à-dire « l’extension » venue du désir intérieur – qui est au fond de la doctrine de saint Grégoire de Nysse : « Le bien obtenu est sans cesse plus grand que le bien précédent ; il ne met pas pour autant un terme à la quête, mais l’obtention d’un bien devient commencement d’une découverte de biens plus élevés pour ceux qui progressent. Celui qui monte ne s’arrête jamais, allant de commencement en commencement, et le commencement des biens toujours plus grands n’a jamais de fin. » Pour lui, la psalmodie apparaît comme le chant de l’âme qui ne cesse de monter vers Dieu, telle une alouette : elle « trouve toujours dans ce qu’elle a réalisé un nouvel élan pour voler plus haut. »
Parmi nos contemporains, Divo Barsotti a su expliciter avec délicatesse les montées de l’âme. Même si « parmi les derniers psaumes il en est de dramatiques où apparaît encore la souffrance, et peut-être le péché, on doit cependant reconnaître qu’il existe une progression vers la lumière. De l’expérience de la douleur, du péché et de la mort, l’homme s’avance, de psaume en psaume, vers la louange divine. Au centre, pour ainsi dire du psautier, se trouvent les psaumes de la royauté ; ensuite viennent les psaumes des pèlerinages ; et finalement les derniers psaumes ne sont plus qu’une louange. » Pour caractériser les étapes de ce cheminement de l’homme et de l’humanité, Divo Barsotti voit la nuit dans le premier livre des Psaumes ; le matin dans le second ; au troisième on arrive au plein midi ; le règne de Dieu, qui n’a pas de couchant, occupe le quatrième, tandis que le cinquième développe la louange que l’homme et l’univers, en Église, rendent à Dieu.
Caritas in veritate : un « cri du coeur » pour une plus grande humanisation
13 juillet, 2009du site:
http://www.zenit.org/article-21569?l=french
Caritas in veritate : un « cri du coeur » pour une plus grande humanisation
Entretien avec le père Thomas Williams
ROME, Lundi 13 juillet 2009 (ZENIT.org) – La nouvelle encyclique n’est une victoire ni pour la « gauche » ni pour la « droite », mais plutôt un appel aux hommes et aux femmes de bonne volonté à « explorer activement de nouvelles voies pour promouvoir un développement durable ». C’est ce qu’a déclaré un professeur de doctrine sociale à l’Université pontificale Regina Apostolorum, à Rome.
Le père Thomas D. Williams, Légionnaire du Christ américain, a répondu aux questions de ZENIT sur « L’amour dans la vérité » (Caritas in veritate), la troisième encyclique, tant attendue, de Benoît XVI, sur le développement humain intégral, clé pour comprendre l’enseignement social catholique, publiée le 7 juillet dernier.
Le père Williams replace « Caritas in Veritate » dans le courant de la tradition de l’Eglise et examine ce que l’encyclique y apporte de nouveau.
ZENIT : Qu’a voulu faire Benoît XVI avec cette encyclique ?
P. Williams : Plusieurs choses. La parution de cette encyclique était prévue initialement il y a deux ans, pour célébrer le 40e anniversaire de l’encyclique sociale « Populorum Progressio » (Le développement des peuples) de Paul VI, publiée en 1967. Un certain nombre de difficultés rencontrées en chemin, notamment des lacunes dans les premières ébauches du document et la crise économique mondiale, se sont conjuguées pour retarder de façon significative la sortie du texte. Malgré tout, Benoît XVI réussit à éclairer certaines contributions importantes de l’encyclique de Paul VI, notoirement difficile à lire et à comprendre.
Benoît XVI souligne, par exemple, l’insistance de Paul VI à réaffirmer le rôle déterminant de l’Evangile pour l’édification d’une société de liberté et de justice. Il note également l’importance que Paul VI accorde à la dimension mondiale de la justice sociale, et à l’ « idéal chrétien d’une unique famille de peuples ».
ZENIT : Est-ce pour cela que le pape a affirmé que « Populorum Progressio » mérite d’être considérée comme l’encyclique « Rerum Novarum » de l’époque contemporaine ?
P. Williams : En partie, oui. Plus fondamentalement, peut-être, Benoît XVI est conscient que la grande « encyclique léonine » traitait spécifiquement du problème économique de la révolution post-industrielle et de la proposition socialiste pour y remédier. Léon XIII y répondit en affirmant le droit naturel à la propriété privée, les erreurs radicales de la solution socialiste, et la nécessité de susciter des associations de travailleurs pour contrecarrer le despotisme capitaliste.
Par ailleurs, « Populorum Progressio » a mis plutôt l’accent sur le caractère central du développement humain intégral, un concept plus large que celui spécifiquement économique mis en relief dans « Rerum Novarum », et celui auquel Benoît XVI adhère pleinement dans « Caritas in Veritate ».
Benoît XVI observe que seule une plus juste compréhension du bien de la personne humaine et de la société peut fournir les bases nécessaires pour parvenir à une société véritablement juste. Et c’est la totalité de la personne qui est concernée, dans chacune de ses dimensions, pas seulement la dimension économique, mais aussi culturelle, émotionnelle, intellectuelle, spirituelle et religieuse.
Le Saint-Père affirme avec force que toute l’Eglise, dans tout son être et tout son agir tend à promouvoir le développement intégral de l’homme. Cette affirmation ne prend, bien entendu, tout son sens que si nous comprenons le développement humain dans la perspective de la vocation temporelle et éternelle de la personne humaine.
ZENIT : Cette encyclique sera-t-elle considérée comme une victoire pour la « gauche » ou la « droite » ?
P. Williams : Le magistère papal évite à juste titre les catégories politiques droite/gauche, ou conservateur/libéral. Honnêtement, il y a beaucoup dans cette encyclique qui, pris isolément, pourrait être utilisé pour soutenir les positions les plus diverses, y compris des positions opposées.
A ce propos, il est particulièrement important d’être attentif à l’invitation de Benoît XVI lui-même à lire l’encyclique dans le contexte de la tradition continue de l’Eglise, plutôt qu’en dehors de cette tradition. Il est également important, comme les papes l’ont toujours dit et répété, de discerner les parties de l’encyclique qui relèvent des principes fondamentaux proclamés en permanence par l’Eglise pour une juste organisation de la société, et celles qui représentent les suggestions contingentes pour atteindre ces objectifs.
Benoît XVI affirme clairement que l’objectif de renouveau social est la réalisation du développement humain intégral prenant en considération le bien commun. Tout ce qui contribue avec efficacité à la réalisation de cet objectif sera adopté et tout ce qui lui fait obstacle sera écarté.
En outre, tout en préconisant une intervention des autorités publiques sur les marchés économiques nationaux et mondiaux, le Saint-Père constate également que des solutions purement techniques et institutionnelles ne peuvent jamais suffire, et condamne le gaspillage des bureaucraties. Ses paroles doivent être une stimulation pour les hommes et les femmes de bonne volonté à explorer activement de nouvelles voies pour promouvoir le développement durable dont le monde en voie de développement a si désespérément besoin.
ZENIT : Benoît XVI identifie-t-il de nouveaux problèmes sociaux du moment présent ?
P. Williams : Il en signale quelques-uns. Benoît XVI relève ainsi la forte déclaration du pape Jean-Paul II, en 1995, à propos des questions de respect de la vie, en particulier l’avortement, qui avaient remplacé le problème des travailleurs pour devenir la question de justice sociale fondamentale de l’époque contemporaine. Benoît XVI fait référence à plusieurs reprises aux liens forts qui existent entre éthique de la vie et éthique sociale, et épingle la contradiction criante quand, tout en affirmant d’un côté l’importance des valeurs comme la justice et la paix, d’un autre côté on tolère et même on encourage les atteintes aux droits les plus fondamentaux à la vie.
Benoît XVI établit aussi un lien entre droit à la liberté religieuse, et progrès et développement humain. Il dénonce le fondamentalisme religieux – spécialement sous forme de violence et de terrorisme pour des motifs religieux- qui freine le développement. Il fait remarquer, dans le même temps, que « la promotion programmée de l’indifférence religieuse ou de l’athéisme pratique » bloque également un véritable progrès humain en promouvant une caricature matérialiste d’épanouissement de l’homme dépourvu de transcendance.
ZENIT : Si Benoît XVI insiste sur une compréhension du développement plus large que celle purement économique et théologique, il n’en consacre pas moins de nombreuses pages à ces aspects du développement. Y a-t-il là une contradiction ?
P. Williams : Non. Benoît XVI commence par réaffirmer un principe cher à la tradition de l’Eglise : le progrès matériel ne peut jamais être la seule mesure d’un développement humain authentique. Cela dit, la prospérité matérielle constitue un élément essentiel d’un authentique progrès, et doit être prise également en considération. L’Eglise n’a jamais estimé que la pauvreté économique est un bien à rechercher, mais qu’elle est plutôt un mal à vaincre. Benoît XVI développe ce point et explore un certain nombre de mesures possibles pour y parvenir.
Comment précisément y parvenir, c’est naturellement une question très débattue, et Benoît XVI fait remarquer aussitôt que l’Eglise « n’a pas de solutions techniques à offrir ». Il insiste, toutefois, sur la nécessité d’un changement fondamental des comportements. L’égoïsme sera toujours l’ennemi du développement, on le retrouve au coeur de nombre des problèmes économiques et sociaux auxquels est confronté le monde moderne.
Globalement, l’encyclique peut se lire comme un « cri du coeur » du pape pour une plus grande humanisation des marchés économiques, des régimes politiques, des associations et institutions, cette humanisation exigeant sur le plan personnel l’abandon d’une approche globale pragmatique en faveur d’une conscience morale bien formée. Ce que le Saint-Père dit explicitement à propos de la protection de l’environnement peut s’appliquer à toutes les autres questions abordées dans la lettre : « le point déterminant est la tenue morale de la société dans son ensemble ».
Propos recueillis par Kathleen Naab
Traduit de l’anglais par E. de Lavigne
bonne nuit
13 juillet, 2009Saint Patrick: « Celui qui donnera à boire…à l’un de ces petits en sa qualité de disciple…ne perdra pas sa récompense »
13 juillet, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090713
Le lundi de la 15e semaine du temps ordinaire : Mt 10,34-42#Mt 11,1-1
Commentaire du jour
Saint Patrick (v. 385-v. 461), moine missionnaire, évêque
Confession, 56-62 conclusion (trad. SC 249, p.129s rev.)
« Celui qui donnera à boire…à l’un de ces petits en sa qualité de disciple…ne perdra pas sa récompense »
Voici que « je confie ma vie au Dieu fidèle » (1P 4,19) pour qui « je m’acquitte d’une mission » (Ep 6,20) malgré ma bassesse, car il ne fait pas acception de personne et m’a choisi pour ce service, afin que je sois son serviteur, « un des plus petits d’entre les siens » (Mt 25,40). « Comment lui rendrai-je tous ses bienfaits envers moi ? » (Ps 115,12) Mais que puis-je dire ou promettre à mon Seigneur, vu que je n’ai pas d’autres capacités que celles que lui-même m’a données ?…
Que, par la volonté de mon Dieu, jamais il ne m’arrive de « perdre le peuple qu’il s’est acquis » à l’extrémité de la terre ! (Is 43,21) Je prie Dieu de me donner la persévérance et de bien vouloir que je lui rende un témoignage fidèle à cause de mon Dieu, jusqu’à mon départ. S’il m’est arrivé de réaliser quelque oeuvre bonne pour mon Dieu que j’aime, je lui demande de m’accorder de verser mon sang avec ces étrangers et ces captifs, en l’honneur de son nom,… J’ai l’assurance que si cela m’arrivait je gagnerais comme récompense mon âme avec mon corps, car en ce jour-là nous ressusciterons sans aucun doute dans la clarté du soleil, c’est-à-dire dans la gloire du Christ Jésus, notre Rédempteur…
J’adresse une prière aux hommes croyants et craignant Dieu qui daigneront accueillir cet écrit que Patrick, un pécheur vraiment ignorant, a composé en Irlande : si j’ai fait ou exposé quelque petite chose selon le bon plaisir de Dieu, que nul ne dise que c’est l’ignorant que je suis qui l’a faite, mais pensez — et que l’on tienne pour tout à fait certain — que cela a été un don de Dieu. Ceci est ma confession avant que je ne meure.