Caritas in Veritate : Ni socialiste, ni capitaliste, mais fraternelle et chrétienne
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Caritas in Veritate : Ni socialiste, ni capitaliste, mais fraternelle et chrétienne
Le prof. Zamagni explique les innovations de Caritas in Veritate
ROME, Mercredi 8 Juillet 2009 (ZENIT.org) – L’encyclique « Caritas in Veritate propose de dépasser l’utilitarisme en faveur d’un développement du marché et de l’économie de type humaniste et centré sur la fraternité », soutient le professeur Stefano Zamagni.
Professeur d’économie politique à l’université de Bologne et consulteur au Conseil pontifical Justice et Paix, le professeur Zamagni a expliqué, mardi 7 juillet, à la salle de presse du Vatican, les implications de l’encyclique sociale de Benoît XVI.
Selon Zamagni, Caritas in Veritate invite à « dépasser la dichotomie désormais obsolète entre la sphère de l’économie et la sphère du social », et donc à résoudre cette erreur théorique qui a poussé à identifier « l’économie comme le lieu de la production de la richesse (ou du revenu) et le social comme le lieu de la solidarité et/ou de la compassion ».
« Caritas in Veritate nous dit, au contraire, qu’on peut monter une entreprise même si on poursuit des objectifs d’utilité sociale et si l’on est poussé à l’action par des motivations de type pro-social », a souligné le professeur en économie politique.
Le prof. Zamagni a donc critiqué la compétition entendue par le ‘mors tua, vita mea’ de Hobbes, ou le principe utilitariste immoral, parce que l’activité économique, de cette manière, tend à devenir le « lieu de l’exploitation et de l’abus de pouvoir du fort sur le faible, donc inhumaine et totalement inefficace ».
Selon le professeur, la doctrine sociale de l’Eglise « va au-delà (mais pas contre) l’économie de tradition Smithienne qui voit le marché comme la seule institution vraiment nécessaire pour la démocratie et pour la liberté ».
« La doctrine sociale de l’Eglise – a-t-il expliqué – nous rappelle au contraire qu’une bonne société est certes, le fruit du marché et de la liberté, mais qu’il y a des exigences, reconductibles au principe de fraternité, qui ne peuvent être contournées, ni renvoyées à la seule sphère privée ou à la philanthropie ».
En même temps, la doctrine sociale de l’Eglise ne se range pas du côté de celui qui combat les marchés et voit l’économie en conflit endémique et naturel avec une vie bonne, invoquant une décroissance et un retrait de l’économie de la vie en commun.
« Celle-ci propose plutôt, a-t-il souligné, un humanisme à plusieurs dimensions, dans lequel le marché est vu comme un moment important de la sphère publique – sphère qui est plus vaste que ce qui est de l’Etat – et qui, si elle est conçue et vue comme un lieu ouvert aux principes de réciprocité et de don, construit la cité ».
Pour le prof. Zamagni, le mot clé pour comprendre la nouveauté de Caritas in Veritate est celui de « fraternité », un mot déjà présent dans la devise de la Révolution Française, mais que l’ordre post-révolutionnaire a ensuite abandonné jusqu’à son retrait du lexique politico-économique.
Le consulteur du Conseil pontifical Justice et Paix a expliqué que c’est « l’école de pensée franciscaine » qui a donné « à la ‘fraternité’ sa signification de constituer, complément et exaltation du principe de solidarité ».
Le prof. Zamagni a précisé qu’ « alors que la solidarité est le principe d’organisation social qui consent aux inégaux de devenir égaux, le principe de fraternité est ce principe d’organisation sociale qui consent aux inégaux d’être différents ».
« La fraternité – a-t-il ajouté – consent aux personnes qui sont égales dans leur dignité et dans leurs droits fondamentaux, d’exprimer différemment leur plan de vie ou leur charisme ».
Pour Zamagni, « une bonne société ne peut se contenter de l’horizon de la solidarité, parce qu’une société qui n’est que solidaire, et n’est pas aussi fraternelle, serait une société de laquelle chacun chercherait à s’éloigner. Alors qu’une société fraternelle est aussi une société solidaire, le contraire n’est pas forcément vrai ».
En conclusion, le professeur d’économie politique a soutenu qu’une « société d’hommes où le sens de la fraternité s’éteint n’est pas soutenable », parce qu’une société n’est pas « capable de progresser s’il n’existe qu’un ‘donner pour avoir’ ou ‘donner par devoir’ ».
A la question de savoir si l’encyclique est ou non anticapitaliste, le prof. Zamagni a répondu que « ce n’est pas une encyclique anticapitaliste » et a expliqué que le problème n’est pas le capitalisme, mais les conceptions réductionnistes de l’utilitarisme et du profit à tout prix.
Le professeur d’économie politique a précisé qu’il est désormais évident que l’accumulation de richesse, une fois dépassée la limite du bien-être, ne garantit pas le bonheur. Et les hommes cherchent le bonheur, non pas le pouvoir et l’argent à tout prix.
En ce qui concerne la dette, le prof. Zamagni a expliqué que l’annulation ne résout pas les problèmes, parce qu’il est nécessaire de changer les structures. L’annulation de la dette ne garantit pas le développement, qui a besoin, au contraire, de changements sociaux et structurels.
Antonio Gaspari
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