Archive pour juin, 2009
Dorothée de Gaza: « Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant »
15 juin, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090615
Le lundi de la 11e semaine du Temps Ordinaire : Mt 5,38-42
Commentaire du jour
Dorothée de Gaza (v. 500-?), moine en Palestine
Instructions, n° 1, 6-8 (trad. SC 92, p. 155 rev.)
« Moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant »
La Loi disait : « Oeil pour oeil, dent pour dent » (Ex 21,24). Mais le Seigneur exhorte non seulement à recevoir avec patience le coup de celui qui nous gifle, mais encore à lui présenter humblement l’autre joue. Car le but de la Loi était de nous apprendre à ne pas faire ce que nous ne voulions pas souffrir. Elle nous empêchait donc de faire le mal par la peur de souffrir. Mais ce qui est demandé maintenant, c’est de rejeter la haine, l’amour du plaisir, l’amour de la gloire et les autres tendances mauvaises…
Le Christ nous apprend par les saints commandements comment être purifiés de nos passions, afin qu’elles ne nous fassent plus retomber dans les mêmes péchés. Il nous montre la cause qui fait aller jusqu’au mépris et à la transgression des préceptes de Dieu ; il nous en fournit ainsi le remède pour que nous puissions obéir et être sauvés.
Quel est donc ce remède et quelle est la cause de ce mépris ? Écoutez ce que dit notre Seigneur lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez du repos pour vos âmes » (Mt 11,29). Voici que brièvement, d’une seule parole, il nous montre la racine et la cause de tous les maux, avec son remède, source de tous les biens. Il nous montre que c’est l’élèvement du coeur qui nous a fait tomber, et qu’il est impossible d’obtenir miséricorde sinon par la disposition contraire, qui est l’humilité. De fait, l’élèvement engendre le mépris et la désobéissance qui mène à la mort, tandis que l’humilité engendre l’obéissance et le salut des âmes : j’entends l’humilité véritable, non pas un abaissement tout en paroles et en attitudes, mais une disposition vraiment humble, dans l’intime du coeur et de l’esprit. C’est pourquoi le Seigneur dit : « Je suis doux et humble de coeur ». Que celui qui veut trouver le vrai repos pour son âme apprenne donc l’humilité.
Les croyants, « prophètes » de l’espérance, par le cardinal Tauran
15 juin, 2009du site:
http://news.catholique.org/18298-les-croyants-prophetes-de-l-esperance-par-le
Les croyants, « prophètes » de l’espérance, par le cardinal Tauran
ROME, Vendredi 29 février 2008 (ZENIT.org) – « Les croyants sont les ‘prophètes’ de l’espérance ! Ils ne croient pas en la fatalité de l’histoire », affirme le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, à l’occasion de la rencontre avec les autorités musulmanes de Al-Azar, au Caire, le 27 février. Voici le texte intégral de son intervention.
LES CROYANTS DANS LA SOCIETE D’AUJOURD’HUI
Le Caire, 27 février 2008
Centre Saint Joseph – Salle du Nil
Chers amis,
Il m’est particulièrement agréable de me trouver parmi vous ce soir, au cœur de la capitale de votre grand pays, carrefour de civilisations et de religions, où, depuis des siècles, chacun apprend chaque jour à vivre ensemble sous le regard de Dieu !
Depuis le mois de juin dernier, le pape Benoît XVI m’a confié la responsabilité du Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux, à la tête duquel m’ont précédé d’illustres prélats soucieux de la rencontre des cœurs et du respect des convictions de chacun. L’un d’entre eux n’est autre que le Représentant du pape en Egypte, le Nonce Apostolique, Mgr Michael Fitzgerald, que je salue cordialement. Je m’efforcerai, durant les années à venir, de faire fructifier le mieux possible l’héritage que j’ai reçu d’eux !
Je suis heureux que mon premier voyage officiel en dehors de Rome ait lieu au Caire où les chrétiens sont présents depuis les premiers temps du christianisme à côté de leurs compatriotes de religion musulmane. Les uns et les autres – les uns AVEC les autres – ils sont appelés à tisser, jour après jour, la magnifique tapisserie de la rencontre et du dialogue !
Et si je suis ici, ces jours-ci, c’est justement pour continuer et renforcer ce climat de bonne entente interreligieuse. Chaque année, se réunit en effet, une fois au Caire et une fois à Rome, le « Comité mixte pour le Dialogue ». C’est ainsi que nous avons bénéficié, ces jours derniers, d’échanges profitables avec le « Comité Permanent d’al-Azhar pour le Dialogue avec les Religions monothéistes » constitué dans ce but.
Ce soir, je voudrais partager avec vous quelques convictions sur la signification de la présence des croyants dans la société. Nous n’avons pas à douter ni de notre identité, ni de notre place dans la société où nous vivons et dont nous sommes citoyens à part entière. Là où se trouvent des croyants, sous quelque latitude que ce soit, là se trouve pour eux le meilleur endroit pour vivre : c’est là que Dieu les a plantés pour qu’ils portent du fruit ! Croyants et société. Dialogue entre croyants. Voilà des thèmes d’actualité !
C’est un fait : la Religion intéresse ! Je suis toujours agréablement surpris de constater le grand nombre de magazines et de livres traitant de sujets religieux offerts par les kiosques des aéroports. Il y a seulement dix ans, il n’en était pas ainsi, du moins en Europe. Certes Dieu n’avait pas disparu. Mais il n’était pas convenable de montrer que l’on croyait en Lui. Etre croyant relevait de la sphère privée.
LE RETOUR DU RELIGIEUX
Pourquoi les choses ont-elles changé ?
= Parce que notre monde est devenu de plus en plus précaire à cause de vieux et de nouveaux conflits armés qui affectent tant de peuples et il faut bien trouver des raisons d’espérer.
= Parce que le matérialisme et la course à l’argent posent le problème du sens de la vie et de la mort. Avoir toujours plus, oui, mais dans quel but ?
= Parce que les progrès des sciences et de la technique posent de plus en plus une question grave : va-t-on pouvoir maîtriser leurs innovations ?
= Parce que, dans beaucoup de pays où tous les comportements sont permis, de plus en plus de jeunes sont à la recherche de repères moraux.
= Parce que certains croyants dévoyés ont utilisé leur religion pour justifier des actions terroristes : la religion ainsi comprise fait peur !
= Ou tout simplement, parce que la personne humaine possède par nature une dimension religieuse. Nous connaissons les paroles inspirées d’Augustin d’Hippone qui louait Dieu parce que, écrivait-il, « tu nous as créés pour toi, et notre cœur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en toi » (S. Augustin, Les Confessions, chap. 1).
La permanence du sentiment religieux dans l’histoire de l’humanité est un fait. Arnold Toynbee l’a bien démontré : la religion n’est pas un moment particulier de l’histoire ; elle est une des composantes de la nature humaine, une dimension constitutive de son être. Depuis que l’homme est sur terre, il n’a cessé d’interroger le ciel.
Les impressionnants vestiges de la vallée du Nil en témoignent éloquemment ! Il n’y a pas de civilisation sans religion !
L’INTERRELIGIEUX
Mais, une autre « nouveauté » est à signaler : c’est la réalité universelle de l’« inter-religieux ». A de rares exceptions près, toutes les sociétés accueillent des croyants de toutes convictions.
Pratiquement toutes les sociétés sont devenues pluri-religieuses. Ce qui me fait dire que nous sommes tous « condamnés » au dialogue !
Où que nous vivons, nous sommes toujours des croyants parmi d’autres croyants !
Depuis le Concile Vatican II (1962-1965), les papes qui se sont succédés ont encouragé le dialogue entre le christianisme et les autres religions, invitant au respect des convictions mutuelles et au respect de ce que Dieu ne cesse de réaliser dans le cœur de chacun. Cela, non pas pour dire : « toutes les religions se valent ». Non ! Mais pour dire : « tous les chercheurs de Dieu ont la même dignité ». En outre, parce que les êtres humains ont été créés libres de chercher Dieu et d’adhérer à lui, ils doivent être libres de faire ou ne de pas faire le choix de Dieu.
Ainsi les croyants sont passés petit à petit de la rencontre au dialogue :
le dialogue de la vie qui consiste à partager nos joies et nos peines avec les adeptes d’autres religions ; le dialogue des œuvres qui nous fait collaborer au bien-être des uns et des autres, surtout de ceux qui vivent la pauvreté ou la maladie ; le dialogue des échanges théologiques qui permet de mieux comprendre nos héritages religieux ; le dialogue des spiritualités qui met à la disposition des uns et des autres la richesse de leur vie de prière ou de contemplation.
Vous en conviendrez avec moi, je me demande si nous avons pris la mesure de la fécondité de tous ces efforts ? Nous avons devant nous un vaste chantier. Mais, je crois que les Chefs religieux chrétiens et ceux des autres religions ont compris que le dialogue interreligieux (auquel nous sommes « condamnés » comme je disais tout à l’heure), consiste à se regarder, à s’écouter, à se connaître pour pouvoir échanger sur des questions sur lesquelles nous avons des avis différents, dans le but d’apprendre un peu plus des uns et des autres.
Le préfixe « dia » signifie « à travers » ; ce qui veut dire que le dialogue est une parole qui se laisse traverser par une autre !
Il est clair que des croyants qui pratiquent ce genre de relations ne peuvent pas passer inaperçus dans la société, quels que soient les systèmes politique ou culturel qui l’orientent. D’autant plus que tous les croyants vivent leur foi et la pratiquent en communauté : on parle de « communautés de croyants » ou de « confessions ».
LES CROYANTS DANS LA SOCIETE
J’en viens donc aux rapports entre les croyants et la société.
Ils sont inévitables. Parce que l’homme est un « animal religieux », il est toujours à la fois citoyen et croyant. Ce qui entraîne la société et ses responsables à s’entendre avec eux sans se confondre, et à se fréquenter sans s’opposer. Les citoyens qui adhèrent à une religion sont la majorité. Il y a donc un fait religieux qui s’impose : par le nombre des croyants, par la durée de leurs traditions, par la visibilité de leurs institutions et de leurs rites. Les responsables des sociétés doivent en prendre acte et veiller à ce que la liberté de conscience et de culte ne nuise pas à la liberté des autres croyants et des non-croyants et ne perturbe pas l’ordre et la santé publiques.
Mais, plus positivement, les responsables des sociétés peuvent bénéficier du patrimoine moral des religions et de l’engagement de leurs adeptes, en vue du bien commun. Toutes les religions, bien que par des moyens divers, ont en commun l’ambition de collaborer avec tous ceux qui s’efforcent :
d’assurer le respect effectif de la personne humaine et de ses droits ;
de développer le sens de la fraternité et de l’entraide ;
de s’inspirer du « savoir-faire » des communautés de croyants qui rassemblent, au moins chaque semaine, des millions d’adeptes de toute condition sociale et formation intellectuelle, tout en respectant les différences et en vivant une authentique communion spirituelle ;
d’aider les hommes et les femmes de ce temps à ne pas être esclaves de la consommation et du seul profit.
Pensant à vous, chers Amis, qui êtes appelés à pratiquer le dialogue interreligieux chaque jour, je voudrais indiquer certains domaines où, chrétiens et musulmans ensemble, peuvent contribuer efficacement au bien commun de la société égyptienne.
* D’abord, par le témoignage de leur vie de prière, individuelle et communautaire, chrétiens et musulmans rappellent que « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Dans le monde d’aujourd’hui, il est primordial de rappeler – et de montrer- la nécessité d’une vie intérieure.
* Ensuite, des chrétiens et des musulmans fidèles à leurs engagements peuvent faire mieux comprendre que la liberté de religion est beaucoup plus que d’avoir une église ou une mosquée à leur disposition (cela est évident), mais que c’est aussi avoir la possibilité de participer au dialogue public par la culture (écoles, universités) ainsi que par l’engagement politique et social (où les croyants doivent être exemplaires).
* ensemble, comme ils l’ont fait à l’occasion de réunions internationales récentes, ils ne doivent jamais hésiter à défendre la sacralité de la vie humaine ainsi que la dignité de la famille.
* Ils n’hésiteront pas non plus à unir leurs efforts dans la lutte contre l’analphabétisme et les maladies.
* Ils ont en commun la grande responsabilité de pourvoir à la formation morale de la jeunesse.
* Enfin, ils ne peuvent se soustraire à l’impérieux devoir d’être des artisans de paix, de développer une pédagogie de la paix qui s’enseigne en famille, à l’église, à la mosquée, à l’école, à l’université. Les religions ne font pas la guerre : ce sont les hommes qui la font ! Quand des hommes et des femmes tuent au nom de leur religion, ils ne montrent pas leur force, mais leur faiblesse. A court d’arguments, il ne leur reste que leurs poings !
Ils ne rendent certainement pas gloire à Dieu. Je ne connais pas de condamnation plus forte de cette perversion du sentiment religieux que celle prononcée par le pape Benoît XVI, au début de l’année 2006, quand, condamnant le terrorisme, il affirmait : « aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion, rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu » (Discours au Corps diplomatique, 9 janvier 2006).
Dans la Lettre ouverte que 138 personnalités musulmanes ont adressée aux Chefs religieux chrétiens, il est souligné opportunément que chrétiens et musulmans représentent 55% de la population mondiale et que, par conséquent, ensemble, s’ils sont fidèles à leur religion, ils peuvent faire beaucoup de bien. Il me semble, en effet, que les croyants à l’écoute des attentes de leurs contemporains peuvent faire beaucoup pour la stabilité et la paix dans les sociétés dont ils sont membres.
Pour conclure, je dirai que les croyants – chrétiens et musulmans – sont porteurs d’un double message :
1) Dieu seul est digne d’adoration : toutes les idoles fabriquées par les hommes (richesse, pouvoir, apparences, hédonisme) constituent une menace pour la dignité de la personne, créature de Dieu ;
2) Sous le regard de Dieu, tous les hommes sont de la même race, de la même famille humaine, tous appelés à la liberté et à la rencontre avec Dieu.
Dans le fond, les croyants sont les ‘prophètes’ de l’espérance ! Ils ne croient pas en la fatalité de l’histoire. Ils sont conscients que, dotés par Dieu d’une intelligence et d’un cœur, ils peuvent, avec l’aide de Dieu, changer la trajectoire des événements du monde pour les orienter selon le projet du créateur : faire de l’humanité une véritable famille ! Chacun de nous est appelé à être artisan de ce projet ! Pour nous chrétiens, en tous cas, n’oublions jamais l’exhortation de Paul, dans sa Lettre aux Romains : « Recherchez donc ce qui contribue à la paix, et ce qui nous associe les uns aux autres, en vue de la même construction » (14, 19). C’est une belle feuille de route !
Jean-Louis Card. Tauran
bonne nuit
14 juin, 2009Une hymne ancienne pour le Samedi saint : « Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, répandu pour la multitude »
14 juin, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090614
Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ, solennité : Mc 14,12-16#Mc 14,22-26
Commentaire du jour
Une hymne ancienne pour le Samedi saint
Borgia, Frammenti eucaristici antichissimi, p. 46-50 (trad. Hamman, Prières des premiers chrétiens, DDB 1981, p. 162)
« Ceci est mon sang, le sang de l’alliance, répandu pour la multitude »
Aujourd’hui, nous avons contemplé sur l’autel notre Seigneur Jésus Christ.
Aujourd’hui, nous nous sommes nourris du charbon de feu, à l’ombre duquel chantent les Chérubins (Is 6,2s).
Aujourd’hui, nous avons entendu la voix puissante et douce nous dire :
Ce corps brûle les épines des péchés, il illumine les âmes des hommes.
Ce corps, la femme avec des pertes de sang l’a touché et elle a été délivrée de son infirmité.
Ce corps, à sa vue, la fille de la Cananéenne a été guérie.
Ce corps, la pécheresse s’en est approchée de toute son âme et elle a été délivrée de la fange de ses péchés.
Ce corps, Thomas l’a touché, il l’a reconnu en poussant ce cri : « Mon Seigneur et mon Dieu ».
Ce corps, grand et très haut, est le fondement de notre salut.
Autrefois celui qui est le Verbe et la Vie nous a déclaré :
« Ce sang a été versé pour vous et livré pour la rémission des péchés ».
Nous avons bu, bien-aimés, le sang saint et immortel.
Nous avons bu, bien-aimés, le sang qui a coulé du côté du Seigneur,
qui guérit toute maladie, qui libère toutes les âmes.
Nous avons bu le sang par lequel nous avons été rachetés.
Nous avons été achetés et instruits, nous avons été illuminés.
Regardez, frères, quel corps nous avons mangé !
Regardez, enfants, quel sang nous a enivrés !
Regardez l’alliance conclue avec notre Dieu, de peur de rougir, au jour terrible, au jour du jugement (cf 1Co 11,29).
Qui est à même de glorifier le mystère de la grâce ?
Nous avons été jugés dignes de participer au don.
Gardons-nous jusqu’à la fin, pour entendre sa voix bienheureuse, douce et sainte :
« Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous » (Mt 25,34)…
Bien-aimés, nous célébrons les merveilles du baptême de Jésus (cf Mc 10,38),
sa sainte et vivifiante résurrection,
par laquelle le salut a été donné au monde.
Nous en attendons tous l’heureux accomplissement,
dans la grâce et la bienveillance de notre Seigneur Jésus Christ :
à lui sont la gloire, l’honneur et l’adoration.
Origène: « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi… : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17)
13 juin, 2009du site:
http://www.levangileauquotidien.org/main.php?language=FR&module=commentary&localdate=20090613
Le samedi de la 10e semaine du Temps Ordinaire : Mt 5,33-37
Commentaire du jour
Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
Homélies sur les Nombres, n° 9,4 (trad. SC 415, p. 239 rev.)
« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi… : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17)
Je veux rappeler aux disciples du Christ la bonté de Dieu : que personne d’entre vous ne se laisse ébranler par les hérétiques si, dans la controverse, ils disent que le Dieu de la Loi n’est pas bon mais juste, et que la Loi de Moïse n’enseigne pas la bonté mais la justice. Qu’ils voient, ces détracteurs de Dieu en même temps que de la Loi, comment Moïse lui-même et Aaron ont accompli en devanciers ce que l’Évangile a enseigné plus tard. Considérez comment Moïse « aime ses ennemis et prie pour ceux qui le persécutent » (Mt 5,44)…; voyez comment, « tombant la face contre terre », tous deux prient pour ceux qui s’étaient rebellés et voulaient les tuer (Nb 17,10s). Ainsi trouve-t-on l’Évangile en puissance dans la Loi et doit-on comprendre que les Évangiles sont appuyés sur le fondement de la Loi.
Pour moi, je ne donne pas le nom d’Ancien Testament à la Loi, quand je la considère spirituellement ; la Loi ne devient « Ancien Testament » que pour ceux qui ne veulent pas la comprendre selon l’esprit. Pour eux, elle est obligatoirement devenue « ancienne » et elle a vieilli, parce qu’elle ne peut pas conserver sa force. Mais pour nous, qui la comprenons et l’expliquons en esprit et dans la ligne de l’Évangile, elle est toujours nouvelle ; les deux Testaments sont pour nous un nouveau Testament, non par la date, mais par la nouveauté du sens.
L’apôtre Jean ne pense-t-il pas aussi la même chose quand il dit dans son épître : « Petits enfants, je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres » ? (4,7; Jn 13,34) Il savait que le précepte de l’amour avait été donné depuis longtemps dans la Loi (1Jn 2,7s ; Lv 19,18). Mais comme « la charité ne disparaît jamais » (1Co 13,8)…, il affirme l’éternelle nouveauté de ce précepte qui ne vieillit pas… Pour le pécheur et pour ceux qui n’observent pas le pacte de la charité, même les Évangiles vieillissent ; il ne peut pas y avoir de Testament Nouveau pour celui qui « ne dépouille pas le vieil homme et ne revêt pas l’homme nouveau et créé selon Dieu » (Ep 4,22.24).
Origène: « Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi… : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17)
13 juin, 2009du site:
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Le samedi de la 10e semaine du Temps Ordinaire : Mt 5,33-37
Commentaire du jour
Origène (v. 185-253), prêtre et théologien
Homélies sur les Nombres, n° 9,4 (trad. SC 415, p. 239 rev.)
« Ne pensez pas que je suis venu abolir la Loi… : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5,17)
Je veux rappeler aux disciples du Christ la bonté de Dieu : que personne d’entre vous ne se laisse ébranler par les hérétiques si, dans la controverse, ils disent que le Dieu de la Loi n’est pas bon mais juste, et que la Loi de Moïse n’enseigne pas la bonté mais la justice. Qu’ils voient, ces détracteurs de Dieu en même temps que de la Loi, comment Moïse lui-même et Aaron ont accompli en devanciers ce que l’Évangile a enseigné plus tard. Considérez comment Moïse « aime ses ennemis et prie pour ceux qui le persécutent » (Mt 5,44)…; voyez comment, « tombant la face contre terre », tous deux prient pour ceux qui s’étaient rebellés et voulaient les tuer (Nb 17,10s). Ainsi trouve-t-on l’Évangile en puissance dans la Loi et doit-on comprendre que les Évangiles sont appuyés sur le fondement de la Loi.
Pour moi, je ne donne pas le nom d’Ancien Testament à la Loi, quand je la considère spirituellement ; la Loi ne devient « Ancien Testament » que pour ceux qui ne veulent pas la comprendre selon l’esprit. Pour eux, elle est obligatoirement devenue « ancienne » et elle a vieilli, parce qu’elle ne peut pas conserver sa force. Mais pour nous, qui la comprenons et l’expliquons en esprit et dans la ligne de l’Évangile, elle est toujours nouvelle ; les deux Testaments sont pour nous un nouveau Testament, non par la date, mais par la nouveauté du sens.
L’apôtre Jean ne pense-t-il pas aussi la même chose quand il dit dans son épître : « Petits enfants, je vous donne un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres » ? (4,7; Jn 13,34) Il savait que le précepte de l’amour avait été donné depuis longtemps dans la Loi (1Jn 2,7s ; Lv 19,18). Mais comme « la charité ne disparaît jamais » (1Co 13,8)…, il affirme l’éternelle nouveauté de ce précepte qui ne vieillit pas… Pour le pécheur et pour ceux qui n’observent pas le pacte de la charité, même les Évangiles vieillissent ; il ne peut pas y avoir de Testament Nouveau pour celui qui « ne dépouille pas le vieil homme et ne revêt pas l’homme nouveau et créé selon Dieu » (Ep 4,22.24).
Pape Benoît, procession du jeudì pour le « Corpus Domini » (dans la même rue est ma maison)
13 juin, 2009Pope Benedict XVI joins his hands during the Corpus Domini procession in Rome, Thursday, June 11, 2009.
(AP)
LE SAINT SACRAMENT: HOMÉLIE
13 juin, 2009du site:
http://www.homelies.fr/homelie,saint-sacrement,2448.html
LE SAINT SACRAMENT
dimanche 14 juin 2009
Famille de saint Joseph Juin 2009
Homélie
La scène décrite dans la première lecture est l’une des plus importantes de l’Ancien Testament. Moïse descend du Sinaï, et transmet au peuple les paroles du Seigneur et tous ses commandements. La réponse du peuple est immédiate et unanime: « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique », nous enseignant ainsi que la bonne façon d’écouter la Parole de Dieu est de la vivre. Nous voyons aussi que, dès l’origine, la Parole de l’Alliance est donnée pour prendre corps dans nos vies.
L’Alliance en effet concerne essentiellement la vie de l’homme et la vie de Dieu. C’est le sang qui le dit. Dès qu’il les a eu reçues, « Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur » et entreprit d’offrir « un sacrifice de paix ». Ainsi, après que le peuple ait parlé, le sang parle à son tour pour dire que la Parole est plus que la vie, pour dire que la Parole est la source de la vie. Dès l’origine, l’Alliance est scellée dans la lettre et dans le sang. Désormais tous les rites liturgiques consisteront d’abord à ouvrir le Livre et à dire « ceci est le sang de l’alliance » car le sang va avec l’écrit et en donne le sens.
Mais il faut encore que cette vie, donnée et reçue, soit transmise. Cela est exprimé par une des singularités du texte. En effet, ce ne sont pas des prêtres qui offrent le sacrifice prescrit par Moïse, mais de jeunes hommes qu’il a choisis.
Cependant, dans le don de la Loi ou l’exécution du sacrifice d’action de grâce, en délégant de jeunes hommes choisis par Moïse ou des prêtres du temple, il a toujours fallu un intermédiaire aux hommes pour aborder Dieu. Parce que la distance entre Dieu et les hommes est telle qu’elle leur est infranchissable. Il leur convient donc d’ériger un temple, lieu choisi et préparé pour la rencontre, de mettre à part un prêtre, séparé des siens pour tous les unir en Dieu. Or Dieu, pour cette alliance dont il a l’initiative, propose aussi le prêtre pour le sacrifice : « le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient » affirme saint Paul dans la deuxième lecture.
Saint Marc l’atteste dans l’évangile. Il rapporte en effet les paroles de Jésus : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je boirai un vin nouveau dans le royaume de Dieu ». Le sang de l’Alliance dont parle Jésus est bien le sang dont Moïse aspergeât le peuple au pied du Sinaï. Mais il y a un double changement. D’abord le sang n’est plus aspergé mais consommé, ensuite le sang est celui de Jésus lui-même. Ainsi ce que le rite exprimait de la communion de vie entre Dieu et son peuple perd sa forme extérieure, elle se réalise désormais de l’intérieur. Le Christ réconcilie Dieu et les hommes en répandant son propre sang, c’est-à-dire sa vie. Jésus-Christ offre sa vie à boire à ses disciples, le Fils remet la coupe de sa vie au Père. Cette vie unique donnée à chacun les réunit à jamais. On parle donc au sens fort de « sang de l’Alliance ».
On dit que cette Alliance est nouvelle, parce que Dieu ne condamne pas le pécheur mais insuffle en lui un désir de conversion correspondant au désir immense qu’il éprouve de le pardonner. La nouveauté de l’Alliance est là. Le cœur de la première alliance est dans la libération de l’esclavage ; dans la nouvelle Alliance le pardon de Dieu est fondamental. Parce que le péché est inscrit dans le cœur de l’homme, Dieu écrit sa loi d’amour dans ce cœur de chair et le rend à nouveau capable d’aimer, de se comporter en fils, de revenir dans le dynamisme de vie que transmet l’Alliance. Quand Jésus dit « Prenez, ceci est mon corps… Ceci est mon sang », il inaugure le nouveau rite pascal, il fait de l’Eucharistie le sacrement de l’Alliance nouvelle et éternelle et porte à son accomplissement la longue pédagogie commencée par Moïse.
Ce « sacrifice de paix », comme l’appelle Moïse, se vit désormais dans un repas. Le pain et le vin sont partagés, ils sont le corps et le sang du Seigneur. Comment ne pas évoquer, lorsqu’on parle de repas d’alliance, le banquet des noces de Cana ? Comment ne pas voir dans ce peuple rassemblé au pied du Sinaï, la figure de l’Église à qui s’adresse le don de Dieu, dont Marie est l’image et le modèle ? Ainsi Marie, lorsqu’elle interpellait les serviteurs en disant : « faites tout ce qu’il vous dira », ne faisait que rappeler l’engagement de l’Église entière : « toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettront en pratique ».
Il nous faut nous rappeler cette invitation et rendre présentes ces paroles, car, le pape Jean-Paul II nous l’écrivait il y a peu, « l’Église vit de l’Eucharistie ». Il nous invitait à nous arrêter en silence et à nous laisser saisir par le mystère de la foi : « il est grand le mystère de la foi ». C’est ce qu’il appelait « l’admiration eucharistique ». Une admiration profonde et reconnaissante face au Sacrement dans lequel le Christ a voulu « concentrer » pour toujours tout son mystère d’amour.
Tel est le sens de la fête que nous célébrons aujourd’hui. La fête du Corps et du Sang du Christ est le jour où l’Église manifeste son lien constitutif avec l’Eucharistie, le jour où elle professe, y compris par les processions vespérales, qu’elle « vit de l’eucharistie » et qu’elle en est heureuse !
Au moment où nous nous apprêtons à partager le pain des anges, à consommer le pain des pèlerins qui marchent vers le Ciel, cueillons avec reconnaissance le fruit de la Croix, accueillons le don de l’amour du Père, et demandons à l’Esprit-Saint de rentrer dans la prière eucharistique avec un sentiment d’adoration et de reconnaissance renouvelés.
« Que la Très Sainte Eucharistie, coin de Paradis qui s’ouvre sur la terre, dit l’encyclique « Ecclesia de Eucharistia », traverse les nuages de notre histoire. Comme un rayon de la gloire de la Jérusalem céleste, qu’elle illumine notre chemin » et nous conduise à la Maison du Père.
Frère Dominique
SEQUENZA « LAUDA SION » (version latin français, demain)
13 juin, 2009Texte latin
Lauda Sion Salvatórem
Lauda ducem et pastórem
In hymnis et cánticis.
Quantum potes, tantum aude:
Quia major omni laude,
Nec laudáre súfficis.
Laudis thema speciális,
Panis vivus et vitális,
Hódie propónitur.
Quem in sacræ mensa cœnæ,
Turbæ fratrum duodénæ
Datum non ambígitur.
Sit laus plena, sit sonóra,
Sit jucúnda, sit decóra
Mentis jubilátio.
Dies enim solémnis ágitur,
In qua mensæ prima recólitur
Hujus institútio.
In hac mensa novi Regis,
Novum Pascha novæ legis,
Phase vetus términat.
Vetustátem nóvitas,
Umbram fugat véritas,
Noctem lux elíminat.
Quod in cœna Christus gessit,
Faciéndum hoc expréssit
In sui memóriam.
Docti sacris institútis,
Panem, vinum, in salútis
Consecrámus hóstiam.
Dogma datur Christiánis,
Quod in carnem transit panis,
Et vinum in sánguinem.
Quod non capis, quod non vides,
Animósa firmat fides,
Præter rerum ordinem.
Sub divérsis speciébus,
Signis tantum, et non rebus,
Latent res exímiæ.
Caro cibus, sanguis potus:
Manet tamen Christus totus,
Sub utráque spécie.
A suménte non concísus,
Non confráctus, non divísus:
Integer accípitur.
Sumit unus, sumunt mille:
Quantum isti, tantum ille:
Nec sumptus consúmitur.
Sumunt boni, sumunt mali:
Sorte tamen inæquáli,
Vitæ vel intéritus.
Mors est malis, vita bonis:
Vide paris sumptiónis
Quam sit dispar éxitus.
Fracto demum Sacraménto,
Ne vacílles, sed memento,
Tantum esse sub fragménto,
Quantum toto tégitur.
Nulla rei fit scissúra:
Signi tantum fit fractúra:
Qua nec status nec statúra
Signáti minúitur.
Ecce panis Angelórum,
Factus cibus viatórum:
Vere panis fíliórum,
Non mittendus cánibus.
In figúris præsignátur,
Cum Isaac immolátur:
Agnus paschæ deputátur
Datur manna pátribus.
Bone pastor, panis vere,
Jesu, nostri miserére:
Tu nos pasce, nos tuére:
Tu nos bona fac vidére
In terra vivéntium.
Tu, qui cuncta scis et vales:
Qui nos pascis hic mortales:
Tuos ibi commensáles,
Cohærédes et sodales,
Fac sanctórum cívium.
Amen.
Allelúja.
Version française
Loue, Sion, ton Sauveur, loue ton chef et ton pasteur par des hymnes et des cantiques.
Ose de tout ton pouvoir, car il est plus grand que toute louange et à le louer tu ne suffis pas.
Un thème de louange spéciale, le pain vivant et vivifiant, aujourd’hui nous est proposé.
Lors du repas de la sainte Cène, au groupe des Douze ses frères, il fut donné, n’en doutons pas.
Que la louange soit pleine, qu’elle soit sonore, qu’elle soit joyeuse, qu’elle soit belle, la jubilation de l’esprit.
Car nous vivons ce jour solennel qui de cette table entend célébrer l’institution première.
A cette table du nouveau Roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle Loi met un terme à la phase ancienne.
La nouveauté chasse la vieillerie, la vérité l’ombre, la lumière dissipe la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène, il nous ordonna de le faire en mémoire de lui.
Instruits par ses saints préceptes, nous consacrons le pain et le vin, en offrande sacrificielle pour le salut.
Ce dogme est donné aux chrétiens : le pain se change en chair, et le vin en sang.
Ce que tu ne comprends ni ne vois, une ferme foi te l’assure, hors de l’ordre naturel.
Sous diverses espèces, signes seulement et non réalités, des réalités sublimes se cachent.
La chair est une nourriture, le sang un breuvage, pourtant le Christ total demeure sous l’une et l’autre espèce.
On le prend sans le déchirer, ni le briser, ni le diviser, il est reçu tout entier.
Un seul le prend, mille le prennent , autant celui-ci, autant ceux-là le consomment sans le consumer.
Les bons le prennent, les méchants le prennent, mis pour un sort inégal, ici de vie, là de ruine.
Il est mort aux méchants, vie aux bons : vois d’une même manducation combien l’issue est dissemblable !
Le sacrement enfin rompu, ne vacille pas, mais souviens-toi qu’il est sous chaque fragment comme sous le tout il se cache.
Nulle division n’est réalité, le signe seulement se fractionne, et par là, de ce qui est signifié ni l’état ni la stature n’est amoindri.
Voici le pain des anges fait aliment des voyageurs, vrai pain pour les fils, à ne pas jeter aux chiens.
D’avance il est signifié en figures, lorsqu’ Isaac est immolé, que l’agneau pascal est sacrifié, que la manne est donnée à nos pères.
Bon Pasteur, vrai pain, Jésus, aie pitié de nous ! Toi, nourris-nous, défend-nous ! Fais-nous voir nos biens dans la terre des vivants.
Toi qui sais et peux tout, qui nous nourris ici-bas mortels, rends-nous là-haut les commensaux, cohéritiers et compagnons de la cité des saints. Amen.